CHAPITRE 9
///
Réagissez avec #BornTDieFic
///
PARTIE 1 : Déchiré
LOUIS
J'ouvre les yeux, me retrouvant à observer le plafond de la chambre de Judith Carter.
Je suis évidemment posé sur un matelas, par terre. Nous nous sommes endormis dans deux lits différents. Mais pour une raison que j'ignore, Judith est contre moi, encore endormie.
Je ne bouge pas, ne la dérange pas. Le fait qu'elle soit comme ça ne me dérange pas vraiment. Je me suis déjà retrouvé à dormir dans le même lit que Zayn, ce n'est pas grave.
Dans cet environnement m'étant inconnu, je me retrouve à penser, encore et toujours. Et à prendre mon téléphone, pour faire
- Qu'est-ce que tu fais, marmonne la fille contre mon épaule.
- Des recherches sur Harry Styles.
Sa vie n'est pas un secret pour moi - je ne suis pas un espèce de fan ni rien mais, je connais son implication dans l'équipe nationale de Baseball, et je sais quelques éléments à son sujet. Il m'a toujours paru si inspirant.
Et je trouve ça dingue. Les personnalités publiques, ainsi, nous paraissent si proches - nous paraissent si exposées, et pourtant, nous ne savons rien d'elles. Un jour, nous pouvons nous retrouver à tomber de haut comme ça.
Parce que sous leurs beaux sourires, leurs magnifiques yeux verts et leurs corps d'athlètes, certains sont des meurtriers.
J'épluche les nombreux articles de presse sur lui qui traînent sur Internet. Ils ont tous les mêmes informations, autant dire, pas grand chose, mais changent la tournure des phrases pour faire comme s'ils avaient un scoop.
- Il est quelle heure ? Demande Judith.
- Il est tôt, je réponds. Ton père est parti récemment. Mais j'ai entraînement ce matin... Il va falloir que j'y aille.
Elle acquiesce et ainsi, je me lève. J'ai dormi habillé, et je crois que j'ai bien fait. J'aurais été trop gêné de me retrouver en caleçon à côté de Judith. Même dans son pull oversize qu'elle a en guise de pyjama et zéro maquillage sur le visage, elle reste une jolie fille.
Et je n'ai pas trop l'habitude moi, de dormir avec des jolies filles.
- Le bus scolaire passe juste à quelques mètres de la maison, elle m'informe. On se voit au lycée ?
- Ouais - ouais. N'oublie pas de venir au rendez-vous avec Nick qu'on s'est donnés au gymnase.
Mollement, elle hoche la tête, et je passe la porte de la chambre avant de faire demi-tour. Je suis gêné, mais reconnaissant. Et j'ai retenu ces derniers temps qu'il faut de préférence dire les choses aux gens quand ils sont vivants.
- Merci de m'avoir fait resté cette nuit, je dis. Ca... m'a fait du bien, de ne pas être seul.
- Je sais Louis. C'est fait pour ça, les amis.
Judith est mon amie.
× × ×
Malgré mes différends évidents avec Nick, je n'ai pas eu d'autres choix que de les surpasser et de lui parler de ma trouvaille chez Zayn. Même si je déteste l'idée que Zayn ait pu l'aimer malgré ce qu'on vivait – c'est comme ça, et s'il y a bien une chose que je retiens de cette enquête, c'est que je ne peux pas changer le passé – ni même le présent, en fait. Je suis juste cet espèce de pion impuissant, sans paraître trop dramatique.
Et malheureusement, il n'a aucune idée d'où pourrait provenir la drogue. Au fond, j'aurais tellement aimé qu'il me dise que, je ne sais pas, Zayn la gardait pour quelqu'un d'autre, ou même que ça lui appartenait – mais tout sauf imaginer mon défunt meilleur ami se droguer ou pire, en vendre.
Putain, d'où ça vient ?
Je quitte le terrain de baseball avec mes coéquipiers, et cette fois-ci, Coach Clayton ne m'interpelle pas. Il faut croire que mon niveau d'entraînement n'était pas trop mal aujourd'hui. Il faut dire que j'essaie de faire le vide, maintenant. Trop penser me torture, alors je laisse ma passion prendre le dessus lorsque je suis sur le terrain.
Rejoignant les vestiaires, je me change sans passer par les douches communes. Puis, j'attends que le vestiaire se vide. Avant même que ça soit le cas, Judith débarque sous le regard ébahi des autres, à peine habillé. Josh notamment.
- On avait dit qu'on attendait que les gens soient partis, je dis à Judith alors qu'elle vient à moi.
- Je sais, mais j'en avais marre d'attendre, elle répond en regardant les mecs la fixer. Vous regardez quoi ? Habillez-vous et rentrez chez vous.
Je ravale un sourire et finis d'enfiler mon t-shirt, ainsi que mon pull un peu large. Petit à petit, les lieux se vident, presque plus rapidement qu'à l'accoutumée. Judith Carter est un numéro, c'est sûr.
Il finit par ne rester que Judith, Nick et moi dans l'endroit. Celui-ci vient vers nous, et s'assoit sur le banc. Nous nous sommes donnés rendez-vous – comme si les choses avaient changées. Malheureusement, non ; elles n'ont pas avancées de notre côté, et elles n'avanceront pas. Je crois juste qu'on essaie de se rassurer en se posant les questions plusieurs fois, espérant avoir un éclair de génie.
Pathétiques ? Désespérés ? Oui, nous sommes sûrement ça, si ce n'est plus.
- J'y ai pensé toute la semaine, depuis que tu me l'as dit, et j'ai du mal à croire que c'est possible, dit Nick.
- Tu es sûr que tu ne savais rien ? Demande Judith. Mon père m'a dit qu'ils en ont retrouvés dans son organisme, et qu'ils aussi interrogés ton pote Josh. Ils en vendaient ensemble.
- Ouais, je sais, tu m'as déjà dit tout ça – mais j'en sais rien, Judith. J'en suis persuadé. Il ne m'a jamais parlé de ça - ni Zayn, ni Josh. Je les aurais empêché de se foutre en l'air avec ces conneries, de toute façon.
Je crois que pour la première fois de nos vies respectives, Nick et moi nous retrouvons avec un point en commun sur Zayn. Nous sommes dans une incompréhension immense de celui que l'on pensait connaître. Cette sorte de sentiment de trahison, de confusion.
Je ne peux pas parler pour Josh. Mais je sais qu'en plus d'avoir l'impression de découvrir un petit-ami, Nick découvre aussi un visage nouveau de son supposé meilleur ami. Double peine.
Cela paraît fou à dire mais actuellement, sur Terre, je suis probablement la personne la plus à même de comprendre le ressenti de Nick – et vice versa.
Nous soupirons tous les trois, essayant de nous creuser les méninges. Mais nous ne pouvons rien faire, c'est comme ça – on ne savait pas et c'est tout. A part attendre car c'est désormais entre les mains des enquêteurs, il n'y a rien à faire.
- Et puis merde, râle Nick à Judith, c'est pas ton père qui est censé enquêter sur tout ça ?
- Si, et il le fait. On parle beaucoup, en ce moment. Il me dit tout ce qui concerne l'enquête – même si c'était compliqué, elle lui a été retirée pendant un temps.
- Quoi ? Nous nous exclamons en chœur.
- Tu ne me l'as pas dit hier soir quand j'étais chez toi, je réagis à mon tour.
Judith soupire et hausse les épaules.
- Ouais, pour des raisons... compliquées. Personnelles. Mais, c'est passé, il l'a reprise - en arrêtant Josh et tout ça.
- Ça tu ne nous l'avais pas dit. Et puis, attendez - vous dormez l'un chez l'autre ? Remarque Nick.
- Hey, excusez moi mais j'ai aussi un jardin secret les loulous. Je donne les infos et vous recevez et vous êtes contents c'est comme ça que ça doit marcher. Elle soupire. Louis, il y a quelque chose que je ne t'ai pas dit non plus. Il va te convoquer bientôt.
- Pourquoi ? Il me pense encore coupable ?
- Bien-sûr que non, vous êtes le cadet de ses soucis. Je ne sais pas pourquoi il veut te voir, il ne me l'a pas dit. Mais t'en fais pas, pour lui, et pour la brigade entière, c'est Harry Styles. Les infos ne parlent que de lui.
Et pour le moment, nous avons eu beaucoup de chance qu'il ne sorte pas un bon paquet de billets pour balayer son nom des soupçons. A chaque heure qui passe, je crains que ça arrive – qu'à la télé, il soit dit que les charges contre Styles sont abandonnées. Je crois que, cela me rendrait fou.
- Il faut que tu ailles les voir de toute façon Louis, dit Nick. Pour leur transmettre le Xénon.
- Je l'ai fait. Hier.
- Oh, ok. Je ne sais même pas pourquoi tu as attendu autant de temps.
Je baisse légèrement les yeux, conscient qu'il a raison. Ça aussi, si j'avais un jour pensé donner raison à Nick...
J'aurais dû me rendre plus tôt à la police concernant mes trouvailles pour le moins surprenantes. Je le sais. Ca faisait déjà plusieurs jours - et c'était trop. Mais je crois que c'était difficile pour moi, d'exposer ça à une telle ampleur. Ce serait comme confirmer tout ça – comme leur donner vie. Je sais que ça sonne totalement faux, mais en les gardant pour moi, en les gardant pour nous, j'avais l'impression que ces preuves n'étaient pas valables, pas réelles.
Mais ça ne fonctionne pas comme ça. Les preuves existent. Tout est bien réel. Et ma haine grandissante pour Harry Styles chaque jour aussi.
- Je sais, je réponds finalement.
- Tu ne te le trimballais pas sur toi ces derniers jours quand même ? Demande Nick.
- Si.
- Mais qu'est-ce qui ne va pas chez toi ?! Si quelqu'un t'avait pris avec ça au lycée t'aurais été viré de l'équipe Louis !
- Ne fais pas comme si ça avait une importance, je soupire. Et de toute manière, personne ne m'a pris et maintenant ces preuves sont dans les mains de la police.
Judith se charge de râler sur nous deux, précisant bien que nous nous comportons comme des enfants, à toujours trouver le moyen de se chamailler lorsque la situation ne s'y prête pas du tout. Et alors que Nick et moi nous tirons la langue au même moment, je réalise qu'elle a raison.
- T'as raison Nick, je cède, conscient que tenir tête quand j'ai tort n'avancera à rien. C'était imprudent de ma part. Mais personne m'a pris, c'est ce qu'on doit retenir. Maintenant, on n'a plus qu'à... attendre que je sois convoqué par ton père Judith. C'est le seul qui peut nous aider à comprendre de toute manière.
× × ×
Et finalement, dès le lendemain soir, je me retrouve appelé pour venir au poste. Mais à ma grande surprise, pas seul. Détective Carter me demande de venir avec mon tuteur légal, donc, mon père.
A partir de ce moment-là, je panique. Ce n'est pas normal d'être convoqué avec mon tuteur alors que je suis majeur, si ? Je veux dire – je n'ai pas la majorité pour boire de l'alcool ou faire des jeux d'argent, mais j'ai la majorité politique et tout ce qui va avec. Alors je me fais tout un tas de films, j'ai peur et je gratte les informations auprès de Judith.
Qui elle, se charge de me rassurer, de me donner rendez-vous en bas de chez moi avant d'y aller, et aussi de contacter Nick. Les deux sont en bas de chez moi au moment où nous quittons la maison avec Dan.
- Tu sais pourquoi il me convoque ? Je demande à Judith.
- J'en ai aucune idée je t'ai dit. Pour te poser des questions sûrement.
Nous montons tous les quatre dans la voiture et assez rapidement, nous sommes arrivés au poste de police de Boulder. Je ne suis pas à l'aise ici, l'air est étrange à respirer, et tout ce qui en émane est d'une tristesse accablante. Vite que tout soit fini.
- Bonjour Louis, me dit Mike lorsque j'arrive à sa hauteur, puis il voit mes accompagnateurs. Il me semblait que j'avais dit ton père et toi, pas la famille entière.
- Si nous ne sommes pas suspects, il n'y a pas de soucis, si ? Demande Nick.
- A moins qu'on le soit, intervient Judith.
- Ne dis pas de bêtises Judith, c'est juste que vous n'êtes pas concernés, soupire son père.
- Ils peuvent rester, je conclus. Je leur dirais probablement de toute façon, alors...
Après hésitation, le détective et ses équipiers finissent par hocher la tête. Il y a la femme, agent White, que j'avais déjà vu – mais aussi deux autres, que je n'avais pas vu. Un grand mec métisse, et un plus petit, pâle, roux. J'examine ce qu'il se passe autour de moi, pas spécialement les lieux, mais les attitudes. Je crois que je fais ça parce que j'ai peur, je ne sais pas. Judith et Nick semblent discuter, et mon père, lui, est d'un silence de mort.
- Alors venez tous, dit Andrea.
Nous les suivons jusque dans une pièce que je n'avais pas fréquentée ; le bureau de leur supérieur. En voyant le nom de Tanson sur la porte, je réalise. Le père de Josh aussi, travaille pour la criminelle. Et ça rend l'histoire de son interrogatoire et du côté personnel encore plus étrange.
Et à ce moment-là, je me retrouve face à deux détectives et à leur supérieur, tous en tenue classe, avec leur air sérieux sur le visage. Ouais, c'est définitivement intimidant.
- Excusez-moi mais, pourquoi nous sommes là ? Demande Dan aux enquêteurs.
- Nous avons trouvés de la drogue dans l'organisme de Zayn, dit Mike. Mais je pense que tu le sais déjà, Louis. J'acquiesce. Nous avons différents liens avec d'autres enquêtes qui nous ont amenés à la conclusion qu'il y aurait peut-être un trafic de Xénon à Boulder. Et Harry Styles a un rôle à jouer dedans.
Je ne sais pas réellement si mon cœur s'alourdit, ou si je suis soulagé. Ce que j'ai trouvé est donc logique. Cela a pu faire avancer l'enquête, un tant soit peu. J'ai pu faire avancer l'enquête.
Mon père se tourne vers moi.
- Comment ça tu savais pour de la drogue chez Zayn ? Il me demande.
- J'ai trouvé quelque chose chez Zayn. C'était... de la drogue, du Xénon. On a étudié ça en classe, pour la prévention anti-drogues dopantes. J'ai tout trouvé sous son lit. Je l'ai remis aux enquêteurs.
- Ce qui nous a permis d'avoir encore plus d'éléments pour avancer. Parle finalement le fameux Monsieur Tanson. Nous sommes beaucoup concernés par le Xénon en ce moment... Comme vous devez le savoir, il dit en regardant Nick, donc l'ami de son fils, qui acquiesce.
- On ne peut pas faire une perquisition chez Styles ? Demande Andrea.
- Je crois que les médias en parleraient tout de suite, intervient Nick.
- C'est sûr, confirme l'agent Carter.
- On ne peut pas faire ça.On s'en tient au plan, parle le père de Josh.
Je fronce les sourcils, signe d'interrogation et je comprends que mes deux amis – enfin, amis, c'est peut-être un bien grand mot – font de même. Nous posons même la question, à savoir de quel plan. Et lorsque le détective commence à m'en parler, je me décompose lentement.
Il parle de tout. Du fait que c'est très sérieux, que c'est sûrement un gros trafic émanant du corps politique, que c'est une histoire qui date, et donc que vis à vis de tout ça, Harry Styles est notre meilleur élément. Que celui-ci jouera avec nous si on le convoque encore et encore, jusqu'à utiliser son immunité. Que la seule solution, donc,
C'est d'aller sous couverture, pendant un moment.
- Quoi ? S'enquit Judith. C'est une blague ? Ca ne vous rappelle rien, là ?
- C'est pour ça que tu n'aurais pas dû venir, intervient son père. C'est trop personnel pour toi, tu fais le lien.
- Et toi tu ne le fais pas Papa ? Sérieusement – c'est trop dangereux.
- Dangereux ? Je panique.
- Non, ça ne l'est pas, parle Tanson. Beaucoup d'erreurs avaient été commises pour Abigail Carter. Nous ne les répèterons pas.
Ça fait beaucoup d'informations. Même trop. Alors qu'ils continuent à parler, si ce n'est même se chamailler, sur pourquoi c'est une bonne idée et pourquoi c'en est une terrible, je demeure silencieux et pâlis davantage à chaque seconde. Mon père, lui, est pareil. Il est plus silencieux que jamais.
- Je ne peux pas, je dis finalement, tout bas. Je suis un terrible comédien - et c'est trop d'entraînement.
- Tu ne seras pas seul, me rassure Andrea. Nous aurons une équipe complète sur place – mais qui restera en retrait, comme Styles a déjà vu nos visages.
Je secoue la tête, encore et encore. Je prends la liberté de m'asseoir sur le sofa en cuir présent dans le fond du bureau, en ressentant le besoin. J'ai d'abord l'impression que je vais commencer une sorte de crise de panique, mais Judith prend mes mains et me force à la regarder dans les yeux, ce qui me calme.
Mike s'assoit à côté de moi et attire mon attention aussi.
- Louis, tu as le choix là-dessus, dit-il. Et je ne veux pas te mettre la pression. Je vais juste être honnête avec toi, sans toi, on n'avancera pas. On va tourner en rond avec un gosse de riche qui va simplement finir par nous balayer du revers de la main. Alors que si tu es là-bas, que peut-être même tu gagnes sa confiance... On a une chance.
- Mais il va savoir que c'est moi, non ? Tout sera foutu d'avance ?Vos noms n'ont pas été communiqués. Vos visages non plus. Vous avez juste été interrogés, pas suspectés sérieusement. Il n'a aucune idée de qui vous êtes.Et si Zayn parlait de moi ? Je pense à tout. Si lui et Zayn travaillaient ensemble ou je ne sais quoi... Et qu'il sait à quoi je ressemble ? »
Là, cela semble clouer le bec à tout le monde. Les trois policiers dans la pièce se taisent, et mes accompagnateurs n'ouvrent pas la bouche non plus. Je soupire et secoue la tête. C'est un scénario de film, ce n'est pas possible autrement. J'étais un mec normal, qui jouait au baseball et qui rigolait avec son meilleur ami – qu'est-ce qu'il a bien pu se passer pour qu'on en arrive là ?
A ma dernière question, les enquêteurs n'ont qu'une réponse :
- Il faudra prendre ce risque.
Toujours la même réponse, toujours le même principe. Prendre des risques. Peut-être aider, mais aussi peut-être faire un faux pas et tout gâcher. Peut-être y survivre, ou peut-être pas.
Je me passe les mains sur le visage alors que mon père discute avec eux à savoir de pourquoi, comment, combien de temps. Comme si c'était déjà acté. Je n'écoute que d'une oreille, je dois bien l'avouer. Je suis bien trop pensif pour rester concentré.
Finalement, je dis :
- Je vais... réfléchir.
Et même si ce n'est pas la réponse idéale à entendre, ils s'en contenteront.
× × ×
Lorsque nous rentrons à la maison avec Dan, je suis d'un silence de mort. Il tente, à sa manière, de me parler - du plan, de ce que j'en pense. Face à ses mots, je suis pâle, silencieux ; absent. J'ai énormément d'éléments qui tournent dans ma tête, davantage s'accumulant chaque jour. Je suis constamment fatigué.
- Je vais monter dans ma chambre, je l'informe.
- D'accord, répond-il tristement.
Alors, je le fais. Et une fois debout au milieu de celle-ci, je suis encerclé d'incompréhension. De photos avec Zayn, qui me semble totalement inconnu désormais. Et surtout, d'Harry Styles. Mes posters de lui se trouvent sur les murs, les articles de vente des Colorado Rockies sont sur mes meubles ; tout ce qu'il y a dans mon espace personnel me ramène à lui.
A ce meurtrier.
Il est tout autour de moi, dans ma chambre, dans ma tête, dans ma télé, pendant aux bouches de tous les habitants du quartier. C'est comme si je n'arrivais pas à m'en défaire. Comme s'il me suivait - il est bel et bien vivant, mais c'est lui qui semble me hanter.
- Assassin !
Je crie, commençant à déchirer les papiers à son effigie ; commençant à lui faire mal, comme je le peux. Les débris volent dans la pièce avant de s'écraser au sol, dans des petites piles désordonnées.
Je hurle à m'en vider les poumons ; comme si cela enlevait la frustration. Comme si, si je crie suffisamment fort, cela l'atteindra ; cela lui fera mal, en tant qu'humain.
Assassin.
Ce mot pend à mes lèvres tremblantes. J'arrache chaque petit bout d'affiches à son sujet, jusqu'à ne plus l'avoir sous les yeux. Même s'il hante ma tête.
Mes genoux atteignent le sol alors que je me laisse tomber. Alerté par mes cris et les bruits, mon père entre en furie et vient m'enlacer, son torse contre mon dos, et ses bras contre mon ventre. Ainsi, il me retient aussi de tomber ; littéralement, mais aussi métaphoriquement. Il m'empêche de sombrer si bas dans le puit que je ne remonterai jamais.
Mes yeux ne sont pas humides. Actuellement, je ne ressens aucune tristesse ; aucune envie de déverser des larmes. Je suis passé au dessus de ce stade.
J'ai juste une colère profonde, aussi noire que mon coeur.
- Ca va aller Louis, parle doucement mon père. Ça va aller.
- Il a tué Zayn.
- Oui, j'en suis sûr - mais ça va aller.
- Il l'a tué, Papa. Je le tuerai.
- Louis, ne raconte pas de bêtises...
Je ne réponds pas. Je n'ai rien d'un assassin ; j'ai tout d'un simple garçon dépassé par sa vie récente.
Parfois, dans la vie, il en faut peu pour réaliser quelque chose - pour comprendre l'importance, pour agir. Cela prend parfois des mois, des semaines, des jours - ou seulement quelques petites heures ou minutes.
A ce moment-là, tandis que je baisse les yeux vers un bout de poster déchiré affichant le visage souriant et radieux de Styles, je sais une seule et unique chose. Je suis un terrible comédien, je n'ai aucun self-contrôle, je n'ai jamais utilisé d'arme et je n'ai jamais réussi à tirer les vers du nez de quelqu'un. Cependant,
- Il croupira en prison Papa, je dis doucement. Je te promets que le responsable finira là-bas.
Il ne me répond pas, et je n'en ai pas besoin. C'est une promesse au monde entier, mais surtout à moi-même. Je vais faire tomber Styles.
Le lendemain, après une nuit de conseils, je fais part à mon père de ma décision. Peu importe ce que ça implique - les risques et les conséquences pour moi, je veux les prendre.
Car même si Zayn semble devenir à chaque jour qui passe un parfait inconnu pour moi, j'ose espérer qu'au fond, il était malgré tout mon meilleur ami que je connaissais du bout des doigts. Et pour ce garçon-là, je prendrais tous les risques de la terre.
Mon père ne s'oppose pas à mon choix. Je crois que comme nous tous, il a envie que tout cela se termine très vite. Même, plus vite que moi je crois. Sûrement par instinct paternel.
Comme un grand, ce matin, je me rends au poste, seul. Je n'ai ni prévenu Judith, ni Nick. Ce choix appartient à moi et à moi seul. Et lorsque j'arrive au poste, sous les regards interrogateurs des détectives assis à leurs bureaux que je fréquente bien trop ces derniers temps, je ne dis que quelques mots :
- C'est d'accord. Je vais le faire.
L'après-midi même, l'entraînement commence.
*
PARTIE 2 : Une équipe au complet
MIKE
À partir du moment où Louis accepte, tout un côté plus complexe est mis en place. Nous devons passer des accords politiques de partout afin de mettre en place une infiltration sur plusieurs mois, au moins.
Les accords hauts-placés nous ont posés plusieurs conditions, impératives.
La première, c'est que nous soyons une équipe complète sur l'opération. Andrea et moi évidemment, mais également Todd et Ernie, donc. Ceux-ci n'ont pas eu de mal à accepter vu l'importance de l'enquête, même si cela signifie partir de nos foyers un petit moment.
La deuxième, c'était d'entraîner Louis au maximum à tous les risques. De lui faire passer des dizaines de tests afin qu'il soit apte à savoir gérer une arme si jamais les choses dégénèrent pour lui. En effet, c'est habituellement des agents entraînés qui partent sous couverture - là, c'est un gosse.
Et pourtant c'est notre meilleur élément.
La troisième condition imposée par nos supérieurs, était de travailler avec un membre de l'équipe des stups, car notre affaire est étroitement liée à la drogue, en plus d'un meurtre. Et donc, la criminelle ne pouvait pas être seule sur ce coup-là.
Jusque là, tout va bien.
Mais Louis en personne avait également quelques conditions. D'abord, qu'il conserve son nom même pendant l'opération de couverture. Nous avons beau lui avoir dit pendant des heures que c'était un risque en plus, il n'a pas lâché le bout, disant que ça serait quitte ou double.
La deuxième était qu'il continue à suivre des cours comme il le pouvait, même s'il devait se scolariser à Denver. Il n'a vraiment pas envie de rater son année et nous avons pu lui accorder.
Et sa dernière condition est ma foi, bien plus délicate.
- Je ne peux pas embarquer deux gamins supplémentaires dans cette histoire, je couine au milieu du poste. Ce serait bien trop.
- Je ne suis pas une gamine, intervient Judith.
- C'est vrai, parle Todd. Elle n'a vraiment pas l'air d'une gamine.
Je lance un regard noir à mon collègue qui détourne les yeux. Sérieux, elle a beau avoir le physique d'une femme de 25 ans, elle en a 18 !
C'est mon petit bébé, merde.
- C'est trop risqué Judith.
- J'ai choisi, elle rétorque.
- Louis a choisi.
- Non, il intervient, je lui ai soumis l'idée, et pareil pour Nick. Ils ont acceptés d'eux-mêmes. Je ne peux pas partir dans un nouveau lycée en étant totalement seul.
- A plusieurs, cela rajoute les risques, intervient Andrea.
- Je ne partirai pas seul.
Louis est catégorique et ses deux amis, donc ma fille et le petit-ami de la victime, sont campés sur leurs positions.
Ça devient plus que personnel pour moi tout ça.
Je soupire.
L'heure suivante se déroule entre négociations intenses et arguments lâchés. Et finalement, je n'ai pas d'autres choix que d'accepter cette énième et dernière condition. Louis sera accompagné. Mais je suis catégorique :
- Nick et Judith, vous ne devrez jamais entrer en contact avec Harry. Nick, parce qu'il sait sûrement à quoi tu ressembles comme tu étais le copain de Zayn. Et toi Judith, parce qu'il est hors de question que tu t'approches de ce mec.
Et juste ainsi, nous trouvons un terrain d'entente. Je viens m'asseoir sur mon siège de bureau, comme épuisé d'avoir discuté si longtemps avec les jeunes. Ce n'est plus de mon âge tout ça.
Cela me rajoute une pression, évidemment. Et du travail. Nous ne pouvons pas les embarquer comme ça - de nouveaux coups de fils vont être passés, et des accords aussi. Rien n'est joué - et j'espère sincèrement qu'ils ne pourront pas venir.
Car deux personnes en plus signifie également deux personnes que l'on risque de perdre en plus. Et que ce soit Nick vis à vis de sa famille, ou Judith vis à vis de ma vie entière, je ne me le pardonnerai jamais.
- Alors pour cette enquête on est... Commence à réfléchir Ernie. Sept à partir là-bas, c'est ça ?
- Huit, je corrige. Le mec des stups ne devrait pas tarder.
- Tu le connais peut-être Andrea, intervient Ernie. C'est de là que tu venais, non ?
- Ouais, mais il y a une chance sur cent que je le connaisse, elle s'amuse.
Une chance sur cent, c'est suffisant.
× × ×
Je touille mon café, assis dans la salle de repos. Nous faisons des horaires de dingues depuis quelques jours, entre l'entraînement de Louis, la mise en place du plan. Ce n'est pas facile d'apprendre exactement ce qu'on va devoir faire - et surtout, lui, d'apprendre comment agir.
Le plus gros de sa formation est de paraître purement nouveau. De n'avoir aucun lien émotionnel avec Styles. Basiquement, il faut à tout prix éviter qu'il lui saute à la gorge quand il le verra.
- Si j'avais pensé passer un jour autant de temps dans un commissariat, soupire Judith, à côté de moi.
- Tu peux rentrer si tu veux Judith.
- Non, le nouveau va arriver, et on va sûrement continuer à parler du plan. Je ne peux pas rater ça.
Je regarde ma montre et souffle. Il met du temps à arriver, ce mec.
- Avec un peu de chance il sera mignon, continue à parler ma fille.
- Tu as 18 ans, et il en aura minimum dix de plus que toi.
- Ce n'est qu'un chiffre, tu ne crois pas ?
- Tu vas me faire faire un infarctus avant l'âge, je dis.
- Oh, ne sois pas jaloux, toi tu as l'enquêtrice sexy pour toi. Tu devrais voir comment elle te regarde...
Je manque de m'étouffer avec mon café, d'autant plus qu'Andrea entre dans la pièce. Je lève les yeux vers elle. Sans demander son reste, Judith part, avec un petit rire.
- Hey, elle dit doucement.
- Hey, je réponds en essuyant ma cravate. Tu veux un café ?
Elle secoue la tête et vient s'asseoir à côté de moi. C'est calme, autour de nous - et pas seulement parce que nous sommes dans une espèce de bulle, ici. Le poste est réellement désert, vu l'heure - il n'y a que les adolescents dans la salle principale, nos deux collègues, et nous.
Toujours en attente du mec des stups.
- Tu peux aller te reposer, je parle. Ce n'est pas grave si tu n'es pas là au moment où notre nouveau collègue débarque. Tu auras largement le temps de le côtoyer dans les prochains jours.
- Non, ça va, ça va... Je voulais juste - venir te voir.
Oh.
- Venir te présenter des condoléances tardives, elle reprend.
- Ne t'inquiète pas. Ça fait des années - ça va.
Perdre la personne avec qui nous avions tant de projet de vie est toujours difficile et je crois que cela laisse un vide éternel.
Mais c'est ce que nous nous étions dit, après tout. Rien de plus. « Jusqu'à ce que la mort nous sépare ».
- Je sais, d'où le « tardives », elle rigole légèrement. Mais, tu sais que si tu veux me parler... Elle tente.
- Je sais, et je suis sincère. Elle est juste - morte, un jour. A cause de quelqu'un, qui l'a tuée, et je n'ai rien pu faire, jamais. C'est difficile de le porter mais je vais bien mieux.
Là n'est pas un manque d'envie de ma part de lui parler de ce qu'il s'est passé, car elle sait déjà tout. Evidemment, elle ne connaît pas la partie moins drôle derrière, où j'ai été enchainer les psychologues pour essayer de garder la tête haute mais, ce n'est pas grave.
Notre attention à tous les deux est attirée lorsque le bruit de l'ascenseur qui s'ouvre parvient à nos oreilles. Nous nous levons de nos sièges, de manière à voir qui arrive.
C'est un jeune homme, blond, qui a un sac de voyage sur le dos. Je me doute qu'il ne vient pas de ce comté et a donc dû voyager ; ils ont certainement dû envoyer leur meilleur élément. J'ose espérer, du moins.
Je tourne la tête vers Andrea, qui a les sourcils froncés.
- Tu le connais ? Je demande.
Sans me répondre, elle part de la pièce et va le voir. J'arque les sourcils. Cela fait donc ça, de s'adresser à quelqu'un comme moi et de se prendre un mur ?
Je la suis, afin de comprendre ce qu'il se passe.
- Salut à tous, parle le nouveau. Je suis l'agent Niall Horan, des stups. Excusez-moi pour le retard, les retards c'était quelque chose.
- Pas de soucis. Moi c'est Todd, se présente le concerné, et lui, Ernie.
- Et donc... Vous devez être le détective Carter ?
Pour lui répondre, j'acquiesce.
- Et moi, je n'ai pas besoin de me présenter, parle Andrea.
- Ravi de te voir, il lui dit.
- Ouais. Moi aussi, Niall.
Je tourne les yeux vers les trois adolescents qui ont une tête à mourir de rire, mais je me retiens d'exprimer mon amusement. C'est vrai qu'il y a cette sorte de gêne dans l'air qui fait que l'envie de rire est forte.
Andrea nous regarde, tous, qui affichons ce visage perdu. Elle soupire.
- Je n'ai rien à cacher, elle parle. Niall et moi avons travaillés ensemble...
Oh, si ce n'est que ça...
- ... Et nous sommes sortis ensemble, complète le blond.
- Exactement. Mais ça fait longtemps que c'est terminé entre nous. Je suis célibataire, et ravie.
En parlant elle se tourne inconsciemment vers moi et se reprend aussitôt. Ma fille me fait un clin d'oeil et je l'ignore.
Ouais, une chance sur cent, ça semblait suffire à Andrea.
Face à notre silence total, mon équipière part dans la salle de repos, finalement, se faire un café.
- J'espère que ça ne dérangera pas nos facultés à travailler ensemble, continue Niall. Je suis professionnel et Andrea aussi.
- Elle n'a pas l'air super ravie de te voir mon pote, parle Nick.
- Je sais, mais... Excuse-moi - tu es qui, toi ?
Les adolescents se présentent à tour de rôle et pendant ce temps, Judith me fait un petit signe, disant clairement « va la voir, idiot ». Je ne sais pas trop pourquoi c'est ma fille qui me donne des conseils relationnels mais je crois que c'est bon à prendre. Finalement, Judith est aussi mon amie - ma seule amie.
Je prends mon courage à deux mains et vais la rejoindre. C'est ce qu'elle ferait pour moi - c'est ce que je dois faire pour elle. Il y a cinq minutes elle m'exprimait qu'elle serait là si j'avais besoin, et je crois que là, elle a besoin.
- Hey, je dis.
- On s'est vus toute la journée et il y a trente secondes encore, Mike.
Je me pince les lèvres.
- Ouais... T'as raison. Je ne sais juste pas trop quoi dire, dans ces cas-là.
- Il n'y a rien à dire, elle soupire. Je vais devoir travailler avec mon ex.
- Et ça te pose problème ? Tu as encore des sentiments pour lui ?
Je viens m'appuyer contre le plan de travail, juste à côté d'elle. Je crois que nous n'avons jamais eu autant de proximité physique, c'est-à-dire moins d'un mètre. Et autant quand elle ne me regarde pas ce n'est pas grave, autant quand elle lève les yeux vers moi, ça fait bizarre.
On est vachement proches là, quand même. Mais je ne recule pas. Je ne recule plus.
- Je n'ai plus de sentiments pour lui, elle est claire. C'est que je ne m'attendais pas à le voir. Tu sais... Un peu comme un fantôme de ma vie passée qui revient. Et avec qui je vais devoir passer plusieurs mois, à se voir tous les jours.
- Oh... Ouais. J'ai jamais connu mais - ça craint.
Pour confirmer mes mots, elle acquiesce tout en soupirant. Je la regarde préparer son café minutieusement, comme si c'était incroyable, alors qu'il n'existe rien de plus banal.
Une interrogation me brûle cependant les lèvres, se faufilant à travers celle-ci :
- Ca fait combien de temps que vous n'êtes plus ensemble ?
Je réalise quand ça m'a échappé que ce n'est quand même pas banal que je demande ça - il y a quelques mois je n'aurais jamais osé, et je ne m'y serai surtout aucunement intéressé. J'aurais à peine écouté Andrea parler - à vrai dire, je ne serai même pas aller la « rassurer » en premier lieu !
A ce moment-là je ne sais pas trop si j'ai 40 ans ou bien 15. Le physique d'un adulte mais la tête d'un gosse.
- Neuf mois. C'est long.
- Moins long que moi, je réponds aussitôt.
Pourquoi tu dis ça crétin ?
Andrea aborde un petit sourire et hausse les épaules. Je ferme les yeux quelques secondes et souffle.
- Excuse-moi je suis - pas doué pour tout ça. Pour... rassurer, et pour parler. Je voulais dire - j'ai jamais eu personne à part ma femme, enfin, depuis ma femme... Alors - je veux pas comparer nos vies, et tout ça, mais ouais, neuf mois, c'est long quand même. Je souffle. Désolé, je suis maladroit.
- Non, ne t'excuses pas. Je trouvais ça détestable au début mais maintenant je crois que c'est... Mignon.
Mignon ?
Timidement je baisse un peu la tête et lâche un petit rire.
- Merci.
En tournant la tête vers Judith qui se trouve à plusieurs mètres mais qui me sourit à pleines dents avec des pouces en l'air, et pareil pour Louis et Nick, je ne peux contenir un petit rire.
Ouais, ça va être des mois palpitants.
× × ×
Et au fil des jours, ça a l'air de se stabiliser.
Nous pouvons tous travailler ensemble, du moins, ça a l'air. Je vais devoir vivre avec le fait que ma fille nous suive sur cette opération, et Andrea devra vivre avec le fait que son ex vient aussi.
Puis moi aussi, je vais devoir vivre avec l'idée que l'ex d'Andrea vienne.
- Alors on récapitule, dit Ernie face à l'énorme tableau où tout le plan est écrit. On va arriver plus tard ce soir à la maison mise à disposition par l'Etat.
- Il faudra que nous installions les équipements de micro et autre, parle Todd.
- Et ensuite, dans la continuité, Louis doit gagner la confiance d'Harry Styles, explique Monsieur Tanson. Il sera intégré dans l'équipe des Colorado Rockies en fin de semaine - d'abord, sa rentrée aura lieu, avec Judith. Nick sera scolarisé ailleurs, pour ne pas risquer d'être reconnu, étant donné qu'Harry styles est aussi dans le futur lycée de Louis de temps en temps. C'est pour ça que nous l'avons choisi.
- Ça prendra des mois, j'interviens. Harry styles est constamment fourré avec un autre joueur de l'équipe, Liam Payne. Mais avec un peu de chance, ils prendront Louis sous leur aile ou quelque chose comme ça - et dès qu'ils lui avouent qu'ils font un trafic de drogues, c'est bon pour nous. Ok ?
Tous devant moi, hochent la tête.
- Et mon petit sera en sécurité ? Demande Dan, le père de Louis.
- Oui, toujours, j'assure. Vous avez ma parole.
Je regarde à nouveau l'assemblée devant moi, voyant s'il y a des dernières questions, ou des précisions à apporter. Mais je crois que nous avons tout explorés pour le moment.
- Alors on est partis, on peut charger les deux voitures. De nouvelles instructions arriveront chaque jour de toute façon.
Puis je fronce les sourcils.
- Où sont Louis et Nick ?
- Au stand de tir je crois, répond Judith en se levant. Je vais les chercher.
*
PARTIE 3 : Le départ
LOUIS
Les semaines passent à une vitesse éclaire. Au début, chaque soir, dans mon lit, je me demande dans quoi je me suis embarquée - parce que la journée je suis au lycée tel un adolescent parfaitement normal, et dès la fin des cours, je file avec Judith et Nick au poste pour continuer notre entraînement.
J'ai un peu l'impression d'être Batman, à ma manière. Ce qui fait qu'Harry Styles est le joker.
Je veille la nuit, je dors peu, je m'entraîne à tirer et à apprendre par coeur un plan. J'ai évidemment un suivi psychologique aussi, et ça, c'est génial. Parce que je peux parler aussi de Zayn, de ma frustration et de ma colère. Ça me fait beaucoup de bien.
Mais tout ça, ce n'est que sur trois semaines. Et même si ça peut paraître beaucoup, ça ne l'est pas. Pas du tout. Je crois que même sur trois mois ou sur trois ans je ne serai pas prêt, de toute façon.
Pourtant il faut. Parce que ce soir, c'est le départ pour Denver. Pour quelque chose d'inédit.
Je suis au stand de tir au sous-sol du poste, m'entraînant, comme chaque soir. Concentré, droit, je tire.
Une balle.
Deux balles.
Trois balles.
Au début, je m'imaginais Harry styles à la place de la cible, mais je n'ai plus à le faire. Heureusement. Le but est que, quand je le vois, je ne sois pas totalement taré et veuille le tuer sur le champ.
Le but, c'est de le faire parler. De lui faire payer.
- Hey Louis.
Je me tourne vers Nick, qui est là. J'enlève mon casque antibruit et prudemment, pose l'arme.
- Nick, je réponds.
- On va pas tarder à y aller.
- Ouais... Je sais.
- Et ça va toi ?
Parce que trois semaines d'entraînement qui vont changer ma vie à tout jamais, ça a aussi compté trois semaines à passer 24 heures sur 24 avec les enquêteurs, Judith, et Nick. Et je crois qu'on s'est vite rendus compte qu'on était pas assez cons pour se détester encore et encore, sans réelle raison.
Nous sommes bien loin d'être les meilleurs amis du monde mais, nous savons pourquoi nous faisons ça, nous savons ce que nous devons faire. Pour Zayn.
Nous sommes dans le même camp. Il avait raison, et j'avais tort.
- Ça va, je lui réponds. Je ne sais pas vraiment quoi attendre de ces mois à venir...
- Moi non plus, il avoue. Et je crois que je flippe.
Pour lui montrer que moi aussi, j'hoche la tête. Puis, je soupire.
- J'ai été un vrai con avec toi Nick, je dis.
- Non - c'est moi.
- Je crois qu'on avait tous les deux nos torts... Si mon meilleur ami était amoureux de toi, c'est qu'il y avait une raison. Merci de m'accompagner là-dedans.
- Je le fais pour lui tu sais.
- Sauf que lui il est mort, et nous on est encore vivants. Alors ce qu'on fait, c'est pour nous. Et merci pour ça.
Il hoche la tête et me tend sa main. Nous avons fait la paix il y a moment déjà mais dans son geste, j'y vois quelque chose de symbolique. Alors je lui serre, et il m'entraîne dans une accolade.
Je ferme les yeux. Tout est tellement différent maintenant. Dans ma tête, dans ma vie, dans mes fréquentations, dans mes motivations.
Tout sera éternellement différent.
- Oh, vous êtes là, dit Judith en arrivant. On va y aller, elle nous informe.
Nick et moi nous détachons et celui-ci remonte au poste, me laissant avec Judith. Elle est devenue rousse, maintenant - et elle a un gros sweat sur les épaules, ainsi qu'un jogging, et aucun maquillage sur le visage.
Elle est belle.
Et je crois qu'elle craque sur moi.
Alors oui, elle est magnifique.
- Tu ne t'es pas mise sur ton 31 pour la route ? Je m'amuse.
- On va se taper presque une heure de route, de nuit, pour arriver et dormir. Je n'avais pas envie d'être jolie, elle rigole. Et puis... Je crois que je peux me montrer vulnérable, devant vous tous.
- Tu peux.
Elle m'offre un petit sourire, timide et pourtant totalement signée Judith Carter. Cette fille est un numéro, c'est sûr. Je tourne la tête vers la cible de carton criblée de balles.
- Tu es prêt à y aller ? Elle me demande.
- Je crois que je ne serai jamais prêt à vivre quelque chose comme ça, je réponds. Mais allons-y.
Après avoir chargé les deux véhicules totalement équipés du grand matériel que nous installerons dans la maison, et de nos affaires, nous pouvons procéder aux au revoir.
Mon père est là, et il ne me verra normalement pas avant un moment. C'est ça, ce genre de missions sous couverture - et ça craint. Mais je crois que c'est nécessaire.
Je le prends dans mes bras et finis par charger ma valise dans la voiture, conduite par Mike.
C'est un déménagement éphémère,
Mais une vie changée pour toujours.
Plusieurs vies changées pour toujours.
Ma tête posée contre la vitre tandis que je vois les lumières de la ville de Boulder s'éloigner de plus en plus, j'ai conscience que je fonce vers une nouvelle vie.
///
Réagissez avec #BornTDieFic
///
Ça y est ils partent... Je n'ai pas énormément détaillé la partie entraînement parce que vous pouvez imaginer le genre, et puis parce que ce n'est pas palpitant. J'espère que ça vous plaît ❤️
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top