la nuit promettait d'être longue.
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Merle était parti allumer le feu.
Après deux jours non-stop coincé dans la voiture avec moi, c'est compréhensible. J'admets que je ne suis pas le plus silencieux, particulièrement quand je m'ennuie ou lorsque je suis défoncé.
Et Merle, ça le fatigue, enfin, ça le soûle surtout, il a faillit me fracasser plus d'une fois à cause de ça, ce sale con de Capitaine Crochet.
Tout ça parce que je parlais trop, franchement, c'est vrai que j'ai un peu du mal à m'arrêter une fois lancé, mais quand même, je suis calme assez souvent et ça, il ne le notifie jamais.
Ça me fait du bien à moi aussi honnêtement. Il n'est pas facile à vivre celui-là, un véritable casse-couille de première. Il s'énerve pour un rien, ne parle jamais gentiment, aucune politesse et le savoir-vivre s'est propablement tiré une balle. Puis, Seigneur, c'est une véritable pelote de traumatismes et de problèmes de comportements intégrés.
C'est lui qui me l'a raconté, pas directement - Merle ne parle pas directement, il n'y arrive pas - mais sous forme d'anecdotes tournées à la rigolade en pleine beuverie chaotique, ou de phrases particulières cyniques lorsqu'on eut étouffé nos esprits à la fumée des mégots.
Et je savais lire les sous-textes de ces moments, j'ai compris que Merle n'était pas différent de moi, même avec son armure gigantesque de violence, il était un être doué d'intelligence, avec des sentiments, des problèmes, un cerveau et une vie.
Pourquoi devrais-je le considérer comme moins que moi ?
La nuit était en train de tomber, colorant le ciel d'une fabuleuse peinture baroque aux couleurs orange. Tout ce que je voyais l'était, le soleil couchant baignait parfaitement le paysage, et la peau de Merle à la quelques mètres de moi se fondait dans la lumière toute aussi chaude du feu grandissant.
J'eut soudainement envie d'aller lui parler, d'avoir du contact avec lui. Mais je savais comment il était, il allait piétiner impitoyablement le tableau que je m'étais peind, le trancher avec un couteau de boucher. J'hésitai quelques secondes, mes yeux dérivant tranquillement sur ses bras découpés par la lueur des flammes. Je portai machinalement la fin de mon joint jusqu'à mes lèvres, tirant ma longue et dernière bouffée. Je fis quelques ronds de fumée puis écrasa mon mégot avant de le balancer par terre.
Le THC monta d'un coup, assommant mon cerveau alors que je tentais de me lever. Je titubai quelques secondes, manquant de trébucher sur une pierre et finalement, après deux, trois moulinets de bras un peu pitoyables, je finis par me stabiliser, bien droit sur mes deux jambes.
Lorsque je relevai la tête vers Merle, ce-dernier était en train de me fixer, le visage déformé par un rictus moqueur. Je laissai échapper un ricanement, trouvant inexplicablement ma petite perte d'équilibre particulièrement drôle.
Le sourire le plus abruti collé aux lèvres et les yeux aussi rouges que de la soupe de tomate - la weed était particulièrement bonne en ces temps d'apocalypse -, je descendis le talus qui nous séparait, les mains vissées dans les poches de ma veste.
« Bah alors, on a trop fumé ? » ricana Merle en me voyant trébucher nonchalamment jusqu'à lui.
« Tu parles, j'l'ai chargé comme un vrai fils de pute ! J'ai l'impression d'être dans l'espace.
- Allô la Lune, ici la Terre.
- C'pas ça l'expression, mec, c'est l'inverse. »
Merle fronça les sourcils visiblement peu convaincu, sa tête contrariée fût la chose la plus drôle que je vis mais je retins in extremis un éclat de rire.
« Qu'est-ce que tu m'racontes comme anneries toi encore ?
- Ben c'est pas des anneries », je répondis tout naturellement comme si je maîtrisais parfaitement mon sujet - la réalité était tout autre -. « Moi j'crois que c'est l'inverse, que c'est allô la Terre, ici la Lune.
- T'es complètement con ma parole, c'est ma version la vraie. »
Je le fixais en souriant. Merle voulait toujours avoir raison, c'était une nécessité chez lui, et honnêtement, ça m'amusait plus qu'autre chose.
« On s'en fous, mec », dis-je finalement. « On s'en branle de c'qu'on dit, en vrai, on peut dire ce qu'on veut vu qu'il n'y a plus d'État, ni d'humains !
- Tu pars trop loin dans tes conneries, ferme plutôt ta gueule et va chercher à bouffer. »
je fronçai un peu paresseusement les sourcils, puis un air ennuyé se peignit sur mon visage.
« T'abuses Merle, tu vois pas qu'j'suis archi défoncé ? Vas-y, désolé mais là j'peux pas t'faire à bouffer, tu te démerde, t'es un grand garçon. »
Le visage de Merle s'était décomposé puis reconstruit avec de l'énervement cette fois.
« Tu t'fous d'ma gueule ? Tu vas vraiment rester planté là sans rien foutre ?
- Mais non, mais non, j'vais t'encourager, t'inquiète. »
Je vis Merle froncer fort les sourcils, l'air profondément énervé, il tourna les talons pour escalader le talus et ouvrir la portière passagère de la voiture.
« Tu fais quoi ? » demandai-je après l'avoir observé un peu en silence.
« Tu veux jouer aux cons, on va jouer aux cons.
- Hein ?
- J'vais m'rouler un pétard tellement énorme que j'pourrais plus pisser droit pendant au moins deux jours. »
J'écarquilla franchement les yeux cette fois et un immense sourire hilare vint tirer douloureusement les muscles de mes joues.
« Tu déconnes ?! » m'écriais-je avec une stupéfiaction ravie.
« Et pourquoi pas ? Tu l'fais bien toi !
- Depuis quand tu suis mon exemple ? J'croyais qu'j'étais débile.
- Tu l'es, mais coup de chance, moi aussi. »
Je me marrai de plus belle alors que Merle revenait avec son joint qui, comme promis, s'avéra être d'une taille et d'une épaisseur hallucinante, il avait fait un collage compliqué de plusieurs feuilles slims pour atteindre ce résultat.
« Putain, t'y es pas allé d'main morte, si j'puis m'permettre.
- Imagine pas une seule seconde que j'te laisserais y toucher. » répliqua Merle d'une voix acerbe.
« T'es pas sérieux ?!
- Très sérieux, même pas t'as l'droit d'le regarder.
- Non, t'abuses trop, t'as pris la moitié du stock de weed pour t'le rouler, j'ai l'droit de tirer, c'est ça aussi le communisme mon pote, les richesses communes.
- Eh ben tu peux t'les mettre là où j'pense, tes richesses communes. Ça, c'est mon joint et j'partage pas avec les égoïstes.
- Ah ! C'est l'hôpital qui s'fous d'la charité ! T'es carrément convaincu d'être le nombril du monde !
- Raison d'plus pour pas t'en filer, c'est toi l'communiste ici, pas moi.
- Mais on s'en branle, y a plus d'communisme là, c'est l'apocalypse, l'anarchie la plus totale.
- Alors pourquoi tu partages, toi ?
- Parce que Dieu a dit que les êtres-humains étaient égaux entre eux, faut être bon avec son prochain, c'est pas une blague, parce qu'il est comme toi, tu vois. »
Merle alluma son maxi-pétard.
« Et tu crois qu'ça marche comme ça le monde ?
- Non, j'suis pas si con, merci bien.
- Ben alors ?
- Ben alors quoi ? C'pas parce que l'monde, il fonctionne pas comme ça qu'moi j'ai pas l'droit d'fonctionner comme ça, tu vois. Les êtres humains sont indépendants les uns des autres, chacun fonctionne comme il veut et après on relationne qu'avec des gens qui fonctionnent d'une façon à ce que ça marche entre nous. »
Merle tira une longue taff, il avait l'air détendu dans les volutes de fumée bleue qui encadraient son visage aux traits abîmés.
« C'est comme ça qu'tu vois les choses ? »
Il me le dit les yeux perdus dans l'horizon, sa main gauche suspendue à côté de ses lèvres entrouvertes d'où s'échappait lentement un filet de brume voluptueuse.
J'haussai les épaules.
« Ouais, ça m'paraît logique, mais comme j'te l'ai dit, on n'est pas pareil donc si tu penses différemment, ben ok, normal quoi, j'vais rien dire pour ça, t'as l'droit. Donc on a chacun notre façon de penser et c'est cool. »
Il ricana soudainement, me faisant froncer les sourcils.
« J'ai dis une connerie ?
- Oh non, non ! se marra-t-il, t'es juste tellement défoncé qu'ça en devient spirituel ! »
J'éclata franchement de rire accompagnant Merle dans la plaisanterie.
« Tu rigoles ! J'suis carrément un chaman quand j'suis défoncé ! C'est hallucinant comment j'suis dans l'espace ! » me marrai-je.
Cette fois-ci, Merle ne put réprimer le fou rire qui s'emparait de lui. Sa main tremblait, secouant le pétard déjà consumé à moitié au-dessus du feu.
Nous rîmes tous deux gaiement, animés par la spirale du cannabis qui nous rendait si souples d'esprit qu'on aurait pu être la toile d'araignée sur laquelle les éléphants se balançaient.
Il nous fallut de longues secondes avant de parvenir à nous calmer, dès que l'un réussissait, il suffisait qu'il croise le regard de l'autre pour repartir dans le douloureux fou rire.
Mais finalement - à force de ne plus avoir de souffle, pour ma part -, je fini par réussir à me calmer, inspirant difficilement de longues bouffées d'oxygène, je les expirais un peu plus facilement malgré ma respiration sifflante.
Merle me regardait en souriant comme le dernier des abrutis, les rides de ses yeux et ses joues lui donnaient l'air d'une sorte de caricature étrange.
« Et après tu veux tirer sur mon pétard alors qu't'es même pas capable d'respirer, va vraiment falloir revoir tes caprices à la baisse.
- Nique ta mère vieux con, mes caprices ils t'emmerdent et file moi d'ce putain d'joint avant que j'te démarre tes morts. »
Le fou rire de Merle repartit et s'accentua face à mon air scandalisé, visiblement, il était très peu impressionné par mes menaces fleuries.
« Oh mais c'est qu'il a du répondant l'microbe ! » s'exclaffa-t-il alors qu'il se calmait et tirait longuement sur son joint avant de me souffler la fumée dessus comme pour se foutre de moi.
« T'es vraiment qu'un p'tit fils de pute Merle Dixon, tu vas regretter d'être né.
- Ha ! Et qu'est-ce que tu vas faire, minuscule petit vermiceau !?
- J'vais t'étrangler dans ton sommeil.
- Quand t'arriveras à tenir un flingue plus de 5 minutes sans te plaindre parce que t'as mal au bras, on en reparlera.
- Ok, c'est vrai. J'vais pisser dans tes chaussures et faire croire que c'est un animal sauvage, alors.
- T'es complètement débile d'me l'avoir dit, j'sais que c'est toi maintenant et j'aurais aucun remords à te défoncer la gueule si tu t'approches trop près d'mes pompes. »
Je ne lui répondis pas, les yeux fixés sur lui, l'air le plus vide possible. Merle me regarda dans les yeux, puis ricana.
« T'es complètement stone putain. » dit-il.
« Moins que toi, il était pas aussi énorme le miens.
- Tu déconne ? J't'ai vu l'rouler, j'ai cru qu't'étais devenu Harry Potter et sa baguette à la con. »
Un éclat de rire coupa ma torpeur détachée, Merle s'esclaffa lui aussi.
« Putain, tu t'arrêtes jamais d'être drôle, j'vais m'péter une côte à ce stade. » riais-je.
« Ah ça, c'est un talent spécial. Un peu comme ton truc de chacun est différent, ben pour moi, c'est un peu ça mais chacun a son petit truc à lui, qui le différencie des autres. »
Je le regardait avec attention maintenant, aspiré dans la spirale tourbillonnante des réflexions intellectuelles avec un mec autant défoncé que moi.
« Sauf que ton truc c'est pas d'être drôle, Merle. C'est d'être toi. » dis-je solennellement, tout sérieux retrouvé.
Merle fronça les sourcils.
« Qu'est-ce que tu m'chantes avec tes discours de développement personnel à la con, toi ?
- Putain mais c'est pas du développement personnel, trou du cul. Tu piges que dalle dans ta cervelle de piaf ou quoi ? C'est la vérité, y a personne qui t'ressemble, t'es pas juste drôle, t'es Merle Dixon le seul et l'unique super redneck trop badass qui baise comme un dieu ! »
Mon exaltation soudaine le fit rire encore plus, puis je le vis me tendre la main, le joint au bout de ses doigts. Je le regardai avec un sourire incrédule.
« J'l'ai terminé, » lança-t-il naturellement.
« C'est pour qu'tu l'jette.
- Ben pourquoi tu le balance pas dans l'herbe ? T'as peur de polluer ?
- Pas le moins du monde, j'peux le lancer dans l'herbe, c'est vrai. »
Je le vis esquisser un mouvement mais je l'interrompit brusquement.
« Non mais t'inquiète, j'vais te l'jeter ! » m'exclamais-je avec un grand sourire. « Ça me fait plaisir.
- T'es sûr ? J'veux pas t'forcer la main surtout.
- Pas d'soucis pour ça, moi j'en ai deux.
- J'crois que j'vais le jeter, tout compte fait.
- Non mais j'plaisante Merle, c'est bon.
- T'es vraiment un gros camé.
- C'est toi qui dit ça ? T'as vu la taille de ton joint putain ?
- Allez arrête de chialer et va fumer ma fin comme le gros toxico que t'es. »
Il me balança la fin de son pétard que je m'empressai de récupérer au vol, le briquet l'accompagna.
« J'm'en bats les couilles d'être un gros toxico, » marmonnais-je en le rallumant. « C'est l'apocalypse de toute façon, j'fais ce que j'veux.
- J'crois qu'j'avais compris qu't'en avais rien à foutre.
- Ah parce qu'tu vas m'faire croire qu't'en as quelque chose à foutre toi peut-être ?
- Honnêtement non, j't'avoue qu'moi non plus j'en ai pas grand chose à cirer. J'en avais déjà pas grand chose à cirer avant tout ça, mais alors maintenant que c'est la fin du monde, j't'en parle même pas. »
Je laissai échapper un ricanement peut-être un peu trop cynique.
« C'est le naufrage le plus pitoyable que je n'ai jamais vu. »
Il me lança un regard incrédule
« Quel naufrage ? » demanda-t-il.
« Comment ça quel naufrage ?
- Ben, tu parles de quel naufrage ?
- Putain mais t'es complètement défoncé Merle, tu piges rien à c'que j'te dis, ou quoi ?
- Va te faire foutre, c'est toi qui racontes des trucs incompréhensibles !
- Mais pas du tout ! Je t'ai juste dis que notre apocalypse c'était le naufrage le plus à chier de l'histoire des naufrages !
- Ça veut rien dire, bordel !
- Mais bien-sûr que si ! Putain mais branche tes neurones, un naufrage c'est quand des gens - des pirates par exemple - ont leur bateaux détruits et qu'ils se retrouve seuls au milieu de l'océan sans eau, sans nourriture et sans moyen de transport.
- Je sais ce que c'est un naufrage, merci.
- Ben pourquoi tu l'as pas dis alors, si tu l'sais ?
- J'suis d'humeur à t'écouter monologuer ce soir.
- Tu t'fous d'ma gueule, tu m'gueulais dessus y a trois secondes et maintenant tu dis un truc sympa, t'es sûr que ça va. Qu'est-ce que t'as mangé pour être aussi jovial ? »
Merle ricana.
«Pas le superbe festin que tu m'as préparé, en tous cas. »
Sa raillerie de tomba pas dans l'oreille d'un sourd, et le THC animait mon cerveau d'une agréable envie de faire des choses, je sautai donc sur l'occasion qui s'offrait à moi.
« Oh excellente idée ! » m' écriai-je, enjoué. « Il nous reste quoi à manger ? »
Merle me regarda agréablement surprit.
« Sérieux, tu vas faire à bouffer ?
- Bah ouais carrément ! J'ai envie de faire un truc et j'ai faim. Elle me rends actif cette weed.
- Génial ça ! J'vais t'inciter plus à fumer alors.
- Très marrant Merle, n'oublie pas de me rappeler de mettre de la mort aux rats dans ton assiette, surtout.
- Compte sur moi.
- Fantastique. » ironisai-je. « Tu veux manger quoi ?
- J'sais pas, y'a quoi ?
- Hm... Attends, laisse-moi regarder. »
Je remontai le talus un peu hasardeusement et ouvris le coffre de la voiture pour inspecter l'intérieur. J'attrapai le sac de nourriture pour regarder ce qu'il restait.
Après quelques secondes de fouille minutieuse, je ressorti la tête du coffre et me pivotai vers Merle, toujours assit en bas du talus, près du petit feu.
« J'ai trouvé un truc génial purée ! » m'écriai-je. « Tu vas halluciner ! »
Merle frappa sa cuisse de sa main.
« Ah super, épates-moi !
- Compte sur moi, Chef ! »
Je me mis aussitôt aux fourneaux, rendant sans aucun regret son joint à Merle qui se fit un plaisir de le finir alors qu'il vint s'asseoir sur le muret bordant la voiture.
Le silence s'installa le temps que je sorte mon maigre matériel de cuisine et qu'il finisse sont bédo, puis il dit :
« Et du coup, c'est quoi le rapport entre le naufrage et nous ? »
Je relevai la tête vers lui.
« Bah c'est simple. On est des naufragés nous, on est là, à essayer de survivre seuls dans un océan de mort sans eau et nourriture.
- On est sur la terre ferme et on a de l'eau et de la nourriture aux dernières nouvelles.
- C'est une image, face de rat. Utilise ton cerveau correctement.
- J'l'utilise correctement, c'est toi qui part en vrille.
- C'est ça, c'est ça, monsieur qui-veut-toujours-avoir-raison.
- J'ai raison !
- Et moi je suis hétéro ! »
Je répliquai malgré moi, emporté par la drogue et la cuisine, sans réfléchir à mes paroles tant elles m'étaient naturelles autrefois. Mes yeux s'écarquillèrent subitement tandis que je les braquaient sur Merle. C'était la première fois que je le disais, la première fois que j'abordais un temps soit peu mon orientation, un coming out en quelque sorte.
Mais Merle Dixon était le mec le plus fachiste que je n'avais jamais rencontré, collectionnant les blagues racistes, homophobes, misogynes et j'en passe, depuis nôtre rencontre. Je n'avais jamais osé rien dire, déviant habilement le sujet ou me forçant à rire à son humour peu apprécié. J'avais besoin de Merle, il était fort, courageux et incroyablement intelligent quand il s'agissait de survivre. Et il était devenu un peu plus que ça au fil du temps, je m'étais attaché à lui, j'avais su apercevoir les minuscules bribes de lui-même qui s'échappaient, parfois, de sa montagne de traumas. Et, je cru bien que c'était réciproque, enfin pas à proprement parler, mais Merle semblait s'être attaché à moi. Il avait eut des occasions de m'abandonner mais il ne l'avait jamais fait, et pourtant, je ne suis pas le plus adroit quand il s'agit de survivre.
Sans lui, je ne tiendrai pas une seconde, mais je venais de lacher une bombe atomique.
Il savait désormais que j'étais gay, et à en voir son expression, l'idée ne lui plaisait pas particulièrement.
J'ouvris la bouche dans l'espoir d'arranger un peu ma situation mais Merle leva vivement la main dans un ordre silencieux pour que je me taise. Il ferma les yeux un instant, comme si le simple fait de me voir était douloureux, puis il se leva, m'ignora complètement alors qu'il faisait demi-tour et dévalait le talus. Je le vit dépasser le feu qui crépitait faiblement et s'enfoncer dans le petits bois qui bordais le champ.
C'est seulement quand il disparu complètement de mon champ de vision, que je me rendis compte que j'avais retenu ma respiration tout le long. Je soupirai longuement, tentant, en vain, d'évacuer le stress qui m'assaillait.
La nuit promettait d'être longue.
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