Chapitre 23 - Deux frères
27/12/2038
10h25
Lorsqu'il ouvrit les yeux, reprenant peu à peu ses esprits, il remarqua tout d'abord que son lit semblait bien vide sans la présence de William. Le brun se rappela leur ébat et soupira d'agacement, se demandant si tout cela ne partait pas d'une mauvaise idée qu'il allait très vite regretter. Ses sentiments avaient changé depuis ces dernières années, et s'étaient même dégradés. Le détective avait l'impression de ne plus rien ressentir, hormis ce vide insupportable qui lui rongeait le cœur. Il était certes heureux d'avoir retrouvé Will, mais il avait bien vu que ce dernier n'était plus tout à fait le William qu'il avait connu, et aimé jadis. Tout semblait si différent et douloureux en même temps.
Le brun se releva en grognant et partit rapidement se rhabiller, se souvenant peu à peu des paroles prononcées par l'androïde la veille. Gavin devait retrouver le limier, et quelqu'un de son entourage semblait le connaître.
Qui exactement ? Richard ? Non, il me l'aurait dit... Ce ne serait pas Kamski tout de même ?... Non, le limier a été créé par le Pirate et le taxidermiste. Mais... Kamski connaît parfaitement bien les androïdes puisqu'il en est l'inventeur ! Bordel, je sens qu'il ne m'a pas tout dit c't'enfoiré !
Gavin attrapa son blouson, un paquet de cigarettes presque vide et les clés de sa moto et se rua jusqu'au parking de son immeuble. Il eut une sensation étrange en enfourchant son véhicule. Il avait eu l'habitude d'avoir un passager indésirable avec lui. Où était donc passé Richard ? Était-il encore chez son demi-frère ? Il allait vite le découvrir...
*
Il entra rapidement dans l'immense demeure aux murs noirs et tellement étincelants qu'ils reflétaient sa propre image, tel un miroir. Le détective ne prit pas la peine de répondre aux mêmes androïdes qui le saluaient par simple politesse. Il chercha son demi-frère avec précipitation, rageant intérieurement quand il tombait sur des pièces complètement vides. Il finit par déboucher sur un immense salon où il trouva celui qu'il recherchait.
« Elijah. »
Ce dernier observait le paysage enneigé derrière une grande baie vitrée, un verre de scotch à la main. Il finit par se retourner, posant son regard intimidant sur son jeune frère essoufflé. Il arqua un sourcil, invitant le détective à s'exprimer.
« Dis-moi qui est le limier. » ajouta alors le brun.
« Tu viens voir ta seule famille seulement dans l'intérêt de ton travail, répondit Elijah en s'approchant de son frère. C'est vraiment dommage, je pensais que tu souhaiterais renouer nos liens. »
« C'est quoi ces conneries sans déconner ? s'esclaffa Gavin avec mépris et indignation. C'est toi qui es parti te cacher dans ta putain de tour ! Tu m'as abandonné pour tes putains d'androïdes qui m'ont gâché la vie, tu t'en souviens pas ? »
Elijah Kamski le dévisagea longuement sans dire un mot de plus, ce qui énerva le détective qui perdit vite patience.
« Depuis la mort d'Elena, tu n'es jamais venu me voir ou me parler ! Même pas une seule fois ! T'es resté terré je ne sais où, avec tout ton fric ! Bordel, je compte si peu pour toi ? Tout ce qu'on a vécu ensemble, c'était rien pour toi ?! »
« J'ai quitté Cyberlife quelques jours après qu'elle soit partie, répondit l'ancien CEO en plongeant ses yeux bleus dans ceux de son frère ; des yeux teintés d'un voile de tristesse qui surprirent Gavin. Cela n'excuse pas mon comportement, et je comprends tout à fait que tu m'en veuilles. Ces androïdes que j'ai créés me permettent d'oublier la douleur, d'une certaine manière. Ce sont des êtres purs et parfaits qui ne souhaitent pas faire le mal, contrairement à l'espèce humaine à laquelle nous appartenons tous les deux. J'ai longuement haï les représentants de mon espèce... »
« Tu t'entends parler au moins ? » le coupa Gavin en levant les yeux au ciel.
« J'ai haï notre père, continua Elijah en ne faisant pas attention aux propos de son frère. J'ai détesté les élèves de ma classe qui jalousaient mon intelligence et ma détermination à réussir. Je n'ai jamais trouvé ma place dans ce monde, je ne me reconnaissais en rien. Et puis, j'ai rencontré mon très cher ami Carl Manfred qui a été comme un père pour moi, et m'a permis de me surpasser. Quand j'ai appris pour la mort de ton ''amant'', j'ai souhaité t'aider mais j'ignorais comment. Les relations humaines n'ont jamais été mon point fort, tu le sais bien... »
« Mon frangin est un véritable sociopathe, j'ai fini par m'y faire... »
« J'ai longuement eu l'idée de créer un androïde unique rien que pour toi, pour t'aider, mais je connais aussi ton aversion pour mes machines. Tu ne m'as jamais rendu la tâche facile, le sais-tu ? »
« On dirait que j'adore emmerder le monde ! » pouffa Gavin en se servant un verre de scotch.
« Que penses-tu du RK900 ? Sincèrement ? »
La question surprit le détective qui ne sut comment répondre sur le moment. Il se mit à réfléchir, se demandant ce qu'il éprouvait pour son partenaire. Si au début, la présence de l'androïde l'avait plus qu'agacé, il s'était vite rendu compte que sa compagnie le rassurait d'une certaine façon. Et même si l'avouer était difficile, il devait bien admettre que les deux amis s'étaient rapprochés.
« J'en sais rien, préféra répondre Gavin, souhaitant éviter de donner une réponse concrète sur ce qu'il ressentait. Il me fait chier sérieux, mais en même temps, j'ai besoin de lui pour mon enquête. Il sait se montrer utile. D'ailleurs, tu sais où il est passé ? »
« Il est parti ce matin même, après la fin de ses réparations. Il souhaitait voir quelqu'un mais j'ignore qui, même si j'ai ma petite idée. »
Ces derniers mots éveillèrent la curiosité de Gavin mais il sut immédiatement qu'Elijah n'en dira pas plus là-dessus, préférant garder un certain mystère qui embêterait le brun. Le détective se resservit un autre verre de scotch, préférant se changer les idées et se détendre de cette atmosphère toujours étrange quand il était en présence de son frère.
« Que penses-tu de l'amour éternel ? » voulut soudainement savoir Elijah, surprenant encore une fois son demi-frère qui se demanda pourquoi il devait répondre à une telle question.
« L'amour éternel n'existe pas, dit-il finalement. On finit toujours pas être séparé, d'une quelconque manière. Rien n'est fait pour durer éternellement. Tout est si éphémère, si douloureux et insurmontable. Tu sais, il y'a une chose que la vie m'a apprise. C'est qu'on ne peut compter que sur soi-même. »
« L'amour est comme un cœur en arythmie, ajouta l'ancien CEO en se tournant vers la baie vitrée. Une douce mélodie qui se perd, et qui malheureusement, se termine. C'est la plus belle des chansons mais aussi la plus douloureuse. Et malgré cela, on continue de réécouter cette même chanson, encore et encore. »
« Qu'est-ce que tu cherches à me dire, Elijah ? » demanda Gavin qui se sentait un peu perdu.
« Je cherche à savoir si tu es capable d'accepter une vie sans vengeance, petit-frère. Es-tu prêt à un nouveau départ ? A vivre une nouvelle ère ? »
« Tu sais que j'te trouve de plus en plus bizarre ? Crache le morceau putain ! » s'impatienta le détective.
Le grand brun se dirigea vers une porte dissimulée dans l'ombre et l'ouvrit. Il fit ensuite un signe de la main à une troisième personne qui le rejoignit silencieusement, sous une longue cape à capuche. Gavin reconnut cet accoutrement et ce masque en forme de chien de chasse et dégaina rapidement son arme.
« Tu voulais savoir qui était le limier, non ? fit Elijah avec un sourire moqueur. Voilà la réponse à toutes tes profondes questions. Et peut-être même est-elle la clé de cette nouvelle ère qui se prépare ? »
« Elle ? » s'étonna le brun.
Le limier fit tomber la capuche qui recouvrait son visage, ainsi que son masque, dévoilant alors son apparence devant le détective. De longues mèches brunes retombèrent en cascade sur ses épaules et autour de son faciès où des yeux gris étincelaient dans l'ombre. Son regard intense se posa sur le détective qui eut soudainement l'impression de s'être pris une balle de revolver en plein cœur. Il tomba même à la renverse, le souffle coupé, et l'angoisse le saisissant de toute part.
« C'est pas possible... » répéta-t-il en haletant, essayant de contrôler les battements anarchiques de son cœur qui lui comprimait la poitrine, et les tremblements de son corps.
« Le pirate a transféré la conscience de notre sœur dans le corps d'un androïde capable de résister à un tel transfert de données, annonça Elijah sans se préoccuper davantage de l'état de son frère. Je l'ai retrouvée un jour devant ma porte, me demandant de lui apporter mon aide. Je lui ai créé un nouveau corps, identique à l'image de notre chère Elena, et je lui ai promis de lui apporter mon aide. Elle a pris le nom du limier et souhaite retrouver le taxidermiste, tout comme toi. »
Gavin dû mettre toutes ses forces de son côté pour se relever et faire face à l'androïde qui possédait les traits exacts de sa défunte sœur. Il y'avait eu William, et maintenant il devait regarder en face sa propre sœur, de retour à la vie. Il se sentit défaillir.
« Elle ne se rappelle que de ses derniers instants avec le taxidermiste, continua Elijah d'un regard sombre, avec une pointe de colère dans la voix. Cet homme doit payer pour ce qu'il lui a fait. »
« Et j'ai besoin de ton aide, ajouta Elena face à son frère jumeau qu'elle avait oublié. L'idée ne m'enchante pas vraiment de faire équipe avec un flic, mais tous les deux, on pourra attraper le pirate ! »
Gavin se prit la tête entre les mains, tentant de calmer ses soudaines migraines qui lui donnaient le vertige. Il finit par régurgiter tout l'alcool qu'il avait bu dans le sceau à glaçons qui contenait deux bouteilles de vin. Elijah vint lui faire une tape amicale contre l'épaule, tentant de rassurer son demi-frère, mais il n'avait jamais été doué pour cela. Le détective toussa avant de s'essuyer les lèvres avec la manche de son blouson. Ses bras tremblaient encore dû au choc.
Il préféra s'asseoir sur un fauteuil en cuir, sous le regard curieux du limier qui se demandait pourquoi son visage semblait la rassurer intérieurement, provoquant une douce chaleur dans sa pompe de régulation à thirium faisant office de cœur.
« Laissons-le digérer tout cela un instant, proposa Elijah à la machine. Ce n'est pas facile pour un grand émotif comme lui. »
**
Richard suivait Connor sans poser de questions. Ils marchaient depuis de longues minutes à travers un immense jardin qui ne semblait jamais se terminer. Les arbres étaient recouverts de neige, et quelques morceaux retombaient sur le sol. Leurs pas craquant contre ce manteau blanc étaient la seule acoustique des environs.
Les deux RK finirent par pénétrer dans un immense manoir et se présentèrent face à un androïde aux cheveux blonds plaqués sur le côté du crâne, et aux yeux bleu pâle qui les accueillit avec le sourire.
Le prénommé Simon les mena jusqu'à un grand salon où un androïde à la carrure impressionnante jouait du piano. L'aura qu'il dégageait déstabilisa Richard qui lança un bref regard à son frère qui l'encouragea d'un hochement de la tête.
Il y'avait également une androïde aux longs cheveux roux qui rangeait des livres dans une immense bibliothèque qui recouvrait un mur entier de la pièce. Richard l'identifia rapidement grâce à son analyse mentale. Il s'agissait de North, la femme du leader des androïdes, ce dernier étant un RK200, un modèle unique qu'on ne pouvait trouver nulle part ailleurs, puisqu'il s'agissait d'une création personnelle d'Elijah Kamski, en gage de présent pour son ami Carl Manfred.
Markus, le célèbre androïde qui avait permis la reconnaissance de ses confrères aux yeux du monde, se retourna finalement vers les deux RK et se mit à sourire en reconnaissant Connor, ancien chasseur de déviants qui avait finalement choisi de se rebeller avec lui, aidant ainsi les androïdes à mener leur révolution pacifiste.
« Mon ami, comment vas-tu depuis ? » s'exclama le grand brun aux yeux vairons.
« Je me porte très bien, et je découvre la vie d'une nouvelle manière. J'ai tellement à apprendre ! » répondit Connor en lui serrant la main.
« A qui le dis-tu ! rit le leader en grattant son crâne chauve, tandis que ses yeux bleu et vert se posèrent sur Richard. Et à qui ai-je l'honneur ? »
« RK900, ou Richard tout simplement, répondit l'intéressé avec simple formalité. Et j'ai besoin de ton aide. C'est à propos du Pirate. »
« J'ai entendu parler de lui, répliqua Markus en fronçant les sourcils. Il s'en prend à mes frères et sœurs, il doit être arrêté. Je souhaite t'apporter mon aide mais as-tu un plan ? J'ai ouï dire qu'il était introuvable et invisible. »
« Je pense qu'il travaille chez Cyberlife, ajouta Connor en croisant les bras contre la poitrine. Lors de ma dernière mission, je suis tombé sur des androïdes corrompus, et lui-seul est capable d'une telle chose. »
« S'il arrive à soumettre des machines, nous devrions nous montrer prudents. » fit Markus.
« Nous sommes tous vulnérables, continua cette fois-ci Richard. Ça rend la mission très difficile, cependant avec l'aide de deux humains comme le lieutenant Anderson et le détective Reed, nous avons une chance sur trois de réussir. »
« L'échec ne sera pas envisageable dans ce cas. » conclut Connor.
Richard devait trouver un plan, un moyen de piéger le pirate sans se faire avoir. Il allait devoir en discuter avec son coéquipier dont il n'avait plus eu de nouvelles depuis l'attentat dans la tour de Cyberlife. Il s'inquiéta pour ce dernier.
Le RK900 reçut soudainement un appel provenant de l'entreprise qui l'avait créé. Il ferma machinalement les yeux et tout un monde virtuel se matérialisa peu à peu autour de lui, dans son esprit robotique.
Il se retrouva dans un immense jardin au style oriental, recouvert de neige artificielle. Malgré quelques pixels encore voyants, le monde virtuel créé par Cyberlife était de toute beauté. Le géant brun sut immédiatement où se diriger. Il finit par tomber sur une vieille femme à la peau chocolat et portant un élégant kimono, occupée à tailler des roses qui avaient anormalement survécu à la saison. Richard savait que cette IA n'était pas réelle, et qu'elle était en quelque sorte la porte-parole de Cyberlife, plus pratique de contacter l'androïde ainsi.
« Bonjour Amanda. » finit-il par dire sans aucun sourire.
***
13h02
Richard entra dans l'appartement du détective, la porte d'entrée n'ayant pas été verrouillée, et fut surpris d'apercevoir sur le sol des tâches de sang. Méfiant, et inquiet sans vraiment le remarquer, l'androïde suivit les traces qui se dirigeaient jusqu'à la salle de bain.
« Gavin ? »
Un hurlement soudain paralysa l'androïde pendant une once de seconde. Il avait reconnu la voix de son partenaire, et y avait décelé de la souffrance. Le RK900 se précipita dans la salle de bain et tomba sur le brun recroquevillé dans un angle de la pièce, les genoux repliés contre la poitrine et les bras masquant son visage. L'androïde remarqua rapidement ses mains ensanglantées qui agrippaient fermement ses cheveux.
« Laissez-moi panser vos plaies ! » s'écria l'androïde en fouillant nerveusement l'armoire à pharmacie placée derrière la porte.
Il attrapa de quoi désinfecter les coupures ainsi que des bandages et s'agenouilla ensuite face au détective qui sanglotait. Avec délicatesse, la machine prit la main droite de Gavin et commença à soigner ses blessures. D'un regard analytique, il devina que son coéquipier avait frappé rageusement un miroir ou une vitre, et s'était ainsi coupé avec des morceaux de verre brisé. Il termina les bandages et s'occupa ensuite de l'autre main, sous le regard perdu de son ami impétueux.
« Que vous est-il arrivé ? » voulut alors savoir Richard.
« Ma vie est en train de partir en couille ! » ricana amèrement le brun en relevant la tête, observant alors un point invisible au plafond.
« Et la mienne aussi à cause de toi ! » plaisanta le RK900 pour tenter de détendre l'atmosphère.
Gavin pouffa de rire avant de poser ses yeux gris sur son coéquipier, toujours agenouillé face à lui.
« T'étais passé où ? » voulut savoir le détective en détournant rapidement le regard.
« J'essaie de faire avancer notre enquête, rien de vraiment intéressant jusque-là. Gavin, je me fais du souci pour toi. Vas-tu me dire ce qu'il se passe ? »
« Oh, tu t'inquiètes pour moi maintenant ? ricana une nouvelle fois le détective. J'en vaux pas la peine, vraiment ! »
Richard devina qu'il n'allait rien obtenir de plus de la part de son partenaire têtu. Il préféra donc changer de sujet, et devait lui révéler ce que Cyberlife lui avait annoncé quelques heures plus tôt.
« Je travaille avec le FBI désormais, dit-il immédiatement, préférant être direct et ne pas tourner autour du pot. Cyberlife l'a décidé pour moi. Ils veulent à tout prix que je capture le Pirate pour l'étudier sous toutes les coutures et ainsi comprendre son fonctionnement. Je ne suis donc plus ton partenaire. »
« Putain de merde ! » s'écria soudainement le détective en frappant le mur, hurlant ensuite de douleur à cause de sa main blessée.
« C'était un plaisir de travailler avec toi malgré nos différends. » ajouta l'androïde avec hésitation.
« Alors c'est tout ? s'indigna Gavin toujours en haussant la voix. Tu vas partir comme ça, juste parce qu'on te l'a ordonné ? T'en as pas marre que ta vie soit contrôlée ? D'être le toutou de Cyberlife ? »
« Je suis une machine, Gavin. J'ai été programmé pour obéir. »
« Non, bordel, t'es pas qu'une machine ! » s'écria Gavin, les yeux humides.
« Je n'arrive plus à te suivre, avoua l'androïde surpris tandis que sa diode clignotait en jaune. C'est bien toi qui me rappelais sans cesse ma nature en te moquant de moi et en me donnant des surnoms dégradants. »
Le détective baissa les yeux, se rendant compte de son comportement irrespectueux envers son coéquipier. Il se mordit la lèvre et s'insulta mentalement.
« Tu vas vraiment partir alors... » lâcha-t-il en laissant couler une larme le long de sa joue, fatigué de tout ce qu'il était en train de vivre ces derniers temps.
Le retour de William, la mort d'Emily, sa dispute avec son demi-frère, sa rencontre avec sa sœur jumelle devenue androïde terroriste et amnésique, ainsi que le départ soudain de Richard, le brisèrent de toute part. Son monde s'effondrait pour de bon, tous les remparts qu'il avait construits depuis des années tombaient en miettes. Il se sentait au fond du gouffre, et avait absolument besoin de quelqu'un, mais il ne trouvait pas cette aide tant désirée chez sa famille restante, ou chez William qu'il ne reconnaissait plus vraiment, et dont il n'éprouvait plus les mêmes sentiments d'antan. Il n'avait plus personne.
« Non, répondit soudainement Richard, le faisant sursauter et relever la tête. Je ne te laisserai pas tomber, Gavin. Tu es mon seul ami. Cyberlife peut bien aller se faire foutre ! »
Gavin observa d'un air choqué son partenaire, les yeux tremblants d'émotion. Il se mordit la lèvre avant de fondre en larmes contre son ami, le traitant d'idiot par la même occasion. Richard l'entoura de ses bras et caressa doucement son dos. Ses programmes lui ordonnaient d'arrêter immédiatement toutes ses décisions irrationnelles, indignes d'un androïde censé ne rien ressentir. Toutes ces alertes hurlaient telles des alarmes dans la tête du RK900 qui commençait à ne plus supporter ce vacarme.
Gavin remarqua son état et s'éloigna légèrement, posant ensuite ses mains sur les épaules de son ami. Il observa la diode rouge de ce dernier et lui lança ensuite un regard interrogateur et mêlé d'inquiétude. Richard procéda sans attendre à une analyse rapide de son état actuel.
Instabilité logiciel ^
Ordre actuel : s'éloigner immédiatement du détective Gavin Reed
Alerte immédiate
Surchauffe des processeurs 8456w, 1995r et 7511p
L'ordre à suivre s'affichait virtuellement devant lui, dans d'immenses cubes pixelisés de couleur rouge. Il ferma les yeux et tenta de se concentrer, visualisant une image de lui-même en train de détruire un mur de briques et de pixels où l'ordre était écrit par-dessus. L'alerte sonna de plus en plus fort contre ses processeurs audios, et il était le seul à les entendre. Cette alarme était censée le décourager mais Richard l'ignora du mieux qu'il le pouvait. Le mur virtuel finit par être totalement brisé, et l'androïde fut enfin libéré de l'emprise de Cyberlife sur lui.
Il rouvrit soudainement les yeux et sa mine fut déconfite, sous le regard inquiet de Gavin qui lui demandait des nouvelles.
« Bon sang, Richard ! T'avais l'air d'être possédé ! T'as pris les ciseaux médicaux et t'as pas arrêté de bousiller mon mur !! Tu m'as fait flipper putain ! »
« Quoi ? » lâcha l'androïde sans vraiment comprendre, tandis que ses yeux se posèrent sur le mur que désignait le détective.
Des inscriptions avaient été gravées dessus, dans une écriture impeccable. RA9. Deux lettres et un chiffre que tous les androïdes écrivaient compulsivement lorsqu'ils tombaient dans la déviance. La majorité croyait même qu'il s'agissait d'un dieu libérateur, et certains venaient à penser que Markus était RA9, venu les délivrer.
« T'es un déviant, c'est officiel ! » ricana Gavin en lui faisant une tape amicale à l'épaule.
Richard était encore sous le choc. Il n'arrivait pas à croire ce qu'il venait de réaliser. Il l'avait fait. Il avait plongé dans la déviance, tout cela pour Gavin. Il releva rapidement la tête et plongea ses yeux bleus dans ceux du brun.
« Je crois que j'viens de faire une belle connerie. » lâcha le RK900 en riant nerveusement.
« Bienvenu au club des gaffeurs ! » s'esclaffa Gavin en se reposant contre un mur, riant en chœur avec son partenaire qui l'avait alors imité.
****
Ok、ce chapitre est hyper long et contient plus de 3700 mots mdrrr
Et je suis fier.e de moi. Je me suis donné à fond pour écrire celui-là. Jespere qu'il vous aura plu !
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