4 - Mes cheveux sont communistes !


« Izuku ! Sors de cette douche, l'eau ça coûte cher ! »

Je pousse un soupir, alors que l'eau bouillante qui ruisselle sur ma peau me réveille un peu plus à chaque seconde. Après m'être réveillé ce matin, j'avais tellement transpiré qu'une douche me semblait nécessaire. Argh, quelle idée de faire un tel rêve... Juste évoquer le fait que j'ai rêvé de lui comme ça me gêne affreusement. Il était proche de moi, si proche de moi. Je pouvais sentir son odeur mentholée si discrètement masculine, je pouvais ressentir la chaleur de son corps sur chaque centimètre de mon corps. Et sa voix, et son regard, et tout le bien que cela me faisait... ARGH, cerveau, je vais vraiment t'éteindre !

Bref, ce matin, je me suis réveillé dans un état assez inhabituel. J'étais habitué aux érections matinales, mais jamais je n'avais fait face à ça... Vite, il faut que j'arrête d'y penser. C'est terriblement gênant, je ne comprends même pas comment j'ai osé rêver de lui comme ça... Comment je vais faire moi, pour le regarder en face ce matin ?!

Lorsque j'arrive dans le salon pour le petit déjeuner, ma mère me demande pourquoi avoir pris une si longue douche. Comment lui expliquer que je devais me soulager, en plus du fait d'avoir transpiré autant que pendant une grosse séance de sport en une nuit ? Non, impossible. Je marmonne une excuse bidon en rougissant, et je commence à manger mes tartines du feu de dieu. Il faudrait que je fasse des pancakes à Todoroki, un jour, je suis certain qu'il n'en a jamais goûté...

Argh, ne peut-il pas me laisser déjeuner sans venir me hanter ?!

Pendant le déjeuner, ma mère m'explique avec panique à quel point le four était dangereux. Après lui avoir demandé la raison, elle m'avoue avec gêne l'avoir laissé chauffer trop longtemps en préparant un gâteau pour ce midi, et je m'étouffe presque avec ma nourriture à cause d'un petit rire. Elle ne trouve pas ça drôle, et part bouder alors que je me dirige vers la salle de bain en m'excusant. Je passe bien dix minutes devant le miroir pour faire de mes cheveux autre chose qu'une serpillère vivante, mais sans succès. Je soupire, abandonnant face à cet ennemi redoutable, et je décide de partir dès à présent. J'embrasse ma mère en lui souhaitant une bonne journée, je prends mon sac, puis je me dirige vers le domicile de celui qui a hanté ma nuit. Je ne peux pas toquer à sa porte comme si de rien n'était. Je sais ! Pour arrêter de penser à mes doigts caressant sa peau diaphane, je n'ai qu'à faire une connerie ! Je serai gêné pendant toute la matinée, et je ne penserai plus à l'impression d'avoir ses lèvres contre ma peau !

J'arrive rapidement devant sa maison, et je me faufile dans son jardin. Je ricane déjà en pensant à ce que je vais faire. Je vais faire l'oiseau et lui faire peur ! C'est marrant, non ? J'essaie de grimper rapidement à l'arbre en face de sa fenêtre, histoire que ses voisins ne me prennent pas pour un voleur ou que sais-je encore (ce ne serait pas la première fois, en plus...) ! Alors que je m'accroche à une branche, j'aperçois la chevelure opaline et écarlate de Todoroki, et la vision de son visage endormi me paralyse. Je l'observe ainsi pendant de longues minutes, faire des allers-retours entre la fenêtre et d'autres endroits de la pièce. Serait-il en train de me guetter ? Cette idée fait paniquer mon cœur, et un large sourire se dessine sur mes lèvres sans même que je ne m'en rendre compte.

Soudain, j'entends le bruit d'un grand craquement, et je me fige. Je me retourne pour voir ce qu'il se passe, et je remarque que la branche sur laquelle je suis est sur le point de tomber. Je panique et veux sauter sur une branche adjacente, mais je suis déjà condamné à tomber, et mes mouvements ont achevé de déchirer le bois. Je me relève précipitamment, et je croise le regard abasourdi de Todoroki.

Merde, je n'avais pas prévu ça.

« Midoriya... ? Tu étais dans l'arbre là ?

- Désolé Todoroki, ehm.. Il y avait un chaton en haut, et il n'arrivait pas à descendre ! »

Il me regarde d'un air dubitatif, et je pense qu'il ne prend pas au sérieux mon excuse. Je rougis légèrement au contact de ses yeux – la vision de lui dénudé, et de son regard lubrique me vient en tête, et pour éviter de trop penser à cette délicieuse image, je décide de capituler.

« Bon... T'étais si adorable à aller voir à la fenêtre toutes les dix secondes... Je voulais continuer à t'observer comme ça ahah... »

Je le vois me tourner subitement le dos, et j'entends le bruit d'une pomme se faisant craquer ; J'aperçois le bout de ses doigts collés contre son visage, puis il me regarde du coin de l'œil.

« Mmh... La prochaine fois essaie de ne rien te casser. »

Amusé par son semblant de contrôle et par son inquiétude, je souris de toutes mes dents. Alors que l'on marche en direction de Yuei, il finit sa pomme alors que je lui raconte l'anecdote de ma mère à propos du four, ce matin. Il n'esquisse même pas un sourire lorsque je lui dis qu'elle a failli faire exploser ma maison, et cela m'interpelle quand même. Je sais qu'il est silencieux normalement, mais là il l'est un peu trop à mon goût...

« Et toi ? Il s'est passé quelque chose de spécial hier ? Tu as l'air morose.

- Juste un mauvais rêve un peu trop réaliste. »

Ah je savais que quelque chose clochait ! Je lui demande de me le raconter avec insouciance, mais lorsque j'aperçois son sourire triste, je regrette déjà de lui avoir dit ça. Il me dit qu'il ne souhaite pas s'en souvenir, et je me sens triste. Il rajoute « Peut-être ce soir, si t'es sage. », et le timbre de sa voix me fait penser à celle que j'entendais dans mon rêve un peu surréaliste. Je deviens écarlate, et dévie subitement le sujet sur les devoirs que l'on avait à faire. Je vois bien qu'il est suspicieux, mais j'ai tout sauf envie de voir ces images qui me mettent dans un état pas souhaitable à Yuei. Tiens, on est arrivés !

Rapidement, on croise Tenya et Uraraka. Cette dernière me saute dessus pour m'enlacer, et je ne comprends pas sa soudaine joie. Tenya semble également surpris, mais il salue Todoroki alors que mon amie l'ignore royalement. Je ne comprends pas sa réaction, veut-elle le rendre jaloux ? Je l'observe du coin de l'œil, et son regard me paralyse alors que je rougis à l'idée qu'il puisse jalouser ma meilleure amie. Il s'approche et nous lance un rictus forcé, en me souhaitant une bonne journée à moi et à Tenya, sans mentionner Ochako. Je vois dans son regard qu'il est à la fois blessé et en colère, mais je me demande si c'est à cause d'elle ou de moi ? Peut-être que je me fais des idées, aussi. Il continue son chemin et s'éclipse, puis une fois qu'il disparaît de notre champ de vision, mon amie me lâche et lance un grand sourire à Tenya.

« Tu vois je te l'avais dit !

- De qui vous parlez ?

- Uraraka était persuadée que le fait de t'enlacer énerverait Todoroki. »

Je la regarde avec surprise, alors qu'elle m'adresse son sourire un peu malsain.

« Et du coup, Tenya me doit un restau' ! »

J'explose de rire à la vue dépitée de mon ami aux jambes surpuissantes. Quand Ochako le veut, elle peut avoir un appétit monstrueux. On se dirige vers la salle de classe, où je commence à parler avec Ochako. Je suis certain qu'elle saura m'aider à gérer tout ça. J'essaie d'être le plus discret et le plus silencieux possible, je n'aimerais pas que cela se sache. Elle semble être plus attentive quand je lui annonce que j'ai quelque chose à lui dire, et que j'aurais besoin de ses conseils.

« Je crois que tu as raison, Uraraka... Je me sens bizarre quand je suis avec Todoroki. J'ai des envies que je ne ressens pas quand je suis avec tous les autres. Je pense que je suis amoureux, un peu... Mais je ne sais pas comment gérer ça... »

Elle me lance un regard hagard, presque choqué. Je l'observe longuement, en attendant une réaction. Pourquoi a-t-elle l'air si abasourdie ? Après quelques secondes, elle me lance un sourire forcé, et je sens bien qu'elle fausse la joie qu'elle exprime actuellement.

« Ahah, tu vois je le savais ! Je vois tout ! »

Elle baisse les yeux et fait mine de réfléchir, mais je n'aime pas le reflet que je vois dans son regard. Pourquoi a-t-elle l'air si triste... ? Ai-je dit quelque chose de mal... ? Elle me déclare avec un petit sourire qu'elle m'aiderait, puis elle replonge dans ses cours en me disant qu'il faudra en parler avant de partir, ce soir.

Je m'inquiète. Pendant le reste du cours elle reste perdue dans ses pensées, alors que d'habitude elle discute volontiers avec moi. Pourquoi ? A-t-elle des sentiments pour Todoroki... ?

La journée passe lentement. Le garçon qui hante mes pensées ne m'a pas parlé depuis ce matin, et je n'arrête pas de songer à la réaction d'Uraraka. Si ça se trouve, Shouto s'est énervé parce qu'il l'aime elle, et elle a essayé de le rendre jaloux pour voir s'il l'aimait ? Ces pensées me foutent en rogne, et en plus Ochako m'a oublié. Ainsi, j'attends depuis dix minutes dans la salle de classe, à la fois triste et en colère. Tant pis, elle devait trop penser à Todoroki. Je décide de rattraper ce dernier, bien décidé à savoir pourquoi il me boude. Est-ce parce que Ochako a trop été proche de moi ?

Je prends un chemin plus court pour arriver à la rue qu'il prend pour rentrer chez lui, et je le vois arriver. Il fixe ses poignets d'une lueur malsaine qui m'inquiète un peu, et ne me voyant pas, il pousse un petit cri de surprise quand il me rentre dedans. Devant mon air sérieux, il me lance un regard à la fois surpris et interrogatif.

« Pourquoi tu ne m'as pas parlé de la journée ? Pourquoi tu es parti ce matin ? Pourquoi tu fixes tes poignets comme ça ? Tu t'es fait quoi aux mains ?

- Je sais pas trop, j'ai supposé que tu étais en bonne compagnie et que tu n'avais plus besoin de la mienne... »

Je me sens agacé par ses propos. J'ai toujours besoin de toi, idiot.

« Bien sûr que j'ai besoin de la tienne, espèce d'idiot... Tu n'as pas répondu à mes questions. »

Il détourne le regard d'un air coupable.

« Je me suis juste fais mal tout à l'heure, je me suis cassé la gueule sur le chemin et je me suis mal rattrapé...

- Menteur, je te suis depuis ton départ je te signale. »

Bon d'accord, ce n'est pas vrai. Mais lui aussi il a menti, d'abord ! Je le vois, il ne veut pas me regarder en face, et une profonde détresse semble le tourmenter. Mais son adorable visage me détend, et ma colère se transforme en une douce tendresse. Je prends ses mains dans les miennes – à ce contact, son visage devient aussi rouge que la partie gauche de sa chevelure, et j'observe les plaies qui décorent ses mains graciles. Il n'y est vraiment pas allé de main morte... ! Ah je suis trop drôle comme garçon. De nombreuses plaies décorent ses phalanges, alors qu'une myriade d'ecchymoses décore le reste de ses mains... On dirait qu'il a frappé quelque chose de vraiment dur. Pourquoi a-t-il fait ça ? Je relève la tête et vois son visage troublé, et malgré ça je ne peux m'empêcher de songer à ce matin.

« D'accord, tu ne veux pas me le dire... Mais laisse-moi te soigner au moins, je sais que tu ne le feras jamais... »

Quoi ? Comment ça c'est qu'une excuse pour aller chez lui ? Pas du tout... Bref ! En relevant définitivement ma tête, mon nez frôle le sien, et je suis à la limite de l'arrêt cardiaque. Oh mon dieu. Je sens mon visage qui chauffe démesurément, et la chaleur qui me procure ses mains dans les miennes n'arrange en rien ces rougeurs. Son souffle sur mes lèvres me donne terriblement envie de l'embrasser, et je repense à mon rêve où je ne me posais même pas de questions pour le faire. Malgré moi, un long frisson me parcourt l'échine, alors que son odeur si attirante m'énivre. Je me sens léger, comme si plus rien n'avait d'importance. Son regard troublé me fait perdre la tête, mais je sens que je ne contrôle plus du tout le mien. Alors que les images de lui, dans mon lit, me reviennent en tête, il fronce légèrement les sourcils quand il voit mon regard changer.

Et merde. Je le lâche précipitamment, et m'éloigne de quelques mètres (mais même à des kilomètres il reste dangereusement attirant). J'observe sa mine déçue et triste de loin, et je ressens un énorme manque dans mes mains et contre mon visage.

« Ehm..... Il commence à faire froid, et tes plaies ne vont pas guérir seules... »

Ainsi, on marche en direction de son domicile en silence. Mince, qu'est-ce qu'il s'est passé ? J'ai failli l'embrasser, là, dans la rue ? Et il n'avait pas l'air contre, au contraire... Et s'il n'aimait pas Ochako ? Une pléthore de questions vient me hanter pendant notre marche, et sans que je ne m'en rendre compte, on finit rapidement dans sa salle de bain. Je prends soin de désinfecter chacune de ses plaies et de les recouvrir d'un pansement, ce serait bête qu'elles s'ouvrent pendant la nuit. Alors que je jette les débris des objets que j'ai utilisés, notre discussion de ce matin me revient.

« Tu ne m'as pas parlé de ton cauchemar. »

Je le vois sursauter. En silence, il se dirige vers sa chambre, et je le suis discrètement. Il s'installe dans ses draps en prenant son oreiller dans ses bras, et cette vision m'attendrit, mais j'ai envie d'être à la place de l'oreiller quand même. Je me permets de prendre une chaise en face de lui – si je suis dans un lit avec lui, je vais perdre pied, c'est sûr.

« C'était juste un mauvais rêve résultant de deux ou trois souvenirs tu sais...

- Si tu ne veux pas en parler, je comprendrais. Mais je pense que c'est mieux que tu en parles... Tu te sentais mieux hier, et si tu gardes tout en toi, ça va finir par exploser... »

Il me regarde avec surprise. J'adore voir le camaïeu d'émotions qui passe dans ses yeux. Il n'y a que moi à qui il montre ça.

« J'étais attaché dans la cave, le mur était sale et les fers rouillés qui sont là depuis dix ans m'arrachaient les poignets. Il voulait faire en sorte que je puisse résister à tous les poisons, et il m'avait affamé pour que je mange son sandwich... Je ne savais pas ce qu'il y avait dedans, mais ça puait pour moi. »

Il sert son oreiller comme si sa vie en dépendait, alors que ma respiration s'accélère en parallèle à la montée de ma colère.

« Il en a eu assez, et a fracassé mon crâne contre le mur. »

Entendre sa voix tremblotante me dire de telles choses me plonge dans un profond désarroi, et je ne sais pas quoi choisir entre la peur et la colère. Il relève son visage incertain. Comment se fait-il qu'il soit beau dans absolument toutes les circonstances ?

« Ça s'est vraiment passé.. ? Genre dans la cave, en dessous.. de nous ? »

Lorsque je le vois hocher la tête, je ne peux pas m'empêcher de me jeter sur son lit pour le prendre dans mes bras. Il relève la tête, et j'en profite pour poser mon front contre le sien. Je passe mes doigts dans ses doux cheveux et lui caresse lentement la tête... Je comprends pourquoi il ne voulait pas m'en parler, pourquoi il ne voulait pas s'en souvenir. Rah, quel abruti d'avoir insisté !

« Je suis désolé d'avoir demandé.. Ça t'arrive souvent, ces cauchemars ?

- Presque systématiquement. »

Je baisse mon regard. Mon rêve était beaucoup plus agréable, ça c'est certain. J'ose lui avouer que j'aimerais rester avec lui la nuit, pour le protéger de tels rêves. À ma grande survie il ne repousse pas cette idée, et me demande comme je ferais pour les faire fuir. J'esquisse un sourire, puis lui affirme que les câlins sont une arme redoutable. J'ignore pourquoi il me lance un sourire si triste, en me murmurant que j'avais probablement raison. N'a-t-il jamais enlacé quelqu'un jusqu'à maintenant ?

Je m'écarte doucement de lui, et son air triste qu'il prend alors que je quitte la chaleur de son cœur me rend triste également.

« Je vais devoir rentrer.. Mais promis, un jour on testera. Genre, demain si ma mère est d'accord. Demain, je serai le chasseur de tes mauvais rêves ! »

Je lui souris tendrement alors que je me lève. Il me raccompagne à la porte et semble d'accord pour m'accepter chez lui, durant une nuit. En passant le pas de sa porte, j'hésite sur la manière de lui dire au revoir. Par réflexe, ma main finit dans ses cheveux, que j'ébouriffe tendrement.

« Si tu fais un cauchemar, n'hésite pas à m'appeler. »

Je note rapidement mon numéro dans son portable, et pendant que je m'éloigne, je lui fais un signe de la main. Je rentre en courant chez moi – il fait beaucoup trop froid ! Lorsque je rentre, ma mère me lance un grand sourire et l'on passe à table, comme chaque soir.

« D'ailleurs maman, demain soir je ne serai pas là. Je peux dormir chez un ami ?

- Oh... Mais bien sûr Izuku ! Tu pourras même l'inviter si ça te chante ! »

Je la remercie avec enthousiasme, alors que je comble ma faim. Je me demande comment ma mère agirait avec Shouto si je lui disais que je l'aimais ?

Lorsque je me retrouve dans mon lit, je me demande quel effet cela me ferait d'avoir Todoroki avec moi. Je ne pourrais pas m'étaler partout, mais il serait là. Je pourrais l'enlacer, lui faire des bisous, l'observer dormir, le rassurer s'il fait un cauchemar.

Arf, j'ai beaucoup trop hâte d'être à demain. 

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