Solitude #



Léane
                                          

Cela fait presque une semaine que Aaron ne vit plus à l'appartement, une semaine, que je vois les autres avoir des conversations silencieuses, ou qui s'arrêtent dès que je pénètre dans une pièce.

Mais aussi une semaine, que mon beau brun m'envoie matin et soir un message ou une photo. Pourtant, il m'avait dit dans ce parc, avant de me laisser, qu'il attendrait que je fasse le premier pas, quand je serai sûre de son amour pour moi. Je n'ai encore répondu à aucun de ses messages, même si l'envie est là, et que le manque est de plus en plus fort. Je ne sais pas pourquoi, je persiste dans mon mutisme, alors qu'une petite voix au fond de moi, me persuade qu'Aaron ne m'aurait jamais été infidèle. Mais l'excuse bidon, que je me trouve, est que je suis tellement perturbée par les menaces qui n'ont cessé d'augmenter, que je préfère me concentrer là-dessus, plutôt que sur ma mauvaise foi, vis-à-vis de mon beau brun.

Jusqu'à aujourd'hui !

Je suis tranquillement installée sur mon lit dans ma chambre, en train de bosser sur un cours de commerce qui me prend la tête, quand Maxine et Raphaël entrent sans frapper.

— On te dérange ? interroge ma meilleure amie.
— Ben si c'était le cas, c'est trop tard, ne puis-je m'empêcher de lui rétorquer.
— Désolé, ajoute Raph. Mais nous avions besoin de te parler Léa.
— A propos de ...!?
— De ton attitude de gamine capricieuse envers Aaron, balance Max.

Directe comme toujours !

— Mon attitude capricieuse ? me suis-je indignée. Dis moi, tu aurais réagi comment toi si ça avait été Naël ? Hein Maxine ?
— C'est bon les filles, tempère Raph, on ne va pas avancer là !

On fait chacune un signe de tête pour lui montrer que l'on va se calmer.

— Bon, les recherches, pour le moment, n'ont rien données, mais je ne désespère pas Léane, surtout qu'avec le dernier message, j'ai peut-être une piste, mais je ne t'en parlerai que quand je serai sûr ok. Je ne sais pas si c'est une erreur de débutant ou pas, mais le numéro n'était pas masqué comme à chaque fois.
— Je te fais confiance à cent pour cent Raph, mais je t'avoue que je n'en peux plus, le dernier message commence par un compte à rebours, et je ne sais même pas à quoi il correspond ! C'est un putain de psychopathe ! m'énerve-je.

Je vois Maxine faire un pas en avant hésitant, mais je lui tend les bras pour qu'elle vienne me rejoindre sur le lit.

— Excuse-moi ma barbie, ne puis-je m'empêcher de la provoquer.

— C'est bon ma pétasse ! Mais je suis sérieuse pour Aaron, si tu ne veux pas qu'un jour il ne rentre plus du tout, et qu'il se console dans les bras d'une autre ! Même si je reste persuadée qu'il ne te fera jamais ça ! On ne sait jamais, surtout avec la pute avec qui il travaille.

— Pour ce qui est de Jessy, il est allé mettre les choses au point avec elle, et je peux t'affirmer qu'à partir de maintenant, elle le laissera tranquille, rigole Raphaël.

— Qu'est-ce que tu nous caches mec ? interroge mon amie.

— Qu'est-ce qu'il a fait ? Il n'a pas mis son avenir dans la boîte en balance hein ? demandé-je inquiète.

— Nan, t'en fait pas, il est beaucoup plus malin que ça, et en plus la chance était avec lui... Comme quoi, c'est peut-être un signe, ça s'est passé le lendemain de votre dispute.

— Crache le morceau Granjier !

— Le matin de sa première nuit à l'hôtel, Naël nous a envoyé un message à Will et moi pour qu'on les rejoignent devant l'établissement, pour ensuite aller prendre notre petit déjeuner tous les quatre...

— Chez Baking compagny, le coupé-je.

— Comment tu sais ? demande Max.

— Nous y allons dès que nous le pouvons, et je sais qu'il adore cet endroit.

En y repensant, je ne peux retenir une larme qui coule le long de ma joue. Maxine resserre son étreinte, et n'embrasse sur la tempe.

— Donc, nous avons pris le petit déjeuner ensemble, en essayant de trouver comment Aaron pouvait confronter miss pétasse. Naël et William ont proposé de se renseigner auprès de leurs collègues, et moi de faire des recherches sur elle ou sur leurs patrons. Aaron est persuadé qu'elle se fait baiser par l'un deux.

— Mais ils ont quels âges ? questionne Maxine.

— Au moins vingt ans de plus ! leur dis-je. Mon amoureux me les a présenté un soir où je venais le chercher.

— Mais c'est une véritable salope ! Tu m'étonnes qu'elle craque sur ton mec, un peu de chair fraîche devait lui manquer ! plaisante ma meilleure amie.

Je lui fait les gros yeux en me retenant de rire.

— Bref ! reprend Raph. Toujours est-il qu'une fois arrivé au cabinet, Aaron vérifie les dossiers à traiter qui sont sur son bureau, et se dirige ensuite vers celui de Jessy pour voir si elle n'a pas d'instructions à lui refiler. Et là, feu d'artifice, rigole-t-il. En ouvrant la porte après avoir frappé à plusieurs reprises, sans avoir eu de réponse, il trouve sa collègue assise sur son bureau, en train de se faire bouffer la chatte par Benson !
— Oh putain ! hurle Maxine. Et...

Moi, je reste sans voix. Je pense à mon braqueur, et un soulagement me fait relâcher ma respiration, mais surtout un poids énorme s'enlève de ma poitrine. Même si l'autre problème est loin d'être réglé.

— Léa ça va ? s'inquiète Raph.

— Ou... Oui, c'est juste que je me rends compte que j'ai été complètement con de douter de mon Aaron. Et la suite ?

— Coquine ! me dit-il en me faisant un clin d'œil. Comme ils ne l'ont pas entendu, trop pris dans leur truc, Aaron en a profité pour prendre une vidéo...  Max et moi, nous regardons un air goguenard greffé sur notre visage. Attendez les filles, ce n'est pas tout. Dans l'après-midi, Aaron est allé trouver l'autre pétasse dans son bureau, qui d'après ce qu'il nous a raconté, pensait qu'il venait enfin pour la baiser ! Tu sais comment est Aaron quand il veut obtenir quelque chose ?

Je fais oui de la tête, et j'ai même les images qui défilent dans ma tête. Comment, il marche nonchalamment, avec son sourire de connard, qui m'énerve, mais que j'adore, sa voix grave et chaude qui vous fait frissonner, son regard qui vous déshabille ...C'est Maxine qui me sort de mes pensées lubriques.

— T'es avec nous ma pétasse ?
— Disons que j'avais les images dans ma tête, et je vois très bien comment il a été, sourie-je.
— Et là, il lui a sorti le grand jeu, jusqu'à la chute finale : la vidéo. Tu devrais...

Il n'a pas le temps de finir sa phrase, que j'attrape mon téléphone, et envoie un message à mon beau brun. Mes amis me regardent en souriant. Ils ont compris ce que je faisais.

> A Mon Beau Brun:
Je m'excuse... Pour tout... mon braqueur,
Il faut qu'on parle...
Je t'aime plus.

— Je sais ! il faut que je lui parle, que je lui avoue tout ! Mais j'ai peur, peur qu'il me rejette...
— Jamais me rassurent Raph et Maxine en même temps. Par contre attends-toi à ce qu'il te passe une engueulade made in Aaron, pouffe mon ami.
—  Je la mérite sûrement, mais vous ne pouvez pas imaginer combien je suis soulagée de savoir l'autre hors jeu !

On continue de parler encore quelques minutes, quand Raphaël nous informe qu'il a justement rendez vous avec mon amoureux pour déjeuner, ainsi qu'avec Naël et William. Il nous abandonne et Maxine en profite pour me tirer par le bras, et m'ordonner :

— Aller lève-toi, nous on file faire du shopping entre filles, vêtements, sous-vêtements... J'ai l'impression que cela fait une éternité que l'on a pas fait ça toute les deux.
J'acquiesce en la serrant dans mes bras. Pas besoin de mot. Maxine a compris que je m'excuse pour mon comportement.

C'est comme ça que je me retrouve quelques heures plus tard dans une boutique Victoria's secret pour choisir des ensembles de lingerie, ainsi qu'une tenue pour dormir. Je suis dans une cabine en train d'essayer un ensemble quand mon Iphone vibre dans mon sac.

> De Mon Beau Brun :
Je crois aussi...
Pour les excuses, tu me les feras ce soir, je passe te chercher vers 20h.
Je t'aime encore plus...

Je saute de joie comme une gamine dans la cabine d'essayage, alors que Maxine passe sa tête et me regarde comme si elle me voyait pour la première fois.

— Tout va bien ? Ce sont les sous-vêtements qui te font cet effet ? Non parce que là, on dirait une pauvre fille qui sort de sa cambrousse... Ou alors, me dit-elle avec son sourire de garce, tu as des nouvelles de ton beau brun, et tu imagines sa tête en voyant ces dessous.

— C'est à peu prêt ça ! Il m'a répondu, et nous dînons ensemble ce soir, et pour le reste on verra à l'issue de la soirée...

— Oh, mais c'est tout vu ma pétasse, tu devrais les prendre en double, je suis certaine qu'il ne résistera pas à te les arracher ! et elle éclate de rire fière de sa répartie.

— Tu sais que je vais m'habiller pour aller dîner hein ?

— Et j'ai déjà la robe qu'il te faut !

Elle me sort de derrière son dos, une robe noire côtelée, asymétrique, au niveau des épaules, et arrivant mi-cuisses. Je regarde le bout de tissu, et hausse les sourcils.

— Quoi ? demande-t-elle. Elle est parfaite, avec tes escarpins Romy, tu vas être tomber. Je suis sûre qu'il voudra que tu les gardes pendant...
— Ne finis pas cette phrase ! Nous explosons de rire au souvenir de cette même discussion il y a trois ans, avant une soirée chez Khaleb. C'est bon tu as gagné, je la prends.

Nous continuons notre shopping, Max a trouvé un joli haut chez Zadig et Voltaire, moi j'ai craqué pour un pull bleu marine avec inscrit Lover que je compte offrir à Aaron ce soir. J'ai également trouvé une robe bohème à fleurs, et pour finir, nous n'avons pas pu résister en voyant la nouvelle collection de la célèbre marque aux semelles rouges !

C'est crevé, les bras encombrés de nos achats, mais tellement contentes de cette journée girly, que nous rentrons à l'appartement pour retrouver les mecs dans le salon, en train de boire une bière. Mais mon regard est tout de suite attiré par mon braqueur qui me fixe sans sourire. Nos yeux se heurtent. Il me dévore avec cette lueur dans les yeux qui me fait resserrer les cuisses, accélérer mon rythme cardiaque, et en même temps me déconnecter de l'endroit où je suis. Il s'en aperçoit, et un rictus étire ses lèvres.

Je suis soulagée de le revoir ici. Sans attendre, ni me demander s'il sera d'accord, je me précipite dans ses bras. Il me rattrape au vol, en essayant de ne pas basculer en arrière, puis, je le serre fort contre moi, en m'excusant comme une psalmodie. Aaron capture ma bouche pour me donner un baiser dans lequel il fait passer toute sa frustration de ces jours où nous avons été séparés mais aussi toute sa colère. Il me mord la lèvre, prend possession de ma bouche. Je le lui rend. C'est William qui nous sort de notre monde.

— Putain ! Que ça fait du bien de vous retrouver comme ça ! Même si ma main va le regretter dans quelques jours !

On éclate tous de rire, mon beau brun m'enlace plus fortement, et me chuchote à l'oreille de sa voix grave, en y déposant un baiser qui me fait frissonner de la tête au pied :

— C'était ta dernière chance de me fuir mon ange. Aller va te préparer, j'ai hâte de découvrir tes achats, affirme-il en avisant les poches que j'ai posées par terre avant de lui sauter dans les bras.

Je lui fais un sourire sexy, en me reculant sans le lâcher des yeux, puis je me retourne pour regagner notre chambre, quand il s'écrie :

— Arrête ça tout de suite Léane, ou je monte avec toi !

Je les entends rire, mais continue ma montée des marches, en étant soulagée de la façon dont nous nous sommes retrouvés Aaron et moi. Je sais qu'il m'en veut d'avoir douté de lui. Je vais tout faire ce soir pour me faire pardonner, mais je sais aussi que mon amoureux a un cœur énorme en ce qui me concerne. Et que lui, a toujours été sûr de notre amour. Voilà pourquoi, malgré ma crise, il n'a pas laissé tomber, et a même mis sa fierté de mec de côté pour faire le premier pas en m'envoyant des messages tous les jours de notre séparation. Mais il doit aussi comprendre que voir cette photo m'a fait énormément de mal.

Quand je suis enfin prête, je prends une grande inspiration avant de descendre pour le retrouver.
Je sais que la soirée peut finir de deux façons possibles, après mes révélations... Mais je suis prête à tout lui avouer, à lui faire confiance, et à lui prouver encore, et encore, mon amour pour  elle.
    

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