★ bouquet de rancoeur.











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Une lettre, c'était une simple lettre, quelques mots écrits en vrac sur une feuille d'imprimante soigneusement pliée. Posée délicatement sur l'oreiller du lit qu'il avait pris la peine de refaire tandis qu'elle dormait encore profondément. Des mots écrit à l'encre noire d'un stylo qui ne marchait presque plus. L'écriture tremblotante de ses mots ajoutait une once dramatique. Cette pauvre lettre déposée au crépuscule, ne laissant même pas le temps au soleil de se lever. Il était déjà parti. Sans dire un mot, sans dire quoi que ce soit.

Aussi brutalement que lorsqu'il est entré dans sa vie.

C'était la première chose qu'elle vit en se réveillant. Cette lettre, ainsi que la place vide à côté de lui, propre, nette, comme si personne n'avait dormi là, comme si il n'était que le fantôme de ses désirs les plus profonds. Comme si, il n'avait en fait jamais existé. Elle n'avait même pas eu le temps de sortir totalement de son sommeil que ses yeux lisaient cette lettre. Ils la dévoraient, voulant la lire et la finir le plus vite possible. Cette lettre qui finissait par une simple phrase.

« Attends moi, je reviendrais. »

Aucun indice sur ce qu'il comptait faire, aucune information sur sa prochaine destination. Mais surtout quand il allait refaire surface. Quand allait-il revenir ?

Il s'était volatilisé. Tout simplement.

Pour comprendre la nouvelle, elle dû lire la lettre plusieurs fois. D'ailleurs, elle ne compte même plus le nombre de fois durant presque une année entière où elle a lu cette lettre. Au début, c'était tous les jours. Les larmes déferlant ses joues roses et ses mains tremblantes. Elle a dû faire face au silence écrasant que pouvait provoquer la solitude, en devenant presque malade, mais ne pouvait en sortir. Elle ne le voulait pas. Cette lettre qui était devenue en l'espace de quelques courtes secondes l'objet le plus précieux de sa vie, car cette lettre est la dernière chose qu'il lui a laissé, la dernière chose qu'elle a de lui.

C'était un profond déni dans lequel elle venait d'entrée mais refusait de sortir. Durant les 4 premiers mois de son absence, elle eut du mal à trouver le sommeil. Entre son entrée récente dans la vie active et sa solitude profonde, elle n'arrivait pas à trouver la ligne du sommeil. Elle qui avait arrêté la cigarette exprès pour lui, puis avait finalement repris de plus belle. Fumant dans le noir, la pièce faiblement éclairée par la lumière nocturne.

C'était à peine si elle pouvait penser à autre chose. C'était devenu une obsession, savoir le pourquoi, puis le comment et enfin le où. Où pouvait-il être à cette heure-ci, que pouvait bien t-il faire ? Ces questions, elle se les posait tous les jours sans parvenir à trouver de réponse correcte. Car c'était impossible de trouver.

Après avoir lu cette lettre pour la première fois, son réflexe fut de foncer sur le téléphone pour l'appeler.

« Je suis désolée, mais le numéro n'est pas attribué. »

Cette foutue voix robotique qu'elle n'avait de cesse que d'entendre à chaque fois qu'elle essayait. Au début, elle se disait qu'elle s'était trompée, que ce n'était pas possible, que l'homme qu'elle aimait ne pouvait pas lui faire ça. Puis à force d'appeler, de hurler de douleur et de chagrin sur cette satanée voix robotique, elle se résignait finalement à ne plus composer son numéro, à ne plus envoyer des messages qui n'étaient pas remis, à ne plus essayer d'espérer un possible retour. Ça la rendait malade de ne rien savoir, il était devenu un véritable fantôme. Tout avait disparu, son numéro, son appartement, absolument tout.

C'était comme s'il n'avait jamais existé.

Et c'est ce qu'elle avait fini par croire. Supprimant un soir toutes les photos qu'elle avait de lui par rage, il ne restait plus rien. Seulement cette lettre, froissée, tachée d'encre ayant bavé par le nombre incalculable de larmes s'étant écrasées dessus. Vomissant de douleur, c'était insupportable. Insupportable qu'un homme avec qui elle avait partagé des choses aussi fortes puisse du jour au lendemain disparaître dans la nature et tout laisser derrière lui.

Il voulait l'abandonner. Elle, qui n'avait de cesse que de le soutenir dans tout ce qu'il faisait. Même lorsqu'il perdait un match, que ses entraînements ne c'était pas aussi bien passé que d'habitude. Quand il avait une baisse de moral et quand il passait son temps à se dévaloriser, elle était là. Elle était l'épaule sur laquelle il reposait sa tête. L'épaule qui l'a toujours soutenu dans tout ce qu'il faisait. Elle était heureuse quand il l'était et malheureuse quand il ne l'était pas. Elle l'aimait à en crever, elle l'aimait comme elle n'avait jamais aimé auparavant. Comme jamais elle ne pourrait aimer quelqu'un.

Elle l'avait dans la peau.

Elle savait qu'elle ne pourrait jamais l'oublier. Mais qu'il ne pourrait jamais revenir et peu importe à quel point elle le déteste, peu importe à quel point il l'a fait souffrir au point de ne plus vouloir se lever le matin elle continuerai de l'aimer. Il avait malgré elle une place importante dans sa vie. Dans son cœur et dans toute son existence. Il avait changé sa vie, l'avait aidé quand elle était au plus bas, lui tendant la main et l'aidant à sortir du puits sombre dans lequel elle était.

Peu importe à quel point ses petits amis étaient parfait. Ils n'étaient pas lui.

Aujourd'hui, cela fait plus d'un an, un an et trois mois précisément.
Un an et trois mois qu'il est devenu un fantôme de son passé.
Un an et trois mois qu'il avait disparu.
Un an et trois mois qu'il brisait son cœur jour après jour.
Malgré l'immense vide qu'elle ressentait en elle. La colère profonde qu'elle avait contre cet homme qu'elle avait sincèrement aimé de tout son être et de tout son cœur, elle avait fini par se relever. Elle mit du temps, beaucoup de temps pour se relever de ça. Mais elle avait réussi, bien qu'il ne disparaisse pas de son esprit pour autant, elle n'avait plus de tristesse en elle, que de la colère. Une haine profonde pour cet homme qui avait marqué sa vie.

Oui, Oikawa Tooru avait profondément marqué sa vie.








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Vendredi 26 avril, 12h47.

Elle soupire, s'étirant de tout son long, venant de passer toute la matinée les yeux rivés sur son écran d'ordinateur à gérer de la paperasse pour le magazine de mode chez lequel elle travaille. À force de garder les yeux rivés sur l'écran allumé, son ordi lui a abîmé les yeux. En quelques mois, de fortes migraines étaient apparues. Elles étaient persistantes et franchement douloureuses. Même les médicaments ne les faisant pas partir. De fil en aiguille, elle s'est retrouvée chez un lunetier à choisir des lunettes la rendant le moins tête de classe possible. Des lunettes discrètes, à son image. Depuis tout va mieux, beaucoup mieux.


« — Seo tu viens manger ? Demande une voix masculine. »


La voix de son collègue ainsi que sa chevelure noire viennent d'apparaître. La blonde relève la tête puis sert un large sourire à son collègue.


« — Je finis un truc et j'arrive. Réserve une place à côté de toi.

— Évidement. »


Johann est l'un si ce n'est son collègue préféré ici. Il s'est tout de suite très bien entendu avec la jeune femme. De son jeune âge, il l'a directement pris sous son aile, comme un genre de grand frère.
Elle lui voue une affection toute particulière.
Grâce à lui, Seo a réussi à faire sa place au sein de l'équipe. Étant de nature chaleureuse et avenante, ils sont devenus inséparables au boulot. N'ayant qu'une hâte le lundi matin, raconter des ragots qu'ils auraient entendus le week-end.

Après avoir fini son mail, elle l'envoie rapidement. Verrouille son ordinateur puis repose ses lunettes dans leur boîtier. Seo se lève, un soupir de soulagement s'échappe de ses lèvres finement recouvertes de gloss. Elle prend une petite pince et attache ses courts cheveux faussement blond, fouillant dans son petit sac, pour récupérer son téléphone.

Seo prend les clés posées sur son bureau et y sort en prenant bien soin de fermer la porte à clé, il y a tout un tas de documents importants dans son bureau... La jeune adulte n'est jamais à l'abri d'un vol, pas qu'elle ne fait pas confiance à ses collègues, mais ne sait-on jamais.


« — Bon appétit Seo ! S'exclame sa voisine de bureau.

— Bon appétit Aruki, répond Seo en souriant. »


La blonde prend les escaliers, par ennui d'attendre l'ascenseur, il n'y a qu'un tout petit étage à monter, elle peut bien faire cet effort bien qu'elle ne soit pas spécialement sportive. À vrai dire, Seo n'a jamais vraiment aimé le sport. Ça n'a jamais été sa tasse de thé, que ce soit au collège ou au lycée.

Ce n'est qu'à près l'abandon d'Oikawa qu'elle a commencé à s'y mettre, ironie du sort. C'était d'ailleurs Johann qui lui avait conseillé d'aller courir, d'après lui ça permettait de vider son esprit, de se défouler et surtout d'évacuer. Seo n'y croyait pas vraiment, d'autant plus qu'elle n'a jamais aimé courir. Elle est plutôt du genre à prendre l'ascenseur ou les escalators dès qu'elle peut et c'est sans grande conviction qu'elle a commencé à courir petit à petit. Au début avec Johann qui l'a forcé à venir, Seo ne faisait pas long feu. Les 10 km habituels de Johan se sont transformés en 1 ou 2 km à peine. Puis à force de courir. De se faire pousser par le cul, la jeune femme a finit par y prendre goût.

Seo devait amèrement admettre que Johan avait raison. Courir lui procurait un bien fou, c'était presque mieux que de parler. Non en fait, c'est carrément mieux, elle qui n'était pas du genre à vouloir embêter les autres ses problèmes ou même à simplement en parler, courir était une véritable thérapie. Thérapie qu'elle applique toujours d'ailleurs. Seo est obligée de courir tous les deux jours. C'est comme une espèce d'addiction qu'elle n'aurait jamais cru avoir.

Arrivée à la cafétéria, elle se dirige vers le petit frigo et y sort le plat qu'elle avait préparé la veille. Enfin, c'était un reste de ce qu'elle avait mangé hier soir, des nouilles sautés avec un peu de poulet panée. Ce n'est pas une grande cuisinière, elle se fait des trucs rapides, sans grande gastronomie. Après avoir réchauffé son plat au micro-onde, la blonde se dirige vers Johan qui avait gardé une place pour elle.



« — Encore un de tes plats fait en 5 minutes ? Demande Johann.

— Te moque pas, c'est pas parce que ton mec te fait à manger que c'est le cas pour tout le monde, répond Seo.

— Si tu laissais une chance aux mecs plutôt que de les ranger directement dans la case plan cul peut-être qu'il y en aurai un qui te ferait à manger. »


Seo rigole face au pique très vrai de son collègue, aussi piquant qu'incontestable.



« — Touché, dit-elle. »


Elle commence à manger son plat, Johann avait déjà commencé en compagnie d'une autre de ses collègues.


« — Tu n'envisage pas de te poser avec quelqu'un ? Demande Inoko.

— Seo ? Se poser ? Deux mots qui ne vont pas ensemble, répond Johann. »


     Seo souffle un rire face au sarcasme avéré de son collègue.



« — C'est juste que je suis vaccinée des couples maintenant, répond Seo. Et puis je suis bien seule, j'ai ma tranquillité et ma propre routine.

— Mais elle trouve toujours le moyen de se plaindre, ajoute Johann.

— Normal, quand tu m'exposes ton bonheur aussi dégoûtant que parfait. »








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Lundi 29 avril, 9h26.

La jeune femme arrive au bureau, contente de démarrer une nouvelle semaine. Seo adore son travail. Bien qu'elle ne s'occupe que de la paperasse du magazine pour lequel elle travaille, il n'empêche qu'elle aime bien cette partie du job. Que ce soit, la communication avec les marques, les imprimeurs, et même les livreurs, les mails et toutes ces choses qu'eux, les personnes de l'ombre font pour qu'un magazine puisse se faire publier.

Les gens ne se rendent pas compte en lisant leur magazine tous les jours, que sous cette pile de feuilles assemblée entre elle, sous cette couverture avec le dernier mannequin en vogue ou le dernier sac avec colle gros titre les défilés ou autres, que sous ses articles que font les journalistes, il y avait toute une équipe qui se charge de faire rendre ça opérationnel.



« — Salut Obrarahime, dit-elle pleine d'entreint à la secrétaire du service.

— Bonjour Seo. Tu es en forme aujourd'hui, répond t-elle en souriant.

— J'ai bien dormi cette nuit. »


Elle s'adosse au comptoir, posant ses deux bras dessus afin de se rapprocher de sa collègue.


« — Comment va le fameux mec du café ? Demande Obarahime.

— Il va bien, répond Seo. On c'est un peu pris la tête, je crois qu'il est vexé.

— Pourquoi ?

— Je ne sais pas trop, il voulait que je laisse des affaires chez lui pour pas que j'ai à me les trimballer tout le temps.

— Et ? Où est le mal ?

— Le mal ? Attends, ses trucs là c'est bourbier tu te rends pas compte, réplique Seo très sérieuse. Au début les affaires et après le mariage. »


Obarahime pouffe de rire, Seo, elle rigole jaune, en réalité elle flippe complètement. Pour elle ce genre de chose c'est comme une espèce d'approche pour l'engagement, elle n'en veut absolument pas, et puis quoi encore ?


« — Sérieusement je pense que tu dramatise, répond t-elle.

— Tu penses ?

— T'as réagit comment ?

— J'ai flippé et directement dit non. Puis ça l'a c'est contrarié du coup je me suis barrée, soupire la brune.

— Tu ne sais vraiment pas lire entre les lignes toi.

— C'est pas que je ne sais pas, c'est que je veux pas.

— Ouais, à d'autres. Au fait, y a un beau gosse qui t'attends dans ton bureau, dit-elle.

— Si tu parles encore du vieux dégoûtant non merci.

— Je t'assure, un vrai beau gosse. Il a dit qu'il voulait te voir.

— Et tu lui as ouvert mon bureau ?

— Oui, il avait l'air de bien te connaître. Je n'aurais pas dû ?

— Évidement que oui, j'ai peins de papiers important dans mon bureau !

— Désolée, répond la jeune femme embarrassée, j'ai pas tout compris mais c'était prévu apparemment.

— Je crois pas, j'ai pas de rendez-vous aujourd'hui et puis c'est pas moi qui m'occupe des clients en face à face, répond Seo perplexe.

— Il est déjà installé, je te laisse le soin de le renvoyer. »


La jeune femme soupire, n'ayant pas du tout envie de se tartiner un client dès le matin. Surtout que ce n'est pas son secteur. En plus, elle est quasi sûre que c'est son abruti de collègue, le vieux de cinquante ans qui se croit tout permis. Personne ne l'aime au bureau, ce pauvre abruti qui passe son temps à donner des ordres à tout le monde, comme s'il valait mieux qu'eux. Pas étonnant que sa femme le trompe.

Seo quitte le comptoir de sa collègue marchant vers son bureau, prenant son plus beau sourire, elle débarque comme une furie à l'intérieur de celui-ci.


« — Bonjour, désolée pour l'attente, je viens juste d'arriver, souffle Seo en allant jusqu'à son bureau. »


Sans prendre la peine de regarder l'homme qui est assis sur la chaise, elle pose son sac sur la petite commode dans laquelle sont rangés plusieurs dossiers. Vérifiant d'un coup d'œil que la commande soit bien fermée à clé.



« — T'en fais pas, la femme à l'accueil m'avait prévenue que tu ne commençais qu'à la demie. »



Cette voix, sa voix. Seo stoppe tout mouvement, figée sur place, son cœur bat vite, tellement vite que ça en affecte sa respiration qui se veut totalement irrégulière. Elle a l'impression de rêver, que ce n'est qu'un mauvais rêve, un cauchemar, elle va se réveiller. Voyant la non-réaction et l'arrêt complet de mouvement de la part de Seo, il se lève. Sentant du mouvement et ayant peur qu'il s'approche d'elle par surprise, elle se retourne. Le regard totalement désemparé, son visage cri à l'aide.


« — Salut, souffle t-il au travers d'un sourire. »


Un sourire sincère, sincèrement triste et ému de la revoir après tout ce temps. Il se tient là, face à elle, dans son bureau. Il avait changé, bien que pas beaucoup, Seo à tout de suite remarqué les cernes sous ses yeux et son air assez mélancolique. On dirait que ce moment lui provoque à lui aussi un étrange sentiment. La blonde se mordille l'intérieur des joues, ne sachant pas quoi faire, pas quoi dire.
Ses yeux veulent se remplir de larmes, mais elle a tellement pleuré que rien ne sort. Sa gorge est sèche, incapable de dire quoi que ce soit, cette impression d'avoir un blocage. La seule chose qu'elle peut faire c'est le regarder. Regarder à quel point il a toujours l'air d'être le même, à quel point il semble malgré elle lui avoir manqué, à quel point ses sentiments qu'elle avait doucement enterré refont surface.
C'est un cataclysme d'émotions.


« — Comment tu vas ? »


Comment elle va, Tooru lui demande réellement comment elle va ? La vérité, c'est qu'il n'a aucune idée de tout ce qu'elle a vécu depuis son absence, tout ce qu'elle a souffert, toutes ses larmes qu'elle avait déversées pour lui. Ce vide viscéral qu'elle avait ressenti depuis qu'il était parti.


« — Qu'est-ce ce que tu fais là ? Finit-elle par cracher. »


Elle est agressive et ce n'est pas sans raison. Seo aurait aimé lui hurler dessus mais elle ne peut pas, l'endroit dans lequel ils se trouvent ne le permet pas. Les murs sont tellement fins qu'on peut entendre n'importe qui respirer. Elle doit garder la face et rester de marbre.


« — Je viens de rentrer au Japon. T'es la première personne que je voulais voir, répond t-il. »


Comment rester de marbre quand il dit ce genre de chose ? Oikawa ne l'aide pas du tout et cet air à la fois ému et heureux qu'il a n'arrange pas la situation. Il regarde Seo avec un tel regard qu'elle a du mal à le soutenir, regardant bien vite autour. Il la regarde comme si elle est là plus belle chose qu'il ait vue de toute sa vie.


« — Tu es magnifique Seo. »


La blonde secoue lentement la tête, refusant d'entendre toutes ses choses, elle ne veut pas qu'il l'endorme avec de belles paroles mais elle sait que si il commence, elle aurait du mal à résister. La jeune femme a beau le haïr comme elle se le répète, maintenant qu'il est en face d'elle, ce n'est plus du tout pareil.


« — Sors s'il te plaît je dois travailler, dit Seo. »


D'une voix paniquée, elle remet ses mèches derrière ses oreilles, s'asseyant à son bureau. Elle ouvre son ordinateur et l'allume.


« — Je suis désolé, je sais que j'aurais pas dû partir comme ça, tu le méritais pas.

— Tu t'en es rendu compte tout seul ou il t'as fallut un an pour le comprendre ? Demande t-elle sarcastiquement.

— Je suppose que je l'ai bien mérité.

— Tu mérites une bonne gifle oui. »


Nerveusement et les yeux rivés sur l'écran de son ordinateur, elle déverrouille sa session.


« — Je sais que ça fait longtemps et que tu m'en veux. Mais est-ce qu'on pourrait aller manger quelque part ? Quand tu veux, je te dois des explications.

— Tu ne penses pas que c'est un peu tard pour des explications ?

— S'il te plaît Seo. »


Agacée et surtout dans une situation très peu confortable, elle se lève brusquement. Marchant jusqu'à la porte de son bureau qu'elle avait naïvement fermée en arrivant.


« — J'ai du travail qui m'attends. Maintenant sors de mon bureau s'il te plaît et ne viens plus me déranger. »


Sa gorge se serre. Elle a du mal à avaler sa salive et sa respiration devient étouffante, tout comme l'air dans cette pièce. L'atmosphère est lourde, chargée de mélancolie et de souvenir. Ça en est insupportable. Elle vient d'être plongée des mois en arrière en quelques minutes à peine. Lui parler, sa voix, le voir face à elle, à quelques centimètres, voir mètres à peine, sentir son parfum quand il passe près d'elle. La jeune adulte ne savait pas comment se sortir de là. C'était mission impossible, même si elle en rêve, elle sait pertinemment qu'Oikawa n'a qu'à insister un peu, ne serait-ce qu'un tout petit peu et elle cédera, Seo en est consciente.
Il s'arrête face à elle, plongeant son regard dans le sien.


« — J'ai un appartement à Shibuya. C'est mon nouveau numéro, dit-il en lui tendant un papier. J'ai voulu reprendre mon ancienne ligne mais elle a été donné à quelqu'un visiblement. »


Elle regarde le papier qu'il lui tend, il n'a pas changé d'écriture, toujours aussi tremblante et maladroite. Exactement comme celle sur la lettre qu'il avait laissé, une vague de sentiment s'empare d'elle. C'est surtout de la tristesse, une tristesse incontrôlable, cette écriture sur ce bout de papier venait de la faire replonger un an en arrière.


« — Je vais y aller, travailles bien. »


Il tente de déposer un léger baiser sur son front, Seo a pour réflexe de reculer, se collant presque au mur qui était juste derrière, elle ne devait pas céder. Se sentant bête, il se remet droit, grattant légèrement sa nuque avec un air gêné au visage. Il détourne les yeux, rouge de honte.


« — Désolé j'aurais du te demander la permission, dit-il.

— Au revoir. »


Son ton est froid et c'est ce qu'elle veut. Oikawa hoche la tête et après un signe de main, il sort du bureau, laissant le bout de papier sur un des meubles près de la porte. Seo le regarde partir, il salue Obarahime et part pour prendre l'ascenseur. Lorsqu'elle ne l'aperçoit plus, elle referme la porte, allant directement ouvrir la fenêtre pour échapper à l'air étouffant qui plane dans son bureau.

C'est insoutenable, l'état dans lequel elle se trouve est insupportable, la jeune femme déteste qu'il la mette comme ça, elle déteste le fait d'être toujours aussi éprise de lui bien qu'elle est fait tous les efforts du monde pour l'oublier. Pourquoi n'y arrive-t-elle pas ? Regardant la vue que lui offrait sa fenêtre sur les hauteurs de Tokyo, bien que la plupart des gros buildings dépassent sa fenêtre et de loin, elle ne trouve pas sa vue si désagréable. Soupirant profondément, elle essaye de calmer son esprit.


« — Ok, c'était qui le beau gosse dans ton bureau ? Demande Johann en entrant. »


Il referme la porte derrière lui.


« — Personne, répond Seo en se retournant. »


Elle essaye de faire mine de rien, tirant la chaise de son bureau et y fait de la place. Johann avance, ne manquant pas de voir le bout de papier sur lequel Oikawa avait écrit son nouveau numéro et l'adresse de son appartement.


« — Personne mais Monsieur Beau gosse t'as laissé ses coordonnées, dit-il en montrant le papier à Seo.

— Jette le, soupire t-elle.

— Un stalker ?

— Ex.

— Ex stalker ?

— Non ex petit ami. »


Il fait un « ah » de compréhension, Seo sait d'avance que cette conversation va l'exaspérer, elle n'a pas envie de parler d'Oikawa, il ne mérite même pas ses pensées. Et pourtant ce sont vers lui qu'elles sont tournées.


« — Le fameux ex ?

— Lui même.

— Oh. Il a donc finit par réapparaître...

— Comme par magie. T'aurais dû voir la gueule que j'ai tiré quand je l'ai vu.

— Tu veux en parler ? Demande t-il en s'asseyant en face d'elle.

— J'en sais rien, je trouve qu'il ne le mérite pas.

— Mais toi si.

— Ouais mais la j'suis en retard dans mon taf donc on va parler de ça une autre fois.

— Tu fuis.

— Comme d'hab. »


Johan sent qu'il ne vaut mieux pas insister, il ne veut pas forcer Seo ni même la brusquer. Après tout elle venait de revoir l'homme qu'il l'avait mis au plus mal il y a peine quelques minutes. Ça doit faire beaucoup à digérer. Alors c'est sans aucune question ni même une remarque qu'il quitte en bureau de Seo, la laissant enfin toute seule.










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Mardi 7 mai, 8h53.

Elle n'a pas dormi de la nuit, ni les nuits suivantes, la pauvre est prise d'insomnie la poussant à aller courir jusqu'à ce que ses poumons brûlent. Le pire, c'est qu'elle en veut encore, comme si la sensation de ses poumons brûlant à travers sa cage thoracique, cette impression de manquer d'air est pour elle un moyen de se punir, se punir pour penser à lui, d'éprouver encore un quelconque sentiment pour lui. Elle ne le supporte pas, mais ne peut pas s'en empêcher.

Seo pense qu'elle mérite cette douleur, que c'est la seule chose qui peut la faire arrêter. Donc elle continue, toute la semaine, nuit après nuit même si le lendemain elle a des courbatures à n'en pouvant plus marcher. Elle ne peut pas s'arrêter ni même s'en passer.

Arrivant dans son bureau, elle pose son sac et soupire en s'asseyant dans sa chaise. Allumant directement son ordinateur et s'étire, la blonde frotte ses yeux sans maquillage, vêtue d'un simple jogging et d'un petit pull. Ouais, ce n'est vraiment pas la forme, ça va faire presque six jours qu'Oikawa avait réapparu et ça fait aussi six jours que son bout de papier avec ses coordonnées est posé sur son meuble sans avoir bougé de place. Elle n'a pas le courage de le jeter, mais n'a pas l'envie de la lire pour autant. Alors elle reste simplement là, à sa place.

Quelqu'un toque à la porte du bureau de Seo, les vitres étant opaques, elle ne voit qu'une simple silhouette qu'elle juge masculine. Sans attendre un quelconque ordre de Seo, la personne entre, visiblement pleine d'entrain.


« — Je sais que ce n'est pas la forme en ce moment alors je me suis dit qu'un cappuccino te ferais le plus grand bien, dit Johann en ouvrant la porte de son bureau. »


Seo esquisse un léger sourire, touchée par l'attention de son ami.


« — Merci, c'est vrai, j'en ai besoin, répond t-elle.

— Oh que oui. »


Il lui pose le cappuccino devant elle et s'assoit sur la chaise juste en face, prenant un air sérieux tout en gardant cette lueur de malice dans les yeux. Il se délecte déjà de la conversations qu'ils vont avoir.


« — Tu me dis où je te tire les vers du nez à coup de questions pièges ? Dit-il sournoisement. »


Seo soupire, sentant bien que son ami et collègue veut absolument savoir les raisons de ses tourments.


« — Rien de bien nouveau, dit-elle. Je pensais l'avoir enfin oublié puis suffit qu'il débarque du jour au lendemain pour que je sois plongée un an en arrière.

— Tu l'aimes vraiment finalement.

— Faut croire. Je ne sais pas quelle sorcellerie il m'a jeté pour me rendre comme ça.

— Un sort très puissant visiblement.

— C'est clair et donc depuis j'arrête pas d'y penser. Est-ce que je dois aller le voir ? Ou juste totalement l'ignorer ?

— Visiblement ta deuxième option c'est soldée par un échec. Essaye la première non ?

— Tu crois ? »


Il hausse les épaules, buvant son cappuccino en regardant Seo.


« — T'es pas obligé de lui pardonner ou même de faire quoique ce soit. Mais peut-être que des réponses t'aiderons à y voir plus clair. »


Elle réfléchit, fixant le petit trou du couvercle de sa boisson. Dans un sens en y repensant il n'a pas tord, après tout, peut-être que ce qu'elle n'a jamais eu c'est à dire des explications sur le pourquoi du comment et sur son départ lui permettrons d'y voir plus clair. Peut-être que grâce à ça elle réussira à enfin tourner la page, ce qui ne serait pas plus mal pour elle.


« — Et si ça ne fait qu'empirer les choses ? Demande t-elle soucieuse.

— N'est-ce pas un risque à prendre ?

— J'en sais rien.

— Écoute, peut importe ce que tu comptes faire il faut que tu face un choix. Soit tu essayes d'y voir plus clair, soit tu coupes tout. Dans tout les cas tu peux pas rester dans l'état dans lequel tu es là maintenant. Ressaisie toi Seo. »


Un bon gros coup de pied au cul comme Johann sait bien les faire. Il en avait donné à Seo par le passé et pas qu'un seul.


« — Tu as raison. Je ne sais pas ce que ça peut donner mais avoir des explications m'aidera peut-être à l'oublier enfin.

— Voila, j'aime quand tu prends des décisions comme ça, dit Johann plein d'entrain. Puisque la conversation psy est finie, je retourne à mes occupations et toi tu le contacte pour le voir.

— Ok.

— Tu me tiendras au courant.

— Évidement. »


Après un clin d'œil et un sourire complice, Johann quitte le bureau de Seo, son café à la main. Elle soupire, regardant au loin le bout de papier blanc posé sur le meuble. Il va falloir qu'elle le fasse, elle ne peut plus tout refouler au fond d'elle. C'est fini, elle a atteint ses limites, tout doit sortir le bon comme le mauvais. C'est avec détermination qu'elle se lève, se dirigeant vers le fameux meuble, prenant le bout de papier, elle sort son téléphone de la poche de son jogging et décide d'envoyer un message. Sans se poser de question, les mots viennent tous seuls la blonde ne veut pas d'épiloguer, elle lui donne une heure ainsi qu'un point de rendez-vous lui précisant bien qu'au moindre retard elle rentre chez elle et quelques instants à peine après avoir envoyé son message. Sans même avoir signé celui-ci, la réponse d'Oikawa est immédiate.




De : +0356...

J'y serais sans faute Seo.




Un léger sourire, léger et rapide, aussi rapide que la venue sa boule au ventre est apparu sur son visage. Elle rejoint à son bureau et commence enfin à travailler. La jeune femme lui a donné rendez-vous demain midi, durant l'heure de sa pause déjeuner sans savoir si c'est une bonne idée de le faire en plein milieu de la journée. Elle n'a pas vraiment réfléchi, maintenant, elle regrette.










⸻ ༄⠍ ✿ ⢡⸻









Mercredi 8 avril, 8h57.

Cette nuit encore, elle n'a pas pu dormir correctement. Les nuits de sept heures semblent bien loin dorénavant, elle a comme hier, avant hier et les autres jours depuis maintenant sept jours à courir jusqu'à lui en faire cracher ses poumons. Ils lui brûlent tellement, chaque respiration est un véritable calvaire pour elle, mais elle continue. Jusqu'à ce que la jeune femme commence à ne plus voir correctement, des taches noires, un bruit sourd et lointain. En se posant sur un des banc refroidi par la nuit elle tenta de respirer correctement.

En arrivant à son bureau, son apparence est largement différente comparée aux vêtements qu'elle avait hier. Elle qui s'habille que de simples jogging et de pull, la revoilà en tailleur, coiffée, et même un peu maquillée. Évidement Seo a fait un effort pour son entrevue prochaine avec Oikawa ce midi même. C'est un fait. Elle n'essaye même plus de se cacher derrière des excuses toutes tissées, ayant bien fini par l'admettre. La jeune femme veut lui montrer ce qu'il avait raté durant un an et trois mois.

À quel point elle peut s'en sortir sans lui et à quel point elle a remonté la pente. Ce qui en y réfléchissant bien est un gros mensonge car elle qui pensait avoir enfin franchi un cap, se retrouve littéralement en totale chute libre. Seo stresse, ses mains sont moites à mesure qu'elle s'approche du point de rendez-vous. Ayant fait exprès d'être en retard, après tout, pourquoi va-t-elle faire l'effort de venir à l'heure ?

Arrivée dans le petit restaurant de quartier, la jeune femme entre, aussi fébrilement que ses jambes lui permettent. Bien qu'elle est submergée par une folle envie de prendre ses jambes à son cou et de partir aussi vite que l'éclair elle ne fait rien. Continuant d'avancer, jetant des regards autour d'elle et balayant rapidement la salle d'un coup d'œil.

Quand elle voit une main faire un signe.

Regardant au loin, elle l'aperçoit. Son cœur rate un battement, il lui sert un large sourire, comme un gosse surexcité. Une vague de souvenir s'empare d'elle, venant d'être plongée presque deux ans en arrière. Au tout début de leur rencontre : leurs rendez-vous étaient au début exclusivement au restaurant ou dans des musées. Ce qui fait naître en elle une vague de nostalgie. Seo est tendue, son corps tout entier est crispé, comme prise dans un béton duquel elle ne pouvait pas bouger le montre millimètre. Elle sait que les minutes qui suivront son arrivée à sa table seront décisives pour elle. Avançant petit à petit, pas à pas avec beaucoup d'anxiété. Elle arrive devant lui, le cœur battant et un trop-plein d'émotion en elle.


« — Salut, dit-il en lui offrant un large sourire. Je ne savais pas trop quoi te prendre alors j'ai pris du jus de litchi, j'espère que tu aimes toujours ça.

— Oui j'aime toujours, répond Seo en s'asseyant sur la chaise en face de lui. »


Un long moment de silence tombe entre les deux jeunes. Ne sachant pas quoi dire, Oikawa devient vite nerveux, regardant partout et gesticulant nerveusement il n'arrive pas à trouver la position idéale. On ne pas dire que Seo lui facilite la tâche, l'air froid qu'elle lui sert ainsi que cette sensation de désintéressement totale, elle regarde par la fenêtre bien que la table soit assez loin de celle-ci.


« — Comment tu vas ? Demande t-il hésitant.

— Depuis la semaine dernière ou depuis un an ? Demande Seo. »


Un ton froid et tranchant, ne pouvant pas s'en empêcher. Elle qui pensait se sentir incapable de lui tenir tête ou de lui résister, c'est finalement tout le contraire une fois qu'elle est face à lui. Seo est en colère, horriblement et tristement en colère.


« — Comment tu vas, globalement... ?

— Je pense que tu peux le voir aux cernes que j'ai sous les yeux. »


Il ne sait pas quoi répondre, il ne sait pas quoi lui dire ni comment engager la conversation. Oikawa aimerait lui parler, il a des milliards de choses à lui dire, il aimerait lui parler de tout ce qu'il a vécu, de tout ce qu'il a vu, d'à quel point elle lui a manqué à s'en déchirer le coeur. Mais il en est incapable, elle n'est pas ouverte à cette discussion.


« — On sait tout les deux pourquoi on est ici, arrêtons de tourner autour du pot, intervient Seo. Est-ce que tu as ne serait-ce qu'une seule idée de ce que j'ai pu ressentir en lisant ta lettre ? »


Sa voix commence à trembler et Seo le sent, ce qui promettait pour la suite probablement des larmes ou du moins des yeux rouges imbibés d'eau. Mais elle veut savoir, elle veut l'entendre de sa bouche, elle ne veut pas seulement des excuses. En se retrouvant face à lui elle comprend plusieurs choses : tout d'abord, elle l'aime encore à en crever, rien n'avait changé malgré ce qu'elle n'arrêtait pas de se répéter, c'est un fait, elle l'a dans la peau et elle ne pourra jamais s'en défaire. Deuxièmement, elle l'aime autant qu'elle le déteste, ce qui veut dire, beaucoup, énormément. Et puis pour finir, elle veut qu'il ressente, ne serait-ce qu'un tout petit peu ce qu'elle avait ressenti durant un an.


« — Je suis désolé Seo, je sais que j'aurais du te parler, que j'aurais du t'expliquer, t'appeler mais j'avais peur et -

— Et tu t'es dis que laisser une simple lettre sur l'oreiller était une meilleure solution ? Coupe la jeune femme.

— C'était la seule que j'ai trouvé sur le moment.

— Tu te rends compte, du nombres d'appels que j'ai passé ? Du nombres d'heures que j'ai perdu à écouter tes vocaux simplement pour entendre ta voix ? »


Elle a imaginé ses mots une bonne centaine de fois, rêvée du moment où elle peut enfin lui dire tout ça en face. C'est pour Seo une véritable libération de dire ce qu'elle a gardé en elle durant une année entière. Oikawa le sait, alors il encaisse car il lui doit bien ça au moins.


« — Le pire dans tout ça, c'est que je ne pouvais pas m'en empêcher, j'avais besoin d'entendre ta voix. »


La jeune femme se sent pathétique, dire ça à voir haute est le summum du ridicule pour elle. Seo a honte mais elle doit lui dire.


« — Je suis parti en Argentine, un club avec une grande renommé n'a proposé une de passer une année là-bas. Je ne pouvais pas refuser.

— Pour un club ? Tu m'as rayé de ta vie pour un putain de club ? »


Elle rit nerveusement, se retenant d'exploser, de pleurer et de lui hurler sa colère à la gueule.


« — C'était une chance unique, je ne pouvais pas refuser.

— Putain mais pourquoi tu m'en as pas parlé ? Tu crois quoi ? Que je t'aurais dit non ? Que je t'aurais séquestré pour que tu restes avec moi ? »


Elle n'en revient pas, buvant avec beaucoup de mal sa boisson, sa gorge est sèche, tellement sèche.


« — Je suis vraiment désolé Seo, je ne sais pas ce que peux faire pour que tu me pardonnes mais je t'assures que c'est en aucun cas par rapport à toi... ou à nous.

— Nous ? »


Seo rit nerveusement, ses yeux décrivent toute la tristesse qu'une âme peut ressentir.


« — Parce que tu as réellement pensé à nous en partant comme un lâche ? J'hallucine t'es vraiment culotté. »


Oikawa sait bien qu'il est en tord dans cette histoire, que peu importe ce qu'il lui dit, rien n'apaisera sa peine. Seo est complètement brisée et il en est le seul responsable.


« — Je t'aime Seo, je n'ai jamais cessé de penser à toi, je n'arrivais pas à arrêter, dit-il.

— Mais moi aussi je t'aime Tooru. Je t'aime et je t'ai aimé comme je n'avais jamais aimé quiconque auparavant. Mais je te déteste tout autant.

— J'imagine, je peux pas vraiment te le reprocher... répond-t-il en se grattant le crâne. »


Elle finit le fond de son verre, fouillant dans son sac, sortant son petit porte-monnaie et le pose brusquement sur la table.


« — Attends, je vais payer, dit-il.

— Je paye ma part.

— J'insiste, laisses moi payer s'il te plaît.

— Je ne veux pas te devoir quoi que ce soit.

— Tu vas rien me devoir, j'insiste, laisses moi payer, je te dois bien ça. »


Seo regarde son porte-monnaie, réfléchissant, elle se mord l'intérieur de la joue puis soupire, reprenant son porte monnaie puis le range dans son sac.


« — Arrête de te morde les joues, dit-il. Tu sais bien que c'est mauvais.

— N'essayes de pas retrouver un semblant de normalité, dit-elle. »


Après quelques secondes de silence, la jeune femme soupire, cette discussion est vouée à l'échec. Elle n'arrive pas à lui parler sans lui envoyer un pic dans la gueule c'est plus fort qu'elle. Bien qu'Oikawa soit rempli de bonnes volontés, elle n'arrive pas à parler normalement. C'est trop tôt pour elle.


« — Je vais y aller, dit-elle. J'ai du travail.

— Déjà ? Tu veux pas qu'on mange quelque chose ?

— Non, j'ai déjà mon plat au bureau.

— Est-ce qu'on pourra au moins se revoir ?

— J'en sais rien. Je te tiendrais au courant mais t'attends pas à ce que tout rentre dans l'ordre.

— Je sais. J'attendrais le temps qu'il faudra pour que tu me pardonne.

— Peut-être que c'est déjà trop tard. »


Après un rapide dernier coup d'œil vers son interlocuteur, elle tourne les talons et sort rapidement du restaurant. Essuyant les légères larmes venant de franchir la barrière de ses yeux, elle marche rapidement vers son bureau situé non loin du restaurant. Ne voulant pas qu'il la rattrape au dernier moment, ça serait bien son genre de faire un truc comme ça.










⸻ ༄⠍ ✿ ⢡⸻










Lundi 13 mai, 9h14.

     L'odeur de café émane sur toute la grande surface de l'open space. Un mélange de conversations se répand dans cette pièce. La blonde traverse cette grande pièce, ses baskets toutes neuves, fraîchement acheté le week-end même tapent silencieusement contre la moquette. Elle marche droit, direction la porte de son bureau, ouvre et referme directement la porte, s'asseyant sur la confortable chaise de son bureau en soupirant.

     Et dire qu'elle avait du faire un boucan pas possible durant trois mois pour enfin avoir une chaise potable. Celle qu'elle avait avant tombaient en lambeaux et lui donnait un horrible mal de dos. Son téléphone vibre, Seo le sort de sa poche et regarde l'écran s'allumer affichant une mine lasse.


« Je viens te chercher après le taf ? »


     C'est vrai, il s'est passé tellement de choses ses dernières semaines, que la jeune femme avait à peine donné signe de vie à l'homme avec qui elle flirtait en ce moment. Soupirant, elle répond rapidement, lui envoyant une réponse affirmative, si jamais elle ne veut plus, elle se dit qu'elle n'aura qu'à décliner en servant une excuse déjà toute faite.
Elle repose son téléphone dans un coin dans son bureau, se mettent directement au travail. Une journée chargée tout comme la semaine l'attend.

.
.
.

     Un toquement contre la porte en verre opaque, elle lève les yeux de son tiroir dans lequel elle range son paquet de gâteau.


« — Je te dérange ? Demande Obarahime.

— Non, j'allais partir de toute façon, répond Seo. Qu'est-ce qu'il y a ?

— L'homme du café est là, dit-elle d'un clin d'œil. »


     La jeune femme soupire, sachant déjà que ça va l'énerver et le pire, c'est qu'il le sait très bien. Yori le sait pertinemment qu'elle déteste les visites surprises, surtout sur son lieu de travail, ce n'est pas comme si ils en avait déjà parlé ensemble, qu'elle lui avait dit que le privé et le professionnel sont deux choses complètements différentes qu'elle ne veut pas mélanger.


« — Merci, j'arrive tout de suite, répond Seo.

— Ça marche je vais lui dire. »


     Elle finit rapidement de rassembler ses affaires, éteindre son ordinateur et ranger son bureau puis sort de celui-ci. Lâchant un faible sourire quand elle le voit à l'accueil. Marchant droit vers lui, elle salue Obarahime et trace jusqu'à l'ascenseur sans lui prêter attention.


« — T'as passé une journée de merde ? Demande Yori.

— Tout allait bien jusqu'à ce que tu te pointes, répond t-elle. »


     L'ascenseur vide s'ouvre, elle y entre, suivit de Yori et appuie sur le bouton du rez-de-chaussée.


« — Quoi t'es pas contente de me voir ? Demande t-il un sourire moqueur aux lèvres.

— Tu sais bien que j'aime pas quand tu viens ici, soupire Seo.

— Ça va c'est juste la 5eme fois que je le fais tu devrais t'habituer maintenant. »


     Elle lui sert un regard noir en guise de réponse.


« — J'ai rien dit, dit-il en levant les mains en signe de capitulation. »


     Voyant son silence, Yori soupire.


« — Je reviendrais plus, promis.

— T'as intérêt. On commande ce soir ? Demande t-elle.

— T'as déjà faim ?

— J'ai rien mangé aujourd'hui.

— J'ai pas l'impression que tu manges beaucoup ces temps-ci. D'ailleurs tu me donnes presque plus de nouvelle.

— J'ai la tête ailleurs en ce moment.

— C'est ma proposition de l'autre jour qui te refroidi ?

— On en a déjà parlé, je pensais que le sujet était clos.

— Il l'est, mais je préfère demander au cas où.

— Non, ce n'est ni à cause de ça, ni par rapport à toi.

— Cool. »


     Seo lui sourit, se disant qu'elle ne devait pas être aussi dur avec lui. Après tout, il est vraiment compréhensif avec elle et par rapport à ce qu'ils sont l'un pour l'autre. Elle doit essayer de se détendre, lâcher prise et penser à autre chose. Ça ne peut lui faire que le plus grand bien. Ils sortent tout les deux des bureaux, le vent les cueillent à la sortie de celui-ci, faisant virevolter les mèches rebelles de Seo.


« — Ma voiture est dans la rue derrière, dit Yori.

— Ça marche. »


     Ils commencent à marcher tout les deux, discutant de tout et de rien, des discussions banales sur leurs semaines aussi banales que réconfortante. Ce qui fait le plus grand bien à jeune femme qui retrouve vite le sourire, bien qu'il soit temporaire.


« — Seo ! »


    Son sourire s'efface directement, elle connaît cette voix, elle la reconnaîtrai entre milles. La blonde sait sans même regarder la personne venant de prononcer son prénom. Son corps se tend directement et sa gorge se noue.


« — Tu le connais ? Demande Yori. »


     Elle jette un rapide coup d'œil vers Oikawa. Il est debout, raide comme un piquet avec une mine décontenancé.


« — Oui, continue je te rattrape, dit-elle.

- Ça marche, fais vite quand même. »


     Elle quitte Yori et se dirige vers Oikawa, les bras croisées et les sourcils froncés. S'arrêtant devant lui, il regarde Yori partir puis pose ses yeux sur Seo, le regard légèrement grave.


« — C'est ton copain ?

— Non pas vraiment. Qu'est-ce que tu fais là ? »


     Peut-être qu'elle aurait du lui dire oui, peut-être qu'avec ça il l'aurait laissé tranquille et aurait désertée sa vie et son cœur une bonne fois pour toute, peut-être qu'elle lui a dit la vérité parce que lui mentir est inconcevable, peut-être qu'au fond, elle ne veut pas qu'il parte une deuxième fois.


« — Je n'avais pas eu de tes nouvelles. Je ne savais pas trop à quelle heure tu terminais alors je suis venue t'attendre. »


     Il a les lèvres légèrement bleutées et les mains rouges, signe qu'il était là depuis un bail.


« — T'es là depuis quand ?

— Je ne sais pas trop. Une heure ou deux, je ne voulais pas te rater...

— Deux heures ? S'exclame la jeune femme. »


     Il se met à rire, le même rire qu'avant, le même rire qu'il faisait après une de ses blagues nulles. Elle sourit timidement, se mordant l'intérieur des joues, Seo baisse la tête, regardant ses mains jouer nerveusement entre elles.


« — Pourquoi est-ce que tu t'accroches ? Demande Seo.

— Parce que je t'aime.

— Pourquoi est-ce que tu es parti alors ? Demande Seo en relevant la tête vers elle. »


     Tout deux affichent une mine triste face au désastre du passé ainsi qu'aux séquelles que ce désastre a laissé sur leur cœur. Ils sont meurtris, partagés entre une envie folle de se lier à nouveau et celle de se séparer à tout jamais. Mais Seo n'est pas prête à tout lâcher d'un coup.


« — J'ai eu peur, dit-il. Je ne sais pas de quoi, j'ai pensé que partir quelques temps allait être bénéfique.

— Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Demande Seo.

— Je ne voulais pas te blesser. 

— C'est pourtant la seule chose que tu es réussi à faire.

—  Je sais. Si je pouvais revenir un an en arrière je l'aurais fait depuis longtemps.

— Mais on ne peut pas. »


     Sa voix tremble, Seo baisse la tête, ne voulant pas qu'il voit les larmes qui montent aux yeux de Seo. Mettre des mots sur leur souffrance, sur ce qu'il s'était passé lui fait étonnamment beaucoup de bien. Bien qu'elle est submergée d'une tristesse et d'innombrables regrets, elle est quand même soulagée. Ses larmes coulent enfin, elles tombent, dépassant enfin la muqueuse de ses yeux. Ses larmes dévalent ses joues, s'échouant sur son manteau ainsi que quelque part contre le sol. Elle serre ses mains entre elles, voulant pleurer en silence.

     Essayant de rapidement essuyer ses larmes, des nouvelles firent leurs apparitions aussitôt. Voyant sa détresse et ne sachant pas quoi dire, Oikawa la prend dans ses bras, il sait que les mots ne changerait rien à ce moment-là. Il n'est même pas sûr qu'elle les écoutera. La jeune femme se laisse faire, laissant les bras volumineux d'Oikawa l'entourer. Collant sa tête contre son torse, elle est subitement enveloppée d'une odeur plus que familière. La plongeant dans un passé autrefois heureux, elle se met à pleurer de plus belle. L'étreinte d'Oikawa se resserre encore plus fort que précédemment.

     Cette éteinte est un déchirement de plus. Comment deux âmes peuvent se faire autant de mal ?
Oikawa colle sa joue contre le crâne de Seo. S'il le pouvait, il resterait comme ça une éternité. Sentir la chaleur de son corps contre lui est une sensation qui avait causé un terrible trou dans son cœur. Seo continue de pleurer silencieusement contre lui, mouillant probablement sa veste par ses larmes. Mais sentir son parfum lui a tellement manqué, qu'elle n'arrive pas à s'en aller. Et l'idée même de quitter Oikawa et mettre fin à cette étreinte, la première depuis plus d'un an lui est inconcevable.

     Et pourtant, son téléphone sonne, les sortant tous les deux de leur bulle. Par réflexe, tous les deux s'écartent légèrement l'un l'autre. Seo essuie rapidement ses larmes, laissant son visage luisant de l'humidité de sa tristesse. Elle fouille dans son sac et prend son téléphone, décrochant directement, elle s'éloigne d'Oikawa.


De : Yori.

T'en mets du temps, tu t'es paumée ou quoi ?

Désolée, j'arrive.

Bouges pas, je viens te chercher devant.

D'accord.


     Elle se tourne vers Oikawa, le regard triste, elle essuie ses larmes essayant de récupérer un semblant de normalité sur son visage.


« — Je dois y aller.

— Il t'attend ?

— Oui.

— Tu l'aimes ?

— Tu penses que je suis capable d'aimer deux hommes en même temps ? »


     Il souffle un léger rire, probablement de nerf, passant sa main sur le derrière de sa tête.


« — Tu as raison, question bête.

— Un peu ouais.

— Ça te dit d'aller manger quelque part cette semaine ?

— Tout dépendras du travail que j'ai.

— De ton taff ou de toi ?

— Les deux, acquiesces Seo.

— Alors c'est oui ? Demande t-il.

— Ça dépend, on va où ?

— Il existe toujours le Sakura Fuji ? »


     Seo se force à ne pas esquisser un sourire, tournant la tête les bras croisées.


« — Au vue de la tête que tu tires je suppose que oui, dit Oikawa en souriant.

— Ouais, toujours ouvert, répond Seo en tournant la tête vers lui.

— On y va ?

— Seulement si tu payes. Tu me dois bien ça je pense.

— Marché conclu. Je te récupérerais dans la semaine. »


     La voiture de Yori apparaît au bout de la rue.


« — Je dois y aller. Bonne soirée tout seul, dit Seo.

— Je te dirais bien de passer une bonne soirée mais j'en ai pas vraiment envie, répond Oikawa.

— T'es vraiment impoli, rien n'a changé, dit Seo en partant. »


     Elle commence à marcher, se dirigeant vers la voiture que Yori venait de garer à l'arrache sur le trottoir. Au fur et à mesure ses pas s'accélèrent, elle finit par légèrement courir pour le rejoindre avant qu'il ne gêne totalement la circulation.


« — Je t'aime Seo ! S'exclame Oikawa assez fort pour qu'elle entende. »


     Les cheveux au vent, elle se tourne vers lui, tout comme quelques passants autour d'eux. Souriant, un sourire sincère, un sourire qu'elle n'a pas servit depuis bien longtemps. Une sensation qu'elle n'a pas ressenti depuis longtemps, beaucoup trop longtemps. Cette impression de revivre. Son cœur bat à vive allure, ses joues sont rouges et des papillons viennent de faire leurs apparitions dans son ventre.


« — Je sais ! Répond t-elle en souriant. »


     Il sourit à son tour, ce même sourire avec les yeux pétillants, un sourire remplis d'un amour inconditionnel pour la femme qui cours devant lui. Oikawa aussi a Seo dans la peau tout comme elle, leur cœur comme leur âme sont liées. Il en est sûr maintenant, Seo est la seule personne qu'il sera capable d'aimer, la seule qu'il veut aimer. Elle a pris tellement de place dans son coeur qu'il est impossible d'en faire pour une autre femme.
     Seo court jusqu'au la voiture de Yori, s'engouffrant vite à l'intérieur, son cœur bat encore et un large sourire est toujours présent sur son visage.


« — Rassures moi, c'est parce que tu me vois que tu souries comme ça hein ? Demande Yori.

— Va savoir, répond Seo en mettant sa ceinture.

— Du coup on commande ou va sur place ? Demande Yori en démarrant.

— Commande. Je veux finir la série qu'on a commencé l'autre jour. Je rentre dormir chez moi après. »


     Ils reprennent leur discussion, Seo lui fait un monologue servant de résumé de la série qu'ils avaient commencé ensemble. Un résumé tellement brouillon que Yuri ne comprends quasi rien. Mais fait semblant simplement parce qu'elle semble prendre plaisir à lui raconter les derniers événements de la série.










⸻ ༄⠍ ✿ ⢡⸻









Mardi 13 mai, 8h45.

     En plus d'être constamment dans sa tête, il l'est dans ses messages. Oikawa avait envoyé un message auquel Seo n'a pas répondu, préférant l'ignorer. Assise dans le métro, elle navigue sur son téléphone, parlant à ses amies, allant sur plusieurs applications et tentant de se reconnecter avec le virtuel et surtout sa vie sociale. Elle décide quand même de répondre a Oikawa, n'ayant pas à cœur de lui laisser un vu.
Ou peut-être qu'elle a juste envie de lui parler.



A : Oikawa

Jeudi t'es libre ?

8h48

Oui, je suis libre

C'est que maintenant que tu réponds ?

Je prends déjà le temps de te répondre. Estimes toi heureux

C'est vrai, j'en ai de la chance.










⸻ ༄⠍ ✿ ⢡⸻











Jeudi 16 mai, le fameux jeudi.

Oikawa a forcé la conversation toute la semaine, voulant à tout pris un quelconque contact avec Seo. Il veut recevoir ses messages, voir son prénom s'afficher sur l'écran de son téléphone. Même si ce n'est que des piques, il s'en fiche, le simple fait de lui parler, d'essayer de renouer un quelconque contact avec elle est pour lui un pas immense.


« — C'est le grand jour ? Demande Johann en entrant dans le bureau. »


Seo lève la tête vers lui, relevant ses lunettes de son nez en les mettant sur son crâne.

« — Oui, pourquoi ?

— Bah qu'est-ce que tu fou encore là ?

— Je finis un truc, rétorque Seo.

— Et donc tu comptes faire attendre ton Roméo ?

— Exactement. Et ce n'est pas mon Roméo.

— Dit la fille qui n'arrête pas de sourire à chaque notification qu'elle voit de lui.

— Ce qu'il faut pas entendre.

— Tu crois que je le vois pas ton petit sourire ? »


La blonde lève les yeux au ciel ne préférant pas réagir verbalement à la remarque de son collègue. Elle sait qu'au fond il a raison mais refuse catégoriquement de l'admettre. Si elle l'admet, ça deviendra réel et elle ne pourra plus faire semblant ni se protéger elle-même ni protéger son cœur. Le cœur en miette, elle a déjà eu du mal à rafistoler ne serait-ce que la moitié. La dernière chose qu'elle veut c'est qu'Oikawa le détruise et détruise tout son travail une seconde fois. Elle a peur, le genre de peur qui prends aux tripes rendant tout les muscles du corps fébriles et inapte à faire quoique ce soit.

C'était terrible,
Et pourtant...
Et pourtant c'est ce midi même qu'elle va déjeuner avec lui.
Avec l'homme qui l'a rendu heureuse au point de faire presque exploser son cœur.
Avec l'homme qui lui a redonné confiance en elle.
Avec l'homme qui l'a aussi détruite à en vomir de douleur. Toute cette souffrance, elle ne l'a pas oublié, jamais elle ne réussira à l'oublier.

C'est le grand moment, elle a peur, n'ayant presque plus faim, la boule dans son ventre est tellement importante. Elle sort rapidement du bâtiment. Trop rapidement. Tellement rapidement qu'elle a presque envie de rester un peu devant, cachée derrière une des grosses colonnes du hall d'entrée. Mais se serait ridicule alors elle se contente de marcher, tout en regardant autour d'elle jusqu'à ce qu'elle trouve Oikawa. La jeune femme le trouve rapidement. Enfin, c'est plutôt lui qui la trouve rapidement. Trottinant doucement vers elle, il s'arrête une fois devant. Triturant nerveusement la hanse de son sac, elle le regarde timidement. La boule dans son ventre ne fait qu'accroître, rendant ses jambes fébriles et une terrible envie de s'asseoir lui prends.


« — Salut, lance t-il accompagné d'un sourire radieux. J'espère que t'as faim.

— Pas trop... assumes t-elle.

— Sérieux ? T'as pas grignoté j'espère, répond Oikawa en fronçant légèrement les sourcils.

— De quoi je me mêle ? »


     Le brun soupire, sentant bien sa réticence, il a conscience que renouer quelque chose avec elle, ou du moins simplement essayer va être très compliqué. Bien qu'elle est l'air joviale, elle n'en oublie pas moins qu'il est la raison pour laquelle elle a autant souffert. Seo est pour Oikawa le parfait exemple de l'expression : marcher sur des œufs.


« — On y va ? Demande Seo.

— Ouais, répond Oikawa en souriant. »


Elle hoche la tête, marchant directement vers sa voiture, la première, sans prendre la peine de vérifier si il la suivait. La situation gênante pèse sur son humeur.


« — T'as passé une bonne semaine sinon ? Demande Oikawa. »


Il ressent tout comme Seo cette gêne. Pourtant lundi il avait eu cette impression qu'il avait fait un pas et qu'elle avait accepté. Tout compte fait, elle l'a finalement rejeté, l'obligeant à en reculer de trois.


« — Ça va oui, répond t-elle en regardant droit devant elle.

— Cool. T'as beaucoup de travail ?

— Pas tant que ça, disons que j'ai réussi à m'organiser.

— C'est rare ça non ? Je t'ai toujours connu bordélique.

— Ouais, ça n'a pas changé d'ailleurs. Mais je suis obligée de faire le minium. »


Ils arrivent devant la voiture de Seo. Une petite voiture toute mignonne parfaite pour elle. Elle fouille dans son sac, le remuant dans tout les sens pour trouver ses clés de voiture. Après un combat et des recherches acharnées, elle les trouvent, déverrouillant directement les portières. Elle ne prend pas beaucoup sa voiture, ici, tout est accessible, mais comme elle savait qu'ils allaient sûrement aller au Sakura Fuji, prendre sa voiture est plus judicieux. Seo met le contact et démarre la voiture.


« — Tu connais toujours le chemin ? Demande Oikawa.

— Oui. J'y suis retourné depuis, répond Seo.

— C'est toujours aussi bon ?

— Toujours. »


La radio se met automatiquement lorsque le contact est mis camouflant l'horrible blanc qu'il y avait entre eux. Seo est tellement méfiante qu'elle se referme, son stress et sa boule au ventre l'empêche de parler ou de tenir une conversation convenablement. De l'autre côté, Oikawa sent bien qu'elle est tendue. Bien qu'un an les a séparés, il la connaît toujours aussi bien, par cœur. Il sait rien qu'en la regardant qu'elle est actuellement rongée par l'anxiété, que tout un tas de pensées doivent fuser dans sa tête. Mais malgré tout ça, il reste heureux.
Heureux de pouvoir passer du temps avec celle qui aime.
Heureux de la retrouver, même si il sait pertinemment que plus rien ne sera comme avant. Que la blessure qu'il lui a maladroitement infligée est tellement profonde qu'elle ne pourra pas se refermer tout de suite.


« — Arrêtes de me fixer comme ça, lance Seo, irritée.

— Pourquoi tu as l'air énervé ?

— Je suis juste concentrée mais si tu passes tout le trajet à me fixer je ne vais pas réussir.

— Faut bien que l'un de nous regarde l'autre, souffle Oikawa en tournant la tête vers la route.

— Ça veut dire quoi ça ? Réplique Seo en tournant la tête vers lui.

— Regarde la route.

— Ça ne répond pas à ma question pauvre débile.

— C'est toi la débile. »


Seo freine brusquement, ayant vu a la dernière minute qu'ils arrivent au feu rouge. Elle tourne la tête vers lui, très contrariée. Il le sait, la colère se lit dans les yeux de Seo. Peut-être qu'au fond c'est ce dont elle a besoin, gueuler un bon coup contre lui, lui en foutre plein la gueule pour le blesser. Peut-être que c'est ce qu'elle veut.

Colérique et morose, probablement les deux meilleurs mots qui décrivent le mieux Seo. Sous cette avalanche de colère, de contrôle et de nerf se trouve une morosité affligeante. Presque aveuglante. Ce doux équilibre ne peut-être pas aussi sain qu'elle pourrait le croire n'est finalement pas éternel. Une fissure, une brèche. Quelque chose, un rien peu tout bousculer.


« — Tu penses sérieusement qu'en revenant j'allais te regarder comme avant ? Demande Seo.

— C'est pas ce que j'ai dit.

— Super, alors t'as dit quoi ?

— Rien c'était juste une blague pour détendre l'atmosphère parce que t'es tendu comme un string.

— C'est vrai, c'est de ma faute. Milles excuses.

— J'ai pas dit ça, arrête c'est ridicule.

— Je suis ridicule ? On aura tout vu, rit-elle nerveusement. »


Le feu redevient vert, Seo démarre en appuyant sur la pédale, elle serre le volant, tentant de contenir sa colère. Fixant d'un œil méchant la route face à elle.


« — Vas-y lâche toi, tranche Oikawa.

— De quoi tu parles ?

— Je te connais par coeur, dis moi tu ce que tu as sur le coeur même si c'est blessant. »


Seo lui jette un rapide coup d'œil.
Est-ce une bonne idée ?
Sachant qu'elle conduit et puis c'est pas comme si ils allaient passer une bonne heure face à face.


« — Va bien falloir que ça se face un jour. Balances tout maintenant.

— Je pense pas que ce soit judicieux de dire tout ça alors que je suis au volant, dit-elle calmement.

— Gare toi alors.

— Et après quoi ? Je redémarre et on va au resto comme si de rien était ?

— J'en sais rien. Je suis pas devin maintenant gares toi sur le côté. »


Seo s'exécute, se garant à l'arrache sur un trottoir d'une rue visiblement peu fréquentée.
Un grand silence subvient une fois qu'elle est éteint le contact, la jeune femme regarde son volant, ne sachant pas quoi dire ni par où commencer. Elle a tellement de chose en elle, tellement de sentiment et de rancoeur accumulée depuis des mois.


« — Et maintenant ? Demande t-elle. Je suis sensée faire quoi ?

— Dire tout ce que tu penses.

— Tu penses que c'est simple ?

— Non, je sais que t'aimes pas extérioriser ce que tu ressens mais si tu veux avancer c'est le seul moyen. »


Bien qu'elle est du mal à l'admettre, il a raison, pour pouvoir passer à autre chose, avancer, elle doit le faire.


« — J'en sais rien, tu peux commencer par me dire pourquoi tu es en colère.

— Très bien, finit-elle par dire. Tu as foutu ma vie sentimentale en l'air. Je te déteste d'être revenu après un an et aussi d'être parti en me laissant juste une pauvre petite lettre écrit sur le qui vive et je te hais encore plus de vouloir t'accrocher. »


Elle n'y arrive pas, ses phrases pourtant vrai sonnent creuse Seo n'arrive pas à dire ce qu'elle ressent réellement. Énonçant de simples fait.


« — De quoi t'as peur ? Pourquoi tu dis pas tout ce que tu penses ?

— Attends je viens de-

— Oui je suis au courant, je t'ai laissé comme une merde puis je reviens. La suite ? »


Elle fronce les sourcils, le regardant d'air un air à la fois surpris et décontenancé. Essayait-il de la pousser à bout pour qu'elle lâche tout ?


« — Qu'est-ce que tu veux que je te dise hein ? Demande t-elle.

— Donc tout vas bien ? On va reprendre une vie normale, comme avant si je comprends bien.

— Tu te fou de moi ? Est-ce que tu as une idée de l'état dans lequel tu m'as mise ? Tu imagines l'état mental dans lequel j'étais parce que t'es parti comme un lâche ? S'exclame t-elle. »


Elle commençait à perdre patience. Élevant la voix contre lui.


« — Pas vraiment. Expliques moi. »


Oikawa garde un calme platonique, il est ni en colère ni triste. N'éleve pas la voix contre elle, il est calme. Son regard est rempli de tendresse à l'égard de Seo. Ce qui la surprend, lui faisant perdre tout ses moyens, d'un coup, elle redescend, n'ayant plus aucune envie de crier, seulement de fondre en larmes, une énième fois.


« — Je ne peux pas l'expliquer, murmure t-elle.

— Pourquoi ?

— Parce que le seul moyen de comprendre c'est de le vivre. Tu te rends compte que j'ai passé des mois et des mois à pleurer, à ne rien manger parce que tu m'as brisé le coeur. J'ai même pensée que c'était de ma faute. »


Sa voix commence à trembler. Elle le sent et se tue directement, ne voulant pas montrer quoique ce soit même si c'est un peu tard.


« — T'y es pour rien Seo. Tout est de ma faute. T'as rien à te reprocher je t'assure.

— Pourquoi tu m'as rien dit alors ?

— Je sais pas, j'avais peur. Je pensais que ça nous ferait du bien à tout les deux.

— T'es vraiment qu'un pauvre abruti Tooru.

— Je sais. Je suis désolée Seo.

— Tu aurais juste pu m'en parler, on aurait trouvé une solution.

— Je sais.

— J'ai mis tellement de temps à m'en remettre et pile au moment où je pensais pouvoir passer à autre chose, tu reviens. »


Seo tourne tourne la tête vers la fenêtre, ne voulant pas craquer. Elle qui l'avait déjà fait dans ses bras au début de la semaine ne veut pas réitérer l'expérience.
Elle ne veut pas pleurer, pas pour lui.
Elle veut rester forte.
Mais elle ne peut empêcher quelques larmes de couler le long de ses joues. Traçant un chemin sur celles-ci.


« — Tu as toujours faim ? Demande Oikawa.

— Je n'ai plus envie de manger, articule Seo la voix tremblante. »


Il regarde l'arrière de son crâne puisque c'est la seule chose qu'elle lui montrait.


« — Je sais que je t'ai fais beaucoup de mal Seo. Je pourrais jamais effacer ce que j'ai fait mais je peux te promettre que ça ne se reproduira plus, que plus jamais je t'abandonnerais.

— Comment tu veux que je te crois ? S'écrit-elle en se tournant vers lui. »


Les joues couvertes de larmes, elle le regarde avec détresse. C'est un appel à l'aide, sa voix le supplie de l'aider à se sortir de la, elle le veut mais n'arrive pas. La seule chose qu'elle peut faire c'est pleurer, éclater en sanglot dans ses bras. Elle se rend bien à l'évidence qu'elle est incapable d'être méchante avec lui, incapable de lui faire le moindre mal, incapable de se détacher de cet homme qu'elle avait dans la peau. Mais elle est aussi incapable de mettre de côté toute cette souffrance. C'est une constante balance qu'elle n'arrive pas à stabiliser. Seo ne peut pas se résoudre à laisser Oikawa mais elle n'est clairement pas prête à lui pardonner. La seule chose qui lui est possible de faire à cet instant c'est de pleurer dans ses bras. Communiquant sa tristesse et sa détresse.


« — Tu n'es pas obligée de me croire. Je te le prouverais, même si ça doit prendre plusieurs semaines, mois ou même années. J'attendrais. »


Ses paroles résonnent dans son esprit. L'envie de l'embrasser, de tout mettre de côté jusque quelques secondes est si forte qu'elle a du mal à se retenir. La jeune femme sait que si elle croise simplement son regard, elle sautera sur ses lèvres. Mais regrettera à la seconde où leurs lèvres se séparerons, elle le sait, cela parait tellement évidement et pourtant cette envie devient totalement incontrôlable. Ça lui prend aux tripes, faisant battre son cœur et le parsème de frissons qu'elle voulait à tout pris révulser. C'est un drôle de mélange, très contraire aux sanglots qu'elle continue de lâcher.

Prise d'un élan amoureux et charnel incontrôlable, sa tête se lève rapidement vers celle d'Oikawa, collant ses lèvres aux siennes.
Elle allait le regretter, mais tant pis, ce ne sera qu'un regret de plus à ajouter à sa si longue liste. Il n'y pas forcément d'explication, ni même d'excuse ou de raisons à avoir, elle en avait juste envie. Sans grande surprise pour Seo, Oikawa réagit presque instantanément au baiser en y répondant sans demander son reste. Échangeant un baiser passionnel, comme si leurs deux coeur et leurs deux âmes jusqu'à présent séparés pouvaient ne former qu'un.

Le trou que Seo avait dans son cœur se rempli peu à peu. S'embrassant comme si leur vie est en jeu, ils savent tout les deux qu'après ce baiser il n'y en aura peut-être pas un deuxième. Il allai peut-être être le premier et le dernier. A contre coeur Seo s'éloigne. Gardant ses distances avec Oikawa, elle est encore chamboulée de cette ribambelle d'émotions déferlant en elle.


« — Désolée... pleurniche-elle. Je sais que c'était pas la meilleure chose à faire.

— C'est rien. Tes lèvres m'ont manqués. »


Elle souffle un léger rire, gênée de cette retombée d'atmosphère. Se remettant droite dans son siège elle soupire.


« — J'ai moins d'une demie heure avant de devoir reprendre le taf et j'ai super faim, râle-t-elle.

— On abandonne le resto donc ?

— J'en ai bien peur.

— On prend à emporter ?

— Oui. »


     Seo redémarre, se rendant quand même dans leur restaurant mais prenant à emporter. Après avoir commandé, ils se retrouvent à manger dans sa voiture, garé sur un parking de supermarché à l'écart.


« — Sérieux c'est degueu, râle Oikawa.

— Depuis quand t'aimes pas les sushi toi ?

— Depuis que j'en ai mangé à Buenos Aires. Ils étaient tellement immonde que ça m'a dégoûté.

— Mon pauvre, tu sais pas ce que tu rates.

— Une soirée sur les chiottes. »


      Seo éclate de rire, elle avait oublié qu'Oikawa possède des intestins fragiles. Bien que ça ne l'empêche pas d'engloutir des choses lourdes quotidiennement. Elle se souvient même qu'elle ralait à chaque fois contre lui parce qu'il venait chouiner dans ses oreilles qu'il avait mal au ventre.


« — J'avais oublié ça. Putain ce que tu pouvais me faire chier avec tes maux de ventre, râle-t-elle en engloutissant son maki.

— Mais j'avais vraiment mal ! Se défend t-il.

— J'en doutes pas vu comment tu chouinais comme un bébé.

— Tu es horrible de te moquer de moi, ce n'est pas de ma faute.

— Moi me moquer ? C'est pas du tout mon genre.

— J'ai peut-être toujours un estomac fragile mais toi t'es toujours autant de mauvaise foi.

— Et encore, tu sais pas à quel point.

— Je plains sérieusement tes collègues.

— Ils m'adorent.

— Laisses moi en douter. »


     C'est étrange d'avoir une conversation « normale » avec Oikawa. Sans pleurs, sans reproches, ni même de rancoeur -bien qu'elle en a toujours énormément-. Mais ça lui fait du bien, c'est un semblant de normalité qui va durer seulement le temps ce déjeuner rapide dans la voiture de Seo. Ils savent bien qu'après les tentions referons surface.









⸻ ༄⠍ ✿ ⢡⸻








Vendredi 24 mai, 21h37.

« — Une heure et après on se tire, râle Seo.

— Oui madame, répond Johann. Ça va te faire du bien tu verras. »


     Elle lève les yeux au ciel, la pauvre voulait passer son vendredi soir tranquille devant la télé en pyjama à regarder des séries jusqu'à une heure du matin. Son doux et réconfortant programme est tombé à l'eau lorsque Johann lui ordonna de venir avec lui et quelques-uns de ses amis dans une boîte à Kabukicho. Et c'est en traînant des pieds qu'elle s'y rend, se sentant déjà fatiguée par tout ce monde et ce bruit. Peut-être que Johann a raison, peut-être que ça va lui faire du bien de boire un peu, de parler avec d'autres personnes et voir du monde mais surtout changer d'environnement. Lui faire oublier sa situation actuelle, son baiser avec Oikawa plus précisément.

     C'était il y a une semaine déjà et pourtant il ne fait que hanter son esprit. Touchant machinalement ses lèvres ou ne cessant de penser aux sensations que lui avait procuré ce baiser, la sensation des lèvres d'Oikawa sur les siennes.

     Ils arrivent à la table ou sont les amis de Johann, connaît plus ou moins de vue, certains plus que d'autres. Elle n'est pas en terrain inconnu mais passer une soirée avec eux l'ennuie déjà. Heureusement pour elle, ils ont de super cocktails ici, c'est déjà ça. Son Cosmopolitain aussi vite arrivé, aussi vite englouti. La jeune femme écoute les conversations fades des uns et des autres avec un désintéressement total, elle faisait au moins semblant, riant parfois et participant tant bien que mal à la conversation. Surtout quand il s'agit de leur patron.



« — Je sais pas comment tu fais pour le supporter tout les jours. Rien que de le voir passer occasionnellement au bureau me fou les nerfs, soupire Seo.

— Question d'habitude après il fait partie du décors, répond une des amies de Johann.

— Et encore, tu lui fais trop peur pour qu'il s'approche de toi, intervient Johann.

— Quoi ? S'indigne Seo. N'importe quoi toi.

— Tu rigoles ? Je sais pas ce qu'elle lui a fait mais devant elle il ose rien dire, dit-il aux autres. »


     Seo lève les yeux au ciel, trouvant cela absurde, selon elle c'est juste qu'il n'a rien à dire quand elle est là. Et puis pourquoi il aurait « peur » de Seo ? Elle aussi robuste que de la mousse, ce n'est pas qu'elle est maigre ou fine, mais elle n'a aucune force physique, donc elle se demande vraiment à qui va-t-elle faire peur ? Ils continuent de discuter tous ensemble, la jeune femme est un peu plus détendu comparé au début, enchaînant les shots et les cocktails.
     Elle doit être à son troisième cocktail ou quatrième, le compte comment à avoir du mal à se faire. Ne savant plus trop elle a laissé une des amies de Johann choisir à sa place. Cela fait quelques minutes qu'elles parlent toutes les deux. Elles discutent en refaisant le monde, l'alcool déjà bien présent dans leurs sang. Si bien que Seo entraîne Johann sur la piste de danse. Chose qu'elle n'aurait jamais fait en temps normal parce que la danse et elle ne font clairement pas pair. N'arrivant jamais à coordonner son corps ce qui fait qu'elle ressemble à un robot.






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4h30

     La nuit est passée à une vitesse folle, Seo et les amis de Johann ont enchaînés les verres et les shots sans même prendre en compte le prix exorbitant de ceux-ci. En plein milieu de la piste de danse, Seo est prise de vertige, se rendant compte d'à quel point l'alcool monte vite et d'à quel point il est fort. Titubant, elle prévient ses compères de danse et sort de la piste, en fait elle sort carrément de la boîte. Se mettant près du mur en respirant bruyamment. Doucement, elle se laisse glisser contre celui-ci, reprenant doucement son souffle et essayant de se calmer.

     Elle sort son téléphone pour se repérer dans le temps et manque de faire une syncope lorsqu'elle voit l'heure. Une folle envie de rentrer chez elle s'empare de son esprit, elle sait déjà que demain elle va avoir la gueule de bois. Même si cette soirée lui a fait beaucoup de bien, énormément même, elle c'est complètement lâchée et pour la première fois depuis plusieurs semaines, elle n'a pensé à rien d'autre que le moment présent.

     Sans réfléchir et en voyant le message d'Oikawa envoyé quelques heures plutôt, elle l'appelle, prise d'une folle envie de lui parler, d'entendre sa voix. Après plusieurs appels sans réponses, il finit par enfin décrocher.



De : Oikawa

Tout va bien ? Demande t-il la voix encore endormie.

Ça va, pouffe t-elle de rire, je te réveille ?

Il est presque cinq heure donc t'imagines bien que oui...

Désolée, rit-elle. J'ai pas vu l'heure... en fait si j'ai vu l'heure.

T'es sûr que ça va ?

Tu me fais pas confiance ?

De quoi tu parles ? Je te demande si ça va.

Mais je t'ai dit... que... je vais bien, articule t-elle avec beaucoup de mal.

T'es bourrée ?

Quoi tu vas me faire la morale ? Monsieur je pars en Argentine sans rien dire à personne.


     Un blanc s'installe entre eux, Oikawa ne répond pas, Seo se rend compte qu'elle a peut-être exagéré, l'alcool ne l'aide pas à la rendre plus sympathique. Et la frontière entre ce qu'elle peut dire et ne pas dire devient flou.



Pardon... j'aurais pas dû dire ça

Tu es ou ?

Dans une boîte au centre de Kabukicho.

T'es toute seule ?

Là oui, je suis allée respirer un peu.

Bouges pas, j'arrive.

Mais non pas la peine je vais bien trouver quelqu'un pour me ramener.

Oui moi, ne bouge pas d'ou tu es et envoie moi l'adresse par message.


Oikawa raccroche, Seo est prise d'un fou rire incontrôlable qu'elle essaye de camoufler pour ne pas que les gens autours pensent qui lui manque une case.
Sagement, elle suit les instructions d'Oikawa, lui envoyant sa positon et attendant patiemment son arrivée. L'alcool présent dans son sang la rend euphorique, rien qu'à l'idée de retrouver Oikawa dans quelques minutes, elle en est toute retournée. Comme une adolescente ayant son premier rencard.

     Après quelques minutes, plusieurs longues minutes où elle ne fait que divaguer entre ses pensées, une voiture s'arrête à son niveau. Elle lève la tête, et aperçoit Oikawa sortir du côté conducteur. Il fait le tour de la voiture et s'approche rapidement d'elle, se mettant à sa hauteur.


« — Est-ce que tu vas bien ? Tu n'as pas froid ? Demande t-il inquiet.

— Merci d'être venu.

— Je t'ai dit que je n'allais plus jamais t'abandonner.

— C'est vrai, dit-elle en souriant timidement.

— On y va ? »


     Seo hoche la tête, Oikawa lui tends la main et l'aide à se relever. Il lui donne son pull pour qu'elle puisse le mettre et porte ses affaires, la guidant au côté passager de sa voiture. Remarquant tout de suite l'état dans lequel elle est, incapable de faire le moindre mouvement sans pouffer de rire. Après l'avoir attaché et s'être assuré qu'elle est bien installée, il fait rapidement le tour pour rejoindre l'intérieur.


« — Je savais pas que tu conduisais, remarque Seo, affalée sur le siège.

— Je l'ai passé en Argentine.

— Tu en as fait des choses là bas on dirait, répond t-elle en tournant la tête vers la fenêtre.

— Je me suis pas mal remis en question.

— Ça te ressemble pas, pique Seo en tournant la tête vers lui.

— Tu insinues que je suis de mauvaise foi ? Demande t-il amusé.

— Non, je remarque juste que tu es différent maintenant.

— Toi aussi. »


Elle ne peut pas s'en empêcher, elle ne peut pas détacher ses yeux du visage d'Oikawa. L'alcool la rend faible et fait tomber toutes ses barrières comme du sucre.


« — Tu habites toujours au même endroit ?

— Oui. »


     Il hoche la tête, continuant de rouler dans le calme. Seo regarde les lumières de la ville endormie, comme une gamine émerveillée par les décorations de noël.
     Après quelques minutes, ils arrivent devant l'immeuble de la jeune femme.

     A peine arrivée chez elle, elle s'écroule dans le canapé en rigolant.


« — J'avais jamais réalisé à quel point il était confortable, rit-elle.

— Il est nouveau ?

— Ouais, j'ai changé un peu après ton départ. »


     Seo plane, une impression de volupté, comme si son corps n'est que plume et nuage. Oikawa pose les affaires de Seo sur le comptoir de sa petit cuisine. Il regarde autour de lui et remarque avec beaucoup de surprise que son appartement est très différent du souvenir qu'il a. Les murs ont changés de couleur, les meubles aussi ont changés, sa décoration et même la disposition de son salon.


« — Ton appart a beaucoup changé.

— Tu le trouve bien ?

— Oui, il te ressemble.

— J'espère que c'est un compliment, répond t-elle en s'asseyant. Restes pas planté là assieds-toi. »


     Face au comportement désinvolte de la jeune femme, Oikawa soupire, bien que la voir comme ça, joyeuse et intrépide lui fait du bien. Il se sent à sa place quand il est avec elle, il ne peut pas s'en défaire, quoi que cela lui en coûtera, s'il faut qu'il tienne dix ans à se faire envoyer balader, alors qu'il en soit ainsi. Il ne veut pas passer à autre chose, imaginer un futur sans elle est inconcevable pour le jeune homme.


« — Après ta disparition, j'ai tout changé ici, dit-elle en regardant son appart. Il y avait trop de chose qui me faisaient penser à toi et puis, j'étais en colère aussi.

— Tu étais ?

— Je le suis toujours, mais à l'époque j'étais surtout en colère contre tes parents.

— Mes parents ? Répète -t-il étonné.

— Oui, ils ne t'ont rien dit ?

— Non, pas que je sache en tout cas.

— Je suis allée voir ta mère, un mois après que tu sois parti, pour avoir des réponses et la seule chose qu'elle m'a dit c'est que si tu étais parti sans rien me dire c'est qu'il y avait une bonne raison. Ils ne m'ont jamais vraiment apprécié de toute façon, répond Seo en esquissant un sourire fade.

— Elle ne m'en avait pas parlé...

— Oui je m'en doute. »


     Après quelques secondes de silence, Seo pose brusquement sa tête contre l'épaule d'Oikawa en soupirant.


« — Ce que tu peux me gaver franchement.

— Pourquoi ? Demande Oikawa en soufflant un rire.

— Parce que tout allait parfaitement bien entre nous, j'avais beau y réfléchir et retourner le problème, j'arrive pas à trouver une raison valable pour partir du jour au lendemain sans donner de nouvelles ou d'indice.

— Tu as raison, tout allait très bien entre nous...

— Alors pourquoi ? Pourquoi tu es parti ? Réellement ? »


     Seo se tourne vers lui, un air à la fois sévère et sérieux sur le visage. Elle le regarde intensément, voulant connaître la réponse de cette question qui lui brûle les lèvres depuis près d'un an. Elle veut comprendre, elle va enfin connaître la raison.


« — J'étais dans une période de ma vie pro ou je ne savais plus ce que je voulais faire, je n'aimais plus le volley comme avant et je ne prenais aucun plaisir à y jouer. J'avais l'impression de rien valoir et le pire dans tout ça, c'est que ça m'était égal, j'espérais que mon genoux recommence à me faire mal juste pour avoir une bonne raison d'abandonner. »


     Oikawa est nerveux, c'est la première fois qu'il le dit à voix haute. Qu'il met des mots sur cette période sombre pour lui et pas seulement dans sa tête, il les prononce. Leur donnant une dimension encore une plus réelle maintenant.


« — Tu sais, je me suis toujours plus ou moins senti inférieur à tout le monde. Il y a tellement de bon joueur, qui n'ont qu'à s'entraîner quelques fois pour réussir. J'ai toujours dû redoubler d'effort et faire encore plus que les autres pour être un temps soit peu à la hauteur. Je pense, enfin j'en suis quasiment sûr que c'est à cause de ça que j'ai perdu goût à y jouer, depuis très petit déjà je ne voyais plus ça comme une activité mais comme quelque chose qu'il fallait absolument que je réussisse.

— Parce que tu te comparais aux autres ?

— C'est parce qu'on m'a comparé que j'ai commencé à le faire. J'en suis pas fier, mais j'étais surtout envieux, envieux de leur talent.

— C'est pas toi qui répète toujours que le talent ça se cultive ?

— Si, et je le pense mais c'est pas facile de l'appliquer à sois. Au lycée par exemple j'ai compensé le manque de confiance en moi, enfin, plutôt en mes capacités par une sur-confiance en moi. C'était plus facile de montrer cette facette la aux gens plutôt que l'autre.

— Je suis sure que je t'aurais détesté au lycée, répond t-elle amusée.

— Ça j'en doute pas une seule seconde... Quoique, tu sais j'étais vachement populaire au près des filles.

— Pourquoi ça ne m'étonne pas.

— Toi aussi tu aurais succombé, fais moi confiance, dit-il d'un clin d'œil.

— Probablement oui, ou peut-être qu'au contraire ça m'aurait repoussé.

— Je rassure je suis plus comme ça maintenant !

— Tu rigoles ? Souviens toi, à chaque fois qu'on sortait quelque part tu te faisais draguer dès que je te laissais dix secondes.

— Ça n'a pas changé malheureusement, répond t-il fier.

— Ça me rendait folle à l'époque, soupire t-elle. »


     Les deux jeunes adultes se mettent à rire légèrement, cette petite discussion avait réussi à détendre l'atmosphère.


« — Pourquoi est-ce que tu ne m'en as pas parlé Tooru ? Demande Seo après quelques secondes de silence. »


     Hébété, c'est le mot qui décrit parfaitement son état. Oikawa avait si bien caché son jeu qu'elle n'avait rien vu, rien du tout, il parlait du volley avec cette même fougue, jamais elle n'aurait supposé un tel état.


« — T'avais tellement de choses à gérer avec l'enterrement de ton père et puis tes études. Tu me soutenais tellement que je n'avais pas le courage de t'en parler. Sans le volley j'étais plus rien du tout, juste un mec comme ça.

— N'importe quoi, je ne t'aime pas parce que tu fais du volley, c'est complètement débile. Je t'aime pour ce que tu es, pour ta personnalité pas pour tes passions.

— J'ai vu l'offre en Argentine comme une dernière chance. Si après ça je n'y avais toujours pas goût alors j'arrêtai tout.

— Et du coup ?

— Tout va bien de ce côté là en tout cas, j'ai ouverts les yeux sur pas mal de choses là bas.

— Faut bien en tirer un avantage, dit-elle Seo.

— Oui sinon le voyage n'aurait servit à rien du tout.

— Mise à part ruiner notre relation, hoche la jeune femme. »


     Un moment de silence s'installe dans la grande pièce à vivre, Seo regarde dans le vide, essayant de regrouper ses pensées dispersées comme des électrons libres. Oikawa regarde la jeune femme, se disant que même dans cet état la, elle reste la plus belle personne qu'il n'est jamais eu la chance de voir et d'à quel point il est privilégié de pouvoir se tenir à ses côtés après tout ça. 


« — Seo, je me rends bien compte maintenant du mal que je t'ai fait, partir comme ça c'était totalement stupide. J'ai été égoïste car je n'ai pensé qu'à moi, je sais que des mots ne sont rien, mais je te promets de tout arranger, je fournirais les efforts qu'il faudra et je me prendrais toutes les réflexions du monde. Je te le prouverais. »


     La jeune femme tourne la tête vers lui, le regardant dans les yeux sans rien dire, cherchant les mots qu'elle pourrait répondre à ça et surtout les mots qu'elle est en mesure de prononcer. Rapidement, elle commence à devenir pâle, inquiétant le jeune homme.


« — Tout va bien Seo ?

— Je crois que je vais vomir. »


A peine ses mots prononcés qu'elle dégurgite tout ce qu'elle a pu boire et manger dans la soirée, sur le pantalon et les chaussures d'Oikawa. Elle relève légèrement la tête vers lui, essayant d'estimer les dégâts, les yeux rond par le choc.


« — Je suis désolée, pleuriniche t-elle. Je te jure que c'est venu d'un coup.

— Ce... c'est rien je t'assure, force t-il le sourire. »


     La blonde remarque bien que ça l'embête beaucoup malgré le sourire qu'il essaye de lui donner, elle se sent coupable, la seule chose qu'elle a pu lui répondre c'était un mélange d'alcool et de nourriture grasse. Rapidement elle se lève et se précipite dans la cuisine pour lui donner un torchon afin qu'il puisse se nettoyer un peu. Par réflexe il se dirige vers la salle de bain de la jeune femme sans rien lui demander.


« — Tu as besoin de serviette ou de quelque chose ? Demande Seo près de la porte close.

— Des fringues, j'en ai laissé chez toi non ?

— Ah oui... tes vêtements..., bégaye la jeune femme. »


     Un intense sentiment d'embarras s'empare de la jeune femme, par chance, Oikawa est derrière la porte et ne peut pas voir ses joues rouges de honte.


« — Un problème ? Demande t-il méfiant.

— C'est que.. pour tes vêtements... je les ai plus...

— Comment ça ? »


     Brusquement il ouvre la porte, faisant sursauter Seo. Vêtu d'une serviette autour de la taille et d'un simple marcel, il toise la jeune femme du regard, appréhendant ce qu'elle va bien pouvoir lui révéler encore comme information.


« — Je les ai vendu...

— Tous ?

— Oui... et j'ai brûlé le reste... »


     Ahuri, il se contente de regarder la jeune femme, la bouche entre ouverte. Ne pouvant cacher sa stupéfaction. La jeune femme tripote ses mains, se demandant comment est-ce qu'elle allait se sortir de cette impasse. Elle est pleinement consciente qu'Oikawa a le droit de lui en vouloir, mais elle se conforte en se disant qu'après tout, elle avait elle aussi toutes les bonnes raisons de faire ça.


« — T'as brûlé... mes fringues ?

— Oui... c'est vrai que dit comme ça, c'est horrible mais j'étais vraiment en colère à ce moment là... se justifie t-elle.

— Horriblement con je te l'accorde.

— Désolée.

— Fais c'est fait de toute façon, tu as même brûlé mon maillot du lycée ?

— Oui... »


     Oikawa soupire, bien qu'en posant la question, il se doutait déjà de la réponse mais voulait quand même s'en assurer. Dans un contexte différent de celui-ci, il aurait bien sûr été très en colère contre elle. Quand il réfléchit, il se dit qu'il l'a peut-être bien mérité après tout. Même si son maillot du lycée avait une valeur sentimentale pour lui.


« — Ne m'en veux pas, c'était le seul moyen que j'ai trouvé pour passer ma colère contre toi a l'époque...

— J'espère que tu as pu en tirer pas mal de yen au moins.

— Oui, ça m'a offert une superbe robe éthique, répond Seo en souriant.

— Je vais me rincer, je peux mettre mes affaires à la machine au moins ?

— Bien sur. »


.
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.


     Quelques minutes plus tard, Oikawa finit par sortir. Seo lui avait donné un t-shirt assez large pour lui. Il devait s'en contenter le temps que ses affaires soient sèches. Il entre dans la chambre en toquant et aperçoit la jeune femme couchée. Enfin, couchée est bien grand mot, elle est allongée sur les draps encore habillée. Le brun soupire en la voyant, se doutant qu'elle n'irait probablement pas travailler tout à l'heure au vu de son état. Observant la chambre autour de lui, il remarque qu'elle aussi a changer, là où il y avait des photos d'eux, il n'y a aujourd'hui plus rien. Aucunes affaires, cadeaux ou meme photos, il a totalement disparu de son appartement, exactement comme il a disparu de sa vie. En faisant le tour, il aperçoit une carte postale coincée dans le cadre de son grand miroir. Avançant vers celle-ci un sourire aux lèvres, il reconnaît directement cette carte, sa carte, celle qui lui avait envoyé il y a quelques mois. Lui écrivant à quel point il était fou d'elle et à quel point elle lui manquait. C'est la seule chose que Seo a conservé de lui.










⸻ ༄⠍ ✿ ⢡⸻










Vendredi 21 juin, 12h24.

     Voilà maintenant presque deux mois qu'Oikawa est réapparu dans la vie de la jeune femme. Il avait tout chamboulé, détruit le mur qu'elle s'était construite et remis en question tout son avenir. Mais maintenant, avec du recul et quelques semaines pour penser, elle l'admet : imaginer un avenir avec lui est envisageable pour elle et à vrai dire, c'est ce qu'elle aimerait. Après cette soirée catastrophique elle lui avait vomi dessus, ils ont eu l'occasion de parler, de s'excuser et de dire tout ce qu'ils avaient sur le coeur. Chose qui était inconcevable pour elle il y a deux mois.

    Elle doit avouer une seconde chose également, depuis qu'il est là, elle se sent beaucoup mieux. Ses journées et ses semaines sont plus radieuses, évidement, rien ne sera plus jamais comme avant, et il va falloir encore du temps pour qu'elle puisse pleinement lui faire confiance, mais elle essaye, elle essaye de toutes ses forces d'avancer vers lui. Seo a aussi après réflexion mis fin à toute relation ou plausible relation avec Yori. C'est quelqu'un de très bien alors elle a tenu à être transparente avec lui. Ça ne c'était pas aussi bien passé qu'elle l'avait imaginé mais c'est sans doute la fatalité.

Fermant son bureau à clé pour le week-end, elle se faufile entre les bureaux de l'open space pour dire au revoir, elle a pris son après-midi alors c'est toute heureuse qu'elle se rend à l'accueil. Voyant qu'Oikawa est déjà là, assis bien sagement à l'attendre, elle salue Obarahime et marche vers lui.


« — Tu es prête ? Demande Oikawa.

— Oui, j'ai réussi à tout boucler à temps.

— Tu t'es surpassée, ironise t-il en se levant.

— Je sais. »


Tout les deux se dirigent en discutant vers l'ascenseur, ils partent tout les deux passer un week-end en pleine nature. Dans un joli petit village non loin de la capitale mais assez pour être dépaysé, Oikawa avait tout organisé, sinon Seo n'aurait jamais sauté le pas et il le sait, elle avait déjà beaucoup hésité avant d'accepter ce week-end alors pouvoir enfin le passer rempli le coeur du garçon de joie, une joie immense et timidement grande.
Le brun sait qu'il ne doit pas la brusquer et n'espère rien de ce week-end si ce n'est passer du temps avec elle, il va falloir prendre son mal en patience car la brusquer est tout ce qu'il ne veut pas faire, néanmoins, le temps lui est compté, il va bientôt, d'ici la fin de l'été devoir retourner en Argentine pour reprendre ses entraînements avec son équipe. Seo ne le sait pas encore et c'est ce qui l'angoisse encore plus, il ne veut pas qu'elle se sente abandonnée une nouvelle fois car tout est et sera différent maintenant. L'idéal pour lui aurait été qu'elle le suive, mais ça serait trop lui demander pour le moment, alors il s'adaptera à celle qui l'aime et attendra le bon moment.

Après plus d'un an sans elle, la perpective de devoir la quitter dans quelques petits mois est pour lui une source d'anxiété. Enfin, l'été n'est pas encore là, il peut bien attendre encore un petit peu avant de lui annoncer.


« — A quoi tu penses ? Demande Seo en le regardant.

— Pas grand chose.

— Pas grand chose mais assez pour ne pas m'entendre ? Questionne t-elle en levant les sourcils.

— Il faut croire oui, répond Oikawa en lui souriant. »














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