Et je tombe...De plus en plus #


Léane
                       

Quand Aaron m'a annoncée qu'il fallait qu'il aille à Las Vegas pour son travail avec l'autre pétasse, j'ai voulu être forte pour lui, pour qu'il n'est pas à s'inquiéter, en plus de son boulot au cabinet qui lui prend de plus en temps, pour moi, et de mes états d'âmes.
Mes putain que c'est dur ! De faire semblant.

Le départ a lieu ce soir. J'ai accepté de l'accompagner à l'aéroport, pour profiter de lui jusqu'au bout, mais surtout, pour que l'autre mante religieuse, - j'adore ce surnom que Will lui a donné -, sache que je suis là, et qu'Aaron, elle ne l'aura jamais.
Je ne suis pas naïve de penser que cela suffira, je connais ce genre de nanas prêtes à tout pour avoir ce qu'elles veulent. Je sais très bien qu'elle va tirer parti du fait qu'ils ne sont que tous les deux pour le mettre dans son lit.
Je me demande juste de quelle manière elle va s'y prendre, et surtout si elle va réussir. Oui, j'ai confiance en mon beau brun, je sais qu'il ne fera jamais rien pour me blesser, mais je me dis aussi que cet un homme, une putain de bombe atomique, et que l'alcool, plus Las Vegas, cela peut faire des ravages. Il n'en parle pas, mais mon comportement le blesse, je vois bien qu'il se fait du souci pour moi. Alors si l'on ajoute tout bout à bout ça fait un combo parfait.

C'est donc avec mon moral au trente sixième sous-sol, que j'arrive à l'université, et plus exactement devant mon casier. Endroit, qui est devenu mon cauchemar quotidien.
Tous les jours, une enveloppe avec des photos, tous les jours, un message sur mon téléphone, ou un mail, avec la même phrase Tic -Tac Léane, le compte à rebours continue...

J'ai beau me creuser la tête quotidiennement, je n'arrive pas à trouver à quoi peut faire référence cette menace. Je n'ai pas non plus recroiser le mec à la casquette, qui parlait avec Tim et Alana, l'autre jour.

Je sursaute, quand une main vient se poser sur mon épaule, me retournant d'un seul mouvement.

— Hey ! Ce n'est que moi poulette, me prévient Maxine.

— Désolée Max, j'étais dans mes pensées, je ne t'ai pas vu arriver. Tu viens du secrétariat ?

— Oui, c'est bon. On y va, les cours vont commencer. C'est ce soir qu'Aaron décolle pour Las Vegas, non ?

— Oui malheureusement, et le savoir avec cette pétasse ne me rassure absolument pas, même si je ne le lui montre pas.

— Pétasse ou pas, elle n'aura que sa main pour se faire plaisir en fantasmant sur ton mec !

— Putain ! On dirait Will qui parle là ! lui dis-je en éclatant de rire. Attends j'attrape le manuel qui me manque.

Je sais ce que je vais trouver, alors le plus discrètement possible, je prend l'enveloppe, et la cache dans un de mes manuels, pour que Max ne remarque rien. Heureusement mais elle est distraite par Tim et Alana qui lui disent bonjour.

— Salut les jumeaux !
— Jumeaux ? Tu plaisantes Max, j'en ai assez qu'il soit mon frère, si en plus on devait être copier-coller, je me tire une balle ! Râle Alyana en s'esclaffant.

Tim, lui ébouriffe les cheveux, Alana grogne des mots incompréhensibles à l'attention de son frère, puis on décolle vers l'amphi où a lieu notre cours de la mâtinée.

Quand l'heure du déjeuner est là, mon amie et moi décidons d'abandonner la cafétéria pour aller chercher un menu, au restaurant italien qui se trouve de l'autre côté du campus. Malgré le froid de ce début du mois de novembre, nous voulons encore profiter des quelques rayons du soleil qui transpercent les nuages.
Nous sommes presque arrivés à la sortie du campus, quand quelqu'un nous interpelle. William arrive vers nous en trottinant.

— Jolie Léane, Max !
— Salut Will, qu'est ce que tu fais là ? se renseigne Max.
— J'ai oublié un truc ? le questionné-je à mon tour.
— Non, je suis venu attendre...
— Moi ! dit une voix derrière nous.

Max et moi nous nous retournons, pour regarder Alana qui nous dépasse pour aller embrasser William sur la joue. Ma meilleure amie, et moi nous jetons un coup d'œil, pour comprendre ce que l'on a raté, quand Alana répond à notre question muette.

— Cherchez pas les meufs, je vois de là vos cerveaux fumer ! Will et moi allons simplement déjeuner. A plus tard.
— A ce soir mes coloc préférées, nous salut Will. En attrapant Alana par le cou.
— C'était quoi ? j'interroge Max, en les suivant des yeux.

Pour simple réponse, elle hausse les épaules, passe un de ses bras sous le mien et nous continuons notre chemin jusqu'au restaurant.

Nous choisissons un banc, exposé en plein soleil pour déguster nos bruschettas.

— Hum ! C'est une tuerie ! déclare Max la bouche pleine.
— Tu peux pas avaler avant de parler ? C'est mal poli de parler la bouche pleine.
— Ça t'arrive jamais de parler la bouche pleine, quand tu as la .....
— Surtout ne finis pas cette phrase Max ! m'exclamé-je en éclatant de rire.
— C'est bon de t'entendre rire ma Léa, affirme Max avec un air triste. Je m'inquiète pour toi, en ce moment, je sais que tu me caches des choses, mais comme d'habitude je vais attendre que tu sois prête pour m'en parler, ok ? Mais sache que l'on est tous là, si tu as besoin. Je t'aime ma bombasse.

J'essaye de retenir mes larmes aux coin des yeux, mais c'est peine perdue ! Je prends ma meilleure amie dans mes bras, l'embrasse sur le haut du crâne, et la remercie.
J'aimerai à ce moment-là pouvoir tout lui raconter, sur les photos, les messages de menaces déguisés en compte à rebours, mais je sais que si je le fais, elle voudra en parler aux garçons, et surtout à Aaron. Et, il est hors de question que je les mette en danger, parce que même si je ne sais pas à quoi fait référence ce décompte, même si je n'ai aucune idée de qui peut m'en vouloir à ce point. Je suis sûre, d'une chose, c'est que, il ou elle, s'en prendra à un d'eux.

— Merci Max. Je sais que je peux compter sur vous, mais... je gère... ok ?

Maxine n'est pas dupe, mais à l'élégance de ne pas relever. Nous continuons d'avaler notre repas dans un silence reposant.

Je descends seule les quelques marches qui me séparent de la rue, Max ayant encore deux heures de cours, quand je vois Raphaël appuyé contre un lampadaire, en train de taper un message sur son IPhone.
Je décide de m'approcher lentement, pour le surprendre, mais quand j'arrive à sa hauteur, il relève la tête et me fait un sourire à mouiller les petites culottes.
C'est vrai qu'il est beau, super sexy, d'ailleurs si j'en crois les regards que lui lancent les filles qui passent à côté de nous, je me dis que je ne suis pas la seule à le trouver canon.

— Salut jolie Léa, me dit-il en me serrant dans ses bras.

— Salut beau gosse, que me vaut ta visite ? Décidément, aujourd'hui vous vous êtes donné le mot pour venir à la fac. Même si Will n'est pas venu pour Max ou moi.

— Ah bon, Will est venu ? Qu'est ce qu'il foutait ? Il veut trouver d'autres plans culs ?

— Alors, je ne sais pas si c'est pour trouver son futur "plan cul", je mime les guillemets, et ça m'étonnerait, parce qu'il est venu chercher Alana pour déjeuner avec elle.

— Will ? Inviter une fille à déjeuner ? Sans arrière pensées ?

— Sans arrière-pensées, peut-être pas, mais l'inviter au restaurant oui. Et je n'en sais pas plus. Ils sont partis dès qu'Alana est arrivée. Je crois qu'on a zappé un truc. Et sinon, tu voulais me voir, où tu passais par là par hasard ?

— Je voulais te parler d'un truc, tu as le temps pour que l'on aille prendre un verre ? Aaron décolle à quelle heure ?

— Son vol est à dix sept heures. Où veux-tu aller ?

— Au Terra blue ? Comme ça, il est prêt de l'appart.

— Ca marche.

Quand nous pénétrons dans le bar où a travaillé Maxine pendant un an, Pierce le patron vient nous faire la bise, en prenant de nos nouvelles. Nous allons nous installer à notre table habituelle dans le fond du bar. Je commande un cocktail sans alcool et Raphaël une bière.

— De quoi tu voulais me parler ? Je questionne Raph, une fois que la serveuse nous a apporté nos boissons.
— Tu sais que j'ai revu Raylene depuis notre sortie au Bain ? Je m'apprête à protester mais Raphaël enchaîne. Rien de sérieux, que de l'allumage ! plaisante-t-il.

Je hoche la tête, pour lui intimer de continuer.

— Elle m'a donné rendez-vous ce soir, parce qu'elle ne travaille pas, et veux que l'on ait une discussion sérieuse sur un potentiel avenir ensemble.

J'ouvre la bouche, la referme, et l'ouvre encore, mais aucun son n'en sort tellement je suis sur le cul. Et puis mes neurones se connectent, et j'interroge Raph :

— Tu veux dire, que Captain salope, celle-là même, qui t'a trompé, qui t'a laissé tomber comme un moins que rien, il y a cinq ans, veut parler avenir avec toi ? C'est bien ça Raph ? J'ai bien résumé ?

— En gros oui ! rigole-t-il. Laisse-moi continuer Léa. Je vais accepter de la voir ce soir, je vais même jouer le mec super heureux, et naïf qu'elle a laissé cinq ans en arrière.

— Raph... Je ne crois pas...

— Attends, j'ai pas terminé. Et comme c'est une garce, qui pense que je suis encore amoureux d'elle, je t'assure Léane, elle l'a sous entendu ! Je vais la baiser, et tout de suite après, je dégage sans un mot et sans un regard pour elle.

— T'es sûr de toi Raph ? Comment peux- tu savoir que tu ne replongerai pas une fois que tu l'auras baiser ?

— Je le sais, parce qu'elle m'a embrassé la dernière fois que l'on sait vu, et que je n'ai ressenti que du dégoût. Je sais ce que tu te dis, que je suis le pire des connards, d'agir comme ça, mais j'en ai besoin. Tu comprends ? Il faut que je referme cette page, qui me bouffe, et puis aussi, je l'avoue pour ma putain de fierté de mec ! dit-il en faisant un clin d'œil.

— Si c'est ce dont tu as besoin pour pouvoir avancer, et faire une croix sur cette histoire, je ne suis personne pour t'en empêcher Raph ! Je pense que j'aurai fait pire ! Dire que l'on croyait tous que tu allais retomber entre ses cuisses de salope ! On était prêts à monter au front pour sauver le soldat Raphaël.

Notre éclat de rire fait retourner quelques têtes dans le bar, et quand nous sommes calmés, nous reprenons notre discussion sur des sujets plus légers.

Après être aller dire bonjour à Naël que je n'avais pas encore vu, je rejoins notre chambre pour y retrouver mon beau brun, en train de faire son sac.
Je l'enlace par derrière en passant mes bras autour de sa taille, et l'embrasse entre les omoplates, puis j'y pose ma tête.

— Bonsoir mon amour, me dit-il en se retournant. Tu vas bien ?
— Hum ! marmonné-je en le regardant. T'en es où ?
— J'ai presque fini, il me manque juste mes affaires de toilette. T'étais où ? Tu as fini à quatorze heures non ?
— Oui, mais Raph est venu m'attendre à la sortie, il voulait me parler d'un truc.

Pendant qu'il se dirige vers la salle de bain, je lui raconte ma journée, de William qui est venu chercher Alana, à la discussion que j'ai eu avec Raphaël. Il commente certains trucs, et nous tombons d'accord sur le fait que Raph prend des risques.

Ça y est. Le moment tant redouté est arrivé.

Nous sommes sur un banc de l'aéroport John.F.Kennedy, Aaron a fait enregistrer ses bagages, et nous attendons maintenant l'heure de nous séparer.
Il me tient serré contre lui, sa tête reposant sur la mienne, et me dépose de temps en temps des baisers dessus.
Nous nous apprêtons à rejoindre le comptoir, quand je vois débarquer une mante religieuse, dans une tenue, qui n'a rien à faire dans un aéroport. Sauf si elle veut attirer le client.

— Elle sait qu'elle va prendre l'avion ? ne puis-je m'empêcher de ricaner.

Aaron cache son rire en mettant sa tête contre ma clavicule.

— Bonjour Aaron, si tout est okay, on peut y aller, le comptoir est ouvert.
— Bonjour à toi aussi Jessy ! lui dis-je dans un sourire des plus hypocrite.
— Salut Jessy ! commence à y aller, je dis au revoir à ma petite amie et je te rejoins.
— Ah oui, salut Léane, on se retrouve dans l'avion, nos places sont à côté. Elle fixe son regard sur moi en disant cela.

J'ai compris pétasse, le message est clair !

Mon beau brun n'en tient pas compte, et me donne un baiser à faire rougir un acteur porno. Quand on se sépare complètement essoufflés, il me murmure :

— Je t'aime mon ange Léane. A dans deux jours, ok ? Je t'appelle dès que j'atterris.
—  T'as intérêt si tu ne veux pas me voir débarquer. Je t'aime plus, à dans deux jours mon braqueur de cœur.
— Peut-être que mon téléphone va rester éteint alors...
— File mon amour.

Je reste là jusqu'au dernier instant. Je quitte l'aéroport une fois qu'Aaron a passé la porte d'embarquement sur un dernier sourire, un ultime baiser envoyé.

En rentrant à la colocation, je rejoins mes amis dans la cuisine pour les aider à préparer le repas. Tous me demandent si Aaron est bien parti. Je leur fait part de la scène pathétique que nous a joué Jessy, puis nous prenons un malin plaisir à provoquer Will. Raph est déjà à son rendez-vous.

Quelques heures plus tard, seule dans notre chambre, je sors l'enveloppe du jour de mon sac. Je prends une minute pour regarder le cliché, puis je le range dans la boîte qui lui est destinée, avec les autres, ainsi que les mails que j'impriment au fur et à mesure.

Je me demande quand tout cela va s'arrêter ? Et comment ?

Quel va être le but final ?

Je tombe de plus en plus... Mais cette nuit mon beau brun n'est pas là pour me tenir dans ses bras, et éloigner les démons qui peuplent mes cauchemars. Non, cette nuit je vais devoir me battre seule.

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