CHAPITRE 19

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PARTIE 1 : « Mini-bar, expensive cars, hotel rooms, private planes »

LOUIS


Je m'enfonce dans le bus, jusqu'à atteindre une place double libre. Je me faufile afin de me mettre côté fenêtre.

Ce véhicule n'a rien de bien fantastique. C'est à peine s'il est plus confortable qu'un simple bus scolaire. Malgré le niveau de l'équipe, cela se voit que c'est juste un moyen de transport nous menant à l'aéroport, et rien de plus.

Une fois installé, je me cale confortablement, et mets mes écouteurs dans mes oreilles. Je lance aussitôt une musique qui vient me détendre. À une vingtaine d'heures d'un second match, j'ai bien besoin de relâcher un peu la pression.

Les joueurs continuent à monter, allant tous s'installer à des places, les uns avec les autres. Malgré le bruit dans mes oreilles, je peux entendre des discussions, des rires. Tous ont leurs liens, c'est évident.

En regardant par la fenêtre, je peux voir le ciel sombre, et probablement l'étendue d'étoiles s'y trouvant. Mon cerveau fait la connexion avec mon père et le manque que je ressens à son égard. Ma vie était bien simple, lorsque ce n'était que nous deux. Je déverrouille mon téléphone et lui écris quelques mots :

20h07 : Salut Papa, c'est moi. Ça fait un moment qu'on ne s'est pas parlés, ce qui est étonnant quand on y pense, vu la folie de tout ça. Je vais bien, on va tous bien, et je voulais te dire que tu me manques. Appelle moi quand tu as le temps. Je t'aime, x

J'appuie sur envoyer, et j'ai déjà hâte de recevoir sa réponse. Un petit soupir d'aise quitte mes lèvres. Lorsque je serai de retour à la maison, tout rentrera dans l'ordre.

Je lève les yeux, et de là où je suis, je peux voir Harry monter dans le bus ; commencer à marcher dans la petite allée. Nos yeux se rencontrent alors qu'il fait un pas après l'autre. La place à côté de moi est vide et bêtement, je me demande s'il ne va pas la prendre.

On s'est embrassés, après tout. Deux fois.

Je me retrouve presque à faire une liste de pour et de contre dans ma tête, tandis qu'il arrive à ma hauteur. Sans même s'arrêter, il me dépasse et va s'asseoir plus loin, côté fenêtre à son tour.

Je ne suis même pas déçu, en réalité. Mon doigt vient monter d'un cran le volume de la musique dans mes oreilles, et je ferme les yeux.

Quelqu'un s'assoit brutalement à côté de moi et je sursaute en lançant un regard noir. Mais, ce n'est que Liam.

- Comment tu vas ? Me demande t-il.

- Tu ne t'assois pas avec Harry ? J'interroge en enlevant un écouteur.

- Harry ne s'assoit jamais avec personne dans les trajets en bus.

J'arque un sourcil. Je suppose que cela s'ajoute à la longue liste des mystères d'Harry Styles.

- Je peux savoir pourquoi ?

- Parce qu'il est malade en bus. Et qu'il préfère se reposer. Il est comme ça avec tout le monde.

- Ah.

Pas si mystérieux que cela, en réalité.

- Ouais, il n'est pas si incroyable que ce que tu penses hein ? s'amuse le brun.

- Je n'ai jamais dit qu'il était incroyable, je me défends aussitôt.

- Ce n'était qu'une blague, relax.

Je me pince les lèvres.

- Alors, comment tu te sens ?

- Ça va, je réponds. Stressé, bien-sûr.

     - Je ne parlais pas du match Louis. Je parlais de toi, comment tu te sens, vis à vis de ta rupture. Tu es plus qu'un joueur de baseball.

Liam est un gars bien. Intimidant et assez difficile à cerner aussi à première vue, mais il y a sincèrement quelque chose de bon chez lui. Je ne le connais pas, et je ne sais pas si je fais bien d'oser penser que je puisse lui faire confiance - seulement, c'est le cas.

Ces gens sont plus attachants que prévu, bien plus.

Et quand je pense qu'un jour, ils apprendront tout cela, et me détesteront probablement...
Non. Ce n'est pas le moment de penser à cela. Je coupe ce songe de mon esprit instantanément et regarde Liam alors qu'il me parle à nouveau.

- Je vous ai vus traîner ensemble aujourd'hui, avec Judith, dit-il. Alors ça va mieux ?

- Oh, non, on n'est plus... non. Plus ensemble, vraiment. Tu peux tenter ta chance si tu veux.

- Je ne vais pas faire ça à un pote Louis. Non.

Un petit sourire tire mes lèvres, sans que je ne puisse le contrôler, ni même n'essaie de le chasser. Oui, définitivement un gars bien.

J'entends la porte du bus se fermer derrière Xander, qui s'enfonce dans l'allée à son tour, me lançant aussi un regard peu chaleureux. Il reste des dizaines de place - mais celui-ci avance jusqu'à la hauteur du bouclé, et se met à ses côtés.

- Je croyais qu'Harry s'asseyait seul ? Je demande, confus.

- Euh... oui, normalement.

Je comprends par le regard de Liam que c'est inhabituel, mais je me rassois sans rien dire. À l'intérieur, je n'aime pas vraiment cette idée, mais je me tais et surtout, chasse cela.

Xander et moi, ce n'est pas réellement amical. Il a au moins l'intelligence de ne pas trop pourrir mes capacités sportives, et on sait se féliciter lorsque nous faisons de belles performances - mais humainement, quelque chose me dérange chez lui.

Peut-être que je suis un peu jaloux, en fait. Peut-être que j'aurais dû aller m'asseoir à côté d'Harry avant lui. Je n'ai rien à lui dire, mais au moins, j'aurais évité à son ex de rester à ses côtés dans le bus, ainsi que peut-être dans l'avion.

- Tu l'aimes bien, toi ? Je ne peux m'empêcher de demander à Liam.

- Si j'aime bien Xander ?

- Oui, précisément.

- Tu me poses cette question tout le temps. Il a des bons et mauvais côtés, je suppose, rétorque le brun. On a beaucoup traîné ensemble tous les trois. Mais je ne lui confierais pas ma vie entre ses mains.

- Qui le ferait, en même temps.

- Toi, tu ne l'aimes pas beaucoup.

J'hausse les épaules alors que le bus démarre finalement. Le trajet jusqu'à l'aéroport ne devrait pas être trop long.

Je pense à Nick, que je vais retrouver à l'hôtel, en secret évidemment. C'est risqué de le faire venir, mais il fallait bien que quelqu'un vienne avec moi, et il me semblait plus qu'évident que Nick était en tête de liste.

- Il s'est comporté en véritable connard avec moi, dis-je. Tu étais là.

- Oui. Il n'était pas comme ça avant que tu arrives. Très sûr de lui, très près d'Harry tout le temps. Il faut croire qu'il s'est senti en danger.

- Lui ? En danger ? Face à un mec comme moi ?

Liam rigole en voyant mon expression étonnée. Je ne suis qu'un mec lambda - bien plus qu'ils ne le pensent -, avec peu de résultats en équipe nationale, peu de confiance en lui, des notes plus que moyennes, et peu de prestance. Il n'a rien à m'envier.

- Tu te sous-estimes, Louis. Bien-sûr que quelqu'un peut se sentir en danger en te voyant. Et il faut croire qu'il avait raison.

J'ignore le sous-entendu et tourne le regard vers l'extérieur du bus. Le paysage sombre défile à toute vitesse.

- Ce n'est quand même pas une raison pour me traiter comme il l'a fait.

- Ça, je suis totalement d'accord. Il a été con.

Le brun à côté de moi s'installe plus confortablement dans son siège, ce qui me fait comprendre qu'il compte passer tout le trajet ici. Cela ne me dérange pas plus que ça.

- Tu penses qu'ils parlent de quoi ?

- Ils parlent probablement de la fac dans laquelle Xander a envoyé son dossier, reprend le meilleur ami du capitaine en fermant les yeux.

- Quoi ?

Je le regarde, même si lui maintient les paupières closes.

     - Pourquoi ils parleraient de ça ? Xander compte quitter l'équipe ?

     - Oui. Mais outre ça, on postule tous dans des facs, chaque année. Les contrats pour la saison prochaine sont signés assez tardivement, donc comme sécurité, chaque joueur se doit de prévoir un plan B. C'est pour éviter les soucis juridiques et tout ça.

J'acquiesce, sans trop poser de questions. Je ne me sens pas tellement concerné - je sais que n'étant qu'un joueur factice, je dois vraiment m'intéresser à la fac.

     - Le seul exempté, continue Liam, c'est Harry. Il est capitaine, alors il est comme automatiquement renouvelé dans l'équipe. L'intouchable. Mais que je sache, personne d'autre à part Xander et moi voulons partir après cette saison. Et Xander aimerait entrer dans une grande fac à la rentrée. Je sais qu'il essayait d'en parler à Harry, parce qu'ils avaient quelque chose entre eux. Il espérait même qu'Harry change d'équipe pour se retrouver dans la nationale de Californie.

- Pourquoi ils iraient dans le même état ?

- Xander avait juste envie que le mec qui lui plaisait le suive, et c'est normal.

Les études supérieures, cela me paraît tellement hors de ma portée. Cela m'a toujours paru si difficile à accéder. De par le prix - même si mon premier salaire en tant que joueur me permet de tout payer -, de par les facultés requises, et surtout de par ce qu'il m'arrive maintenant.

Je n'ai même pas pensé à tout cela, sans voir plus loin que mon diplôme. J'ai postulé, à l'avance, un peu partout, comme tout le monde - Mais ça m'est sorti de la tête, car cela me semble tellement inaccessible. Avec tout ça, j'aurais sûrement mon diplôme l'année prochaine, et derrière se suivra les études qui vont avec. Car même si j'ai du mal à réaliser, oui, tout cela prendra fin un jour, et je serai de retour à ma vie tranquille.

Mais je crois que je n'ai pas envie qu'Harry et Xander se suivent n'importe où, en réalité.

- Maintenant ils ne sont plus ensemble, je rétorque.

- C'est vrai. Mais comme ça approche, que nous sommes en train de recevoir les réponses, et que c'était quelque chose que Xander avait à la bouche tout le temps à un moment, je suppose qu'il lui parle de ça.

Discrètement, je me retourne pour regarder les deux garçons, plus loin. Harry est presque en boule, contre la vitre, les yeux fermés. Je ne suis pas sûr qu'il dorme, mais au moins, je constate qu'il ne semble pas écouter le jeune à côté de lui.

Je me rassois normalement.

- Tu devrais fermer les yeux un peu, Louis. Essayer de te reposer. Xander ne va pas manger Harry.

- Je dormirais à l'hôtel.

- Comme tu veux, s'amuse le brun.

Ce dernier et se tait, et je remets mon second écouteur, remontant encore le volume de la musique d'un cran. Je me perds dans la mélodie d'une chanson de The Fray, alors que mes yeux fixent la vue sombre.

× × ×

Je passe la porte de la chambre d'hôtel, déjà émerveillé parce que je vois. La chambre d'hôtel ressemble davantage à un appartement entier qu'autre chose - le genre de loft des grands hommes riches, que l'on voit seulement dans les films.

Devant mes yeux, une « pièce à vivre » d'au moins une trentaine de mètres carré, avec une hauteur de plafond que je ne peux même pas deviner. Les murs sont peints de blanc et gris, allant avec la décoration de la pièce.

Cela vient contraster avec la luminosité totale, provoquée par l'immense baie vitrée sur toute la partie Nord de la chambre. Étant donné que nous sommes dans les derniers étages du grand bâtiment, inutile de préciser que la vue est à couper le souffle.

- La maison d'Harry est à peu près au même niveau, je commente. C'est de la folie.

Nick ferme la porte derrière nous, et c'est à peine si j'ose faire quelques pas. Il me faut un instant pour me dire que je ne fais pas tâche, avec mes vêtements bas de gamme et mes chaussures usées, dans un endroit pareil.

- J'ai l'impression de vivre un moment super, que je ne mérite pas, sur l'argent de quelqu'un d'autre, parle Nick avant de s'arrêter. Oh, mais, en fait, c'est exactement ce que je fais.

Je rigole et viens jusqu'au milieu de la pièce. Je pose mon sac de sport et Nick fait de même. Tous deux, nous ne pouvons nous empêcher de reste bouches bées face à l'endroit dans lequel nous sommes.

Cette situation est déjà difficile à vivre et à croire, mais alors se retrouver dans un tel endroit, c'est de la folie. Et étrangement, je crois que j'apprécie d'être ici, que j'envie presque cela au quotidien. C'est probablement égoïste, vu pourquoi j'ai atterri là, mais c'est si bon d'être dans un tel environnement.

Je m'approche au maximum de la baie vitrée, ayant ainsi une vue panoramique sur New-York. L'empire State building semble n'être qu'à deux pas d'ici, alors qu'il y a des centaines de mètres. Je peux même voir la statue de la liberté, sans même plisser les yeux.

Je suis à New-York.

- C'est incroyable, parle mon ami, tout excité en découvrant les recoins du « mini » appartement. Vraiment, je devenais fou à trop rester dans la maison, alors partir un peu était super, mais je pensais pas atterrir dans un endroit comme... ça.

- Moi non plus.

Quand je pense que ça, c'est « l'hôtel habituel »...

- Et en plus, ajoute Nick, demain, tu joues contre les Yankees. C'est génial.

En plus de partager une chambre d'hôtel incroyable, nous partageons également la même passion pour le base. Je pense que Nick n'envie pas ma situation générale, mais juste sur le point du baseball, il y a de quoi saliver, bien-sûr. Tout cela est éphémère et du jour au lendemain, je serai de retour à ma banale dans mon lycée publique, avec une équipe moyenne mais sympathique.

Mais pour l'instant, je suis à une place haute pour un adolescent de mon âge passionné par ce sport. Et j'ai conscience de ma chance, qui est aussi mon malheur.

- Il y a un lit double, par contre, je note. J'espère que Zayn ne va pas me hanter parce que je dors avec son mec.

- Tu rigoles ou quoi ? Son fantôme va trop être occupé à prendre des bains incroyables dans cette baignoire gigantesque.

Un léger rire quitte mes lèvres. Il est probablement trop tôt pour plaisanter de cette situation, car je sens un pincement dans mon coeur et presque une légère humidité dans mon regard. Mais cela part vite, et je relativise.

Je rejoins Nick dans la salle de bain.

- Wow, est ma réaction.

- Oui, tu peux le dire. Une seule nuit ici ne va clairement pas suffire. Je veux être en tête de liste pour t'accompagner dans les prochains déplacements.

- Tu l'es déjà, je m'amuse.

Devant moi, une salle de bain décorée dans un style très moderne, épuré. La baignoire peut facilement accueillir trois personnes, et la douche à l'italienne donne envie d'y rester des heures. De gigantesques miroirs muraux viennent agrandir la pièce, et celle-ci est évidemment impeccable.

- Je vais clairement prendre un bain, me dit Nick. Avec de la mousse partout, des arômes et un verre de vin rouge.

- Fais comme chez toi, je rigole. Tu vas rester ici alors autant en profiter.

Il acquiesce et sentant mon téléphone vibrer dans ma poche, je le sors pour voir un message de mon père. Instantanément, je souris.

00h36 : C'est la folie aussi de mon côté. Comment tu vas ? Est-ce que ça avance, cette histoire d'arrestation ? J'ai hâte que le coupable soit derrière les barreaux.

A bientôt mon garçon, je t'appelle dès que je peux. Je t'aime aussi, Dan

Sa réponse me fait chaud au coeur. Je ne lui réponds que brièvement, étant donné que ses mots n'appellent pas à un long retour. Il a l'air si... occupé. J'ai hâte de le retrouver en personne, oui.

Et en même temps, je crains la fin de toute cette histoire. Le dénouement, le résultat, le point final - tout cela me fait un peu peur.

Parce qu'en réalité, est-ce que ça peut vraiment bien se finir pour tout le monde ?


*

PARTIE 2 : Les échecs

HARRY

Avachi sur cet immense lit, je soupire longuement. Les beaux hôtels, les grandes chambres, les paysages incroyables et les matchs importants, je connais. Je ne connais que trop bien, même.

Je me passe les mains sur le visage. Autour, c'est calme ; malgré les lumières émises par la vue new-yorkaise, aucun bruit ne se fait entendre dans l'hôtel. La nuit est le moment que je préfère, pour réfléchir sans trop être dérangé. Le bazar dans ma tête semble un peu plus supportable.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Me demande Liam.

Mon meilleur ami est assis sur le sofa, non loin du lit. Je fixe le plafond, mais je peux deviner qu'il a les yeux relevés vers moi.

- Je crois que j'appréhende demain.

- Toi ? Appréhender un match ?

- Je sais, je grogne. J'appréhende le match. Mes performances se sont détériorées.

Liam demeure silencieux quelques instants. Il l'a aussi remarqué, et je le sais. Difficile de ne pas le voir, en même temps. J'étais excellent, celui qui se démarquait de tout.

- Tu dis ça parce que tout le monde ne parle que de Louis ?

- Non, je rétorque. Louis est génial, il le mérite, et je suis content que les projecteurs soient sur lui, un peu. Je parle juste de mon jeu à moi.

- C'est normal, me rassure-t-il. Il y a certaines choses qui expliquent pourquoi, H. Tu es pensif et ça joue sur tes performances.

- Mais je ne peux pas me permettre de rester trop longtemps comme ça. Le coach l'a remarqué aussi.

- Il t'adore et te protègerais si le ciel nous tombait dessus. Tu n'as rien à craindre.

- Je n'ai pas envie de n'avoir rien à craindre juste parce que je suis qui je suis de par mon père, justement, je soupire.

Je me redresse et viens passer ma main sur mon visage, jusqu'à la passer dans mes cheveux.

- Tout tourne autour de ça, tout le temps. Et c'est normal, bien-sûr. Mais j'aimerais être jugé sur mes performances au baseball.

- C'est une mauvaise phase Harry. Fils de politicien ou pas, tu traverses une période difficile et ça t'atteint. Tu es une personne normale, c'est quelque chose de normal que de telles accusations viennent te perturber.

- Je sais. C'est juste... fatiguant.

Mon meilleur ami baisse les yeux, et acquiesce. Il me laisse me retrouver face au calme quelques instants, puis reprend la parole :

- Ça s'est bien passé, avec ton père ?
- Ça s'est passé.
- Je vois.

Je soupire, et tourne enfin le regard vers le brun.

- Louis est venu chez moi.

Liam arque un sourcil.

- Pourquoi ?

- Il voulait que l'on parle du baiser, j'explique. Et aussi de moi. Il avait remarqué que quelque chose n'allait pas et il voulait juste... comprendre.

De la confusion est lisible sur mon visage, car je le suis sincèrement. Toute la journée, jusqu'à venir chez moi, il a insisté. Il a insisté pour savoir, réellement. Et je ne suis pas habitué à cela. À ce que quelqu'un s'accroche pour moi.

- Je ne comprends pas ce qui cloche chez lui, j'ajoute. Je n'arrêtais pas de lui demander de partir, et pourtant, il voulait rester.

- C'est ce que les gens font Harry.

- Les gens ne font pas ça avec moi.

Liam hoche la tête, attristé par la vérité des choses.

Lui le fait.

Lui le fait, oui, je me répète dans ma tête.

- Mon père l'a vu, je reprends. Il n'est pas parti à temps - alors mon père l'a vu. Ça a été très compliqué de lui expliquer que c'était juste un joueur, qu'il n'avait rien à voir avec le trafic. Je ne veux pas le mêler à ça, je ne veux vraiment pas.

- Il pensait que c'était quelqu'un que tu avais enrôlé.

- Ouais... je grimace. En même temps, lorsque je suis seul avec quelqu'un dans ma chambre, ce n'est pas pour parler manucure.

- Ça peut être pour quelque chose d'autre aussi.

- Oui, mais cet aspect, mon père ne le sait pas.

- Il est déjà reparti ?

- Oui. Les élections approchent à grand pas, la campagne bat son plein. Il ne peut pas se permettre de passer trop de temps à la maison.

Il a passé plus de temps avec ses collaborateurs directs, dans la salle secrète et sur ses comptes, en réalité. Nous nous sommes affrontés sur les différents sujets, et comme à chaque passage de sa part, la maison est devenue un peu plus glaciale.

Il m'a gentiment rappelé qui j'étais, aussi, et pourquoi j'avais tous ces avantages. Que sans lui, sans son pouvoir, je ne serai pas là. Que sans lui, sans son pouvoir, je serai actuellement derrière les barreaux, et que c'est grâce à lui que je ne vais pas y aller.

Même si je n'ai rien fait.

Par moment, je regrette de ne pas être né dans une famille considérée « classe moyenne ». J'aurais vécu une vie moins haute en couleur, certes - n'aurais probablement jamais intégré l'équipe nationale aussi.

Mais certaines choses seraient bien plus simples. La majorité des choses, en fait.

Plus le temps passe, plus j'ai l'impression que quelque chose me fonce dessus à grands pas. Depuis la disparition de ma mère, depuis que je suis « élevé » par mon père, je ressens cela : qu'un jour, cela va exploser, me tomber dessus.

Je ne sais pas de quoi est fait ce jour, ce qu'il s'y passera, ni même comment cela se terminera. Mais je fais grandir ce présentiment qu'il approche, à grands pas.

- Qu'est-ce que Xander te voulait ? Demande Liam.

- Je l'ai pas écouté les trois quarts du temps. Il essayait de me dire qu'il a entendu Louis parler bizarrement dans les vestiaires, et il m'a parlé de la fac, aussi. Il a changé d'avis apparemment et pense plutôt aller à Princeton, dans le New Jersey.

- Et qu'est-ce que tu vas faire de l'info ?

Je mets quelques secondes à répondre à cela.

- Rien. Je m'en fous de lui, en réalité. Je veux dire - on a passé des bons moments, et je ne lui crache pas dessus, mais je ne le reconnais plus depuis quelques temps. Et en fait, je m'en fous juste.

Un châtain aux yeux bleus semble davantage retenir mon attention ces derniers temps. Cela me rend fou et me dépasse moi-même, que je puisse penser apporter une importance à une nouvelle personne, que je ne connais pas énormément.

Pourtant, j'ai l'impression de le connaître - et surtout, j'en ai envie.

Cela fait peut-être de moi une personne horrible de parler ainsi de Xander et surtout de le penser, mais c'est vrai, je me fiche d'un quelconque « nous ».

- Super, se réjouit mon ami. Je préfère Louis de toute manière.

- Il n'y a rien de plus entre Louis et moi. On s'est seulement embrassés deux fois.

- Oh, c'est monté à deux fois maintenant ?

Le rire de Liam me fait sourire, et je lève les yeux au ciel pour lui montrer que cela ne m'atteint pas.

Nous nous sommes juste embrassés deux fois, et il n'y avait pas grande signification derrière ces actes. Cependant, au fond de moi, derrière cette façade froide et difficile d'accès, j'en perçois une.

- Je te laisse faire H, reprend Liam sur une note plus sérieuse. Je n'interviendrais pas, n'interfèrerais pas.

- Tu ne m'engueules pas cette fois ?

- Il est célibataire, sympa, et de toute évidence, intéressé par toi. Même s'il est perdu.

Louis et moi semblons nous ressembler, par moment. Lui aussi aborde parfois un visage complètement fermé ; et je devine que c'est parce qu'à l'intérieur, ses démons dansent et lui absorbent toute émotion visible.

Je suis sûr que des tas de maux l'abritent, et ça me peine. Je préfère le voir sourire.

- Fais juste attention à toi, ajoute le brun à ma droite.

- Toujours.

- Vraiment, cette fois. Tu en as vraiment besoin.

Je ne contredis pas Liam et hoche simplement la tête. Il veille définitivement sur moi, parfois de loin - mais je sais qu'il est toujours là. Et je ne sais pas ce que je ferai sans lui dans ma vie.

Il se lève du canapé, et commence à se diriger vers la porte :

- Je vais retourner dans ma chambre. Je suis crevé, et demain, on joue. Te prends pas trop la tête Harry, joue comme d'habitude. Et je parle du match.

- Je sais que tu parles du match.

Car concernant l'autre jeu qui touchait le garçon aux yeux bleus ; il est terminé.

- Merci Liam, j'ajoute.

Nous nous souhaitons mutuellement bonne nuit et je ferme la porte de la chambre derrière lui. J'entends ses pas s'éloigner dans le couloir, jusqu'à ce que le silence retombe.

Je retourne m'allonger sur mon lit, laissant un long soupir quitter mes poumons. L'espace d'un instant, je me sens léger.

Je ne joue plus - je n'ai même pas réellement pu commencer, en réalité. J'ai fait un pas en avant pour aussitôt me résigner et reculer.

Echec et mat.


*

PARTIE 3 : Coeur ouvert, masque soulevé

LOUIS


Je me redresse afin de m'asseoir en tailleur sur le lit. Je regarde brièvement l'heure sur mon téléphone avant de le poser à côté de moi : 1h27. Pourtant, je n'ai pas sommeil.

- J'ai un peu faim, lance Nick depuis la salle de bain.

Il ne lui aura pas fallu longtemps pour finir dans la baignoire, à prendre un bain moussant, baignant dans toutes les huiles gentiment laissées par l'hôtel.

- Tu peux demander à manger à l'accueil à travers le téléphone, je réponds.

- Il n'y a pas une heure de fermeture ?

- Tu crois ? Pour accompagner mes mots, je me penche afin de regarder ce qu'il y a d'indiqué sur la petite brochure. Vu la chambre, je pense que tu as le droit de demander ce que tu veux à n'importe quelle heure. Je te laisse ma carte si tu veux, j'ai reçu mon salaire.

Et celui-ci permet clairement de se payer un snack nocturne dans un hôtel.

Je ne sais pas ce que je vais faire de cet argent. Si je vais le garder pour me payer des études, si je ne vais pas le reverser à des associations, ou peut-être le donner à la famille de Zayn. Je ne mérite pas cette compensation financière, et je le sais. Cela fait du bien au moral et au banquier, mais en réalité, je n'en ai pas grande utilisé. A part à nourrir Nick en pleine nuit, pour l'instant.

- Tu vas où ? Demande ce dernier.

- Je vais me promener. Je n'arrive pas à dormir et merde, on est à New-York.

Le brun n'essaie pas de me convaincre de rester dans la pièce. Je crois même l'entendre chantonner un air d'une chanson de Britney Spears en bougeant dans l'eau. Cela me fait sourire, j'enfile ma veste et quitte la chambre d'hôtel.

Devant la porte, je m'arrête. Debout dans ce couloir magnifique mais vide, j'ai le choix d'aller à droite, ou à gauche.

À gauche se trouve un ascenseur, à quelques mètres de là ; à droite, pareil. Mais la chambre d'Harry est sur le trajet.

Et sans me poser de questions, je prends à droite et m'arrête devant la porte du bouclé. Timidement, je toque.

Il ouvre sans trop tarder, et je ne peux m'empêcher d'examiner sa tenue. Comme d'habitude, il a ce jean slim, mais pour une fois, son t-shirt est blanc. C'est tout bête, mais Harry est constamment habillé de noir, sombre, terne.

Ainsi, il parait tellement normal. Le clair lui va bien. Il n'est clairement pas le démon qu'il essaie de montrer. Je lève les yeux vers les siens, qui me fixent.

- Je n'arrive pas à dormir, je m'explique aussitôt. Le match de demain me stresse.

- Tu seras très bon, comme celui d'avant.

- C'est ça justement, qui me stresse. Tout le monde s'attend à ce que je sois excellent.

Me voilà alors debout dans ce couloir rouge et doré, à attendre une sorte de réconfort de la part d'Harry Styles. Pathétique.

Ce dernier vient coller son épaule contre la porte, et croise les bras sur son torse. Il n'a pas l'air fatigué du tout, lui non plus. L'espace d'un instant, je me demande si j'ai bien fait de venir, et surtout, ce que je fous là.

Cela peut paraître intrusif et totalement dérangeant de venir toquer à la porte de quelqu'un en pleine nuit, en fait.

- Est-ce que tu veux venir te promener ? Je parle. Ça m'aidera peut-être à dormir, après. Et je me suis dit... tu connais forcément la ville, toi.

Un petit sourire dessine ses lèvres. J'ai l'impression de le voir sourire de plus en plus.

- Si tu veux passer du temps avec moi, il te suffit de le dire.

C'est une énième taquinerie, et je le sais. Seulement je me retrouve à maintenir le contact visuel, et à répondre :

- Je veux passer du temps avec toi.

Harry ne bouge pas d'un poil, comme à son habitude. Mais je peux jurer que son sourire s'agrandit d'un millimètre, et que ses pupilles changent de taille, signe d'étonnement.

Ses réactions sont dans les choses les plus petites. Il est discret, réservé, et pourtant observe et retient tout. C'est ce qui le rend si intimidant, je crois. À force de le côtoyer, j'ai compris, appris.

Lentement, je le vois hocher la tête, ne me quittant pas du regard. Il se redresse et parle :

- Je vais chercher ma veste.

× × ×

Je ne sais pas où donner de la tête.

Tout autour de nous, les gens vont et viennent sur l'immense Times Square. Le bruit est quasiment insupportable, et la lumière émise par toutes les publicités et enseignes ferait presque mal aux yeux, mais malgré ça, je savoure ce que je vois.

Le mot clé est démesure. Tout est démesuré, ici.

Il est tard, certes, mais la foule est au rendez-vous pour cette soirée d'été. Cet endroit est vivant comme une fourmilière.

Et je me sens si petit, au milieu de cette mégalopole parsemée de gigantesques bâtiments lumineux. Je suis aveuglé, et j'ai l'impression d'être un insecte en ce monde, dans cet endroit impressionnant.

- C'est mieux en vrai, je parle, les yeux fixés vers le ciel.

Harry me regarde, souriant. J'ai des étoiles dans les yeux et un sourire plaqué sur le visage : il ne m'a jamais vu ainsi. Je ne me suis pas vu ainsi depuis des semaines, à vrai dire. Et même si cette euphorie est éphémère, j'en savoure chaque instant.

Tout bonheur est éphémère finalement. Il passe sans s'arrêter, vient montrer sa présence pour mieux marquer son absence. Nous ne sommes jamais vraiment conscients d'être heureux avant

À cet instant précis, je suis heureux.

Et j'ai presque la sensation de transmettre ma positivité à Harry, que je vois rayonner pour la première fois malgré cet éternel trait mystérieux.

- New-York sous la neige est quand même plus sympa, dit-il.

- J'espère le voir un jour.

C'est un cliché, d'imaginer cette grande ville sous la neige, en période de Noël : mais c'est un rêve d'enfant.

Harry commence à marcher vers un petit stand, et je le suis sans réellement prêter attention : je ne regarde pas où je vais et me fais même bousculer par un jeune homme. Le bouclé commande deux hot-dogs et je baisse enfin les yeux vers lui.

- Des hot-dogs ? En pleine nuit ?

- C'est la magie de Times Square. L'heure ne compte pas vraiment.

C'est en voyant plus loin un groupe de jeune sortir d'un magasin de vêtements avec des sacs plein les bras que je comprends qu'en effet, la temporalité est étrange ici.

- Merci, je dis à Harry alors qu'il me tend le hot-dog. Je te rembourserais.

- Louis, sérieusement, je n'en ai pas besoin, il rigole.

J'acquiesce et prends un croc dans l'encas. J'en ai déjà mangé, mais c'est un peu l'incontournable new-yorkais oui.

Nous restons près de ce stand afin de manger le sandwich. Il faut dire qu'il y a un immense trafic sur cette place, et qu'il est difficile de rester statique sans déranger quelqu'un.

Tout seul, je serai probablement un peu perdu - mais Harry est là. Et c'est bien amusant de me dire qu'il est mon repère.

Je lève les yeux vers lui, qui vient de finir de manger. Il semble tout droit sorti d'un magazine, ou d'une séance photo. Eternellement, il est juste... présentable. Beau.

- Tu te lasses des choses ? Je demande.

Il tourne la tête vers moi afin de me regarder.

- Comment ça ?

- Est-ce que tu te lasses des choses ? Je veux dire, pour moi, l'hôtel, cet endroit, ce hot-dog... C'est juste énorme. Parce que je suis pas habitué. Et j'arrive pas à me dire que je pourrais me lasser de ça un jour.

- J'ai grandi avec un père politicien. Même si il n'était pas aussi haut placé à l'époque, il a toujours été là-dedans, avec une position plutôt stable alors... J'ai grandi dans le luxe.

En disant ces mots qui en feraient rêver plus d'un, Harry a pourtant l'air effacé. C'est comme si c'était un fardeau pour lui.

- Alors tu es habitué à tout ça, je conclus.

- J'y suis habitué, oui. Mais est-ce que je m'en suis lassé ?

Il regarde autour de lui et hausse les épaules, avant de ramener son regard dans le mien.

- Je pense que je me lasserais jamais des belles choses de la vie, en fait. C'est le genre qui bougent pas, les paysages, le moment présent. C'est pas comme les gens, par exemple.

- Tu te lasses plus facilement des gens ? Je le taquine.

- Je ne me lasse pas, j'évite simplement de m'attacher. Ça évite d'un jour avoir à voir les gens partir.

Je me retiens de lâcher un soupir, comprenant totalement sa situation. Je m'y identifie, à 100%.

C'est typiquement humain d'avoir peur de l'abandon - d'un jour se donner tellement à quelqu'un, peu importe le contexte et la nature de la relation, pour ensuite ne plus les voir, du jour au lendemain. Je n'ai jamais vécu d'histoire d'amour, mais je trouve terrifiant de se dire que des gens passionnés peuvent un jour devenir de parfaits inconnus l'un pour l'autre.

Et à chaque révélation, les plus normales les unes que les autres, cela me rapproche davantage d'une vision purement normale d'Harry.

Évidemment qu'il est normal, évidemment que je me suis trompé sur son compte. Évidemment qu'il y a quelque chose qui m'attraie chez lui, plus que chez les autres. Peut-être est-ce cette fossette, ou cette mâchoire carrée - peut-être ses yeux, ses cheveux, son style vestimentaire, sa voix rauque, cette sensibilité qu'il ose montrer de temps à autre.

Ici, dans Times Square, j'ai l'impression qu'il est parfaitement à sa place. Impressionnant, connu, lumineux, insaisissable.

- Je crois que tous les gens ne partent pas dans la vie, dis-je finalement. Nos mères oui, mais elles ne l'ont pas choisies. Les autres, le reste... Liam est toujours là, par exemple.

- C'est vrai. Même s'il partira à la rentrée.

- Mais ça n'impactera pas votre amitié. Et puis, Lucia est là aussi. Tu n'as pas grand monde, mais c'est déjà quelques uns. Xander aussi. Si tu le voulais, il serait toujours là lui. Dans les vestiaires, chez toi, dans le bus... J'hausse les épaules.

Le bouclé lâche un petit rire avant de me répondre :

- Jaloux, peut-être ?

Je roule des yeux.

- Je ne suis pas jaloux.

- Tu étais aussi avec Judith au lycée, alors que vous n'êtes plus ensemble, rétorque t-il sur le même ton ironique.

- Jaloux, peut-être ?

À son tour de lever les yeux au ciel en rigolant. Cela me procure le même amusement. Les fois où nous avons rigolé ainsi, sans prise de tête et sans lourdeur, se comptent sur les doigts d'une main. Mais ça fait du bien.

Je le regarde alors qu'il lève les yeux et que son sourire fane doucement. Je suis son regard pour apercevoir un énorme panneau publicitaire lumineux.

Son père y figure avec le président actuel ; une photo officielle, sur un fond uni, et le slogan du dirigeant.

- Les élections approchent, j'avais oublié, dis-je.

Harry se contente d'acquiescer et je ne peux m'empêcher de ressentir de la peine pour lui.

- Comment tu le vis ?

- C'est habituel je t'ai dit.

- Ça ne veut pas dire que tu dois forcément bien le vivre, sous prétexte que tu as l'habitude.

Il baisse de nouveau les yeux pour me regarder. Tout ce que je lui dis me paraît si normal, et pourtant, à chaque fois, j'ai l'impression qu'il l'entend pour la première fois.

- Tu ne t'entends pas beaucoup avec ton père, je reprends. J'ai remarqué.

- Nous sommes différents.

- Être différent, c'est une chose. Toi et moi on est différents. Ton père c'est plus que ça. Même Lucia semble l'éviter.

- Elle préfère, ouais. Il est spécial.

- Il est spécial et a l'air d'être un connard.

Je m'emporte et regrette instantanément mes propos : je le pense, là n'est pas le problème, mais loin de moi l'envie de blesser Harry. Ce dernier semble sans réaction quelques instants, puis finalement, rigole un peu.

Il hoche lentement la tête, et son regard s'intensifie tellement que je m'y perds l'espace d'un instant.

- Tu te montres rassurant avec moi, dit-il. Tu essaies de me dire de bonnes choses, tout le temps.

- Je le pense.

- Peut-être oui. Mais tu ne lâches pas l'affaire.

- Parce que je n'ai pas envie que tu crois être comme lui.

Les deux se ressemblent physiquement, le lien de sang est indéniable. Mais outre cet aspect physique, ils n'ont rien en commun.

Je ne connais par coeur le bouclé, et je pense ne jamais avoir cette prétention : il reste une énigme pour moi. Malgré ça, je peux l'affirmer sans risque.

J'ai même été jusqu'à changer les règles pour lui, tellement j'en suis persuadé.

Je ne me suis jamais battu pour une quelconque cause, ou pour qui que ce soit auparavant.

Il faut croire qu'avec son attitude de gosse de riche, il m'a fait changé mes propres règles aussi.

- Tu es normal, je rajoute. Tu es normal, juste comme moi.

Son sourire s'élargit encore un peu, et lentement, il secoue la tête.

- Tu te trompes Louis. Tu es loin d'être quelqu'un de normal.

Il me fait signe de regarder le même écran publicitaire qu'il y a une minute : et alors que je lève les yeux, mon souffle se coupe.

Je suis affiché dessus, le nom des Colorado Rockies marqué en gros au dessus de ma tête.

Je suis affiché à Times Square.

Il me faut un moment pour cligner de nouveau des yeux, et calmer mon rythme cardiaque. Je baisse les yeux et sort immédiatement de cette bulle. D'un coup, elle éclate, et je souffle.

- Ouais, au moins maintenant je suis digne de traîner avec Harry Styles, j'utilise l'humour pour renverser la situation. Baseball ou pas, ça ne change rien à une quelconque dignité de me côtoyer.

- Mais sans le baseball, on ne se serait jamais connus.

C'est presque effroyable de se dire que sans la mort de Zayn, on ne se serait probablement jamais rencontrés - jamais de la sorte, du moins. J'aurais continué à admirer son travail, sans jamais l'approcher amicalement - et encore moins jusqu'à s'embrasser.

Et partant de ce raisonnement, c'est probablement encore plus effroyable de me dire que je suis heureux de connaître Harry de la sorte.

- C'est vrai, peut-être qu'on ne se serait jamais rencontrés... Mais on referait le monde avec des si.

- T'es déjà un beau parleur, tu ferais un beau politicien, je le taquine.

- J'ai le meilleur exemple à la maison pour devenir le cliché du mec que personne n'aime, pouffe t-il en retour.

- Ouais... Si tu veux tout savoir, je voterais pas pour lui.

Harry rigole sincèrement, et cela me procure le même effet.

Je relève les yeux vers le panneau publicitaire, qui a changé entre temps, jusqu'à revenir sur cette image de moi.

- C'est marrant mais, ça ne me fait pas du tout l'effet que je pensais.

- D'être connu ?

- Ouais, ça.

Le dire me paraît surréaliste.

- Il y a des articles sur moi maintenant, les gens connaissent mon nom, et sûrement des choses de ma vie. C'est fou de se dire ça, non ?

- Oui, sourit doucement Harry. C'est fou, et on ne s'y fait jamais vraiment.

Il en sait quelque chose, et à cet instant, parler de ce point commun entre nous me fait un bien fou.

- Ça me stresse plus qu'autre chose. Je ne sais pas combien de temps ça va durer mais... ils attendent tous quelque chose de moi, quelque chose que je ne suis même pas sûr de pouvoir donner.

- Tu ne feras des home-run à chaque match Louis, c'est évident. Les gens doivent apprendre que nous ne pouvons pas toujours être au meilleur de notre forme, peu importe le domaine. Ils vont attendre que tu sois aussi bon, si ce n'est même encore meilleur, mais ce n'est pas possible. Ils doivent comprendre.

- Bien-sûr, mais est-ce qu'ils comprennent un jour ?

Le bouclé hausse les épaules, et ainsi, j'ai ma réponse. Plus la foule est grande, plus la proportion de gens méchants et déçus l'est également.

J'acquiesce, souffle, et relève les yeux vers ce panneau publicitaire ; qui affiche à nouveau son père.

Seulement non, je ne veux pas regarder cet homme, je ne veux pas y penser - je tourne la tête vers son fils et le vert de ses yeux. C'est lui, c'est moi, dans Times Square. Ce n'est pas l'agent et le gamin torturé à cause d'un père puissant.

- Merci, je lui dis.

- Merci à toi je crois.

Même si nos mots ne semblent pas avoir grand sens sans contexte, nous savons tous deux à quoi ils sont destinés, et c'est suffisant.

Mes lèvres s'étirent pour lui offrir un sourire tendre, sincère. Ce doit être rare, d'entendre Harry Styles dire merci venant du coeur. J'ai cette chance.

Dans ma tête, au fond, l'idée qu'un jour il me détestera, si ce n'est plus, apparaît tout à coup. Un jour, il apprendra quel était mon but premier, et pensera que j'ai voulu, jusqu'au bout, l'utiliser et lui faire du mal.

Mais la joie du moment semble prendre le dessus, et c'est la première fois depuis des mois qu'une émotion positive prend le dessus sur une négative.

Je n'ai définitivement pas envie que lui et Xander se suivent, où que ce soit.

Je n'ai pas envie qu'il aille en prison.

Je n'ai pas envie qu'il apprenne que mon premier but ici a été de lui faire du mal, de l'incriminer, de l'envoyer derrière les barreaux.

Ce n'est plus ça.

Car cette émotion positive, plus forte et puissante que la négative, venant la terrasser : c'est Harry et son sourire qui me la procurent.

Bordel.

× × ×

Le cri du public fait bourdonner mes oreilles, et je me concentre au maximum pour ne pas y prêter attention. Mes yeux se perdent l'espace d'un instant sur la foule immense, mais je me résigne vite en voyant des banderoles à mon nom. Cela ne fait que monter le stress.

Je reste un peu à l'écart des huit autres joueurs, pour souffler un peu, me détendre. Ils ont tous l'air de si bien gérer la pression, d'être parfaitement habitué. Je suis définitivement le cygne noir.

Je ne comprends pas pourquoi le public s'est autant emballé à mon sujet - j'ai fait un départ en trombe, certes, mais cela ne promet pas mon excellence. Pourtant, ils semblent déjà me vénérer comme si mon palmarès de victoire était incroyable.

Alors j'ai peur, je stresse, je regrette presque.

Sûrement mon mauvais karma. Je le mérite.

- Ils en attendent de toi, vient me dire Xander en s'étirant.

Je peux entendre le public déjà commencer à dire mon nom, ainsi que celui d'Harry.

- Je sais, je souffle. Il faut qu'on leur offre un match de qualité.
- Comme d'habitude, je vais me donner. Mais pour eux, ça repose sur toi Tomlinson. Tu es leur star.

Je me retiens d'engueuler Xander pour remuer le couteau dans la plaie, déglutis et hoche la tête. Le garçon est appelé pour l'entrainement et un à un, nous passons. L'équipe adverse fait de même, et très - trop - rapidement, le début du match est déclaré.

La première manche passe, avec l'alternance de nos deux équipes en attaque et défense. Les Yankees sont impressionnants, mais je sais que nos joueurs peuvent largement faire le poids. Seulement, lors de cette première manche, je ne suis pas du tout dans le jeu

Du moins, c'est l'excuse que je me donne.

Car à la deuxième, ainsi que la troisième, je suis pareil. Je ne tape pas une seule fois les balles lancées.

Pour la quatrième, je retourne dans l'abri des joueurs et m'assois sur le banc. Harry prend ma place et sans lutter, se positionne, rythme son corps et frappe ardemment à chaque fois. Le public s'excite, et c'est justifié.

- Reprends-toi, me dit le coach Cox. Tu peux le faire, tu es loin d'être un débutant.

Je ne réponds pas et une fois la quatrième manche terminée, Harry vient à mon niveau l'espace d'un instant : le temps que la cinquième manche démarre.

- Tu es stressé, c'est normal. Essaie de te reprendre.

- Je sais, je souffle. Vous me dites tous ça, de me reprendre - mais je le sais déjà.

Mon ton est sec, presque trop ferme. Je soupire face au visage stoïque d'Harry et secoue la tête.

- Excuse-moi, je ne veux pas te manquer de respect.

- Tu laisses les émotions t'envahir, parce que tu as peur de les décevoir. Il ne faut pas que tu penses à ce que eux pensent, justement.

- Je sais, c'est juste... vraiment bizarre. J'ai envie de me donner, et je n'y arrive pas.

Il est évident que je ne fais pas exprès de me ridiculiser en ratant mes coups de la sorte.

En plus de me faire payer le prix fort à moi-même, je le fais également subir à mon équipe entière. Et c'est ce qui est le plus pesant. J'en ai marre de faire subir à mes équipes mes erreurs de jeux.

- Les gens du public, sur les réseaux, dans la presse, ils en ont trop fait, je dis. Ils ont cru en moi en m'imaginant avec un don ou je ne sais quoi, et ils n'auraient pas dû.

- Louis.

À son tour d'adopter un ton plus ferme, afin de me secouer un peu. Le bouclé s'assoit à côté de moi. Je note mentalement que nos genoux se collent et étrangement, cela me procure une certaine chaleur.

- Arrête de te braquer comme ça quand tu n'obtiens pas ce que tu veux.

- Ce n'est pas ça, je dis.

- Tu es déçu, et c'est normal. Mais le jeu n'est pas fini. Ça ne sert à rien de s'avouer vaincu. Même quand tout semble perdu, le principe c'est de continuer malgré tout, jusqu'à ce que tu ne puisses plus. Peu importe ce qu'ils pensent, disent, ou l'idée qu'ils se font de toi.

L'espace d'un instant, je n'ai pas l'impression qu'on parle encore de baseball, mais qu'il m'ouvre légèrement son coeur sur son ressenti de sa vie en ce moment. Sur sa philosophie, ce qui le fait sûrement tenir un minimum.

Je sens son genou exercer une pression contre le mien, et ses yeux dans les miens, je devine qu'il fait exprès. À sa manière, et discrètement, il m'offre un contact et me rassure. J'acquiesce lentement.

- Je vais te mettre sur la cinquième manche, dit-il. Et ne t'en fais pas, tu vas y arriver.

- Ok, je me motive.

Le bleu de mes yeux se perd dans le vert des siens l'espace d'un instant, et je sais que ce n'est ni le moment, ni l'endroit, mais cela arrive juste. Harry est celui qui se relève d'un coup, me remettant ainsi dans l'ambiance sportive.

Le match, oui. Le match. Tu m'étonnes que je suis dispersé..., je pense mentalement.

Mon capitaine s'arrête à quelques mètres du banc et se retourne.

- Et Louis, ajoute t-il.

- Oui ?

- Imagine simplement que le terrain est Times Square. Lumineux, impressionnant, mais dominé par une grande image de toi, et toi seul. Tu peux t'approprier entièrement les lieux, alors fais-le.

Le bouclé garde son expression sérieuse malgré ses mots rassurants et comme cela, repart en courant jusque'à sa position définie. Je souffle un bon coup, écoute un speech motivant du coach, et suis reparti.

Je me positionne sur la base de lanceur, et une fois que le lancé arrive, je suis confiant.

Mais encore une fois, je rate.

Et toutes celles qui suivent aussi.

Sixième, septième, huitième et dernière manche. En tout, sur toutes les frappes que j'entreprends, je ne touche que deux fois la balle : une fois pour faire un « out », une fois pour faire un petit simple.

Je ne m'approprie pas du tout les lieux. Les neufs manches se terminent et l'arbitre prononce son verdict plus qu'évident :

- Victoire aux Yankees.

J'ai été plus que mauvais durant ce match si important, face à des titans du baseball. J'ai été un véritable débutant, une déception pour le public qui m'avait idéalisé.

La foule crie le nom de Xander, ainsi que celui d'Harry, qui se sont dépassés pendant cette rencontre. Mais cela n'a pas été suffisant.

Je tourne la tête pour regarder le bouclé, et malgré le marbre de son visage, j'ai cette sensation d'arriver à lire dans ses pupilles désormais.

Car enfin, j'ai la clé.

Ce que je vis, c'est la clé.

Je peux penser mille fois à une situation - nous pouvons tous penser mille fois à une situation, tant que nous ne la vivons pas, tant que notre coeur ne pulse pas au rythme de celle-ci, nous n'avons jamais tous les éléments.

Là, je les ai.

Je le vis - je le comprends.

Je suis dans une situation délicate, inédite, publique - les gens en attendent de moi, à toutes les échelles, se font une idée de ma personne, de qui je suis, de ce qui se dit, sans réellement savoir. Ils se font des attentes, des espoirs ;

Et aujourd'hui, en étant simplement humain, je les déçois à grande échelle.

Oui, je comprends Harry et enfin, je suis apte à lire dans ses yeux la lourde histoire qui défile.

Le public est silencieux.

× × ×

Je monte dans le bus et avance maladroitement dans les allées. Le véhicule est plutôt silencieux, personne ne chahute ou n'a envie de crier pour la victoire. Une défaite, ça fait moins plaisir.

Et je sais que je ne peux pas intégralement me blâmer pour cela, mais ça trotte tout de même dans ma tête.

Je m'arrête à une place partiellement vide, et lance mon sac sous le siège sur lequel je finis par m'avachir, soupirant. Je me répète mentalement : Trajet jusqu'à l'aéroport, ensuite court vol interne, ensuite encore un peu de bus, et je serai à la maison dans l'après-midi. J'y retrouverais Nick, qui a l'air paniqué de son trajet seul, se plaignant dans mes SMS.

Je lui réponds en lui envoyant une énième fois les captures d'écran de ses correspondances, et le rassure brièvement avant de mettre mon téléphone en silencieux. Pas en mode avion. Il aura peut-être besoin de moi, et les amis sont faits pour ça.

Je me cale confortablement dans mon siège coté couloir et sors mes écouteurs de ma poche, que je commence à démêler.

Harry, à ma gauche, sors sa tête de sous le pull qui la couvrait, et tourne la tête vers moi, les sourcils haussés. Son regard m'appelle alors je me tourne vers lui.

- Oui, je me suis assis à côté de toi. Je sais que tu n'aimes pas parler pendant les trajets, et je n'ai pas envie de parler, alors j'ai jugé que c'était la meilleure idée.

Mes yeux se posent de nouveau sur mes mains alors que j'hausse innocemment les épaules.

- Et puis, j'ajoute, je n'avais pas spécialement envie que Xander se retrouve ici.

En parlant de lui, le brun me lance un regard en s'enfonçant dans l'allée de bus. J'y lis beaucoup de choses - et peu positives. Notre contact visuel est interrompu lorsqu'il se résigne à s'asseoir à côté de Tommy.

Le bouclé à côté de moi rigole suite à ma dernière réplique et se redresse dans son siège, calant son pull sur ses genoux, comme s'il n'en avait plus aucune utilité.

- Tu veux en parler ? Parle t-il doucement.

- Non. Là est tout mon point.

- Tu savais qu'en venant à côté de moi en étant si silencieux et boudeur, j'allais te proposer d'en parler.

- Non, on m'avait informé que tu n'aimais pas parler - hey, je ne suis pas boudeur, je me défends puérilement.

- C'est pour ça que ta lèvre est retroussée comme un chiot malheureux ?

Face à ses yeux, son sourire et son ton légers, je roule des yeux.

- Tu as l'air plutôt de bonne humeur pour un capitaine d'équipe qui a perdue contre les Yankees, je note.

- On ne peut pas être bon partout et tout le temps.

- Non, mais on peut l'être au maximum.

- Tu as vraiment envie de te blâmer hein ? Il rigole. Ce n'est pas de ta faute si on a perdu. Tu as été mauvais, je ne vais pas te dire le contraire.

Aïe.

- Mais on l'est tous un jour ou l'autre, poursuit Harry. Et tu n'étais pas seul sur ce terrain non plus. On a tous été mauvais, et il va s'agir de faire mieux au match retour, c'est tout.

J'hoche simplement la tête. J'ai l'impression d'avoir simplement le capitaine en face de moi, alors je bois ses conseils et indications.

Harry s'installe de nouveau confortablement, presque avachi sur la fenêtre tandis que je place les écouteurs dans mes oreilles.

- Si tu veux parler en tout cas, monsieur boudeur, n'hésite pas.

- Tu me fais l'honneur de bien vouloir discuter avec moi et personne d'autre pendant les trajets alors ?

Sans bouger d'un poil, ses yeux se dirigent vers moi et il est marrant, à être presque en boule comme ça, à pourtant garder ce regard fixe et dur.

Je crois qu'il ne m'intimide plus vraiment, en fait.

Si ce n'est plus du tout.

Je ne vois que les petites choses humaines, presque mignonnes, désormais.

- Eh bien, si tu prends ça comme un honneur, questionne-toi. N'oublie pas que je suis un capitaine d'une équipe qui vient de perdre, il utilise l'humour.

- Ouais, tu es un peu le cygne noir.

- Oui. Le cygne noir. C'est une belle représentation.

Le cygne noir, fatigué de suivre le troupeau.

Le bus démarre direction l'aéroport, et je regarde pendant un moment les gens autour de moi, en lançant une musique douce dans mes écouteurs - Mystery of Love, de Sufjan Stevens. Elle est suffisamment forte pour me transporter alors que je regarde le paysage, mais assez basse pour que je puisse entendre les mouvements autour de moi.

Je tourne la tête vers Harry, qui a le regard posé sur ce qu'il se passe derrière la fenêtre. Le soleil descend dans le ciel, le début de soirée approchant.

Et il y a une certaine logique à cette scène. Cette musique très hors du temps, dans ma tête chamboulée par le passé ainsi que le présent, alors que je regarde ce garçon très différent.

Ou peut-être pas, en fait.

Sentant mes yeux sur lui, Harry tourne la tête vers moi, presque interrogateur. Il pense probablement que je veux parler, alors j'explique :

- Je garde cet honneur pour plus tard, si ça ne te dérange pas, je dis doucement.

Lentement, sans me brusquer, il hoche la tête et se reconcentre sur le film de la vie qui se déroule hors du véhicule. Je sens son genou venir se coller au mien, et je ne sais pas si c'est délibéré ou non, mais je prétends juste que oui.

Tout de suite, je n'ai pas envie de parler, d'extérioriser quoi que ce soit. Ce n'est pas ce genre de moments où je me braque, pas du tout - simplement ceux où tranquillement, j'ai envie de respirer, me vider l'esprit, le laisser divaguer et remplacer le négatif par le positif. Je n'ai pas envie de parler. Alors, je ne le fais pas.

Et Harry comprend.

Parce que parfois, la présence vaut plus que certains mots.

Et parce qu'il fait partie de ces gens-là.

Ceux qui comprennent.









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J'espère que vous allez tous bien !
Voici un long chapitre, assez important. Doucement mais sûrement, ils acceptent ce qui arrive : passent du temps ensemble et essaient de comprendre et de se laisser aller, même si ce n'est pas simple.
Louis découvre que l'œil publique est plus mauvais que pensé, et comprend enfin Harry. Le comprend un peu trop même...

Merci beaucoup de continuer à lire.

Cette histoire sera longue, et vu que chaque chapitre fait presque 10 000 mots, j'hésite à la partager en deux tomes. Je verrai bien.

Bonne journée/soirée/nuit ❤️

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