Grand frère

                          

                                     

— On n'a plus de pop-corn, marmonné-je, allongé dans le canapé, entre les jambes de Hyunwoo.

— Tu veux que je sorte en acheter ?

— Non, ça va. De toute façon, on est bientôt à la fin du film.

                                

Je n'arrive plus à garder les yeux ouverts. Ainsi installé, les bras de mon petit ami autour de mon torse, son corps derrière le mien, sa chaleur m'apaise bien trop. Je ne suis pas si fatigué, pourtant, je n'arrive pas à m'empêcher de sombrer.

Une sonnerie de notification me sort de mon état semi-conscient.

                              

— Ah, bonne nouvelle, Byun revient ce soir de sa formation, marmonne mon amoureux.

— Oh, parfait ! Je pourrai le voir demain, dans ce cas !

— En parlant de ça, il me dit que huit jours éloignés de toi étaient l'Enfer et qu'il ne peut pas attendre plus longtemps.

— C-comment ça ?

— Il vient de faire une pause pour écrire le message, mais pour faire simple, il arrive dans dix minutes.

— P-pardon ?

                        

Oh mon Dieu, mais !

Non, non, ce n'est pas possible !

Je me redresse et me tourne vers Hyunwoo, complètement affolé.

Ce n'est pas possible, pas possible du tout !

                       

— Tu n'es pas content de revoir ton petit ami ? souffle-t-il, timidement.

— Si, c-ce n'est pas ça le problème.

— Qu'est-ce qui se passe, dans ce cas ?

— Hyunnie, mon amour... Ça fait plus de trois mois maintenant qu'on vit comme ça, tous les trois. Le truc c'est que...

— Dis-moi.

                      

Oui... Glisse ta main dans mes cheveux, tu as raison. Tu sais combien ça m'aide lorsque je panique de cette façon.

Bon sang...

                       

— Nous n'avons jamais été ensemble dans la même pièce, marmonné-je. Je ne suis pas prêt pour ça... Hyun, je ne suis pas certain de survivre à ça.

                    

Il rigole !

Cet idiot rigole, alors que je sais que je vais m'évanouir !

Ce n'est pas possible, ça va être déstabilisant, gênant... Comment je vais devoir me comporter ? Comment ça va se passer ?

Oh mon Dieu !

                               

— Hey, calme-toi mon ange, tout va bien se passer, confie-t-il, de ses grandes mains placées contre mes joues. Tu as juste peur parce que c'est nouveau, mais agis comme d'habitude, d'accord ? Ça va être bizarre au début, mais on s'y habituera vite, tu verras... N'oublie pas que nous ne sommes pas comme les autres. Tout ira bien, d'accord ? N'aie pas peur d'être toi-même et agis comme tu le ferais en temps normal, mmh ? Ne te force pas et surtout, ne tente pas de réfréner tes émotions ni tes envies, ok ?

— Mmh, d-d'accord. Je t'aime.

— Moi aussi je t'aime, mon amour, sourit-il, avant de poser ses douces lèvres contre les miennes.

                         

La porte d'entrée qui se déverrouille me fait violemment sursauter.

Il a une clé de mon appartement, j'aurais presque oublié.

Je me décolle de mon petit ami, plonge une dernière fois mon regard dans le sien, et me lève avec lenteur lorsque je le vois si heureux et serein.

Tout va bien se passer...

Sois toi-même, Hoseok.

Tu vis ta meilleure vie depuis plusieurs mois, alors continue comme ça.

Profite de ce que ces deux êtres hors du commun on a t'offrir.

Mes pas sont lents, beaucoup trop lents. Je suis perdu dans mes pensées, mais lorsque mes prunelles tremblantes d'appréhension croisent celles, enjouées et amoureuses, de mon petit ami, tout s'évapore en un instant.

Je supprime les centimètres qui nous séparent et plonge directement sur lui, pour l'embrasser avec passion.

Mes bras sont autour de sa nuque, tandis que les siens sont fermement enlacés autour de mon torse. Ses lèvres sont froides, mais cela ne m'aide pas à faire descendre ma température corporelle.

                  

— Bon retour, murmuré-je, après m'être décollé.

— Tu m'as tellement manqué, souffle-t-il, le front collé au mien.

— Tu n'imagines pas comme tu m'as manqué, toi aussi.

                       

Son nez est à présent collé à mon cou. Le froid de la nuit, collé à ses vêtements, finit petit à petit par le quitter.

                      

— Bon retour, petit frère, entends-je, dos à moi.

                 

Byun quitte mes bras avec lenteur, pour faire correctement face à son jumeau.

L'estomac noué, je fais la même chose et ne peux m'empêcher de rougir atrocement, le regard fuyant, lorsque je me rends compte que les deux hommes qui partagent ma vie sont dans la même pièce.

Ils se ressemblent tellement. C'en est presque effrayant. La génétique est fascinante.

Ils sont si beaux, si parfaits. Et j'ai ces deux êtres pour moi seul. Qu'ai-je fait, dans mes vies antérieures, pour mériter un pareil miracle ?

C'est insensé...

                      

— Nous n'avons que trois minutes de différence, arrête de faire le malin, rouspète mon petit ami tatoué.

— Trois minutes ou trois ans, tu me dois le respect, petit.

— Ne me cherche pas, hyung.

                                      

Je ne les avais jamais vus ensemble... Je paniquais tellement à l'idée de les avoirs dans la même pièce, je ne pensais tellement qu'à moi et mes émotions, que je n'avais pas pensé à eux, une seule seconde. J'ai toujours voulu les voir ensemble, pour voir de mes propres yeux, combien ils sont la moitié de l'autre.

Ils sont tout simplement magnifiques.

Planté au milieu du hall d'entrée, je les observe se défier du regard. Plus rien n'existe, à part eux deux. Autant pour eux, que pour moi.

Hyunwoo finit par rire bruyamment, tout en enlaçant sans délicatesse la nuque de son "petit" frère.

Je les regarde ainsi s'éloigner et rejoindre le canapé, heureux comme jamais.

                           

— Tu viens, mon amour ? pose Hyunnie, une fois assis.

                            

Est-ce que mon coeur s'est arrêté de battre ?

Non ?

Parce qu'on dirait.

Ils me regardent, tous les deux, avec tant d'amour dans les yeux...

Bordel de merde... Comment est-ce possible ?

Je m'avance, les jambes légèrement tremblantes, et ne peux enlever mon regard de ces êtres éblouissants. Je ne cesse de passer de l'un à l'autre et plus j'avance, plus ma poitrine me fait souffrir. Ils m'ont laissé une place, juste au milieu...

Je ne vais pas bien. Pas bien du tout.

Cette situation est encore plus irréelle que le fait de sortir avec deux hommes en même temps.

De sortir avec des jumeaux...

Je n'ai même pas le temps de poser une fesse sur le cuir du sofa, que déjà, Byunwoo entoure mes hanches de son bras, pour me rapprocher de lui. Son nez glisse à nouveau dans mon cou et je peux sentir le regard de Hyun posé sur nous.

Mon coeur bat vraiment très, très vite, ça commence à me stresser quelque peu. J'ai la tête qui tourne pas mal aussi, ce qui ne m'aide pas à me calmer.

               

— Moi qui pensais que j'allais être celui qui te manquerait le plus.

— Tu as vraiment cru ça ? pouffe le boulanger, entre deux baisers contre mon cou.

                             

Cette situation me rend bien trop mal à l'aise !

Je pensais qu'on allait juste discuter, ou je ne sais trop quoi, mais là... Byunwoo est en train de se laisser drôlement aller et savoir Hyunwoo à côté de nous, en train de faire la conversation comme si de rien n'était, ne m'emballe pas du tout.

                    

— Nous ne nous sommes quitté que très rarement durant notre vie. J'aurais pensé que je te manquerais plus que ça.

                         

Le ton amusé dans sa voix me prouve qu'il ne fait que plaisanter, mais je trouve ça bien trop adorable malgré tout.

Leur relation est vraiment très belle.

                                      

— Ne sois pas triste, Hyunnie. Bien sûr que tu m'as manqué, toi aussi.

— Mouais, je n'en suis plus si sûr... Peu importe, au moins, j'ai pu profiter de mon petit ami durant toute une semaine, le charrie-t-il.

— Fais attention à ce que tu dis, Monsieur le Grand frère, gronde le boulanger. Parce que je pourrais très bien t'enlever mon petit ami pendant toute une semaine, pour me venger et pouvoir rattraper le temps perdu.

— Je te rappelle que nous avons fait du judo tous les deux, grogne le plus vieux.

— Où tu veux, quand tu veux, Cher Frère.

                 

Ils se défient à nouveau du regard, d'un sourire qu'ils essayent durement de cacher.

Le bras de Byunwoo me maintient toujours avec force, mais ça ne me gêne plus.

Ils sont bien trop à l'aise, l'un avec l'autre. Ils parlent de moi avec une aisance que je ne pourrai jamais comprendre. Ils m'épatent, me fascinent. Je ne les comprendrai jamais et peu importe, finalement. Parce que leur relation inégalable et inexplicable, me permet de vivre un rêve éveillé.

                    

— Et mon avis, est-ce qu'il ne compte pas ? râlé-je à mon tour.

                          

À tour de rôle, je les observe me fixer, de ce regard tendre et amusé que j'aime par-dessus tout.

                           

— On sait que tu voudras toujours trouver une certaine égalité, mon amour. On connaît déjà ton avis.

— C'est pour ça que c'est plus amusant quand on décide sans toi, me taquine Byunwoo.

— Vous voulez que je m'en aille, aussi ? tenté-je alors, taquin à mon tour.

                

Ça y est, c'est maintenant vers moi que son dirigées leurs prunelles emplies de défi.

Mon amoureux tatoué profite de cet instant de silence pour lover à nouveau le visage dans mon cou, tandis que mon amoureux sans encre sur la peau, lui, s'approche, attrape mon menton pour me tourner vers lui, et m'embrasse chastement.

Ainsi, collé à ces deux hommes merveilleux, je profite de cette chaleur et de cet instant indescriptiblement parfait qu'ils m'offrent, avec sincérité et amour.

Je suis le plus heureux des hommes. C'est une certitude, désormais.

Nous finissons par nous installer plus confortablement dans le canapé et je me laisse aller à mes envies, comme me l'a si bien suggéré Hyunwoo. Je me blottis contre le corps de Byun, la tête contre son épaule, son bras toujours autour de mes hanches, et glisse la main dans celle de son jumeau.

J'ai vraiment du mal à me dire que cette situation est réellement en train de se dérouler, mais je suis tellement heureux d'avoir retrouvé mon petit ami, parti en formation bien trop loin de moi, que je n'arrive plus à en être intimidé. Je suis trop heureux. Hyunnie a raison, je ne dois pas cacher mes envies et émotions. Je dois profiter de ces instants qu'on chérit tous les trois avec sincérité.

C'est donc par habitude que je finis par m'endormir.

Lorsque je me réveille, je remarque que ma position a changé.

Inconsciemment, je me suis tourné, ai enlacé le torse de mon vendeur préféré, la tête nichée dans son cou, alors que mon boulanger favori, lui, a sa douce et chaude main collée à ma cuisse.

C'est ça qui m'effrayait le plus, je pense... Sembler plus proche de l'un et ainsi, rendre l'autre triste ou déçu, voire même jaloux.

Mais pourquoi j'arrive encore à penser ce genre de choses ?

Je ne suis pas encore totalement habitué à tout ça. Je me suis fait à l'idée d'avoir deux petits amis, mais pas à l'idée qu'on puisse être à trois, dans la même pièce. C'est bête pourtant, parce qu'il fallait s'y attendre, mais bon, je suis comme ça. Toujours à penser à trop de choses, trop de choses négatives, alors qu'ils n'arrêtent pas de me répéter combien ils sont heureux et combien ils ne gâcheraient cette relation pour rien au monde.

De toute manière, comment puis-je un jour, réellement m'habituer à tout ça ?

Ils sont si parfaits, si bienveillants, et moi ? Je ne sais pas si j'arrive réellement à leur offrir ce qu'ils méritent, mais il semblerait que ce soit le cas.

Je vais donc continuer de vivre avec eux à mes côtés, jusqu'à ce qu'ils se lassent de ma petite personne.

                  

— Je suis mort de fatigue, râle Byun, en se levant.

—  Et tu ne sembles pas être le seul, pouffe son frère.

                         

Les yeux encore à moitié clos, je fronce les sourcils et tourne la tête en sa direction, après m'être redressé.

                          

— Tu te moques de moi ? marmonné-je.

— Un peu, mais ne boudes pas, mon amour, tu sais que j'aime te taquiner, sourit-il, avant d'embrasser chastement mes lèvres.

— C'est moi le pro de la taquinerie ! s'enquit ensuite l'autre, tout en se dirigeant vers ma chambre.

— Oui, ça, je confirme.

                       

Avant même que je comprenne ce qui est en train de se passer, Hyunwoo est debout, face à moi, et me tend la main. Je la prends, l'esprit encore un peu embrouillé, et le suis vers ce que je comprends, petit à petit, être la chambre.

Mon coeur bat alors à toute vitesse, me coupant le souffle, et les yeux grands ouverts, j'observe Byun déjà allongé dans mon lit.

Pardon ?

Mais ?

Non... Non, non, non. Oh mon Dieu, non !

                    

— Tu vas dormir devant la porte ? pose le tatoué, alors que son frère glisse à son tour dans le lit.

                                 

Je vais m'évanouir.

Il faut que je prenne l'air, ou je ne sais pas, mais il faut que je fasse quelque chose...

Respirer déjà, ce serait pas mal...

Rien ne va.

Les jumeaux sont allongés dans mon lit. Ils m'ont encore laissé une place, au milieu. Ça ne va pas, je ne suis pas habitué à tout ça, c'est trop, bien trop.

Ils me regardent tous les deux, avec leurs regards interrogatifs et amusés à la fois.

Ils sont impressionnants.

Magnifiques, éblouissants, irréels. Bien trop, eux...

                           

— Je suis fatigué, petit coeur, s'il te plaît, rejoins-nous.

                                      

Le ton mielleux et ensommeillé de Byun me réchauffe le coeur, alors, les jambes tremblantes, je me décide enfin à avancer.

Debout devant le lit, j'inspire une énorme goulée d'air, et monte sur le matelas, à quatre pattes, pour pouvoir me glisser plus facilement entre eux.

Bon sang, bon sang, bon sang !

La chaleur sous cette couette est impressionnante. Heureusement qu'il ne fait pas trop chaud dehors, parce que sinon, je n'aurais jamais survécu. Déjà qu'ils me rendent bien trop fiévreux, il n'aurait plus fallu que ça.

Allongé sur le dos, je n'ose pas bouger. Je sais qu'ils sont tous les deux couchés sur le flanc et qu'ils me fixent, de leurs yeux rieurs et amoureux, mais je ne suis pas encore capable de faire de même. Je dois être rouge de gêne. Le plafond est bien plus facile à regarder, à l'heure actuelle.

                        

— Ça va aller, mon amour ? Tu vas savoir t'endormir ?

                    

Il se moque de moi.

Il est bien trop joueur, ce soir. Comme si Byunwoo déteignait sur lui, lorsqu'il est à ses côtés.

J'aime ça, tout en détestant.

                 

— Arrête de l'embêter, grand frère. Imagine-toi à sa place.

                             

S'ils s'y mettent à deux, je ne donne vraiment pas cher de ma peau.

À bout de forces, bien trop déstabilisé par ces deux idiots, je me pose sur le flanc gauche, face à Byun, et descends rapidement, pour me cacher sous la couette.

Leurs rires résonnent dans la pièce, tandis que moi, j'essaye de me faire encore plus petit.

               

— Éteignons les lumières et dormons, ça lui laissera le temps de s'habituer.

— Ça lui laissera surtout l'occasion de nous observer pendant des heures.

— Comme s'il était le seul à le faire.

— Pas faux...

— Bon, c'est toi qui étais le plus fatigué, non ? Alors tais-toi et dors.

— Méchant hyung.

— Toi aussi tu m'as manqué.

— Pas plus que toi tu ne m'as manqué.

— Bonne nuit, petit frère. Bonne nuit, mon ange, soupire Hyun, avant de plonger à son tour dans la couette, pour poser quelques secondes ses lèvres contre l'arrière de ma tête.

— Bonne nuit, grand frère. Bonne nuit, petit Seokkie, susurre à son tour, Byun, en retirant de quelques centimètres la couette de ma tête, pour pouvoir m'embrasser le front.

                          

Après de longues, très longues minutes, où plus aucun son ne se fait entendre, je sors de sous les draps, et embrasse à mon tour mes deux amours, déjà paisiblement endormis.

Comme prévu, je les admire, sans jamais vouloir m'arrêter. Il faudrait sûrement que je dorme, je vais être crevé demain, mais je n'y arrive pas. Ils sont bien trop hypnotisant pour ça. Même sans lumière, simplement éclairé par les faibles rayons de la lune, j'arrive à percevoir le moindre centimètre de leurs peaux.

Ils se ressemblent vraiment comme deux gouttes d'eau, c'est fascinant. Surtout quand Hyunwoo n'a plus ses lunettes.

Il ne faut pas que je commence à les toucher, parce que sinon, je ne dormirais véritablement jamais. Pourtant, j'ai tellement envie de toucher leurs joues, leurs lèvres, leurs petits nez adorables.

Je suis actuellement allongé dans mon lit, aux côtés de jumeaux...

Bon sang, il faut vraiment que je dorme... Mais pour ça, il faudrait que mon coeur se décide à calmer la vitesse de ses battements par minute...

Je suis un homme béni. Il n'y a pas d'autre mot pour décrire ça...

Après un dernier baiser posé délicatement sur leurs magnifiques lèvres, je m'installe plus confortablement, le bras et la jambe placés sur le corps de Byunwoo, le visage au creux de son cou, et m'endors rapidement, la tête bercée par d'éblouissantes pensées.

                  

❤ 💙 🖤

               

        

End


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