La soirée est passée vite. Beaucoup trop vite. J'ai l'impression de n'avoir pas pu profiter de Jay comme il se devait. Malheureusement, ça doit être la réalité parce que Hosoek m'a accaparé la majeure partie de la soirée pour papoter danse. Mais ça m'a quand même fait plaisir de rencontrer quelqu'un d'aussi passionné que moi et j'ai hâte de danser avec lui comme il me l'a gentiment proposé.

Jay, de son côté, n'était pas mieux. Tae et lui ont pris un moment seul à seul dans la salle à manger pour discuter de je ne sais quoi. Mais ils ont terminé leur échange par une poignée de mains ce qui, selon moi, est plutôt bon signe. Puis, il a semblé bien s'entendre avec Ji-Soo qui nous a rejoint juste avant l'arrivée des plats.

Même quand il est venu me sauver des griffes de son pote comme je lui avais demandé par messages, nous n'avons pu nous dire que quelques mots avant que Namjoon lui demande de les rejoindre lui et Yoongi pour l'aider à se souvenir d'un match. Ces deux-là se sont trouvés pas mal de points communs entre le baseball, les enfants et même la musique.

En fait, tous nos amis se sont ligués pour que nous ne puissions pas passer plus de cinq minutes ensemble et en y réfléchissant bien, j'aurais dû m'en douter. Nos amis n'allaient pas discuter entre eux et nous laisser tous les deux dans un coin, ça aurait été ridicule de faire comme ça. Pour ça, il aurait fallu se faire un vrai date comme il se doit.

Mais ce n'est pas grave. Demain, j'aurais Jay pour moi seul à notre rendez-vous et rien ni personne ne pourra se mettre entre nous. Il y a intérêt, sinon je fais un carnage. Je ne lui ai pas pardonné ses petits mensonges pour faire figuration à chaque fois que nous nous voyons.

Ils sont à présent tous les trois à la porte d'entrée après avoir salué mes amis. Namjoon appuie sur le bouton pour appeler l'ascenseur puis jette un coup d'œil à son téléphone. Hoseok continue de parler comme si sa vie en dépendait, c'est drôle à voir, il est encore plus bavard que moi. Mais mon attention revient toujours sur Jay.

Il me semble mal à l'aise. Ses mains s'enfoncent dans les poches de sa veste et en sortent presqu'aussitôt pour se frotter sur son jean au niveau de ses hanches. Il joue nerveusement avec l'anneau à sa lèvre inférieure. Il n'ose pas me regarder et soudain, le doute s'immisce en moi.

M'a-t-il apprécié finalement ?

Personnellement, le peu que j'ai pu voir de lui m'a plu. Son physique, sa voix, son amitié, son sourire, ses excuses. Tout était agréable. Au fond de moi, une petite partie de mon cœur aurait aimé qu'il reste un peu plus. Qu'il m'embrasse. Ou au moins qu'il me prenne dans ses bras. Juste un geste d'affection. Je suis un peu resté sur ma faim sur le balcon tout à l'heure.

Cependant, je ne peux pas nier qu'ils ont une bonne raison de partir. Ce n'est pas comme s'il me fuyait. Ils ont décidé de partir parce que Namjoon a reçu un appel de sa femme le prévenant qu'elle avait de la fièvre et qu'elle avait besoin de lui pour s'occuper de leur fille. Étant question de santé, je ne peux pas leur en vouloir.

De plus, les voir se lever tous les trois tel un seul homme, inquiets, c'était, d'une certaine manière, beau à voir. Cela prouve que Jay et Hoseok tiennent beaucoup à la famille de leur ami. Je repense alors à la folle qui les a attaqués, lui et une amie, la femme de Namjoon. Ça ne m'étonne donc même pas. Leur amitié est un peu comme celle que j'ai avec ces idiots qui attendent dans le salon.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent devant Namjoon qui se tourne vers moi. Il pose une main sur l'épaule de Hoseok et ce dernier cesse aussitôt de parler. Le silence soudain me fait papillonner des paupières. Le sportif le comble alors :

— Merci pour cette soirée... pleine de rebondissements !

Il m'adresse un sourire amusé.

— Oui, merci ! C'était vraiment cool de te rencontrer, ajoute Hoseok. Depuis le temps qu'on entendait parler de toi !

Jay donne une tape dans le ventre de son ami qui se contente de lui tirer la langue. Je leur fais un geste de la main alors qu'ils entrent tous les deux dans la cabine. Le plus grand me dit alors :

— Et encore désolé de partir ainsi.

Je secoue la tête pour lui signifier que je ne lui en tiens pas rigueur.

— J'espère qu'elle se rétablira vite !

Il hoche la tête en me levant un pouce. Jay et moi nous retrouvons face à face et il n'a toujours pas retrouvé son assurance. Il faut dire pour sa défense que même si ses amis tentent de se faire discrets et nous ont tourné le dos pour nous faire un peu d'intimité, c'est peine perdue à cause du miroir qui recouvre la paroi entière. Tant pis pour ce soir et même si je suis un peu déçu, j'ose tout espérer pour demain.

— Tu m'écris quand tu es rentré ? lui demandé-je, peu satisfait de le voir partir.

J'aurais pu lui proposer de rester ou d'aller boire un verre tous les deux quelque part. Je pourrais encore le faire. Je me mordille la lèvre, établissant mentalement une liste de pour et de contre. La tête baissée, il me souffle un Ouais qui me fait mal au cœur. Lentement, je tends le bras. Mon index attrape le sien comme sur le balcon et je lui murmure, inquiet :

— Tu ne vas pas disparaitre, hein ?

Il se redresse brusquement, surpris par ma question. Sa main s'empare complètement de la mienne alors qu'il s'exclame :

— Plus jamais. Je t'écrirai en rentrant. Je vais t'empêcher de dormir toute la nuit...

Sa déclaration laisse planer un silence qui est brisé par les ricanements de ses potes. Moi-même, un grand sourire étire mes lèvres. Il lève les aux yeux au ciel. Les oreilles de Jay rougissent alors que sa main libre va en toucher une. Comme il me l'avait expliqué. Il est adorable quand il est gêné. Je m'approche de lui et lui chuchote à l'oreille pour qu'il soit le seul à entendre :

— Je n'attends que ça...

Je lui adresse un clin d'œil en me reculant. Pendant un instant, j'ai l'espoir qu'il m'embrasse. Au moins sur la joue mais il n'en fait rien et s'éloigne de moi. Nos mains se lâchent juste avant qu'il rejoigne les gars. Les portes se referment sur lui et je suis tellement frustré et déçu que je pourrais en pleurer.

Un soupir que j'échappe est si lourd que tout l'immeuble a dû le ressortir. Je me recoiffe en retournant à l'intérieur de l'appartement. Tae se met debout sur le canapé en me voyant revenir. Il se sert de son meuble comme d'un trampoline en me questionnant :

— Y'a eu bisou ?

Je secoue la tête pour simple réponse. La joie de mon meilleur ami s'évanouit aussitôt. Il se laisse tomber à côté de Ji-Soo.

— Pourquoi ? s'intéresse la belle brune en tapotant l'épaule de Tae qui semble encore plus triste que moi.

— Parce que ses potes étaient à un mètre de nous. On va pas échanger notre premier baiser avec des spectateurs !

— Alors pourquoi tu sembles si abattu ? intervient Yoongi quand je m'installe à sa gauche.

— Je crève d'envie qu'il m'embrasse !

— Et plus si affinités, ajoute Tae, un sourire en coin.

— Oui mais je me contenterais du bisou pour commencer.

Je passe les bras derrière ma tête et ferme les paupières. Je repense alors à la conversation que nous avions eue sur notre rencontre. Celle où il me disait que nos amis soient là ou pas, il m'embrasserait à la fin de la soirée...

— Il en avait peut-être pas envie, soufflé-je.

Une main me calque la cuisse me faisant écarquiller les yeux. Si je m'attendais à voir Tae comme coupable, je suis abasourdi de trouver Yoongi la main en l'air.

— Mais... Aïe !

— Crétin. Mais qui m'a filé des amis pareils ?

Il se laisse aller dans l'assise moelleuse avant de m'expliquer :

— Si tu n'as pas remarqué que ce mec est fou de toi, tu ne le mérites pas ! Alors maintenant si tu le veux ce baiser, tu bouges tes fesses et tu vas le réclamer !

Ji-Soo et Tae sont autant sur le cul que moi par le monologue de Yoongi.

— Mais, hyung, tente Tae.

Mais ledit hyung lui montre son index pour qu'il se taise.

— Maintenant, Jimin ! me crie Yoongi en m'indiquant l'entrée du même doigt.

Avec mes deux autres amis, nous échangeons un regard éberlué puis je réalise que le pianiste a raison. Pourquoi attendre que Jay fasse le premier pas ? Il m'a envoyé tous les signaux pour me signifier que je lui plaisais. Je me redresse et me précipite dehors.