Fajitas
❤
— Je suis désolé.
— Ce n'est pas grave, ce n'est pas de ta faute, m'enquis-je.
— J'aurais quand même dû vérifier avant. Je ne pensais pas qu'il serait fermé.
Son petit air triste le rend tout simplement adorable. J'ai envie de pincer ses joues. Elles ont l'air si moelleuses.
Mais sans doute pas autant que ses lèvres magnifiquement charnues.
— Ne t'inquiète pas, répété-je, secouant la tête pour chasser la fièvre hantant mes pensées. Ce n'est pas plus mal, on va le faire nous-même.
Nous sommes tous deux debout dans ma cuisine, sac de courses encore en mains. Il pose ces derniers après moi sur le plan de travail et m'aide à sortir tout ce dont nous aurons besoin pour la préparation de ces fajitas.
— Tu ne voulais pas aller dans un autre restaurant ? marmonne-t-il, l'air coupable. Le dimanche est ton seul jour de repos, c'est pour ça que je préfère t'inviter à l'extérieur ce jour-là. Pour que tu puisses correctement te reposer.
J'ai vraiment très envie de le serrer dans mes bras. Il faut que je me retienne.
Retiens-toi, bon sang, Seok !
— C'est très attentionné de ta part, mais ne t'inquiète pas, j'aime cuisiner.
— D'accord, conclut-il, peu convaincu. Je peux t'aider à faire quelque chose ?
— Tu peux couper les blancs de poulet, pendant que je coupe les oignons et poivrons, proposé-je.
Il s'exécute sans rien ajouter de plus et nous cuisinons ainsi dans une ambiance calme et chaleureuse, ponctuée par quelques conversations qui nous aident à en apprendre un peu plus sur l'autre.
Pendant la cuisson du repas, je lui fais visiter mon appartement. Il semble envieux de la deuxième chambre que j'ai fait aménager en salle de sport. Je lui ai dit qu'il pouvait venir quand il voulait pour s'entraîner, mais comme à son habitude, il ne veut pas m'embêter.
Comme si je pouvais ne pas le vouloir chez moi tous les jours...
Il a trouvé le repas délicieux et n'a cessé de me complimenter pendant qu'il mangeait ce dernier.
Ma mère m'a toujours dit que pour plaire à quelqu'un, il fallait combler son estomac. Je pense que c'est chose faite.
Qu'attends-tu pour te lancer dans ce cas, Hyunwoo ?
Par pitié, dis-moi donc ce qui te retient...
Comme nous travaillons demain, je n'ai pas voulu que cette soirée s'éternise. À contrecœur, vingt-trois heures sonne donc la fin de cette merveilleuse soirée, emplie de rire et de tendresse.
— Ce n'est pas la peine, ne t'inquiète pas, insiste-t-il. Tu dois aller dormir le plus vite possible, tu commences tôt, demain.
— Et toi aussi... Tu as bu plus de bières que moi, je préfère te reconduire. Je me sentirais mieux de te savoir directement en sécurité chez toi, laisse-moi faire, s'il te plaît.
Laisse-moi rester encore un peu avec toi, idiot.
— D'accord, cède-t-il. Allons-y.
Le sourire retrouvé, je précède la marche et le raccompagne comme convenu.
— Tu as malgré tout passé une bonne soirée ?
— J'ai passé une très bonne soirée, bien sûr. Je te l'ai déjà dit, Hoseok. Tu es toujours de très bonne compagnie.
— Ça va alors, je suis content, soufflé-je du nez, les joues bouillantes.
— La prochaine fois, je te promets de t'emmener dans un restaurant ouvert, rit-il.
« La prochaine fois ».
— Parfait, mon estomac a déjà très hâte ! ris-je à mon tour.
— Seulement ton estomac ?
— Pas seulement, non...
Le fin sourire que j'aperçois dans ma vision périphérique suffit à me gonfler la poitrine de bonheur.
Je ne pourrais être mieux qu'en cet instant.
Merci de m'offrir de si beaux sentiments, Hyunwoo.
— Merci de m'avoir raccompagné, murmure-t-il, en enlevant sa ceinture.
— Tout le plaisir est pour moi.
— Maintenant que tu es ici, est-ce que tu aimerais que je te prépare un café ?
— Tu ne tenais pas à ce que j'aille dormir le plus vite possible ? le taquiné-je, la ceinture détachée.
— Dix minutes de plus ou de moins, qui fera la différence ? marmonne-t-il.
Il descend ensuite de la voiture et me laisse rigoler seul, à l'intérieur de celle-ci.
Je suis vraiment heureux...
Je me gare rapidement et sors à mon tour.
Arrivé au troisième étage, il ouvre une porte donnant sur un petit appartement adorable et tout ce qu'il y a de plus simple.
— Bienvenue dans ma modeste demeure.
— Elle est à ton image, j'aime beaucoup.
— À mon image ?
— Simple, mais chaleureuse.
— J'aime cette description, souffle-t-il, amusé. Installe-toi, je vais faire les cafés.
Comme proposé, je pose les fesses sur le petit canapé d'un beau cuir noir et observe un peu plus en détail cet endroit. Il y a des choses qui me surprennent un peu, maintenant que j'y regarde de plus près.
Il m'avait dit qu'il écoutait surtout de la musique pop... Pas du rock. Et certaines chaussures dans l'entrée ne semblent pas lui appartenir.
Il partage peut-être cet appartement avec quelqu'un. Il faudra que je lui demande.
Il revient rapidement avec les boissons chaudes, ainsi que quelques petites choses à grignoter, et s'installe à mes côtés. Notre proximité me rend soudain plus fiévreux. La chaleur qui émane de son corps est impressionnante. Un vrai soleil à lui tout seul.
Je me demande si j'aurai droit à une quelconque attention lorsque je partirai d'ici.
J'aimerais tellement qu'il ose dire ou faire quelque chose.
Hyunwoo, s'il te plaît, j'ai besoin d'un petit signe...
— Et toi ? Je ne te l'ai pas demandé, mais tu as passé une bonne soirée ? s'enquit-il alors, avant d'avaler un petit biscuit au chocolat.
Timidement, mes yeux glissent dans les siens et, le sourire aux lèvres, je lui réponds.
— Je passe toujours de très bonnes soirées avec toi, Hyun.
— Parfait, je suis heureux de voir que nous sommes sur la même longueur d'onde.
J'aimerais pouvoir dire la même chose, Hyunwoo...
Le silence qui ponctue ensuite notre soirée me stresse un peu plus.
Nous sommes à court de sujet de discussion et la seule chose que j'ai envie de faire en cet instant, n'est pas d'en trouver un nouveau...
Ses lèvres me hurlent de leur sauter dessus.
Je veux qu'il me serre dans ses bras et qu'il m'étouffe de sa chaleur. Qu'il m'étouffe d'amour.
— Tu sembles vraiment fatigué, Seok, l'entends-je murmurer. Tu devrais y aller.
Tu n'es qu'un idiot.
Un idiot, aveugle.
Vais-je devoir tout faire moi-même ?
Je crois bien que oui.
Mais le veut-il, lui aussi ? Même inconsciemment ?
Si je tente quelque chose et qu'il me recale, qu'est-ce que je fais ?
Ce serait tellement gênant !
Plus jamais je n'oserais le revoir, ça, c'est certain...
Il faut donc que je tente le tout pour le tout.
Je ne veux de toute façon pas d'une simple amitié.
Soit j'obtiens son coeur, soit je m'éloigne de lui, pour notre bien à tous les deux...
— Tu as raison, je suis fatigué. Mais je ne veux pas partir...
Son regard tendre, plongé dans le mien, et son doux sourire, me réconfortent vraiment dans l'idée qu'il m'apprécie plus qu'un simple ami...
— Tu veux rester dormir ? pose-t-il alors, d'une innocence adorable. Je n'ai pas de chambre d'amis, alors il faudra choisir entre le canapé et mon lit.
Ne me tente pas, s'il te plaît. Ne joue pas ainsi avec le feu, je suis bien trop faible pour ça.
— Non, ne t'inquiète pas, je vais reprendre la route, je n'habite pas très loin, souris-je.
— Comme tu veux, cède-t-il, d'une moue inquiète. Prends mon numéro de téléphone et envoie-moi un message quand tu es bien rentré.
Le sourire jusqu'aux oreilles, je l'ajoute à mes contacts et me lève ensuite du canapé.
— J'y vais.
— Fais attention à toi.
Nous avançons ensemble jusqu'au seuil de la porte et c'est cet instant que je choisis pour tenter cette attention que je désirais tant.
— À dimanche prochain, Hyun.
Après avoir doucement susurré cette phrase, je m'approche de lui, penche légèrement la tête, et lui offre un baiser chaste et timide, à la commissure de ses lèvres.
Il ne bouge pas, semble quelque peu étonné, mais n'ajoute rien et me regarde partir. Il me fait ensuite signe de la main une dernière fois, alors que j'entre dans l'ascenseur.
— À dimanche prochain, Seokkie.
Je pense qu'il a aimé...
Il ne m'aurait pas souri de cette façon en me disant au revoir, s'il n'avait pas aimé !
La prochaine fois, s'il ne m'embrasse pas, je craque !
Mon sourire d'idiot ne veut pas quitter mes lèvres. Je dois ressembler à un abruti, à observer ainsi son appartement, depuis l'extérieur, d'un grand sourire.
Je n'arrive pas à penser à autre chose qu'à la douceur de sa peau contre mes lèvres. Je devrais rejoindre ma voiture, je devrais penser à rentrer chez moi, pour ne pas manquer trop d'heures de sommeil, mais je n'y arrive pas.
Son petit sourire timide était si beau. Cet homme est si beau... Si parfait.
Je n'arrive toujours pas à me dire que je vais peut-être avoir la chance de sortir avec un homme tel que lui...
Bon, il se fait tard, il faut vraiment que je rentre !
À nouveau, alors que j'étais distrait, je percute violemment le corps de quelqu'un en me retournant un peu trop vivement.
Je m'écrie sous la surprise et me courbe ensuite pour m'excuser.
Lorsque je relève la tête, une énorme impression de déjà-vu me traverse l'esprit.
Bon sang...
Mon Dieu...
Hyunwoo, est devant moi...
Vêtu d'une veste en cuir noire, casque à la main, il m'observe d'un sourcil arqué, ainsi qu'un très léger sourire en coin.
— Excusez-moi, j-je ne regardais pas où j'allais.
— Je confirme.
Sa voix est aussi douce que celle de Hyunwoo, mais avec ce petit côté grave en plus. Un côté qui me fait frissonner entièrement.
Malgré la noirceur de la nuit, les lampadaires autour de nous me permettent de m'ancrer sans aucune difficulté dans ses orbes sombres et malicieux.
— Excusez-moi encore, soufflé-je, avant d'amorcer un mouvement pour le contourner.
Il arrête net mon geste et reste bien planté devant moi.
Il maintient le silence un long moment, durant lequel je le regarde sans savoir quoi faire, totalement perdu, puis enfin, il parle à nouveau.
— Tu sors avec mon frère ? se contente-t-il de sortir, de cette voix de plus en plus suave.
— V-votre ? N-non, non, nous ne sortons pas ensemble.
Je suis bien trop mal à l'aise et intimidé par lui.
Il est bien trop impressionnant. Je ne dirais pas qu'il me fait peur, mais oui, il me gêne beaucoup.
— Parfait.
Parfait ?
Comment ça ?
Je ne m'attendais pas à ce genre de réponse...
Que veut-il dire par là ?
Mon coeur semble vouloir s'échapper de ma poitrine lorsqu'il se penche un peu plus vers moi.
Son visage glisse sur le côté du mien et sa bouche se retrouve à côté de mon oreille.
Son souffle chaud se répercutant contre moi me fait frissonner l'échine, bien plus que les secondes précédentes.
J'espère sincèrement qu'il n'entend pas ma respiration incontrôlable, parce que je suis déjà bien trop honteux des réactions de mon corps à chaque fois qu'il est devant moi.
— Passe une bonne nuit, Hoseok, susurre-t-il, avant de me contourner, pour rejoindre le bâtiment que je viens de quitter.
Je n'arrive plus à bouger. Je suis debout, comme un idiot, dos à cet immeuble, dans cette rue qui m'est presque inconnue.
Après de très, très longues minutes, les battements de mon coeur se calment enfin. Mes joues reprennent une température normale, et ma respiration retrouve un rythme plus naturel.
Mais que vient-il de se passer là, au juste ?
C'était quoi cet instant irréel ?
Bordel...
Hyunwoo... À un jumeau.
Je ne comprends pas. Je ne comprends rien...
Il ne m'a jamais parlé de lui. Comment a-t-il pu omettre un détail aussi énorme ?
Mon Dieu... Comment est-ce possible ?
Est-ce que je viens de rêver ?
Il existe vraiment sur cette terre, deux hommes aussi parfaits qu'identiques ?
Il faut que je me repose. Mon cerveau va exploser si je ne lui offre pas très vite le sommeil dont il a besoin.
Bon sang...
🖤
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