Who are you ? #



Léane
                                   

Je me réveille seule dans le lit, un peu paniquée, avant de me rendre compte, que nous sommes lundi et qu'Aaron m'a prévenu la veille, qu'il devait aller au cabinet pour un dossier urgent. Malgré que ce soit le trente et un décembre. En voulant poser ma tête sur son oreiller pour prendre un shoot de son odeur, j'avise du bout de papier qui repose dessus.

Bonjour Mon ange,
Désolé de ne pouvoir être là, à ton réveil, on se retrouve ce soir.
je t'aime plus.
Ton braqueur.

Ce soir nous passons la soirée du réveillon tous ensemble à Time Square comme l'année précédente, à attendre le décompte, et commencer cette nouvelle année dans un bar, avec Tim et Alana qui cette fois-ci, vont pouvoir nous rejoindre. Pour Alana, je suppose que Will y est pour quelque chose. Depuis que nous sommes rentrés de Cuba, il passe de plus en plus de temps avec elle. Je crois que notre Don Juan a enfin trouvé son double... Tim, nous a prévenu, que le début de soirée, il le passait avec ses potes sportifs, et qu'ensuite, il nous rejoindrait.

Après m'être habillée, je descends pour prendre mon petit déjeuner rapidement, car j'ai décidé de bosser sur mes cours, mais aussi sur une simulation de dossier. Une entreprise côté en bourse qui souhaite ouvrir son capital.
Tout est calme dans la maison, je sais que Raph est parti travailler, que Naël, William et Maxine sont allés faire quelques courses pour ce soir. Je m'installe sur un tabouret et commence mon repas, en feuilletant un livre de recettes que Max a acheté dans la semaine, cuisine facile spécial réveillon.

Assise sur mon lit, la nuque raide et le cerveau en compote, je m'étire, quand je sens mon téléphone vibrer. Je regarde l'heure, et je comprends pourquoi je suis complètement ankylosée.

> De Mon Beau Brun :
J'ai fini, je rejoins les autres et l'on se retrouve d'ici deux heures.
Je te love.

> De Moi :
Ok my love, je finis de réviser
A tout
Je te love plus.

> De Mon Beau Brun :
Tu révises où ?

> De Moi :
Sur notre lit...

> De Mon Beau Brun :
Habillée ???

> De Moi :
Devine

> De Mon Beau Brun :
Pas besoin, j'ai déjà des images en tête... Et tu ne l'es pas

> De Moi :
Peut-être... Ou pas ...
Bon laisse moi finir si tu veux que ton rêve devienne réalité quand tu rentreras !

En même temps que mon dernier message, je lui envoie une photo de mon épaule nue, qui je le sais va le rendre dingue. D'ailleurs la réponse ne se fait pas attendre :

> De Mon Beau Brun :
Prépare-toi, à des représailles, parce que toute la frustration, que je vais devoir contenir encore, pendant deux heures...

> De Moi :
Respire mon amour
J'ai hâte que tu me montres tout ça

Pas de réponses. Je m'en serai douté. Il a activé le mode connard, pour me montrer qui est devenu le maître du jeu, et par la même occasion me faire prendre à mon propre jeu. Et ça marche, parce que maintenant, c'est moi qui suis frustrée, et qui ai un film dans ma tête sur Aaron et moi.

Et merde !

Je laisse tomber les révisions pour aujourd'hui. Je descends pour rejoindre le salon afin de m'affaler sur le canapé, devant une série débile, qui me fera passer le temps. Aucune envie de réfléchir, ni de me prendre la tête, juste le besoin d'évacuer la tension que mon petit ami a provoqué. Pour me rassurer, je me dis que lui aussi doit être dans un sacré état, et en l'imaginant, un sourire apparaît sur mes lèvres.

Alors que j'ai fait pause, pour aller me chercher de quoi boire, et grignoter, j'entends la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer dans un bruit étouffé.

— Je suis dans la cuisine, averti-je mes amis.

Je suis étonnée qu'ils soient déjà là, mais n'en tient pas compte et continue de me préparer mon sandwich.

Aucune réponse, ni aucun bruit ne m'arrive.

— Aaron c'est toi ? T'as pas pu t'empêcher de rentrer hein ? Je souris à cette idée et m'apprête à me retourner à l'entente de pas qui se rapprochent.

Je suis stoppée dans mon élan, quand deux mains se plaquent sur ma taille, et qu'un souffle chaud percute ma nuque qui me fait frissonner, mais pas de désir.

— A... Aaron... Je commence à paniquer, quand je ne reconnais pas l'odeur si caractéristique de l'eau de toilette de mon petit ami.
— C'est pas Aaron ! ricane une voix que je ne n'identifie pas.

J'essaye de me retourner, mais la personne me maintient contre lui en raffermissant sa poigne contre mon ventre, d'une main, et plaque l'autre sur ma bouche pour m'empêcher de crier. Une respiration saccadée se répercute sur ma joue me donnant envie de vomir.  Je me débat pour tenter de me détacher avec mes mains restées libres, je griffe ce qui est à ma portée, mais il me donne un coup sur la tempe avec un objet, qui me met KO pendant quelques secondes.

— Tu la fermes, et t'arrête de t'agiter comme une chatte en chaleur ! Limite si tu ne m'excites pas sale pute.

Je retrouve mes esprits, et riposte en mordant sa main, en lui donnant un coup de pied dans le tibia. Si cela le déstabilise sur le moment, il n'en ai pas moins plus fort, il me retourne d'un seul coup, et me gifle si violemment, que je n'ai pas le temps de voir son visage. Alors que ma tête va percuter l'arête du plan de travail, je me sens partir vers le sol, et quand ma tête cogne le carrelage, tout devient flou, je ne distingue qu'une masse noire au-dessus de moi, puis c'est le trou noir.

Je reviens petit à petit à moi, mon crâne me fait horriblement mal, je sens un liquide chaud couler le long de ma nuque, surement du sang dû à ma chute. Je peine à ouvrir les yeux, pourtant la pièce est dans l'obscurité, si j'en crois le peu que je vois. Je suis désorientée, je ne me rappelle de rien, si ce n'est que j'étais dans la cuisine, quand j'ai entendu la porte d'entrée s'ouvrir... Et... Là, tout me revient par flash, cet inconnu qui me parle, qui me frappe... Mes yeux s'ouvrent complètement, prise de panique, je veux bouger, mes mains, mes jambes, mon corps, mais aucun de mes membres ne m'obéissent, mes bras et mes pieds sont entravés par des liens.
J'entends un ricanement au loin, une sonnerie de portable, ma sonnerie, celle que j'ai attribué à Raphaël. Je veux crier, hurler, mais du scotch sur ma bouche m'empêche de sortir le moindre son. Je tourne ma tête à droite, puis à gauche, d'un mouvement trop brusque qui me fait lâcher un juron face à la douleur que cela provoque au niveau de mon crâne. Je suis soulagée quelque part de reconnaître notre salon. Au moins, ce psychopathe ne m'a pas emmené autre part.

— Ah ! Réveillée, il était temps ! j'entends derrière moi. Ton ami a essayé de te joindre, mais je lui ai dit que tu étais très occupée, et ce petit con n'a eu de cesse que de me menacer ! T'y crois toi ? Alors tu sais quoi, on va les attendre bien gentiment toi et moi !

Je m'agite sur la chaise sur laquelle je suis ligotée, mais mon agresseur se place devant moi en me menaçant de son arme.

— Arrête de bouger, tu t'épuises mon ange...

Je le fixe dans les yeux, je ne veux pas baisser la tête, même si je suis morte de peur, pour moi, mais surtout pour Aaron et mes amis. En aucun cas, je ne veux qu'il croit qu'il me terrorise. Je ne veux pas lui donner cette satisfaction. Je maintiens son regard. Esquisse un sourire derrière le chatterton, ma tête me fait de plus en plus souffrir, je sens une douleur au niveau de ma tempe aussi, là ou il m'a frappé la première fois, mais je dois être forte pour eux. Je dois tenir. Ils ne vont pas tarder, je le sens. Raph a dû les prévenir, et je n'ai aucun mal à deviner dans quel état de colère, de haine, ils doivent se trouver.

— Baisse le regard ! m'ordonne-t-il. Une bâtarde n'a pas le droit de me regarder dans les yeux. BAISSE LES YEUX, hurle-t-il.

Son énervement, me redonne l'adrénaline qui me manquait. Le mot bâtarde tourne en boucle dans ma tête. Et puis tout d'un coup, tout s'éclaire, je percute, qui est mon agresseur.
Le fils légitime de Claude Saint André, mon géniteur, ancien ministre de l'intérieur qui est en prison pour diverses affaires, et qui a fait une tentative de suicide la semaine dernière.

Toujours très courageux mon salaud de père.

Par contre, une chose qui me trouble, c'est que je ne sais pas si ce sont deux personnes différentes ou une seule qui me menaçaient. Pourtant son regard, ce regard ne m'est pas inconnu, c'est celui de l'homme que j'ai croisé dans l'avion il y a un an, c'est celui que j'ai entraperçu à la fac quand il discutait avec Alana et Tim, et enfin c'est celui que j'ai fixé la dernière fois, quand mon braqueur a poursuivi ce mec à la moto. Voilà la raison de l'appel de Raph, il a trouvé qui été ce mec ! Hier soir, il m'a dit qu'il avait une piste, et que ce n'était qu'une question d'heures avant que le résultat ne tombe.

Un coup de poing sur ma pommette me ramène à l'instant présent et me sort de mes pensées.

Putain que ça fait mal. Mais par fierté, je ne lui ferai pas le plaisir de geindre, je bloque comme je peux mes larmes qui s'accumulent au coin de mes yeux. La force de son coup fait vaciller la chaise sur laquelle je suis assise. Il la retient, tout en braquant son flingue face à moi.

— Comme tu as certainement des questions à me poser, je vais être sympa et t'enlever le scotch ! Par contre, si tu essayes de crier, ce n'est pas mon poing qui te fera taire ! T'as compris ?

Je hoche la tête, pour lui faire comprendre que je suis d'accord, malgré la douleur sur ma joue qui commence à se faire sentir.

— Aller vas-y !
— Pourquoi ? dis-je avec un dégoût qui transparaît dans ma voix.
— C'est tout ? Juste pourquoi ? comme je ne réponds pas, il continue. Tu ne veux pas voir mon visage, tu ne veux pas savoir depuis quand je vous suis, comment j'ai mis mon plan en place... comment je vais te faire payer...
— Pourquoi ? je répète sans tenir compte de ses paroles.

Je le vois qui perd patience, il commence à remuer nerveusement son bras qui tient son arme, il bouge sa jambe convulsivement. Ok, c'est le genre de mec qui aime qu'on l'admire, qu'on le flatte, - cela ne me surprend pas, avec les parents qu'il a- ,et là, avec ma simple question, il se sent frustré. Il faut que je gagne du temps, et pour ça, je vais devoir rentrer dans son jeu, simuler la fille transie de peur, remarque, j'ai pas beaucoup à surjouer, et surtout ne pas le provoquer. Il m'a l'air instable psychologiquement, je ne peux pas prévoir ses réactions, donc je dois me calmer, et enfouir ma haine dans un coin de mon cerveau.

— Comment t'appelles-tu ? Mon père ne me l'a jamais dit...
— Ta GUEULE, vocifère-t-il, ne parle pas de lui avec ta bouche de salope.

Qu'est-ce que je t'ai dit déjà ? Pas de provocation Léane, me gronde ma conscience.

— Pourquoi m'en veux-tu ? lui demandé-je en maîtrisant mon intonation.
— C'est à cause de toi et de ta connasse de mère, que mon père...

Il n'a pas le temps de finir sa phrase, que la porte s'ouvre dans un fracas qui nous fait sursauter à tous les deux. Les murs tremblent faisant tomber des cadres dans un bruit de verre.
Mes yeux sont directement attirés par un regard marron aux touches de vert. Plus rien n'existe autour de nous. Nos regards sont aimantés l'un à l'autre. Aaron m'y fait passer tout un tas de sentiments, d'émotions. Mais quand il détourne ses prunelles des miennes, pour fixer mon agresseur, la rage que j'y lis me paralyse... c'est la première fois que je vois un tel regard chez Aaron. Noir. Aucune autre couleur n'est vient entraver la noirceur de ses iris.

— Que la fête commence ! s'exclame mon demi-frère avec un sourire de fou. Qui ne se rend pas compte de l'ouragan qui se prépare.

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