Décision
❤
La sonnette qui retentit me sort de mon état second.
Depuis combien de temps suis-je debout, dans cette même position ?
Deux, cinq, dix, vingt minutes ?
Encore un peu perdu dans mes pensées, j'ouvre machinalement la porte, et sursaute presque lorsque je vois Hyunwoo devant moi.
Nous sommes mercredi. Nous avions rendez-vous.
Son sourire me tord l'estomac, mais cette fois-ci, je ne saurais dire si cette sensation est bonne ou mauvaise.
Je culpabilise, encore une fois. J'ai tellement peur... Peur qu'à tout moment, il me quitte parce que son jumeau lui aurait parlé de choses déplacées.
Nous ne pouvons pas vivre ainsi éternellement. Je pensais que Byunwoo allait lâcher l'affaire et je m'étais sincèrement résigné à le sortir totalement de ma vie, mais maintenant, je sais... Je sais que ce n'est pas – plus – ce qu'il veut et c'est ça qui me terrifie et me fait culpabiliser.
Désormais, je ne vis plus que dans le stress et la peur. Ce n'est pas du tout gérable. Je sais que tôt ou tard, ma nervosité se répercutera sur Hyunwoo, qui le ressentira, et c'est là que tout se compliquera...
Je ne veux pas le perdre et en même temps, je ne peux pas repousser son frère comme je le voudrais. Je ne veux pas le faire souffrir. Je ne veux faire souffrir personne, mais j'ai l'impression que cela semble inévitable. Je n'arriverai pas à faire abandonner Byunwoo, plus maintenant.
Et ça m'effraye tellement...
Que va-t-il faire ? Que va-t-il dire ou tenter ?
Il m'a dit qu'il n'allait pas me voler à son jumeau, alors que compte-t-il faire ?
Je ne comprends rien, je ne sais pas du tout de quoi les jours suivants seront faits, et c'est tout ça qui me terrifie.
— Tout va bien, mon ange ?
— Mmh ? Oui, oui, ne t'inquiète pas !
D'un sourire crispé, je m'avance vers lui, pose mes lèvres sur les siennes, puis me dirige vers le canapé, la main glissée dans la sienne.
Je me blottis contre lui à peine les fesses posées sur le cuir froid et glisse la tête dans son cou. Ses bras autour de moi et ses baisers sur le dessus de mon crâne m'aident à me détendre un peu. Son Hyunwoo a un réel pouvoir sur moi. Un véritable don du ciel, cet homme.
— J'ai croisé Byun en bas de l'immeuble.
Tous mes muscles se contractent à l'entente de ce prénom.
Ils vivent sous le même toit et discutent d'absolument tout ensemble, alors je ne vois pas pourquoi cette information m'angoisse autant. Pourtant, je ne peux empêcher mon corps de frissonner d'effroi.
— Oui, il avait oublié son deuxième casque ici, murmuré-je pratiquement.
— Oui, c'est ce qu'il m'a dit.
Je ne me lasserai jamais de la douceur de sa voix et encore moins de ses longs doigts glissants dans ma tignasse à présent désordonnée.
— Je pensais d'ailleurs qu'il n'allait jamais le récupérer, souffle-t-il du nez.
— Ah bon, pourquoi ?
— Parce que personne ne monte jamais sur sa moto. Il a toujours peur de mettre inutilement quelqu'un en danger et puis il n'aime juste pas ça. Quelqu'un qui le touche et l'enlace ainsi, ça le met mal à l'aise.
— Vraiment ? posé-je, étonné.
— Oui, rit-il. D'ailleurs, il n'a acheté le deuxième casque que très récemment. C'est pour ça que j'ai pensé qu'il n'allait jamais le récupérer. Parce qu'il n'y a que toi qui l'utilises.
Mon coeur bat à toute vitesse. J'ai du mal à contenir ma respiration. J'ai l'impression d'avoir couru un marathon.
Pourquoi j'ai envie de sourire comme un idiot alors que ma poitrine se fait douloureuse ?
Je me sens si bien et si mal à la fois. Je ne savais même pas qu'il était possible de ressentir ces deux émotions en même temps.
— Et comme vous ne vous voyez plus, je me suis dit qu'il allait définitivement le laisser ici.
— Oui, c'est vrai qu'on ne se voit plus vraiment... Je voulais passer beaucoup plus de temps avec toi. Il a été très compréhensif.
J'espère qu'il n'entend pas mon coeur tambouriner ma cage thoracique.
Les bras entourant sa taille, alors que les siens sont fermement accrochés à ma nuque, j'agrippe avec plus de force le dos de son t-shirt. La tête posée contre son épaule, je tente comme je le peux de me concentrer sur sa respiration lente et son odeur apaisante, pour me calmer.
Ses doigts grattouillent toujours mon cuir chevelu et je frissonne encore un peu de cette sensation grisante, tout en me battant avec mes sentiments.
— Oui, c'est aussi ce qu'il m'a dit.
Je suis tellement soulagé de savoir qu'il ne lui raconte pas tout ce qui a été dit entre nous.
— Il semblait si triste d'ailleurs, en me l'expliquant.
C'était vraiment de courte durée.
Je ne suis plus du tout soulagé.
Que va-t-il me dire ensuite ?
Mon Dieu...
— Ah ?
— Oui. Tout comme il semblait triste en quittant l'immeuble tout à l'heure.
Comment peut-il parler de manière si douce et détachée, alors que de mon côté, une guerre fait rage à l'intérieur de moi ? Ma voix est tremblante, tant je me retiens de pleurer. J'ai peur de la moindre parole que je pourrais prononcer. Je ne comprends pas où la conversation va nous mener et je n'ai pas envie de comprendre. Pas du tout envie.
— Il a déjà dû te parler de notre relation, lance-t-il ensuite, d'une voix teintée de nostalgie. On s'est toujours tout raconté, tu sais... Absolument tout. On a toujours tout partagé ensemble, et ce, depuis bien avant notre naissance. Nous avons quelques avis qui diffèrent, mais ça peut facilement se compter sur les doigts de la main.
Où veut-il en venir, bon sang ?
Mon estomac me fait de plus en plus mal. J'ai déjà les larmes aux yeux, alors qu'il n'a rien dit d'important.
Mon Dieu...
— On pensait avoir déjà tout vécu ensemble... Seulement aujourd'hui, pour la toute première fois en vingt-neuf ans, nous sommes tombés amoureux de la même personne.
Mes larmes s'échappent de mes paupières tandis qu'il continue encore et encore de glisser sa main dans mes cheveux. Je fais un effort surhumain pour ne pas geindre, tant mes pleurs semblent fort.
Je savais bien qu'il se tramait quelque chose. Byunwoo n'aurait jamais agi ainsi si ça n'était pas le cas.
J'aurais dû le voir venir, eux qui ne se cachent jamais rien.
Comment ai-je pu laisser faire tout ça ?
Depuis quand est-il au courant ?
Je n'ose pas relever la tête. Je préfère nettement me morfondre sur mon sort, la joue délicatement posée sur l'épaule de mon petit ami.
Il paraît si calme et apaisé, que j'arrive à me dire que malgré tout ça, j'ai peut-être encore une chance de garder mon couple intact...
Je ne sais pas comment, mais j'y crois.
— C'est quelque chose de totalement nouveau pour nous, alors on est un peu déstabilisé. Même si au fond, je l'avais un peu prémédité.
— Ah bon ? marmonné-je, d'une voix horriblement tremblante et larmoyante.
— Bien sûr. Il n'est pas mon jumeau pour rien. Je le connais par coeur. Y compris lorsqu'il est amoureux, souffle-t-il, presque amusé. Il me parle toujours de toi avec des cœurs dans les yeux. Je ne suis pas aveugle. Je le connais mieux que je ne me connais. J'attendais simplement qu'il trouve l'occasion de me le dire.
— Tu n'as jamais eu peur qu'il se passe quelque chose lorsqu'on se voyait, si tu doutais déjà de ses sentiments ? murmuré-je, curieux et toujours aussi angoissé.
— On en a déjà discuté, Seok, s'enquit-il. Je n'avais pas à avoir peur, parce que non seulement, j'avais confiance en mon petit ami, mais en plus de ça, j'avais aussi confiance en mon frère.
Je l'admire tellement...
Sa confiance envers nous était si forte, qu'il n'a jamais douté de quoi que ce soit. Il a toujours été heureux et apaisé avec moi et n'a jamais refusé de discuter de nous avec son frère, comme il l'aurait fait en temps normal.
Et il a eu raison.
Il a eu raison, cependant, tout n'est pas si facile. Parce que si rien de physique n'a été fait... Pour ce qui est du sentimental...
Je me dégoûte réellement, pour envisager lui faire subir ça.
Je sais que dans son cas, je choisirais ma famille avant tout, alors j'ai si peur qu'il me quitte... Si peur de le perdre.
Je ne pourrai jamais me le pardonner si ça devait arriver.
Mais... Il a l'air si calme. Et ses doigts glissant encore dans mes cheveux, m'aident réellement à me dire qu'il n'a pas pour projet de m'éloigner de lui.
Je suis encore plus perdu qu'avant.
— Je sais que tu as décidé d'arrêter de le voir quand tu as su pour ses sentiments et je suis heureux de voir que j'avais raison de te faire confiance, seulement...
— Seulement ?
— Je peux ressentir combien ses sentiments pour toi sont forts... Sans doute autant que les miens, confie-t-il.
Plus il continue ce monologue et plus je me sens brisé de l'intérieur. Un orage gronde à l'intérieur de moi et chaque parole que prononcent Hyunwoo est un coup de tonnerre qui détruit un peu plus mon état mental. Je n'arrive pas à comprendre son raisonnement et ça me bouffe les nerfs.
— Byunwoo est une personne formidable, qui a toujours pris soin de moi avant de prendre soin de lui-même, continue-t-il, d'une voix toujours aussi bienveillante. Je sais que quoi que je lui demande, il le fera. Y compris s'éloigner de toi, si je veux te garder pour moi seul...
Pourquoi est-ce que je sens qu'il va y avoir un mais ?
Il va y en avoir un, c'est même certain.
Pourtant, il semble hésiter. Bien trop... Et c'est ça qui me terrifie à présent.
J'attends donc sagement, le corps tremblant collé au sien, qu'il continue son monologue.
— Je sais que c'est ce qui serait le plus logique... Mais, je ne sais pas... Je suis bien trop triste d'envisager lui demander une telle chose, soupire-t-il, en enroulant quelques mèches de mes cheveux autour de ses doigts. Je t'aime, sincèrement. Et je vois combien tu m'aimes aussi... Seulement, je vois aussi à quel point il t'aime, et voir mon jumeau aussi triste et désemparé, ça me fait beaucoup de mal. J'ai toujours détesté le voir ainsi.
— Hyunwoo, pleuré-je, de plus en plus perdu. Tu ne vas quand même pas me quitter pour qu'il puisse avoir sa chance ?
Ses bras se resserrent autour de moi et ce constat me détend légèrement.
Je n'arrive plus à retenir mes pleurs et geignements. Je suis tellement terrifié et perdu que je ne peux retenir mon corps de s'exprimer.
— Non, bien sûr que non.
— Par pitié, sois plus clair alors.
— Ne pleure pas, mon amour, chuchote-t-il. Je tenais juste à en discuter avec toi avec autant de sincérité que lorsque j'en parle avec lui. Parce que tout ça te concerne aussi. Tu en es même le premier impacté.
Ses caresses à présent concentrées sur mon dos arrivent à me calmer quelque peu.
— J'aurais dû te le dire dès le début... Te dire que notre relation était ambiguë, mais je n'ai pas osé, pleuré-je, contre lui. J'avais si peur de te perdre.
— Ne t'excuse pas, tu n'en as pas besoin. Tu n'as absolument rien fait de mal, tente-t-il, tout en me berçant avec délicatesse. Byun m'a tout expliqué.
— J'aurais dû m'éloigner bien avant, mais je n'ai pas réussi. J'aurais dû m'éloigner.
— Tu sais à quel point il est important pour moi. À ta place, j'aurais aussi essayé de devenir proche de lui. Je sais que tu as toujours tout fait en pensant à moi et cette simple pensée suffit à me rendre heureux et à me faire à nouveau comprendre que je suis le plus chanceux des hommes. Seulement, mon ange...
— Mmh ?
— Est-ce que tu l'aimes, toi aussi ?
— Quoi ? N-non ! Non, je...
Complètement affolé, je me redresse à toute vitesse et bloque mes prunelles humides dans les siennes.
— C'est toi que j'aime, Hyun.
— Je le sais, ça, sourit-il, prenant mon visage en coupe.
Son sourire, même s'il est teinté de tristesse, est toujours aussi magnifique et éblouissant.
Pourquoi me regarde-t-il encore comme ça, je ne le mérite pas. Il sait... Il sait tout...
— Qu'est-ce qu'il t'a dit ? baragouiné-je, la vision floue tant je pleure. C'est toi que j'aime, Son Hyunwoo. Toi et rien que toi.
— Calme-toi, mon ange, calme-toi.
Mes paupières sont closes et mes bruits sont de plus en plus forts. Il ne lâche pas sa prise autour de mon visage, mais au contraire, la raffermit. Je ne peux plus affronter son regard. Je ne peux pas.
— Je sais combien tu m'aimes, je le sais, ne t'inquiète pas. C'est juste que...
Sa phrase inachevée reste en suspens. C'est long, si long. Tellement long que je suis forcé d'ouvrir les yeux, au bout de longues minutes.
Les sourcils froncés, il me regarde, tout en semblant perdu au plus profond de ses pensées.
— Mon amour ? marmonné-je. Ça va ? À quoi tu penses ?
Toujours aussi muet, il finit par m'offrir un sourire timide, avant de m'embrasser chastement, pour enfin entourer à nouveau mes épaules de ses bras, le nez enfouit dans mes cheveux.
Je me contente donc d'inhaler son odeur bienveillante, les doigts agrippés à son haut.
— Est-ce que tu t'es déjà posé la question ?
— L-laquelle ?
— De savoir s'il était possible pour quelqu'un de tomber amoureux de deux personnes à la fois.
Est-ce que mes pleurs ayant doublé de volume avant même sa phrase terminée, lui ont suffi comme réponse ?
Est-ce qu'il a compris, ou avait déjà compris depuis bien longtemps, grâce aux dires de son frère, que j'avais des sentiments pour lui ?
— Je ne suis pas... Je ne suis pas...
Je suis noyé par la peur. Je n'arrive plus à parler. Ma gorge est totalement nouée. Sa prise se referme sur moi pour essayer de contenir mes tremblements, mais rien n'y fait. Je pleure si fort que même sa force ne suffit pas.
— N'aie pas peur de l'avouer, mon amour. S'il te plaît, ne te rends pas malade. Calme-toi. Je t'aime. Je t'aime, bien plus que tu ne pourras jamais te l'imaginer.
Ses murmures contre mon oreille mettent du temps à être efficaces, mais finissent néanmoins par y arriver. Ça me calme.
Je ne peux plus mentir. Je ne peux plus lui mentir et me mentir...
Plus maintenant. Plus après tout ça.
Il a été tellement sincère avec moi.
Il faut que je le sois à mon tour. Autant avec lui qu'avec moi-même.
Mon Dieu...
— Oui, je... Je crois, oui... Je suis tellement désolé, geins-je. Je me déteste tellement, si tu savais. Je me dégoûte pour être ainsi attiré par lui, alors que tu es le meilleur petit ami qu'on puisse rêver d'avoir. Je t'aime bien plus que tout au monde et je ne ferai jamais rien qui puisse te faire souffrir, pourtant, chaque jour, j'ai l'impression que c'est que je vais finir par faire, même sans le vouloir. Je me déteste tellement.
Mes pleurs reprennent ainsi de plus belle, de même que ses caresses réconfortantes.
Cette soirée qui devait être un moment simple entre amoureux, a dérapé en quelque chose de totalement invraisemblable. Je suis vraiment perdu. J'ai l'impression d'être en plein cauchemar, pourtant, peu importe le nombre de fois où j'y crois dur comme fer, la douceur et tendresse de Hyunwoo, me forcent à penser le contraire.
Comment quelqu'un comme lui peut exister ?
Comment est-ce possible ?
N'importe qui se sentirait trahi. N'importe qui abandonnerait et romprait tout contact.
Mais pas lui... Pas lui, bon sang.
Il est inhumain.
— Calme-toi. Calme-toi, mon amour, s'il te plaît. Tu n'as rien fait de mal. Cesse de t'en vouloir pour quelque chose que tu ne sais contrôler.
Impossible.
Aucun être humain n'est capable d'agir et penser comme lui peut le faire.
— Je suis immonde, ne dis pas le contraire.
— Ne dis pas ce genre de choses quand tu parles de toi, je ne peux l'accepter. Arrête ça.
— Mais.
— Il n'y a pas de mais. Je te le dis et te le répète, tu es la plus belle chose qui me soit arrivé dans la vie. Tu es mon précieux trésor et jamais je n'envisagerai la possibilité de te perdre.
— Hyunwoo, murmuré-je, entre deux sanglots.
— Et puis, rassure-toi, que tu partages les mêmes sentiments pour mon frère est peut-être une bonne chose.
— Comment ça ?
— Écoute, mon ange... Si je te parle de tout ça ce soir, c'est parce que j'y ai bien réfléchi.
Mon visage est à nouveau maintenu entre ses grandes mains. Mon regard larmoyant est bloqué dans le sien. Je lis bien trop de détermination en lui. Ça me rassure et m'inquiète à la fois.
— Byunwoo m'a toujours parlé de toi avec une douceur que je ne lui soupçonnais même pas. Et je sais aussi, à travers quelques explications de sa part, que tu pourrais toi aussi aimer être à ses côtés... Il voulait m'avouer tout ça pour se débarrasser de ce poids et parce qu'il s'était juré de toujours tout me dire. Je suis vraiment heureux de voir que même à nos trente ans, notre relation est toujours aussi forte et sincère. Il m'a dit qu'il n'attendait rien de particulier et qu'il ne ferait jamais rien qui puisse me faire du mal. Alors je l'ai remercié et je lui ai dit qu'on en reparlerait, si besoin. Et pendant ces quelques jours, j'y ai réfléchi... Seul, à tête reposée. J'y ai réfléchi durant de longues heures. J'ai mis du temps avant de t'en parler, mais maintenant que mes pensées sont claires, je ne voulais plus attendre. Je ne lui en ai pas encore parlé, parce que je voulais être certains de tes sentiments...
Qu'a-t-il en tête, bon sang ?
Il me fait peur.
Son regard doux me terrifie maintenant sans savoir pourquoi.
Que se passe-t-il dans sa tête ?
— Hoseok...
— Mmh ?
— Est-ce que tu penses qu'il est possible pour une personne d'en aimer deux autres avec la même sincérité ?
— Avant de vous connaître, j'aurais dit non. Mais plus maintenant, avoué-je, d'une petite voix, de timides larmes coulant toujours sur mes joues.
— Et est-ce que tu crois qu'il est possible pour un homme, d'accepter de partager ce qu'on a de plus précieux, avec quelqu'un qui l'est tout autant ?
— T-toi seul peux le savoir.
Les sourcils froncés, je l'observe sans rien ajouter de plus.
Ses pouces frottent mes pommettes tandis qu'il se perd à nouveau dans ses pensées.
— Mon amour...
— Oui ?
Va-t-il réellement me poser cette question ?
Je suis en plein rêve, maintenant, c'est une certitude.
Oui... Plus un cauchemar, mais un rêve.
Enfin, je crois...
— Est-ce que ça te conviendrait ?
— De quoi tu parles, Hyun. J'ai peur de comprendre.
— Tout ce que je souhaite dans la vie, c'est rendre les deux personnes que j'aime le plus au monde, heureuses.
— Hyunwoo...
— Je veux qu'il soit aussi comblé que je le suis actuellement, avec l'homme le plus merveilleux au monde. Je suis le plus chanceux des hommes, mais il mérite de l'être aussi.
— Est-ce que tu me demandes de sortir avec ton frère, en plus de sortir avec toi ?
Ma tête va éclater. J'ai vraiment très, très mal. Elle commence à dangereusement tourner, ce n'est pas bon signe.
D'un sourire délicat, il ne répond rien, se penche lentement, et pose ses merveilleuses lèvres contre les miennes.
— Est-ce que ça te conviendrait ?
Il semble si sincère, mon Dieu.
Aucune déception, aucune crainte, aucune nervosité, aucune jalousie...
Il en a purement et simplement envie.
Je vais m'évanouir.
— Tu es sérieux, là, Hyun ?
— Oui, pourquoi ? souffle-t-il, les sourcils froncés.
— Ce n'est pas... C'est insensé ce que tu me demandes, m-mon ange.
— Et alors ? Ce n'est pas pour autant que c'est mal. Je t'aime sincèrement, tu m'aimes sincèrement... Byunwoo t'aime de la même manière et toi, même si tu n'oses pas encore totalement te l'avouer, tu l'aimes aussi de cette façon... Pour Byunwoo et moi, même si c'est quelque chose de nouveau, ça reste habituelle aussi, au fond.
Son sourire si innocent achève mes dernières forces. Une énième larme coule sur ma joue, alors que mes paupières se ferment.
Mes mains tremblantes agrippent les siennes, toujours posées contre mes joues, et d'un long soupir, je lui réponds.
— J'ai besoin de temps, Hyun.
— Je comprends, c'est normal. Il faut que tu prennes le temps de digérer tout ça. Je suis désolé, ça fait beaucoup de choses à encaisser d'un coup... Pardonne-moi.
— Non, ne t'excuses pas. Mon Dieu, s'il te plaît, arrête de t'excuser, alors que tu es si parfait, marmonné-je, le menton tremblant et les yeux toujours fermés.
— Je vais te laisser pour aujourd'hui, mon ange. Tu dois te reposer.
Ses lèvres se posent à nouveau sur les miennes, avant qu'il ne quitte le canapé, et je sens ensuite sa chaleur s'éloigner petit à petit. J'ouvre alors à moitié les paupières et l'observe quitter le salon, en m'offrant un petit signe de main, un sourire léger toujours flanqué sur le visage.
— Envoie-moi un message pour me dire si on se voit toujours vendredi. Passe une bonne soirée, mon amour. Je t'aime.
Et il quitte ainsi l'appartement à son tour, me laissant fondre à nouveau en larmes, le corps recroquevillé dans le canapé.
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