Chapitre 55 - Jimin

J'hésite. Mes doigts frôlent les siens, cherchant une raison, une excuse pour s'emparer d'eux sans honte, sans rougir. Mais je ne trouve rien. Pourtant j'en meurs d'envie et avec ce qu'il vient de me dire, j'ai la certitude que je l'intéresse. Cependant, j'ai peur. D'aller trop vite. De me faire avoir. De me tromper. Peur de souffrir à nouveau.

Je donnerais tout pour me lover contre lui, sentir ses bras autour de moi, ses lèvres sur mon crâne dans un baiser réconfortant ou encore mieux, sur ma bouche pour un échange passionné. Tout ce qu'il voudra bien me donner tant qu'il me touche, me prouve qu'il existe et qu'il reste auprès de moi. Mais nous ne sommes pas dans un drama.

Ou alors peut-être que si... Nous en sommes à ce passage que nous adorons détester. Celui où les protagonistes se tournent autour sans jamais faire le premier pas alors qu'ils sont raides dingues l'un de l'autre. Sommes-nous ces personnages insupportables ? Sommes-nous ce couple qui s'ignore ? Au fond de moi, je l'espère.

Je laisse un sourire s'épanouir sur mes lèvres en détaillant chacun des détails qui forment son visage parfait. Je me mordille la lèvre quand mon regard se pose sur son piercing. Mon corps se rapproche encore plus de lui bien que je pensais cela impossible vu notre précédente proximité.

— J'aime beaucoup ton anneau, lui soufflé-je sur le ton de la confidence.

Il m'adresse un sourire radieux avant que je ne sente son index attraper le mien. C'est simple, presque insignifiant, peu intrusif et pourtant, avec ce geste, il semble me dire des tonnes de choses, m'avouer des sentiments que ni lui ni moi ne sommes prêts à accepter.

— Merci, me chuchote-t-il.

Son regard ardent me fait comprendre qu'il ne me remercie pas seulement pour mon compliment. Mon cœur se réchauffe à cette constatation. Brusquement, notre bulle éclate avec un coup de vent. Nous portons notre attention vers l'horizon. Quelques flocons de neige semblent voltiger entre les immeubles.

— J'espérais qu'il neige, avoué-je sans raison.

— C'est la première de l'année...

Nous nous détournons de la vue et nous fixons intensément. Dans un coin de mon esprit, et j'ose croire qu'il en va de même pour Jay vu sa réplique, la superstition clignote violemment...

Les amoureux qui sont ensemble pendant la première neige restent ensemble toute leur vie.

Je tente de calmer mon cœur en me répétant que nous ne sommes pas un couple mais il n'en fait qu'à sa tête. Le fait que nos visages se rapprochent dangereusement ne l'aide pas à ne pas s'exciter comme un dératé.

— Tu as fait un vœu ? chuchote-t-il alors que nos lèvres ne sont plus qu'à quelques millimètres.

Son souffle chaud projette une buée qui me chatouille les joues. Je secoue la tête. Pourquoi faire un vœu maintenant qu'il est avec moi, me tenant la main et s'apprêtant à m'embrasser ?

— Et toi ?

Il se contente de hausser les épaules, un sourire en coin. Derrière son physique à tomber, il est incroyablement adorable. Je m'apprête à me mettre sur la pointe des pieds pour faire cesser cette attente quand je réalise une chose. Une simple toute petite chose. Le silence.

Je jette un coup d'œil à l'intérieur de l'appartement, visible par les baies vitrées et ne suis presque pas surpris de trouver nos amis assis dans le salon, leur attention portée sur nous. J'abandonne alors mon envie d'embrasser Jay – après tout nous ne sommes pas un spectacle gratuit. Je laisse ma tête basculer en avant, mon front prenant appui sur le torse musclé du beau brun.

— Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiète-t-il, posant sa main libre sur l'arrière de mon crâne.

— J'en crève d'en envie, commencé-je. Mais j'aimerais que ça soit plus intime.

Je sens son corps bouger tandis qu'il doit regarder l'appartement. Il jure avant que ses étreintes sur moi se resserrent.

— Peut-être une prochaine fois, chuchote-t-il.

Il dépose un baiser réconfortant sur mon crâne et cela me fait sourire. Mon bras libre l'enlace, souhaitant le garder contre moi un peu plus longtemps.

— Je l'espère...

— Rentrons avant que je ne puisse plus me retenir et que je nous donne en spectacle devant ces idiots qui nous servent d'amis.

Amusé, je redresse la tête et lui rappelle :

— C'est grâce à tous ces idiots que tu es sur ce balcon.

— Oui et je leur en serai éternellement reconnaissant mais là...

Il se rapproche, mettant nos visages au même niveau. Je me mordille la lèvre, friand de cette proximité.

— Ils sont juste ceux qui m'empêchent de t'embrasser.

Je ricane tout en me détachant de lui. Il a raison, si nous voulons résister, nous devons partir de cet endroit. De la paume des mains sur ses pectoraux, je le pousse, notant au passage avec plus de détails la fermeté de son torse.

— Rentrons ! lui ordonné-je.

Après un lourd soupir, il lève les yeux au ciel, une moue déformant joliment ses traits. Il se recule et me dévore du regard pendant un instant qui me paraît une éternité. Une douce chaleur naît en moi. Je secoue la tête et me dirige vers la porte-fenêtre sans oublier de lui donner une tape sur le ventre en passant à côté de lui.

Sa plainte sonne tellement fausse que j'en ricane alors que je pose un pied à l'intérieur. Le silence qui règne alors dans l'appartement est assourdissant. Je me fige. Toutes les paires d'yeux nous observent avec insistance, prouvant à quel point ils sont tous impatients de savoir où nous en sommes. N'ayant pas une réponse claire à leur apporter, je préfère me taire.

Le glissement de la baie vitrée résonne dans le salon lorsque Jay la referme derrière lui. Le silence me met à l'aise mais comme toujours, je peux compter sur Tae pour le briser, même si ce n'est pas toujours de la meilleure façon :

— Après vous avoir supportés pendant des heures, on a peut-être le droit de connaître l'avancée des travaux, non ?

Je baisse la tête, encore plus mortifié. Mais Jay attrape mon index avec le sien, comme sur le balcon. Sa voix retentit :

— Jimin a eu la gentillesse de me pardonner. Pour ce qui est du reste... on va le garder pour nous, pour le moment.

— Cool ! Vous restez pour bouffer, déclare Tae en tapant dans ses mains.

Il s'éloigne vers la cuisine et je me cache derrière ma main libre, amusé par son comportement. Je me redresse et remarque que Jay m'observe. Je lui adresse un sourire sincère avant de lui affirmer :

— Je vais le rejoindre si je veux pas qu'on finisse tous aux urgences cette nuit.

Le beau brun hoche la tête et son doigt glisse jusqu'à libérer le mien. Comme je l'ai dit, je retrouve mon meilleur ami dans la cuisine. Il farfouille dans les placards à la recherche de quelque chose. Quand j'arrive à sa hauteur, il me fait face, le regard horrifié.

— Qu'est-ce qui t'arrive ?

— On a rien. Rien. J'invite ton mec et ses amis à manger ici et j'ai rien à leur servir. Quel hôte je fais ? Eomma me frapperait si elle me voyait.

J'éclate de rire face à sa panique.

— Rigole pas, toi !

Mon hilarité s'accentue. Il me donne l'impression qu'il pourrait s'arracher les cheveux à cet instant, lui qui adore sa belle chevelure.

— Je suis désolé, intervient une voix.

Nous nous figeons et tel un seul homme, nous nous tournons vers le nouvel arrivant. Le brun a un sourire aux lèvres et nous fait un signe de la main comme pour nous saluer.

— Je vous ai entendus...

— On t'a tous entendu, crétin, le corrige Yoongi depuis le salon.

L'ami de Jay hoche la tête comme simple confirmation. Tae jure tandis que je cache mon sourire derrière mon poing.

— On pourrait juste... commander des trucs. Je connais un resto qui livre dans le quartier, propose-t-il.

— Bonne idée...

Son prénom m'échappe. Lequel est-ce ?

— Hoseok, se présente-t-il me tendant une main.

— Oh, Hoseok !

Mon sourire s'agrandit alors que nous échangeons une poignée.

— Ouais, le pote non-insomniaque, mignon et... parfait, il me semble, dit-il.

Ses mots me prouvent que Jay lui a rapporté la conversation que nous avions eue lorsqu'il était malade.

— Et celui qui t'a trouvé canon aussi !

J'ignore si je dois en rire ou en rougir. Peut-être les deux mais la réaction de Jay m'empêche d'en avoir une dans l'immédiat :

— N'exagère pas, Hobi !

Le dit Hobi lève les yeux au ciel, toujours aussi souriant.

— Allez venez, Jay a dit qu'il payait pour tout le monde pour se faire pardonner !

Il nous fait signe de le suivre.

— C'est le moins qu'il puisse faire, ajoute Yoongi, sur un ton neutre.

Nous arrivons dans le salon et l'autre ami de Jay, qui doit donc être Namjoon, est déjà sur son téléphone en train d'énumérer les plats proposés par le restaurant dont Hoseok nous a parlé. Je m'installe à côté de Yoongi, laissant le fauteuil pour Tae.

Jay, quant à lui, est assis entre ses propres amis. Il ne semble pas écouter la conversation. Il se contente de me fixer comme si j'étais la seule personne présente dans la pièce et c'est la même chose de mon côté.

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