Chapitre 9 - Désillusion

21/12/2038

14h26

Gavin s'était mis à bailler avant de doucement ouvrir les yeux. Il était bercé par les rayons du soleil qui traversaient la seule fenêtre de la pièce. Son regard à demi-réveillé se posa sur Felix qui dormait paisiblement. Le détective souleva lentement la couverture qui cachait le bas de son corps et se mordit la lèvre en observant les fesses bombées du châtain. Gavin préféra le laisser dormir encore un peu. Les deux hommes s'étaient couchés extrêmement tard après leur longue partie de jambes en l'air. Le brun s'était mis à sourire béatement en repensant à cette nuit torride.

Il se releva à l'aide de ses coudes et passa une main sur ses cheveux emmêlés pour tenter de les recoiffer, mais en vain. Ses mèches brunes lui tombaient sur les yeux et lui donnaient un côté sauvage. Gavin se mit à soupirer avant de poser ses yeux sur une ombre qui attira soudainement son attention, car sa présence était inhabituelle. Il reconnut rapidement l'androïde détective qui était adossé contre un mur, les bras croisés contre la poitrine, et les yeux bleus ne quittant à aucun moment le détective.

« OH BORDEL !! » s'écria Gavin en sursautant et en cachant immédiatement son corps nu sous les couvertures.

« Bonjour détective, s'exprima Richard en posant son regard dans celui du brun paniqué. Il est bientôt quatorze heures et demie, vous avez raté le petit-déjeuner et le repas de midi. Voulez-vous néanmoins que je vous prépare quelque chose ? »

« Qu'est-ce que tu fous dans ma chambre ? » demanda rapidement Gavin en haussant le ton.

Le châtain qui dormait à ses côtés se mit à grogner, montrant qu'il avait été dérangé dans son sommeil.

« Je souhaitais vous réveiller dans un premier temps mais quand je vous ai vu... Je me suis dit que vous aviez sûrement besoin d'un peu plus de temps pour vous reposer. »

Richard quitta ensuite la chambre, les bras croisés derrière le dos, et sous le regard légèrement perdu du détective. Celui-ci se mit alors à soupirer avant de se laisser tomber sur le dos. Felix, alors réveillé, se positionna sur le côté et passa une main sur le visage de Gavin, caressant sa barbe du bout du pouce. Le brun plongea ses yeux gris cendré dans ceux de Felix qui s'était mis à sourire. Le châtain vint déposer un baiser bref contre les lèvres de Gavin avant de se lever pour rapidement se rhabiller. Le détective l'imita, bien qu'il aurait préféré rester au lit toute la journée.

Ils finirent par quitter la chambre et se rendirent vers le salon qui était ouvert sur la cuisine. Felix alluma une cigarette qu'il partagea avec Gavin tout en souriant. Ils s'embrassèrent ensuite avant de se séparer par manque de souffle. Le châtain regarda ensuite sa montre puis soupira en serrant un peu plus sa cravate. Il épousseta sa chemise grise puis releva ses mèches brunes vers l'arrière.

« Il faut que j'y aille, dit-il d'un air préoccupé. J'ai un sérieux dossier à étudier. J'en ai pour deux semaines avant le procès. Mais on va se revoir, hein ? »

« T'es avocat, Felix. Tu dois bosser, pas traîner dans des clubs à draguer tout c'qui bouge. »

Le concerné éclata de rire avant de voler un baiser au détective.

« Tu m'avais manqué Gavin. Et ta mauvaise humeur aussi ! Cette nuit a été très mouvementée, et j'espère qu'on en aura d'autres. Bref, appelle-moi. »

Il lui fit un clin d'œil avant de quitter l'appartement du détective, en prenant soin de bien refermer la porte d'entrée qui avait tendance à claquer trop fort. Gavin avait recraché la dernière taffe de sa cigarette qu'il écrasa ensuite contre un cendrier.

« Quel con, soupira Gavin en s'installant sur un tabouret en face du bar de la cuisine. Même pas en rêve ! »

Richard, qui préparait un œuf au plat et quelques tranches de bacon, fut étonné par les mots du détective. Il se retourna pour lui lancer un regard interrogateur.

« Felix s'est sûrement tapé tous les mecs de la ville, s'esclaffa Gavin en caressant machinalement la cicatrice qui ornait son nez. Mais j'sais pas pourquoi il tient tant à c'qu'on se rapproche. Y'aura que du cul entre nous, et pas plus. II le sait pourtant ! »

« J'ai l'impression que vous fuyez le monde entier, détective. J'ignore pourquoi vous faites cela mais à agir de la sorte, vous allez finir par vous retrouver tout seul. »

« C'est le but, mon cher toaster intelligent, répondit Gavin avec un sourire sournois. J'ai pas d'emmerdes comme ça. »

« Vous ne vous débarrasserez pas aussi facilement de moi, affirma l'androïde en déposant le repas de Gavin devant celui-ci. Je tenais à vous prévenir. »

Le détective ne sut quoi répondre et préféra s'attaquer à son petit-déjeuner. Il mourrait de faim. Le plat de l'androïde était délicieux mais jamais le brun n'oserait complimenter son partenaire. Il se dépêcha de s'empiffrer avant de se diriger vers le frigo pour se servir une bière. Il constata avec dépit que ce dernier était complètement vide.

« Va falloir qu'on fasse un peu de shopping, annonça Gavin en soupirant. Heureusement, on est samedi et j'travaille pas ce jour-là. Tina ou Chris me remplace sans doute. »

Tina Chen et Chris Miller étaient sûrement les seuls policiers qui arrivaient à supporter le sale caractère du brun, et de ses sautes d'humeur incessantes. Ils aimaient bien se retrouver pendant les pauses-café pour discuter de tout et de rien, autour d'une boisson chaude ou d'une cigarette.

Richard s'était mis à sourire. C'était l'occasion pour lui d'en apprendre un peu plus sur le détective qui restait toujours mystérieux, et un brin énigmatique, sur son passé. Il n'en parlait jamais. L'androïde n'avait pas oublié cette photographie qu'il avait trouvée dans la penderie de Gavin, le représentant aux côtés du prénommé William Grayson, son tout premier coéquipier.

Le détective avait allumé la télévision et s'était affalé sur son canapé pour fumer une autre cigarette. L'androïde fit rapidement la vaisselle avant de s'installer à côté du brun, qui grogna légèrement pour montrer son agacement face à la présence du RK900.

« Le nouveau CEO de Cyberlife, Elias, qui est lui-même un androïde, va bientôt nous présenter son tout nouveau projet, annonça la journaliste blonde qui présentait habituellement les informations. Nous nous trouvons au sein même de l'entreprise qui a révolutionné le monde, et attendons avec impatience l'arrivée du premier androïde à être devenu chef d'entreprise, qui a accepté une conférence de presse pour répondre à nos questions. Le voilà qui arrive ! »

La caméra se concentra sur un homme élégant, aux cheveux blond cendré et au costume impeccable, qui venait de faire son apparition derrière une sorte de piédestal qui soutenait un micro.

« Bonjour, fit le prénommé Elias face aux nombreux journalistes qui le filmaient. Suite à la restructuration de Cyberlife, nous créons non seulement des androïdes pour perpétuer notre lignée, mais nous souhaitons également nous tourner vers l'avenir. Comme vous le savez, nous ne commercialisons plus d'androïdes. Cyberlife va désormais financer la construction de nombreuses infrastructures pour améliorer la qualité de vie des quartiers défavorisés de Detroit, ainsi que des banlieues alentours. Le but est d'éradiquer la pauvreté et créer des villes à l'image de Detroit, entièrement robotisées pour ainsi faciliter la vie de tout individu humain ! Nous avons déjà commencé à construire une école au sud de la ville. Avec Cyberlife, vous choisissez un avenir meilleur. Merci pour votre confiance. »

Gavin éteignit la télévision et soupira, écrasant sa cigarette contre un cendrier.

« Les machines règnent maintenant sur le monde, dit-il d'un air sombre. Les humains font vraiment n'importe quoi. Enfin, c'est surtout à cause de ce connard de Kamski. »

Elijah Kamski était le créateur de Cyberlife et des androïdes. Il avait quitté la société quelques années après pour s'installer en ermite dans une immense villa. Il était devenu l'un des hommes les plus riches du monde et faisait les couvertures de tous les magazines. C'était un homme mystérieux, sorti de nulle part, et dont personne n'avait entendu parler jusqu'à maintenant. Personne ne savait d'où il venait mais Kamski avait changé le monde depuis son arrivée à Detroit.

Gavin finit par se lever et attrapa son blouson marron à capuche. Il fourra un paquet de cigarettes et un briquet dans une de ses poches. Il prit ensuite ses clés et fit signe à Richard de venir le suivre.

Le brun verrouilla la porte de son appartement et croisa sa voisine de palier.

« Oh, Emily, lâcha-t-il en se grattant la tête. Comment tu vas ? »

« Bonjour Gavin, répondit la jeune étudiante d'un large sourire. Je vais très bien. Tu es avec un androïde ? Je n'ai encore jamais vu un modèle comme lui. »

« Bonjour, je m'appelle Richard, fit l'humanoïde en plaçant une main sur sa poitrine. Je suis un modèle RK900, et l'androïde le plus perfectionné que Cyberlife ait créé. »

« Wow ! lâcha la jeune blonde qui était fascinée. Les androïdes sont si surprenants ! »

« Ouaip c'est super mais faut qu'on y aille ! » s'exclama Gavin d'un air pressé.

Il entraîna Richard avec lui en le tirant par la manche de sa veste d'androïde et s'affala rapidement dans la place du conducteur une fois arrivé devant sa Jeep. Il démarra sa voiture sans attendre que son partenaire ait attaché sa ceinture, et quitta le parking. Take me out de Franz Ferdinand était alors diffusé à la radio. Gavin tapait le volant de ses mains, en rythme avec la mélodie tout en chantant avec joie. Richard l'observait avec curiosité puis s'était mis à sourire en constatant qu'il aimait voir le détective heureux.

Après avoir traversé plusieurs intersections, le brun gara finalement sa Jeep devant un énorme centre commercial. Ils étaient en plein cœur de la ville, et un grand nombre de personnes entraient ou sortaient des magasins.

A l'intérieur de l'immense bâtiment, le détective chercha du regard une quelconque supérette où il pourrait réapprovisionner son frigo. Il fit signe à son coéquipier de le suivre. Ce dernier était légèrement distrait. Il analysait tout ce qu'il voyait. Les deux bruns longeaient un long tunnel avant d'entrer dans un petit magasin.

Gavin attrapa un charriot et posa ses pieds contre le grillage. Il se servit du charriot comme trottinette, roulant entre les différents rayons du magasin. Richard avait froncé les sourcils en le voyant ainsi. Il s'approcha du détective qui remplissait le charriot de packs de bières.

« C'est une curieuse façon de se déplacer. » dit-il en posant son regard glacé sur le brun.

Celui-ci éclata de rire avant de déposer dans le charriot plusieurs sachets de café moulu, quelques bouteilles de lait et des œufs.

« Que comptiez-vous faire avec des œufs, du lait, de la bière et du café ? » demanda ensuite le jeune androïde.

« Bah... tout c'que tu viens de dire ? »

Richard s'était mis à soupirer avant de se diriger vers plusieurs rayons, prenant dans ses bras divers fruits et légumes qu'il déposa ensuite dans le charriot sous le regard étonné du détective qui n'avait rien dit.

Ils passèrent ensuite à la caisse et Gavin paya tous ses achats par un simple contact avec la paume de sa main, contre une surface interactive. Ses empreintes digitales furent reconnues par la machine qui annonça ensuite que le paiement avait bien été effectué.

Gavin et Richard déposèrent ensuite tous les articles dans le coffre de la Jeep. Comme le brun avait toute la journée de libre, il décida de s'offrir de nouveaux vêtements. Sa garde-robe se résumait à de vieux jeans et quelques sweats après tout.

Les différentes devantures de magasins étaient joliment recouvertes de décorations de Noël. Gavin avait complètement oublié cette fameuse fête qui tombait le vingt-cinq décembre, soit dans quatre jours. Il leva les yeux au ciel tout en lâchant un soupire. Ce genre de festivité l'exaspérait au plus haut point et il allait devoir vivre avec durant tout le mois de décembre.

« Pourquoi y'a-t-il un énorme sapin au centre du bâtiment ? demanda soudainement l'androïde qui était devenu son partenaire. Cet arbre n'a pas sa place dans un environnement urbain. Quel est donc le but de l'avoir placé là ? »

« T'es sérieux là ? fit Gavin en se tournant vers le RK900 d'un air blasé en constatant que l'humanoïde ne plaisantait pas du tout. T'as qu'à demander au Père Noël. »

« Ce curieux individu agit de façon irrationnelle. Je ne comprends pas l'utilité de décorer un sapin qui n'en a pas pour longtemps. »

Gavin explosa finalement de rire sous le regard interrogateur de Richard qui ne comprenait pas les réactions imprévisibles du détective. Les humains sont si curieux, se dit-il intérieurement en analysant le brun. Le détective Gavin Reed reste un spécimen bien particulier. Ils se rendirent ensuite à la première boutique de vêtements qu'ils croisèrent.

Gavin dépensa beaucoup d'argent, bien plus qu'un simple détective ne pouvait gagner en un mois, tout cela pour refaire sa garde-robe. Richard avait déjà remarqué que l'appartement du détective était trop coûteux et que son métier ne couvrirait jamais assez les frais d'un tel loyer. Il devait sûrement être aidé, sans doute par un membre de sa famille.

*

La nuit hivernale commençait à pointer son nez aux alentours de dix-huit heures. Gavin s'était assis sur un vieux banc près d'un parc pour reposer sa jambe qui le relançait parfois. Il devait encore garder l'attelle à son genou qui guérissait lentement.

Le brun fumait sa cigarette tandis que ses yeux las observaient les quelques enfants qui jouaient à se courir après. Richard était assis à sa gauche, toujours avec le dos redressé. Pour faciliter une meilleure entente avec son partenaire, l'humanoïde souhaitait lui poser quelques questions pour en apprendre plus sur lui mais il ne pouvait pas prévoir la réaction de ce dernier au tempérament de feu. Richard ne pouvait pas dire que Gavin était un homme facile à vivre. Il était compliqué et semblait en proie à des démons intérieurs. L'androïde ne pouvait ressentir de l'empathie mais il souhaitait tout de même faire quelque chose pour le détective si cela pouvait ensuite lui éviter les nombreuses insultes et menaces de ce dernier à son égard.

L'humanoïde posa finalement son regard sur le brun qui semblait observer un point invisible, droit devant lui, et perdu dans ses pensées. Sa cigarette se consumait lentement entre ses doigts rouges et gelés. Richard se concentra sur le visage du détective. Sa mâchoire carrée était légèrement contractée, montrant un signe d'énervement ou bien de fatigue, il ne saurait l'affirmer.

Le géant brun se concentra sur la cicatrice brune qui barrait le visage du détective, sur l'arrête du nez. Deux autres, blanchies par le temps, se concentraient sur sa lèvre supérieure, ainsi que sur son sourcil gauche. L'androïde ignorait leurs provenances mais avec des analyses plus approfondies, il pouvait le découvrir.

« Puis-je voir vos stigmates de plus près ? » demanda-t-il tout simplement au détective qui soupira.

« J't'en prie ! répondit Gavin en levant les yeux au ciel. C'pas comme si tu passais ton temps à m'épier, sale merdeux ! »

Il pouffa de rire tandis que Richard se rapprocha soudainement de son visage. L'androïde passa délicatement ses mains sur sa figure, et son pouce caressa la cicatrice qui lui barrait le nez. Gavin s'était mis à rougir, ne s'attendant aucunement à ce genre de rapprochement si soudain. Il ne sut comment réagir. Richard semblait si concentré, et ses doigts glacés passaient aux autres cicatrices du brun. Le détective le dévisageait en silence et tentait de réprimer les battements anarchiques de son cœur, surtout au moment où le pouce de Richard caressa ses lèvres. Les yeux bleus de l'androïde se posèrent ensuite sur les prunelles grises de Gavin qui détourna rapidement le regard en sursautant.

« Vous vous êtes battu, constata Richard en remettant une certaine distance entre eux. Vous vous êtes reçu une bouteille de verre sur le visage. »

« Ouaip. C'était une sacrée baston. » répondit le brun en ricanant.

« Me laisseriez-vous un jour analyser les cicatrices qui recouvrent le reste de votre corps ? »

Gavin sursauta une nouvelle fois face à la question de son partenaire. Il imagina pendant un instant l'humanoïde parcourir tout son corps de ses doigts fins et glacés et il ne put s'empêcher de rougir davantage, tandis qu'un frisson lui parcourut l'échine. Pourquoi avait-il ce genre de pensées déplacées ? Le brun se mordit fortement la lèvre tout en s'insultant.

Un cri d'horreur se fit soudainement entendre. Puis plusieurs s'ensuivirent, attirant alors l'attention des deux détectives qui s'étaient dévisagés avec incompréhension. Ils se rendirent tous les deux vers la source de ces cris de panique et aperçurent une foule de personnes qui s'était arrêtée devant une petite ruelle.

« Police de Detroit ! s'écria Gavin en sortant son badge. Dégagez le passage ! »

Il réussit facilement à se faufiler entre les passants spectateurs de l'horreur qu'il allait découvrir.

Le brun trouva avec effroi sur le sol une main humaine qui avait été tranchée. On pouvait voir un bout d'os ainsi que du sang qui s'écoulait de la chair découpée. Bordel de merde, s'était-il dit en jetant un œil aux alentours.

Richard arriva à sa suite et s'arrêta en apercevant la main qui gisait atrocement sur le sol, entre deux murs couverts de graffitis. Il posa un genou et trempa deux de ses doigts dans le sang qui avait coulé du membre sectionné. Il les porta ensuite à sa bouche. Sa langue avait été conçue pour analyser les composants qui y entraient en contact, et identifier des éléments avec la base de données de la police.

« Le sang provient d'une certaine Chloé Windsor, s'exprima l'androïde en se relevant. C'est arrivé il y'a trois heures. »

Gavin releva la tête et remarqua qu'une des fenêtres d'un bâtiment connecté à la ruelle était brisée. Il fronça les sourcils et fit signe à son coéquipier de le suivre tout en restant derrière lui.

Le détective ouvrit la porte d'entrée d'un puissant coup d'épaule et se dirigea immédiatement vers les escaliers. Il avait retenu l'étage où la fenêtre avait été brisée. Une fois sur place, il fut tout de suite pris de nausée dû à l'odeur épouvantable qui régnait dans la pièce où il se trouvait. Il masqua une partie de son visage avec le bras pour s'empêcher de vomir tellement l'odeur de pourriture lui retournait l'estomac.

Gavin avança prudemment, arme en main et le cœur battant. Il avait l'impression que le temps s'était arrêté. Il continuait d'avancer et aperçut rapidement une silhouette immobile, se tenant devant la fameuse fenêtre brisée, et cachée dans l'ombre malgré les néons de la ville qui éclairaient légèrement les lieux. L'odeur de pourriture se faisait de plus en plus forte.

Pendant sa progression, le brun put distinguer en détail la silhouette humaine qui était suspendue au plafond par des fils de fer. Il devina sans peine qu'il s'agissait du corps de la victime. Gavin trouva un interrupteur et l'activa pour allumer toutes les lumières de la pièce spacieuse où il se trouvait.

Et lorsque la lumière fut, le brun découvrit avec effroi l'image infernale qui s'offra à lui. Son cœur rata un saut et des sueurs froides lui parcoururent le dos. Il fut alors pris par une nausée soudaine et se mit à vomir contre un mur. Sa respiration se fit plus intense, comme s'il étouffait, et il détourna rapidement le regard du cadavre horrifique qui était suspendu dans les airs, les bras relevés telle une crucifixion.

Le corps de la victime avait été écorché vif. Toute la peau avait été retirée, et il ne restait plus que les muscles ensanglantés. Les os à l'air libre attiraient les mouches qui virevoltaient dans un vrillement assourdissant. Le visage de la jeune femme était méconnaissable ; il était couvert de sang et ses globes oculaires ressortaient affreusement. Cette vision d'horreur réveilla de profonds souvenirs douloureux chez le détective en pleine crise de panique.

« C'pas vrai ! répétait-il d'une voix faible tandis que ses jambes tremblantes le lâchèrent complètement. Ce n'est pas réel, bordel... »

Richard, qui venait d'apparaître rapidement, analysa tout de suite le corps suspendu et sanguinolant. Il appela ensuite son département de police pour signaler le corps qu'ils avaient trouvé. Son regard glacial se posa finalement sur le détective et l'androïde sonda le brun.

Analyse...

Crise d'angoisse//tachycardie//hyperventilation//Chute de la température corporelle...

Conclusion : état de choc.

Procédure à suivre : réchauffer le corps du détective Gavin Reed.

Richard retira rapidement sa veste et couvrit le détective qui tremblait, recroquevillé sur lui-même, le regard perdu et la peau devenant pâle. L'androïde ne l'avait jamais vu dans cet état. Il prit doucement Gavin par les épaules et le ramena contre lui pour le réchauffer un peu plus.

« Vous êtes en sécurité, détective Reed. » s'exclama calmement Richard en caressant le dos du brun dans le but de le rassurer.

L'humanoïde ignorait totalement comment consoler ou rassurer un être humain en plein choc émotionnel. Il ne ressentait pas non plus de pitié ou d'inquiétude pour le brun. A vrai dire, il ignorait s'il ressentait quoi que ce soit. Il était une machine dépourvue de sentiments, contrairement aux déviants qui étaient devenus capables d'éprouver des émotions. Pourtant, la diode fixée au côté droit de son front continuait de clignoter en rouge rubis depuis qu'il avait trouvé Gavin dans un état qu'on ne lui connaissait pas.

Des larmes coulaient le long des joues du brun qui s'était blotti un peu plus contre les bras de son partenaire. Le détective ne semblait pas se rendre compte qu'il répétait sans interruption le nom de William d'une voix brisée par les larmes. Richard devina qu'il s'agissait de William Grayson, le brun aux yeux bleus qu'il avait vu sur la photo trouvée dans la penderie de Gavin. En analysant tous les éléments, l'humanoïde se demanda si le premier coéquipier du brun n'avait pas connu le même sort que la victime qui se trouvait à quelques mètres derrière eux ; feu la dénommée Chloé Windsor.

« Gavin, il ne t'arrivera rien tant que je serais avec toi. » murmura Richard en resserrant ses bras contre le corps tremblotant du détective.

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Voilà pour ce chapitre assez long qui m'a pris des jours à écrire et à peaufiner ! J'espère qu'il vous plaira. J'étudie la criminologie pour faire en sorte d'écrire une bonne histoire d'enquêtes criminelles, un bon thriller psychologique qui renverse ! (mais j'me sens si nul quand j'me relis).

Bref, sinon j'ai changé le titre de ma fiction (devenu Boys don't cry) et la couverture qui est enfin réussie !

Et déjà 1.000 vues alors que cette fiction n'a même pas un mois, wow !! merciiiii !!

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Dreamcast pour:

- Elias, CEO de Cyberlife et androïde (Dane Deehan):

Playlist:

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