Will et Raph jouent leurs rôles d'agents immobiliers à la perfection. Vue de l'extérieur. Ils parlent, font de grands gestes, pointent le paysage , le jardin, Léane et moi rions sous cape, puis le norvegien déverrouille la porte d'entrée, cela n'a pris que quelques secondes pas la peine de s'attarder à l'extérieur, grâce au double des clefs que nous avons fait lors de notre précédent séjour.
Une fois dans le hall, le battant refermé, tout s'accélère, tout est millimétré, chacun connaît son poste à la perfection, le plan du chalet est imprimé dans notre mémoire.
Naël n'attend pas et court vers le couloir à droite du salon où la pièce bureau enferme ce que nous sommes venus récupérer. William et moi lui emboitons le pas afin de vérifier les pièces adjacentes, au cas où, pendant que Léane reste au côté de Raphaël, le temps que tout soit sécur, le nez toujours pointé vers son écran d'ordinateur, ce n'est pas le plus rassurant pour elle, mais Will doit me suivre et Naël... et bien il a autre chose à faire.
Je siffle afin de les prévenir que tout est ok, et mon ange apparaît, comme soulagé de me retrouver. Je n'attends pas pour la prendre dans mes bras.
Jusqu'à ce que nous y soyons, ce n'était que des mots sur un souhait, mais maintenant en tenant Léane contre moi, la réalité m'explose à la gueule au même instant que le coffre. Dans un réflexe de protection, je cale la tête de Léane contre mon torse, la protégeant de mes bras, même si elle ne risque rien, car aucun projectile ne va nous atteindre, mais je ne peux m'empêcher de la surprotéger. Je la sens trembler contre moi, alors je resserre mon étreinte en l'embrassant sur le haut du crâne. La déflagration est à peine audible.
— C'est bientôt terminé.
Tout en affirmant cela, je me détache lentement, surprend son regard sur moi et sans que je n'ai prononcé un mot, Léane me tend son sac à main qu'elle vient d'ouvrir. Je m'approche du coffre fort dont la porte pend sur ses gonds à moitié arrachés, et Naël me donne un coup de main en vidant le contenu de la boîte en acier. Des liasses de billets, une pochette en velours, et surtout une clé USB au logo de l'entreprise de la pourriture que l'on est en train de piller. Nous n'avons pas le temps de vérifier si ce qu'elle contient sont bien les informations que nous voulons, mais notre source est sûre, ensuite une enveloppe craft attire mon regard. Le libanais l'a vu aussi, il me la tend et je suis surpris de découvrir qu'elle est identique à celle qui contenait les photos de nous quatre que possédait le géniteur de Léane. Elle l'a reconnue mais reste muette.
— Un quart d'heure les mecs, nous prévient Raphaël du seuil de la porte.
Cette tâche m'incombe, mais j'avoue être perturbé par le comportement de mon ange, comme si depuis l'explosion un interrupteur s'était enclenché en elle et la fasse passer d'une petite chose fébrile et anxieuse à une mata hari du vingtième siècle. Elle prend l'enveloppe des mains et la fourre directement dans son sac.
Son comportement est de plus en plus étrange.
— On embarque tout et on verra une fois à Aix, ordonné-je en commençant à refermer le sac tout en scrutant la fille que j'aime en fronçant les sourcils.
— On doit bouger, nous réprimande Raphaël.
Sans attendre, nous rebroussons chemin, je saisisla main de mon ange, et quand nous pasons à proximité du geek il nous fusille de son regard le plus noir.
— Qu'est-ce que vous foutiez, putain !
Aucun de nous ne répliquons car il a raison. Nous avons perdu trop de temps à tergiverser sur ce putain de rectangle en papier.
Une fois dans le hall d'entrée, je rends le sac à Léane, puisque c'est le plan. Sa filiation la protège si jamais cela tournait mal. Jamais les flics ne vont prendre le risque de fouiller les affaires de la fille du ministre de l'intérieur. Enfin on espère. Léane s'est arrangée pour faire des captures d'écrans du peu de photos que sa mère possède d'eux trois. Photos dont il n'est pas au courant d'ailleurs, d'après mon ange, sinon il aurait insisté auprès de sa maîtresse pour qu'elle les brûle.
— Cinq minutes.
Nous courons presque jusqu'à la porte, le temps nous est compté avant que les caméras ne reprennent du service et comme nous sommes à découvert, sans masque, le risque n'est pas négociable. J'ouvre la porte à la volée, les doigts de Léane enlacés aux miens et me fige en voyant le spectacle, ou plutôt les spectateurs qui nous font face. Une bonne dizaine.
Tout se déroule au ralenti. Je distingue la respiration de mes amis dans mon dos, les phalanges de Léane qui compriment les miennes, les mouvements des policiers qui entourent notre voiture, le silence est oppressant, seulement entrecoupé par le champ des oiseaux, ou le bruit du vent dans les feuillage.
Mon réflexe est de protéger ma complice alors je la force à passer derrière moi et là tout s'accélère, comme si mon geste de secourir celle que j'aime, au cas où, était le déclencheur.
— Plus un geste, hurle un flic d'où je ne saurais dire l'endroit où il se trouve, tellement je suis focalisé sur comment on va se sortir de ce bordel, mais surtout sur les sanglots de mon ange qui perfore mon cœur.
Si je fais mine de me retourner, ils seraient capables de tirer et hors de question de mettre la vie de Léane ou de mes amis en danger. Je crève de l'intérieur de ne pas pouvoir la consoler et la serrer contre moi, mais la maintenir en vie est plus important.
J'entends à peine William marmonner :
— Putain c'est quoi ce bordel ?
— Des flics, riposte Naël avec un flegme qu'il est loin d'avoir.
— Des vrais ?
Heureusement que l'on ne peut pas bouger sinon le Norvegien se serait pris une calbote derrière le crâne.
— Fermez-là, ordonne la même voix.
Cinq flics s'avancent vers nous, armes au point, tendues dans notre direction.
— Mettez-vous en ligne et déposer vos sacs au sol, sans mouvement brusque et mettez vos mains bien en évidence.
Nous coopérons sans discuter, ou tenter quoi que ce soit. Je préfère faire de la prison plutôt que de me retrouver dans un cercueil. Les consignes ont toujours été claires. Si l'on se fait choper, on coopère et nos parents feront le reste. Du coin de l'œil, j'avise Léane. Elle me jette un regard furtif, un sourire qui l'est tout autant, qui n'atteint pas ses yeux.
Les cinq flics, nous fouillent, saisissent nos armes, un chien démineur renifle les sacs à dos de Raph, de Naël, et le cabas de Léane voyant que rien de dangereux est planqué à l'intérieur, ils nous incitent à nous mettre à genoux les mains derrière le dos, quatre autres flics nous lient les mains à l'aide de serflex, pendant qu'un collègue à eux nous récite nos droits.
Pendant ce temps, un des policiers s'est rapproché de Léane et la relève brusquement. La faisant grimacer de douleur. J'inspire, me calme, assiste impuissant et je m'en veux. je m'en veux de lui avoir cédé, car si j'avais insisté, elle serait avec Maxime à l'abri dans son appartement. Un de ses collègues le rejoint et se saisit du sac à main qui traîne au sol en vérifiant l'intérieur.
De biais je remarque les mines étonnées de mes potes.
Sans un mot, il referme le sac, celui qui tient le bras de Léane l'oblige à avancer, la tête basse elle n'ose pas me regarder, elle subit, tout ça par ma faute et mon incapacité à lui tenir tête.
— Regarde moi mon ange, explosé-je.
On tire sur mes liens, le plastique s'enfonce dans la chair de mes poignets mais à cet instant je n'en ai que faire. Elle pivote son visage par-dessus son épaule, ses prunelles sont inondées de larmes, ses lèvres tremblent. Tout le désarroi que je peux lire sur son magnifique visage m'arrache un gémissement muet.
Nos regards impriment nos âmes, puis mon ange se détourne de moi, me laissant un vide effroyable. Me laissant avec mes doutes...
— Léane, hurlé-je une dernière fois.
Un coup de pied dans les côtes me coupe la respiration, je me plie en deux reprenant ma respiration. J'entends des cris, je relève mes yeux et vois Léane essayer de se défaire de la prise de l'autre con. Le flic qui la maintient la tire en arrière, ce qui lui arrache un autre cri.
Je vois le connard sourire. Le mec est fier de maîtriser une nana en lui provoquant de la douleur.
— Batard, soufflé-je entre mes dents.
Elle a juste le temps de se retourner, avant qu'ils ne la mettent de force dans la voiture.
J'ai juste le temps de lire sur ses lèvres, pardon.
J'ai un mouvement de recul à la lecture de ce mot mime par cette bouche que je chéris tant.
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