Chapitre 10 - Jay

Mon portable à la main, je rejoins le hall. Il m'a annoncé son arrivée, il y a cinq minutes et a déjà le code de la porte de l'immeuble. Alors il ne devrait plus tarder ici. À peine ai-je pensé ça que la sonnette retentit. Je souris et me dépêche de lui ouvrir. Namjoon se tient dans le couloir, le dos droit et un couffin à la main. Nous nous saluons et je le laisse pénétrer dans mon appartement. Il retire ses chaussures sans même se baisser et enfile les pantoufles réservées aux invités.

— Que me vaut ta visite ? lui demandé-je.

— J'ai comme la sensation que nous te gênons !

Je ricane.

— Je n'ai jamais dit ça !

Gentiment, ma main libre serre son épaule et le pousse jusqu'au salon :

— Je suis toujours ravi de voir ma petite Ha-Ni !

Il pose le couffin sur la table basse et je me penche aussitôt par-dessus pour voir sa fillette endormie dedans. Elle est trop belle. Avec ses fins cheveux noirs, son petit nœud violet et son pouce dans la bouche, on dirait un ange.

— Elle est toute belle, m'exclamé-je, un peu gaga.

Je me relève et capte le sourire fier de mon ami.

— Elle a vraiment tout pris de Hwasa !

Mon ton est moqueur et Nam ne le loupe pas. Il lève les yeux au ciel en soupirant. Sans attendre que je l'invite à le faire, il s'installe sur le canapé et me dit :

— Sache qu'à partir du moment où ma petite...

Il insiste bien sur ses deux derniers mots pour bien me signifier que c'est sa fille.

— Ha-Ni pourra comprendre ce qui sort de ta bouche, tu seras rayé de notre vie.

Je rigole à sa déclaration qui est tout sauf véridique. Jamais il ne ferait ça. Il en aura peut-être l'envie parfois, mais il est impensable que nous passions plus de huit jours sans se voir.

— En attendant, tu veux boire quoi ?

— Comme d'habitude !

Je vais chercher sa boisson dans la cuisine. Quand je reviens au salon, il est déjà à son aise, les bras sur le dossier derrière lui et la jambe droite posée sur la gauche. Il couve du regard sa fille qui n'a pas bougé.

— Tu n'as toujours pas répondu à ma question, lui rappelé-je en lui tendant son soda.

Il l'accepte et le décapsule en fronçant les sourcils, ne sachant pas à quoi je fais référence.

— Qu'est-ce que tu fais ici ?

Je m'installe sur le fauteuil face à lui et tout en grimaçant, je repositionne ma poche de froid sur mon épaule. Il boit une gorgée puis m'explique :

— Hwasa est allée au cabinet, ils avaient besoin d'elle alors je me suis dit qu'on pouvait en profiter pour venir prendre de tes nouvelles. Alors comment va ton épaule ?

Je soupire.

— Pas mieux ! La douleur est supportable et pas très forte mais elle est toujours là !

Je passe ma main libre dans les cheveux.

— Le médecin a dit quoi ?

— Qu'a priori, ce n'était pas grave. J'ai dû passer des radios hier mais il n'y a rien de cassé ou de déplacé.

— C'est déjà ça !

— Enfin ça, pas besoin de radio pour que je le sache, répliqué-je.

Nam hoche la tête, confirmant mes dires puis je poursuis :

— Donc le doc pense à une douleur due à l'effort mais il n'exclut pas la possibilité que ça soit une tendinite.

Cette fois, mon ami grimace à cette nouvelle. Je soupire à nouveau. Une tendinite pourrait compromettre mon début de saison. Voire ma saison complète... Et par extension, celle de l'équipe entière.

— Donc si ça va pas mieux ce weekend, je dois retourner le voir lundi matin pour faire une échographie.

— Tu en penses quoi toi ?

Je bascule la tête en arrière. Depuis dimanche soir, je me prends la tête avec ça, essayant d'écouter mon corps mais ce que je ressens ne me dit rien qu'il vaille.

— J'en pense que je veux la soigner au plus vite.

— Tu m'étonnes !

Il me fixe un instant avant de me lâcher, de manière peu diplomate :

— T'as une sale tête !

— Merci, marmonné-je. Toi aussi !

— Mais moi j'ai un bébé qui ne fait pas encore ses nuits. C'est quoi ton excuse à toi ?

Je baisse les yeux sur Ha-Ni qui ne semble pas gênée par notre conversation. J'aimerais en faire autant mais ces derniers temps, le sommeil m'a faussé compagnie. Je m'inquiète bien trop pour la suite. Si j'arrive à dormir quatre heures, je suis déjà content.

— Je ne dors pas très bien...

— A cause de ta blessure ou du procès ?

Je grimace à l'évocation du procès. Depuis que je connais la date, j'essaie de mettre tout ça le plus loin possible de mon esprit.

— Les deux sûrement...

— Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer, affirme-t-il. Ta douleur partira vite et le procès est encore loin. En plus, on le gagnera. Les collègues de Hwasa bossent à fond dessus, tu le sais, n'est-ce pas ?

— Oui mais...

— Mais quoi ? me presse-t-il voyant que je n'en dirai pas plus.

Je me mordille la lèvre, ne sachant pas si je dois me confier ou pas à Nam. C'est mon ami et je l'apprécie mais je ne suis pas quelqu'un qui se confie facilement. Cependant, je crois que j'ai besoin d'être... rassuré.

— J'ai pas envie de la recroiser et...

Cette fois, il me laisse le temps de trouver mes mots et le courage pour lui expliquer. Je remonte un peu la poche et chuchote presque :

— Ça a recommencé...

Namjoon se redresse sur le canapé, reposant son pied par terre.

— C'est quoi cette histoire ?

Son ton est inquiet et je vois déjà son cerveau monter des scénarii.

— Elle t'a recontacté ? Si c'est le cas, il faut aller voir la police. Je peux appeler Hwasa pour...

— Non, non ! le coupé-je. Ce n'est pas elle.

Je déglutis.

— Enfin je crois pas.

— Je comprends plus rien, Jay.

Sans attendre, je lui raconte tout. Les premiers messages de Jimin, son erreur. Sa manière d'être. Son refus de me rencontrer. Son humour. Je lui parle même de son orientation sexuelle même si cela ne le regarde pas mais je pense que l'argument de Jimin se tenait.

— Tu es sûr de toi ? m'interroge-t-il, perplexe. C'est quand même... assez invraisemblable.

— Je sais...

Je fronce le nez et dans un instinct incompréhensible, je tends mon mobile à mon ami :

— Lis et juge par toi-même.

Il secoue la tête, refusant mon offre. Pourtant, je crois qu'au fond de moi, je souhaite qu'il lise, qu'il me donne son avis et me rassure. Je déverrouille mon téléphone et le lui présente à nouveau.

— Comme ça, je serai sûr que je ne fais pas de connerie...

Il soupire, il n'aime pas cette idée mais je ne lui laisse pas le choix. Il l'attrape et se lance dans la lecture de nos conversations. Heureusement, il n'y en a pas tant que ça. En moins de deux minutes, il me rend mon portable en déclarant :

— Ça me parait toujours invraisemblable mais il semble... honnête.

Un poids s'envole de mes épaules à l'écoute de ces mots.

— Et cool ! ajoute-t-il, amusé.

— Tu dis ça parce qu'il me tient tête !

— Ouais ! J'adore !

Il ricane. Je le déteste. Je balance mon mobile sur la table basse en râlant. Quand l'hilarité de mon ami s'évanouit, il vérifie que Ha-Ni dort toujours mais celle-ci doit avoir abandonné les bras de Morphée car il se lève et la prend dans ses bras. Il fait des risettes pour la faire sourire.

Je laisse derrière moi ma poche de glace et le rejoins. Du bout des doigts, je caresse doucement le crâne de la petite. Cette dernière porte son regard sur moi. Elle a de grands yeux, un petit nez et une bouche pleine de bave. Je fonds devant tant de mignonnerie.

— Jay ! m'appelle Namjoon, sérieux.

Je me contente d'un hum pour lui signifier que je l'écoute même si je m'intéresse à Ha-Ni.

— Par contre, reste sur tes gardes avec ce Jimin. Je veux pas que tu revives ce que Jihyo t'a fait !

Je hoche la tête, reconnaissant de ses mises en garde et tout en tapotant amicalement son épaule, lui promets :

— Je ferai attention !

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