CHAPITRE 34

///
Réagissez avec #BornTDieFic
///

PARTIE 1 : Aperçu d'une nouvelle vie

🎵 : Wicked game - Grace Carter

MIKE

Je n'ai jamais connu de rupture.

Je n'ai jamais connu le sentiment d'un amour qui se fane, je n'ai jamais eu à affronter la gênante conversation qui marque la fin, je n'ai jamais senti mon coeur se briser alors que quelqu'un me quittait pour je ne sais quelle raison.

Mon premier amour a été Abigail, qui m'a été arrachée dans de difficiles conditions, mais pendant la grande majorité de mon existence, elle a été le seul. Avec des hauts et des bas, mais jamais de séparation.

Donc, je n'ai jamais connu de rupture.

Avant de vivre celle avec Andrea.

Et je suis terrible à cela.

Je traine dans la maison lorsque les gens dorment, je mange peu et mal, je me noie dans le travail ou au contraire le délaisse, je me tourne dans mon lit la nuit, galérant à trouver le sommeil. Je vis ce que les gens sont supposés vivre à leur adolescence, avec vingt-cinq ans de retard et un corps marqué par le temps.

J'aime Abigail, je l'aimerais toujours. Elle est la mère de mon unique enfant, elle est un doux souvenir, une bonne personne qui m'a été prise sans que je ne puisse m'y préparer. Cette version ne changera jamais, je n'essaie même pas de la modifier. Et je ne prétends pas qu'une rupture puisse faire aussi mal qu'un deuil.

Mais la douleur de perdre Andrea se rapproche d'un mal que je n'aurais jamais soupçonné, un second trou dans mon coeur qui se forme. Bientôt, il sera totalement inutilisable.

La maison silencieuse, je vais dans le salon et me mets un plat préparé au micro-onde. Il n'est pas tard, encore moins pour un jeudi soir, mais tout le monde est dans sa chambre. Nous dinons encore ensemble selon l'idée d'Andrea, mais en ce moment, pour des raisons évidentes, c'est plus difficile. Nous n'avons eu à l'annoncer à personne, mais je crois qu'ils le sentent juste. Quand on évite de se regarder, quand il nous est difficile de se parler sans gêne, que je ne parviens pas à rester trop longtemps dans une pièce avec elle.

Bordel, qu'est-ce que je peux respecter Niall en ce moment. Quelle force mentale.

Lorsque le plat est chaud, je le saisis - grimace en me brulant un peu - et déverse son contenu dans une assiette. Je pars ensuite m'asseoir sur le canapé, et allume la télé. Je commence à peine à manger que des pas se font entendre dans l'escalier, je reconnais la démarche de ma fille sans même avoir besoin de vérifier. Celle-ci vient prendre place à mes côtés.

     - Hey, dit-elle doucement. Tu manges quoi ?

     - Brandade de morue. Enfin, je crois. Ça a pas trop de goût.

     - Beurk, rigole un peu Judith.

Mais elle me pique quand même ma fourchette pour gouter puis hausse les épaules en confirmant qu'on ne sent pas grand chose.

     - Tu regardes quoi ? Ajoute t-elle.

     - Je ne sais pas. Je vais mettre Austin et Ally je crois.

C'est comme devenu un petit signal entre nous, comme quoi cela ne va pas trop. La blonde fait une moue attendrie et se charge de mettre le programme en question avant de ramener ses jambes sur le sofa pour se mettre en tailleur, vite recouvert par une couverture.

     - Tu ne dors pas ? Je m'intéresse.

     - J'ai du mal en ce moment.

     - Tout va bien ?

     - Oui, tout va bien papa, elle sourit doucement.

Elle ment, mais à ce moment je ne le sais pas. Nous avons parcouru beaucoup de chemin tous les deux, mais je ne suis pas encore assez bon pour savoir démasquer son jeu d'acteur.

     - Mais toi ça va pas, note t-elle.

     - C'est juste... pas facile en ce moment. Mais ça ira.

     - C'est avec Andrea, pas vrai ?

Je tourne la tête vers elle.

     - Tu es une bonne détective, je sais de qui tu tiens.

     - En fait, je tiens l'info de Niall, elle rit un peu. Ils ont sentis que quelque chose ne tourne pas rond. Ça se voit, quand deux personnes avec qui tu vis sont en froid.

Je soupire puis continue à manger un peu. Je n'ai pas tant faim que cela, mais je sais aussi qu'il faut que je me nourrisse. Je vis une première rupture avec des années de retard, mais cela me permet au moins d'avoir plus de recul qu'un adolescent. Ce n'est pas la fin du monde, la terre continue de tourner malgré tout. Même si sur l'instant, c'est dur à croire.

     - C'est entre Andrea et moi, je confirme. On a rompu.

La surprise passe sur le visage de ma fille, mais elle chasse vite cette expression et se redresse.

     - Est-ce que... tu veux en parler ?

     - Je ne crois pas en fait, j'avoue, confus. J'ai l'impression que j'en ai envie, et en même temps, pas du tout.

     - Ça fait souvent cet effet. Mais il faut que tu en parles. C'est cliché mais tout garder pour soi, c'est vraiment pas la chose à faire.

Ces dernières années de ma vie illustrent ce propos. Je soupire.

     - Je sais qu'il faut en parler, mais c'est juste... ça fait mal. Et puis c'est bizarre d'en parler avec toi Ju.

     - Ça ne l'est pas, rit-elle. Je ne te demande pas des détails croustillants sur votre vie, je te dis juste que si tu as besoin de parler... je ne sais pas. Je suis là.

Son ton et son petit sourire se veulent rassurants, alors je lui rends tel un remerciement. S'ensuit un silence parmi lequel je réfléchis un peu, en touillant le contenu de mon assiette sans réelle conviction.

     - Nous n'avons pas les mêmes projets de vie, je confie. J'avais déjà du mal à comprendre pourquoi elle voulait de moi, comme on est si... différents. Mais on a parlé de l'avenir, et nos idées sont totalement différentes. Elle a pris cette décision, dans l'intérêt commun. Et elle a raison, c'est le plus logique. Il est bête de continuer des années dans une relation alors qu'on sait dès le départ que les chemins empruntés seront différents.

Tout en parlant, je fronce les sourcils. Pas énervé, mais peiné. Judith observe, silencieuse, respectueuse.

     - Je crois que c'est ça qui me rend confus ? J'ajoute. Je sais que c'était la chose à faire, tout montre que c'était le cas en tout cas. Mais pourtant, il y a cette partie de moi, qui...

     - Te crie que c'est une bêtise qui peut être réparée ? Termine ma fille. Oui, c'est normal. Le combat entre la raison et l'amour.

Un long souffle quitte mes lèvres, puis j'acquiesce.

     - Je peux pas prétendre que je suis pro mais, je crois que c'est normal, rajoute la jeune femme. Quand le motif de rupture n'est pas le manque d'amour ou une faute grave mais juste, un obstacle... c'est terriblement frustrant. Mais je crois, enfin... Je ne sais pas ce que ça concerne, et je n'ai pas besoin de savoir. Mais il faut se demander si c'est vraiment un obstacle, un vrai problème, ou simplement que vous vous imaginez que c'en est un. Est-ce que c'est vraiment insurmontable ? Est-ce que c'est quelque chose qui ne peut pas changer ? Est-ce que vous êtes vraiment tous les deux sûrs que vous n'avez pas le même projet ? Elle marque une pause. Ou tu as simplement peur ?

Je tourne lentement la tête vers elle. Tu as simplement peur. Je n'ai pas besoin de préciser à Judith le pourquoi de comment, elle sait que je suis terrifié, novice aux relations. Ses yeux rassurants, presque émus, calment tous les ouragans dans mon corps.

Je ne suis pas fermé à l'idée d'avoir un autre bébé, de construire quelque chose de nouveau avec quelqu'un, avec Andrea. Je suis juste terrifié.

     - Je crois que j'ai juste peur de répéter ce que j'ai déjà fait de mal dans ma vie, j'avoue doucement en ne quittant pas les yeux de ma fille.

Prunelles qui, depuis le jour où je les ai vu pour la première fois à la maternité, ont apporté tant de réponses à diverses questions. Ce beau bébé est devenu une belle jeune femme désormais. Celle-ci hausse les épaules.

      - Regarde-nous, elle sourit. Est-ce que c'était vraiment terrible finalement ? On est là, ensemble, maintenant.

     - Mais on a mis tellement de temps à y arriver...

     - Oui, et si je pouvais c'est sûr qu'il y a deux trois que je changerais mais... on est là, dans le présent. C'est bien la preuve que t'es capable d'évoluer et que tu les referais pas une seconde fois, toutes ces erreurs.

Je ne réponds pas de suite et Judith vient se blottir contre moi, sa tête contre mon épaule.

     - Je ne peux pas te forcer à quoi que ce soit, mais réfléchis-y. Si c'est juste la peur qui te motive à te braquer, ça ne vaut pas le coup de laisser passer l'amour. Mais si on parle bien de ce que je pense qu'on parle, je veux garder la grande chambre dans la maison, elle rigole un peu.

     - Tu vas quitter la maison, je ris en retour.

     - Pour quand je reviendrais alors. Il est hors de question qu'on me remplace.

Je me redresse de manière à déposer l'assiette sur la table et je passe mon bras autour de ma fille.

     - Je ne te remplacerai jamais Judith.

     - Je sais papa, sourit-elle. Je sais. Je n'ai même pas besoin d'être rassurée à ce sujet tu vois. Et si moi je n'ai pas peur de tout ce que ça peut impliquer... tu n'as aucune raison d'avoir peur non plus. Réfléchis-y juste tranquillement, d'accord ? C'est ta décision. Votre décision.

C'est plus compliqué que cela, mais je prends chaque conseil et acquiesce lentement avant de déposer un baiser sur le crâne de la jeune femme. Du bruit se fait à nouveau entendre dans les escaliers et c'est Nick, qui prend place à côté de moi.

     - Qu'est-ce que vous regardez ? Demande t-il.

     - Austin et Ally, répond Judith.

     - Oh, j'adorais quand j'étais gosse. C'était le premier signe de ma sexualité si vous voulez mon avis.

Je ris un peu et tends mon bras pour le passer derrière le garçon, qui se colle contre moi aussi. Il récupère même mon assiette et picore un peu dedans.

Nous sommes rapidement rejoint par Louis.

     - Tiens, tu es encore là ? Demande Judith.

     - Sympa, rit l'adolescent. Je pars dans vingt minutes pour rejoindre le bus. On voyage de nuit pour aller à Cleveland.

     - Tu as le temps de regarder un épisode avec nous alors, note Nick. Viens !

Le châtain hausse les épaules et vient se mettre contre Nick, lui prenant un peu de plaid. J'ouvre davantage mon bras, la distance parfaite pour y accueillir les trois jeunes.

Face à cette petite scène douce, leurs rires en regardant la série et l'odeur de morue, je repense aux mots encourageants de Judith.

Ce n'était pas de la manière la plus banale, mais à ma façon, j'ai réussi à l'avoir, ma petite famille.

Fini d'avoir peur.

Alors finalement, pourquoi ne serais-je pas prêt à y intégrer un futur avec Andrea ?






*

PARTIE 2 : Pause dans une vie

🎵 : Heal - Tom Odell

LOUIS

Cleveland. Le Rock'n'Roll Hall of Fame, les dizaines de parcs et les immeubles à perte de vue, le lac Erié qui entourent tout l'endroit. Je suis quasiment collé à la vitre du bus pendant tout le trajet, ce qui amuse beaucoup Harry, assis à côté de moi.

Le samedi matin, nous sommes escortés jusqu'à Progressive Field, là où se déroulera le match. Nous faisons tous nos petits rituels étranges ou particuliers, mais c'est globalement silencieux. On peut sentir le stress monter.

Cox nous réunit avant de commencer l'entrainement. Nous avons le droit à son discours habituel à base de :

     - Nous jouons chez eux, alors ils sont favoris et ça sera plus dur de s'adapter. Donnez tout ce que vous avez, pendant trois heures je veux que vous deveniez des surhommes. La fin de la saison approche et ce match sera décisif.

Il dit cela à chaque fois, mais c'est motivant de penser que chaque match fait la différence. Sur le terrain, je me mets en mode joueur, je ne pense pas réellement au personnel, à ma relation avec Harry ou mes différends avec Xander. Nous sommes une seule et même équipe et même s'il nous a fallu un peu de temps pour arriver à ce résultat, j'en suis désormais capable.

L'entrainement commence par les Indians en défense. Nous prenons la suite et les rôles s'inversent. Xander et Liam passent avant moi, et nous faisons tous de bons scores.

Comme nous sommes l'équipe visiteuse, nous commençons en attaque. La première manche se passe à merveille, Harry, Liam et moi faisons trois triples, ce qui monte notre score à trois points avec trois batteurs seulement. La seconde manche est bonne aussi pour les Indians. Toutes les suivantes se suivent selon ce schéma ; nous remontons toujours de manière à être à égalité. Nous redoublons donc d'efforts, mais ils le font en retour.

La dernière manche, la septième, nous retrouve en attaque. Je serre les mains sur la batte, souffle un bon coup en fléchissant les genoux. Je sais que tout dépend de moi. Je calcule la trajectoire de la balle, et lorsque le lanceur l'envoie, je parviens à taper dedans. Il ne me faut qu'une seconde pour remarquer à quel point elle va haut, et à quel point c'est prometteur.

Sans réfléchir davantage, je me mets à courir en direction des quatre cases, une par une. J'atteins la première en manquant de tomber sur la terre battue, puis dérape sur la deuxième en me concentrant sur la troisième. J'atteins celle-ci en sentant mon coeur battre encore plus fort, accélérant dans un dernier sprint pour toucher la finale.

Le temps semble se ralentir à cet instant, car de loin, j'entends un ding, signe que la balle a rebondi sur les mécanismes du stade, et reviens donc dans notre champ. Elle sera bientôt réceptionnée. Je balance des hanches et envoie mes pieds toujours plus hauts. Je repère du mouvement à ma gauche et ai juste le temps de tourner la tête pour apercevoir un joueur arriver à toute allure vers moi. Nous n'avons rien le temps de faire.

La collision arrive, ses épaules contre mon torse. De par la vitesse, il tombe au sol mais je suis éjecté à quelques mètres. J'essaie, avec mes pieds, d'atterrir sur le sol, mais mon pied droit entre en contact avec la terre et ma cheville se tord. Je grimace en même temps que mon dos arrive sur le sol, si fort que je ressens une secousse entière, tousse un peu. Je fixe le ciel bleu en haut de moi, étalé par terre.

Je fais abstraction de tout ce qu'il se passe autour de moi. J'ai presque l'impression que le monde s'est écroulé en même temps que moi. Ma cheville me chauffe, et mon coeur bat aussi vite que mes poumons se dessèchent.

     - Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?

J'entends la voix énervée d'Harry s'approcher de moi.

     - C'est quoi ton problème ? Ajoute t-il.

Je ne tourne pas la tête, juste les yeux ; pour le voir à quelques mètres, arrivé face au joueur qui m'a percuté, qui est déjà sur pieds. Il a un peu de terre rouge sur le visage, et les cheveux décoiffés, mais il va bien. Je remarque même qu'il a réceptionné la balle, qu'il tient dans sa main. Mon bouclé avance jusqu'à lui, proche, comme pour l'intimider.

     - La balle a rebondi, j'essayais de l'attraper, se justifie t-il, sévère aussi. Et j'ai réussi.

     - Donc marquer un pauvre point pour gagner est plus important que la santé d'un joueur ? Tu n'as rien à faire dans la zone de course !

     - Je n'avais pas prévu de le percuter. Mais peut-être que, je sais pas, s'il avait mieux lancé ça ne serait pas arrivé.

Harry fronce les sourcils et le pousse au niveau du torse. Liam et Tommy arrivent en courant à mon niveau et se penchent au dessus de moi.

     - Ça va mec ? Demande Liam.

     - Ça va, je grogne. Un peu sonné.

     - Heureusement que t'avais ton casque de frappeur, soupire Tommy.

J'acquiesce alors qu'ils m'aident à me redresser en position assise et passent mes bras autour de leurs épaules pour me lever. A ce moment, l'arbitre et les coachs arrivent en courant au niveau d'Harry et du joueur adverse.

     - Tu dis donc que c'est la faute de mon joueur ? Provoque le brun. Tu es une merde à ce point, pour rejeter la faute sur les gens que tu blesses ?

     - Et tu oses me dire que c'est moi qui a un problème ? Peste l'autre. Si t'as des soucis de gestion de la colère, va voir ton psy Styles. Je n'ai pas fait exprès de blesser ton joueur. Mais s'ils sont tous comme toi, peut-être qu'il le méritait.

Harry s'apprête à lui en décocher une, mais l'arbitre s'interpose et Cox tire le brun. L'adversaire rit jaune, et secoue la tête.

     - Vas-y, frappe-moi, provoque t-il. Ta liste de défauts fait que s'agrandir. Egocentrique, sans-coeur, meurtrier, violent. Et même PD.

De là où je suis, j'ouvre la bouche alors qu'Harry devient pâle. Ses fonctions motrices semblent cesser, le coach n'a même pas besoin de forcer pour le maintenir à l'écart. Il est pris au dépourvu, apeuré, dans l'incompréhension.

     - Ouais, tu m'as bien entendu. T'es énervé parce que j'ai blessé ton joueur, ou ton mec ? Dégage Styles. On veut pas de meurtrier dans ce sport. La fédération aurait dû te radier à la seconde où t'as été mis en examen.

Pour terminer cet échange, le garçon crache sur le sol, et tourne le dos avec son coach pour retourner au niveau des siens. Cox secoue un peu les épaules du bouclé, qui hoche la tête, comme pour faire style de garder la face malgré tout. Heureusement que le public est loin, et que nous n'avons pas de micro.

Je me mets sur mes pieds à l'aide de Liam et Tommy, mais grimace dès que ma cheville atteint le sol.

     - Merde, ça craint, souffle Liam.

     - Entorse ? Suggère Tommy.

     - Je suis pas médecin, mais s'il a mal c'est qu'il y a quelque chose.

Face à mon incapacité à reprendre le jeu normalement, le médecin débarque pour m'évacuer. La dernière chose que je vois avant de sortir du terrain, sont les yeux verts apeurés d'Harry.

× × ×

Sur le lit d'appoint du centre de soin, je soupire et me redresse un peu. J'envoie un SMS à Mike pour le prévenir que je me suis fait mal, puis prévient Judith et Nick aussi, sur une touche plus humoristique.

Je pense à ce que le médecin m'a annoncé. J'y pense en boucle, les yeux fixés dans le vide. J'ai peur, je suis déçu. Perdu dans ces songes, le temps passe très vite. Une petite heure après, la porte s'ouvre sur mon petit-ami. Il a l'air plus calme, il s'est changé et a remis ses vêtements.

     - Hey, je dis doucement. Tu as déjà fini ?

     - Le match est terminé oui. Mais j'ai été sorti du terrain avant. Ordre de Cox.

Même si Harry est capitaine, le coach a une importance pour ce genre de décision. Il est évident qu'il ne pouvait pas terminer dans de bonnes conditions. Le bouclé soupire et s'assoit à côté de moi, sur la seule chaise présente. Ses cheveux sont encore mouillés par la douche, ses bouclettes brunes collent presque à son front.

Il est silencieux, calme, fragile. Son pull noir un peu trop large pour ses épaules accentue ses traits. Je lui laisse le temps. Il finit par prendre ma main et me regarder.

     - Et toi ? Comment tu te sens ? Je demande doucement.

     - Bizarre je crois. Je me suis emporté.

     - Je crois que c'était sexy, de me défendre comme ça, je souris.

Un petit rire quitte ses lèvres.

     - Je le referai s'il fallait. Mais pas comme ça. Pas en public.

     - Il n'avait pas à me foncer dessus comme ça. Même pour rattraper une balle, tu dois regarder où tu vas.

     - Bien-sûr, et il s'est pris un blâme et ne pourra pas jouer le prochain match non plus. Mais j'ai été... vulgaire, soupire Harry. Et je n'étais pas objectif, parce que c'était toi.

Je baisse les yeux et hoche la tête. Je ne peux pas lui donner tort sur ce point, là est le risque de travailler ensemble avec un lien personnel. La frontière se brouille trop facilement.

     - Il semblait savoir, je reprends, prudent. Qui j'étais pour toi. J'étais sonné, mais je suis sûr de ne pas avoir halluciné ça. Il t'a insulté, de...

     - De PD, reprend Harry. C'était ses mots.

     - Il n'avait pas à dire ça, je défends.

     - Mais il l'a fait. Et je ne sais pas si c'était parce que tellement de gens utilisent ça encore comme une insulte, ou si en effet il sait quelque chose qui pourrait me nuire. Nous nuire.

Sa main toujours dans la mienne, j'utilise mon pouce pour tracer de petites caresses sur sa peau. Harry se mordille nerveusement la lèvre.

     - Il n'y a aucune raison qu'il sache quoi que ce soit, je parle doucement. On est assez discrets. Il voulait juste te faire du mal.

     - Il a réussi.

     - Je sais, mais c'est une peine éphémère. Demain on aura oublié. Il aura oublié aussi. Il se dira qu'Harry Styles est un con si ça lui plait, parce qu'honnêtement on est beaucoup à penser ça au début, je souris ce qui lui procure le même effet. Puis il passera à autre chose. Ce genre de choses ne restent pas toute la vie Haz. Je t'assure. Les gens oublient, réalisent qu'ils ont mis de l'énergie et de la colère ou même de la méchanceté là où il ne fallait pas. Ça passera. On entendra plus jamais parler de ce mec.

Fut un temps, tous les mots du monde même sortis de ma bouche n'auraient pas réussi à calmer et rassurer le bouclé. Il est facile de voir que nous avons parcouru beaucoup de chemin à deux, car aujourd'hui, il se contente d'acquiescer, se force à retenir mes paroles et se les répéter dans une perspective plus optimiste. Cela me fait sourire.

     - Tu as raison, je n'ai plus envie de parler de lui. Comment tu vas toi ? Ta cheville ? Demande t-il.

     - J'ai vu le médecin et le kiné, j'ai une entorse, je grimace. Mais une entorse légère selon eux. Je peux marcher, tant que j'ai mon attèle. Ils n'avaient pas d'autres couleurs, triste pour moi.

Le bouclé sourit face à la protection jaune fluo que j'ai sur moi.

     - Et il ne faut pas que je fasse trop d'efforts au niveau de mon articulation, j'ajoute.

     - Combien de temps de repos exigé ?

Je souffle, baisse le regard. Au tour d'Harry de respecter mon silence et d'attendre.

      - Trop. Je ne pourrais plus jouer avant la fin de la saison, et comme je veux partir à la fac après... C'est fini pour moi.

Le bouclé ouvre la bouche, la referme, cherchant les mots parfaits à sortir, ceux que je pourrais avoir besoin d'entendre. Mais je crois qu'il n'y en a aucun qui pourraient atténuer ce que je ressens. J'ai mal physiquement, mais j'ai mal au coeur aussi. J'ai pu toucher mon rêve du bout des doigts, d'une certaine manière, et tout s'arrête, brusquement ; encore.

     - Si j'avais su que c'était notre dernier match ensemble... je souffle en haussant les épaules. J'avais tellement de choses en tête. J'avais des plans. Je ne voulais pas que ce soit comme ça. Pas comme ça. Rien ne se passe jamais comme j'aimerais, même ce que je désire le plus au monde.

     - Lou... il parle tout bas, peiné. Je suis désolé.

     - Moi aussi. Moi aussi, vraiment.

Désolé pour moi-même et mes espoirs envolés. Je renifle un peu, ému, et lève les yeux vers le ciel afin d'éviter de pleurer.

     - Je suis ridicule, à me mettre dans des états pareils, je grogne.

     - Tu ne l'es pas. Tu aimes le baseball. Voir quelque chose nous être arraché d'un coup, ce n'est jamais une joie.

Je m'efforce d'acquiescer doucement. Harry se lève de la chaise pour venir s'asseoir sur le bord du petit lit sur lequel je me trouve. Il tend les bras vers moi, et je viens poser ma tête contre son torse. Mes mains passent derrière son dos, et je serre le tissu de son pull entre mes paumes.

     - Je voulais que notre dernier, soit notre dernier à tous les deux, je murmure en sanglotant. À toi, et moi, comme nous comptons quitter l'équipe. Je voulais que ce soit vraiment important, je me l'imaginais de la plus belle des manières, c'était cliché mais dans ma tête je me disais qu'on allait tous faire des home-run, qu'on gagnerait haut la main, qu'on serait tous unis et que ce serait magique. C'était digne d'un film, je te jure.

La main d'Harry passe derrière mes cheveux, les caresse doucement. Il me berce presque et je me calme en humant son odeur.

     - Je suis là, dit-il tendrement. Je ne peux rien faire pour arranger ça, mais je suis là. On passera au-dessus de ça.

Je m'accroche un peu plus à mon bouclé. Il semble être la dernière chose fixe qui me reste.

× × ×

Le soir venu, toute l'équipe est rentrée à l'hôtel, mais Harry me traine dehors sans m'expliquer où l'on va. Comme je l'ai fait dans le bus, j'observe tout ce qu'il se passe par la fenêtre du taxi. Nous dépassons le centre-ville, le quartier industriel, les zones touristiques. La voiture nous dépose au niveau d'un bois sombre à cause du soleil couché et j'arque un sourcil.

     - Pas sûr d'avoir envie de te suivre là, je réponds.

     - Fais-moi confiance, il sourit.

Le brun règle le déplacement et le taxi s'en va, nous laissant seuls au milieu de cet endroit. J'arque un sourcil en regardant autour de moi puis Harry commence à s'enfoncer dans le bois, me faisant signe de le suivre. Je lève les yeux au ciel, mais m'exécute.

Un petit chemin de terre se dessine au sol et en réalité, il y a juste assez de lampadaires pour ne pas avoir besoin d'activer la lampe torche de mon téléphone.

     - Tu sais, je lance, je suis presque sûr qu'emmener ton mec en randonnée nocturne alors qu'il est au bout de sa vie avec une entorse qu'il s'est fait il y a huit heures, c'est pas la meilleure idée que t'as eu dans ta vie.

     - Tu critiques, mais tu vas adorer après, rétorque t-il.

     - Permets-moi d'en douter. En plus il y a des moustiques ! Je couine en me débattant pour leur échapper.

     - C'est le lac, ça les attire.

     - Un lac, super, je note. C'est pas le meilleur endroit pour faire disparaitre mon corps si tu veux mon avis.

Même si je ne le vois pas car devant moi, je devine qu'Harry roule des yeux. Malgré mes taquineries et plaintes, je continue à le suivre dans les bois, jusqu'à apercevoir du sable au niveau de mes pieds. Nous avançons encore sur une vingtaine de mètres avant de quitter la zone boisée et d'arriver sur ce qui ressemble à une plage, or nous ne sommes pas à la mer.

Devant nous se dresse le grand lac Sérié de Cleveland. Le soleil n'est pas encore totalement couché sur la ville, alors le ciel se bat entre des couleurs orangées et des teintes roses et violettes. L'eau créé comme un miroir face à ce tableau naturel.

     - C'est beau, je reconnais.

     - Je savais que ça te plairait, sourit Harry.

     - Ça me plait, mais je suis sûr que j'aurais pu apprécier ce coucher de soleil depuis notre chambre d'hôtel au 47eme étage.

Le bouclé lève les yeux au ciel et attrape les bords de son t-shirt pour le retirer et le poser dans le sable. Il déboutonne son jean et j'arque un sourcil.

     - Qu'est-ce que tu fais ?

     - Je vais me baigner.

     - Te baigner ? L'eau doit être à genre, 10 degrés.

     - On t'a déjà dit que tu étais dramatique ? Rit le bouclé. On est en plein mois d'août aux Etats-Unis Louis. L'eau sera chaude.

Harry termine son activité. Une fois qu'il est simplement en caleçon, il se tourne vers moi. Heureusement que l'endroit est désert.

     - Viens, déshabille-toi, dit-il.

     - Je suis blessé, je défends avec un sourire joueur.

     - Le kiné a dit entorse légère. Tu peux marcher.

     - Pas me baigner.

     - L'eau te fera du bien, il rigole. Allez viens Lou. Je n'ai pas envie de te supplier.

Je plisse les yeux, signe de réflexion.

     - Je crois que j'ai bien envie que tu me supplies moi, je plaisante.

Il lève les yeux au ciel et je retire mon t-shirt, puis mon jogging, en grimaçant au moment où je dois passer ma cheville pour enlever le vêtement. Le bouclé vient derrière moi et me porte, soutenant mon dos et le dessous de mes genoux.

Nous arrivons dans l'eau, qui est aussi chaude que l'extérieur. Il me lâche à ce moment, mais pas totalement ; ses mains restent sur mes hanches.

     - Essaie de bouger, m'indique t-il doucement. De marcher.

Nous devons être à un endroit où la profondeur n'est qu'à 1m50, car nous avons tous les deux pieds tout en étant bien dans l'eau tout de même. Je m'exécute et essaie de marcher dans l'eau, ralenti et flottant.

     - Je sens rien, je note. Je ne sens pas du tout ma douleur à la cheville.

     - Je sais, sourit le bouclé. L'eau te fait du bien. Tu peux marcher dans l'eau, sans sentir ton entorse. Tu peux soulever beaucoup plus de poids aussi. Viens, essaie.

Harry se recule de quelques mètres et m'indique de venir jusqu'à lui. Je m'exécute et même si je mets un certain temps, j'arrive à son niveau en souriant. Il partage mon sourire, fier de moi.

     - Tu te souviens quand je t'ai dit cette fois dans la piscine, que dans l'eau c'était un autre univers ? Parle Harry.

     - Oui, bien-sûr.

     - J'ai toujours vu l'eau comme une réalité différente. Les choses peuvent y être si différentes. Il y a tellement de choses qu'on a pas encore découvert dans l'eau, le poids y est différent, la pression. Tu savais que théoriquement, le temps passe moins vite tout au fond de l'océan ?

     - Non, je ne savais pas.

     - Maintenant tu le sais, sourit-il. On dirait bien que je te suis utile.

Je passe mes bras autour de ses épaules, mon visage pile en face du sien.

     - Je sais ce que tu fais, dis-je. Tu essaies de trouver une solution pour que je me sente normal et bien malgré tout ce que ça implique.

     - Peut-être que j'essaie un peu de faire ça oui.

     - Merci Harry, je parle sincèrement. Vraiment. Merci.

S'il m'était possible d'aimer davantage ce garçon, alors je l'aime encore plus désormais. Il hausse les épaules, et s'approche pour m'embrasser, tendre. Je tire un peu sur ses bouclettes puis viens le chatouiller sous l'eau, ce qui le fait rire contre mes lèvres et se reculer.

     - Une autre réalité tu as dit ? Alors attrape-moi !

Je pars en courant dans l'eau, à moitié en nageant, tout en riant. Harry me suit, je l'éclabousse pour ralentir sa course, termine en crawl pour m'éloigner. Il finit cependant par me rattraper, saisit mes hanches et me porte comme lorsqu'il m'a amené dans l'eau. Je rigole un peu, m'accroche à son cou alors qu'il fait mine de me lâcher dans cette zone où je n'ai plus pieds.

     - Non, ne me laisse pas tomber, je rigole.

     - Jamais, sourit-il en retour avant de m'embrasser.

Nous continuons encore à courir et à jouer tous les deux jusqu'à ce que le soleil soit totalement couché, que les étoiles nous observent nous embrasser sur le sable. A ce moment, pour moi, toutes les plages du monde semblent moins romantiques le lac Erié de Cleveland.

De retour à l'hôtel, Harry passe à la douche avant moi, puis je passe en second. Je savoure l'eau chaude sur ma peau, sur ma blessure. Je prends aussi le temps de souffler un peu, de réfléchir à tout cela. Cela m'attriste certes, mais me parait surmontable.

En sortant de la douche, j'agite la serviette sur ma tête pour sécher mes cheveux. Je trouve Harry assis en tailleur sur le lit, son ordinateur devant lui.

     - Qu'est-ce que tu fais ? Je m'intéresse.

Il ne me répond pas de suite, continue à taper sur son clavier et à cliquer sur différentes choses.

     - Je regarde les appartements. Les appartements à Harvard.

J'arque les sourcils, sentant une vague d'émotion m'envahir. Cela se concrétise vraiment, alors. Il y pense vraiment.

     - C'est vrai ? Je souris. C'est super Harry.

     - Je me disais... tu peux venir jeter un oeil ? Donner ton avis sur ceux que j'ai mis de côté. Je veux dire, tu devrais y passer du temps aussi. Ça me ferait plaisir qu'il te plaise.

Mon visage se tord en joie tandis que mon coeur se gonfle. Je crois que cela vaut toutes les entorses du monde. J'hoche la tête lentement avant de venir m'asseoir à côté de lui.

     - Avec plaisir oui, je souris. Montre-moi tout ça.





*

PARTIE 3 : Trouble dans l'air

🎵 : Sparks - Coldplay

NIALL

     - Je me posais une question, dit Judith, assise à côté de moi.

     - Hm ?

Trop concentré sur mon ordinateur, je ne la regarde pas mais l'écoute. C'est déjà ça.

     - Comment tu fais pour être insomniaque et ensuite être le premier réveil le matin ? Sérieux, il est 9 heures.

     - 9 heures ce n'est pas si tôt, je défends.

     - Doux jésus, souffle la jeune femme. Tu es vraiment un vieux dans ta tête.

     - Je n'arrête pas de te le répéter, je rigole.

     - Il va falloir te décoincer Niall. J'en fais ma mission personnelle. Il est hors de question de gâcher tant de potentiel.

Je pouffe sans conviction, continue à consulter mes mails.

     - Tu n'es pas mieux, je reprends. Tu as 19 ans et tu es réveillée à 9 heures. Et en plus tu traines avec un vieux.

     - Tu as raison. Je suis un peu maso.

Nous partageons un rire.

     - Plus sérieusement, je ne tiens juste pas dans mon lit, dit-elle. Il y a des périodes où c'est plus difficile que d'autres. Rester dans mon lit trop longtemps toute seule une fois que je suis réveillée me perturbe. J'ai besoin de bouger.

     - Mais tu es dans ton lit pour dormir.

     - Oui, et parfois même ça c'est dérangeant. Je me réveille en pleine nuit et j'ai besoin de faire quelque chose.

     - C'est sévère, je m'étonne. Je ne pensais pas que c'était si...

     - Handicapant ? Sourit Judith. Si, ça l'est. C'est vraiment terrible parfois. Besoin de faire plein de choses et en même temps, quand je suis incapable de me concentrer et que ça me rend folle, je m'allonge au sol et je perds la notion du temps.

     - Tu ne trouves pas que ça s'aggrave en ce moment ? Je n'y connais rien mais... tu as l'air encore plus touchée par ça.

     - Je le suis. Mais je ne sais pas... je sais que je ne pourrais jamais m'en débarrasser de toute manière. Et ça impacte tellement de choses.

Rien qu'en y pensant, elle soupire puis hausse les épaules.

     - Enfin, je pourrais te donner des cours sur ça une autre fois. Tu as l'air occupé. On dirait un influenceur avec tous tes mails.

     - Un influenceur ? Je demande.

     - Wow, carrément vieux, rigole t-elle.

Judith se lève pour aller se chercher quelque chose à grignoter dans la cuisine et j'ouvre une nouvelle fenêtre. Je tombe directement sur une page d'actualité autour du moteur de recherche. Un article. « Louis Tomlinson blessé lors du match Rookies-Indians : quel avenir pour l'équipe ? »

     - Ils ne perdent pas de temps, je commente à haute voix.

Curieux, je clique dessus même si je suis déjà au courant pour la blessure du jeune garçon. Mike nous a prévenu. J'y trouve tout un texte qui parle pour rien dire, autour de la confrontation qui a eu lieu, les raisons de celle-ci : comme quoi la balle aurait rebondie, que le joueur aurait une entorse. Des images d'Harry et l'autre joueur sont également présentes, leurs expressions faciales sont dures et on s'y croirait presque.

La dernière phrase m'interpelle.

Peut-être que le jeune capitaine s'est laissé emporter, il faut dire que nous savons désormais qu'il n'est pas vraiment objectif vis à vis de son coéquipier, la dernière recrue Louis Tomlinson. Pour voir les photos, c'est par ici !

Au même moment Judith revient à côté. Je ne me laisse pas déconcentrer et clique sur le lien inséré, qui m'ouvre une nouvelle page. Celle-ci met du temps à charger mais lorsque c'est finalement le cas, mes traits se figent.

     - Judith, je dis doucement. Dis-moi que je n'hallucine pas et qu'il y a bien ce que je vois sur l'écran.

La blonde lève les yeux de son téléphone, qui deviennent ronds comme des soucoupes. Elle fronce les sourcils et s'approche plus près de mon ordinateur, incrédule.

     - Oh mon dieu, dit-elle doucement. Est-ce que c'est bien...

     - Oui, je confirme. C'est bien eux.

Je tourne lentement la tête vers la jeune femme, qui fait de même vers moi. Nos visages choqués ne signifient qu'une chose : nous sommes bien au courant que c'est synonyme de la fin.






*

PARTIE 4 : Fin d'une ère

🎵 : Sparks - Coldplay

LOUIS

Lorsqu'Harry et moi nous séparons une fois le bus rentré à Coors Field, et qu'on se donne rendez-vous ce soir, je ne me doute pas les conditions tragiques dans lesquels ce sera.

Lorsque je grimace face à la douleur de ma cheville en rentrant à la maison, je ne m'imagine pas que bientôt, cette douleur me paraîtra minime et insignifiante, remplacée par une plus vive et indélébile.

Lorsque je pousse la porte d'entrée et trouve le salon vide, je n'ai aucune idée que dans quelques instants, c'est moi qui vais le devenir.

Je souris en fermant la porte derrière moi, de bonne humeur malgré tout. Je m'étonne de voir la pièce principale déserte et de ne pas entendre de bruit. Pour un dimanche, c'est étonnant de trouver la bâtisse vide.

Après avoir regardé la cuisine, je me dirige vers le bureau. J'ouvre la porte coulissante et y trouve tout le monde.

     - Votre blessé préféré est rentré, je souris. J'ai quelque chose à vous dire à ce sujet, d'ailleurs...

Cependant personne ne me retourne sa joie de vivre, alors mon expression retombe. J'examine chacun de leur visage et remarque qu'ils sont tous soit tristes, soit apeurés. Ou un mélange des deux.

     - Bah cachez votre joie dis donc. Qu'est-ce qu'il se passe ? Je demande une première fois.

J'essaie de me faire des schémas dans ma tête, de comprendre ce qu'il peut bien se passer, mais chaque hypothèse est balayée car tout le monde est dans cet état. Pas juste une personne, ou un duo. Tout le monde.

Et il n'y a qu'une seule chose qui nous lie tous au même titre : l'enquête.

Donc pour que chacun soit dans un état pareil, une seule conclusion est possible.

L'enquête est sévèrement compromise.

Quelque chose est arrivé.

     - Qu'est-ce qu'il se passe ? Je reprends, plus paniqué cette fois.

Niall est celui qui s'approche vers moi. Maintenant qu'il est plus proche, je lis quelque chose d'autre dans ses yeux ; de la pitié. Cela me terrifie.

     - Tu n'as pas consulté ton portable récemment ? Demande t-il.

     - Pourquoi ? Je l'avais dans le bus, j'écoutais de la musique mais je l'ai utilisé pour rien d'autre. Je n'avais pas envie de voir les journalistes déformer ce qu'il s'est passé dans le stade. Pourquoi ?

Tout le monde s'échange un regard et j'ai l'impression de bouillir. Le suspense ne dure cependant pas longtemps, Niall et Mike s'échangent un regard avant que ce dernier ne vienne vers moi, l'ordinateur portable en main.

     - La presse est au courant, parle le détective.

     - Quoi ? La presse est au courant de quoi ?

     - Je suis désolé Louis, dit-il doucement.

J'ai l'impression de savoir ce qui va m'arriver, et en même temps, lorsque je regarde l'écran, le choc qui me traverse est plus violent que ma chute de la veille. J'ai l'impression que je ne pourrais jamais me relever de cet impact. Mon souffle se coupe.

Sur l'écran, un article de journal people. La photo qui illustre cela est une photo d'Harry et moi, lors de notre moment intime dans la voiture, lorsqu'il m'a dit qu'il m'aimait. Sur l'image, nous sommes en train de nous embrasser, nos torses nus pressés l'un contre l'autre. Il n'y a rien d'obscène ; c'est coupé, ou flouté. Mais cela n'aurait pas fait grande différence.

     - La presse est au courant pour Harry et toi, termine Mike, tout bas ; comme si parler bas allait alléger les conséquences qui nous attendent.

Je n'ai aucune réaction, je suis couvert de honte, je suis terrifié. Je fixe cette image, je devine qu'il y en a tellement d'autres. Je me refais le film dans la tête, ce qui aurait pu être différent, si je n'avais pas initié ce moment.

Les mots de Mike me font tourner la tête.

La presse est au courant pour Harry et toi.

Ce qui signifie que tous mes proches vont l'apprendre aussi.

Mon père, à qui je n'ai jamais fait de coming-out,

Monsieur Tanson, qui va voir que nous avons échoué dans la mission,

Le père d'Harry, qui peut détruire celui-ci avec cette simple nouvelle, tout détruire,

Le monde entier.

Et je ne sais pas ce qui est le pire dans cette histoire.




///
Réagissez avec #BornTDieFic
///






Encore un chapitre si important...
Mike et Judith échangent un moment important. On comprend donc que l'homme aime Andrea et rêve d'un futur ; mais a juste peur.
C'est la fin pour Louis dans l'équipe... mais Harry est là pour le soutenir. Malgré les conditions, leur amour est pur et fort.
Cependant, il y a des obstacles. La presse notamment...

Le chapitre suivant (35) est le dernier du second tome.
Je m'excuse d'avance. ❤️

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top