CHAPITRE 2
///
Réagissez avec #BornTDieFic
///
PARTIE 1 : La nouvelle
LOUIS
Je ne suis pas réellement quelqu'un de matinal. C'est un peu toujours compliqué pour moi de me réveiller tôt, surtout pour aller au lycée.
Mais j'ai la chance d'avoir un meilleur ami qui est pareil ; ce qui fait que souvent, au moment où je sors de ma maison, il ne nous reste que cinq minutes pour être devant la classe, et nous avons un timing parfait parce que Zayn débarque en voiture, ralentit sans s'arrêter, ouvre la portière, et je cours m'installer avant qu'il n'accélère en direction du lycée.
Mais, ce matin, je suis réveillé à l'heure. J'ai eu du mal à trouver le sommeil, à force de trop penser, et une fois fait, j'ai fini par me réveiller plusieurs fois dans la nuit jusqu'à ne pas me rendormir. Alors, ce matin, lorsque je descends dans la cuisine, je suis bien prêt car j'ai eu le temps de bien me préparer.
Comme d'habitude, je trouve un mot sur la table.
1h50 : Petite journée aujourd'hui, je rentre vers 8h15.
On ne se croisera pas avant que tu ailles en cours.
Si je dors encore quand tu rentres ce soir, viens me réveiller.
À ce soir Louis
Dan
Je souris un peu, puis regarde l'heure sur l'horloge avant de prendre le stylo posé à côté de la feuille pour répondre.
7h47 : En effet, là je pars en cours.
Je te réveille en rentrant. Bisous
Dan n'est pas réellement mon père. En fait, c'est théoriquement mon beau-père. Mon père biologique nous a abandonnés ma mère et moi alors que je n'avais que quelques jours. Dan est arrivé dans la vie de ma mère il y a six ans seulement, mais ils se sont mariés il y a quatre ans et ils s'aimaient. Dan m'a reconnu aux yeux de la loi, et même si je ne porte pas son nom et ne partage pas ses gênes, il est ma figure paternelle.
Depuis le décès de ma mère, il y a deux ans à cause d'une leucémie, Dan se démène pour moi. Il oscille entre deux travails pour pouvoir continuer à payer la maison. J'ai proposé qu'on déménage, mais pour moi, pour les souvenirs que j'attache à cet endroit, il refuse. Il est d'une profonde gentillesse, même si je sais et sens que la disparition de ma mère lui a laissé un trou au coeur, que jamais personne ne pourra boucher. Ils devaient être des âmes-soeurs ou quelque chose comme ça.
Ce train de vie épuisant que mène Dan, cela nous conduit donc à ça : peu se voir, et donc communiquer par petits mots que l'on commence toujours par l'heure à laquelle on l'écrit. Lorsqu'il n'y a plus de place sur la feuille, on la range dans une boîte spéciale, parce qu'on les garde, ces petits mots.
Beaucoup de jeunes de mon âge se plaignent de ne pas beaucoup voir leur unique tuteur, mais moi je comprends les raisons et les acceptent. Alors je ne sais pas si cela fait d'eux des égoïstes ou de moi une personne trop gentille, mais en tout cas c'est ainsi.
Je regarde à nouveau l'horloge, qui indique presque 8 heures moins dix. Zayn ne va pas tarder, autant que je sois devant ma maison, pour une fois.
Je vais jusqu'à ma porte d'entrée et l'ouvre. Il pleut, beaucoup. Le sol est trempé. Et la veste en jean rembourré que je porte aujourd'hui n'a pas de capuche.
Je soupire, puis sors. Ça va aller, je peux survivre à un peu de pluie, Zayn sera là d'ici quelques minutes tout au plus de toute manière.
× × ×
Je crois que cette journée va clairement être pourrie. En tout cas, marcher vingt minutes sous une pluie battante pour venir au lycée, ça annonce une journée qui n'a rien de super. C'est ce que je ressens.
Dès que je vois Zayn, je lui fais la peau. J'ai bien hâte d'entendre son excuse sur pourquoi il m'a laissé en plan ce matin, et aussi pourquoi son téléphone est sur messagerie. Il doit être rentré trop tard hier soir et a peut-être eu trop de mal à se réveiller. En tout cas, je lui en veux de ne pas m'avoir prévenu. Si j'avais su un peu avant, je serais venu en bus !
Je soupire en avançant dans les couloirs du lycée. Je sens des regards sur moi, beaucoup trop ; et d'ailleurs, ce n'est pas qu'une sensation, car lorsque je relève les yeux, je vois la majorité des étudiants en train de me dévisager, avant de s'écarter pour me laisser passer.
Je fronce un peu les sourcils en continuant à avancer, tout en détaillant certains visages. Il y a aussi des messes basses. Quelque chose m'échappe.
- Quoi ?
Je demande, pas à une personne en particulier, mais à toutes celles qui sont arrêtées avec leur regard sur moi. Je m'arrête pour me retourner.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi vous me regardez tous comme ça ?
J'essaie de réfléchir à une raison, quelque chose que j'aurais fait, mais je ne trouve pas, parce qu'il n'y a rien à trouver. Et c'en est presque angoissant, en fait.
- Si c'est juste parce que je suis trempé, je me suis simplement pris la pluie sur la gueule. J'ai loupé le bus, et Zayn n'est pas venu me chercher, il n'y a pas de quoi me suivre du regard comme ça.
Les messes basses reprennent aussitôt, et je discerne maintenant de la pitié dans les yeux de tous les lycéens.
Oui, je suis trempé, oui je suis ridicule, et oui je fais floc floc quand je marche, mais il y a presque une tempête dehors, la raison de mon état actuel n'est pas difficile à trouver et en plus je viens de leur expliquer. Et habituellement, je passe inaperçu dans ce lycée, le fait que je sois trempé de la tête aux pieds ne me rend pas intéressant aux yeux de tous.
Ce n'est pas ça. Il y a quelque chose qui cloche.
- Quoi ? Je dis. Mais putain, quoi à la fin ? Je m'énerve.
Par derrière, une main attrape mon poignet et me tire. Je me retourne, prêt à crier sur un Zayn probablement encore un peu alcoolisé, mais je me rends compte que c'est Nick. Et à ce moment-là, je ne comprends vraiment plus rien. J'ai l'impression d'être tombé dans une sorte de monde parallèle.
- Qu'est-ce que tu fous ? Je dis en dégageant mon poignet.
Il se retourne vers moi et regarde un peu partout autour de nous, les gens qui regardent. C'est comme s'il ne veut pas qu'ils entendent. Mais entendre quoi à la fin, bordel ?
- Je ne pensais pas que tu viendrais, dit-il.
- Que je viendrais où ? Aujourd'hui, au lycée ? Pourquoi je ne viendrais pas, je rétorque, les sourcils froncés.
C'est au tour de Nick de froncer les sourcils. Il s'attendait visiblement à une autre réponse de ma part. C'est à ce moment-là que je remarque qu'il a les yeux rouges.
- Tu - attends, tu pleurs ? Je m'approche pour être sûr. Il me pousse.
- Tu n'es pas au courant ?
Répondre à une question par une autre est une esquive tout à fait commune, et en temps normal, j'insisterai pour savoir pourquoi Nick Grimshaw a les yeux larmoyants au lycée, mais là, je ne le fais pas. Simplement parce que la question qu'il vient de me poser a fait allourdir mon coeur.
"Tu n'es pas au courant ?" Mon dieu, ce n'est jamais bon ça.
Je me sens pâlir. Où est Zayn ?
- Au courant de quoi ? Je trouve finalement le courage de demander. Au courant de quoi putain ? Je demande à nouveau à Nick, paniqué.
Il se pince les lèvres avant de regarder autour de nous les nombreuses paires d'yeux. J'ai l'impression d'être au centre d'un spectacle, et c'est très déstabilisant, parce que je ne ressens pas l'émerveillement qu'un spectacle est sensé procurer.
Finalement, Nick me regarde. Il soupire. Putain, Nick, accouche, dis moi, je répète dans ma tête. Mais lorsqu'il ouvre finalement la bouche, et me dit, j'aurais préféré ne jamais entendre ces mots.
- Dans la nuit... Le corps de Zayn a été retrouvé dans sa voiture. Dans une petite ruelle, pas loin du Heaven. Il aurait... été assassiné.
J'ai l'impression qu'on me poignarde en plein coeur. Ma bouche s'entrouve et les larmes montent alors que mon souffle me quitte.
- Non, dis-je. Non, c'est impossible.
J'ai envie de vomir. Je crois que je vais vomir. Oh mon dieu. Ça ne peut pas être vrai. Non, non, non. NON ! C'est un cauchemar. C'est un cauchemar vraiment atroce, et je vais me réveiller.
- Je suis désolé Louis, reprend Nick. Je suis vraiment, sincèrement désolé.
Je le regarde dans les yeux avec toute la colère du monde. Et je crache mes prochaines paroles :
- Tu es désolé ? Tu es... Désolé ? Tu vas faire comme toutes ces personnes, tu vas faire semblant de t'intéresser à lui maintenant qu'il est m-
Je n'arrive pas à dire le mot. Je n'arrive pas. Mes entrailles se tordent et je me mets à tousser un peu, avant de commencer à véritablement pleurer. Je ne vois plus rien, je ferme les yeux, et je tombe assis sur le sol. Je pleurs.
J'ai l'impression que le monde s'écroule sous mes pieds. Mon meilleur ami. Mon meilleur ami depuis toujours. Le seul. Mon.. Meilleur ami...
- Louis... Viens, lève-toi.
Nick m'attrape au niveau des bras et essaie de m'aider, mais je me lève en me dégageant de son emprise. Je suis en colère, je suis anéanti, je ne crois pas à ce que je suis en train de vivre. Ça ne peut pas être réel. Ça ne peut pas. Et pourtant... Pourtant ça l'est...
- Lâche-moi, je crie.
Nick se recule un peu. Je ne suis pas énervé contre lui, ou peut-être que si, en fait. Je suis juste énervé contre la terre entière, contre la population et les gens qui passent une bonne journée actuellement.
Je regarde un peu autour de moi. Il y a toujours ces nombreux regards, définitivement plein de pitié.
Je quitte l'établissement en courant.
× × ×
- Papa...
Je renifle en m'enfoncant dans la chambre plongée dans le noir après avoir poussé la porte. J'avance jusqu'au lit, un peu à l'aveugle. Lorsque mes genoux rencontrent le matelas, je comprends que c'est bon, et je vais à quatre pattes jusque près de Dan.
- Papa...
Je dis à nouveau, les yeux trempés et le nez coulant. Je n'en peux plus. Je pleurs depuis le lycée, et j'ai pleuré sur le chemin jusqu'ici, notre maison, alors que je courais pourtant. J'ai l'impression de me vider de toute l'eau présente dans mon corps.
- Hm, réagit un peu Dan.
Puis il sent que je suis juste à côté, sur mon flanc, face à lui, recroquevillé sur moi-même.
- Louis ? Il pose sa main sur mon épaule et se redresse d'un coup. Louis, ça va?
J'éclate en sanglots.
- Il est... Il est...
- Louis, qu'est-ce qu'il se passe ?
Je m'approche un peu de lui. Je cherche du soutien, du réconfort. Je n'ai jamais été très câlin, mais dans cette chambre sombre, vivant cette atroce journée, j'en ai définitivement besoin. Dan semble le comprendre et me prend dans ses bras.
- Louis, reprend-il plus doucement même s'il est clairement inquiet, qu'est-ce qu'il se passe ?
Mes mains sont sur son dos, et elles se ferment en serrant très fort son t-shirt alors que d'énièmes chaudes larmes quittent mes yeux pour dévaler mes joues.
- Zayn...
- Quoi Zayn ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Il est...
Je regroupe toute la force qui me reste pour dire ces quelques mots. Des mots simples dans un autre contexte, qu'on utilise plutôt régulièrement sans leur trouver un poids. Le jour de la mort de ma mère, j'ai compris qu'ils étaient lourds, puis je l'ai de nouveau oublié, et aujourd'hui, à nouveau, je comprends que leur charge est insoutenable.
- Il est mort.
*
PARTIE 2 : L'autopsie
MIKE
La brise matinale fouette mes pomettes et me force même à ranger mes mains dans mes poches de costume. J'ai dû attraper des dizaines de rhumes ici, et pourtant je continue à y venir.
Il est tôt, très tôt. Évidemment je suis seul. De base, l'endroit n'est pas très fréquenté, mais alors aux heures où j'y suis le plus - à savoir tard le soir, ou très tôt le matin - même si ça se rejoint un peu -, c'est complètement désert.
Silencieux. Et à la fois, tellement criard.
Je reste ainsi, statique, debout, les mains dans les poches de mon bas de costume bien coupé. Je ne parle pas, je laisse mon esprit faire ce travail. Les souvenirs défilent, les souvenirs qui s'arrêtent toujours au même point, qui ne seront plus jamais alimentés.
En général, je reste une bonne demi-heure, concentré à regarder ce marbre taillé, orné de gravures dorées, qui vieillit chaque jour. Et parfois, il m'arrive d'y poser ma main avant de partir. Aujourd'hui est une de ces fois. Le contact est glacial, me donne des frissons, me rappelle la situation.
Je lis l'écriteau, pour la millième fois. Et ainsi je peux partir au boulot, car je sais pourquoi je m'y rends.
Ici repose Abigail Carter,
Épouse et mère bien-aimée
21/03/1979 - 21/12/2006
× × ×
- Tu as une tête d'enterrement.
Je regarde Andrea et roule des yeux.
- Super, l'accueil du matin. On est passés au tutoiement maintenant ? Je rétorque.
- J'ai pensé que vu la réplique, c'était mieux de l'utiliser.
Je vais m'installer sur mon siège, pose les deux cafés sur mon bureau et commence à regarder les quelques dossiers qu'on a installé dessus pendant la nuit.
- Merci Andrea, je vais juste me contenter d'ignorer ton compliment très flatteur, je rétorque en lui souriant faussement et en lui tendant son café.
- Merci. Non, mais sérieusement. Tu vas bien ?
Je soupire et lève les yeux vers elle, prêt à répondre sur la défensive. On ne s'entend pas mal, mais on se taquine beaucoup, et parfois je ne suis pas sûr que ça soit pour rire. Tout comme là. J'ai l'impression qu'elle se moque de moi, qu'elle me demande si je vais bien par courtoisie plus que par intérêt ; mais en relevant les yeux pour les plonger dans les siens, je constate qu'elle a vraiment un air concerné. J'hausse les épaules et baisse les yeux sur les dossiers.
- Ça va, je mens. C'est juste deux trois trucs, et aussi ma fille. Elle est au même lycée que ce gosse, Zayn Malik. Elle ne le connaissait pas trop mais apparemment c'était un mec souriant, cool, qui cherchait jamais la bagarre. J'ai juste du mal à comprendre comment un adolescent comme ça peut finir égorgé dans une ruelle.
Mon dos vient se coller au dossier de ma chaise alors que je souffle. Je ne comprends vraiment pas.
- Tu prends trop à cœur cette affaire, rétorque Andrea en s'installant en face de moi.
- Je prends mon travail à cœur.
- Bien-sûr, et c'est génial. Mais tu te poses trop de questions sur le côté personnel de Malik. Tu dois t'imaginer que ça pourrait être ta fille et ça te touche totalement. Peut-être trop. Tu es sûr de vouloir enquêter sur cette affaire ?
Je fronce les sourcils en la regardant. Encore une fois, je comprends qu'elle dit ça pour moi. Mais je secoue la tête et décline.
- Oui, je veux enquêter sur cette affaire, j'insiste. C'est un cas intriguant, et je veux qu'on aille jusqu'au bout.
Andrea se contente d'acquiescer. Elle ne parle pas pendant quelques instants, tandis que le poste s'agite pour je ne sais quelle raison - sûrement une opération lancée pour une équipe - et que je continue à feuilleter les dossiers. Ce ne sont que des petits cas ; vol à l'étalage, état d'ivresse sur la voie publique, consommation d'alcool sous l'âge légal. Vraiment rien d'intéressant, juste des petites affaires qui n'auront aucune suite.
Je lève les yeux vers elle.
- Du nouveau sur l'affaire Malik ? On a les résultats de l'analyse du téléphone ?
- Oui, et non. Les analyses de son téléphone mettent du temps, j'ai essayé d'appeler ce matin mais on est sur la liste comme tout le monde alors ça prend du temps. Ils nous appelleront juste quand ça sera fini. Par contre, j'attendais que tu finisses de regarder ta paperasse pour te dire que pour l'autopsie, c'est bon. Henry l'a effectué et nous attend à la morgue. Il a des choses à nous dire.
Je n'attends pas une seule seconde et me lève, prenant ma veste pour l'enfiler.
- Alors on y va, j'indique.
Et on s'exécute.
× × ×
Comme prévu, nous nous rendons à la morgue. Elle est juste au coin de la rue, en dessous du laboratoire de la police. C'est assez pratique pour notre poste, qui est bien situé pour cela. Pour les autres, comme les stups par exemple, c'est plus compliqué. Mais en même temps ils font moins d'aller et retour à la morgue que nous, chargé de la brigade criminelle.
Andrea et moi entrons dans la pièce où Henry exerce. La morgue typique, comme on voit dans les séries policières. C'est assez réaliste sur ce point (honnêtement, c'est réaliste presque uniquement sur ce point-là).
- Bonjour Henry, j'engage poliment. Comment ça va aujourd'hui ?
- Oh Carter je t'en prie je viens de recoudre le torse d'un gamin en Y, on ne va pas s'échanger des banalités comme si nous étions amis et allions au brunch tous les dimanches.
Je me pince les lèvres en hochant la tête alors qu'Andrea demeure silencieuse, un peu mal à l'aise. Ah, Henry et sa franchise un peu glaçante parfois... Qu'Andrea a encore du mal à saisir. Elle est encore considérée comme nouvelle, de toute manière. Même moi, son coéquipier, a du mal à la cerner.
- Qu'est-ce que tu as pour moi alors ? Je reprends.
- Voilà, là on va droit au but, j'aime, rétorque le médecin légiste. Alors, les analyses de la voiture ont rien donnés. Pas de fibres. Alors j'ai effectué l'autopsie de Malik pour essayer de trouver le maximum d'éléments.
- Et donc ?
- Rien ne cloche dans ses organes. Le contenu de son estomac est absolument basique, steak frites, sûrement ce qu'il a mangé au bar où il a passé la soirée. Pas mal de bières dans son estomac aussi, même s'il n'avait que 18 ans et donc était mineur. Mais rien qui cloche. Pas de drogues, d'anesthésiant, n'importe quoi qui aurait pu donner une piste. Sur ce côté tout clean.
- Mais alors de quel côté tout n'est pas clean ? Demande Andrea.
- Eh bien... Par là.
Henry se décale d'un pas vers le bar du corps du jeune homme et montre avec sa main son entrejambe.
- De l'autre côté, en vérité. J'ai effectué un toucher rectal, pris des échantillons et analysé. Il y a des traces de sperme dans l'anus de ce jeune homme.
Je fronce un peu les sourcils et croise les bras sur mon torse.
- Alors ça serait aussi un viol ?
- Non, je n'ai retrouvé aucune trace de lutte, me corrige Henry. Même les bleus autour de ses poignets ne correspondent pas à ça. L'orifice va parfaitement bien. Cela semble avoir été un rapport sexuel totalement consenti.
- Peut-être un crime passionnel alors ? S'enquit Andrea. Zayn avait un petit-ami, ils ont couchés ensemble une dernière fois, dans la fougue, et puis il a voulu le quitter et ça a mal tourné ?
Je ne suis pas convaincu par l'hypothèse d'Andrea. Je me penche un peu sur le corps pâle de l'adolescent et le regarde, les sourcils un peu froncés.
- Je ne pense pas que ce soit un crime passionnel, je dis sincèrement. Il est mort parce que sa gorge a été tranchée. Ça n'a rien de passionnel. Ne pas voir la victime dans les yeux, juste lui couper la gorge comme un bout de viande... Non. Si c'était passionnel, il y aurait eu une histoire de poignard ou quelque chose de plus personnel.
Je me redresse et regarde ma coéquipière.
- Mais je pourrais avoir tort, et tu pourrais avoir raison. Alors on ne va pas négliger cette piste. Appelons les parents pour qu'ils viennent au poste, on va les interroger pour savoir si Zayn avait quelqu'un. Ça se trouve, ils étaient au courant, et ils ont un nom d'un petit-ami à nous donner.
- Je me charge d'appeler l'équipe pour que les parents soient contactés, rétorque t-elle.
× × ×
- Monsieur et Madame Malik, merci d'avoir pu venir si vite, dit Andrea, dans sa politesse et son professionnalisme extrêmes.
- C'est normal, sanglote la mère du défunt adolescent. Zayn était notre petit garçon. Si on peut faire quoi que ce soit pour arrêter celui qui lui a fait ça... On le fera.
Je leur adresse un petit hochement de tête qui parle bien plus que des mots et m'installe sur mon siège. La salle n'est pas bien grande, mais elle est tranquille, et calme. Ainsi les personnes reçues pour être interrogées sur les victimes assassinées se sentent un minimum à l'aise.
J'adresse un regard à ma coéquipière. Elle est très polie, très douée dans le social. Et je ne doute aucunement de ses capacités professionnelles. J'admire son sérieux au travail, à vrai dire. Mais là je vois qu'elle ne sait pas trop comment prendre le sujet alors je me lance.
- Monsieur et Madame Malik, je suis le détective Mike Carter et c'est mon équipière, Andrea White. Nous allons juste vous poser quelques questions, assez basiques, pour essayer d'apprendre des éléments qui nous permettraient d'avancer sur l'enquête du meurtre de votre fils. Vous allez peut-être être un peu mal à l'aise, ou vous allez peut-être vous sentir mal, dans tous les cas, c'est ok. Nous avons tout le temps, prenez-le. D'accord ?
Ma voix est douce, je suis bienveillant. Je crois que cela étonne Andrea. Elle dit que cette enquête me touche un peu trop, que je mêle émotions et travail... Et peut-être a t-elle raison. Mais à l'instant précis je suis juste face à deux parents dévastés. Ils ont besoin d'un peu de douceur.
- Oui, oui, bien-sûr, sanglote la mère de Zayn. Comme j'ai dit... Tout ce qui sera en notre pouvoir pour nous aider.
J'hoche la tête et un collègue vient apporter deux verres d'eau aux parents, avant de partir. Une fois la porte fermée, je peux alors commencer.
- Savez-vous si votre fils avait des ennemis ? Quelqu'un en particulier avec qui il avait de gros différents ?
- Non, non... Commence le père. Je ne sais pas toi chérie mais... Moi je n'ai jamais vu ou entendu Zayn se prendre la tête avec quelqu'un. C'était un garçon si calme vous savez...
Ils se remettent à sangloter. Je me pince les lèvres en acquiesçant lentement. Non, je ne le sais pas. Mais je n'en doute pas.
- Vraiment personne ? Insiste Andrea, mais la voix douce.
- Je ne vois vraiment pas qui je pourrais vous dire. La dernière qu'il a dû se prendre la tête avec quelqu'un, à notre connaissance, en tout cas, c'était en primaire. Je ne pense pas que cela vous soit utile.
- Non, en effet Madame Malik. Merci quand même.
Bon, pour cette piste, c'est compliqué.
- Et dans l'autre sens ? Je reprends. Il n'avait pas quelqu'un avec qui il était ? En couple, je veux dire. Un petit-ami ?
Le père de la famille fronce un peu les sourcils en m'entendant.
- Non, non pas de petite-amie non plus.
- Non, petit-ami, je le corrige.
Il entrouve la bouche et la ferme. C'est là que je comprends, qu'il n'est pas au courant. Et vu les larmes dans les yeux de sa femme... Je devine qu'elle non plus. Pas une piste explorable non plus, donc.
- Notre fils était... Notre fils était gay ?
- Nous ne savons pas Monsieur Malik, reprend Andrea. Nous ne pouvons pas avancer la sexualité de Zayn. Nous avons juste... Retrouvé quelques éléments qui nous affirment que votre fils a eu un rapport sexuel consenti avec un homme. Et si nous avions un nom de petit-ami, ça serait vraiment une aide énorme pour l'enquête.
Elle s'y prend bien, vraiment. En même temps, heureusement qu'elle ne lâche pas directement aux parents que nous avons retrouvés du sperme dans le corps de leur fils. Je crois qu'ils tomberaient. N'importe qui le ferait.
- Nous n'étions pas... Nous n'étions pas au courant, dit le père de Zayn.
- Nous avions devinés, je crois.
- Notre fils aimait les garçons... Il aimait au moins un garçon... Et, et... Commence Madame Malik en pleurant dans les bras de son mari. Et il ne nous a rien dit... Il avait peut-être peur qu'on l'aime moins, qu'on le rejette... Mon pauvre bébé... Notre pauvre bébé est mort avec la peur de ne jamais pouvoir être lui-même...
Je tourne les yeux vers Andrea, qui comme moi est attristée. Nous restons silencieux un court moment afin de laisser aux Malik un instant pour pleurer. J'imagine que ça doit être très dur. Perdre un enfant, surtout de cette manière, semble invivable. Pour moi, qui suit père d'une fille de l'âge de ce Zayn... C'est juste purement impensable. Même si nous ne sommes plus proches, je ne peux pas imaginer perdre Judith car quelqu'un lui a ôté la vie.
La mère finit par se calmer un peu, même si elle pleurt toujours. Dans ses larmes, elle parvient à nous dire :
- Nous n'étions pas au courant de cet aspect de la vie de Zayn. Mais... Mais il avait un meilleur ami, Louis Tomlinson. Ils étaient amis depuis des années. Ils sont... Étaient, dans le même lycée, et jouaient ensemble au club de Baseball. Peut-être que Louis pourra davantage vous aider. Ils se disaient vraiment tout je crois.
Je laisse Andrea noter le nom du jeune homme tandis que j'hoche la tête.
- Très bien. Merci beaucoup pour votre aide. Si on a du nouveau, on vous contactera.
- Oui, merci à vous... Et... Et si vous avez une question, vous pouvez nous téléphoner aussi. On ne sera peut-être pas d'une grande aide mais... Mais si on peut apporter une quelconque réponse, on le fera. Vraiment.
J'hoche la tête en me levant puis je leur serre la main à tout le monde. Ma coéquipière fait de même.
- Nous y veillerons. Merci encore.
Ils sont escortés par un collègue jusqu'à l'ascenseur et je soupire en me passant une main dans les cheveux. Je regarde l'heure ; 15 heures. Mes yeux traînent ensuite sur la feuille de bloc notes où réside le nom qui vient de nous être donné.
- On appelle la famille du petit pour le faire venir ? Je demande à Andrea.
- On appelle, me confirme t-elle.
///
Réagissez avec #BornTDieFic
///
La nouvelle est annoncée,
Et l'enquête continue.
Il est sûrement un peu tôt pour que vous fassiez part de vos théories mais, n'hésitez surtout pas.❤️
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top