CHAPITRE 27
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PARTIE 1 : Quelque part où être
MIKE
Louis et Harry sont ensemble.
Les mots de Niall se répètent en boucle dans ma tête. Allongé sur le dos dans mon lit, fixant le plafond blanc que j'ai du mal à discerner à cause de l'obscurité, je me perds dans mes pensées.
Andrea est allongée à côté de moi. La chambre qui lui avait été attitrée ne sert plus du tout. Petit à petit, nous prenons des habitudes qui peuvent paraitre anodines pour n'importe qui, mais pas pour moi. Cela fait tellement longtemps que je n'y ai pas été confronté, qu'on peut dire que je découvre tout simplement.
Je soupire et me concentre de nouveau sur ce qui m'obsède l'autre moitié du temps ; cette enquête, ce qu'elle implique, ce que nous risquons.
Mon esprit est constamment divisé en deux : la jeune brune à mes côtés qui commence à prendre tant de place dans ma vie, et cette histoire d'amour entre Louis et Harry qui se trace et que je n'ai pas vu venir.
J'aurais dû la voir, en réalité. Tout était là, tout semblait être là, et j'ai fermé les yeux.
Je ne suis pas en colère, ce n'est pas le sentiment qui m'habite. Comment en vouloir à quelqu'un pour avoir mis des sentiments en jeu ?
Louis risque énormément de choses à s'avancer sur ce terrain là, et je pourrais lui rappeler un millier de fois. Mais j'ai conscience que cela ne servirait à rien.
Il est donc facile de donner raison à Niall. Je pensais protéger Louis en ne gardant que quelques informations pour nous, mais raconter la vérité à Tanson était la meilleure option. Car petit à petit, Louis sombrait.
C'est un sentiment que je ne connais que trop bien. Se cacher des choses, des gens, tracer sa route seul, en pensant n'avoir besoin de rien ni personne. Avoir une soif de justice si forte vis à vis de quelqu'un qu'on aime, en se disant qu'il est inutile d'en parler autour de soi.
Il faut toujours, en parler. Avancer. Affronter.
Ce n'est pas une compétition de qui a vu en premier, de qui a découvert le secret de Louis. C'est une question de comment les choses vont évoluer maintenant.
Les sentiments... Est-ce qu'on peut dire qu'ils sont un avantage, ou un inconvénient ?
Ils peuvent pousser à de grandes choses, à de grandes ambitions. Mais parfois, ils nous font perdre pied, totalement. L'amour, sous toutes ses formes, est le plus dangereux des sentiments. D'un claquement de doigt, il peut rendre quelqu'un fou, presque dangereux. L'amour est comme la roulette russe, car parfois, peu importe à quel point on espère que cela ne nous tombera pas dessus, que tout ira bien ; il fait des dégâts.
L'amour est fatal.
L'amour m'a poussé à m'enfermer dans une bulle pendant tant d'années, par envie de faire les choses bien, d'amener la justice.
Comment ne pas s'inquiéter pour Louis, qui suit un chemin similaire au mien ?
Et a-t-il vraiment raison de donner son amour, sa confiance ; son être entier, à Harry ?
L'amour ne prévient pas, et je me sens stupide de ne pas avoir considéré la possibilité à laquelle je suis confronté actuellement. Rien, ni personne, n'aurait pu prévoir ce qui s'est passé.
Louis n'est pas tombé dans le piège d'Harry, voulant le piéger derrière son masque ;
Il est juste tombé amoureux.
Et peut-être est-ce la même chose.
Mais, l'amour est fatal.
Je soupire et tourne la tête vers ma collègue, endormie à côté de moi. J'ai remarqué quelque chose chez elle ; elle dort toujours sur son flanc gauche, me tournant ainsi le dos la quasi totalité de la nuit.
Je me tourne dans le même sens qu'elle, et viens passer mes doigts sur son dos nu. Son corps est magnifique. Plein de défauts, car c'est ainsi qu'un corps se doit d'être - mais elle est splendide, je me fais cette réflexion à chaque fois. Je n'avais pas touché de femme depuis très longtemps, mais je me sens presque chanceux que ce soit elle.
Oui, l'amour est fatal.
Complexe.
Bien plus qu'on ne le veut parfois.
Car malgré ces moments avec Andrea, que je chéris, que je découvre - malgré son corps que j'aime embrasser, posséder, malgré tout ce que l'on peut partager, que ce soit sur le plan professionnel et même personnel, quelque chose m'habite.
Abigail.
Depuis sa disparition, depuis que j'ai dû continuer à élever Judith, depuis chaque enquête que j'ai du mener, depuis que nous sommes arrivés dans cette maison.
Abigail est là, dans ma tête.
Et cela m'empêche de dormir la nuit, cela me fait me poser des questions importantes. Est-ce que je suis réellement prêt à construire autre chose ?
Evidemment, je m'en pense capable, je ne serai jamais allé aussi loin avec quelqu'un en sachant que j'allais la faire souffrir. Là n'est ni mon but, ni mon envie.
Mais je me suis posé de nombreuses fois la question du, est-ce normal que mon ex-femme reste autant dans mon esprit ?
Est-ce que cela partira un jour ?
J'en doute. Et ce n'est pas juste. Ce n'est pas juste, de devoir être confronté à cette lutte, constante. Parfois même ce sentiment de culpabilité, qui me dit qu'Andrea ne serait jamais entré dans ma vie, que jamais je ne me serai permis une telle relation si Abigail était encore là - que finalement, n'est-elle pas un second choix ?
C'est stupide, totalement irrationnel car je n'ai pas choisi la mort de ma femme. Mais mon esprit me joue des tours douloureux.
Je me la suis beaucoup posée cette question, régulièrement. Mais ces derniers temps, de moins en moins.
Toutes ces années à aller sur la tombe d'Abigail, sans être capable de lâcher un mot. Toutes ces fois, à lire, relire la pierre tombale prenant l'humidité avec le temps. Et j'étais incapable de lâcher un mot.
Je me suis promis que je n'irai vider mon sac que lorsque les choses seraient en ordre dans ma vie. Que lorsqu'enfin, je serai prêt à prendre un nouveau départ ; refaire ma vie.
La lutte interne ne partira sans doute jamais, tant que je n'aurais pas franchi ce pas.
Parler.
Je suis prêt.
L'odeur de la belle femme à mes côtés enivrant mes narines, je réalise :
J'ai quelqu'un à voir. Quelque part où être ; quelque chose à faire.
Sur ces mots, je bondis du lit en silence et attrape mon fameux costume.
*
PARTIE 2 : Quelque chose à faire
LOUIS
Niall et moi ne rentrons pas avant la nuit tombée. Tandis que nous nous garons dans l'allée, je constate que les lumières de la maison sont éteintes, et alors que nous entrons dans l'endroit, le silence dominant nous met sur la piste que tout le monde dort.
Je me fraie un chemin jusqu'à ma chambre, non sans faire craquer le bois du vieux parquet. Une vieille maison comme celle-ci abrite différents bruits, je n'y prête pas attention.
Le blond et moi nous souhaitons bonne nuit par le biais d'un signe de tête. À peine la porte de ma pièce fermée, je viens m'allonger sur mon lit, fixant le plafond comme si toutes les réponses y étaient notées.
J'ai du mal à mettre des mots sur ce que je ressens. Je sais qu'il y a un mélange de plein de choses, même d'émotions dont je ne connais pas le sens.
Je crois que ce qui domine le plus, est la colère. Contre le monde entier - contre Zayn, beaucoup. J'ai envie de croire qu'il n'avait que de bonnes intentions, j'ai envie, j'ai l'impression de le devoir, pour lui.
Mais il est si difficile de se faire tout un monde alors que le concerné n'est pas là pour me dire le vrai du faux. Il est si facile, de se faire une idée, une théorie, sur quelque chose - de s'enfoncer dedans, pendant des mois, parfois même des années - mais qu'est-ce qu'on fait, le jour où on réalise qu'on avait tort ? Le choc doit couper le souffle. J'ai peur de ça.
Oui, la peur est bien dominante aussi. Tout semble à la fois m'échapper, et à la fois prendre son sens.
Harry était ami avec lui. Je mets les éléments à leur place : la peine qu'il avait, à me parler d'un ami décédé, c'était de toute évidence vis à vis de lui. Je partage sa peine, et je pense que ce point me terrifie également. Le bouclé et moi semblons nous ressembler de plus en plus. Nos histoires divergent, totalement ;
Mais peut-être prennes-elles la même direction.
Il y a tant de choses que je ne peux pas lui dire, pour le bien de cette enquête, pour le bien du dénouement, de l'avancée des choses.
Tout lâcher serait égoïste de ma part. Car même si notre histoire prend une place immense dans mon coeur, bien plus grande que cette maison aux nombreuses pièces - je ne peux pas juste penser à moi.
Dans un sens, c'était déjà peut-être bien égoïste de m'attacher à Harry de la sorte, mais je l'ai fait quand même, sans pouvoir contrôler, sans vouloir cesser la chute.
Le fait de garder certaines choses secrètes sont en mon pouvoir. Pour Zayn ; pour la mère de Judith. Pour que la justice s'exerce, je vais devoir être fort, encore un peu. Pour mes amis, la famille qu'ils sont devenus - mais pour les beaux yeux verts qui me font tant perdre pieds également.
Il aime se montrer si dur, si inaccessible. Et je ne prétends pas avoir le quart de son courage, mais je sais qu'il est plus fragile que ce qu'il laisse paraitre. Mes épaules ne sont pas assez larges pour porter le poids de nos peines pendant des années, mais pour quelques semaines, mois, je peux bien me faire un peu mal au dos.
Car il serait prêt à se briser la colonne pour moi.
Car c'est comme ça qu'Harry semble tenir à moi.
Mille questions se bousculent là-haut, et je ne peux pas les faire taire. Ne pas trouver la réponse à celles-ci devient difficile, étouffant. Je prétends qu'il est plus
Est-ce que j'ai raison de m'attacher autant à lui ?
Est-ce que je devrais réellement arrêter, pour le bien de tous ?
Suis-je capable d'endosser un tel rôle ?
À quoi je joue ?
Pourquoi lui ?
Et pourquoi lui, me choisit moi ?
J'ai besoin de réponses, d'une réponse. Mais rien ne vient.
À ces pensées, mon coeur se gonfle. Le sweat-shirt que j'ai porté toute la journée détient encore son odeur, et alors que je prends une grande inspiration, elle m'envahit entièrement.
Et aussi stupide cela soit-il, je me sens bousculé. En fermant les yeux quelques instants, je me ressasse tous nos baisers. Le premier, dans la piscine ; le second, chez lui, précipité et bref. Le troisième, de mon initiative ; lent, chaud, intense. Tous ceux qui ont suivis derrière, je ne suis même plus sûr de pouvoir tenir le compte, et cette idée me plait.
Malgré les non-dits qu'il y a entre nous, car je sais très bien qu'il y en a beaucoup de son côté - j'ai l'impression de le connaître comme personne, et j'espère qu'il se dit la même chose, car ce que je lui dis, ce que je lui donne, est inédit.
Il a pris mon corps, cette pureté. Je devrais probablement être totalement dépité à cette idée, me sentir sale, mauvais -
Mais je n'ai qu'une envie, c'est le serrer contre moi. Lui dire que je suis fatigué de tout cela, de prendre mes jambes à mon cou, de partir comme si la réponse était ailleurs.
Zayn n'est plus là, et peu importe ce que je vais découvrir, cela ne le ramènera pas. Mon ami est décédé, et je veux découvrir pourquoi, qui a fait ça - mais je dois cesser de me laisser dicter par ces éléments.
Mener à bien la mission est une chose, mais je ne peux pas continuer ainsi. A courir sans m'arrêter, peu importe la douleur que je ressens dans mes poumons, le gout de sec dans ma bouche.
Un jour, il faut s'arrêter de courir. Prendre une grande respiration, et se reposer. Puis, réfléchir à si on veut continuer ou non. Et en fonction : foncer.
Et peut-être que c'est ça la réponse à toutes ces questions, finalement ?
Foncer.
Comme j'ai dit à Niall, apprendre, réussir.
J'hésite longuement, puis me décide. Ce n'est pas ici que je devrais être. Ce soir, ce n'est pas ici, dans ce petit lit, que je suis à ma place.
Je me redresse sur mon lit, et enfile de nouveau mes baskets.
J'ai quelqu'un à voir. Quelque part où être ; quelque chose à faire.
× × ×
Je me fais le plus discret possible pour descendre l'escalier et arriver dans le salon. Le bois craque de partout, et je fais une pause à chaque marche pour m'assurer que je ne réveille personne.
J'arrive en bas au bout d'un petit temps, et passe le salon afin de me diriger vers la porte d'entrée et partir. Je remarque du mouvement à ma droite, et sursaute en tournant la tête vers un homme debout là, dans la cuisine. Grâce au peu de lumière, je reconnais Mike.
- Tu m'as fait peur, je souffle.
- Excuse-moi, là n'était pas mon but.
Poliment, j'hoche la tête et le détaille finir son café. Il est totalement apprêté, dans son costume sombre habituel, sa cravate étant parfaitement mise.
Nous sommes en plein milieu de la nuit, et même sur le pouce, il garde ce côté classe et intimidant.
- Il est tard, note l'homme.
- Oui.
- Tu sors à cette heure-là ?
- Toi aussi ? Je rétorque.
Tous les deux, nous hochons la tête mutuellement pour nous répondre.
- Tu n'arrivais pas à dormir ? Reprend Mike.
- Difficile avec la journée que j'ai eu.
Je ne lui demande pas de comprendre, mais l'espace d'un instant, j'ai l'impression que c'est tout de même le cas. Il acquiesce lentement et viens poser la petite tasse vide sur la table. Je remarque qu'il y en a une autre à côté, vide aussi. J'en viens à la conclusion qu'il avait vraiment besoin de se réveiller, peut-être même qu'il a de la route.
- Pourquoi tu es réveillé toi ? Je demande.
- J'ai quelqu'un à voir.
- Moi aussi.
Nos yeux se rencontrent et aucun de nous deux n'a besoin de poser la question d'où nous allons et pourquoi.
Je sais à qui il a besoin de parler ; et il sait pertinemment vers qui je me dirige aussi.
Mike place ses mains dans les poches de son pantalon parfaitement taillé pour lui, et fait le tour de la table jusqu'à arriver à mon niveau. Il y a un petit silence entre nous, légèrement gênant. L'heure nocturne n'aide pas à amener une ambiance joviale.
- Viens, dit-il finalement en se dirigeant vers la porte. Je t'emmène.
Encore une fois, je n'ai pas besoin de lui dire où me déposer. Il le sait déjà.
*
PARTIE 3 : Lâcher prise
MIKE
Je conduis tranquillement dans les rues endormies de Denver. Les grandes villes comme celle-ci ne dorment jamais réellement, mais le calme règne majoritairement.
Le véhicule étant parfaitement insonorisé, une bulle de détente est installée à l'intérieur. Il pourrait, devrait, y avoir une gêne vu la situation, mais il n'en est rien.
De temps à autre, je jette un oeil vers l'adolescent, qui lui, fixe l'horizon en mouvement. Nous n'avons pas besoin de parler, c'est comme si nos coeurs ouverts faisaient déjà toute la conversation.
- Est-ce que tu vas m'empêcher de le voir ? Il demande finalement et il n'a pas besoin de préciser de qui il veut parler.
- Tu penses que je t'y conduirais, si je voulais t'empêcher de le voir ?
Il hausse les épaules. Brièvement, je tourne la tête vers lui avant de me concentrer à nouveau sur la route.
- Je pense que ce n'est pas une bonne idée. Si j'avais pu choisir, jamais je ne t'aurais mis avec lui, pour être honnête avec toi. C'est l'élément que nous n'avions pas prévus, et un élément qui peut être fatal. Je n'approuve pas et ferai attention de loin.
Louis demeure silencieux à mes côtés. Je poursuis :
- Mais ma parole n'a aucun impact. Alors non, je réponds ensuite. Je n'essaierai pas de te convaincre. Je ne t'en empêcherai pas.
Au tour de Louis de tourner les yeux vers moi, même si je continue à fixer droit devant.
- Pourquoi ? Demande t-il.
- Parce que je sais que je ne pourrais rien faire au monde pour t'empêcher d'être avec ce garçon, si c'est ce que tes entrailles te crient.
À quoi bon lutter ?
Je ne forcerai pas Louis à abandonner ses sentiments. Car je serai incapable de le faire. Je pourrais l'enfermer dans la maison, le suivre à la trace - mais cela ne renforcerait que sa volonté de retourner vers Harry.
On ne choisit pas comment, ni sur qui, cela tombe. C'est pour cela que des gens finissent comme moi, avec leur moitié six pieds sous terre. Si on choisissait, ça serait bien connu.
Le châtain à mes côtés acquiesce, lentement.
- Bien, dit-il sereinement. Ça nous facilitera les choses à tous les deux.
- Je dois juste te demander - est-ce que tu es sûr ?
Sûr de quoi, je ne sais pas - il est difficile de répondre à cette question et tout ce qu'elle implique. Mais je sais que lorsque j'ai rencontré Abigail, si jeune, j'ai su que quelque chose d'important nous liait. Les circonstances étaient totalement différentes, incomparables en tous points - seuls les ressentis sont les mêmes.
Louis est jeune, et on ne peut jamais réellement dire que telle ou telle personne est la bonne. Beaucoup trop de facteurs sont à prendre en compte. Cependant, nous pouvons êtes sûrs qu'un bout de chemin se doit d'être tracé avec. Et personne d'autre ne peut savoir à notre place.
Pas même un détective un peu rouillé.
Je m'arrête à un feu rouge et me permets donc de tourner la tête vers le jeune. Il fixe devant lui quelques secondes, avant de mettre ses yeux bleus dans les miens.
- Est-ce que tu es sûr avec Andrea ?
- Oui, j'avoue.
Le mot me fait peur, mais je suis prêt à l'accepter. Avancer, définitivement.
- Alors pourquoi tu n'es pas avec elle en ce moment même ? Reprend Louis.
- J'ai quelque chose à faire avant. Quelque chose à régler, avant de retourner contre elle.
- Moi aussi, j'ai quelque chose à régler. Tout cette enquête. Alors repose moi la question une fois qu'elle sera finie.
La maturité dont il fait preuve m'épate, et j'ose espérer que mon regard lui envoie ce message. Le Louis perdu que j'ai rencontré il y a quelques mois est derrière nous maintenant. Je sais que l'adolescent garde une certaine pureté, et sa jeunesse - mais il est en train de découvrir un courage qui m'épate, et qui le terrifie aussi probablement.
Nous ne savons jamais réellement de quoi nous sommes capables, avant que cela touche quelqu'un que nous aimons.
Le feu passe au vert et je reprends le volant pour continuer mon trajet dans les rues quasiment désertes.
- Niall a bien fait, de dire les choses à Monsieur Tanson. De dire que j'avais décidé de me pencher sur Desmond Styles.
- Je pense qu'il est assez grand pour nous le dire lui-même, je rétorque.
- Non, je pense que c'est mon rôle. Il l'a fait pour moi. Sans ce coup de pied au cul, on aurait jamais avancé.
Je jette un oeil vers lui, puis aussi vite, droit devant moi.
- Je ne lui en veux pas, je parle. Ma seule crainte était que la mission soit totalement annulée.
- Elle pourrait l'être ?
- Oui. Elle pourrait. Nous avons des règles à respecter, des protocoles. On doit les appliquer. C'est un peu injuste étant donné que tu n'as pas eu l'entraînement intensif que chaque agent sous couverture se doit d'avoir. Il dure parfois des années. Mais on est obligés.
- Et parce que je change de direction, ça peut être un motif pour juste... tous rentrer chez nous ?
- On ne sait jamais, je dis. Mais ça n'a pas été le cas, donc ça va.
- Et ça serait quoi maintenant, le truc qui ferait tout foirer ?
Je marque un silence pendant un temps, et me permets de regarder Louis quelques secondes. Face à l'expression de mon regard, il semble comprendre.
Si la plus haute autorité apprenait que Louis est impliqué personnellement avec un des éléments principaux de l'enquête, ce serait terminé. Définitivement. Même si Harry n'est plus considéré comme suspect de meurtre à l'heure actuelle, il est tout de même l'élément clé pour le trafic, et toute la suite.
Je n'empêcherai pas Louis de voir Harry. Ce n'est pas en mon pouvoir.
Mais si le siège apprend cette relation, ces sentiments, le gouvernement lui-même se chargera de les garder éloignés.
- Je vois, dit doucement Louis, et la peine dans sa voix m'atteint. Il ne faut vraiment pas qu'ils l'apprennent alors.
- Ne nous donne pas de raison de leur dire, et ils n'en sauront rien.
J'ai conscience que m'enfoncer dans ce secret avec lui pourrait me porter préjudice, moi qui suis pourtant tellement attaché aux principes, protocoles, règles. Mais j'en reviens toujours au même point ; nous ne savons jamais réellement de quoi nous sommes capables, avant que cela touche quelqu'un que nous aimons.
Louis fait partie de ceux-là désormais.
Je continue à conduire, jusqu'arriver devant la propriété des Styles. Je ne m'y suis pas rendu depuis un moment, depuis que nous avons arrêtés de rester dans la camionnette lorsque Louis y est. Cette demeure m'impressionne toujours autant.
Je me gare devant, et alors que je mets la voiture au point mort, un grand silence prend place. Louis ouvre la portière et mets une jambe dehors avant de se tourner vers moi.
- Merci.
Je n'ai pas besoin de lui demander pourquoi. Je lui adresse simplement un signe de tête, rendant son remerciement.
Le châtain quitte le véhicule et ferme la porte derrière lui. Je le regarde alors s'enfoncer dans la propriété, jusqu'à ce qu'il se fasse envelopper par l'obscurité de l'immense jardin.
Je remets le contact.
× × ×
Je roule un petit moment avant d'arriver à destination. La musique passant à la radio me tient compagnie pendant le trajet, et le silence complet qui tombe lorsque je me gare devant l'endroit est presque étouffant.
Il me faut un petit temps avant de sortir du véhicule, et encore plus pour tourner la poignée rouillée de l'immense portail. Celui-ci couine alors que je l'ouvre et le referme derrière moi.
Le gravier craque sous mes mocassins tandis que je m'avance. Il fait nuit noire ici, dans cet endroit non éclairé - mais je connais ces allées par coeur, peut-être même plus que ma propre maison.
Je marche, les mains dans les poches de mon pantalon, jusqu'à arriver là où je dois être. Une énième fois, comme à mon habitude, je lis l'écriteau.
Ici repose Abigail Carter,
Épouse et mère bien-aimée
21/03/1979 - 21/12/2006
Je m'approche pour déposer ma main sur la pierre froide. Je souffle à ce contact. Je ne me rappelle pas la sensation de la peau d'Abigail, je ne me rappelle même pas de sa voix à vrai dire. Lorsque j'ai réalisé ça, il y a quelques années déjà, j'ai fondu en larmes au poste, heureusement totalement vide.
Je viens me baisser, pliant les genoux mais mes pieds restant à plat sur le sol. De nouveau, je soupire. Puis viens me racler la gorge.
- Je ne sais pas par où commencer.
12 ans à rattraper, cela fait beaucoup. Je passe une main dans mes cheveux et fixe la pierre quelques instants.
- Je suis désolé de ne pas t'avoir parlé plus tôt, j'ajoute. Et si tu peux m'entendre, si tu es quelque part, ce n'est pas très grave. Tu sais comment je suis, et ce qu'il s'est passé.
Dès que je ferme la bouche, le calme qui s'abat est déroutant.
- En réalité, non... tu ne sais pas, parce que ce type, je le suis devenu après ta mort.
Je baisse les yeux.
- Judith est devenue incroyable. Je suis tellement, tellement fier d'elle. Je ne sais pas comment elle a pu devenir si forte... je crois qu'il aura suffit que tu sois dans sa vie 6 ans pour l'impacter totalement.
Un petit rire quitte mes lèvres.
- Elle sait ce qu'elle veut, c'en est presque terrifiant. Elle est cultivée, drôle, à l'écoute. Elle ne se laisse marcher sur les pieds par rien, ni personne. Et pourtant, elle a un coeur tendre. Très, très tendre.
Je repense à notre conversation sur le canapé, l'autre soir. À ses larmes que j'ai pu sécher, qu'elle m'a laissé sécher. Cela me donne le courage de continuer :
- Notre relation va beaucoup mieux. Quand tu es partie j'ai juste... sombré. J'étais au fond depuis très longtemps. A sa place, je ne sais pas si j'aurais pu pardonner mon père d'une telle négligence. Elle sait voir ce qui vaut la peine ou non chez les gens, et elle est ton portrait craché. Je crois qu'à son mariage, son futur mari vous aurait confondus, je rigole légèrement.
Je sais que si elle avait été là, elle aurait rigolé en retour. Je pourrais presque jurer que j'entends au loin un léger rire flotter dans l'air frais de la nuit.
- Te raconter les douze dernières années serait impossible. Et terriblement ennuyant. Où que tu sois, je suis sûr que tu n'as pas envie d'entendre tout ça.
Le sourire présent sur mes lèvres retombe doucement alors que je souffle un bon coup. Je détaille la mousse qui a commencé à prendre possession de la pierre après toutes ces années.
- Je vais trouver qui t'a fait ça Abigail. Je suis sur la piste, je te jure. J'en ai probablement plus besoin que toi, mais c'est important. Il y a de la justice, quelque part. Bien plus proche qu'on le pense parfois. On sait où est le trafic, il nous manque encore plusieurs éléments pour le faire tomber, mais on va y arriver. Je te le jure. On a ce garçon, Louis, qui nous aide. Tout repose sur lui, et j'ai confiance en lui avec ma propre vie. On ne reproduira pas les mêmes erreurs. Il ne lui arrivera rien. Je serai prêt à prendre une balle pour lui. Mais on va y arriver, te faire justice. Je te le promets.
La promesse que j'adresse s'en va dans le vent. Abigail ne pourra pas me remercier pour ce que j'aurais fait, ni me dire qu'elle se sent en paix. Elle n'est plus là, et ce, pour toujours. Ce serait pourtant tellement plus simple qu'elle puisse juste me dire quelques derniers mots, qu'elle me dise qui l'a tuée, pourquoi, et ce qu'elle veut que Judith et moi fassions.
Mais il faut faire sans. Il faut toujours, faire sans.
- Et j'ai rencontré quelqu'un, je parviens à lâcher après avoir réuni tout mon courage.
Mon coeur s'emballe après cette phrase. Je secoue la tête, un rire jaune quittant mes lèvres, puis je penche la tête en arrière afin de chasser les larmes qui prennent place au coin de mes yeux. Pleurer. Cela fait un très long moment que ça ne m'est pas arrivé.
- Elle s'appelle Andrea, on travaille ensemble. Il faut croire que j'ai un faible pour les femmes flics. Je me sens bien, avec elle. C'était inespéré, et j'ai encore du mal à comprendre comment elle peut avoir autant de patience parce que je suis aussi maladroit qu'un adolescent. Mais elle attend. Elle m'attend.
Cela pourrait paraitre bizarre, de parler de la sorte à sa femme décédée de sa nouvelle copine. Mais je connais Abigail, et je sais que si elle pouvait être là actuellement, elle me dirait de foncer, sans me retourner. Elle embrasserait ma joue et me souhaiterait d'être le plus heureux du monde, tant que j'ai encore le temps. Car on ne l'a jamais réellement.
- Et ça me terrifie, je poursuis. Par moment, je suis terrifié de tout ça. Quand elle dort à côté de moi, il n'y a pas une seule nuit où je ne me réveille pas pour la regarder et me dire que tout va partir en fumée un jour. Mais elle reste, elle est là, et tout va bien. Ça va même de mieux en mieux, de jour en jour. Elle se fiche que je puisse être si attaché à... toi.
Aux souvenirs d'elle du moins. À un passé inchangé et inéchangeable.
- Elle... j'hausse les épaules. Elle comprend juste. Et je n'ai pas besoin de plus. Mais je me suis longtemps interdit de continuer parce que je trouvais que vivre dans le passé était plus sûr. Qu'au moins, je connaissais l'histoire par coeur, que rien d'autre ne pouvait arriver à un temps révolu. C'était la sécurité. Et pourtant, ça faisait encore plus mal.
Je laisse une larme couler, que j'essuie du revers de ma main. Je souffle un grand coup, et suis prêt à continuer :
- J'avais besoin d'être là aujourd'hui. C'est la dernière pièce manquante du puzzle pour moi. Les choses se sont accélérées à toute allure, et ça m'a terrifié. J'ai pensé que c'était injuste pour toi, mais j'avais tort. Tu n'as pas choisi de nous laisser, mais c'est ce qu'il s'est passé. Judith est une adulte maintenant, et il me reste moins de temps à vivre que je n'ai déjà vécu. Et je ne suis pas encore prêt à te laisser totalement partir, pas tant que je ne t'aurais pas rendue justice. Mais je peux faire quelque chose d'autre avant ça. Alors, aujourd'hui, c'est moi Abigail...
Je me passe une main sur le visage. Elle est moite, ou peut-être est-ce mon visage qui est humide.
Je me redresse et viens de nouveau déposer ma main sur la pierre tombale. Elle me paraitrait presque plus chaude qu'elle ne l'a jamais été. Je me baisse, me rapproche pour lui parler :
- Je lâche prise, je chuchote.
Pour appuyer mes mots, j'embrasse la tombe. Et alors que je me redresse, je me sens léger, flottant.
Je regarde encore l'écriteau quelques instants, puis un petit sourire trace mon visage. À cet instant, j'ai l'impression qu'elle aussi, lâche la prise.
Alors je reprends la route, rentre à la maison, rejoins ma chambre sur la pointe des pieds et mon lit. J'y retrouve la brune, quasiment dans la même position que je l'ai laissée. Je me glisse contre elle, passe mon bras sur sa peau, ce qui semble la faire réagir.
- Où étais-tu ? Marmonne t-elle moitié endormie.
- Je réglais juste quelque chose.
- Avec qui ?
- Moi-même.
Elle ne pose pas davantage de questions, possédant peut-être déjà la réponse.
- Je crois que je suis tombé amoureux de toi, j'ajoute tout doucement.
Mes mots semblent la réveiller instantanément. Andrea se tourne de manière à établir un contact visuel. D'une main, j'enlève les cheveux sur son visage.
- Moi aussi, répond-elle en un murmure.
Nous ne pensons pas aux conséquences, et cela ne fait que me conforter dans l'idée qu'il est impossible de blâmer Louis.
Car nous aussi, risquons gros avec notre relation. Nos carrières respectives.
Je m'approche pour l'embrasser, geste qu'elle me rend. Ma main part dans ses cheveux tandis que l'autre agrippe sa hanche nue.
L'amour du baiser devient rapidement passion. Les deux se rejoignent souvent. Je sens ses mains attaquer ma cravate, puis ma chemise. Je l'aide à m'en défaire, envoyant valser les vêtements que je porte, pour finir aussi nu qu'elle.
J'embrasse sa peau, ses lèvres, l'intérieur de ses cuisses. Ses mains sont sur mon dos, dans mes cheveux.
Alors que nous faisons l'amour, nos deux coeurs ouverts sur la table, visibles par l'un et l'autre, je sais que je n'ai plus à avoir peur.
On s'aime.
*
PARTIE 4 : La réponse a les yeux verts
LOUIS
En arrivant chez Harry, j'entre tranquillement dans la propriété et m'avance dans le jardin. Je fais le tour afin de me rendre directement devant la baie vitrée de la chambre d'Harry, afin d'éviter de réveiller Lucia, si elle est là. J'ai l'impression que ce moment, doit être entre Harry et moi.
Je souffle en arrivant au niveau de la grande fenêtre. Le bouclé ne ferme jamais ses volets, alors je peux le voir allongé dans son lit. Je me mords la lèvre et trouve le courage de m'avancer, pour venir toquer délicatement contre le verre.
Il lève directement la tête. En me voyant, il ouvre la bouche, puis la referme. Je jurerais voir du soulagement dans ses yeux et cela me fait un bien fou.
Harry se lève, et je vois alors qu'il est en jogging, torse nu. Je ne m'attarde pas sur les détails de son corps parfait. Il vient m'ouvrir et a l'air penaud, lui aussi.
- Hey, je dis doucement.
- Hey.
- Excuse-moi de débarquer au milieu de la nuit, comme ça.
- Non, ce n'est pas grave. Je ne dormais pas.
Sans moi, il dort mal. Et sans lui, je suis incapable de trouver le sommeil.
Je me mords la lèvre et hoche la tête.
- Je ne pensais pas te revoir si vite, reprend le bouclé.
- Excuse-moi d'être parti si vite.
- Non, c'est normal. À ta place, j'aurais eu la même réaction.
Encore une fois, j'acquiesce, et il fait de même. J'enfonce mes mains dans les poches du jogging que je porte. Le sien, d'ailleurs. Je n'ai pas quitté ses vêtements depuis que j'ai quitté sa maison. Son odeur m'a suivie partout aujourd'hui, jusqu'au Nebraska.
Harry m'imite et vient se mordre la lèvre. Pour une fois, il endosse le rôle de celui qui ne sait pas réellement quoi dire, ni faire. Je sais qu'il déteste cette vulnérabilité chez lui, mais y avoir face de temps à autre me permet de trouver ma place.
- Tu sais, reprend-il face au silence, si tu regrettes la nuit qu'on a passé, si tu préfères qu'on garde des relations professionnelles...
Sa voix est lente, douce, afin de ne pas me brusquer, de me montrer qu'il comprend.
- Est-ce que je peux entrer ? Je demande.
Il ne répond pas et se décale simplement afin de me laisser passer. J'entre dans la pièce, et le bouclé verrouille la baie vitrée après mon passage. Je m'avance jusqu'au niveau du bureau, et ne peux m'empêcher de le regarder. J'étais ici, il y a quelques heures seulement. J'ai pourtant la sensation que des milliers de choses se sont passées.
Je me tourne pour faire face au bouclé, qui n'a pas bougé.
- Je ne regrette pas, je reprends.
- Vraiment ?
- Oui, Harry, arrête de penser que je regrette chaque chose qui te touche. Je regrette rien.
Et cela se veut rassurant, mais je sais que pour nous deux, c'est tout autant terrifiant.
Harry me fixe avec ses yeux verts brillants. Malgré le sombre de la pièce, je peux les voir. Je peux, constamment, les voir. Peu importe la luminosité, ou le nombre de personnes présentes.
- Excuse-moi, je ne sais pas trop rassurer les gens.
- Non - non.
- C'est juste... je soupire. À chaque fois que quelque chose nous arrive, après on fait comme si il fallait fuir, comme s'il y avait des regrets, comme si c'était le réflexe à avoir - mais j'en ai pas. J'en ai marre d'essayer de prétendre que j'en ai, que je dois en avoir, je n'en ai pas.
Je n'en ai jamais eu. Ma voix baisse encore, jusqu'à quasiment ressembler à un murmure :
- Je n'en ai vraiment pas. C'est juste... il y a vraiment beaucoup de choses, qui se passent dans ma tête.
- Moi aussi, rétorque immédiatement Harry en faisant un pas vers moi.
- Des choses que je n'ai jamais ressenties avant.
- Moi non plus.
Il n'est plus très loin désormais, et je m'autorise à regarder son torse une petite seconde. Tout son corps me fait de l'effet. Je baisse la tête et me mords la lèvre, nerveusement. Je ne parle pas de suite, mais le bouclé non plus. Il sait que je vais parler, et me laisse le temps.
- Tu es accusé de choses graves, dis-je.
- Je sais.
- Te voir auprès de ce garçon sur cette photo, c'est juste...
- Louis, je ne te demande pas de rester et de subir toute cette pression avec moi. Je sais à quel point c'est dur et pesant. Je ne pourrais jamais te demander une chose pareille.
Je secoue directement la tête, signe de négation.
- Non, ne sois pas sur la défensive comme ça, je rétorque. Ne me dis pas de fuir. Dis-moi de rester, donne-moi les éléments pour rester. Je suis terrifié, tu n'as pas idée d'à quel point tout ça, ça me terrifie. Mais j'ai envie de rester... Donne moi quelque chose qui va me faire rester.
Les mots semblent nous terrifier tous les deux, mais nous soutenons le contact visuel, et étrangement, j'ai l'impression que cela nous donne du courage. Harry semble vraiment bouche bée, comme si la simple éventualité que quelqu'un tienne autant à lui, se batte autant pour lui, ne lui avait jamais été offerte.
J'ose espérer qu'enfin, il réalise que je suis sincère. Que oui, je fais partie de ceux qui restent. Je suis fatigué de fuir.
- Je suis innocent, dit-il au bout d'un souffle.
À mon tour de faire un pas déterminé vers lui. Les mots fatals quittent mes lèvres :
- Je sais. Tu n'as pas besoin de me le dire, je le sais déjà.
Même sans cette enquête, sans les éléments qui peuvent enfin me donner raison sur ce point, je le sais. Harry n'a rien fait.
- J'étais ami avec lui, reprend-il. Je ne l'ai pas tué.
- Je sais.
- Il faut que tu me croies.
- Harry, j'insiste.
Je m'approche encore, suffisamment, jusqu'à prendre ses mains dans les miennes. Malgré que je sois plus petit que lui, moins imposant, ma présence semble prendre toute la place.
- Je te crois, je dis. Écoute moi. Entends moi. Je, te, crois.
Il ouvre la bouche, la referme. Lentement, il finit par hocher la tête, comme s'il imprimait mes mots dans un coin de son esprit, comme s'il avait besoin de faire ça pour oser me croire.
Je sais que c'est un terrain pentu pour lui, mais voilà un nouveau point commun que nous avons.
- Mon monde est terrifiant, il dit doucement. Il faut que tu le saches.
- Je le sais déjà Harry. Je sais tout.
- Non, il faut vraiment que tu le saches. Si tu choisis vraiment de rester, que tu me dis que tu veux être avec moi, je vais juste - tu finiras par savoir des choses, et je serai si attaché, et je n'arriverais pas à te lâcher le jour où tu voudras partir.
- Tu ne comprends pas, je reprends.
Je serre un peu plus ses mains dans les miennes.
- Je n'irai nul part, je maintiens. Jamais.
Et avec toute la force de mon petit corps, j'y crois. Pour nous deux. Comme il m'a dit de faire sous la pluie, l'autre jour.
Le bouclé s'approche simplement pour m'embrasser. Je comprends rapidement que le gout de salé que je sens est celui de larmes qu'il laisse couler sur ses joues, atterrissant sur ses lèvres que je possède.
Je réalise que tout ce temps, de par ce qu'on m'a mis en tête et mes défenses naturelles, j'étais celui avec une grosse muraille autour de moi. Je voulais percer les défenses d'Harry, alors que j'élevais moi-même un mur insurmontable.
Il est totalement tombé désormais. Tout comme le sien s'écroule, brique par brique ; pour moi du moins.
Et les faits sont là. Je ne vais pas les nier ; je ne peux pas, ne veux pas.
Ses bras autour de moi, je viens loger ma tête dans son cou. Et je me sens à ma place.
Ainsi, je réalise qu'il n'y a pas de réponses à mes questions, qu'il n'y a pas de réponse universelle.
Harry est la réponse.
Difficile de parler de quelque chose qu'on ne connaît pas - de décrire la douleur d'un tatouage quand on n'en a jamais fait, de parler de la douleur du deuil en ayant jamais connu celle-ci, de dire ce que cela fait de sauter en parachute tant qu'on ne l'a pas expérimenté. L'amour, fait partie de ces choses-là.
Et il paraît que quand ça arrive, on le sait. Mais je ne suis pas d'accord. Ça ne m'a pas fait « tilt », d'une quelconque façon. Cela ne s'est pas passé comme dans les films à l'eau de rose. Comment est-ce possible de retranscrire un sentiment si complexe, dans un film d'une heure et demi ?
Juste, cela se passe.
Comme cela s'est passé pour moi.
Pour nous.
Je suis tombé amoureux d'Harry Styles. Et je ne ferai rien, pour stopper cela.
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Réagissez avec #BornTDieFic
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Surprise : j'avais envie de vous publier direct après un nouveau chapitre.
Celui-ci est doux, calme. Miroir entre Mike et Louis, qui tous deux, font un énorme pas en avant à différentes échelles.
Petite question : quand pensez-vous que Louis est tombé amoureux d'Harry ?
Bon week-end ! ❤️
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