CHAPITRE 20

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PARTIE 1 : La table carrée

MIKE


- Alors tu n'as rien d'intéressant à nous dire ? Je demande.

Assis à la table rectangulaire dans la cuisine, je regarde Louis qui se tient sur un plan de travail à quelques mètres. Il vient juste de rentrer de New-York, mais comme convenu, nous faisons un compte-rendu.

- Non, répond-il. À part Nick qui a profité à fond de la chambre, moi qui ai été me promener dans New-York, et qui ai été terrible au base-ball, je n'ai rien pour l'enquête.

L'adolescent assis plus loin confirme en hochant vigoureusement la tête.

J'acquiesce, et referme le calepin que j'avais pris pour prendre des notes. La page est vierge. Nous n'avons rien de plus pour le moment. Ernie et Todd soupirent, et j'ignore. En ce moment, cela stagne, oui. Et ce n'est pas facile.

- Est-ce que tu as un plan ? Je demande à Louis.
- Précisément ? Non. Mais je sais déjà qu'Harry ne s'entend vraiment pas avec son père. Il me l'a confirmé.
- Il t'a dit pourquoi ? S'intéresse Niall. Souvent, dans les histoires de trafic, les liens entre les concernés jouent beaucoup.
- Il ne me l'a pas dit non. Mais je vais finir par le savoir.

Ce genre de missions sous couverture peuvent durer des années, en réalité. Nous avons tous été préparés à cette éventualité, même si nous espérons que cela ne sera pas le cas.

- Tu pourrais prendre son téléphone, suggère le blond à ma droite. Si on peut l'examiner, examiner ses messages, on pourrait trouver des preuves directes qu'il est lié au trafic, et que son père est à la tête.
- Vous avez déjà accès à nos messages.
- Ceux que vous échangez entre vous oui, même si c'est très rare et cordial. Pas ceux qu'il échange avec on ne sait pas.
- Mais je ne vais pas prendre son téléphone, rétorque immédiatement Louis.

J'arque un sourcil en remarquant la réaction directe de l'adolescent.

- C'est trop risqué, poursuit ce dernier. Quand je suis avec Harry, il ne laisse pas son téléphone en évidence suffisamment longtemps pour que je le prenne sans qu'il remarque. Et si vous voulez mon avis, il est plus intelligent que ça, sinon on aurait trouvé des preuves dans la téléphone de Zayn qui s'y fournissait.

Niall et moi échangeons un regard, puis je me tourne vers Andrea. Et finalement, de nouveau vers Louis.

- Très bien, je conclus. Pas de vol de téléphone. Ses règles, son plan.
- Je ne dis pas que j'ai raison sur tout. Vraiment pas.
- Je sais Louis, je suis sincère. Je sais. On peut essayer de fonctionner comme ça, et on voit d'ici quelques temps si ça convient ou pas.

Il me regarde quelques secondes sans bouger, comme pour jauger ma réaction et mes mots. Il finit par hocher la tête, signe de remerciement, et je lui rends la donne.

Je suis sincère, oui. Ses méthodes ne me plaisent pas forcément - mais les miennes ne lui ont pas plu non plus, et si nous voulons que tout cela fonctionne, il faut apprendre à s'écouter les uns les autres tant que la sécurité demeure.

Andrea a réussi à me mettre ça en tête. S'ouvrir aux gens, à leurs besoins, envies ; aux possibilités ; au lendemain.

- Très bien, reprend la femme policière. Le sujet est clos alors.
- On pourrait regarder un film tous ensemble, parle Ernie.
- Pour se mettre d'accord, ça va être infernal, répond-elle. J'ai deux adolescents à la maison, fais-moi confiance.
- Oh, ils étaient infernaux pour choisir un film, soupire Niall.
- Et même en grandissant, ils sont toujours aussi compliqués avec les prises de décisions, je t'assure.

Je comprends de quoi ils parlent car elle s'est confiée à moi - les autres ne posent pas davantage de question. Je regarde les deux échanger quelques phrases d'une complicité demeurante, et je ressentirais presque de la jalousie.

- Je propose quelque chose de plus... épicé, propose ma fille avec un grand sourire narquois.

Nous haussons tous les sourcils alors qu'elle ouvre un placard, laissant apparaître des bouteilles d'alcool.

- Tu as acheté ça ? Je m'offusque. Tu n'as pas l'âge, Judith !
- Premièrement, je fais plus vieille. Deuxièmement, je n'ai pas acheté ça, papa, dit-elle avec une voix exagérée. C'était déjà là.
- Si vous voulez mon avis, intervient Nick, cet alcool est là depuis des lustres.

Je me tourne vers lui avec un regard paternel.

- Quoi ? S'amuse t-il. Je suis pas né hier.
- La maison est ancienne, et n'avait pas été louée depuis longtemps, alors c'est fort probable, je soupire en me levant.

J'avance pour venir examiner les quelques bouteilles, posées au fond du placard que nous avons délaissé jusque là. J'en saisis une au hasard : elle est pleine de poussière, mais même pas ouverte.

C'est une bouteille de Whisky, du Blanton's Original. Ce n'est vraiment pas donné et j'arque les sourcils.

- C'est une très bonne bouteille, je m'étonne.
- Ce serait donc bête de la gâcher, parle Todd.

J'acquiesce lentement et Judith aborde un grand sourire :

- On pourrait peut-être faire une sorte de jeu d'alcool.
- À quel moment es-tu devenue une ivrogne ? Je demande.
- Papa, je ne bois jamais.
- Évidemment que tu ne bois pas, tu n'as pas encore 21 ans. N'est-ce pas ?

Je lance le même regard aux trois adolescents, qui font exprès de l'éviter en regardant dans tous les sens. Cela me fait sourire.

- Qu'est-ce que tu proposes ? Je demande à ma fille.

Les quatre collègues me regardent, les sourcils arqués, l'air de dire « tu sais rigoler, toi ? ».

- Je ne sais pas, un jeu basique. À base de, chacun lance un dé, si c'est paire il est tranquille, si c'est impair, il doit boire une gorgée et raconter un fait sur sa vie.
- C'est vraiment parfait pour finir bourré en quelques tours de table ça, rit Niall.
- C'est samedi soir, ça va, parle Nick.
- Et quand on tient bien l'alcool, tout va bien, dit Andrea en venant s'asseoir à table.

Todd et Ernie la regardent étonnés, et elle roule des yeux pour leur montrer qu'être une femme grande et coquette n'est pas synonyme de clichés et débilités.

- C'est surtout parce qu'on ne se connaît pas des masses, parle Judith. On vit ensemble depuis des jours, on s'est entraînés pour ça, et malgré tout, on ne se connaît pas beaucoup. On n'est pas obligés de dire des choses super personnelles, mais pourquoi pas ? Je veux dire, ce qu'on vit là, c'est quand même un truc dont on se rappellera toute notre vie.

Je ne peux pas la contredire. Aucun de nous ici ne le peut.

- Alors, je pense que c'est une bonne idée. Et si la chance est de notre côté et que le dé tombe toujours sur un chiffre pair, on pourra peut-être juste ne rien dire. Ça vous dit alors ?

Nous échangeons tous un regard, pour finalement hausser des épaules en même temps. Respectivement, Louis saute du plan de travail, Nick prend une chaise, je pose la bouteille sur la table et nous nous retrouvons finalement tous autour de cette table ronde.

Elle est petite, ce qui fait que nous sommes plutôt serrés les uns contre les autres. Judith sort un dé de sa poche - elle semblait avoir prévu son coup.

- Si un jour on m'avait dit que je serai autour d'une table à faire un jeu d'alcool avec Mike Carter, j'aurais rigolé, s'amuse Ernie.
- Si un jour on m'avait dit que je vivrais au quotidien avec mon père, j'aurais rigolé, s'amuse Judith.

Je trouve la force de rigoler légèrement à ces situations. Car oui, je pense qu'il vaut mieux en rire désormais.

En partant de ce raisonnement, nous pourrions aller loin. En faisant le tour des visages à table, je sais que Louis se dirait que si un jour on lui avait dit que son meilleur mourrait et qu'il jouerait dans l'équipe de ses rêves,

Si on avait dit à Nick qu'il connaîtrait le deuil si tôt, et qu'il deviendrait ami avec un garçon qu'il méprisait,

Si on avait dit à Andrea que son collègue froid et distant deviendrait son amant,

Si on avait dit à Niall qu'il se retrouverait dans une maison avec la représentation de son passé,

Si on avait dit à Todd et Ernie qu'ils vivraient une mission si importante, en voyant leurs collègues devenir de meilleures personnes,

Oui, la vie est pleine de surprises. Nous en sommes la preuve vivante.

Même si aujourd'hui, je pense pouvoir parler de rédemption pour mon cas. Je veux être présent pour mes collègues ; peut-être amis. Je veux être présent pour ma fille, à des heures normales d'une journée.

Il y aura un après.

- Très bien, reprend ma fille. Comme personne ne se décide, je vais commencer.
- Il faut peut-être nous servir tous un verre d'abord, non ? Suggère Niall.
- Oui. Je vais le faire.

Elle saisit la bouteille et je marmonne :

- Quatre policiers qui acceptent de boire de l'alcool avec des mineurs, quel enfer.

Cela fait rire mes collègues, et un shot est servi à chacun. Judith lance le dé : un deux. C'est pair, alors elle n'a rien à boire ni à dire et passe l'objet à son voisin : Nick.

Il le lance et tombe sur un cinq. D'une traite, il finit son verre et grimace que très brièvement.

- Alors je dois raconter une histoire sur moi, c'est ça?
- Celle que tu veux, rassure immédiatement Andrea.
- Oui, reprend Judith. Ça peut être quelque chose de très basique.

Le brun acquiesce, et semble réfléchir une minute. Il finit par reprendre la parole :

- Quand j'avais 15 ans, j'ai réalisé que j'étais gay.

Nous ne disons rien, étant tous dans la démarche de ne pas juger les confessions faites - même si celle-là n'a rien de secret.

Le dé est passé à Todd, qui fait à son tour un chiffre impair. Il boit l'alcool sans broncher.

- Mes grands-parent sont irlandais, et sont venus aux Etats-unis comme beaucoup de gens, avec l'espoir de vivre le rêve américain. Ils étaient immigrés, mais leurs enfants, donc mes parents, sont nés sur le territoire. Ils sont morts tous les deux quand j'avais 10 ans, et ils n'ont jamais vécu dans énormément d'argent, mais ils ont permis à leurs enfants de s'épanouir. Ce n'est pas quelque chose sur moi directement mais, ça compte ?
- Ça compte, sourit Andrea.

Je travaille avec lui depuis depuis des années, et je me rends compte que je ne savais rien de tout cela. L'irlande est marqué sur son visage oui, mais outre cela, je n'ai jamais posé les questions basiques sur sa vie.

J'ai vraiment négligé mon entourage.

Le dé passe à Ernie qui fait, comme son binôme, un chiffre impair.

- Je suis né à Haïti, et y ai grandi. Un peu dans le même délire que Todd, mais ce sont mes parents qui sont partis au bout d'un moment. Et on a bien fait, un tsunami a rasé notre ancienne maison deux semaines après notre déménagement.
- Ça n'a pas été trop difficile de quitter une ile paradisiaque pour venir s'installer dans le Colorado ? Demande Nick.
- Ce n'est pas si paradisiaque que ça, dans mes souvenirs. C'est beau, génial pour les touristes. Mais la pauvreté là-bas - on faisait partie d'une classe assez basse. La vie n'avait rien de ce que les magazines et agences de voyage font croire.

Ernie passe le dé à Andrea : j'ai hâte de l'entendre, mais celle-ci fait un chiffre pair et ainsi, est exemptée. Au tour de Niall, qui de même, fait un chiffre pair.

C'est à Louis de continuer le tour, lui qui a été si silencieux jusque là. Il fait un chiffre impair, et boit.

- Je ne sais pas quoi vous dire, en réalité. Vous connaissez déjà pas mal de choses de ma vie, dans mon dossier.
- On connait les grandes lignes sur tes parents et ta situation, je rétorque. Cela ne définit pas les petites histoires de la vie, ni même qui tu es en général.

Andrea m'adresse un regard fier et je souris légèrement.

- Ma passion est le baseball, dit-il.
- Oh, allez, s'amuse Judith. Tu peux mieux faire que ça quand même.

L'adolescent semble réfléchir une seconde avant de poursuivre :

- Ma mère est morte d'un cancer, quand j'étais adolescent. Une leucémie, pour être exact. Vous le savez déjà mais - à partir de ce moment-là, ça a été très dur pour mon beau-père et moi. Heureusement qu'ils étaient mariés, parce que sinon, j'aurais pu être placé ailleurs. À l'heure d'aujourd'hui il oscille encore entre deux boulots, ce qui fait qu'on ne se voit vraiment pas souvent.

Andrea apporte une main dans le dos du châtain, qui lui adresse un petit sourire.

Le dé est posé devant moi, et les yeux se braquent vers moi.

- Je ne suis pas très doué pour ce genre de choses, je parle.
- Mike, il suffit de lancer un dé, rigole Ernie.
- Allez Papa.

Face aux yeux de ma fille, je m'exécute et évidemment, tombe sur un chiffre impair, m'obligeant ainsi à dévoiler une petite partie de moi.

Je ne suis pas opposé à cela, en réalité. Cela fait juste tellement longtemps que je suis fermé, que j'ai l'impression de m'ouvrir pour la première fois - et cela fait peur. Je me racle la gorge après avoir bu le shot. C'est du bon whisky au moins.

- Ma femme est morte quand nous avions tous les deux la fin vingtaine. Elle est née le premier jour du printemps -
- et est morte le premier jour de l'hiver. Papa, dit doucement Judith. Parle d'autre chose que de maman. Elle fait partie de ton histoire mais comme tu as si bien dit, ça ne te décrit pas totalement.

La volonté dans les yeux de ma fille me motive - et peut-être un peu la liqueur qui est venu réchauffer ma gorge et mon estomac. J'acquiesce et reprends :

- J'adore les chats, en réalité. Même si je suis flic, je ne suis pas trop gros chien. C'est vraiment les chats, que j'adore. Leur indépendance. Et particulièrement ceux que les gens aiment le moins, ceux qui n'ont aucun poils.
- Tu pourrais en adopter un après tout ça, suggère Louis.
- Ou même ici, s'enquit Judith.
- Non, non non non, je secoue la tête. Nous avons déjà suffisamment de choses sur lesquelles nous concentrer en ce moment.

En revanche, une fois tout cela terminé, je n'exclue pas la possibilité...

Andrea me mime avec ses lèvres « moi aussi j'adore ces chats là ». Et je ne sais pas comment interpréter cela, si cela parle d'un quelconque futur, mais mon coeur réagit positivement, et c'est bon à prendre.

Judith sert de nouveau les verres vides, et un second tour commence par Nick. L'adolescent relance un chiffre pair.

- Pour continuer sur ma lancée de toute à l'heure, mes parents sont homophobes, en fait. C'est pour ça que même à 18 ans, j'étais encore dans le placard avant la mort de Zayn. Je traînais avec des gens plutôt cons, fermés d'esprit, pour avoir une sorte de couverture. Même s'ils ne sont pas si méchants que ça. C'est stupide, je le sais. Mais mes parents sont homophobes et même si toute cette situation est horrible, j'y trouve du positif, parce que je suis loin de chez moi et je n'ai pas à affronter leur déception.

Étant à côté du garçon, et touché face à ses mots, je me permets d'apporter une main dans son dos, voulant ainsi me montrer rassurant. Cela étonne tout le monde, mais en tournant les yeux vers ma fille, mon bébé, qui me regarde avec fierté, je comprends que je fais bien.

Je comprends que j'avance mais que surtout, elle le remarque. Et elle accepte de me laisser une énième chance. Nick, à mes côtés, est atteint par quelque chose : et je me rends compte en étant atteint moi-même par sa tristesse, que je me suis attaché à ces jeunes - à ces gens autour de la table.

En tant que flic depuis plus de dix ans, j'ai croisé de nombreuses enquêtes de meurtre, simplement par haine : racisme, homophobie. Et je ne serai jamais en mesure de comprendre.

Peu importe à quel point je suis brisé par la vie, la mort ; jamais, au grand jamais, pas même sénile sur mon lit de mort, je ne m'abaisserais à penser avec tant de haine.

L'amour est l'amour.

La vie est la vie.

- À moi, s'enquit Judith.

Elle lance le dé et s'exclame de joie en tombant sur un chiffre impair. Elle boit cul sec le verre et je grimace à cette vue.

- Mon père le sait déjà évidemment mais, je souffre de TDAH. Trouble de déficit de l'attention avec hyperactivité.
- Oh, ça explique tellement de choses, dit Louis.
- Tu m'étonnes, enchérit Nick.

Les trois adolescents rigolent dans leur petite bulle : celle qu'ils ont créés, à vivre leurs moments à trois.

- J'en ai fait une force, rajoute t-elle. De toute manière, je dois vivre avec, alors pourquoi pleurer pour ça ? Je suis impulsive, ne tient pas en place et doit me concentrer pour rester longtemps sur quelque chose, mais ce n'est pas grave. Il y a pire.

Du haut de ses 18 ans, Judith est ma plus belle leçon de vie, et le sera probablement toujours.

- Tu es très courageuse, parle Ernie.
- Oh, doucement, j'interviens. Je t'ai à l'oeil toi.

Cela nous fait rire et ainsi, le jeu continue dans le même ordre. Au fil des tours qui passent, tous se livrent de plus en plus.

Judith commence par aborder des sujets légers : sur ses goûts, et le monde en général. Ce n'est qu'au bout de quelques verres que la blonde parle de son ressenti sur ce que les gens pensent souvent d'elle : la fille superficielle, qui en fait trop. Elle parle de son implication dans le féminisme, et d'autres causes.

Je connais déjà tous ces points chez elle, et quelque part, c'est rassurant. Mais je ressens de la fierté à chaque fois qu'elle se confie.

Nick en a gros sur le coeur : il parle beaucoup de son identité, de l'amour, des sentiments uniques et définitifs. Nous apprenons que sa famille est purement américaine, conservatrice et délicate. C'est quasiment sa grand-mère qui l'a élevée, et c'était une femme dure qui l'a beaucoup fait intérioriser sa sexualité. Dire tout cela semble le libérer de plein de choses, et surtout, de lui-même.

Todd nous parle de ses complexes physiques : sa petite taille, ses cheveux roux et tâches de rousseurs longuement critiqués. Il a du succès en amour malgré cela, mais a trop de mal à se poser à cause justement de toutes ces années de moqueries qu'il a subi. Intégrer la police, d'autant plus la section criminelle, était pour lui une façon de se venger de cela. À sa façon aussi, il pâlie sa solitude amoureuse et relationnelle dans le travail.

Ernie, lui, est très complémentaire de son ami. Physiquement ils sont opposés, mais il a ce même blocage amoureux. Ça me semble être un gros point commun autour de cette table. Ernie a eu un grand amour, Amiyah. Les choses se sont abruptement terminées entre eux, et il en garde encore des cicatrices. Le genre d'amour destructeur, auquel on s'accroche en vain. Il veut devenir meilleur, chaque jour - en veut toujours plus. Cela explique ses muscles et pourquoi il fait si attention à lui.

Andrea raconte pour ses petits-frères qu'elle a pratiquement élevé, les enjeux que cela a été, et que c'est encore aujourd'hui. Qu'à bien des égards, celui a pu lui poser problème, car elle a dû se comporter comme une mère, sans vouloir ni même sans passer par toute la partie « dix premières années » des enfants. Elle a hérité de deux adolescents, compliqués, et a dû faire avec. Elle se livre aussi beaucoup sur son père, grand fan de baseball, qui souhaitait avoir un garçon et a longuement traité sa fille ainée comme un garçon manqué, afin de la façonner à son image. Peut-être est-ce pour cela qu'elle réinvente désormais sa féminité.

Inutile de préciser que moi, je la trouve magnifique.

Niall est celui qui en dit le moins, faisant beaucoup de chiffres pairs au tirage. Il est réservé, mais parvient quand même à se livrer sur une enfance difficile qu'il aurait eu. Lui aussi est originaire d'Irlande, mais y est né et y retourne régulièrement en vacances. Il va même jusqu'à nous montrer des photos qu'il prend là-bas.

Louis, lui, est probablement le plus farouche - au début du moins. Au fil des tours, son visage semble s'illuminer, et son rire éclate. Sa mère est un sujet qui revient beaucoup, mais il nous parle aussi de détails de sa vie - comme à quel point il aime le baseball, et la musique, aussi.

Pour ma part, ma fille, le travail et quelques gouts personnels sont mes sujets favoris. Il faut dire que je n'ai pas beaucoup d'anecdotes d'amis ou d'amours à raconter de ces dernières années. Mais à cette table, personne ne juge quiconque.

Les minutes passent, puis une heure, et deux, et je me rends compte qu'ici, avec eux, je me sens bien.

L'alcool et l'ambiance du jeu m'aident probablement à ressentir ça, mais devant moi, j'ai l'impression de voir une étrange, complexe, tordue mais intéressante...

Famille.


× × ×

PARTIE 2 : Exactement où je devrais être

LOUIS


Je pose le verre vide et grimace légèrement. Cela fait déjà six shots que je bois, et je sens que c'était le dernier pour ce soir. C'est samedi soir, certes, mais il ne faut pas abuser non plus.

Je lève les yeux vers tout le monde : leurs yeux brillent, et tous les rires se font entendre. J'ai été assez intelligent pour boire énormément d'eau entre les petites doses alcoolisées, alors je vais très bien, mais il est très facile de remarquer que je suis le seul à avoir prévu le coup.

Todd et Ernie parlent fort, Andrea a les joues rouges, Nick ne prête plus attention à rien, Judith est encore plus vive que d'habitude, Mike a les yeux vitreux. Niall, lui, a plutôt bien géré son coup aussi - mais il n'a pas besoin d'alcool pour être de bonne humeur.

- Tu viens de boire, alors à toi de dire quelque chose Louis, me motive Judith.

J'acquiesce lentement et prends la première pensée qui me traverse :

- Je ne suis jamais tombé amoureux.

Je parle alors que mes yeux sont dans ceux de la jolie blonde, et elle se sent probablement bousculée par cette information.

Mais c'est la vérité.

Je n'ai jamais connu l'euphorie de l'amour, les papillons dans le ventre, le manque constant, la folie des grandeurs ; tout ce qui accompagne ce que tout le monde en dit.

J'ai eu un premier baiser, oui. Puis un deuxième.

Mais je ne suis jamais tombé amoureux. Et ce n'est pas si grave.

- Ça viendra, me rassure Mike.
- Je sais.
- Et puis, de toute façon, tu ne perds rien, parle Todd.
- Toi, tu n'es pas très objectif, reprend Judith.
- Elle a raison, enchérit Ernie.
- Eh eh eh, rétorque Mike. Pas touche à ma fille.

Cela fait rire les adultes mais je sais qu'il y a un brun de sérieux dans les propos du père. Todd et Ernie sont de grands séducteurs - mais évidemment, pas assez tordus pour chercher une fille de vingt ans de moins. Et heureusement.

Le dé est passé à Mike, mais je me lève avant qu'il puisse le lancer. Nick me lance des yeux de chien battu, et je ne peux m'empêcher de rire.

- Je vais sortir un peu, je dis.
- Faire un jogging ? Ou allez chez Styles ? Rigole Mike.
- Probablement aller chez Harry.
- N'oublie pas de mener l'enquête ! Lance Todd.

Sa voix déraille et un rire vient étouffer les derniers mots, alors il est très difficile de le prendre au sérieux. Debout face à cette scène, je me rends compte qu'ils mériteraient d'être filmés.

Oui, heureusement que demain est dimanche.

- Tu y passes tellement de temp, envoie Nick avec une voix perchée. Tu y passes tellement de temps. Heureusement qu'on sait que c'est pour que l'enquête avance plus vite.
- Oui, j'y vais littéralement pour ça, je dis, et je sais que je mens. Faites attention à vous, je reprends. Quand je vais rentrer je ne veux pas trouver de vomi par terre.
- Oui papa, ironise Judith. Oh, en fait, non. C'était bizarre.

Je ne peux m'empêcher de rire et me dirige vers la porte. J'enfile ma veste.

- Envoie-moi un message quand tu arrives bien chez lui, me lance Mike. Et fais bien attention à lui quand même, on sait jamais.
- Oui papa, je lance sur un ton amusé.

Et ça, bizarrement, cela n'a presque rien d'étrange.

En quittant la maison, j'enfonce légèrement mon cou dans le col rembourré de ma veste. Malgré la saison, une brise fraiche est présente ce soir et j'ai un peu de marche jusqu'à chez Harry.

Pourquoi je décide d'aller chez lui avec tant d'aise est assez mystérieux, mais je trouve que me poser peu de questions me réussit mieux.

Peut-être que je prends simplement confiance en moi - peut-être que je suis juste motivé, que j'ai conscience que si je veux que tout cela avance, je dois m'en donner les moyens.

Et peut-être aussi que couper l'alcool fort avec de l'eau n'était pas totalement suffisant, et que cela me pousse à avoir un peu plus de courage.

La soirée que je viens de passer était, contre toute attente, vraiment sympathique. Nous sommes des gens différents, et pourtant, ce soir, une unité s'est fait ressentir. Judith a eu une bonne idée. Ainsi, je mets une musique douce dans mes écouteurs, et quitte l'allée de la maison le coeur léger.

Sans penser ni remarquer que Xander est sur le trottoir d'en face, a parfaitement vu d'où je suis sorti, et scrute curieusement les fenêtres allumées.

× × ×

J'arrive devant la grande maison à 23 heures tapante. Il me faut tout de même un moment pour m'arrêter et me demander sincèrement si j'ai bien fait de venir - et surtout, pourquoi.

La réelle raison du pourquoi, c'est parce que j'ai envie de passer du temps avec le bouclé.

Qu'effectivement, j'ai passé une bonne soirée - et que pour conclure sur une note d'excellence, passer du temps avec Harry semble être la meilleure solution.

Je pense tout cela, et même si c'est sincère, cela me terrifie tout autant. Je ne devrais pas, je ne peux pas, et pourtant, c'est là.

J'hésite franchement à faire demi tour. Mais la propriété s'illumine et Lucia vient ouvrir la porte, comme si elle avait remarqué que j'étais là.

Elle se présente avec un chignon parfaitement réalisé, et une longue robe d'été. Elle pourrait sortir comme cela que ça ne choquerait personne.

- Pardon, je dis aussitôt. C'est peut-être bizarre d'être là à 23 heures.
- Bonsoir Louis, sourit-elle tendrement. Je t'ai vu grâce à la caméra.

Ah.

- Tout va bien ? Rajoute t-elle.
- Oui, oui, c'est juste...

Face à elle, je me sens bête, malgré que ses yeux renvoient toutes les bonnes ondes du monde et que je ne me sens pas jugé un seul instant.

- J'avais envie de venir, je crois. Alors je l'ai fait. Mais maintenant que je suis là, je me rends compte que ça ne se fait pas beaucoup.
- Il n'y a pas de soucis, elle sourit. Il n'y a pas d'heure pour venir ici tant que je suis là.

Est-ce que cette femme peut-elle faire preuve de méchanceté dans sa vie ? J'en doute. Ou peut-être fait-elle partie de ces personnes calmes et douces, qui deviennent de vraies tornades si on touche à quelqu'un qu'ils aiment.

- J'allais aller me coucher, mais il y a du gâteau dans la cuisine. Tu veux entrer ?
- Eh bien...

J'enfonce mes mains dans les poches de mon jean et fais preuve d'une courte réflexion.

- Oui, je souris. Ce serait avec plaisir.

Je suis la femme jusque dans la maison que je commence à connaître désormais. Je tombe sur Harry dans la cuisine, en tenue décontractée : un simple jogging gris, et un t-shirt blanc. Il se servait un verre d'eau et lève les yeux vers moi.

Face à son regard interrogateur et intimidant, je fais moins le malin et commence à me demander plein de fois : mais qu'est-ce que j'avais en tête ?

- Oh, Louis, dit-il lentement.
- Excuse-moi de te rendre visite à une heure si tardive, je réponds aussitôt.
- On dirait bien que tu rends visite à Lucia, là.
- Il n'y a pas de mal mon garçon, reprend la femme. Ça me fait plaisir de recevoir.

J'acquiesce et regarde Lucia qui me découpe une part de gâteau. Harry semble amusé, avec ce petit sourire en coin espiègle. Je ne peux m'empêcher de le regarder et de remarquer ses petites boucles pas coiffées.

Je ne peux m'empêcher d'imaginer qu'en rentrant de notre petit voyage, il est juste rentré chez lui, s'est douché et a profité au maximum de la présence de Lucia pour être tranquille.

Et voilà maintenant que je suis au milieu de sa cuisine, au début de la nuit, dans ce tableau presque familial où je n'ai pas ma place. Super.

Le bouclé vient s'appuyer contre le travail, croisant également les bras contre son torse. Il ne me lâche pas du regard, et ne laisse pas non plus tomber ce petit sourire. Même en pyjama dans sa cuisine, il se démarque.

Et dire que j'ai embrassé ce mec.

- Tiens Louis, dit Lucia en me tendant une part de gâteau. Parle moi un peu de toi maintenant... Ce n'est vraiment pas souvent qu'Harry me présente des gens qu'il invite si souvent.
- Sauf que le truc c'est que je ne l'invite pas, rigole le bouclé.

Je sens le rouge me monter aux joues.

- Louis est le bienvenu, reprend Lucia en regardant tendrement le bouclé. Je lui ouvre les portes de ma maison.
- Ma maison, rigole une nouvelle fois le garçon.

Malgré ma gêne, je maintiens le contact visuel entre nous deux, et voir son sourire me rassure. Ma présence a plus l'air de l'amuser que le déranger.

- Parle-moi de toi, reprend la femme. Nous n'avons pas eu l'occasion de beaucoup échanger - nous nous sommes seulement croisés.
- Eh bien...

Je viens m'appuyer contre un plan de travail, parallèle à ceux contre lesquels sont Harry et Lucia. Cet appui me permet de timidement manger le gâteau sans risquer de tout faire tomber.

- Je viens d'une petite ville du Colorado. Je joue dans l'équipe avec Harry, et je suis au lycée. J'essaie d'avoir mon diplôme cette année, histoire de.
- Tu veux faire des études supérieures à la rentrée ou continuer dans l'équipe ?

La douceur éternelle dans sa voix me met instantanément en confiance, et je sens mes épaules se décontracter, ainsi que mon être entier.

Je la félicite sur l'excellence du gâteau, et poursuit :

- Je ne sais pas quand, mais j'aimerais en faire au bout d'un moment, oui.

Il y a quelques semaines encore, j'aurais trouvé étrange de me dire qu'à bientôt minuit, je suis planté dans la cuisine d'Harry Styles en train de manger du gâteau, avec celui-ci en pyjama, et sa femme de maison très importante pour lui qui s'intéresse à ma vie.

Mais les choses vont si vite, tellement d'éléments m'arrivent en pleine face - mes convictions changent, des questions prennent de plus en plus d'ampleur dans mon crâne, des sentiments viennent tout brouiller.

À l'heure d'aujourd'hui, je me dis simplement que je suis exactement là où je suis supposé être.

Et le whisky n'a rien à voir dans ce raisonnement, ou peut-être un peu, mais quelle importance.

- Harvard ? Stanford ? Yale ? Demande Harry.
- Oh, non. Je n'ai pas cette prétention. On en avait déjà parlé - Denver serait très bien, suffisant. Pas très loin de ma ville natale.
- Pourquoi ? S'étonne Lucia. Je suis sûre que tu en es capable, Louis.
- Je n'ai jamais trop été bon élève, je ne pense pas que je puisse atteindre ces grandes universités un jour.
- Elles sont impressionnantes, mais beaucoup de nom, dit-elle. Elles sont payantes, et c'est ça qui fait toute leur grandeur. Y entrer n'est pas si insurmontable que ce qu'Hollywood nous fait croire.
- Je sais, c'est simplement... J'hausse les épaules. Je n'ai jamais trop réfléchi à la vie après lycée, en réalité.

Zayn et moi étions en retard sur tout cela - mais comme nous étions deux, c'était rassurant. Il suffisait de nous dire qu'on ne se lâcherait pas, et ainsi, cela irait.

Je n'ai jamais pensé qu'un tel scénario arriverait.

- Tes parents n'ont pas les moyens ? S'intéresse Lucia.

Des questions pourraient paraître déplacées aux yeux de certains, mais son aura rassurante me permet de me sentir à l'aise.

- Je n'ai plus que mon beau-père. Et, non, il n'a pas du tout les moyens.
- Nous pourrions t'aider.

J'écarquille les yeux en regardant la femme lâcher ses mots si vite et Harry tourne aussi la tête vers elle.

- Lu, tu n'es pas riche, parle Harry.
- Le peu d'argent que je dépense en plaisir, je n'en ai pas réellement besoin, répond-elle. Et si je croise aussi souvent ce garçon ici, ce n'est sûrement pas pour rien.

Je n'arrive pas à croire à la gentillesse de cette femme. Je me sens évidemment gêné par cette proposition que je ne pourrais jamais accepter - mais l'espace d'un instant, je me sens spécial. Car elle sous-entend que je ne suis pas n'importe qui, car elle s'implique dans ma vie.

Et je ne le mérite clairement pas.

Les deux en face de moi échangent un regard qu'ils semblent comprendre. Le bouclé finit par hocher la tête, et se tourne de nouveau vers moi.

- C'est très gentil, mais non, dis-je. Je ne pourrais jamais accepter - et quand bien même, je ne sais juste pas si j'ai envie de faire d'études supérieures ou continuer dans l'équipe. J'ai postulé, parce qu'il fallait. Et si un jour j'en fais, je me débrouillerais.
- Il est dans l'équipe après tout maintenant, sourit le brun. Il aura les moyens.
- Exactement - oui, c'est vrai ça, je me rappelle. Je ne réalise toujours pas. Tu fais quoi de tout cet argent ?
- Je le mets ici et là, il hausse les épaules.

Lucia lève les yeux vers lui et se met à secouer la tête, toujours dans cette lenteur planante. Ses yeux reviennent dans les miens.

- Il me paie mon loyer.
- Lucia - parle immédiatement Harry.
- Quoi ? Je m'étonne.
- J'ai été très malade, continue la femme. C'est bien connu que notre système de santé dans ce pays est très... discutable. J'y ai mis toutes mes économies, et certaines d'Harry. À l'heure d'aujourd'hui c'est encore compliqué, j'ai énormément de dettes aux hôpitaux. Ma petite maison de banlieue dans laquelle je vis partiellement avec ma fille n'est pas chère, mais déjà trop pour une ancienne cancéreuse précaire et sa fille de classe moyenne. Harry nous aide, le temps que tout rentre dans l'ordre.

J'ouvre la bouche puis la referme, alors qu'Harry baisse les yeux. C'est comme si elle venait de révéler un secret montrant qu'il a un coeur, et que donc, il se protège, se préserve. Ma tendresse pour lui monte encore d'un cran et -

Merde, je suis vraiment mal barré, hein ?

- Et son père ne vous a pas payé vos soins ? Je m'offusque. Il aurait dû - vous vous occupez de son fils. Vous êtes de la famille.
- Elle est de ma famille, intervient Harry. Pas de la sienne.

Le bouclé me regarde durement, puis semble calmer cela et soupire. Il semble prendre conscience qu'il peut se montrer comme il est vraiment avec moi - ou du moins, commencer à essayer, et cela lui échappe.

- Elle ne voulait pas, évidemment. Mais c'était soit je lui payais, soit elle changeait de travail et partait loin de moi, explique t-il. C'était hors de question.

Lucia vient appuyer sa tête contre l'épaule du garçon, et je me sens à la fois très externe à cette scène, et à la fois très ému qu'ils me parlent d'un tel sujet.

Elle est son pilier, et je peux le voir. Malgré qu'elle soit collée contre lui, et que s'il se décale, elle tombe ; au quotidien, je comprends que c'est l'inverse. Ils portent tous les deux le poids des problèmes de l'autre.

Harry semble avoir de plus en plus de mal à porter tout cela cependant. Face à son regard triste sur la femme, je le lis. Désormais, je le lis. De jour en jour, il se voute de plus en plus, et un jour, inévitablement, il s'écrasera au sol.

Je crois que je veux l'aider aussi, à porter tous les poids qu'il faudra. Pour retarder - empêcher sa chute.

Je finis la part de gâteau et pose l'assiette sur l'ilot central qui est entre nous. Lucia vient récupérer l'assiette et la range.

- Merci, je dis. Pour le gâteau.
- Tu es le bienvenu Louis je t'ai dit, sourit la femme.

Je lève les yeux vers Harry, qui éternellement, me fixe. Je me suis habitué à cette surveillance.

- Oui, ajoute t-il après un silence. Il est le bienvenu.
- Très bien, parle la femme. Je vais aller me coucher les garçons.

Elle se penche pour embrasser la joue d'Harry, et m'adresse un sourire tout aussi délicat. Après nous avoir souhaité une bonne nuit, ses pas s'éloignent dans le long couloir jusqu'à disparaitre.

- Elle est vraiment génial, je parle alors.

Harry hoche la tête et enfin, bouge. Il vient s'installer à côté de moi, contre le même plan de travail. Je tourne la tête pour le regarder, mais suis beaucoup plus déstabilisé qu'il y a quelques minutes. Nous sommes proches, et l

- Tu sens l'alcool, il rigole. Je comprends mieux ce que tu faisais devant chez moi en pleine nuit.

Il pose ses mains à plat de part et d'autre de son corps.

- Non, je parle en regardant devant moi. J'avais envie de venir.
- On dirait bien que tu ne peux plus te passer de moi.

Il surfe sur les mots et je lève les yeux vers lui. Le vert de ses yeux, si près, me frappe presque.

Je nous revois dans l'eau - je pourrais presque sentir ce flottement que l'on ressent lorsqu'on y est, la chaleur de l'eau de sa piscine.

- Désolé, je parle.
- Pourquoi ?
- Tout, je crois.

Son visage se serre, alors qu'il fronce les sourcils. Mes mots n'ont pas de sens pour lui, ils en ont un tas pour moi.

Désolé d'être arrivé ici pour de mauvaises raisons, désolé de l'avoir accusé de choses qu'aujourd'hui je suis persuadé qu'il n'a pas pu faire ; désolé d'avoir débarqué.

Désolé pour nous deux qu'on en soit arrivés là.

Désolé d'être incapable de quitter sa vie.

- Ne sois pas de ces personnes qui s'excusent pour tout et rien Louis.
- J'avais juste l'impression d'en avoir besoin.

Un silence s'abat sur nous, et je détourne le regard pour baisser les yeux. Je me racle la gorge, essaie de remettre un peu d'ordre dans mes pensées et relève les yeux vers Harry. Il me laisse prendre tout le temps dont j'ai besoin.

La seconde suivante, nous prenons la parole en même temps :

- Je vais rentrer.
- Tu veux dormir ici ?

Tous les deux, nous sommes pris de court et nous nous reculons un peu. De nouveau, nous parlons en même temps :

- Ok, je peux te raccompagner en voiture si tu veux.
- Pourquoi pas dormir ici, j'habite un peu loin en plus...

Un petit rire gêné quitte nos lèvres.

Puis le regard du bouclé s'intensifie de nouveau, et son sourire retombe. Je vois dans ses pupilles de l'envie, du désir - presque de la souffrance.

- Je peux te raccompagner, à condition que tu ne vomisses pas dans ma voiture.
- Je ne peux pas garantir ça, je grimace. Le gâteau n'a pas encore épongé tout l'alcool, même si ça pourrait être pire.
- Ok, tu peux dormir ici alors si tu veux, rigole t-il. Ne prends pas l'habitude non plus.
- Je n'oserai pas.

Les secondes suivantes, il ne parle pas ; il n'en a pas besoin. Mais je vois que ses yeux me disent quelque chose, une seule chose : reste. Je ne sais pas si j'interprète trop, ou mal, mais j'y lis ce que j'ai envie d'y voir en tout cas.

Cela ne semble pas être une demande qu'il formule souvent, bien qu'implicite - et vu ce que cela procure à mon coeur, je ne me vois pas refuser.

Je n'en ai pas envie, surtout.

- D'accord, je réponds simplement.

Ma voix est basse, comme si cela changeait quelque chose à la finalité - comme si le murmure allait se perdre dans l'infini espace, et ainsi, n'atteindre rien ni personne.

Sans un mot de plus, nous partons en direction de sa chambre. Une fois dans celle-ci, je vais de moi-même m'asseoir en tailleur sur le lit - après avoir enlevé mes chaussures, évidemment.

- Alors tu vas me dire pourquoi tu es venu maintenant ? Demande t-il. Je sais bien que tu n'es pas juste venu pour manger une part de gâteau et parler de facs avec Lu.

Et cela semble juste tellement normal, pour Harry. Il fait je ne sais quoi à l'autre bout de la pièce, dos à moi, et je l'observe.

- J'ai fait un match terrible, je parle. Ça me trotte dans la tête.
- C'est normal. C'est récent. Ça ne fait que quelques heures.
- Il y aura probablement des mauvais retours sur moi.
- Peu importe ce que tu fais, de mal, de bien, la presse voudra toujours s'en emparer. Sur qui tu fréquentes, sur tes choix de vie, parfois même sur les choses les plus insignifiantes du monde. Ne les prends pas comme exemple.

J'hoche la tête.

- Plus facile à dire qu'à faire, je souffle.
- Je sais. C'est toujours comme ça, de toute façon.

Je lève les yeux vers le bouclé, regarde les muscles de son dos s'activer à travers le fin tissu blanc.

D'un seul coup, il enlève son t-shirt et je pourrais m'étouffer. Harry se tourne vers moi.

- Excuse-moi, je dors torse nu d'habitude. Je peux le remettre si tu veux.
- Non, t'en fais pas. Ce n'est qu'un torse, et je l'ai déjà vu en plus.

Je remercie mentalement la pièce d'être majoritairement plongée dans l'obscurité, car à cet instant précis, je dois être écarlate. C'est véritablement la première fois que je m'autorise à laisser traîner mon regard sur son corps : ses muscles définis par cette peau bronzée, couverture de tatouages à certains endroits. C'est comme une histoire sur son corps.

J'ai déjà vu sa peau ainsi oui, parfois même luisante suite au sport, et j'ai déjà ressenti cette gêne mentale et même physique - mais le contexte de ce soir est différent. Nous sommes dans une chambre, seuls, dans l'obscurité - mon cerveau beigne probablement dans du bon whisky et c'est le bordel là-haut.

Je me reconcentre sur le sujet précédent.

- Ce qui m'énerve encore plus je crois, c'est que j'ai été mauvais, et que Xander a été excellent.
- Tu as vraiment un problème avec lui, rigole t-il.
- Il faut bien un méchant dans l'histoire, je souris. Vraiment, j'essaie de chercher mais... Je ne sais pas comment tu as pu tomber amoureux de lui.

Harry cesse tous mouvements, et même si je suis face à son dos, lui-même à plusieurs mètres : j'imagine que son visage s'est arrêté aussi.

- Je ne l'aimais pas, dit-il finalement.

Il se tourne vers moi.

- Je ne l'aimais définitivement pas.
- Comment tu le sais ?

Je le vois baisser les yeux, et réfléchir. Il fait quelques pas jusqu'à venir s'asseoir à côté de moi dans le lit. Celui-ci est gigantesque - dormir à deux sans avoir un seul contact de la nuit est très facile.

Mes yeux restent ancrés dans les siens alors qu'il est assis là - ou plutôt que je suis assis , dans cet endroit représentant son intimité la plus totale.

Harry s'allonge délicatement sur le flan, afin de me faire face, et je finis par faire de même. Il y a malgré tout une bonne distance entre nous, et même si la lumière est éteinte, la lumière nocturne par la baie vitrée nous permet de nous voir sans difficulté.

- Je le sais juste. Je ne peux pas dire que je n'en ai rien à faire de lui - mais je ne l'ai jamais aimé. Il y a mille et une raisons, mille et une façons d'être avec quelqu'un. Mais pour cette relation, la raison n'était pas l'amour.

Quel étrange sentiment cela semble être. Intriguant, cependant.

- Ça me rassure, je parle doucement. Il fait partie de ces gens difficiles à aimer.
- Je ne sais pas s'il existe véritablement de gens difficiles à aimer. Parfois, on tombe amoureux des gens qui ne le méritent pas. Peu importe à quel point ils sont difficiles, douloureux ou marqués, ça arrive.

Silencieux, je continue à le fixer dans les yeux. De par la lumière grise, ceux-ci semblent prendre la même teinte terne. Cela ne change rien à leur empreinte, à leur éclat.

- Je n'ai jamais été amoureux, dit Harry. Ou du moins je ne crois pas. Ça m'a l'air difficile, d'aimer quelqu'un, et ce n'est vraiment pas pour moi.
- Pourtant tu en parles avec de la nostalgie dans la voix.
- Non, dit-il. Non. Je suppose juste que c'est comme ça que les choses se passent.
- Moi aussi. Enfin, moi non plus. Je n'ai jamais été amoureux.
- Judith ? S'étonne t-il.

Oh. Oui. Je quitte tellement mon rôle que j'en oublie ces détails.

- Comme tu l'as dit... ce n'était pas le genre de relation avec de l'amour, j'explique.

Et c'est vrai.

Un petit sourire en coin dessine les lèvres d'Harry. Mon sourire s'élargit, jusqu'à provoquer un rire cristallin.

- Je n'arrive pas à croire que je suis dans le lit d'Harry Styles, je rigole.
- Ça n'a rien d'exceptionnel, rigole t-il en retour.
- Oh, pardon Don juan.
- Non, bien-sûr que non. Ne pense pas que n'importe qui dort avec moi non plus.

Et aussi stupide cela soit-il, cela me rassure.

Le silence qui suit n'est aucunement pesant, ni gênant : il flotte dans l'air, dans cette bulle étrange créée. Comme si les planètes étaient alignées, quelque chose de ce style.

J'hésite, longuement. Mais l'alcool et l'obscurité aidant, ma main se lève finalement pour venir se poser, délicate, sur sa cage thoracique, au dessus de son pectoral gauche. Sa peau est chaude, douce, lisse - je sais qu'il a des tatouages, mais je ne les regarde pas. Je le regarde lui, ses yeux, son histoire.

Aucun de nous deux ne parle. Je sens simplement son coeur battre sous sa peau, à un rythme très posé. Le mien pourrait sortir de mon torse aussi, mais je gère.

Nous restons ainsi un long instant - et Harry s'endort sans pouvoir lutter. Il affiche une mine paisible, plongé dans un profond sommeil, et je souris.

Mon coeur se calme et bat à un rythme que je n'avais plus connu depuis si longtemps. Sans stress, sans appréhension.

Oui, à cet instant précis, je suis exactement là où je devrais être.

Sans même remarquer que mon téléphone vibre sur la table de chevet, avec trois appels manqués de Mike.


× × ×

PARTIE 3 : Mon histoire

MIKE


- C'était une bonne soirée, je dis lentement.

Je n'aurais pas cru autant apprécier l'idée de Judith, mais ça a été le cas.

Après le départ de Louis, nous avons continués à jouer, augmentant de plus en plus le taux d'alcool dans le sang de chacun. Petit à petit, la table s'est vidée ; chacun est parti se coucher et nous avons continués à jouer.

Et nous voici, les résistants du jeu : Niall, et moi.

- Oui, répond le blond. C'était sympa.
- Tu n'as pas beaucoup parlé.
- J'ai beaucoup fait de chiffres pairs.

J'acquiesce, et un silence retombe. Niall fixe son verre à moitié vide et d'une traite, le termine.

Ainsi, nous avons tous fini les bouteilles ce soir. Et définitivement, vu le brouillard dans mon esprit, heureusement que c'est samedi soir.

- Je n'ai pas énormément de choses à dire sur ma vie. Vous avez tous des grosses histoires lourdes, qui en amènent d'autres - et c'est super intéressant, bien-sûr, mais je n'ai pas tout ça. Je suis banal, outre ce que je vous ai dit, j'ai eu une vie banal jusque là.
- Nos vies tournent tous autour d'une sorte de drame qui a enchainé plein de choses négatives. On n'a pas à s'en vanter, et on ne le fait pas. Ce soir, c'était parfait pour vider nos sacs, s'aider mutuellement. Il n'y a pas d'histoire moins intéressante qu'une autre,
- Tu es tellement plus intéressant quand tu es bourré, s'amuse t-il.

Je ne peux m'empêcher de rire et c'est probablement la première fois que nous rigolons tous les deux, sincèrement.

- Ce n'est pas une chose négative, je reprends. De ne pas avoir une grosse histoire, et surtout pas de se comparer aux autres. On a tous une histoire, peu importe ce qui la constitue.
- Je n'en ai pas vraiment, justement.

Niall prend le dé et commence à le faire jongler dans sa main. Je crois qu'il va le lancer, mais il reproduit le mouvement pendant une bonne minute. Tout en fixant son verre, je devine qu'il réfléchit ; hésite, même.

Il finit par poser le dé sur la table, montrant alors un cinq - chiffre impair. Après un petit silence, il parle :

- Mon histoire, je ne la connais pas vraiment. L'enfance difficile dont je vous ai parlé, c'est parce que je suis orphelin. Andrea le sait évidemment - j'ai essayé de retrouver mes parents, en retournant en Irlande la première fois.

Je l'écoute attentivement, sans intervenir, ni même bouger. Mon esprit est un peu flou, mais je sens bien que pour le blond, se livrer est compliqué. Cela nous fait un point commun supplémentaire. Alors, je l'écoute.

- Je ne les ai jamais retrouvés, c'est un peu compliqué de rechercher quelque chose de si important sans avoir aucune piste, dans un pays totalement différent. C'est pour ça que mon enfance a été compliquée. Se trouver en tant qu'enfant, se construire en tant qu'adolescent et jeune adulte, quand on ne sait pas pourquoi on est comme ça, à qui on ressemble, pourquoi ces gens ont préférés abandonner. À un moment de ma vie, j'ai commencé à me faire plein de films, sur qui ils étaient. J'en suis venu à la conclusion qu'ils étaient soit trop jeunes pour avoir un enfant, soit trop instables. Peut-être des toxicos, quelque chose comme ça.
- C'est pour ça que tu travailles dans les stups ?

Il hausse les épaules.

- Je ne crois pas, mais qui sait. Peut-être que mon inconscient m'a mené là, oui.
- Tout le monde n'est pas fait pour avoir des enfants tu sais, je reprends. Je ne suis pas sûr que je mérite énormément d'en avoir eu moi-même.
- Tu n'es pas un mauvais père. Tu as des circonstances atténuantes aussi, et de toute manière, il n'est jamais trop tard. Ils en ont sûrement aussi, je suppose. Mais le soucis c'est que justement, je ne sais pas.

Ne pas savoir.

C'est probablement le pire sentiment qui puisse exister.

Ne pas savoir s'il faut continuer, ne pas savoir s'il faut abandonner - ne pas savoir pourquoi, ne pas savoir qui, ne pas savoir comment.

- J'ai juste abandonné l'idée de les retrouver maintenant. Et ce n'est pas plus mal. J'ai trop peur d'être déçu en les rencontrant.
- Je ne suis pas d'accord.

Le blond relève les yeux vers moi, un sourcil arqué ; étonné par ma réponse presque déplacé.

- Je comprends que tu ne veuilles pas les retrouver - et je n'ai pas à juger cela de toute manière, je m'explique. Mais ne les imagine pas comme des tyrans. Ça t'a probablement fait souffrir la majorité de ta vie, de ne pas savoir. Et même si c'est insoutenable parce qu'on se fait des idées souvent les plus sombres, il faut essayer d'en tirer le meilleur. Si tu ne sais pas, si tu n'as absolument aucun indice, ne te tourne pas vers la version glauque d'eux qui puisse exister. Dis-toi qu'ils n'étaient pas jeunes, pauvres ou drogués - dis-toi qu'ils faisaient partie de la bourgeoisie irlandaise, que ta mère en faisait partie du moins. Que ton père lui était précaire oui, et que leur idylle n'aurait jamais été approuvée par tes grands-parents. Qu'ils se sont aimés malgré tout, qu'ils ont eu un enfant mais ont été obligés de s'en séparer. Peut-être même qu'ils te recherchent eux aussi, qu'ils t'attendent.

Niall me regarde avec de grands yeux. Il y a un mélange d'étonnement, sûrement un peu de tristesse aussi.

- Je crois que c'est possible que quelqu'un nous attend quelque part, j'ajoute.

Puis je marque une brève pause, avant de conclure :

- C'est ça ton histoire. Celle que tu choisis.

En terminant mon discours, je me rends compte que oui, il a sûrement raison. Je suis bien plus intéressant - bien plus délivré, une fois bourré.

Cela ne change en rien la sincérité de mes mots cependant. Je ne suis pas la personne qui a le plus d'impact dans sa vie - probablement celle qui en a le moins, en réalité. Mais ça ne change rien.

Nous restons là un instant, sans dire quoi que ce soit de plus. Un film entier passe dans le regard de l'irlandais, et je le laisse simplement faire.

- J'espère que les choses fonctionneront entre Andrea et toi, il parle finalement.
- Je l'espère sincèrement.
- Si elle doit être heureuse à nouveau avec un homme, j'espère que ce sera avec toi.

Je souris et me contente d'hocher la tête. Nous ne savons pas de quoi demain sera fait, mais nous savons au moins que si tout va bien, il y en aura un. Et même si notre situation est délicate, même si nous nous enfonçons dans quelque chose de risqué et d'inédit : nous le faisons.

- Merci, je réponds en me levant. Je vais aller enlever ce costard, et me coucher auprès de la femme qui m'attend quelque part.

Je ne lui dis pas pour lui procurer une quelconque jalousie ; j'ai l'impression qu'il n'y a pas de ça entre nous.

Je le dis simplement parce que je le pense. Parce que je pense que c'est elle, cette personne qui actuellement m'attend dans le monde. Parce que nous sommes humains, parce que nous sommes en vie, parce qu'il y aura un demain et un après.

Et ce déclic est définitivement dû à l'alcool dans mon sang - mais ce n'est pas grave. C'est le résultat qui compte.

- Tu as raison, sourit Niall. Bonne nuit Mike.

Je m'apprête à lui répondre, à aller me coucher auprès d'Andrea et à passer une bonne nuit de sommeil, mais je suis interrompu.

Cela toque à la porte et nous nous regardons, interrogateurs. Puis cela frappe plus fort - beaucoup trop fort pour que ce soit Louis. Nos instincts d'enquêteur surgissent et en même temps, nous sautons pour nous mettre au sol à plat ventre.

- Qu'est-ce que c'est ? Je parle tout bas.
- J'en ai aucune idée, souffle Niall. Tu as ton arme ?
- À l'étage. Toi ?
- Pareil, souffle le blond.

De la cuisine, nous n'avons aucun vis à vis vers la porte d'entrée et les fenêtres du salon. Discrètement, en nous cachant derrière les meubles, nous parvenons à nous glisser près de celle-ci.

Je perds l'équilibre une ou deux fois. Niall est bien plus sobre que moi alors arrive plus facilement à côté de la porte.

- Mike, dépêche toi, me presse t-il en chuchotant.
- Je fais ce que je peux avec les grammes que j'ai !

Je finis par m'accroupir sous une fenêtre du salon et discrètement, je regarde.

- Tu vois quelque chose ? Me demande t-il. Parce que je ne vois rien à la porte.
- Il y a un garçon...
- Louis ? Parle justement celui-ci. Louis, tu es là ?

Je le regarde à travers la fenêtre, mais je ne vois que son dos. Il se tourne vers la fenêtre et s'approche : je m'aplatis au sol pour être sûr de ne pas être repéré.

- Oh, je grimace. Ça tourne quand je suis allongé...
- C'est pas le moment de vomir, souffle le blond. Mets toi sur le dos, observe le.

Difficilement, je me tourne de la sorte pour essayer d'observer la personne. L'adolescent appuie ses mains sur la vitre, afin de mieux voir à l'intérieur. Je rentre le ventre comme si cela changeait quelque chose, me cachait davantage.

Heureusement, il finit par repartir à la porte et je peux me redresser.

- Louis ? Parle l'inconnu. Je t'ai vu sortir toute à l'heure, pendant que je faisais mon jogging - et il est tard, je vois qu'il y a de la lumière. J'aimerais te parler.

Niall me regarde confus et je plisse les yeux pour essayer de mieux voir.

- C'est Xander ! Je souffle. Son équipier, Xander. Je le reconnais.
- Mais qu'est-ce qu'il fait là putain ? Soupire le blond.
- Louis je sais que tu habites là, je t'ai vu sortir pour prendre l'air toute à l'heure. Je vois bien qu'il y a de la lumière et j'entends du mouvement. Louis ?

Il tape encore plus fort sur la porte et je grimace à l'écho douloureux que cela fait dans mon crâne.

- S'il sait où on habite, ça va craindre, m'informe Niall. Il pourrait nous surveiller ou je ne sais quoi.
- Je sais, je sais !
- Et puis qu'est-ce qu'il fout Louis ? Il dort là-bas ?
- Je n'en sais rien, ils grandissent vite tu sais, il est majeur et a décidé d'aller dormir ailleurs !

Je rampe jusqu'au derrière du canapé et sors mon téléphone portable. J'essaie d'appeler le garçon, en vain.

- Ce n'est pas fermé à clé ! Me dit Niall. Envoie les clés, Mike !
- Je ne les ai pas ! Allez Louis, répond, répond...

Je tombe sur la messagerie. Je réessaie, mais le résultat est le même. Des dizaines de jurons défilent dans ma tête.

- Il ne répond pas, je souffle.
- Harcèle jusqu'à ce qu'il décroche !
- C'est ce que je compte faire oui, merci pour ta perspicacité d'homme sobre.

Je réessaie une troisième fois mais encore, c'est un échec. Xander tape de nouveau sur la porte et cette fois, enclenche la poignée. La porte commence à s'ouvrir et Niall se jette contre celle-ci pour la claquer et la maintenir fermée.

- Il y a quelqu'un ? Demande Xander. Je sais que tu es là Louis. C'est important, ouvre moi.
- Il me faut impérativement les clés, reprend le blond. Il sait qu'il y a quelqu'un derrière la porte là, et si je ne ferme pas, il est capable d'entrer.
- Qui fait ça dans la vie ?! On est en pleine nuit et il ne connaît pas l'endroit !
- Ce n'est pas le moment de débattre Mike - les clés !

Je rampe rapidement jusqu'à la cuisine, où j'attrape les clés sur le plan de travail. Je les lance au blond et reprends mon téléphone pour rappeler Louis.

Quatre, cinq, six appels qui terminent sur messagerie. Je lui laisse des messages au cas où, mais j'ai conscience que cela ne change rien. Tant qu'il ne verra pas, il ne répondra pas.

- Il dort peut-être, je soupire.
- Ce n'est pas le moment de dormir.
- C'est la nuit alors théoriquement, si.
- Mike ! On a un gamin trop curieux qui essaie d'entrer dans la maison, c'est assez illégal et ça peut tout mettre en péril, alors non, Louis dormira à un autre moment.
- Ne me crie pas dessus, à tout moment je vomis.

Ma tête tourne légèrement alors je m'assois derrière le dossier du canapé, tout en continuant de téléphoner à l'adolescent. Niall me rejoint et s'assoit à mes côtés. Il garde un oeil sur la porte,

- Louis, mec, il soupire. Je suis sûr que tu es derrière cette porte, et je comprends que tu ne veuilles pas m'ouvrir, mais j'ai quelques trucs à te dire. Je trouve ça bizarre qu'il y ait de la lumière et des bruits et que personne ne vienne m'ouvrir.
- Il est un peu con, je dis.
- Mike, tu es bourré.
- Même sobre j'aurais probablement pensé ça.

Niall lève les yeux au ciel et continue à observer, tandis que j'harcèle le châtain d'appels. Au bout d'un énième, il décroche, et chuchote :

- Allo ?
- Louis ! Je crie presque. Xander est devant, il essaie de rentrer et veut absolument te voir.
- Quoi ?!
- Il est là, il a essayé d'entrer. Niall et moi essayons de l'empêcher, mais il est déterminé. On essaie de ne pas se faire repérer, parce qu'il sait totalement qui je suis. C'est vraiment la merde Louis -

L'appel se coupe et Niall me lance un regard noir. Je lève les yeux vers lui :

- Mon téléphone n'a plus de batterie.
- Oh bon sang ! Soupire t-il.

Tous les deux dépités, nous tournons la tête vers la porte qui continue d'être martelée.

Ce n'était pas du tout dans le plan, ça.






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Réagissez avec #BornTDieFic
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Bonjour ! J'espère que vous allez bien ?

Je sais que cela faisait longtemps que je n'avais pas publié. Pourtant, le chapitre était prêt. La mise en page d'un seul chapitre me prend vraiment longtemps alors j'ai tendance à me décourager.
Merci énormément de rester et d'attendre les chapitres malgré ça.

Beaucoup de choses dans ce chapitre : l'équipe se rapproche encore plus, et l'amitié Mike/Niall se dévoile.
Harry et Louis se découvrent encore, farouches mais mourant d'envie de tenter.
Et puis, Xander...

Merci encore ❤️

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