Le bruit des étoiles

Écoute.

Écoute ce silence qui n'existe pas.

Allonge-toi dans l'herbe fraîche, mélange tes atomes à ceux de la Terre qui te porte, et observe la vie qui brille à des milliards de kilomètres.

Pose toutes les questions qui te tracassent. La lune te répondra.

Tends l'oreille.

La nuit te chante sa plus belle mélodie.

Sens sur tes lèvres la caresse de l'univers. Ses doigts qui s'entremêlent aux tiens. Son cœur qui bat, bat, bat en rythme avec celui des choses mortes.

Écoute.

Rien ne prend plus de place que le vide ; rien n'est plus assourdissant que le silence. La vie est faite de paradoxes qui ne peuvent s'expliquer et ne peuvent que se ressentir. D'émotions qui ne peuvent être décrites autrement que par des astres. D'instants qui font naître des aurores boréales sur le bout de la langue. De gens qui changent la couleur des mots.

Écoute, écoute – entends-tu les prophéties du dieu renard qui se cache dans la forêt ? Les comptines de cette chouette vieille de mille ans ? Est-ce que tu entends les prières de tes ancêtres continuer de te protéger ?

Ouvre grand les yeux et regarde, toute cette poésie qui bouillonne en toi, tous ces pas de danse qui te donnent le tournis. Est-ce que tu vois que l'orage en toi nourrit les jeunes pousses de demain, qu'il dessine des arcs-en-ciel dans les vallées oubliées de ton monde ? Est-ce que tu entends les cris de ce bébé qui vient de naître, le soupir de ce centenaire qui ferme les yeux pour la dernière fois ?

Écoute – les fraisiers chantent à l'aube, et pleurent une fois le soir venu. Entends-tu le murmure des étoiles qui les consolent ?

Leur écho résonne dans le cliquetis doré de cette tasse de thé. Les citrons sifflotent un air de printemps. Le soleil donne le sourire aux oiseaux, et quelque part, un chat s'endort en ronronnant. Derrière la flûte virevoltante du hasard, la symphonie de tes couleurs a commencé à faire fondre le glacier de mes doutes.

Écoute.

Des galaxies naissent dans ma poitrine, là où je n'entendais que le grincement sinistre d'une corde alourdie par le chagrin. Des fleurs ont éclot autour de cette tombe creusée à la va-vite, dans la hâte les larmes, pour cacher une mort un peu pressée d'arriver. Je comprends enfin que si la vie m'a tout pris, c'était uniquement pour tout me rendre. Que si les gens partent, c'est pour laisser la place à ceux qui restent.

Que si le vide est aussi immense, c'est pour pouvoir accueillir le hurlement des supernovas qui sommeillent en nous.

Retiens ton souffle et écoute. Est-ce que tu te souviens de toutes les vies qu'ont vécus tes atomes depuis le Big Bang ? De tous les chagrins, tous les amours, toutes les fins ? Écoute, écoute – est-ce que tu sens ton cœur battre sous tes côtes ? Le bout de tes doigts picoter ? –, je crois percevoir au loin les sabots du cheval de la grâce. Il marche sur une toile gigantesque de fils de laine. À chaque pas, les fils se croisent et se décroisent, s'assemblent et se cassent. Le destin en personne approche. Entends-tu le bleu de son hennissement immortel ?

Écoute les étoiles, elles seules savent la vérité la plus pure. Elles détiennent tous tes secrets en leur sein, comme des mères et des sœurs, comme des parties de toi d'autrefois qui se sont juste un peu éloignées. Si tu retiens ton souffle quelques secondes et les écoutes – tu peux l'entendre.

Le bruit des étoiles.

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