Chapitre 60 - Jay
Je suis à la bourre. Un énième regard à l'horloge du salon est inutile. Le concierge m'a déjà appris l'arrivée de Jimin dans l'immeuble, je sais que je n'aurais pas le temps de finir de préparer la pièce comme j'en avais l'intention. Et je rage à cette idée. Après tout ce que nous avons vécu ces derniers jours, je désirais rendre le moment parfait, offrir le rendez-vous idéal à Jimin.
Mais je me suis planté...
Jimin doit être dans l'ascenseur. J'ai ouvert la porte d'entrée pour lui signifier dans quel appartement je vivais et maintenant, je tente vainement de terminer de tout installer sans penser à la viande que je n'ai pas cuite. Je mets le bouquet de pâquerettes dans le broc que j'ai découvert dans un placard. Place les serviettes en lin noir. Casse une bougie. Râle. Et sursaute quand de petits coups sont donnés contre ma porte d'entrée.
Mes yeux s'écarquillent comme si c'était une réelle surprise. Je grimace en avisant les couverts qui sont de travers, l'absence des assiettes, les cousins en désordre sur le canapé, la tache sur la nappe et la bouteille de champagne encore sur le plan de travail. Rien ne va...
— Jay ? interpelle la petite voix de Jimin.
Je m'empare de la télécommande de la chaîne hifi et remonte le son que j'avais baissé quand le concierge m'a contacté. Heureusement que j'ai déjà connecté mon portable sauf que c'est un rap grossier qui retentit aussitôt. Je grogne et enclenche une playlist de Monsta X.
— Il y a quelqu'un ?
J'entre dans la cuisine et avise le cuiseur où le riz reste au chaud ainsi que le kimchi dans un bol. Je récupère la bouteille d'alcool sur le passage.
— Oui, oui, j'arrive. Déshabille-toi !
J'ouvre le frigo et retrouve la pâte déjà prête et la viande marinée. Je place la bouteille allongée sur le premier rayonnage. Après avoir refermé le frigidaire, je me fige en réalisant ce que j'ai dit. Ma main me frappe le front en me reprenant.
— Non, enfin... Juste ton manteau...
Je me mordille la lèvre et soupire de désespoir. Mon regard se baisse sur ma tenue. Je n'ai pas eu le temps de m'habiller correctement. Je porte toujours mon vieux jean troué et mon t-shirt sale.
— Quel boulet, murmuré-je.
Je secoue la tête et me précipite dans le couloir qui mène à l'entrée. Jimin est bien là, devant la porte qu'il a refermée derrière lui. Il me fait un petit geste de la main pour me saluer.
— Coucou, souffle-t-il, un petit sourire aux lèvres.
Il porte un jean noir qui lui va à merveille mais qui me donne envie de lui retirer sur le champ. Il a un t-shirt blanc tout simple sous un beau gilet rouge. Ce dernier parait un peu trop grand pour Jimin mais c'est sûrement ça qui donne le plus de charme à sa tenue.
— J'ai mis ta veste avec mon manteau, me dit-il en faisant signe vers les patères.
Je hoche la tête, incapable de parler devant sa perfection alors que je suis habillé comme un pouilleux.
— J'ai préféré garder le reste...
Un sourire en coin apparaît, me prouvant qu'il se moque ouvertement de moi.
— Pour le moment, ajoute-t-il avant de se mordre la lèvre inférieure.
— Tu veux ma mort ?
— Non...
Les mains liées devant lui, il avance dans l'entrée tel un innocent enfant. Cependant, même si nous nous sommes peu vus, je le connais par cœur, ce mec. Il n'est pas aussi sage qu'il veut me le faire croire avec sa tête légèrement penchée sur le côté ou son regard tendre. Quand il arrive à ma hauteur, il me chuchote :
— J'ai besoin de toi en grande forme...
Un ricanement m'échappe à sa déclaration d'où transpire le sous-entendu coquin. Je secoue la tête et n'y tenant plus, je me penche vers lui. Mes paumes encadrent son visage de poupée avant que ma bouche retrouve la sienne. Tout mon être s'enflamme à ce toucher et en demande plus, bien plus. Cependant, Jimin impose un rythme lent.
Notre baiser se révèle délicat et sensuel. Encore plus que celui d'hier. Ses doigts s'accrochent à mon haut et me rapprochent de lui. Un léger soupir lui échappe, me procurant de petits frissons dans la nuque. Je caresse doucement sa peau. J'aime cette paresse qui nous caractérise à cet instant. C'est pourtant si loin de tout ce que j'ai pu lui dire, cette nuit, durant nos plaisirs sexuels.
Alors que nos bouches continuent de se découvrir, des images me reviennent. Ses lèvres qu'il maltraitait pour éviter d'être entendu par ses amis. Ses quelques gémissements qu'il n'a pas réussi à retenir. Son torse nu qui se soulevait frénétiquement à cause de sa respiration chaotique. Son regard empli de luxure. Sa transpiration sur le front et les tempes. Ses joues rougies...
Ces souvenirs me poussent à approfondir notre échange. Ma langue se glisse et rencontre celle de Jimin. Il ne présente aucune résistance et laisse même un nouveau soupir résonner entre nous. Je rêve de le plaquer contre l'un de ces murs de l'entrée. De le déshabiller, le mettre à nu. Explorer son corps et y laisser ma marque. Lui réapprendre ce qu'est le plaisir entre mes doigts. Le supplier de m'envoûter avec ses sons obscènes. M'abandonner à lui comme je ne l'ai jamais fait de ma vie.
Pourtant, ma raison muselle toutes ces envies.
Jimin passe ses bras autour de mon cou et se redresse sûrement sur la pointe de pieds pour que nous fassions la même taille.
— Enlace-moi, m'ordonne-t-il entre deux baisers.
Une de mes mains se cale sur sa hanche qu'elle serre avec envie alors que l'autre se plaque dans le creux de ses reins. Plus un seul atome ne peut passer entre nous, son corps est collé au mien. C'est un pur délice de sentir la moindre de ses formes.
Je crois que ma raison s'est finalement fait la malle quand, dans des gestes simples et souples, je le soulève, l'obligeant à entourer mon bassin de ses jambes incroyables. Mes doigts s'enfoncent dans ses cuisses et je couine doucement à la fermeté de cette partie de son anatomie. Bien que je m'attendais à ce qu'il m'arrête, il n'en fait rien et lèche lentement ma mâchoire.
Mes pieds nous mènent dans la cuisine où je l'installe sur l'îlot central. Nous nous embrassons à nouveau sur les voix douces de Someone's someone. Jimin enfouit ses mains dans mes cheveux et je me félicite de ne pas avoir eu le temps de m'être peigné. La chanson change. Puis une seconde. Jimin et moi sommes toujours là à nous délecter l'un de l'autre.
Nous pourrions aller plus loin, comme nous en crevons d'envie, mais nous n'en faisons rien.
Nous pourrions nous arrêter et profiter d'être ensemble pour discuter et apprendre comment est l'autre en vrai, mais nous n'en faisons rien.
Tout cela n'a sûrement aucune logique et encore moins d'explications de s'être sauté dessus pour seulement s'embrasser. Bien que nos langues jouent l'une avec l'autre, notre échange n'a pas changé. Il a toujours le goût de sensualité. D'éternité.
Au fond de moi, je ressens cette certitude que Jimin est l'homme de ma vie, la personne qui m'est destinée. J'ignore d'où vient cette impression. Elle n'est pas fugace, elle reste au creux de mon cœur et s'y accroche avec toutes ses forces.
Rien n'est facile dans notre société, dans notre pays. Mon métier n'aidera pas. L'envie d'ailleurs de Jimin non plus. Mais nous pouvons faire un bout de chemin ensemble. Et je ferai tout qu'il soit le plus long possible. L'éternité, c'est bien pour commencer...
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