﴾ Carter ﴿

« — Carter, c'est toi ?

— Ouais, Chris. »

Je ferme la porte derrière moi et retire mes chaussures sans l'aide de mes mains en les rangeant contre le mur.

J'avance dans l'entrée pour aller vers le salon, où je découvre Chris, son ordinateur portable sur les genoux.

Je vais déposer mon sac de cours près des escaliers et vais m'asseoir à côté de lui en soupirant.

« — Dure journée ? Me demande-t-il en souriant, les yeux toujours fixés sur son écran.

— Pas vraiment, j'me suis fais de nouveaux amis. Mais c'est le lycée quoi, ça m'a toujours fatigué plus qu'il ne le devrait. »

Il rit une nouvelle fois avant de poser une main sur mon épaule, en signe de soutien.

« — Mais je pense que tu connais mes nouveaux amis, je dis en tournant la tête vers lui.

— Ah oui ? S'étonne-t-il en me regardant enfin, les sourcils haussé. Qui sont-ils ?

— Corey Bryant et Mason Hewitt. Je souris avant d'afficher un air songeur. Il y a aussi Liam Dunbar, mais je pense qu'il m'apprécie pas trop, lui.

— Ah, dit-il, légèrement renfrogné. Oui, je les connais. Ce sont des amis de Scott et Stiles. Ils sont gentils. Et si tu t'entends bien avec eux, j'en suis heureux. Scott et ses amis sont de braves ados.

— Oui, je fronce les sourcils suite à son air perturbé. Je-j'avais cru comprendre. »

Ses yeux quittent les miens et vont se poser sur un point derrière moi.

Je hausse les sourcils et suis son regard pour tomber sur la photo posée sur le buffet de l'entrée.

Elle représente Chris accompagné d'une fille brune souriante, la même fille que celle sur les photos de l'étage.

Je passe devant elle tous les jours, et la regarde pendant de longues minutes. Il y a quelque chose dans le regard de Chris qu'il n'a plus maintenant. Je n'osais pas lui en parler, mais peut-être que ce serait la bonne occasion de le faire.

« — Chris ? Il détache son regard de la photo pour se tourner vers moi. Est-ce que je peux te poser une question ? T'es pas obligé de répondre, hein ! Mais je-

— Vas-y Carter, je t'écoute, ne t'inquiète pas. Il me sourit alors que je me mets en tailleur en soupirant.

— Je me demandais qui étais la jeune fille avec toi sur les photos. »

Le sourire sur ses lèvres se fige avant de complètement disparaître, n'affichant plus qu'une expression douloureuse et coupable sur son visage.

Il ferme son ordinateur en soupirant et passe une main sur ses yeux, me faisant amèrement regretter ma question.

« — Je savais que je n'aurais pas dû te le demander, je dis précipitamment en secouant la tête. Je suis beaucoup trop curieuse, et je-

— Elle s'appelait Allison, Il me coupe d'une voix froide, presque brisée, me faisant taire immédiatement. Et c'était ma fille. »

Je retiens ma respiration, m'insultant mentalement pour lui avoir posé cette question.

Il a parlé d'elle au passé, et j'ai ma petite idée du pourquoi.

Comme s'il lisait dans mes pensées, il continue ses explications.

« — Elle est décédée l'an passé. Il lève enfin les yeux vers moi et j'en ai le souffle coupé. Ça a été très dur pour moi, mais j'ai fais mon deuil, et puis, même si je me sens abandonné, elle n'aurait pas voulu que je me morfonde, alors je fais avec.

— Je, je commence, mais ma voix est enrouée. Je toussote légèrement avant de reprendre. Je suis désolée, Chris. Je-

— Ce n'est pas de ta faute, il sourit légèrement. Tu ne peux pas comprendre.

— Je-Je crois que si. Je dis, lui faisant froncer les sourcils, m'invitant à continuer. Je n'ai jamais perdu quelqu'un, mais je-j'ai été adoptée, tu vois ? Il hoche la tête. Et je me suis toujours sentie mise de côté, d'une certaine manière, par mes parents. J'ai compris pourquoi lorsqu'ils m'ont avoué qu'ils m'avaient recueilli chez eux. J'ai voulu savoir qui étaient mes véritables parents, mais tout ce que j'ai pu trouver sur eux, c'est qu'ils vivent ici, ou qu'ils ont vécu ici dans le passé. C'est pour ça qu'on est venu ici, et c'est pour ça que j'ai fugué à l'hôpital. Je veux savoir qui je suis réellement et qui est ma famille, mais jusqu'ici, tout ce que j'ai appris, c'est que je me suis faite abandonnée par mes parents biologiques pour me mettre dans une famille qui ne se soucie pas vraiment de moi. Alors, je comprends un peu ce que tu ressens. »

Mes épaules sont rentrées et ma tête est baissée vers mes mains, tandis que je joue nerveusement avec mes doigts.

Je vois Chris poser sa main sur les miennes, me faisant lever les yeux vers lui.

Il me sourit faiblement en exerçant une plus forte pression sur mes mains.

« — Ça m'a fais plaisir d'avoir cette conversation avec toi, et que tu te sois confiée à moi. Je t'aiderai dans tes recherches, si tu veux.

— Merci, je lui souris en retour. Ça m'a fais plaisir aussi de parler avec toi. »

Il serre une nouvelle fois mes mains avant de se lever en posant son ordinateur sur la table basse.

Il regarde leur sur la montre à son poignet avant de grimacer.

« — Il faut que j'y aille, j'ai quelques trucs à faire avant d'aller chercher Mélissa.

— Ah oui, je dis en dansant des sourcils. Ton fameux rencard.

— Arrête un peu, dit-il en riant et en secouant la tête. C'est juste un rendez-vous.

— On dirait un adolescent, je dis en levant les yeux au ciel.

— Dit l'adolescente qui n'a jamais eu de petit ami. Il dit en éclatant de rire, me choquant complètement.

— Eh ! J'ouvre grand la bouche, outrée. Qui te dis que c'est vrai ?! »

Je me stoppe en voyant son regard suggestif.

Je grogne et croise mes bras sur ma poitrine.

« — Elena ?

— J'en ai bien peur, dit-il en riant une fois de plus. »

Je soupire et grimace un fois de plus sous son rire.

Alors qu'il va prendre sa veste en cuir posée sur le canapé, je me redresse en pensant à une chose.

« — Chris, je l'appelle, attirant son attention. J'avais envie de visiter la ville avec Elena, est-ce qu'on peut le faire ?

— Maintenant ? Il me demande en haussant un sourcil, tandis que je hoche la tête. Tant qu'il fait jour, il n'y a pas de soucis. Mais par contre, n'allez pas dans la forêt. Le nuit tombe beaucoup plus vite là-bas à cause des arbres, et il y a des bêtes sauvages.

— Des bêtes sauvages ? Je demande en haussant les sourcils. En Californie ?

— Oui, il dit en haussant les épaules. Beacon Hills est une ville étrange. Mais en tout cas, n'allez en aucun cas dans la forêt. C'est clair ? »

Je hoche la tête, surprise qu'il soit aussi sérieux.

Il enfile sa veste et prend ses clés de voiture avant d'aller vers la porte et de l'ouvrir.

« — Je vais sûrement rentrer tard, on se voit demain .

— Oui, je lui dit en souriant. À demain Chris. »

Il me fait un dernier signe de la main avant de sortir.

Je ramène mes jambes contre mon torse en m'enfonçant dans le canapé.

Qu'il y a-t-il de si dangereux dans la forêt pour qu'il ne veuille qu'on aille sous aucun prétexte ?

Je suis quand même un peu septique suite à ses dires. Des animaux sauvages en Californie ? Ça me semble peu envisageable.

Mais en y repensant, lorsque j'avais fais quelques recherche sur la ville, en préparant notre venue, j'étais tombée sur des articles traitant effectivement d'attaques d'animaux sauvages très fréquentes.

Cette ville est très étrange, vraiment très étrange.

« — C'est moi grosse ! »

Je sursaute lorsque ma meilleure amie débarque dans le salon en souriant.

« — Hey ! Je lui rend son sourire alors qu'elle pose son sac à côté du mien et qu'elle vient s'asseoir à côté de moi. Alors cet entraînement ?

— Assez cool, elle sourit. Le coach m'a proposé de participer à d'autres entraînement pour que j'entre dans l'équipe.

— C'est génial El ! Je dis en frappant dans sa main. Je suis super contente pour toi. Mais comment t'es rentrée ? Il y avait un bus qui passait plus tôt ?

— Stiles m'as ramené, elle dit en haussant les épaules.

— C'est le fils du Shérif, lui ?

— C'est ça, elle sourit.

— Il a l'air sympa.

— Il l'est, et sa copine aussi, même si elle est affreusement curieuse. »

Je ris alors qu'elle fait une drôle de tête.

Alors qu'elle prend un élastique pour attacher ses cheveux blancs en une demi queue un peu mal foutue, je prend ma lèvre entre mes dents, espérant qu'elle accepte la proposition que je m'apprête à lui faire.

« — Dis, El. Elle lève les yeux vers moi en me questionnant du regard. Ça te dirais de visiter un peu la ville ?

— Ouais, elle hoche la tête. On fait ça quand ? Ce week-end ?

— Pourquoi pas maintenant ? »

Elle ouvre grand les yeux en fronçant les sourcils.

« — Maintenant ? Mais Carter, il est plus de 17 heures, je ne sais pas si Chris-

— J'ai déjà demandé à Chris avant qu'il ne parte, il m'a dit oui.

— Bon, dit-elle, soucieuse. Si Chris veut bien, c'est que c'est ok.

— Génial ! Tu vas voir, ça va être super, j'en suis sûre ! »

Je vais avancer quelque peu dans le temps, parce que les disputes incessantes que nous avons eu pendant 30 minutes à propos du fait que nous nous soyons perdues après avoir marché vingt mètres sont absolument inutiles, bien entendu.

« — C'est pas si génial que ça en fin de compte, n'est-ce pas Katharina ?

— Ferme ta gueule un peu, je grogne en mettant mes mains dans les poches de mon gilet.

— Et en plus, je t'avais dis que ce n'étais pas par là ! Mais bien sûr, madame la reine des schtroumpfette n'a pas jugé bon de- »

Je ne l'écoute déjà plus, la laissant délirer dans ses histoires louches tandis que je remarque que nous sommes à la lisière de la forêt.

Carter, ne fait rien de stupide. Si Chris à dit qu'on ne devait pas y aller c'est pour une bonne raison.

Ne fais rien de stupide, ne fais rien de stupide, ne fais rien de-

« — Ça te dis qu'on aille faire un tour dans la forêt ? Je demande sans vraiment réfléchir. »

Je suis vraiment stupide.

Mais je pense qu'Elena l'est encore plus.

« — Si tu veux, mais-

— Ok, cool, viens. »

Je prend son poignet et la tire derrière moi alors que je m'engouffre dans ce lieu interdit qui semble m'attirer d'une manière extrêmement étrange.

Nous marchons en silence pendant quelques minutes. C'est moi qui marche, mais j'ai l'impression de ne plus contrôler mes jambes.

Je repense à ce que Chris m'avait dit :

" La nuit tombe beaucoup plus vite dans la forêt. "

Effectivement, il fait déjà extrêmement sombre alors qu'il me semblait que le soleil se couchait seulement lorsque nous sommes entrées.

Plus nous nous avançons dans ces vastes chemins, plus la température baisse, et plus la quantité de brouillard augmente.

Et le pire, c'est que j'ai l'air de savoir où je vais, mais que je n'en ai pas conscience.

Au bout d'un moment, je m'arrête brusquement, causant une collision entre Elena et moi.

J'ouvre grand les yeux lorsque je vois une sorte de gigantesque tronc d'arbre coupé.

Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ?

« — Carter ? On est où là ? C'est quoi ce truc ?

— Je, je dis, perdue. Je sais pas, je- »

Je m'arrête de parler, fixant la racine, complètement hypnotisée.

Et sans m'en rendre compte, je commence à marcher vers elle, le bras tendu.

« — Carter, qu'est-ce que- »

Elle se coupe également, ressentant sûrement la brise glaciale venant frôler mon visage. Ce n'est certainement que le vent.

Lorsque j'arrive en face du tronc, j'hésite à le toucher. J'ai l'intuition que je ne devrais pas, mais j'y suis poussée, en quelque sorte.

Au moment même où je pose ma main sur l'arbre, un hurlement strident se fait entendre.

Et puis, plus rien.

— by MelleMagDirection

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