Léane
Deux jours que mes amis savent.
Deux jours que mon beau brun est parti.
Ce soir, il sera de nouveau avec moi, et je vais devoir tout lui dire, tout lui raconter, et tout lui montrer. Et pour la première fois depuis que nous sortons ensemble, j'ai peur de sa réaction, peur de le voir me quitter, on s'était promis plus de secrets, plus de mensonges. Mais est-ce vraiment un mensonge, que de lui avoir caché ces menaces afin de le protéger ? Je sais, qu'il va me répondre qu'il est assez grand pour se protéger tout seul, que s'il avait su plus tôt, il aurait agi depuis longtemps. Mais je n'arrive pas à me convaincre, que cela aurait été la bonne solution.
Depuis mon réveil ce matin, je me prépare à tous les scénarios possibles, mais malheureusement, je n'étais absolument pas préparée à celui qui a eu lieu.
Je n'ai pas eu de nouveaux messages de mon beau brun depuis hier matin. Avec le décalage, j'étais encore au lit quand je l'ai reçu. Il me prévenait que son rendez-vous était avancé, et qu'il ne pourrait pas me joindre avant la fin de journée. A moitié endormie, je lui ai simplement répondu, qu'il passe une bonne journée, et que je l'aimais. Et comme le soir où nous sommes sortis, j'avais oublié mon téléphone, c'est Naël qui a répondu à Aaron, quand celui s'inquiétait et s'étonnait de ne pas pouvoir me joindre. Dire que je n'ai pas fait exprès de l'oublier est un euphémisme. Disons que les autres m'ont aussi encouragé à le laisser de côté pour une soirée, afin de ne pas être tenté de regarder si une nouvelle menace apparaissait.
Je suis dans la cuisine avec Max entrain de prendre mon petit déjeuner que nous a gentiment préparer Naël, quand Raphaël et William nous rejoignent.
— Salut, les meufs, bien dormi ? demande Will en nous embrassant chacune à notre tour.
— Super ! répond Max.
— Et toi jolie Léa, plus que quelques heures et tu retrouves ton beau brun ! me taquine Will.
— Hum !!!
— Waouh ! Cache ta joie, dis donc...
Raph le coupe.
— Laisse là mec, elle stresse assez comme ça, de devoir tout lui raconter. Au fait, Léa, j'aurai besoin que tu me laisses ton portable pour la journée, comme ça avec le matos que j'ai au travail, je vais voir si je peux trouver quelque chose ok ?
— Pas de problème, laisse-moi le temps d'envoyer un texto à Aaron pour le prévenir que je n'aurai pas mon téléphone de la journée.
— Et tu vas trouver quoi comme excuse, jolie Léane ? questionne Will.
J'allais répondre quand Naël me devance :
— Rien, elle ne va rien dire, je me charge de Aaron. Il me fait un clin d'œil et continue de déjeuner.
En remontant dans ma chambre, pour finir de me préparer, je récupère mon sac de cours et envoie un texto à mon braqueur, il doit encore dormir, mais je sais que cela lui plaisir d'avoir de mes nouvelles à son réveil. Je ne sais pas ce qu'il a fait hier soir, mais je devine qu'il a dû sortir, au casino ou même en boîte, surtout si ils ont emporté le contrat. Je me force à ne pas penser à Aaron et Jessy dans le même endroit, en train de fêter leur victoire, mais des images s'incrustent dans mon cerveau et ne veulent pas en partir.
> A Mon beau brun:
Bonjour mon amour, passe une bonne journée,
il me tarde ce soir de pouvoir te serrer dans mes bras.
Je t'aime plus
Quand j'arrive en bas des escaliers Raphaël m'attend, je lui donne mon téléphone, et me dirige vers la porte d'entrée où m'attend Maxine.
— A ce soir les meufs ! nous crie Will du salon. Naël et moi récupérons Aaron à l'aéroport en sortant du cabinet.
— On se retrouve ici, de toute façon, Max et moi terminons à dix-neuf heures. Vous êtes ok pour qu'on se fasse un repas sympas pour son retour ?
— Je m'occupe d'aller faire les courses en sortant du travail, comme je finis plutôt que vous, nous informe Raph.
Nous les laissons là, à définir le menu de ce soir et partons à pied à la fac. Malgré le froid de ce début décembre, cela me fait du bien de marcher et de retarder au maximum le moment où je vais devoir ouvrir mon casier.
— Tout va bien pétasse ? me provoque Maxine.
— Et toi barbie ? La nuit a été bonne ? Pas de courbatures ? On dirait que tu as du mal à avancer ! raillé-je.
— Vas y rigole, on verra demain qui sera la plus fatiguée ! En pensant à ça, tu sais que Will n'est rentré que ce matin !
J'ouvre de grands yeux, et un sourire naît sur mes lèvres.
— Oh, oh notre don Juan aurait-il trouvé son double ? Je suis contente pour lui, et Alana est la fille qu'il lui faut, je pense. Par contre si il déconne Tim se fera un plaisir de le démonter.
— Moi aussi, je suis heureuse pour lui, sous ses airs de queutard, William est un garçon adorable. Si Alana est la fille qu'il a choisi, je sais qu'il prendra soin d'elle, et qu'il ne fera rien pour la blesser.
— Du coup, il ne reste que notre Raphou, mais je ne suis pas sûre qu'il soit prêt pour une nouvelle histoire.
Nous arrivons à l'université, en plaisantant sur les filles potentielles que l'on pourrait présenter à Raph, quand une tornade nous saute dessus... au sens littéral !
— Hey les filles, vous êtes courageuses d'être venues à pied, avec ce froid, nous complimente Alana, emmitouflée comme si elle devait se rendre en Sibérie.
— Et toi, je paris que tu es trop fatiguée ou trop ankylosée pour marcher ? Pas vrai ? demande Max. Toujours aussi délicate, un vrai bulldozer, ma meilleure amie, pensé-je. Je lui mets un coup de coude, mais elle s'en fout complètement;
— Pourquoi tu dis ça ? rétorque Alana rouge comme un coquelicot.
— Ben je sais pas, t'as pas visiter la Norvège cette nuit ? Nan ?
Maxine ou la subtilité !
— Max arrête, grondé-je, Alana, ne lui répond pas, comme ça elle va s'imaginer tout un tas de trucs, son cerveau va travailler et tu seras tranquille pour un moment.
Nous partons, Alana et moi, dans un grand éclat de rire, en nous dirigeant vers l'entrée de la fac, Maxine derrière nous, qui ronchonne comme quoi Alana n'est pas partageuse d'infos, pour rejoindre l'amphi dans lequel nous avons cours ce matin. Quatre heures de droit sur le commerce.
Quand il est l'heure d'aller au self pour déjeuner, je préviens les filles que je les rejoins, car je dois récupérer mes livres dans mon casier pour cette après-midi. Maxine me jette un regard en coin, je sais qu'elle a compris, mais comme il y a Alana et Tim qui viennent d'arriver, elle fait simplement un hochement de tête, et me précise qu'ils m'attendent là-bas.
Toujours la même enveloppe, sauf que cette fois-ci, à l'intérieur, en plus des photos, il y a un mot découpé dans des journaux français. Je bloque sur le message, dans ma langue maternelle, il ou elle a fait exprès de me donner cet indice. Je ne prends pas le temps de réfléchir, je lis ce qu'il y a d'écrit sur les bouts de papier découpés.
La menace est claire : plus qu'une semaine jolie Léane... Tic Tac.
La journée se déroule sur le même schéma que ce matin sauf que les mots couchés sur la lettre anonyme prennent trop d'importance dans mon cerveau et ma concentration en est impactée. Heureusement que je peux compter sur Max pour prendre des notes.
Il est dix-neuf heures passé quand nous passons la porte de l'appartement, Maxine et moi. A peine débarrassée de nos manteaux et sacs de cours que nous courons vers le salon pour nous poser dans le canapé. Enfin c'est ce que l'on aurait dû faire si Raphaël n'y était pas déjà, allongé de tout son long, les bras derrière la tête, les yeux posés sur nous, avec un rictus au coin de sa bouche.
— Raph, pousse-toi, supplie mon amie.
— Et sinon quoi ?
— Ben sinon...
On se jette sur lui, pour le chatouiller et le faire basculer par terre, en même temps que nous.
— Ok c'est bon les meufs, je capitule, dit-il en riant. Tiens ton portable Léane, tu as des messages d'Aaron, j'ai pu avancer un peu, je t'en dirai plus, quand je serai sur à cent pour cent de mon intuition. Et de ton côté, du nouveau ? demande-t-il.
J'approuve de la tête, puis je retourne dans l'entrée pour récupérer mon sac et en sortir la lettre avec les photos, que je tends à Raph.
— C'est la première fois, que des photos sont accompagnées d'un message autre que par mail ou sms, je n'ai pas eu le temps, de regarder plus attentivement dans quel journal français les lettres avaient été découpées.
— Donne-la moi, je m'en occupe, toi répond à ton beau brun, même si il doit être déjà dans l'avion.
Je remercie Raph, et pars m'asseoir dans le fauteuil que j'aime tant, celui qui fait face à la cheminée, pour lire les messages de mon braqueur.
Je rie en voyant certaines photos de lui entrain de poser avec le sosie d'Elvis, ou à côté d'une statue grecque des plus kitch. D'autres, ou il a pris les hôtels ou casino les plus mythiques. et plus j'en découvre, et plus je me dis que Las Vegas n'est pas pour moi. J'aime trop les vieilles pierres pour ça. Dans un de ses texto, il me dit que Naël l'a averti que je n'avais mon téléphone avec moi, sans m'en donner la raison, et qu'il lui tarde ce soir de me retrouver, de me serrer dans ses bras, mais surtout de me faire l'amour comme un dingue.
A la fin de ma lecture, je vais retrouver Maxine et Raphaël dans la cuisine, avec un immense sourire greffé aux lèvres, qui se disputent, à propos d'une recette. Je reste là, appuyé contre le plan de travail, les bras croisés, en les regardant d'un air désespéré, en secouant la tête.
— Léa, dis lui toi, que j'ai raison ! me sollicite mon amie.
— Je ne rentre pas là- dedans, attendez Naël, ils ne devraient plus tarder, je suis sûre qu'il doit le savoir ! Bon je vous laisse, je monte me changer, et ensuite je vous aide.
Je n'entend juste que le mot traître de Max, quand je suis dans l'escalier. Un ping me signale l'arrivée d'un nouveau message. Fébrile, j'hésite à l'ouvrir en sachant que Aaron est en vol et qu'il ne peut pas venir de lui. Je prends une grande inspiration et cède à la curiosité.
Quand je l'ouvre, je reste figée sur la photo qui apparaît. On y voit Aaron torse nu, endormi sur le dos dans un lit avec un drap le recouvrant jusqu'à la taille. Jusque-là rien d'anormal. C'est la personne allongée à ses côtés, qui n'a aucun droit d'y être qui me met dans une rage folle. Jessy est en train de prendre un selfie. Jessy en sous vêtement noirs. Jessy et sa putain de main posée sur le torse de mon mec. Les larmes me envahissent mes cils, et les mots qui accompagnent la photo dansent devant mes yeux :
> De inconnu :
J'ai joué... J'ai gagné,
game over pour toi.
Sans plus réfléchir, je dévale les escaliers en courant, j'ai à peine le temps d'apercevoir Raph sortir de la cuisine, je me dirige vers la porte d'entrée pour sortir le plus vite d'ici, et m'enfonce dans la nuit glacée, sans penser à ma destination.
Après ce qui me semble une éternité à déambuler dans les rues de Greenwich. Je m'assois sur un banc, j'ai froid, j'ai mal à la gorge d'avoir trop pleuré, mes yeux sont gonflés, mais cela n'est rien à côté de la douleur que je ressens au niveau de ma poitrine. J'ai l'impression que l'on essaye de m'arracher le cœur à mains nues.
Mon téléphone n'arrête pas de sonner, mais je ne regarde pas qui tente de me joindre, je le sais, il doit être arrivé, et comme les autres ne savent pas où je suis, il doit s'inquiéter. Surtout si Raph lui a dit, et il a dû le faire, qu'il m'a aperçu sortir en pleurs et en courant de l'appartement.
Je décide de rester encore sur ce banc, même si cela me ramène à un autre banc, dans un autre parc.
Je me calme petit à petit, et la tristesse, laisse place à la colère, pas à la douleur, celle-ci se propage en moi comme comme le feu sur une mèche, peut-être que quand elle aura atteint tout mon corps, elle disparaîtra comme par magie.
Seule dans ce parc, une seule question traverse mon esprit bousillé : Pourquoi Aaron ?
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