CHAPITRE 25

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PARTIE 1 : Nouveau lien

MIKE

- Sois prudent, dit Andrea à Louis, qui lace ses chaussures dans l'entrée.

Depuis le canapé, je l'observe faire, mon bras étant passé sur les épaules d'Andrea. Je ne suis pas très tactile mais j'essaie de m'améliorer petit à petit. Les gestes comptent.

- Je serai prudent, assure l'adolescent. Je vais juste à une fête foraine, relax.

- Justement, plus il y a de gens, plus il y a de probabilités de danger, répond-elle. Fais juste attention et dis-nous quand tu rentres.

     - Oh, je ne pense pas rentrer. Je pense dormir chez Harry.

Je tourne la tête vers Niall, adossé contre l'arche, plus loin. Lui aussi, observe Louis, et je détaille sa réaction.

     - Essaie de trouver des preuves, parle le blond.

     - Je sais, je ne perds pas mon objectif de vue, répond Louis naturellement.

Il prend sa veste en jean rembourrée sur le porte-manteau, et l'enfile directement. C'est simplement pour harmoniser sa tenue, car la météo permet clairement de sortir en simple t-shirt.

     - Désolé de ne pas y aller avec vous, reprend le jeune à l'intention des deux autres, assis sur les fauteuils.

     - Non, non, c'est pas grave, dit Nick. Ce n'était pas raisonnable de toute façon. Et puis, c'est pour l'enquête.

     - Oui, pour l'enquête, insiste Judith.

Je discerne une pointe d'ironie dans sa voix et tourne la tête vers elle, interrogateur.

     - Je te rapporterai quelque chose, tente Louis.

     - Une peluche de Raiponce ou rien, dit-elle.

     - C'est vrai que vous vous ressemblez, parle Niall.

La blonde hausse les épaules et Louis mime un bisou de loin, comme pour s'excuser à nouveau. Ils avaient prévus d'y aller ensemble à la base, et je comprends que ma fille puisse être déçue. Il faut faire passer l'enquête avant tout, et cela peut être très frustrant, de notamment sacrifier les sorties à son âge. Sans parler de Nick, qui doit rester confiné.

     - Amuse-toi bien, je dis alors à Louis lorsqu'il ouvre la porte d'entrée.

     - Promis, répond-il.

Et je n'ai pas de doute sur le fait qu'il va le faire.

L'adolescent ferme la porte derrière lui, et un silence s'abat sur la maison. Au bout de quelques secondes, Niall soupire et quitte son appui du mur pour venir s'as

     - Alors, qu'est-ce qu'on fait ? Je demande.

     - Un jeu d'alcool ? Suggère Ernie avec humour.

     - Plus jamais, répond Judith, grimaçant.

     - Plus jamais, c'est clair, confirme Niall en se levant de nouveau, jusqu'à se diriger vers son manteau.

    - Qu'est-ce que tu fais ? Demande Andrea.

Le blond - enfin, quasiment brun désormais, ses repousses prenant 90% de ses cheveux - saisit son trench, qu'il enfile avec une dextérité impressionnante.

     - Je vais à la fête. Je vais surveiller Louis.

     - Pourquoi ? Interroge Todd, confus.

Moi, je sais exactement pourquoi.

     - Parce que je n'ai pas envie qu'il fasse quoi que ce soit de stupide. Qu'avec un oeil extérieur, je pourrais voir des éléments qu'il ne voit pas à force de passer trop de temps avec Harry.

Niall prend son arme, posée sur le meuble, et la range discrètement dans son jean, au niveau de son dos. Il pourrait mettre la ceinture prévue à cet effet, mais je sais qu'il ne le fait pas pour passer inaperçu là-bas. Après tout, il n'est que le cousin de Louis.

     - Je vais juste vérifier que tout va bien pour lui. Et je serai là si jamais il y a un problème, termine l'agent des stups.

     - Tout va bien se passer, dit Andrea.

     - C'est toi qui était inquiète il y a cinq minutes, rigole t-il.

     - Mais c'est toi qui veut carrément le suivre pour t'en assurer, rétorque t-elle.

Le blond tourne le regard afin de croiser le mien. Je sais qu'il ne va pas uniquement là-bas pour ça - je sais qu'il veut essayer de voir s'il peut aider à accélérer les choses, d'une quelconque manière. S'il peut entendre un élément intéressant au détour d'une conversation volée, et je sais également qu'il veut examiner le comportement de Louis.

     - Je serai rentré vite, continue t-il. Avant même que vous soyez couchés.

     - Oh, tu sais, avec Mike, dit Ernie, c'est pas gagné. Il se couche très tôt.

     - Je ne suis plus tout jeune, je me défends.

     - Doux jésus, rigole Andrea.

Je rejoins son rire. C'est vrai que nous avons un léger écart d'âge, mais rien de dérangeant.

Niall nous salue et se dirige vers la porte.

     - Pas si vite, parle Judith. Je viens aussi.

     - Quoi ? Je m'étonne.

Elle se lève de son fauteuil, et vient se placer juste à côté de l'agent. Je remarque que c'est comme si elle était déjà prête, en réalité.

     - Vous ne croyez quand même pas que je vais passer ma soirée avec vous à regarder un film alors que c'est la fête nationale ? Il y a un feu d'artifice, et une fête foraine avec les bières à 2 dollars.

     - Sauf que tu ne bois pas de bière, je la corrige. Parce que tu n'as pas 21 ans.

Je ne crois pas à mes propres mots et l'adolescente sait que je plaisante. Elle a l'âge mentale d'une vraie mère de famille avec dix milliards de responsabilités. Dans l'histoire, elle m'a éduquée, pas l'inverse. Mais elle restera éternellement mon petit bébé.

     - Je ne vais pas là-bas pour boire Judith, la prévient Niall. Je me considère en service.

     - Cool, parce que moi je le suis pas, sourit-elle.

Elle lui sort le sourire, les yeux doux. Cela ne semble pas réellement atteindre le blond, qui reste de marbre, sans bouger. Il tourne simplement les yeux afin de croiser les miens.

     - C'est ok pour toi ? Demande t-il.

     - Elle est grande, tu sais, je réponds.

     - Merci pour cette bénédiction, ajoute ma fille. On peut y aller ?

     - Je n'ai pas envie de jouer à la garderie, dit-il.

     - Allons, je suis une grande fille, t'inquiète pas. J'ai juste pas envie d'aller à la fête seule, parce que ça craint. Je t'embêterai pas dans ton délire de surveiller Louis.

     - Assurer ses arrières, protège Niall.

     - Ouais, si tu le dis, rigole ma fille. On est parti ?

Niall la regarde brièvement, hésitant. Je crois qu'ils n'ont jamais passés vraiment de moments seuls depuis qu'on est arrivés ici. Mais le blond finit par acquiescer.

     - Faites attention, je parle. Particulièrement toi, Judith.

     - Toujours, rétorque t-elle en me faisant un clin d'oeil.

     - Je ferai attention à elle, m'assure Niall.

     - Tu as intérêt, dis-je.

L'agent m'adresse un hochement de tête poli, que je lui rends. Il ouvre ensuite la porte à ma fille, qui passe en première, la démarche assurée. Il la suit, fermant ainsi la porte de la maison derrière eux, après nous avoir souhaité de passer une bonne soirée.

Nick se lève du sol sur lequel il était assis, pour venir s'installer dans le faut-il précédemment occupé par Judith. Il s'installe de profil, de manière à faire pendre ses jambes sur un des accoudoirs du fauteuil.

     - On dirait bien que c'est soirée flics pour moi, s'amuse Nick en prenant la télécommande de la télé.

- Désolé, que tu ne puisses pas aller à la fête, je grimace.

- Oh, non, il hausse les épaules. C'est pas très grave. À force d'être ici, on s'y fait. Et puis c'était pas vraiment raisonnable, il va sûrement y avoir tous les lycéens là-bas. Donc ce soir... soirée flics. Comme, finalement, tous les jours de ma vie depuis un moment.

     - Mais tu nous adores, dit Ernie. Alors, ça va.

L'adolescent hausse les épaules, un petit sourire au coin des lèvres.

     - Tu choisis le film ? Parle Todd.

     - Évidemment, rétorque le jeune. Vous me devez au moins ça.

Je souris légèrement, et hoche la tête. Je sais qu'il rêverait probablement d'être dehors en ce moment même, mais je me dis que c'est mieux que rien.



*
PARTIE 2 : Ici, n'importe où

LOUIS


Après avoir marché une dizaine de minutes avec du The Fray dans les oreilles, j'arrive au Washington Park, là où se dresse la fête foraine temporaire. Je remarque immédiatement la grande roue, l'immanquable - et me retrouve très vite dans l'ambiance d'un tel endroit. Il y a des gens partout, qui parlent, rigolent, profitent, avec des barbes à papa ou des glaces dans les mains.

J'entends tous les bruits, les cris euphoriques des gens dans les manèges, les rires, les discussions ; les machines en action. La lumière bleue violacée digne d'un néon me fait sourire, et celui-ci s'élargit lorsqu'un élan de cette espèce d'odeur de fraise propre aux fêtes foraines atteint mes narines.

J'aime vraiment le 4 juillet.

Je sors mon téléphone de ma poche et envoie un message à Harry :

Tu es où ?

Sa réponse arrive rapidement. Je devine qu'il m'attendait déjà.

Derrière la grande roue. Tu ne devrais pas me manquer.

Même s'il ne peut pas me voir, j'acquiesce à la lecture de son mot, et me met à marcher vers le manège. J'y arrive, et passe la grande queue pour venir sur le côté, où je retrouve le bouclé. A ma vue, il sourit instinctivement.

     - Hey, je dis alors timidement, en enfonçant mes mains dans les poches de ma veste rembourrée.

     - Hey, sourit-il, radieux. J'ai le droit de t'embrasser, là ?

Je ne sais pas comment expliquer cela, mais j'aime tellement la manière qu'a Harry de toujours me prévenir avant de faire quelque chose, de me demander. Cela fait bouillir mon corps entier, cela retourne mon cerveau.

C'est peut-être banal, absolument normal, de réagir ainsi, d'autant idéaliser quelqu'un avec qui on se sent bien, avec qui on découvre des choses si inédites. Et je ne vais pas mentir - j'adore ça.

Je regarde brièvement autour de moi, toujours méfiant.

     - On est derrière la grande roue, me rassure le bouclé. Ça devrait aller.

     - Tu as raison, je réponds. De toute façon, les autres joueurs sont déjà au courant.

Et les lycéens avec qui j'ai partagé un minuscule bout de scolarité, je me fiche bien de leur avis et leur jugement. Le seul truc qui me freinerait, serait de savoir que quelqu'un de la maison est ici. Mais c'est loin d'être le cas.

Je m'appuie légèrement sur la pointe de mes pieds afin de venir lui voler un rapide bécot. Harry passe ses mains dans mon dos, et je peux sentir même avec ce geste tendre, la force de ses mains. Pour une raison que j'ignore, ça me fait frissonner.

Le baiser est court, bref ; courtois. Comme un bonjour, une habitude. Je pourrais définitivement m'habituer ça.

Tandis que je me recule, je le détaille.

     - Tu es beau, je note.

     - Merci, sourit-il. J'ai essayé quelque chose de nouveau.

     - Tu devrais plus souvent essayer. Ça te va vraiment bien. Ça fait plus... toi.

Il porte un pull, principalement marron, plutôt ample. Son pantalon est ample, serré à la taille - comme celui qu'il avait hier, au lycée. Mais celui-ci est vert. Il a opté pour de simples baskets aux pieds, mais elles ne font absolument pas tâche dans la tenue.

Moi qui suis habitué à le voir habillé de jean bien trop serré, de la couleur la plus sombre qui soit : le noir. Je me prends à penser que cela reflète habituellement ses pensées, sa vie ;

Et qu'aujourd'hui, désormais, il peut se permettre d'oser la vie en couleur vive et lumineuse.

Comme le sourire et les yeux pétillants avec lesquels il me regarde à l'instant.

     - Je note, répond Harry. Si ça te fait me trouver plus sexy.

     - Je te trouve toujours sexy, je rétorque directement. Tu es sexy.

Son sourire s'agrandit encore un peu plus, et il met ses mains de part et d'autre de mes hanches.

     - Tu n'es pas mal dans ton genre non plus, Tomlinson.

Face à son visage illuminé, creusé par sa fossette, je ne peux m'empêcher de sourire également.

     - On ne va quand même pas passer la soirée derrière la grande roue ? Je demande.

     - Non, bien-sûr que non. J'ai prévu de t'impressionner au tir à la carabine.

     - Ah ouais ? J'arque un sourcil. Je suis très doué à ça, tu sais.

     - Pas meilleur que moi, répond Harry avec son fameux sourire en coin.

     - Meilleur que toi, je lui assure. Eh oui, capitaine, on ne peut pas être bon partout.

Il lève les yeux au ciel, amusé, puis approche sa bouche de mon oreille.

     - Je suis bon partout, Louis.

Mon corps frissonne également, partagé entre les sueurs froides et les bouffées de chaleur. Harry lâche mes hanches et me dépasse, avant de lancer :

     - Tu viens ?

Je reprends mes esprits un instant, et je le suis dans les allées de la fête foraine.


× × ×


Harry appuie sur la gâchette, et le bruit sourd du plomb qui transperce le bois se fait entendre.

     - Encore loupé, je souris malicieusement.

     - Ce n'est que mon deuxième échec, répond le bouclé.

     - Deux de plus que moi.

     - Tu n'as pas encore joué, Louis, rigole t-il.

J'hausse les épaules, mimant le « tout de même », avant de prendre un autre croc dans ma barbe à papa. Harry ne se laisse pas dégonfler pour autant, et se reconcentre sur le fusil qu'il tient dans les mains, contre son épaule. Il lui faut quelques secondes avant d'appuyer de nouveau sur la gâchette ; et son tir éclate deux ballons en un seul coup.

     - Pas mal, je dis.

     - Merci de le reconnaitre.

     - ... Mais pas aussi bien que moi.

Le bouclé lève les yeux au ciel, et je sais très bien qu'il n'est pas prêt. J'ai passé plus d'heures dans le stand de tir du poste à Boulder que sur un terrain de baseball, depuis que j'ai commencé ce loisir. Je ne suis pas un excellent tireur, mais je peux bien tirer sur quelques ballons.

Harry demande de nouveau des plombs au forain, qui lui en remet sans demander après que le bouclé ait déposé un billet sur le comptoir. Je sais très bien que tout le monde le connait ici, le reconnait - il est sportif connu, fils de l'homme le plus puissant du pays. Tout le monde le laisserait griller les queues et faire les attractions qu'il veut, sans payer. Pourtant, il y tient, patiente, paie comme tout le monde. Il se noie parfaitement dans la foule, et ainsi, passe parfaitement inaperçu à mes côtés. Et j'aime tous ces aspects humains de sa personne.

     - Alors... Je commence en le voyant amener l'arme près de lui. Tu as emmené beaucoup de date à la fête foraine ?

     - Non. Personne, à part toi.

     - C'est vrai ? Je m'étonne.

     - Louis, rigole le brun, tu penses que j'ai dragué combien de personnes avant toi ?

     - Au moins une. Et vraiment pas la meilleure.

À ce stade-là, je fais plus exprès de bâcher Xander qu'autre chose. Car je sais que cela fait rire Harry, et parce que, malgré tout, je ne comprends toujours pas ce qu'il a bien pu lui trouver. Mais je suis sûr que le joueur pense pareil de moi désormais.

Le bouclé tire, et explose un ballon.

     - J'ai fréquenté quelques personnes, mais jamais comme toi et moi, ajoute t-il en posant l'arme avant de venir croquer dans ma barbe à papa.

     - Hey, c'est à moi, je me défends.

     - Je te l'ai payé.

     - Donner c'est donner, reprendre c'est voler.

     - Ravi de savoir que je sors avec un mec avec une répartie de prépubère.

     - Dit-il, je rigole en retour.

Nous inversons les places ; je me place devant le stand, m'équipant de la carabine que je charge d'un plomb. Harry récupère ma barbe à papa, qu'il se met à grignoter sans hésiter. Et bizarrement, je parviens à trouver cette scène également.

La légèreté du moment apporte de la beauté. Le côté inattendu, interdit, inespéré.

     - On devrait parler de ça d'ailleurs, reprend Harry. De notre situation.

     - En tant qu'équipiers de l'équipe ? Je fais exprès.

     - Non, l'autre chose.

     - De mecs bruns aux yeux clairs ?

     - Encore l'autre chose, rigole t-il.

     - Ah, là... je vois pas.

Je feinte l'innocence, et cela fait rire le jeune qui semble adorer cette facette de ma personnalité. Il l'a déjà vue, de toute évidence, mais je me doute bien qu'il me préfère dans ces moments-là. Les moments où tout va bien, où aucun doute ne m'envahit, où je suis sûr d'où je suis et pourquoi.

Actuellement, je suis plus que sûr de ce que je fais ici, avec lui. Cela me semble juste tellement évident, tellement naturel. Je suis moi-même, et lui aussi. Il est lui-même. Nos coeurs sont ouverts, disponibles sur le comptoir, vulnérables, et nous prenons soin de celui de l'un et l'autre.

     - De notre situation, ensemble, reprend-il. Tu m'as dit hier qu'on n'en avait jamais parlé, et peut-être qu'il faudrait qu'on le fasse.

     - Tu as raison, je réponds un peu plus sérieusement.

     - Juste histoire d'être clair entre nous. Je ne te demande pas de crier au sommet de la grande roue des promesses, d'assumer notre relation partout. C'est quelque chose que je ne peux pas t'offrir non plus de tout façon.

Avec son père, et toutes ses responsabilités, oui. J'acquiesce.

     - Je me sens juste bien avec toi, j'ajoute.

     - Moi aussi.

     - Je ne sais pas s'il faut mettre de terme - je me sens juste, bien.

     - Moi aussi Louis. Vraiment.

Et cette fois, j'interprète son petit sourire en coin différemment. Comme s'il était là car Harry est incapable de ne pas sourire en me voyant.

     - On peut au moins mettre en place quelques bases, reprend le bouclé. On se sent bien ensemble, c'est super, mais est-ce qu'on peut voir d'autres personnes ?

     - Tu as envie de voir d'autres personnes ? Je m'offusque.

Harry n'hésite pas avant de secouer la tête.

     - Absolument pas. J'ai déjà du mal à en voir une seule correctement, je ne vais pas m'amuser à multiplier les chances.

     - Je suis quasiment sûr que c'est pas comme ça qu'on rassure les gens, je m'amuse.

     - Ouais, ça non plus, ce n'est pas mon fort.

J'hausse les épaules, tenant toujours l'arme dans mes mains sans l'utiliser.

     - Je n'ai envie de voir personne d'autre, ajoute Harry. Mais toi ?

     - Je n'ai envie de voir personne d'autre, je réponds en tournant la tête vers lui. Vraiment pas.

Je suppose que j'aurais le choix - sous mon propre toit, j'avais le choix d'être avec quelqu'un de plus simple, qui aurait apporté moins de problèmes et complications. Mais le coeur a ses raisons que la raison ignore, et je n'ai jamais trop compris ce proverbe avant. Maintenant, je ne peux que le saisir totalement. Quand le coeur fait son choix, aucune force au monde ne peut l'en empêcher.

     - Alors c'est réglé, sourit-il. Nous sommes exclusifs.

     - Je pensais plus ou moins qu'on l'était déjà.

     - Moi aussi, et je n'ai vu personne d'autre depuis cette fois où on s'est embrassés dans la piscine. La première fois, je veux dire. Mais il vaut mieux être clairs avec les relations.

Encore une fois, je me contente d'adhérer à ses propos avec un hochement de tête. Le sujet semblant être clos, j'apporte la carabine à mon niveau, me mettant en position comme je l'ai appris.

Je me concentre, j'essaie de mesurer la vitesse de mouvement des ballons. Puis je repense à cette conversation, à ce que cela implique. Je me mordille la lèvre et baisse de nouveau l'arme.

     - Alors tu es genre... mon mec, quelque chose comme ça ?

Harry rigole et hausse les épaules, enfonçant ses mains dans les poches amples de son pantalon. Il m'a presque l'air timide, doux. Cette facette de lui est celle que je chéris le plus.

     - Quelque chose comme ça, oui.

     - C'est la classe.

     - Si tu le dis.

Je vois qu'il ne croit pas à ses propres mots, comme si devenir si proche de lui ne m'apporterait rien de bon dans la finalité, comme s'il se pensait incapable d'apporter du bien à quelqu'un. Il m'en apporte énormément, de toute évidence.

Ce rayon de tristesse qui traverse ses yeux ne reste pas plus longtemps. La bonne humeur du moment, de la fête foraine tout autour de nous, ramène un sourire sur son visage.

     - Allez, reprend-il. Montre moi enfin ce dont tu es capable.

Sans attendre, je me remets en position, ajustant parfaitement le fusil à mon épaule. Mon doigt se pose sur la gâchette et j'attends un moment, avant d'appuyer. J'éclate les trois ballons d'un coup.

Je repose la carabine sur le comptoir, et me tourne vers Harry, sourire jusqu'aux oreilles.

     - Ça, c'est fait, je dis.

     - Chance du débutant.

     - Oh, vraiment ?

Je m'approche de lui, collant presque nos torses. Je sais que j'ai l'air ridicule, car je dois lever la tête pour le regarder, et que je n'ai pas l'air intimidant du tout. Mais c'est le comique de la situation.

     - Vraiment, rigole t-il.

     - Tu veux parier ?

     - Avec plaisir.

J'arque un sourcil.

     - Si j'éclate les trois prochains, tu me dois quelque chose, je dis.

     - D'accord.

     - On ouvrira ta lettre pour Harvard ensemble.

Harry me détaille quelques instants. Il ne perd pas son sourire, mais je sais que son esprit reprend un côté un peu plus sérieux avec ce sujet évoqué. L'espace d'un instant, je me dis que j'ai peut-être été un peu loin - que cela concerne son avenir et que je n'ai pas à m'en mêler à ce point.

Mais le bouclé finit par hocher la tête.

     - Deal, dit-il finalement. Et si je gagne... Il marque une pause un court instant, pour réfléchir. Tu m'embrasses.

     - C'est un peu nul, ça, je le taquine.

     - Sympa, il rigole.

     - Non, non, j'adore t'embrasser.

Bien trop.

     - C'est juste, on le fait tout le temps, pari ou non. Tu pourrais genre... me demander un massage, quelque chose comme ça.

     - Ok, confirme Harry. Va pour un massage.

Le bouclé fait un signe au forain, lui demandant un autre plomb afin que nous tirions chacun avec un fusil respectif. Nous nous mettons en place, séparés par un petit mètre.

     - Mais tu n'en profiteras pas pour me peloter, me taquine t-il.

Je réponds par un petit rire, qui camoufle la pensée dominante dans mon esprit, à base de : l'idée ne me déplait pas tant que ça, en réalité. Elle me terrifie, me ferait presque trembler, parce que c'est nouveau, inconnu ; toujours interdit, toujours... secret.

Mais bizarrement, imaginer ses muscles sous mes doigts, imaginer son corps contre le mien, m'obsède de plus en plus.

Je me concentre de nouveau en tenant l'arme.

     - De toute façon, tu ne gagneras pas, j'ajoute.

     - On verra ça, sourit-il.

Tel un miroir, nous nous équipons chacun de l'arme, amenant notre oeil et notre épaule aux bons niveaux. Un petit silence se fait entendre, et nous appuyons en même temps sur la gâchette.

Encore une fois, je parviens à tirer les trois ballons. Je pose la carabine, souriant - puis me tourne vers Harry, abordant le même sourire fier. Nous regardons tous les deux nos cases, et nous les trouvons vides.

     - Ah, je note.

     - Je t'avais dit que je gagnerais.

     - On a gagné tous les deux, je le corrige.

Harry remercie le marchand et pose une pièce comme pourboire, pour le remercier de nous avoir accordés autant de temps sur ce stand.

Nous nous décalons ensuite, laissant place à un jeune couple. Nous rejoignons tranquillement la continuité d'une allée, sans but précis. Nous avançons tout doucement, en détaillant les autres stands, sans se prendre la tête. Et qu'est-ce que j'apprécie ce lâcher prise, pour une fois.

     - Je passe un super moment, je dis après un petit silence.

     - C'est vrai ?

     - Oui. C'était une bonne idée, de me demander de venir.

Le bouclé sourit, et vient se placer devant moi, au milieu de cette allée. Des gens vont et viennent dans les deux sens à côté de nous. Ils ne nous regardent même pas, en réalité. Ou peut-être le font-ils, mais je ne prête pas attention.

     - J'avais peur que tu n'aies pas eu assez d'espace, me dit le jeune. Quand je suis venu te proposer.

     - J'en ai eu assez. Je crois que j'en ai eu assez dès que je suis rentré chez moi, en fait.

     - D'accord, sourit-il. La prochaine fois, quand ça ne va pas, parle-moi, plutôt que me repousser.

C'est plus compliqué que cela, mais je n'ai absolument pas envie de penser à ça pour l'instant. Je n'ai plus envie de le repousser. Alors je me contente d'hocher la tête, parce que j'ai envie que les choses soient aussi simples. J'en ai envie. Alors je les rends ainsi.

     - Toi aussi, je réponds.

     - J'essaierai, dit-il doucement.

Mes yeux dévient sur ses lèvres roses, et je lâche un petit soupir : le genre de souffle d'envie, de satisfaction.

     - Maintenant, c'est moi qui ai envie de t'embrasser, je parle.

     - Alors fais-le, murmure t-il en retour.

Les mots que j'ai lâché sous la pluie l'autre jour me reviennent.

« Ici ; n'importe où ».

Donc au milieu de cette allée, je le fais.




*

PARTIE 3 : Raiponce ; réponse

NIALL


     - Je croyais que tu ne voulais pas de bière, me dit Judith.

Nous tenant près du stand prévu à cet effet, je secoue la tête en ne perdant pas de vue Louis, se trouvant plus loin avec Harry, à un stand de tir à la carabine. Ils sont à une cinquantaine de mètres, je n'entends pas ce qu'ils disent - et là n'est pas non plus mon but. J'ai confiance en Louis, là n'est pas le problème.

     - Je n'en veux pas, je réponds à la jeune femme. Je reste ici parce qu'on a l'angle de vue parfait sur Louis.

     - C'est quand même étrange, si tu veux mon avis.

     - Que je surveille Louis ?

     - Qu'un irlandais refuse de la bière à deux euros.

Je ne peux m'empêcher de lâcher un petit rire.

Judith part au stand faire la queue quelques instants, et reviens avec deux gobelets. Elle m'en tend un.

     - Une seule, dit-elle. Tu as le droit de t'amuser un peu. Tu n'es pas vraiment en service.

     - Il faut tout de même que je fasse attention.

     - À quoi ? Rigole t-elle. Si jamais il y a un problème, il y a déjà des policiers qui rodent pour s'en occuper.

     - J'essaie juste de voir si tout va bien pour Louis.

     - Tout va bien pour lui. Le seul truc qu'on peut lui reprocher, c'est qu'il semble vraiment apprécier la compagnie d'Harry.

En les voyant rigoler l'un avec l'autre plus loin, s'amusant à faire une espèce de concours de tirs, je me dis que oui, il n'a pas l'air de trop se forcer.

Je me prends à penser que j'ai été mauvaise langue. Il a l'air de se tenir parfaitement à son rôle, en gagnant la confiance du bouclé. Ce dernier a l'air radieux, sincère, à l'aise. Je me souviens des images de l'interrogatoire que Mike et Andrea lui ont fait passer - il n'avait rien de ce jeune homme que j'ai sous les yeux. Rien du tout.

     - Ok, une seule, je cède à Judith.

Je prends le gobelet en plastique et prends une gorgée. Ce n'est pas de la bière de grande qualité, mais pour le prix, cela fait l'affaire.

     - Alors... parle la jeune blonde. Est-ce que tu as des choses à me dire sur Andrea ?

     - Quoi ? Je demande.

     - Tu sais, elle hausse les épaules. Si elle a des défauts cachés, ce genre de choses. Je l'aime bien, mais c'est mon devoir de venir mener mon enquête pour savoir si elle est vraiment bien pour mon père.

      - Je suis presque sûr que c'est justement le boulot d'un parent, pas d'un enfant.

     - Tu n'as toujours pas compris que ça marchait dans le sens inverse avec mon père ?

J'hoche la tête, lui donnant ainsi raison. J'ai mis du temps à cerner leur dynamique bien à eux. Tant que cela leur va, je n'ai rien à en penser.

     - Tu as bien tourné la page ? Reprend t-elle. Vis à vis d'Andrea.

     - On t'a déjà dit que tu étais indiscrète ? Je rigole, non sans une légère gêne.

     - C'est même ma devise.

Il y a quelque chose de perturbant chez cette fille, entre son caractère bien trempé, sa confiance en elle totale, et cette maturité déroutante.

Je lâche les deux garçons du regard pour venir affronter celui de la jeune devant moi. Avec ses tallons d'une dizaine de centimètres, elle est presque à ma taille. Je soupire.

     - Oui, j'ai tourné la page. Même avant d'arriver ici, j'avais tourné la page. Je ne gâcherais pas la relation entre ton père et elle, si c'est ce qui te fait peur.

     - Oh non, non. Je ne demande pas pour ça. C'est juste, je sais ce que ça fait, de vouloir quelqu'un qui n'est pas du tout dans cette optique là.

Je relève les yeux vers Louis, en train de rire, probablement à quelque chose qu'Harry a dit. Tout en continuant à les observer, je réponds à Judith :

     - Oh, je parle. Tu aimais bien Louis.

     - Ouais.

Un brin de tristesse semble traverser ses yeux clairs, avant qu'elle n'hausse les épaules. C'est comme si elle balayait les émotions dont elle ne voulait pas, d'un coup.

Je reprends une gorgée de ma boisson.

     - Andrea est une bonne personne. Un peu compliquée à cerner, elle a ce mur en elle très difficile à briser.

     - Mon père aussi.

     - C'est ce qui me fait penser que les choses devraient aller entre eux. Ils ont des aspects similaires, et ils trouveront le moyen d'avoir un équilibre.

Judith se contente d'hocher la tête.

     - Tu sais, je l'apprécie, ton père, je reprends. C'est un homme bien.

     - Oui, il l'est.

     - Je lui fais confiance.

     - Tu peux. Et surtout, tu es arrivé dans sa meilleure période. Il commence à s'ouvrir aux autres, à envisager qu'il y aura un lendemain à chaque chose. Je n'y croyais vraiment plus.

     - C'est fort ce que tu as fait, je reconnais. De te construire toute seule alors qu'il se laissait sombrer tout seul.

     - Fort, je ne sais pas, rétorque Judith. Parce que je n'ai juste pas eu le choix.

     - Tu aurais pu mal tourner.

     - Certains diraient que c'est le cas, rigole t-elle. Je n'ai pas peur de dire ce que je pense, je peux être provocante, quand il le faut. J'ai besoin d'avoir une répartie assez violente, pour ne pas me laisser atteindre. Et ça prend vraiment très, très longtemps, de m'apprivoiser. Ça peut déranger beaucoup de gens.

     - Je pense que c'est les meilleurs qualités chez une personne, je dis sincèrement.

La jeune femme arque un sourcil, amusée.

     - Tu es trop vieux pour moi, rigole t-elle.

     - Et tu es beaucoup trop jeune pour moi, je réponds en repassant mes yeux dans les siens. Je ne te vois absolument pas comme ça.

     - Dommage, me taquine t-elle. Sur beaucoup de points, je n'ai rien d'une personne de 19 ans.

Je roule des yeux et les dirige vers les deux jeunes, toujours au stand. Je bascule de nouveau vers Judith. Je remarque qu'elle finit son verre, et m'étonne.

     - Ça, c'est clair, je rebondis sur ses derniers propos. Tu ne vas plus marcher droit.

     - Je peux encaisser une bière.

     - Tu es toute fine.

     - Comme quoi, tu m'as regardé.

Je sais que cela fait partie de sa répartie d'utiliser une sorte de flirt. Je ne le prends pas personnellement - Judith sait très bien comment appuyer, comment déstabiliser. De toute évidence, cela ne marche pas avec moi.

     - Viens, je dis. On va se rapprocher un peu, discrètement.

La blonde n'essaie pas de me contredire et se place à coté de moi, pour commencer à marcher. Nous avançons dans une allée parallèle à celle où Louis et Harry se trouvent. Je peux les voir dans chaque espace entre les stands. Nous finissons par nous arrêter devant un stand de tir à la carabine, comme eux. Je me place parfaitement dans l'espace, afin de les voir.

     - Qu'est-ce que tu vas faire, après tout ça ?

Je tourne les yeux vers la jeune femme, qui enlève sa veste en cuir, de par la chaleur frappante. Elle se retrouve alors en débardeur blanc. Je ne la détaille pas davantage et me reconcentre sur les deux autres, que j'ai du mal à suivre.

     - Retourner à New-York. Redevenir un simple agent des stups.

     - Comme si rien n'avait existé ? Demande t-elle.

     - Je pense qu'après tout ça, on aura peut-être envie d'oublier tout le temps qu'on a passé ici.

Non pas parce que les moments à la maison sont désagréables et que je préfèrerais m'en défaire ;

Mais parce que le dénouement de cette histoire sera explosif. C'est inévitable.

     - Ça sera un nouveau départ pour tout le monde, je reprends. Le début de la fac pour toi et Nick. Louis, aussi.

     - Tu as quelqu'un qui t'attend, à New-York ?

Comme si je n'arrivais pas à m'en empêcher, je plonge de nouveau mon regard dans celui de la blonde.

     - Non, je réponds. Non pas que ça te regarde de toute manière.

     - Ouais, rigole t-elle. En attendant tu n'en as pas dit autant à quiconque depuis qu'on est arrivés ici.

     - Je ne suis pas très bavard, j'hausse les épaules.

     - Moi non plus. Je parle beaucoup mais ne dévoile rien. Mais tu sais, on est ici, alors c'est bien de discuter.

- On est ici parce que tu as voulu venir, je rigole.

     - Et pourquoi pas ? On est le 4 juillet, sérieux. Et puis, être ici avec toi, c'est pas si mal que ça.

Tout en finissant sa phrase, Judith hausse les épaules et prends ma bière sans me demander, se mettant à la siroter. Je ne peux m'empêcher de lâcher un petit rire alors qu'elle la finit à une vitesse impressionnante.

Elle a définitivement quelque chose de... perturbant. Ce n'est pas souvent que je croise des gens de son âge qui ne font pas du tout leur âge.

     - Je retourne rapidement au stand de bière, dit-elle.

     - Tu n'as que 19 ans, je note.

     - Et toi... Elle s'arrête pour réfléchir. Tu as quel âge, au fait ?

     - Trop vieux pour toi, je répète en rigolant.

Judith se contente de lever les yeux au ciel, et retourne se chercher une boisson. Je ne vais pas lui faire la leçon. Ce n'est pas mon rôle, et je sais parfaitement qu'elle sait ce qu'elle fait. De plus, le 4 juillet est jour de fête, dans notre pays.

Je tourne la tête vers le jeune qui tire à la carabine, au stand auquel juste à côté de moi. Il rate sa cible plusieurs fois, râle, s'énerve même contre l'homme en charge. J'arque un sourcil alors que je le vois partir, remettant la faute sur tout le monde sauf lui.

Je lève les yeux vers les marchandises à gagner, et m'approche du comptoir.

     - Il faut tirer combien de ballons pour avoir une peluche ? Je demande au forain.

     - Tous, répond-il. Avec 10 plombs, éclater les 20 ballons.

     - Mettez-moi 10 plombs alors, je rétorque.

Pour appuyer mes propos, je lâche un billet. L'homme le prend et se charge de me servir les munitions avant de se décaler.

Habilement, car ayant l'habitude, j'ouvre l'arme et y place le petit morceau de métal dans l'endroit prévu à cet effet. J'apporte ensuite le fusil à la bonne hauteur, et retiens ma respiration un court instant.

Je tire sur les trois ballons, d'un coup. Puis enchaine avec un second plomb. Deux ballons.

J'enchaine mes gestes ainsi ; je recharge très rapidement, si vite que le marchand a à peine le temps de remettre les ballons. J'ai fini d'exploser le nombre nécessaire alors qu'il reste encore trois plombs.

     - Wow, s'étonne t-il.

     - Je suis flic de terrain, je lui explique. La peluche Raiponce là, s'il vous plait.

L'homme fait une tête style « ceci explique cela », et tend le bras afin d'attraper une peluche de l'héroïne blonde, tenant dans ses mains son caméléon domestique. Je m'écarte afin de revenir près du petit espace qui me sert d'observatoire, et tend la peluche à Judith lorsqu'elle revient vers moi.

     - Tu m'as gagné une peluche ? Sourit-elle. Tu sais, je ne suis plus une gamine.

     - Mais tu as dit à Louis -

     - Je sais. Je plaisante. C'est très sympa. Je peux essayer de tirer, moi aussi ?

J'acquiesce et la jeune femme se met en place avec les plombs qu'il me reste. Elle se met de profil, amène la carabine à sa hauteur. Son dos est droit, et on pourrait presque se dire qu'elle sort tout droit d'un jeu vidéo.

Elle ressemblerait presque à Lara Croft, ainsi. Oui, c'est définitivement à qui Judith me fait penser.

Je tourne la tête afin d'observer Louis et Harry, qui ne se trouvent plus à leur stand de tir. Ils avancent dans l'allée, et j'ai peur qu'ils quittent mon champ de vision ; mais s'arrêtent au milieu de l'allée avant que je les perde de vue.

Ils discutent, sourient. Ils ont l'air de passer un bon moment, et je reconnais que moi aussi. Je m'apprête à tourner la tête vers la blonde qui m'accompagne, quand je vois Louis se dresser sur la pointe de ses pieds pour s'approcher du bouclé.

J'arque un sourcil ;

Puis je le vois l'embrasser. De lui-même. Harry passe sa main dans les cheveux coiffés de Louis, son autre main se frayant un chemin sur sa hanche. Ils s'embrassent, avant de se reculer et de reprendre leur route tranquillement.

J'ouvre la bouche, la referme. Mes sourcils se froncent, par incompréhension. 

     - Wouhou ! S'exclame soudainement Judith. J'ai eu un ballon. Tu as vu ?

Je ne réagis pas à ses mots, fixant le vide. Tout fait sens, maintenant. Absolument tout. Les réactions de Louis, la manière dont j'ai l'impression qu'il perdait les pédales.

Car je sais, je vois grâce à l'éclat dans ses yeux, que cela va bien au-delà du rôle. Tout, prend son sens.

     - Niall ? Insiste Judith. Tu as vu ?

Je tourne les yeux vers la jeune femme, fière d'elle. Je me racle la gorge et hoche la tête.

     - Oui, je réponds. J'ai vu. J'ai tout vu.




*

PARTIE 4 : Toi

LOUIS


La grande-roue est toujours l'élément le plus prisé d'une fête foraine. Et je devine que ce soir particulièrement, avec le feu d'artifice, les gens ont envie de se retrouver au sommet.

Alors, comme tout le monde, nous faisons la queue. Nous trouvons des sujets de conversation sans problème - le baseball et l'équipe que nous avons en commun, la remise des diplômes qui approche pour moi, les vacances d'été et ce que l'on compte faire.

Ainsi l'attente n'est pas trop longue. Je suis en bonne compagnie, une bonne ambiance règne et il fait chaud. Que demander de plus.

Quand vient notre tour, la barrière nous est ouverte et je m'installe en premier dans la cabine. Harry me suit et une fois les sécurités mises en place, nous quittons le sol.

     - Wow, je dis.

Je sens les yeux d'Harry sur moi et explique :

     - J'ai un peu le vertige.

     - Ne regarde pas en bas.

     - Merci pour le conseil, j'ironise. Je n'ai pas grand chose d'autre à regarder.

     - Tu peux me regarder moi.

J'hoche la tête et cesse de regarder le sol qui parait de plus en plus loin. Je lève les yeux afin de les mettre dans ceux Harry, qui a déjà la tête tournée vers moi. Il pose sa main sur ma cuisse, et j'apprécie particulièrement cette attention.

     - Tu n'as peur de rien, je dis.

     - Comment ça ?

     - On dirait que tu n'as peur de rien. Tu n'as pas peur du jugement des gens, tu n'as pas peur de rater quand tu es dans un stade, tu n'as pas le vertige, tu n'es pas timide... j'hausse les épaules. Tu n'as peur de rien.

Le bouclé rigole et secoue la tête. Il la tourne afin que je ne puisse voir que son profil - son parfait, profil. Sur son visage, tout est justement parfaitement à sa place.

     - Je n'ai pas peur de rien, répond-il. J'ai peur de mon père.

J'ouvre la bouche, la referme. Je l'avais déjà deviné, mais l'entendre frappe davantage. Avoir accès au coeur ouvert d'Harry accélère le rythme du mien.

     - Pourquoi tu as peur de lui ?

     - Parce qu'il est le genre d'homme qui ne sait se faire respecter que par la peur. Et que j'ai été son cobaye à ce niveau-là.

Tel un réflexe, je pose ma main sous la sienne et viens entremêler nos doigts. J'y apporte une pression, comme pour montrer mon soutien, et Harry fait de même.

     - Tu devrais partir loin de lui, je parle.

     - Liam me dit la même chose. Mais ce n'est pas aussi simple.

     - Ça pourrait l'être.

Le bouclé m'adresse un petit sourire en coin, signe d'une tristesse qu'il ne peut pas se permettre de communiquer. Et au début de tout cela, je l'aurais forcé à en dire plus, pour gratter un élément qui aurait fini sur le tableau.

Mais j'ai dépassé ce stade il y a bien longtemps. Sa main dans la mienne, son regard dans le mien, cela me suffit à me dire que je peux lui laisser tout le temps du monde, parce que je ne bouge pas.

Parce que peu importe le temps que cela prendra, je vais le sortir de là. Même s'il ne me pardonne jamais - je vais le sortir de tout ça.

     - J'aimerais bien, me dit-il.

- On pourrait déjà commencer par ouvrir ta lettre d'Harvard. Voir ce qu'ils ont répondus.

     - Tu l'as avec toi ? S'étonne le bouclé.

     - Oui... je l'ai prise avec moi.

Sur ces mots, je sors l'enveloppe scellée de la poche de ma veste en jean. Mes yeux s'y posent, détaillant le logo rouge, leur devise « veritas ». Je regarde Harry afin d'avoir son aval.

      - À toi de me dire, je parle.

Il semble hésiter un instant, jonglant entre mes iris et l'enveloppe que je tiens. Je ne peux qu'imaginer que cela lui fait peur, que la réponse peut changer beaucoup de choses dans sa tête ; un oui signifierait qu'il aurait une possibilité d'échappatoire mais besoin de force pour oser partir, et un non serait un nouvel échec, un nouveau mur pris en pleine face.

Dans les deux cas, je serai là pour le pousser vers le haut.

Harry tourne la tête vers la vue que nous offre la hauteur à laquelle nous nous trouvons. La fête illumine une bonne partie de l'endroit, mais nous pouvons apercevoir plus loin les différents bâtiments de Denver, et l'éclairage nocturne de la ville. Je ne détaille pas tellement la vue, mais plutôt le bouclé à mes côtés. Il finit par me regarder à nouveau.

     - D'accord. On peut l'ouvrir.

     - Tiens, je dis en lui tendant.

     - Non. Ouvre-la.

Je ne pose pas davantage de questions et défais la colle qui maintient le papier fermé. J'extirpe la lettre et commence à la lire.

     - Alors ? Il demande au bout de quelques instants.

     - Lis par toi-même.

Je lui tends le papier, qu'il saisit. Je vois ses yeux aller et venir de gauche à droite, jusqu'à lire la réponse. Je comprends qu'il l'a lue lorsque je vois ses sourcils se froncer - non pas de colère, ni de tristesse, mais clairement de « qu'est-ce que je vais faire ? ».

C'est affirmatif. Son excellent dossier est bien évidemment passé.

     - Ce n'est qu'une lettre qu'ils envoient à tout le monde, répond Harry en pliant la feuille. Ils n'ont pas dû faire attention à qui j'étais réellement. Ils ne me laisseront jamais intégrer leur campus. Je suis accusé de choses graves.

     - Accusé, je dis. Pas coupable.

Je lâche mes mots si vite qu'Harry arque un sourcil, comme étonné que je puisse placer en lui une confiance si aveugle.

     - Tu ne sais pas, dit-il doucement.

     - Pourquoi tu tuerais quelqu'un que tu connaissais à peine ?

     - Tu ne sais pas, répète t-il.

J'acquiesce, et alors que je m'apprête à répondre, la grande roue se bloque. Cela me fait sursauter et je regarde à mes pieds - grossière erreur. Je souffle un bon coup en concentrant mon regard droit devant moi. L'étendue est vaste et sombre, mais j'apprécie tout de même ce que je vois.

J'ai un peu l'impression qu'on est au sommet de tout, ainsi, tous les deux. Qu'ici, rien ne peut nous atteindre. Je soupire.

     - Je dis juste que je crois en toi, je parle.

Je n'ai pas besoin de le regarder pour savoir qu'il a ses yeux rivés sur moi, détaillant chaque parcelle de mon visage. Je sais que sans parler, il me répond que je suis bien le premier à croire en lui. Je sais qu'il pense sûrement que j'ai tort - peut-être est-ce le cas. Car il a raison, au fond, je n'en sais rien. Je pensais en avoir beaucoup en arrivant ici, et j'ai découvert tellement d'autres choses.

Je me suis même découvert moi-même, contre toute attente.

     - Je ne sais pas ce que j'ai mérité pour mériter quelqu'un comme toi qui débarque de nul part et veut juste prendre soin de moi, me dit Harry.

Je baisse les yeux, peiné par ce qu'il se passe derrière le rideau, qui finira bien par tomber. Puis je les relève vers le garçon qui me procure tant de choses. J'amène ma main à sa joue.

     - Peu importe, je dis. Je suis là maintenant.

     - Tu es là maintenant, sourit-il. Et tu sais, pour quelqu'un qui n'est jamais sorti avec un mec, tu te débrouilles vraiment bien avec moi.

Ni avec quiconque, je le corrige mentalement.

Je me mords la lèvre et hausse les épaules.

     - C'est peut-être inné, dis-je.

Harry confirme en acquiesçant et passe son bras autour de mes épaules, ce qui me rapproche de lui.

- On pourrait partir, je parle doucement, si doucement que je m'entends à peine.

- Partir ? Répète Harry.

- Quitter l'équipe, partir à la fac ensemble. Vivre... dans une maison. Une vraie maison, conviviale, joyeuse, pas comme celle de ton père.

Même si je ne le vois pas, je sais qu'Harry me regarde, probablement dépassé par les mots que je sors. Je continue à fixer l'étendue noire, ce ciel sans limite. Je suis rêveur. Évidemment, mes mots ne sont que fantasme et fantaisie - nous ne pouvons pas faire cela. Mais je montre au bouclé que j'y pense - que j'aimerais, au fond de mon coeur.

- Tu ne me supporterais pas au quotidien, il souffle.

- Peut-être que si.

Un silence suit et je sens qu'Harry reste tendu quelques instants, avant de me rapprocher un peu plus de lui à l'aide de son bras.

- Passer des dimanche à lire, ou travailler nos cours, pendant qu'il pleut dehors.

- Ou faire autre chose, il dit en penchant sa tête dans mon cou.

- Ouais... je me mords la lèvre. Peut-être plutôt faire autre chose.

Harry se recule rapidement. Je sais qu'il ne veut rien commencer ici, qu'il ne veut rien précipiter. Mon corps réagit aux pensées qui me traversent mais je me concentre sur ce moment présent, dans la grande roue.

     - On pourrait... reprend le brun. Prendre un chat, dans la finalité. Albert II, quelque chose comme ça.

Il bute sur ses mots, et je devine que c'est un exercice inédit pour lui. Harry ne s'imagine pas la vie ailleurs, différente - loin. Mais ici, avec moi, il essaie. Il ouvre son cœur et j'en prends soin.

J'établis un contact visuel avec lui.

- Ouais, super idée. Mais on rediscutera peut-être du nom, je souris.

- Et de l'occupation du dimanche, il sourit également.

Harry fond sur mes lèvres et notre baiser est différent. Langoureux ; plein de promesses, de remerciements. Nous savons tous deux pertinemment que nous ne faisons que rêver, que les choses ne peuvent pas se passer ainsi.

Mais le simple fait que nous en discutions, que nous y songions - qu'Harry m'ouvre suffisamment son cœur pour me parler d'avenir et de jolies idées loin d'ici, me comble de bonheur.

Le feu d'artifice du 4 juillet éclate, et nous sommes si haut que j'aurais presque l'impression être en plein milieu. Je me dis qu'Harry a tout de même dû utiliser un peu son statut pour que nous soyons pile au sommet à ce moment précis, mais cela me fait sourire, et j'apprécie.

Je souffle d'aise.

     - Tu ne devrais pas en attendre trop de moi, dit Harry. Je n'ai pas envie de te décevoir.

J'acquiesce en silence.

     - Peut-être que tu ne devrais pas trop en attendre de moi non plus.

Malgré les avertissements, nous le faisons tout de même.

× × ×

(NDA : scène à écouter avec Una Mattina de Ludivico Einaudi en boucle dans les oreilles).



Une demi-heure plus tard, peu avant minuit, nous arrivons devant chez Harry. Il ouvre le portail et nous nous enfonçons dans l'allée. Le bouclé m'informe que Lucia n'est pas là, qu'elle passait le 4 juillet avec sa fille Chiara.

Je le laisse faire ; ouvrir sa porte d'entrée, la fermer ensuite derrière moi. Tel un réflexe, je prends directement le couloir en direction de sa chambre. J'appuie sur l'interrupteur et souffle un coup.

Harry me rejoint, et sans un mot, vient mettre de la musique, qui résonne vite dans les différentes enceintes placées à des endroits stratégiques de la chambre.

De la musique classique, comme à son habitude.

Una Mattina, de Ludovico Einaudi.

Je me sens enveloppé par cette musique, par l'énergie qu'elle dégage. Dos à Harry, face à son lit, je souffle.

     - Est-ce que tu peux éteindre la lumière ?

Je ne le vois pas, mais je devine parfaitement qu'il hoche la tête, car deux secondes plus tard, je me retrouve dans la pièce grisée. La baie vitrée à côté de son lit fait que nous ne sommes jamais vraiment dans le noir, mais à cet instant, cette ambiance sombre dans laquelle nous pouvons tout de même nous discerner est parfaite.

La bouche entrouverte, j'ai la respiration haletante. Mon coeur bat vite, simplement à cause des pensées qui m'habitent. Je trouve le courage de me retourner.

     - Ça va ? Me demande Harry, s'approchant de moi.

Il s'arrête à une cinquantaine de centimètres d'écart.

     - Oui, je réponds en le regardant dans les yeux. Ça va très bien.

Le bouclé hoche lentement la tête et je reste quelques secondes ainsi, à ne pas réellement savoir quoi faire. Je regarde le garçon devant moi, qui ne bouge pas non plus, me laissant tout le temps du monde pour exprimer ma pensée.

Je baisse les yeux, un moment. Puis, alors que le piano s'intensifie dans la musique qui nous enveloppe, je les relève.

Mes mains se déposent aux extrémités du pull marron d'Harry, et je ne quitte pas ses yeux du regard. J'y jauge sa réaction, ses ressentis.

     - Qu'est-ce que tu fais ? Il murmure, tout bas, comme pour ne pas briser cette brule fragile, si fragile.

     - Je t'enlève ton pull, je réponds sur le même ton.

     - Pour le massage ?

Je déglutis et entre deux respirations difficiles, secoue la tête.

     - Non. Pas pour le massage.

Harry ne quitte pas mes yeux, essayant probablement d'y lire quelque chose. Il lui faut quelques secondes avant de bouger ; il apporte ses mains, croisées, sur son pull, et d'un mouvement habile, le retire lui-même.

Même en fixant ses prunelles vertes, je peux apercevoir dans ma vision périphérique ses clavicules dénuées, le haut de son torse musclé et tatoué. Je ferme la bouche, déglutis à nouveau. Mon corps est un monde entier de sensations à l'heure actuelle.

Il s'approche de moi, et m'embrasse, avec une tendresse dont il n'a jamais fait preuve auparavant. Et celle-ci semble être la réponse à tous mes problèmes. Je me laisse fondre contre ses lèvres, participant à ce doux baiser.

Je sens les mains du brun caresser mon dos par dessus le tissu de mon t-shirt, puis en dessous, à même ma peau. J'ai l'impression que ses doigts sont glacés, contre ma peau brulante, ce qui apporte un contraste électrisant.

Une de ses mains vient ensuite se placer dans ma nuque, délicatement. Puis, au bout d'un petit temps, je ne sens plus du tout ses mains, avant qu'elles ne reviennent : sur mon t-shirt, qu'il tire doucement jusqu'à passer la commissure de ma tête.

Le tissu blanc tombe au sol, et je me sens minuscule à côté de la carrure de cet homme.

Harry s'approche à nouveau, m'embrasse ; encore, toujours avec douceur. À chaque respiration prise entre deux baisers, j'ai l'impression de défaillir. J'ai chaud, mon corps entier brûle - de désir, d'envie. Je le sens à mes mains moites, à mon jean serré ; aux frissons, aux images défilant dans ma tête.

     - Je n'ai jamais fait ça, je parviens à dire, la respiration haletante alors qu'Harry embrasse le côté de ma mâchoire. Avec personne. Pas avec Judith - avec personne.

Car je n'ai pas envie de mentir sur quelque chose de si personnel. Car je n'ai plus envie de mentir, de lui mentir, sur rien.

Le bouclé hoche lentement la tête, son pouce venant tracer de petits ronds sur ma joue.

     - D'accord, répond-il doucement. Tu es sûr de vouloir aller plus loin ?

     - Oui, je rétorque sans hésiter. Je suis terrifié, j'avoue ensuite. Mais oui. J'ai envie que ce soit toi.

Terrifié par la nouveauté, terrifié par le fait que quelqu'un touche mon corps si intimement, terrifié par le fait que cette personne soit Harry - terrifié parce que je ne veux personne d'autre.

Il hoche simplement la tête, tout en me murmurant que d'accord, ce sera lui. Je lève la main, timide, et viens la poser sur son torse exposé. Je l'ai déjà vu, déjà touché - mais le contexte est différent et tout semble nouveau, pour la première fois.

Car ça l'est, finalement. Ma première fois.

Je cherche son coeur, et me rassure en constatant qu'il semble battre presque aussi vite que le mien.

     - Je ne ferai rien que tu veux pas, me dit doucement Harry.

     - Je sais.

     - Je vais te dire tout ce que je fais, et tu me diras si tu ne veux pas.

Nous ne parlons pas plus fort qu'en chuchotant, toujours enveloppés par ces notes de piano qui tournent en boucle dans la chambre.

La musique passe pour la deuxième fois, et alors que le piano s'intensifie à nouveau, j'embrasse le bouclé, avec plus de fougue cette fois. Il ne lui faut pas de temps de réaction pour me rendre la pareille ; sa main droite se glisse dans mes cheveux, la gauche sur le bas de mon dos, qui le fait frissonner intégralement.

Je découvre des réactions physiques que je n'ai jamais rencontrées avant ; ma tête bascule naturellement en arrière quand Harry embrasse ma mâchoire et mon cou, ma bouche entrouverte laisse passer des petits gémissements incontrôlés.

Le brun avance, ce qui me fait reculer, et ce jusqu'à ce que nous soyons allongés dans son lit. Il se tient au dessus de moi, sans non plus me coller, ce qui me laisse respirer. C'est comme s'il savait exactement ce dont j'avais besoin. D'y aller en douceur.

Ses mains viennent attraper le bouton de mon jean, afin de le défaire. Je l'imite, plutôt tremblant, beaucoup plus novice. Il me montre la voie, et je le laisse me guider aveuglément.

Il y a évidemment des côtés moins glamour : lorsque je me débats pour enlever mon pantalon, ou encore qu'Harry s'arrête quelques secondes afin de retirer ses chaussettes. Mais l'aspect imparfait du moment ne me dérange absolument pas. Cela me rassure même, à vrai dire. Ça n'a rien à voir avec ce qu'on peut voir dans les films, ces scènes parfaites, et je me mets tout de suite un peu moins la pression.

J'essaie de dompter mon corps, de calmer tout ce que je ressens ; mais il suffit des lèvres du bouclé pour que tout reparte dans un bordel total. Malgré tout, il me prévient de tout ce qu'il fait ; surtout au moment où il m'enlève mon caleçon.

Alors que je me retrouve nu sur ce lit, tandis que timidement, je tire sur les élastiques de son dernier habit pour qu'il se retrouve sur le même pied d'égalité que moi, je respire encore plus fort que précédemment.

     - Est-ce que je peux te toucher ? Il me demande.

     - Oui, j'appuie mon propos par un hochement de tête.

Le simple fait qu'il demande l'autorisation balaie tous les doutes que je peux ressentir.

Je sens le bout de ces doigts tracer des petits formes sur mon torse, jusqu'à atterrir entre mes jambes. Il touche d'abord l'intérieur de mes cuisses, pour, je devine, me préparer en douceur. Alors que je sens sa main sur mon bas du corps, j'ouvre en grand la bouche, et en sort un long soupir d'aise que je ne contrôle aucunement.

Il vient alors m'embrasser, et les sensations que je découvre sont inédites. Cela n'a rien à voir, quand c'est quelqu'un d'autre que soi.

Quand c'est quelqu'un qu'on aime autant.

Il semble parfaitement savoir quoi faire avec ses mains - j'en sens chaque mouvement, au millimètre prêt, et le suivant me fait encore plus de bien que le précédent. Harry m'embrasse, me regarde, sait totalement que faire, et quand.

     - Est-ce tu veux que je descende ? Il me demande doucement.

Le bouclé n'a pas besoin de me faire un dessin pour que je vois de quoi il parle. J'hausse les épaules, timide ; novice. Je parviens tout de même à émettre un contact visuel.

Ses yeux qui auparavant me terrorisait tant. Désormais, aujourd'hui, c'est le seul endroit où je trouve ma place.

     - Ouais, je souffle. J'aimerais bien... essayer - si c'est ok pour toi.

     - C'est ok pour moi.

Les dernières syllabes viennent s'écraser sur ma peau alors qu'Harry embrasse le dessus de mon torse. Il descend au ventre, puis plus bas, là où le chemin de petits poils se dessine. Ma respiration est incontrôlée et mon coeur bat la chamade -

Et j'ai l'impression de quitter cette terre lorsque la bouche d'Harry m'enveloppe. C'est chaud, serré, et tellement, tellement agréable. Je n'aurais jamais pu deviner une telle sensation. Lorsque je baisse les yeux vers lui, c'est encore pire - je le vois, faire ça, avec moi, et les sensations sont décuplées.

Il n'y a rien de sale au moment. J'ai déjà pensé, à tort, que ça le serait - mais il n'y a rien de tel. Harry est tendre, même dans ce genre de moment. Surtout, dans ce genre de moment.

Il ne s'y attarde pas longtemps. Je crois qu'il sait que je suis un tsunami d'émotions et que je ne vais pas pouvoir tout encaisser, des heures. Ses yeux reviennent à mon niveau alors qu'un long souffle me quitte.

     - Alors ? Il demande, doucement.

     - Je crois que c'est le plus beau jour de ma vie.

Harry rigole, et je le rejoins : avant que nos lèvres ne se scellent à nouveau. Sa main enveloppe à nouveau mon entrejambe, et je me sens bouillir davantage. Le bouclé finit par se redresser en prenant ce dont il a besoin dans sa table de nuit, et nous échangeons un bref rire.

     - On peut juste faire ça si tu veux, il dit. Mes mains et ma bouche sur toi.

     - S'il te plaît, non.

Les mots sonnent désespérés et j'écarquille les yeux en m'en rendant compte. Harry ne juge aucunement et s'approche de moi. Ses mains se baladent à nouveau sur moi, puis ; en moi. J'essaie alors de me laisser aller. Mon corps réagit à bouger tout seul, mes mains se crispent, mais cela devient de plus en plus supportable.

Lorsque mon partenaire s'installe au dessus de moi, je sens encore quelque chose de différent. Il est là, son intimité près de la mienne, et je brûle de désir. Je le veux.

     - Je n'ai pas envie de te faire mal, il souffle.

     - Depuis toute à l'heure, tu me fais vraiment que du bien.

     - D'accord, murmure Harry. Détends toi, au maximum.

De toute évidence, je sais que cela ne va pas être agréable - et alors qu'il pousse en moi, je le sens. Une douleur se fait sentir, alors je ferme les yeux tandis qu'il cesse tout mouvement. J'écoute son conseil et détends tous mes muscles, envoie le message à mon corps que je me sens bien, que j'aime le moment, et que je le veux. Et ainsi, la douleur disparaît et se transforme en... plaisir.

J'ouvre les yeux pour rencontrer l'autre paire verte.

     - Tu peux bouger ? Je demande doucement.

     - Oui, il souffle de plaisir. Évidemment.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Son bassin s'avance et se recule tout doucement et je me mords la lèvre. Des petits gémissements quittent mes lèvres et deviennent de plus en plus intenses alors que le rythme change.

Mon excitation monte encore d'un cran en entendant les bruits qu'Harry fait. Il semble prendre beaucoup de plaisir - je lui fais prendre beaucoup de plaisir, et c'est si bon.

     - Tu es... souffle Harry. Tu es magnifique.

Et à cet instant, je pourrais presque pleurer. Mon coeur s'ouvre tout entier et vient se lier à celui du bouclé, lui aussi ouvert. J'ai l'impression que nous ne faisons qu'un ; que c'est fait pour être ainsi.

Le reste du temps me paraît flou ; j'ai l'impression que des heures se déroulent, je vis chaque toucher et chaque sensation décuplée. Je perds même le fil de la musique qui passe encore et encore.

La bouche d'Harry est partout sur moi, ses mains touchent ma peau, lui donnant ainsi une valeur. Je me tords de plaisir, je me laisse aller par les envies de mon corps qui n'appelle que celui du bouclé.

Il y a beaucoup de plaisir, beaucoup de communication. De la chaleur, de la musique, une bulle parfaite autour de nous.

Et à cet instant précis, je n'ai besoin de rien de plus que ça.

De plus que nous.

Oui, j'aime définitivement le 4 juillet.

Et celui-ci plus que les autres.

Ignorant totalement que dans un mois pile, tout s'écroulera.








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Bonjour, j'espère que vous allez bien ?
Vous allez voir Louis en concert, réussi à avoir vos places ? Si oui, félicitations, si non, ne perdez vraiment jamais espoir. Il ne bouge pas et vous le verrez ❤️

Ce chapitre est important. Doux, mais important pour la suite :
Harry et Louis sont exclusifs.
Niall a tout vu.
Harry envisage un après, même si c'est encore très très vague.
Louis ouvre son cœur, son corps ; tombe définitivement amoureux.

Votre partie préférée ?
Et : qu'avez-vous pensé du duo Niall/Judith ?

Merci pour votre lecture. Bon week-end 🤍

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