Prologue
MARINETTE
"Continue... encore... encore... n'arrête pas, s'il te plaît." Soupirai-je les yeux clos, le dos cambré et la bouche entrouverte.
A quel point le plaisir pouvait-il dépasser les limites ?
Parfois, quand je venais à y songer, je n'y trouvais jamais de réponse alors je tentais simplement de me contenter de cette absence. Quand sa langue glissa sur le bouton d'or situé entre mes lèvres, j'attrapai les draps du lit. Cette sensation n'était pas la plus grande à laquelle j'eusse le droit de goûter parce qu'elle était douce, tendre et délicate. Mais j'avais aussi conscience d'une chose bien plus grave et dangereuse que je pris soin de ravaler et d'effacer.
J'étais venu oublier, avoir la paix qui me revenait de droit après des années d'acharnement.
Ainsi, je fis ce que je savais faire de mieux, me contenter. Et quel péché était-ce d'aimer simplement un plaisir aussi toxique et nocif que celui-ci. Bon sang, il y a longtemps je me rappelai avoir pensé : Qu'est-ce qu'il est bon ! Mais ce souvenir ainsi que ces mots ne s'adressait pas à l'homme entre mes jambes, ils étaient destinés à quelqu'un que je devais oublier, moi et mon cœur.
Lentement et du bout des doigts je passai mes doigts sur la surface des cheveux bruns de celui qui s'adonnait de toutes ses forces à me faire plaisir. Un jet soudain m'électrocutait le corps, je cambrai le dos et enfonçai mon bassin dans le matelas fait de drap en soie.
"Hmmm..."
Je le savais, j'aurais dû venir ici bien avant, beaucoup trop de peines m'auraient été évitées. Mais j'avais l'impression, des fois, que souffrir soulageait des maux les plus intenses.
Mais le travail ainsi que la distance avaient malheureusement tout retardé.
Oh ! et puis merde.
Je serrai les dents en me redressant et dégageai brusquement la tête du garçon qui était venu me faire plaisir, je remis sur mes épaules mon peignoir et lassai la ceinture autour de ma taille en avançant mes chaussons blancs aux pieds jusqu'au bar. J'attrapai la bouteille de champagne dans le sot de glaces et l'ouvris.
"J'ai fait un truc qui t'a déplu ?" Demanda le brun dépaysé, un tantinet inquiet, pendant que je me versai du champagne dans une flûte.
L'alcool se révélait être un bon ami dans les temps les plus durs à supporter, j'avais pu l'apprendre à mes dépens dans les derniers mois précédents. Et quelle réputation pouvait avoir une jeune fille qui ne jurait plus que par le bon champagne ?
"Non, j'en ai juste plus envie, rentre chez toi." Soupirai-je sans le regarder.
Un goût amer traina dans ma bouche. De mauvais souvenirs m'étaient injustement remontés à l'esprit et me prenaient désormais par la gorge. Après la première gorgée de ma flûte, le breuvage apaisa les premiers symptômes du vice de mon anxiété. La colère rugissait dans mon antre, je brûlais et me consumais comme la flamme d'une bougie. J'étais condamnée, du moins était-ce uniquement le sentiment qui m'habitait en cet instant.
Loin de Paris, le plus possible, j'avais pensé que l'orgueil et la mauvaise attitude de mon comportement finirait par disparaitre et resterait à jamais enterrer dans mon passé. En secret, je voulais que l'ancienne moi meure avec mon ancienne histoire d'amour, celle que je traînais malgré mon cœur, malgré ma foi, malgré mon âme et mes tord.
Hélas, encore une fois, je me trompais. Cela devenait une habitude vraiment grotesque et détestable qui me donnait l'envie de m'arracher les cheveux pour tailler un crâne chauve et dépourvue de poils. Là peut-être, que le ridicule m'aurait englouti et frapper si fort que j'eus eu tout oublié.
Le choc m'aurait aidé à devenir amnésique, et également tout ce que je voulais.
"Mais pourquoi... Qu'est-ce que j'ai..." Bafouilla-t-il et je soupirai en levant ma flûte, je jetai un coup d'œil attentif aux bulles qui remontaient vers la surface tout en pensant.
Idiot.
Je tournai la tête vers le garçon qui plus tôt m'obéissait au doigt et à l'œil et à qui j'avais oublié le nom sans pour autant être prise du moindre remords. La méchanceté, même si je ne considérais pas cela ainsi, apportait de nombreux avantages il fallait le reconnaitre.
Après tout, j'avais appris du meilleur.
"Dégage."
Son visage se décomposa lorsqu'il m'entendit, le message prit tout de même quelques secondes à se faire comprendre, peut-être était-ce ma faute ? Ou alors celle de sa mère qui avait été incapable de lui fournir un cerveau en bon état ? J'en doutais, il était évidemment inconcevable d'imaginer que ce garçon n'avait pas tout fait pour se rendre encore pus bête qu'il ne l'était déjà en s'abreuvant des alcools les plus forts et les plus dangereux ainsi que des drogues les plus nocives mais efficaces.
Dans le sens ou, avec ces cernes, il avait l'allure d'un toxico.
Il fronça les sourcils et s'approcha, il se saisit violemment de mon poignet et dit tomber ma flûte de champagne qui s'explosa contre le sol en petits morceaux. Le verre n'eut malheureusement pas la chance de l'attendre et alors ne se planta nulle part dans sa chair.
Mon regret fut fort. Mon chagrin plus encore.
"Je t'ai fait plaisir, maintenant c'est ton tour." Rétorqua-t-il la mâchoire serrée, étant plus que prévisible.
Les yeux encore rivés sur la flûte qu'il avait brisée, j'eus un pincement au cœur pour ce pauvre gâchis qui aurait pu être évité s'il avait eu la chance de recevoir un minimum d'éducation. Alors, je tournai lentement mon regard vers lui, mes yeux le scrutèrent singulièrement. Mais un profond calme régnait, cela dut le froisser car je finis par en arborer un léger sourire, plus amusé qu'autre chose.
"Penses-tu ?"
"Non, j'en suis sûr."
Il sourit. Sa réjouissance créa un malaise dans l'entièreté de mon corps, mon esprit eut aussi le malheur d'être gêné qu'il passe à la méthode offensive et il lâcha lentement mon poignet quand je commençai à descendre. A genoux devant lui, mon visage levé vers le sien, je le regardai avec un regard suppliant et il étira un sourire satisfait.
Beurk.
Néanmoins, il allait sans dire que j'avais repris le pouvoir, je détenais enfin en ma possession tout pour le briser et reprendre le contrôle. La main à la recherche du pied de la flûte qu'il avait plutôt cassés sans égard, je l'attrapai enfin et d'un coup brandis mon bras et visai droit sur ses bijoux de famille.
"AAAAHHHHH !" Il se mit à hurler de toutes ses forces en protégeant ce qui lui était de plus cher avec ses mains, comme si le verre n'aurait pas pu transpercer sa chair devenue acier.
Ma conscience me rappela que sans sa paire de couilles, du moins s'il la perdait, il n'aurait plus rien pour justifier qu'il était un garçon d'une fille. Les traits de son visage pouvaient après quelques modifications laisser porter à confusion. Quelque part, bien que je sois énervée qu'il a brisé mon verre, j'apportais à son égard un léger sentiment de pitié qui a mes yeux lui redonnait un peu de charme.
Comment avais-je fait, sérieusement, pour me trimbaler une telle fiote ?
Fallait dire ce que c'était et appelé les choses par leur nom. Ce mec était bel abruti.
Ce qui essayait vainement de protéger ou de cacher, je ne savais plus trop, avait été sous ma main dans mes souvenirs bien petits presque invisibles et surtout flasques.
Oh ! mon Dieu, ça me dégoute.
Heureusement, je savais que me moquer du physique était vraiment bas et petit, mais le penser restait privé. Qui aurait pu me juger ?
"Mais tu es complètement cinglée ?!"
Je me relevai, le pied en verre toujours dans la main.
"J'aurais pu le planter, sais-tu pourquoi je ne l'ai pas fait ?"
Ma question lui fit perdre tout équilibre mental. Son psychisme vrilla.
"Q-Quoi?!" Il bafouilla, totalement halluciné, il cligna plusieurs fois des yeux.
Je levai le regard de l'objet que j'étais en train d'observer et lui souris. Son visage se décomposa, encore, et se rallia à la peur. Plus nous avancions et plus il trouvait le moyen de me décevoir, c'était éreintant.
Toutefois, il avait peur, ses mains cachaient toujours ses parties intimes.
"Aujourd'hui, j'avais dit que je serais charitable et j'ai tenu ma promesse. Maintenant, pars avant que je ne change d'avis. Je pense que la deuxième fois sera vraiment la bonne."
Et je brandis le pied en verre pour le mettre en lumière. Il ne lui en fallut pas plus pour prendre ses jambes à son cou et sortir en courant. Quand je regardai la porte, je remarquai qu'il ne l'avait même pas fermé, je grognai donc en marchant sur les bouts de verre.
Vraiment que des incapables, putain.
Je soupirai avec un regard noir et fermai la porte. Ma chambre avait sur la porte trois chiffres en or accrochés.
Ils formaient le nombre 222.
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