CHAPITRE 6
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PARTIE 1 : Il sourit
LOUIS
Nicholas putain de Grimshaw. Comment ce mec pouvait se taper mon meilleur ami ? Comment mon meilleur ami pouvait se taper mon pire ennemi ? Comment il pouvait accepter de se faire un mec qui se moquait de lui et de moi publiquement ?
Le lanceur lâche la balle et Nick tape dedans avec sa batte avant de commencer à courir aussitôt. Mes yeux suivent l'objet et mes jambes réagissent avant mon cerveau.
Énervé, je cours à m'en dessécher les poumons. Je ne perds pas la balle de vue et je me faufile entre les membres de mon équipe, je dépasse ceux qui ont pourtant le même objectif que moi. J'arrive, saute un peu en tendant le bras et la balle arrive dans le creux de ma main,protégée par le gant.
- Bien joué Louis, crie le coach depuis l'autre bout du terrain. On change les rôles, ajoute t-il à l'intention générale.
Un peu à bout de souffle, je rejoins la zone entre le carré dessiné au sol.
- Tu l'as bien rattrapé, me dit Nick désormais à ma hauteur.
- Tu l'avais mal lancé, je réponds.
Il soupire.
- Mec, arrêtons de se détester, dit-il.
- Tu me détestais encore le jour où mon meilleur ami est mort. Le fait que je sache maintenant tu te le tapais, ce qui m'échappe totalement d'ailleurs, ne fait pas de nous des amis.
Tout le lycée est au courant. Tout le monde. C'est un peu un autre monde, ce qu'il se passe au sein de l'établissement scolaire – mais là tout le monde est tellement à l'affût des avancées de l'enquête, que Nick comme petit-ami de Zayn a défrayé la chronique. Tout le monde le sait, et les gens me regardent encore plus bizarrement. Mon meilleur ami se tapait le mec qui se moque constamment de moi et ma mère décédée. Super.
Je le regarde et souffle en secouant la tête. Je passe à côté de lui pour partir dans les vestiaires mais sa voix atteint mes oreilles :
- Il m'aimait.
- Grossière erreur.
- Pour toi. Mais pourtant il m'aimait.
Je m'arrête et ferme les yeux. Je suis énervé, tellement énervé. Toute ma colère passe dans Nick je crois. Dans le fait que rien ne semble être comme je le pensais.
- Il m'aimait et tu devrais l'accepter, reprend-il.
- Tu l'aimais tellement que tu l'as tué ? C'est ça ? Je m'énerve en me retournant.
- Je ne lui aurais jamais fait de mal !
- En privé tu veux dire ? Parce qu'en public, tu te foutais de la gueule de son meilleur ami et s'il te répondait, tu le chargeais aussi.
Nick me regarde, le visage serré par certaines émotions.
- Quand est-ce que tu comprendras qu'on est dans le même camp Louis ?
- On n'est pas dans le même camp Nick. On ne l'a jamais été et ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer, à moins qu'on me force.
Le coach arrive pour nous séparer, même si on n'en est pas à de la violence physique.
- Les garçons, arrêtez, intervient notre supérieur. On ne laisse pas le personnel empiéter sur le Baseball.
- Désolé coach, dit Nick.
Il me regarde quelques secondes puis finit par se reculer et partir plus loin sur le terrain. Les joueurs réunis autour de nous partent chacun de leur côté et je me retrouve tête à tête avec le coach remonté. Aïe, ça craint.
- C'est quoi ton problème Louis ? S'agace t-il.
- Mon problème ? Je fronce les sourcils.
- Tu es le premier à ne pas vouloir de pitié donc pas de traitement de faveur, mais tu viens chercher les autres joueurs et perturbe l'équipe dès que tu en as l'occasion. J'ai perdu un gosse que j'entraînais, ça me chamboule aussi, et je ne m'attendais absolument pas aux révélations sur Nick et lui, mais quel est ton but à vouloir saboter nos performances ?
Je serre la mâchoire et regarde ailleurs.
- Petit, c'est normal d'être en colère, soupire t-il. Mais il ne faut pas que ta colère te ronge au point que tu foutes tout le reste en l'air. Ce qui est arrivé à ton ami... il n'y a pas de mot pour décrire l'horreur. C'est dégueulasse. Et c'est étonnant, de savoir que Nick qui peut être sacrément insolent parfois était avec lui. Mais ta colère ne doit pas foutre en péril tes études, ton potentiel dans le Baseball, tes relations sociales et toutes ces choses.
Il a raison. Il a raison, ma colère est en train de prendre trop de place. Elle est en train de me dompter, de m'empêcher de dormir, de me poser problème au quotidien. Oui, il a raison. Mais je ne suis pas encore prêt à l'entendre.
× × ×
- Tu es de mauvaise humeur.
- Non Judith, je vais bien.
- Tu es de mauvaise humeur.
Je soupire face à l'insistance de ma voisine. Elle ne me connaît pas mais pourtant elle me cerne très rapidement. C'est déstabilisant.
- C'était compliqué ce matin à l'entraînement, je dis finalement.
- Avec Nick ?
- Ouais... Je souffle. Je me suis un peu fait remonter par le coach aussi.
Judith fait une petite grimace, du style lèvre retroussée qui veut dire "mon pauvre, mais je te comprends". C'est assez fou de savoir qu'il y a quelques semaines, ma vie ne ressemblait absolument pas à ça. Zayn et moi étions dans notre petite bulle, à déconner de nos délires communs, et maintenant j'apprends que le mec sur qui on parlait souvent était son plan-cul, puis je traîne avec Judith Carter. Il paraît que la vie est imprévisible mais là je suis carrément brusqué.
Ma nouvelle amie lève les yeux vers la professeure de chimie, dos à nous, pour s'assurer qu'elle ne nous entend pas.
- J'ai du nouveau sur l'enquête, me dit-elle. Enfin, quelque chose que tu ne sais pas encore quoi.
Je tourne la tête vers elle, délaissant totalement mon intérêt pour le cours.
- Et alors ?
- La prochaine personne qu'ils vont interroger, c'est Harry Styles.
Je réfléchis quelques instants, pour trouver d'où je connais ce nom. Harry Styles. Et je tilte très vite.
- Styles comme le secrétaire d'Etat ? Harry Styles comme son fils ? Comme le capitaine de l'équipe de Baseball du Colorado ?!
- Bingo, dit Judith.
La professeure se tourne et nous plongeons sur nos cours, mimant une prise de note assidue. Elle scrute la classe sans voir la supercherie et retourne face au tableau. Je relève la tête vers Judith.
- C'est genre, l'idole du club de Baseball. Mon idole. Qu'est-ce qu'il vient faire là-dedans ?
Je suis paumé. Complètement perdu. Ma tête va exploser. C'est quoi ma vie ?
- De ce que m'a dit mon père, il a été vu avec Zayn dans le bar le soir de... tu sais quoi. Ils s'engueulaient ou quelque chose comme ça. Alors ça fait un mobile. Ils vont l'interroger bientôt.
- Zayn était avec... Harry Styles... Ce soir-là...
- Ouais... Oh, t'es pâle.
Évidemment que je suis pâle. Le capitaine de l'équipe nationale, bordel. Mon rêve. Le rêve de Zayn. Il connaissait ce garçon et il ne me l'avait pas dit ? Ou alors ils se sont juste croisés par hasard ? Est-ce que je connaissais Zayn au moins ?
- C'est... beaucoup, je dis en déglutissant.
- Désolée, réagit aussitôt Judith. Si c'est trop, on n'est pas obligés de faire ça.
- Non... Non, c'est bien que je sache comment tout ça avance. Je le saurais un jour ou l'autre de toute manière.
Et s'il n'était pas arrivé un tel drame à mon meilleur ami, aurait-il fini par me dire toutes ces choses ? Qu'il a vu Harry Styles au moins une fois ? Qu'il voyait Nick souvent, très souvent ? J'ai conscience que ces questions resteront sans réponse pour toujours, car la situation est irréversible. Que je me torture en me les ressassant. Mais c'est une réaction humaine, n'est-ce pas ? On réagirait tous comme ça en découvrant des choses pensées improbables sur un défunt proche.
- Ça risque d'être compliqué, comme il va certainement utiliser l'immunité politique de son père, continue Judith en parlant tout doucement. Mais faut y croire.
J'hoche mollement la tête. Il faut y croire, oui. Mais c'est vrai qu'un garçon si influençant – et pourtant il n'a que notre âge – qui entre dans l'histoire, ça complique tout. Un garçon que j'admire tellement dans le domaine sportif en plus. Quelqu'un que j'admire et qui me motive à mon rêve est impliqué dans le meurtre de mon meilleur ami. De mieux en mieux.
- Enfin bref... souffle Judith. On se met ensemble pour le devoir de chimie ?
- Le quoi ?
- Le devoir de chimie ? Celui qu'elle nous a donné à faire à deux en début de cours ?
Et c'est à ce moment-là que je me rends compte que je suis vraiment à l'ouest. Je me passe les mains sur le visage. Il faut que je dorme.
- Oui, évidemment qu'on se met ensemble, je rétorque finalement.
La sonnette retentit et Judith sourit à pleines dents. Un sourire digne d'une nana riche qui a les moyens de se les faire blanchir et tout ça. Cette fille est un mystère. Elle prend son sac, range ses affaires et le place sur son épaule.
- Super, on fera ça chez moi, je t'enverrai l'adresse par SMS. J'hoche la tête. Promis, il n'y a pas des flingues et des pièces à conviction partout.
Elle me fait un clin d'œil et elle part. Un vrai mystère, mais une aide précieuse.
× × ×
Je ne fais pas attention aux regards dans le bus et descends à mon arrêt. Je n'ai pas à marcher bien longtemps avant d'arriver devant la maison et d'y entrer.
- Papa ? Je lance en posant mon sac.
Pas de réponse. Je m'avance dans la cuisine pour y découvrir un mot de plus sur la table.
14h28: Urgence au boulot, je pense rentrer tard...
J'espère que tu as passé une bonne journée mon grand.
Demain soir on se fait des pizzas ?
Dan ("Papa" à mes heures perdues)
Je pouffe et prends un stylo pour répondre. Je pense que je serai au lit avant qu'il rentre alors au moins il verra le mot.
17:52 : Rentré du lycée. 100% d'accord pour les pizzas demain !
Je vais me préparer un bol de céréales, mets du lait puis vais me poser dans le canapé. J'allume la télé et prends la télécommande. C'est la chaîne d'informations que mon père a l'habitude de regarder alors je m'apprête à changer, quand j'entends un prénom. Le prénom. Harry Styles.
Je fronce les sourcils et me concentre sur ce qu'il s'y passe.
- Harry Styles, le fils du secrétaire d'Etat Desmond Styles, et capitaine de la fameuse équipe de Baseball des Colorado Rockies s'est aujourd'hui rendu au poste de la ville de Boulder, dans le Colorado. Les enquêteurs lui auraient posés quelques questions au sujet du meurtre d'un adolescent de 18 ans, Zayn Malik, retrouvé mort quelques jours plus tôt...
Je n'écoute plus réellement le présentateur du journal télévisé mais me concentre sur les images qui défilent sur l'écran. On y voit Harry entouré de plusieurs policiers, qui semblent plus le protéger que l'arrêter. Il entre dans le poste, puis il y a une autre série d'images qui le montre quand il sort. Il regarde les caméras et les salue d'un signe de la main.
Et il sourit.
Il sourit aux caméras, alors que les gros titres lui suggèrent un lien dans une affaire de meurtre. Sérieux, qui sourit aux caméras quand il est l'objet d'une accusation sévère avec des preuves contre lui tel qu'un mobile logique ?
Lui, apparemment. Un mec avec une réputation et surtout une immunité diplomatique.
Lui, Harry Styles. Mon modèle pendant tant de temps.
Ce connard sourit.
*
PARTIE 2 : Stupide gosse de riche
MIKE
Harry Styles. Après avoir interrogés tous les autres membres de l'équipe étant présents au bar ce soir-là, c'est le nom qui ressort. Harry Styles qui discutait beaucoup avec la future victime, Harry Styles qui s'est disputé avec, Harry Styles qui a été vu en dernier avec.
Nous regardons tous les quatre une chaîne d'informations en direct sur l'ordinateur d'Ernie, qui explique que le fils du grand politicien actuel est en route car impliqué dans une affaire de meurtre. Ils n'ont pas évités la presse, mais ils peuvent facilement la détourner pour se faire une bonne pub.
Je ferme l'onglet.
- Je n'arrive pas à croire que ce soit son nom qui sorte, soupire Ernie. Je veux dire, Harry Styles. Ce n'est pas rien.
- Non, c'est clair que ce n'est pas rien, confirme Andrea.
- Tu connais Harry Styles ? S'étonne Todd. Mais, tu regardes le Baseball toi ?
- Merci Todd pour cette remarque pas sexiste du tout, soupire Andrea en s'asseyant sur la chaise derrière le bureau à son nom. Non, je ne regarde pas le Baseball. Je suis plus football américain, ajoute t-elle sous le regard ébahi de l'équipier, et cela me fait rire. Je ne le connais pas de par sa discipline, je le connais de par son père.
- Le fameux politicien, je souffle.
- Je ne voulais même pas que ce soit lui qui passe, reprend Ernie. Je suis sûr que c'est mon karma qui s'abat sur vous.
Nous faisons une tête comique , disant "tout est de ta faute Ernie". Un peu d'humour dans une situation si délicate ne nous fait pas de mal.
- Et donc quand est-ce que le petit fils prodige va daigner arriver dans nos locaux ? Je demande en m'asseyant.
À peine ma phrase terminée, l'ascenseur de l'étage s'ouvre pour faire place à trois policiers d'une autre brigade, son coach et le fameux Harry Styles. Il a l'air serein, parfaitement serein, escorté plutôt qu'arrêté. Il a la tête haute, il est fier, il sourit et semble content. Très rares sont les personnes qui semblent contentes devenir dans nos locaux, car ça n'annonce rien de bon.
Il avance dans les allées avec une aisance parfaite. Il est grand, il est musclé, il est jeune ; c'est un joueur de Baseball, qui s'est fait un nom grâce à l'assiduité mais aussi grâce à son père, ne nous voilons pas la face. Lui et son coach – présent aussi ce soir-là – sont emmenés dans une salle d'interrogatoire et je grogne, déjà énervé par son comportement de garçon qui ne craint absolument pas les conséquences – car en un claquement de doigts, il peut les éviter, ces mêmes conséquences.
- On dirait que ton vœu est exaucé, se moque gentiment Andrea.
- L'interroger ne va pas être une partie de plaisir, je soupire.
- Tu rigoles ? S'enquit Todd. Mec, par pitié laisse-moi assister à cet interrogatoire de folie.
- Crois-moi, tu ne veux pas. Je suis presque persuadé qu'on va avoir à faire à un garçon hautain qui pense que du haut de ses 19 ans le monde est à ses pieds.
Théoriquement, c'est indirectement le cas. Son père est le deuxième dirigeant le plus important de la première puissance mondiale. Et c'est une complication pour nous, le fait qu'il soit le fils d'un calé en politique pas inconnu du grand public. Il doit avoir des notions dans le domaine, ainsi que la justice probablement, et donc ça va être compliqué de le faire éventuellement flancher.
- Je t'avoue que je ne comprends même pas pourquoi il est venu, reprend Ernie. À sa place, si j'avais son immunité, innocent ou pas, je ne me serai même pas déplacé jusqu'ici. J'aurais demandé à mon père de faire taire le brouhaha autour et basta.
- Quel bon flic tu fais, pouffe Andrea.
- Non mais c'est vrai, je le ferai. Je veux dire, il a des avantages hyper injustes mais il les a et même si on crée une pétition, je suis pas sûr que ça change. Si j'étais à sa place, j'en profiterai.
J'ai déjà dit que je trouve ça parfaitement injuste ?
- Je connais les mecs dans son genre, je reprends.
- Il serait venu par bonne conscience ? Suggère Andrea.
Je secoue la tête.
- Il est venu ici juste pour faire croire qu'il n'a rien à se reprocher – que ce soit vrai ou non. Ces gens-là se fichent de la bonne conscience. Il est juste ici pour montrer qu'il n'a rien à se reprocher, qu'il veut aider dans l'enquête. Il pourrait être le meurtrier qu'on le saurait jamais, parce qu'il peut se laver de tout soupçons officiels très facilement. Mais aux yeux du public favorable, il se montre tout gentil à venir au poste de police de son plein gré avec son petit polo du dimanche.
- Wow, rétorque Ernie avec les sourcils arqués. Tu n'as pas l'air de beaucoup l'apprécier.
- Je connais les types dans son genre je te dis. C'est un gamin qui vit en Amérique et qui a un père puissant. Son déterminisme est évident.
- Alors pour toi ça serait notre plus gros suspect ? Demande mon équipière.
- Clairement, je ne peux pas le condamner avant de l'avoir interroger. Mais il a un mobile, il a une protection d'immunité, ce qui peut inciter à commettre le crime, et il a bien été vu là-bas ce soir-là. Je sais pas ce que vous en pensez, mais ça me paraît bien évident.
Mes trois collègues hochent la tête. Nous savons bien que parfois, il n'y a pas à chercher bien loin – le meurtrier est sous nos yeux, le meurtrier est le plus évident possible. Malheureusement les éléments peuvent appeler à une évidence mais la situation n'a rien de tel. Pourquoi il a fallu qu'Harry Styles soit mêlé à cette affaire ?
- Je suppose que pour le savoir on va devoir aller l'interroger, reprend Andrea en ouvrant la marche vers la salle en question.
Ernie et Todd miment "bon courage" avec leurs lèvres et je couine.
× × ×
- Écoutez, je sais ce que vous reprochez à mon petit, mais c'est le meilleur atout de l'équipe et c'est un bon gars – il n'a pas tué ce jeune garçon.
Ça doit bien faire dix bonnes minutes que nous subissons les éloges faits par le coach, Theodore Cox, lui-même ancien grand joueur de Baseball. Il est coach de l'équipe nationale depuis plusieurs années, mais là je le vois plus comme un détourneur de sujet à nous dire et répéter des choses sur Harry qu'on n'a pas besoin de savoir.
Je penche la tête en arrière, prenant sur moi, même si ça commence à devenir longuet. Dix minutes qu'il parle et répond que c'est un bon gars dès qu'on pose une question au suspect.
- Ce n'est pas à vous que l'on parle Monsieur Cox, je reprends, toujours calme. Nous posons des questions à Harry.
- C'est un bon gars, il est jeune, il est populaire, il n'aurait jamais gâché sa vie à faire ça – il est innocent.
- Nous ne le condamnons pas de suite, nous voulons lui poser des questions d'abord, pour justement éventuellement l'innocenter s'il est sujet à ça.
- Mais il est innocent.
Face à mon désespoir, Andrea prend le relais :
- Merci pour votre participation mais cet interrogatoire est à son intention Monsieur Cox. Harry, pourquoi vous êtes-vous pris la tête avec Zayn ce soir-là ?
- Ils ne se prenaient pas la tête, intervient le coach. J'étais là, ils ne se prenaient pas la tête.
Je me contiens et je vois qu'Harry a un petit sourire en coin, comme satisfait de la scène, satisfait de nous faire tourner en bourrique.
- Harry, pourquoi notre témoin vous a vu vous prendre la tête avec Zayn Malik ce soir-là ?
Le coach s'apprête à ouvrir la bouche mais le regard noir que je lui lance l'en empêche. Enfin un peu de répit.
Le jeune garçon se redresse, laissant son dos quitter l'arrière de la chaise pour se pencher légèrement sur la table. Il met quelques secondes à ouvrir la bouche, comme si son attitude, son être entier, n'était que chose prévue. Comme ci, comme ça, et pas autrement. Cela pourrait être déstabilisant, si mon métier n'était pas de justement le déstabiliser.
- Je ne me suis pas pris la tête avec lui.
Oh, il parle !
- C'est lui qui se prenait la tête avec moi, termine t-il.
- Comment ça ? Je fronce les sourcils.
- Je n'ai pas grand chose à dire sur ce soir-là. On était là-bas pour fêter notre victoire après le match, un bar qui semblait sympa même si on le fréquente pas habituellement. Et il y avait ce type, de notre âge environ, sympa au début, on a parlé Baseball et tout ça, puis après il avait bu trop de bière je crois, j'en sais rien. Il commençait à insulter mes performances dans l'équipe, disant qu'il était capable de faire mieux. Je n'allais pas le laisser dire des choses pareilles.
J'hoche lentement la tête en l'entendant parler. Je ne vais pas me plaindre qu'il se soit décidé à ouvrir la bouche, et c'est presque un témoignage convainquant qu'il nous sert. Presque.
- De ce que l'on sait, Malik était un joueur de Baseball qui admirait l'équipe nationale au complet, je dis. Bien essayé, mais on croit pas qu'il ait pu oser tenir tête au capitaine de son équipe favorite, qu'il admirait, pour l'accuser de médiocrité.
- La bière fait dire des âneries alors, reprend le jeune avec son éternel sourire en coin.
- Oui, certes... Mais vous avez fait le trajet de Denver à Boulder juste comme ça ? Sérieusement ?
- Il faut croire que le bar était vraiment sympa.
- Ou alors vous mentez, je suggère vivement.
Il hausse les épaules avec un détachement littéralement incroyable, ses yeux dans les miens.
- Ou alors je mens.
Il a ce sourire provocateur, ce sourire qui me dit "n'allez pas trop loin, je peux mettre fin à la partie tellement facilement, et ce serait dommage". Ce sourire qui fait froid dans le dos et qui en même temps fait brûler de colère.
Je m'avance sur la table, me penchant pour parler un peu moins fort mais peut-être pour être plus intimidant, dans l'espoir que cela fonctionne un tant soit peu.
- Mentir est pour les coupables, je dis.
- Ou pour les gens qui aiment jouer, répond-il en se penchant également.
Il se recule en souriant toujours. Il penche un peu la tête sur le côté. Son coach est bien silencieux maintenant.
- Agents... Carter et White, c'est ça ? Demande l'héritier Styles.
Andrea et moi ne répondons pas à sa question. Nous continuons à le fixer. Mais tu parles, ça ne le déstabilise en rien. Ce gosse s'affiche comme un sacré psychopathe, avec un sang froid épatant.
- Dites-moi... Continue t-il. C'est maintenant que je dois appeler l'avocat de mon père, c'est ça ?
Il joue avec nous. Il joue clairement avec nous. Et il aime ça. Il n'est pas venu ici pour que ses fans l'innocentent, il est venu ici pour s'amuser. Je contracte la mâchoire davantage, serrant mes dents entre elles et m'empêchant ainsi de m'énerver. Je dois rester professionnel.
- Appeler les avocats, c'est aussi pour les suspects, je dis.
- C'est un droit Monsieur l'agent, il utilise une voix toute innocente et c'est agaçant. Vous connaissez les droits des gens, le principe de justice équitable et tout ça quand même ?
- Je connais le principe de justice gratuite et équitable, et je connais les droits des citoyens, mais je n'aime pas savoir qu'une poignée d'entre eux ont celui d'une immunité politique alors que les autres non.
- Mon privilège vous contrarie ? Sourit Harry.
- Votre privilège de stupide gosse de riche me sort par les yeux, je peste.
Je m'énerve un peu et pour me rappeler à l'ordre ma coéquipière pourrait me le dire oralement, ou me lancer un regard équivoque, mais non, elle opte pour la solution me frapper la cheville avec sa bottine à talons. Je lâche un "aïe", ce qui me fait un peu perdre toute crédibilité. Ça ne semble de toute manière pas changer grand chose pour le jeune homme devant nous qui a toujours son sourire narquois.
- Oh, vous vous énervez... Mais ça ne sert à rien, de s'énerver contre moi. Je vais partir maintenant, dit-il. Vous trouverez bien les coordonnées de l'avocat de mon père.
Et ce qui me rend le plus fou, c'est que son statut lui permet de partir sans problème.
- On ne vous lâchera pas, je dis même si je ne devrais pas. Vous n'êtes pas innocent. Je le sais.
Il se lève, suivi par son coach, qui semble avoir perdu sa langue. Le châtain bouclé se dirige vers la porte et une fois devant, se tourne vers nous. Inutile d'aborder son sourire toujours présent.
- Au revoir, Agent Carter.
- À bientôt, Monsieur Styles.
Il me regarde, rigole un peu et ouvre la porte pour la passer.
× × ×
- Je déteste ce gosse, je grogne. Je déteste ce putain de gosse.
- Mike... Souffle Andrea.
- Il n'est pas blanc comme neige, on le sait tous les deux. Et il va juste s'en tirer parce qu'il l'a décidé ?
Je passe mes mains sur mon visage, sincèrement énervé. Je me retiens de renverser une chaise, se trouvant dans la salle d'interrogatoire où il ne reste qu'Andrea et moi. Elle est en face de moi, impuissante à mon état.
- Je partage ta colère. Je t'assure que je la partage. Mais... on n'y peut rien.
- On devrait pouvoir faire quelque chose. On devrait, et ça me rend fou que pour une raison comme le fait que son père soit haut placé, il puisse se moquer de nous et se moquer d'un jeune garçon qui a été assassiné.
Je soupire, longuement, grommelant un "putain". Andrea avance d'un pas et pose sa main sur mon bras.
- Calme toi, me dit-elle doucement.
À son contact, je regarde sa main et ferme les yeux. Abigail mettait aussi sa main sur mon bras, quand je m'énervais. Elle était si calme, et moi je suis si impulsif. Rapidement, un froid retrouve la zone de mon bras car Andrea a levé sa main. Elle semble un peu gênée, et je le suis autant.
- Tu devrais te calmer, elle reprend avec une voix plus professionnelle et en évitant mon regard. Avant que Monsieur Tanson ne s'en prenne à toi et te reproche ta réaction.
- Trop tard, j'étais derrière la vitre, dit notre supérieur en ouvrant la porte. Carter, dans mon bureau.
Eh merde.
× × ×
- On ne traite pas le fils du secrétaire d'Etat de stupide gosse de riche ! S'offusque mon chef une fois que nous sommes isolés dans son bureau. Et si le dirigeant demande la vidéo de l'interrogatoire, on fait comment ?
- Harry Styles ne devrait pas avoir de traitement de faveur.
Sur ça je suis catégorique. Harry Styles ou les autres d'ailleurs. Mais je suppose que je vis sur un petit nuage.
- Tout comme on devrait tous pouvoir manger de notre faim dans le monde mais on n'a pas toujours ce qu'on veut. Carter, soupire t-il, vous êtes un agent génial. Je ne vous ai que très rarement reproché quelque chose. Mais je ne veux pas que vous jouiez avec le feu.
- Je veux juste résoudre le meurtre d'un adolescent, enquête que vous avez confié à l'agent White et à moi.
- Cette enquête touche un nerf délicat dans le corps qu'est la politique. Le fils d'un politicien, surtout si haut placé, ce n'est pas rien. Il n'a pas à s'en tirer totalement mais alors l'insulter, c'est vraiment, vraiment pas professionnel.
- Il était insolent ! Je me défends.
Je sais que j'ai manqué de professionnalisme, en voulant le provoquer pour le faire craquer, il m'a eu et m'a fait dire quelque chose qui peut désormais être utilisé contre moi. Mais honnêtement, qui aurait gardé un sang froid total devant un petit con pareil ?
- On ne parle pas comme ça au fils du secrétaire d'Etat, il hausse la voix. On est d'accord sur le fait que c'est un petit con de première, mais on ne peut pas se permettre de lui parler comme ça lorsque c'est filmé, Carter.
Je me contente de soupirer sans répondre.
- Très bien, je cède. De toute manière je crois que je ne vais pas recroiser sa route de si tôt, étant donné que je pense qu'en un coup de fil il a tout balayé.
- Nous n'avons pas à classer l'enquête tout de suite. On pourrait juste, délaisser la piste de ce suspect.
- Je me fiche qu'il soit fils de secrétaire d'Etat, c'est avant tout un homme de 19 ans qui semble être le parfait suspect pour le meurtre. Et il sait parfaitement qu'il ne craint rien, ce qui peut être excitant et motiver pour un crime. Et on va juste... laisser couler !
Ce n'est pas une question. C'est une affirmation. Je sais que c'est le cas. Je le sais. Il est venu, il s'est amusé – et peut-être que ce soir-là, avec le seul Zayn Malik, il s'est amusé aussi. Peut-être que ça l'a amusé, de l'assassiner. Mais je ne peux pas savoir. On ne pourra certainement pas savoir. Parce qu'on doit le laisser tranquille.
- Ça me désole tout autant que vous, souffle Monsieur Tanson.
- Non, je ne crois pas non.
- Je vous assure que ça me désole autant que vous, insiste t-il. Mais je ne suis pas le haut-placé – ce gosse est directement lié à une des plus hautes marches de la hiérarchie. Le monde fonctionne comme ça, comme un escalier, et parfois on ne peut pas se charger de certaines marches quand on est trop en dessous, c'est comme ça.
Je décide de ne pas répondre. M'emporter contre mon supérieur ne changerait rien à la situation et ne m'arrangerait en rien non plus. Donc, je choisis le silence.
- Vous devriez rentrer chez vous, suggère t-il ensuite. Prenez le reste de l'après-midi. Vous en avez certainement besoin.
- Prendre mon après-midi ne va rien changer, et je n'ai même pas besoin de repos.
- Agent Carter, c'est un ordre.
Je soutiens son regard quelques secondes, puis me résigne. Batailler davantage est inutile. Finalement, je me contente d'hocher la tête et quitte le bureau de Monsieur Tanson. A peine la porte fermée, Andrea se dirige vers moi.
- Est-ce qu'il t'a sanctionné ? Demande t-elle.
- Non, il m'a juste dit de rentrer chez moi, je souffle. On se voit demain.
Elle acquiesce mollement tandis qu'Ernie et Todd me font un signe de la main, plus loin. Je leur rends de la tête puis tourne les talons. Il semblerait qu'Harry Styles a 1 – et que j'ai 0. Pour l'instant.
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L'arrivée du grand Harry...
Dans les prochains jours je ferai un gros update de cette histoire, de plusieurs chapitres d'un coup, jusqu'à Larry. Vous aurez matière à lire. ❤️
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