1
Nina épuisée, s'essuya le front du dos de la main et souffla Lassée et harassée par sa journée de boulot. Cette dernière était complètement folle. C’est à croire que toute la ville s’était donné rendez-vous sur son lieu de travail. Chacun d’eux ayant des demandes plus incongrues les unes que les autres ; recherche d’un parent disparu ou bien alors la nouvelle identité d’un proche parti refaire sa vie à l’autre bout du globe.
C’est à croire que suite à une expérience qui aurait mal tourné, deux têtes et quatre bras lui avaient poussé durant la nuit.
C’est ainsi que sa journée s’écoula, sollicitée sans relâche, d’un côté comme de l’autre, les oreilles bourdonnant, d’entendre sans cesse des « mademoiselle, s’il vous plaît .. », « Madame, mettez-vous à ma place … ».
Le point de rupture était tel que sa tête n’allait pas tarder à exploser. Quand tous les civils furent partis, c’est sans aucune grâce qu’elle se laissa tomber sur un fauteuil, échouée telle une baleine sur un banc de sable, arasée par la fatigue, la respiration aussi bruyante que celle d’un bœuf, elle fût soulagée de cet instant de solitude. Massant sa tête de ses deux mains, dans l’infime espoir de calmer l'agitation due aux dizaines de voix se répercutant encore au fin fond de sa boîte crânienne.
C’est un froid glacial à en congeler un manchot, qui l’accueillit à l’extérieur. Si, si, je vous jure, parole de femme.
Prévoyante, Nina avait opté le matin même pour une doudoune, une paire de moufles, une écharpe et un bonnet en laine d’alpaga. Frileuse de nature, elle avait horreur des températures négatives.
Son travail aux archives de la police de New York était plutôt calme, peu de monde s’y rendait, lui permettant ainsi de passer des journées dans une solitude plus que salutaire. De nature serviable et aimant par-dessus tout son travail, Nina se donnait pour mission, d’aider les personnes qui se présentaient à elle jusqu’au bout de leur démarche,son côté enjoué attirait même ses collègues, qui n’hésitaient pas à descendre la voir pour effectuer des recherches bien spécifiques pour le bien-être de leurs enquêtes.
Justement, quand on parle du Loup, on voit la queue, hum hum petit moment d’égarement ; donc comme je disais… un jeune inspecteur s’approcha, sourire aux lèvres, une démarche sûre, un air qui doit sûrement ce vouloir charmeur plaqué sur le visage. Malheureusement pour lui, s’étant relevée pour ranger les derniers dossiers éparpillés sur son bureau, elle ne le vit pas… et heureusement, car sinon son image de l’homme, le vrai, en aurait pris un sacré coup.
Nina frôla l’arrêt cardiaque quand elle sentit une main se poser sur son épaule.
- Oooohhh purée ! Mais ça ne va pas Max, de me faire une peur pareille ! S’énerva-t-elle, agrippant sa poitrine, le souffle court. Pendant qu'elle reprenait sa respiration, son cœur battant à un rythme effréné, elle le vit esquisser une moue plutôt sarcastique avant qu’il ne lui réponde avec désinvolture…
- Tututu ma petite Nina… Toujours aussi rêveuse !
- euh.. non pas vraiment, j'étais en train de terminer de classer les dernières affaires du jour ! Mais dis-moi, qu’est-ce que tu me veux ???
- Je souhaitais juste t'inviter à manger figure toi ! argue-t-il
- Ah bon ? répondit-elle suspicieuse.
- Et pourquoi pas !?!Je peux inviter une amie à déjeuner, non ?
- euh.. bah oui ! Dit-elle en regardant la pendule du coin de l'œil située sur le mur, cette dernière affichant midi.
Nina le regarda droit dans les yeux, le sondant, essayant de voir si cette invitation était bien celle d'un ami et non une tentative dissimulée.
Max soupire excédé, piétinant nerveusement, en comprenant qu'elle doute de ses réelles intentions, ses dernières étant exclusivement motivées par une unique chose....ELLE !
- Promis ! Juste un déjeuner, rien d’autre.
- Vraiment rien d’autre ???
- oui, rien d’autre.
- Ok ! dit-elle en prenant son sac à main, tout en passant la bandoulière par-dessus sa tête.
- On est parti alors !
Max croyant avoir déjà gagné des points, se pencha, lui faisant signe de la main de passer devant lui ; ce qu’elle fit, avançant le regard baissé vers le sol jusqu’à la porte de son bureau. Mais un sentiment de malaise la gagna et la fît s’arrêter.
- Pfff tu ne changeras jamais Max, c'est plus fort que toi !
- Quoi ? fit-il innocemment les sourcils levés, surpris qu'elle se soit rendu compte de quelque chose.
- À l'instant.. tes yeux ! gronde-t-elle les dents serrées.
- Désolé Nina, mais je suis un hétéro, donc....
- pfff, tu es vraiment nul quand tu t’y mets ! avoue-t-elle sans ambages.
- Nina, tu es une belle femme, n'en doute jamais ! Et perso, j’aime les belles choses ! Et toi Nina, tu es magnifique …
- Arrête !!!! dit-elle sèchement, fatiguée de son numéro de charme.
- ok, j’ai compris, j’arrête ! Pour me faire pardonner je t‘emmène chez Gino.
- Chez Gino ?!? Vraiment ?? J’adore ses calzones ! s'exclame Nina
- Je sais, c’est bien pour ça que je t’y emmène ! Allez maintenant avance petite chose …
- Eh, je ne suis pas petite ! dit-elle offusquée.
Max, les mains dans les poches, hausse nonchalamment des épaules l'air de rien.
- Mais oui, si tu le dis !!! pouffe-t-il. Prends ta veste on s'arrache de là …
Nina prit sa doudoune et ouvrit la porte pour sortir, suivit de max. Ils marchèrent côte à côte jusqu’au resto italien, situé quelques rues plus loin.
Et c’est en bon gentleman que Max devança Nina pour lui ouvrir la porte.
- Merci mon brave.
- De rien, gente dame. Un serveur les salua et leur proposa une des tables situées au fond du restaurant. Une fois bien installé, il leur donna le menu et s’en alla, leur laissant le temps de choisir.
- Nina ? L’interpelle-t-il sérieusement, tout en croisant ses doigts sous son menton, la sondant visuellement.
- Pourquoi... pourquoi ne me crois-tu pas quand je te complimente !! Depuis le temps que l’on se côtoie, tu connais bien mes penchants pour les femmes, surtout si elles sont à mon goût ! Même si c’est pour une nuit, j’aime les belles choses ! Et je peux te dire Nina, que tu es une femme splendide, et je pense ne t’avoir jamais menti.
- Max… Arrête ! Tu sais très bien que je n’aime pas être une « m'as-tu-vu ». Je pensais que toi aussi tu me connaissais maintenant !
- Adorable ! Tu es vraiment adorable ma petite Nina … Et surtout ne change rien, tu es parfaite telle que tu es ma belle !
- Merci Max ! Dit-elle rougissante. Max la regarde tendrement, un sourire jusqu'aux oreilles.
- t’as choisie ? Dépêches-toi, j'ai faim …
- oui ! calzone.
Max lève les yeux au ciel, faussement blasé,
connaissant son choix par avance et effectivement elle restait toujours fidèle à celle qu’elle était.
La commande passée, ils discutèrent de sujet léger jusqu’à l'arrivée des plats. Ils mangèrent en continuant leur conversation, dans la joie et la bonne humeur, comme de vrais amis.
Nina leva la tête en direction de la pendule, qui affichait 19 heures. C’est plein d’entrain qu’elle éteignit les postes informatiques destinés à la recherche, rangeant les derniers papiers traînant ici et là. Une fois toutes ces tâches terminées, elle put attraper son sac à main, éteindre les lumières et enfin fermer la porte de son bureau à doubles tours.
Le chemin menant à la sortie traversait l’open espace où travaillaient encore certains collègues, qu’elle salua d’un levé de bras et d’un « Bonne soirée » général. Nina courut vers sa voiture, et, au moment d'ouvrir la portière, une main aux ongles manucurée la stoppa dans son élan, suivi d’un timbre de voix des plus sensuels.
- Tu n’oublies personne.
- Non ! Dit-elle taquine
- Sympas les copines. Nina se retourna et vit sa meilleure amie Carlita.
- Amies ?!? Voyez-vous ça très cher…
- Ouais paraît-il ! dit Carlita en lui pinçant le bras.
- Aïe ! Non mais tu es folle ! Répondit Nina tout en se frottant le bras en se frottant le bras. Ça fait un mal de chien !
- Alors ?? dit Carlita
Nina attrapa son bras, tira un coup sec et l'enlaça en lui claquant une grosse bise sur la joue.
- À demain Carli !
Carlita lui rendit sa bise en écrasant à son tour sa bouche sur sa joue.
- À demain Nina !
Carlita s'écarta et laissa Nina pénétrer dans sa voiture, où la température avoisinait les – 20 °C
- Bordel ….crie-t-elle.
- Quoi ??? se moque son amie. Aurais-tu froid par hasard ??
- Va si fou toi de ma gueule connasse.
Carlita éclata de rire, sous l’apparence abattue de son amie. Nina quant à elle démarra, fit marche arrière et partit sur le regard tendre et taquin de Carli.
Heureuse d’avoir fini sa journée, elle fila au drugstore prendre des marshmallows et des brownies pour sa soirée Netflix.
Arrivée à son appartement, petit mais douillet, faute de pouvoir se payer mieux pour le moment avec son seul salaire d’archiviste. Ce dernier était décoré à son image, simple, chaleureux et cosy. On était loin de la décoration affichée dans les magazines mais cela lui importait peu car il était tout ce qu’elle a toujours rêvé d’avoir, un chez elle ou elle se sent bien.
En pénétrant dans son couloir, elle fut prise de court par une boule de poils qui décida de se faufiler entre ses jambes, lui faisant perdre son équilibre. Déboulant dans sa pièce de vie tout en essayant de se rattraper à quelque chose, quand sa main s’accrocha de justesse à ce qui semblait être son îlot de cuisine
- WILLO !
- Miaouuuu rrrrhhhh
Soufflant de soulagement, elle caressa le poil soyeux de son chat, angora de son état. Un pelage d’un noir profond aux reflets bleutés, sans oublier ses yeux couleurs ambrés
- Ce n'est pas gentil ce que tu viens de faire Willo ! gronda-t-elle.
Le chat lui donna un léger coup de patte puis parti complètement indifférent au ressenti de sa maîtresse, préférant le confort de son panier.
- Je me doute que tu as faim, mais je n’y peux rien si je finis tard ! N’oublie pas que c’est grâce à mon boulot que tu as une gamelle bien remplie, espèce de petit ingrat !!!
Malgré les réprimandes de sa maîtresse, Willo ne bougea pas d’un poil
Nina a toujours été une jeune femme facile à vivre. Elle n’a jamais été en conflit avec qui que ce soit, pas même avec un voisin.
Cela fait un moment que la solitude est devenue son quotidien, n’ayant plus ses parents à ses côtés pour la conseiller et la soutenir dans sa vie personnelle. Il lui restait uniquement un demi-frère, Franck pour les intimes, lui téléphonait de temps à autre pour prendre des nouvelles et avoir un semblant d’implication dans sa vie.
Installée sur un tabouret devant son îlot, elle fut vite ramenée à la réalité quand son téléphone sonna. Le retour au réel étant trop brusque, elle manqua de s’affaler au sol, s’accrochant encore une fois in extremis à l’îlot.
-allo !! Max ?? Qu'est-ce que tu veux ??
- Je voulais savoir ce que tu faisais ce week-end ??.
- Pfff tu deviens vraiment collant à la longue …
- non
- si !! Bon accouche, dis-moi pourquoi tu veux savoir ce que je compte faire ?!?
- ça te dit une boîte.
- De quoi ?? De conserve ??
- T’es sérieuse ?? mais non, petite idiote !
- Si moi petite idiote, toi grand nigaud ! Et non pas intéressé …
- Promis, je t'emmène et te ramène.
- Je me demande comment font les autres filles pour te supporter ! Tu es un véritable casse-gouilles, pire qu’une gonzesse !
- Alors toi je te retiens et tu vas me le payer ! répond-il faussement irriter
- Ok pour vendredi 22 heures !
- Soit prête et à l’heure, compris ??
- ok, ok mais si c'est comme la dernière fois, je me tire vite fait ….
- Arrête tes bêtises ! Je te dis bonne nuit et surtout ne rêve pas trop de moi !!!!
- Prend pas tes rêves pour la réalité don juan ! tchao …
- Ouais tchao !
C’est sur ces derniers mots que Nina raccroche, encore amère de s’être sentie obligée de sentir vendredi soir. Elle qui n’aime pas le bruit, elle est servie.
Ne se laissant pas abattre, elle descendit de son tabouret et commença la préparation de son repas, qu’elle engloutit dans la foulée. S’ensuivit une bonne douche bien chaude pour décontracter les nœuds présents partout sur son corps, suite à ses longues journées de travail.
Il ne fallut pas longtemps à Nina pour tomber de fatigue, et c’est aidé des caresses prodiguées à son fidèle Willo qu’elle sombra dans les bras de
m
orphée.
¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
Corrigé par audrey
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top