CHAPITRE 11
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PARTIE 1 : Humide
LOUIS
Je lève la tête alors que j'entends toquer à ma porte de chambre.
- Oui ? Je réponds en poussant mon ordinateur portable de sur mes genoux.
Nick entre, et ferme la porte derrière lui.
- Tu ne dors pas ? Je demande.
- Toi non plus, à ce que je vois.
Il vient directement s'asseoir à côté de moi, sur mon lit. Il n'y a aucun bruit dans la maison.
- Je n'y arrive pas, je lui dis. Je pense à beaucoup de choses.
- Je comprends. C'était comment, de le voir ?
Nick n'a pas besoin de préciser de qui il veut parler - c'est d'Harry. J'hausse les épaules et réfléchis, un court instant.
- Je ne sais pas vraiment, je t'avoue. C'était bizarre. Déjà, je ne m'attendais pas à le rencontrer pour la première fois ici et puis... Pendant longtemps il a genre été, mon modèle. Même si je dois le détester, au fond j'ai toujours cette petite admiration bizarre.
À cet aveu, je me mordille la lèvre. Je ne suis pas sûr que ce soit normal, mais c'est mon ressenti. Une sorte de mélange étrange de sensations que j'ai l'impression de découvrir.
Mon ami vient s'allonger sur le lit, les bras croisés derrière la tête. Il regarde le plafond, comme pensif.
- Je crois que je comprends, rétorque finalement Nick. Je n'ai jamais été dans ta situation, mais c'est normal d'avoir cette dualité, je pense. Tu passes d'une sorte d'idole, à un ennemi.
- Ouais, quelque chose comme ça.
Nous soupirons en choeur.
Je regarde Nick, qui lui-même a l'air perdu dans ses songes. Ce schéma de vie était plus qu'inattendu - outre le fait que j'ai à traquer Harry Styles, me retrouver ici avec Nick est quelque chose à noter. Et surtout, apprendre à apprécier sa compagnie.
Seuls dans la chambre m'étant attribuée, je ne sens pas l'envie de le virer. Ça fait du bien, de ne pas être seul.
- Zayn te manque ? Je lui demande.
- S'il me manque ? Reprend Nick en tournant la tête vers moi.
- Oui, enfin... C'est une question stupide, désolé.
- Un peu, il rigole, puis son visage redevient neutre, triste. Bien-sûr qu'il me manque.
- Il était comment, ce soir-là ?
Le temps du petit silence qui suit, j'ai le temps de me faire des idées. D'imaginer Zayn dans sa voiture, ce soir-là. Je m'en voudrais surement à vie de ne pas l'avoir accompagné, et en même temps, je digère doucement que je n'aurais rien pu faire.
Il serait peut-être parti rejoindre Styles et leurs complices après m'avoir ramené chez moi, et l'issue aurait été la même. Je ne peux pas savoir, alors j'essaie de m'alléger de ce poids sur le coeur.
- Il était normal, répond finalement le brun. C'est ça, le pire. Il était juste... normal. C'est vrai que sur le coup je me suis demandé pourquoi il voulait autant d'affection, mais il m'a juste dit qu'il m'aimait.
Nick marque une petite pause avant d'ajouter, la voix plus frêle :
- C'était la première fois qu'il me le disait. Je me serai habitué à l'entendre, tu sais.
- Je suis désolé Nick.
Mon coeur est serré et je suis plus que sincère. Je le remarque, qui tente de ravaler quelques larmes.
Perdre la personne dont on est amoureux. Je n'imagine pas. En réalité, comme je n'ai jamais été amoureux, c'est assez difficile pour moi de m'y projeter, mais c'est la pire des punitions, parait-il. Mon père m'en a assez parlé.
- Je sais que tu l'es Louis, merci. Moi aussi je suis désolé que toute cette situation merdique arrive.
- Ouais... Bon, même si, tu sais, je ne comprends toujours pas ce qu'il te trouvait, j'ajoute dans une petite touche humoristique.
Cela a l'effet voulu. Nick lâche un petit rire, bref. Amicalement, il vient me pousser le bras, ce qui me fait rigoler à mon tour. Nous restons tout de même calmes, pour ne pas réveiller la maison.
- On parlait souvent de toi tu sais, reprend-il. C'était - enfin, je voulais vraiment te le dire. J'avais vraiment envie de l'assumer, en fait.
- Et Zayn avait peur ?
- Bien-sûr, il avait des choses à régler de son côté, il disait. Et maintenant qu'il y a toute cette histoire de drogues et tout ça... Je crois que je comprends mieux.
- J'ai l'impression que ce n'était pas le Zayn que je connaissais, j'avoue en un soupir.
- Je me suis dit ça, aussi... Mais j'ai cette espèce de confiance en lui qui perdure. Je ne sais pas si ça a vraiment de sens mais, il t'arrive pas de te demander si Zayn faisait pas ça pour une bonne raison ? Justement pour peut-être aider quelqu'un, sortir ces accro de là ou je ne sais quoi ? J'ai du mal à l'imaginer le faire sciemment juste parce que c'est illégal. Surtout qu'on passait beaucoup de temps avec lui, quand j'étais pas avec lui c'était toi, et vice versa. Il n'était pas accro.
Alors qu'il parle, je me mets à réfléchir. C'est vrai que je n'avais pas vu ça comme ça. C'est vrai qu'aussitôt, me sentant mal et « trahi », je me suis simplement mis en tête que mon meilleur ami était peut-être un pur étranger. Mais Nick a raison. C'est peut-être plus profond...
- Tu penses à quoi ? Je demande.
- Je ne suis pas sûr... Peut-être juste, qu'il essayait de faire quelque chose de bien là-dedans. De sauver quelqu'un, d'aider quelqu'un, d'empêcher le mal, ou je ne sais quoi. Comme la bonne personne qu'il était.
Je baisse les yeux. Oui, la meilleure des personnes, selon moi.
- Je suis sûr qu'il y a un lien avec cette histoire de drogue de toute façon, reprend Nick. Pourquoi elle serait là sinon, hein ?
- Je suis d'accord.
- Mais pour le côté qu'il était juste un mec qui en vendait sans raison... J'en suis pas si sûr. Mais bon, pour le reste, pour la vérité... Je crois que seul l'avenir nous le dira.
Oui, seul l'avenir et les compétences que je peux mettre pour essayer de soutirer des aveux à quelqu'un. A Harry Styles, à un de ses complices, n'importe lequel. Il faut dire que Josh ne nous a pas été d'une grande aide, étant donné qu'il ne faisait qu'acheter sans prêter attention au pourquoi du comment, afin d'être le meilleur joueur de baseball de notre petite ville.
Ce mec est stupide, de toute façon. Sans offense à son père que je respecte beaucoup, en revanche.
- J'aimerais que tu aies raison, Nick. Que tout ça ne soit pas ce que cela semble être. Que peut-être... ce soit plus simple.
- Moi aussi Louis. J'ai envie de croire que Zayn était malgré tout cette personne qu'on connaissait. Qu'il est mort fidèle à lui-même et à l'image qu'il dégageait.
J'acquiesce. Peut-être que si je choisis d'y croire moi aussi, ce sera plus simple. Et peut-être que si j'y crois suffisamment fort, cela se réalisera.
Oui, si Zayn essayait juste de faire quelque chose qui nous a échappé ?
- Tu veux regarder un film ? Je propose à Nick.
- Ouais, volontiers. Un truc sympa, détente si possible.
Nous faisons le choix ensemble avant de nous poser tranquillement devant un programme qui justement, nous permet de penser à autre chose. Ou presque.
× × ×
J'amène mes mains à mes genoux, essoufflé. Je savais que ça allait être du sport, littéralement, et que j'allais en baver - mais, là, j'avoue que c'est quelque chose.
Et dire que le match approche à grands pas et que j'ai l'impression de perdre un poumon après un entraînement un peu trop intense. Ça promet.
- C'est bon pour aujourd'hui, crie le coach Cox. Aux vestiaires les gars. Tomlinson, j'aimerais que tu viennes me voir.
Je me redresse et reprends mon souffle tout en marchant dans la direction du coach. Tous mes équipiers s'en vont vers les vestiaires et les douches collectives. Mon regard suit Harry - de dos. Évidemment, il ne se retourne pas. Jamais.
- Oui coach ? Je demande une fois à sa hauteur.
- Je trouve que tu fais des progrès, dit-il. Ce n'est que le deuxième entraînement mais tu es plus actif qu'au premier.
- J'étais sur le banc pendant le premier en même temps.
- Tout juste.
Ce n'est pas une lumière, ce coach. Mais au moins il est encourageant, il nous traite tous de la même manière - même si Harry reste son chouchou - et c'est plutôt agréable.
Je dois reconnaître que coach Clayton me manque. Il m'a vu apprendre le baseball, être ce gamin, puis cet adolescent passionné. J'ai hâte de reprendre ma vie normale.
- Nous en avons discutés avec Harry, reprend l'homme, et il va falloir qu'on discute de ta position pendant le match.
- Vous voulez me faire jouer ? Je m'étonne.
- Oui, pourquoi ?
- Je pensais... que j'allais être remplaçant sur le banc.
Il secoue la tête, et je me dis qu'il est totalement fou de prendre ce risque. Je suis le nouveau, et ils me font jouer.
- Non Louis, tu joueras avec nous. C'est en allant sur le terrain et en étant mis en condition directe que tu pourras te surpasser. Tu as du potentiel - je le vois.
- C'est un risque que vous prenez là. Si mes performances sont terribles pendant le match de samedi ?
- Elles ne le seront pas. Les Rockies prennent des risques et gagnent, c'est comme ça qu'on fonctionne.
Comme si je n'avais pas suffisamment de pression sur les épaules quant à mes performances, cela vient s'ajouter.
- Ok... Je suis plutôt frappeur, je dis alors. Je cours vite, même si j'ai du mal à gérer mon endurance.
- Alors tu vas travailler sur ça dans les prochains entraînements. Il faut tenir les neufs manches et donc les quatre heures de match.
Rien à voir avec les petits matchs qu'on faisait au lycée ou au mieux, dans la ville. Déjà pour ceux-ci j'étais stressé alors là, face au Coors Field rempli avec 5000 personnes...
Oh bordel. Quelle folie.
- On en rediscutera au prochain entraînement, ok ?
- Oui coach.
- File aux vestiaires. Et ne perds pas ça de vue : travaille ton endurance au maximum si tu es meilleur frappeur. Va faire des joggings, mets-toi en condition. Tu connais le métier, je ne t'apprends rien.
- Non coach, vous ne m'apprenez rien. A demain.
Soupirant, je quitte le terrain pour rejoindre les vestiaires. Je pense à tout ce que cela implique, je me monte la tête vis à vis du match de samedi prochain. Puis je chasse tout ça de mon esprit. Ce n'est pas dans l'instant présent alors je ne dois pas me pourrir.
En arrivant dans l'endroit, je suis pris par la buée et l'odeur de savon. J'entends les gars rire, et discuter, dans les douches. Il y en a quelques uns qui sont déjà habillés et prêts à partir. Les douches express sont la spécialité des sportifs de haut niveau.
Je ne regarde pas ce qu'il s'y passe. J'ai toujours été plutôt gêné avec ça, le fait de voir ces corps nus autour de moi. Ce n'est rien, je suis gaulé comme eux mais, je ne sais pas. Il y a quelque chose de dérangeant.
Je me concentre sur mon casier, prenant mes affaires de rechange. J'enlève mon maillot et enfile mon nouveau t-shirt, puis de même pour le pantalon. Personne ne prête attention à moi, jusqu'à ce que Xander sorte des douches :
- Tu te remets tout transpirant dans des fringues propres ? Me lance t-il.
Automatiquement, je tourne la tête vers lui et vois en une fraction de seconde qu'il est entièrement nu. Putain il se balade à poil, tranquille.
Je retourne si vite mon regard vers mon casier qu'on pourrait presque entendre ma nuque craquer.
- Je n'aime pas les douches communes, je réponds alors.
- Pourquoi ? Trop peur d'aimer ce que tu y vois ?
Je lève les yeux au ciel et prends mon courage à deux mains pour tourner la tête vers mon équipier. Je le fixe dans les yeux, évidemment. Je n'ai aucune envie de regarder... le reste. Et en même temps, j'en ai envie. Mais je ne le fais pas. Xander me révulse pas mal.
- J'ai une copine, Xander. Et quand bien même, aimer les mecs est honteux ?
Il lâche un petit rire et enfile un caleçon. Ouf, c'est mieux comme ça.
- Rien de honteux à ça.
- Ok, je préfère.
Je ne me laisse pas marcher sur les pieds par ce mec. Je sens qu'il a quelque contre moi, mais je suis incapable d'expliquer quoi. Bon, c'est tout à son honneur - je ne suis pas là pour me faire des potes, en soit.
Je range mes affaires dans mon sac à dos et mets celui-ci sur mon dos. Je ferme mon casier et trouve Harry à côté, adossé contre la rangée. Son regard fixe est posé sur moi.
Il a l'air tout droit sorti d'une série pour ados. Il a les cheveux mouillés, ses quelques boucles qui tombent sur son front. Et évidemment, son corps entier a encore des gouttes sur lui - la seule zone invisible à l'oeil est le bas de son corps, couvert par la serviette blanche enroulée sur ses hanches.
Ou peut-être qu'il est sorti tout droit d'un film porno.
J'ai du mal à ne pas regarder une seconde son torse, mais je me ressaisis de suite. Les corps d'hommes me font souvent ça mais, eh - on se calme. Judith, Judith, Judith. Ce n'est pas ma vraie copine mais il faut que je sois crédible.
Et puis, c'est une femme magnifique. Plutôt que de loucher sur un torse je pourrais peut-être davantage la regarder elle et me bouger - faire quelque chose, avec une fille. Regarder une fille.
Pas un homme. Encore moins celui-là. Pose toi ce genre de questions identitaires tout seul ou avec quelqu'un d'autre bon sang Louis.
- Qu'est-ce que tu veux Harry ? Je demande au concerné, en le regardant dans les yeux. Si cela concerne le fait que je n'aime pas prendre de douche collective, désolé mais je ne peux vraiment pas.
- Je me fiche de ça, il s'amuse. Tu fais ce que tu veux, ça change rien à ma vie.
J'arque un sourcil, sceptique.
- Alors qu'est-ce que tu veux ?
- T'inviter chez moi.
J'arque le deuxième sourcil.
- M'inviter chez toi ?
- C'est ce que je viens de dire, oui, il reprend, la voix lente.
Autour de nous, personne ne semble nous calculer, si ce n'est Xander qui me regarde étrangement. Je ne prête pas attention, ce mec a l'air de mal me regarder peu importe si je ne fais que respirer de toute manière.
Il se méfie de moi, et je vais devoir faire en sorte d'être prudent vis à vis de lui. Je ne veux pas que tout foire à cause d'un mec qui n'a rien à faire dans l'histoire.
- C'est bizarre, un mec à moitié à poil que me propose de venir chez lui, j'utilise l'humour.
- Je reconnais, ça peut porter à confusion. Plus d'une personne aimerait être dans ta position cependant.
- Tu as des chevilles si grosses que je me demande comment tu peux passer les portes, Harry.
- De grosses chevilles ? Tu peux les observer, je suis comme tu dis, quasiment nu devant toi. Je ne les trouve pas grosses, mes chevilles.
Je lève les yeux au ciel, un poil amusé par sa répartie malgré tout. Nous avons un peu la même.
- Tu habites dans quel coin de Denver ? Je demande.
- Alors c'est oui ?
- Je veux quand même savoir pourquoi tu veux que je vienne chez toi, avant toute chose.
- Parce que c'est une manière d'apprendre à te connaître, rétorque Harry, simple et confiant. Je pense que c'est nécessaire, je suis capitaine de l'équipe et toi, nouveau joueur. Tu n'es pas tout seul, ne t'inquiète pas.
Apprendre à me connaître, ouais, bon. Et puis « pas seul », c'est toujours mieux. Ça ne peut qu'être bon pour moi - je peux pêcher des informations, si je parviens à être suffisamment malin. J'ai très bien compris que son but est de déstabiliser, de garder le contrôle, le dessus. Dans tous ses faits et gestes, on peut le voir.
Sa manière de regarder intensément, cette faculté à parler lentement comme pour faire mémoriser ses mots, les boire ; cette posture de grand mec, carré mais pas trop, qui a une belle gueule et un caractère mystérieux et atypique. Il sait très bien ce qu'il fait. Et il sait très bien l'utiliser. Il a ce côté déstabilisant.
Je l'ai cerné, plus qu'il ne le pense. Mais toujours pas assez à mon goût.
- Je vais réfléchir, je dis alors.
Autant le faire mijoter, un peu. Il est comme tout le monde, et les gens, ils n'ont pas toujours ce qu'ils veulent au moment où ils le veulent.
- Je prends ça pour un oui, il sourit.
- Je n'ai pas dit oui. Le consentement, ça te connaît ?
Il arque un sourcil, agrandissant légèrement - très légèrement - son sourire en coin.
- Demande à mes conquêtes. Je suis un amant très respectueux.
- Je ne veux pas savoir quelles filles ont eu le courage de te supporter, je rigole. Je te tiendrai au courant de ma réponse - qui n'est pas oui, au passage.
C'est totalement oui - pour le bien de l'enquête, bien-sûr.
- Je peux partir maintenant, capitaine ? Je demande, jouant aussi sur la lenteur des mots.
Je le vois me détailler, et hocher lentement la tête. Ouais, il n'a définitivement pas l'air d'avoir l'habitude de faire face à des mecs au répondant. Il a cette chose différente dans ses yeux. J'espère qu'à ma manière, je le déstabilise un peu aussi.
En sortant je me demande ce que c'était que ça, que cette prestation, devant les autres en plus. Wow, je suis vraiment à fond dans ce personnage, en fait.
Je rejoins la voiture où Niall m'attend et sur le trajet pour rentrer à la maison, repense à ce ressenti que j'ai eu, de regarder les torses luisants dans les douches. Je soupire à cette pensée. Je remets tellement de choses en causes, ces derniers temps.
Je ne sais même pas qui je suis réellement et je dois m'inventer un nouveau personnage.
Parce que c'est ce que c'est, un pur personnage, pas vrai ?
*
PARTIE 2 : Nouveau tournant
MIKE
- Tu veux vraiment y aller ? Je demande à Louis.
Debout devant la table où l'adolescent est assis avec le reste du groupe, il hoche la tête.
- Oui, je pense que c'est la meilleure solution.
- Il y a un risque, parle Niall.
- Il n'y en a aucun, reprend Andrea. Il aura son micro, comme d'habitude. Ça peut être la meilleure option pour avoir une ouverture sur lui.
- Ou peut-être que je peux même trouver un cheveu ou quelque chose pour son ADN, s'enquit Louis.
Je n'ai pas besoin de réfléchir longtemps à tout ça, je sais que c'est vrai, c'est la meilleure option. Mais je reste sceptique qu'il nous serve la facilité sur un plateau d'argent comme cela. Harry doit avoir quelque chose derrière la tête, reste à savoir quoi.
- Et puis il ne m'arrivera rien, ajoute le chatain. Il a précisé que je n'étais pas le seul.
Le plus important dans tout ça est que le concerné a l'air d'accord avec l'idée. Il se sent d'y aller et nous ne le forçons pas à aller dans l'environnement d'Harry, ce qui peut être perturbant. Il se sent prêt. C'est ce qui compte le plus, je trouve.
- Oui, tu as raison, je reconnais. C'est sûrement la meilleure chose à faire. Pour gagner sa confiance, être plus intime avec lui peut être bien.
Louis a du rouge qui lui monte aux joues et baisse un peu les yeux, comme troublé par une idée. Je comprends que mes propos ont été mal interprétés alors je reprends :
- Intime dans le sens ensemble dans une même pièce en étant amical, j'entends.
- Oui, bien-sûr, répond-il. J'avais compris, il ajoute d'une plus petite voix.
Je ne m'attarde pas sur ce détail.
Je tire une chaise vide et prend place dessus.
- On fait vachement, conseil de la table ronde je trouve, parle Nick.
- Sauf que la table est carrée, note Niall.
- Rectangulaire, corrige Andrea.
- Tu vas contredire tout ce que je dis comme ça ? Rebondit le blond.
- Là n'est pas le sujet, je parle enfin. Ne nous prenons pas la tête sur des affaires personnelles.
- Tu es le plus vieux ici, souligne Judith. C'est normal que tu aies le rôle du grincheux.
- Il n'est pas grincheux, me défend Louis.
- Il l'est, rigole Ernie.
Ma fille pouffe, comme pour dire à Louis « ce mec est carrément le schtroumpf grognon, tu le connais juste mal », et je me passe les mains sur le visage. Je ravale un petit sourire, tout de même. C'est un vent d'air frais que de se retrouver à travailler avec des adolescents.
- Là n'est pas le sujet, je conclus. Tu vas donc y aller Louis ?
- Ouais, je pense que c'est le mieux. Vous en faites pas - je sais que ça vous stresse sans cesse de penser qu'il peut m'arriver un truc, mais là, ça parait gros quand même. Il m'a proposé devant les autres joueurs, et en plus, il m'a dit « t'es pas le seul ». C'est bon.
J'échange un regard avec tous les enquêteurs, qui hochent la tête.
- Ok, dit Todd. C'est bon pour nous.
- Je peux peut-être venir. Être avec Louis. Tous les deux chez Harry, reprend ma fille.
Nous tournons tous - Nick et Louis également - la tête vers elle.
- Pourquoi tu viendrais ? Demande le jeune aux yeux bleus.
- Je ne sais pas, pour peut-être essayer de lui parler aussi. D'attirer son attention pendant
- Non, je réponds. Ta présence là-bas n'est pas nécessaire.
- Je pourrais essayer de la rendre utile, elle se défend.
- J'ai dit non Judith.
- Et je pense honnêtement que ça sert à rien, reprend Louis, avec des pincettes. Il m'a proposé à moi - pas à toi. Il pense que t'es ma petite-amie parce qu'on l'a croisé au lycée mais ça serait bizarre que je te fasse venir alors que c'est sûrement un truc entre nous, dans l'équipe.
J'examine ma fille qui se résigne à hocher la tête, cachant un petit soupir. Elle a l'air vraiment déçue de ne pas pas pouvoir être plus importante dans tout ça - mais Louis est en première ligne, Louis est l'élément qui peut tout changer, pas elle.
Je mets ça sur le dos du fait que probablement, elle veut réellement prendre part dans cette enquête, la résoudre, contrairement à celle concernant sa mère. Je ne vois pas d'autre raison au fait qu'elle veuille passer tant de temps collée à Louis.
Ou peut-être que si. Ils ont dormi ensemble, sous mon toit. Ils ont peut-être une relation, je ne sais pas. Nous n'avons jamais vraiment parlé de ça, avec Judith.
- Alors c'est plié ? Demande Todd. On fait comme ça ?
- On fait comme ça, répond Andrea. Qui restera dans la camionnette devant chez Styles ?
- Je préfère suivre d'ici, je parle.
- Je resterai avec, reprend Ernie.
- Donc... Andrea et moi dans la camionnette, souffle Niall.
- Ça pose un problème ? Rétorque la jeune femme.
- Aucun Andy, aucun.
- Ne m'appelle pas comme ça, c'est notre surnom d'ex ça, elle soupire.
Je me pince les lèvres face à ce spectacle et lance un regard à Louis qui a l'air tout aussi gêné d'être là que moi. Nick est plutôt du genre amusé face à ce qu'il voit, et Judith, de même.
- On pourrait peut-être... passer à table ? Suggère Ernie. J'ai préparé des Griyo haïtien avec du riz, vous allez vous ré-ga-ler.
- Ok je vais t'aider à mettre la table, s'enquit Louis en se levant pour fuir la scène gênante.
- Je vais t'aider à porter les assiettes, je me lève aussi automatiquement pour le rejoindre.
Cela fait rire l'adolescent et cette vision me fait sourire.
× × ×
Le silence. Il a tendance à faire peur, avant tout. C'est le calme le plus complet. C'est entendre ses pensées et seulement elles - se retrouver face, sans pouvoir y échapper.
J'y suis habitué cependant. A cette solitude, cette torpeur. Mon quotidien est rythmé de silence depuis des années désormais - je suis ce loup solitaire, mais je ne m'en plains pas. Je l'ai choisi. Et même si cela va mieux avec le temps, que j'apprends à voir ce que j'ai autour de moi, qui j'ai, les vieux souvenirs restent là.
Dans cette maison pourtant bien peuplée, le calme le plus complet règne. Je n'arrive pas à dormir, je tourne dans mon lit depuis plusieurs dizaines de minutes et je ne sais pas quoi faire pour y remédier. A la maison, je travaille jusqu'à pas d'heure, je me plonge là-dedans.
Je soulève la couette et me lève. Je quitte ma chambre pour rejoindre le couloir, puis l'escalier et finalement me retrouver au rez-de-chaussée sans bruit. Le plancher craque légèrement sous mon poids, mais rien de suffisant pour réveiller les occupants.
De toute manière, je me rends vite compte que la maison n'est pas endormie - pas totalement. A l'approche de la cuisine, je remarque la lumière allumée et surprends une conversation entre Niall et Andrea. J'entends cette dernière soupirer.
- Niall, je sais que c'est compliqué entre nous par moment, on est dans la même maison et c'est pas de chance. C'est bizarre, pesant.
- Non, ce n'est pas ça, se défend l'homme. C'est bizarre ouais - mais ça va. C'est juste, j'ai cette impression que je me retrouve au milieu de ton idylle avec Mike. Et c'est juste, étrange. Ça s'est
- Sauf que ça s'est terminé tout de même. On est assez grands pour ne pas se détester. Et puis, il n'y a rien entre Mike et moi.
Aïe.
- Rien du tout ou rien d'avoué ? Demande t-il.
Je n'attends pas la réponse d'Andrea et quitte l'ombre pour me retrouver dans la cuisine. Quatre yeux se posent sur moi, et je vois la même choses dans les deux paires : « est-ce qu'il a entendu ? »
- Ne faites pas attention à moi, je dis. Je viens juste me faire un café. Ne vous dérangez pas pour ça.
Aucun ne me répond tandis que je prends une tasse, et me prépare un café. Il y a ce silence - comme toujours, il est là. Celui-là est pesant, particulier. Je ne regarde pas les deux individus qui sont dans mon dos, mais je devine qu'ils s'échangent des regards et que je gêne.
Honnêtement, c'est le cadet de mes soucis. J'ai cette jalousie mal placée, ce comportement stupide et enfantin, j'en ai conscience. Mais on se doutait bien que la vie en collectivité aurait ses inconvénients.
Je retire ma tasse pleine de la machine et me tourne vers les ex.
- Je vous laisse reprendre votre conversation, je parle alors.
- Attends, Mike, soupire la brune.
Je quitte la cuisine afin de partir dans la salle de travail. Je ferme la porte, ne voulant pas être davantage indiscret - j'entends tout de même qu'ils continuent à discuter, mais je ne discerne pas grand chose. Seulement, l'escalier fait ensuite du bruit et Andrea me rejoint.
- Désolée que tu aies dû assister à ça.
- Pourquoi ? Je ne la regarde pas, mais les dossiers que j'ai ouvert. Désolé de vous avoir interrompus, plutôt.
- Tu n'as rien interrompu.
Elle accompagne ses mots en prenant une chaise et en venant l'installer à mes côtés.
- Vraiment Mike. Tu n'as rien interrompu.
- Ça ne me regarde pas, je maintiens.
- Je crois que... si, un peu.
- Si les choses ne sont pas terminées entre vous, c'est entre vous et je le comprends. Ça ne doit pas être simple pour vous de vous... retrouver, dans une maison, et devoir mettre les choses à plat.
- Mike, soupire Andrea.
Je ne suis pas sûr de croire à mes mots - ni aux siens. Malgré tout, je tourne la tête vers elle afin de la regarder.
Des centaines de pensées me traversent. Mais
- Tu nous as entendu ? Demande Andrea.
- Oui. J'ai entendu quand tu disais qu'il n'y avait rien entre nous.
Nerveusement, elle se passe une main dans les cheveux. Elle soupire. Je la sens délicate, gênée. Ce genre de situations me perturbent beaucoup.
- Je ne voulais pas le dire comme tu l'as compris, elle explique.
- Tu n'as pas à te justifier -
- Si je veux dire, c'est toi qui me plaît.
À nouveau ce silence - encore différent, cette fois-ci. Un silence d'appréhension, peut-être d'une certaine tension. Nous nous regardons, et je suis nerveux. Je ne saurais pas expliquer pourquoi.
Je crois la voir fixer mes lèvres, et peut-être même qu'elle se rapproche. Je crois bien que moi aussi, j'avance, lentement. Jusqu'à l'ouvrir :
- Je ne peux pas Andrea.
Tout de suite, elle se recule. Elle n'a pas l'air déçue, énervée ni quoi que ce soit. Elle est impassible.
Nos regards restent croisés pendant plusieurs secondes avant que je parle, à nouveau. La femme ne me demande aucune explications mais je me dois d'en apporter :
- On est encore sur cette affaire, je ne peux pas. Je pense à ma femme.
- Elle n'est plus là Mike, répond-elle doucement.
- Je sais. Tu as raison. Mais il y a aussi ma fille.
Moi-même ne croit pas à ce que je dis. J'ai conscience qu'Abigail n'est pas là, qu'elle ne le sera plus - et je l'ai accepté. C'est une évidence, un fait incontournable, et j'en ai pris conscience.
Et de même pour Judith. Je sais qu'elle m'encouragerait à passer à autre chose, à avancer - qu'elle apprécie Andrea, qu'elle ne me jugerait pas sur ma vie et mes choix.
Mais me retrouver face à la jolie brune, qui m'avoue son ressenti - qui s'apprête à le mettre en forme, est très... réel. Trop, sûrement.
J'ai conscience d'être lâche, de me cacher derrière cette peur, plutôt que d'en parler. J'ai conscience que ce n'est pas comme ça que je vais me sortir de tout ce tourbillon, mais ce n'est pas si facile.
Rien n'est jamais si facile.
J'ai l'habitude d'être seul. C'est triste, sombre et pathétique. Ridicule aussi, probablement. Mais c'est le principe d'une habitude - celle-ci ne disparaît pas si facilement.
- Je suis désolé, j'ajoute. On devrait rester collègues.
Lentement, elle hoche la tête. J'ai l'impression de la voir triste une fraction de seconde, mais tout ce qu'elle laisse entrevoir, elle le chasse aussi vite et aborde un petit sourire.
- Tu as raison. On est collègues, et c'est interdit ces relations de toute façon.
- Oui, je rétorque. Raison de plus.
- Exactement. On s'est laissés égarer.
J'imagine qu'elle le pense, et ça me fait mal au coeur. Peut-être qu'elle se cache aussi derrière le mensonge pour se protéger, pour ne pas se laisser exposée à la vulnérabilité - ou peut-être pas. Il est aussi possible qu'elle se soit ressaisie et pense
Et ça me fait mal. Mais ce n'est pas dramatique ; je survis toujours aux douleurs. Ne pas s'attacher, ne pas s'attacher, ne pas s'attacher. Les retombées sont trop terribles.
- Collègues ? Elle me tend sa main, avec un sourire amical.
Je regarde sa main, puis son visage. En la serrant je sais qu'on laisse ça appartenir au passé.
Je la serre.
- Collègues.
Un sourire radieux illumine son expression, et - oh, merde, elle le prend vraiment super bien, pas vrai ? Les choses ne sont vraiment pas finies entre Niall et elle ?
Andrea se lève sous mes yeux et ça se bouscule dans mon esprit. Je pense à tout - au fait que peut-être je devrais la retenir, lui faire part de mes peurs, de mes doutes, de tout ce que cela engage.
Je n'ai pas eu de relation depuis si longtemps. C'est si naturel parait-il, mais j'ai cette boule dans la gorge qui perdure. Je n'attends pas ma femme - je suis prêt à avoir quelqu'un d'autre.
Mais il s'agit de sauter le pas, de savoir le faire, de savoir travailler, foncer - vivre. J'ai tellement, tellement de mal.
Et alors que je me prends à beaucoup trop réfléchir, Andrea se retrouve à la porte du bureau.
- Bonne nuit Mike. À demain.
- Bonne nuit.
Je sais qu'au moment où elle passe la porte, nous laissons ce moment appartenir au passé - demain, tout sera oublié, ma chance sera passée, et notre relation reviendra à ce professionnalisme total.
Il se passe quelques secondes où je me sens con, penaud. Je me ressaisis et mets ça dans un coin de ma tête, ne le laissant alors pas atteindre mon coeur et mes sentiments. Puis comme toujours, je me remets au travail.
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