13 - Katsuki, raconte-nous une histoire !
Mon bras sous son épaule, ma main dans son dos, je peux sentir ses habits mouillés et l'odeur de sa transpiration annihile mon odorat. Malgré celle-ci, je l'accompagne à l'intérieur et l'aide à s'asseoir sur mon canapé. J'ai l'étrange impression que si je m'écarte, il va tomber et se briser en deux ; mais il est bien trop fier pour prendre ma main tendue vers lui, pour accepter mon aide. Il me repousse une fois assis, mais je reste à ses côtés, au cas où. Je jette un coup d'œil à Shouto qui s'est assis en face de nous, et je sens la tension monter.
« C'était un type aux lunettes... Grand, maigre. Quand l'alarme incendie a sonné, je ne voulais pas descendre avec la bande d'abrutis que vous êtes. Je me suis dirigé vers l'escalier, et un portail est apparu, un peu comme celui de Black Mist... Un type est apparu derrière moi, m'a empêché de crier et on est tombés en plein dedans. »
Mon cœur s'emballe quand je me rends compte à quel point il est facile de s'introduire dans Yuei pour ces enflures. Un portail, et les élèves disparaissent ? Il faudrait trouver un moyen de rendre l'établissement imperméable à ces choses... Quel idiot aussi. Parce qu'il ne voulait pas qu'on le voit avec nous, sa classe, il s'est éloigné ? Je pensais qu'il en respectait certains, comme Kirishima par exemple. Et le type, était-il là avant le portail ? Comment est-il entré, lui ? Si cette histoire est connue des médias, Yuei va être critiquée et attaquée par tous...
« On a atterri dans une baraque pourrie, ça puait la vieille et l'humidité. Plus je lui hurlais dessus, plus je le menaçais, et plus il riait. C'était un malade, je vous jure !
- Pourquoi tu ne lui as pas cassé les dents, c'est ta spécialité non ? »
Je me retourne vers Shouto, qui le dévisage comme s'il regardait son propre père. Je soupire en essayant de me concentrer sur les paroles de Kacchan, et d'ignorer ses tentatives de provocation. S'il l'insupporte, pourquoi ne l'ignore-t-il pas ? Il peut partir, il le sait. Je peux sentir toute sa haine, et celle-ci me tord les boyaux.
« Ta gueule ! Si j'avais eu l'occasion, il aurait eu beaucoup plus que quelques dents cassées. Mais je ne pouvais pas bouger, comme si des murs étaient érigés devant moi. Et il n'arrêtait pas de parler, j'ai cru que j'allais exploser ma propre tête tellement il me saoulait ! Il disait des conneries comme quoi je lui avais pourri la vie à l'école primaire, parce que son alter n'était pas encore là ou je ne sais plus quelles conneries... »
Je baisse les yeux, songeant aux moments où Kacchan me rabaissait, m'insultait, me frappait ; car je n'avais pas d'alter. Un frisson me parcourt l'échine, et je sens la colère gronder lorsque certaines images reviennent. Il m'a quand même dit qu'il valait mieux pour moi que je saute dans le vide, en priant pour avoir un pouvoir dans une autre vie... Alors, je pense que je peux comprendre la vengeance de ce type. J'essaie de songer à autre chose, notamment la manière dont on peut ériger des murs invisibles autour des gens. Je pense que ça doit être un alter vraiment super intéressant ; très spécifique et adapté à des situations complexes et précises, mais terriblement utile ! Par exemple, pour capturer des vilains, bloquer une issue...
« Puis il m'a pris mon alter, et a disparu.
- Attends, comment ça, il t'a pris ton alter ? Comment il a fait ça ? »
Je me tourne vers lui, surpris qu'il ne donne que si peu d'informations. Puis, je vois ses joues prendre une couleur rosée, et son visage se tord de gêne. Je rêve ? Jamais je n'ai vu cette expression sur son visage. Je ressens un pincement au niveau du cœur. De quoi pourrait-il s'agir ? Je sais qu'il préfèrerait mourir que de laisser paraître de telles émotions. Voyant qu'il se mure dans son silence, je décide de l'interpeller.
« Kacchan... ?
- Il m'a roulé une pelle. La tarlouze... »
Ma mâchoire se décroche malgré moi, alors que je digère deux informations : qu'un homme l'a embrassé, et que Shouto et moi sommes des tarlouzes, comme il le dit si bien. Devrais-je le prendre mal, qu'il utilise ce mot comme une insulte ? Et apparemment, c'est à cause de cela qu'il a perdu son alter ? Est-ce l'échange de salive qui provoque cela ? Un peu comme All Might ? Il doit y avoir de l'ADN dans la salive... Ou alors prend-il l'alter dans autre chose que l'ADN ? Je prends mon menton entre mes doigts et essaie de réfléchir à cette possibilité, tout en continuant d'écouter.
« Et quand as-tu remarqué que tu n'avais plus ton alter ? Tu as senti quelque chose pendant... ?
- Quand j'ai voulu exploser sa tronche ! Au début, j'ai cru que j'avais une panne ou un truc comme ça... Mais peu importe mes essais, rien ne sort... »
C'est vraiment la merde. Imagine, si le type doit s'empêcher d'embrasser la personne qu'il aime pour ne pas lui prendre son alter ! Est-ce que ça marche avec les autres sécrétions ? Genre le sperme, ou la cyprine ? Tant de questions sans réponses ! Ou alors il ne devrait aimer que des sans-alter... Les alters qu'il prend, peut-il les utiliser par la suite ? Où sont-ils « stockés » ? C'est beaucoup trop intéressant pour passer à côté !
« On va t'aider, Kacchan ! Tu peux compter sur nous ! »
Je me lève en lui prenant la main, mais sans grande surprise, il me repousse. Je peux sentir le regard surpris de Shouto derrière moi. Est-il en colère à cause de la présence de mon ami d'enfance, à cause du fait que je veuille l'aider ? La tension n'a jamais disparue, mais je l'ai oubliée pendant mes élucubrations.
« Et après le baiser, que s'est-il passé ?
- Ce n'était pas un baiser ! Et... Il a disparu, je t'ai dit ! Il s'est éloigné, puis un portail est apparu et boum, plus là. Il m'a laissé dans le caniveau, où des gosses débiles ont cru que j'étais gay et ont voulu me tabasser. Mais même sans mon alter, je leur ai botté le cul. »
La voix de Shouto est tellement froide que mon cœur me lance. De plus, le fait que des gamins aient voulu le frapper à cause de ça... Je trouve ça si idiot. Pas étonnant, vu la mentalité de notre société. Mais tout de même... C'était probablement un bon choix que l'on se cache, Shouto et moi. Par ailleurs, celui-ci se lève également et pousse un soupir qui finit de m'agacer.
« Je suppose que je n'ai pas le choix. On va voir ce qu'on peut faire. »
Notre camarade ronchonne dans sa barbe et nous remercie, et ce simple fait me surprend encore plus. Katsuki Bakugou ne dit jamais merci. J'ignorais qu'il avait tant grandi. Il se met à notre hauteur et nous annonce qu'il rentre chez lui, puis ne se retourne pas avant d'avoir claqué la porte. Du coin de l'œil, j'observe Shouto. Il a les yeux dans le vide, ses poings sont si serrés qu'il en a les phalanges diaphanes, et l'atmosphère s'alourdit.
« Shouto ? Tout va bien ? »
Il hoche la tête, mais son air refrogné et froid ne me plaît pas du tout. Lassé par son attitude, je me plante devant lui et le fixe, jusqu'à ce qu'il daigne me regarder.
« Qu'est-ce qu'il y a ?
- Rien. Je t'ai dit que j'allais bien.
- Oui, mais j'ai l'impression que rien ne va jamais avec toi. »
Ses yeux s'écarquillent, et j'ai l'impression qu'il vient de se réveiller d'un coma bien trop long. Ses narines s'écartent pour laisser passer plus d'air, et son regard se ferme. J'y suis peut-être allé un peu fort ?
« Comment tu veux que j'aille bien, quand tout ce que tu vois ici, c'est lui, et rien que lui ?
- Quoi ? Comment ça, je ne vois que lui ?
- Dès qu'il est arrivé, tu t'es précipité sur lui comme une mère se précipiterait sur son enfant blessé. Ou comme un amant, je ne sais pas. »
Sa remarque me fait l'effet d'un coup de poignard en plein cœur. Comment peut-il penser juste une seconde que j'aime ce type qui m'a blessé, rabaissé, qui a souhaité ma mort alors que mon seul tort était d'exister ? Je serre les poings, et essaie de garder mon calme.
« Tu te rends compte de ce que tu dis, là ?
- Réponds-moi franchement. Tu l'aimes ?
- Tu es malade, Shouto. Tu dis vraiment n'importe quoi !
- Tu ne m'as pas répondu. »
Je vois ses yeux s'humidifier, alors qu'un silence de plusieurs secondes s'installe. Je dois vraiment lui dire que je ne l'aime pas ? Je dois vraiment dire une chose si évidente ? Shouto me bouscule et part en courant en haut. Je l'appelle et entends une porte claquer, alors que ma colère cherche un moyen de sortir. Je frappe le mur en face de moi une, deux, trois fois. La douleur me fait arrêter, mes phalanges me brûlent et quelques gouttes de sang coulent sur mes doigts. Je me prends la table en passant, et sous le coup de la colère, je la renverse. Essoufflé, je me rends compte d'à quel point je suis ridicule, et je m'assois pour me calmer. Pourquoi je me suis autant emporté ? Je devrais m'excuser, il a dû prendre mon silence pour une réponse positive... Je remets la table à sa place, rince ma main pour ne pas l'effrayer, et monte dans ma chambre.
J'entrouvre la porte et aperçois Shouto recroquevillé sur lui, un de mes oreillers contre lui. Haletant, effrayé, tremblant. Merde, il refait une crise d'angoisse ? Je n'aurais jamais dû m'énerver comme ça...
« Shouto, réveille-toi, c'est moi ! »
À l'entente de ma voix, il redresse son visage vers moi alors que j'accoure vers lui. Je le prends dans mes bras, et je le sens se décrisper aussitôt. Je passe mes mains dans ses doux cheveux, alors que je le berce comme un enfant. Il essaie de retenir ses sanglots, et je culpabilise davantage.
« Je suis désolé... Je n'aurais pas dû m'énerver... »
Mes doigts descendent sur ses joues, et je m'écarte de lui pour observer son visage triste, perdu, souffrant. J'embrasse ses lèvres au goût de sel, alors que je sens ses mains s'accrocher à mes épaules. Je me sens naze de l'avoir mis dans cet état. Une fois encore, je brise notre baiser et plante mon regard dans le sien. Ses yeux si troublants, si troublés. Larmoyants, blessés, profonds. Magnifiques.
« Je t'aime. Mais tu ne me crois pas.
- Si... Si je te crois...
- Non Shouto, tu penses que j'aime Bakugou. »
Il baisse la tête, alors que je ne vois qu'un moyen de lui prouver que je suis totalement à lui, corps et âme. Je caresse sa joue, alors que je prie pour que ce soit suffisant. Je veux qu'il comprenne que je pourrais faire n'importe quoi pour lui, autant que lui ferait n'importe quoi pour moi.
« Alors, j'aimerais te donner une preuve de mon amour. Une preuve que je suis totalement à toi, pour toujours. Je voudrais te donner quelque chose que personne n'a jamais eu et que personne n'aura jamais. »
Il me fixe pendant de longues secondes. Je crois qu'il ne voit pas où je veux en venir. Alors mes mains passent dans son dos, je m'accroche à ses hanches et l'embrasse, peut-être de manière un peu abrupte. Je le sens gémir lorsque mes lèvres commencent à dévorer les siennes, et en voulant s'écarter de moi, il tombe sur le matelas. Ses cheveux tombent sur le drap à cause de la gravité, et cette vision me fait l'effet d'un électrochoc.
« Si j'ai bien compris...
- Fais-moi l'amour, Shouto. »
Je le vois rougir, et cette vision de lui en dessous de moi devient de plus en plus ravissante. Je suis certain qu'il sera encore plus beau, nu. Il passe sa main derrière ma nuque et me tire vers le bas pour m'embrasser, et son initiative ne m'excite que davantage. Quelques secondes après, je quitte à contrecœur ses lèvres pour enlever mon haut, et ses yeux me tordent l'estomac. Comment fait-il pour être si expressif au niveau du regard, alors qu'il ne semblait jamais l'être auparavant ? Suis-je le seul à pouvoir lire dans ses yeux ? Il se met en position assise et embrasse ma peau, alors que je soupire de plaisir. Mes doigts parcourent les mèches de ses cheveux aux couleurs si atypiques, puis je descends et ôte son haut également.
Nos regards se croisent, et je me sens comme ensorcelé par le sien. Il me regarde comme si j'étais la plus belle chose au monde. Je m'approche de lui et frôle ses lèvres en jouant avec son désir de m'embrasser. Dès qu'il tente de capturer les miennes, je me recule et observe sa mine frustrée avec satisfaction. Alors que je caresse sa bouche avec la mienne, il me soulève et passe au-dessus de moi. Dès lors, je ne peux plus rien contrôler, et il m'embrasse à en perdre son souffle. Puis il se désintéresse de mes lèvres et continue ses baisers dans mon cou pour descendre petit à petit, et chaque baiser me provoque un frisson, un petit éclair, un gémissement étouffé. Arrivé au niveau de mon jean, il déboutonne celui-ci et fait glisser mes derniers vêtements le long de mes jambes, tout en déposant quelques baisers brûlants à l'intérieur de mes cuisses. Alors qu'il envoie mes vêtements de l'autre côté de ma chambre, je me redresse, prends une touffe de cheveux entre mes doigts et l'embrasse fougueusement. Prisonnier entre mes mains, j'en profite pour commencer à enlever son pantalon ; tâche qu'il achève maladroitement, en se séparant de moi. J'en profite pour m'asseoir sur lui d'un coup, alors qu'on échappe un gémissement commun. Je sens son érection contre moi, et son visage déformé par la luxure me fait sourire.
Il parcourt mon corps du regard, alors que ses mains s'agrippent à mes hanches. Je me frotte doucement à lui, tandis que son sexe humide permet de me lubrifier un peu. Il me caresse, alors que nos voix s'entremêlent et que la sienne me fait perdre la tête. Je veux lui faire sentir ce que j'ai ressenti la dernière fois. Je veux lui permettre de frôler l'extase. Je m'écarte un peu de lui, je vois l'incompréhension dans son regard. Je saisis son sexe pour le mettre droit, cherche pendant quelques secondes l'endroit où il est destiné à aller, et descends lentement une fois trouvé. Je grimace quand il passe mes premières chairs, alors que les larmes montent. Je m'arrête un peu, alors que ma respiration est totalement erratique. Je ne pensais pas que c'était si douloureux... Beaucoup moins que lorsque mon alter me déchire, mais tout de même. J'essaie de ne pas faire couler ces larmes, et Shouto saisit mes hanches pour m'empêcher de m'empaler totalement sur lui.
« Tu n'es pas obligé, Izuku...
- Je sais, je veux juste le faire. »
Il relâche la pression sur mes hanches, et je continue ma descente. Ainsi, je sens mes chairs s'écarter lentement, douloureusement. J'arrive au bout, alors que je le sens pleinement en moi, et j'entends mon sang pulser dans mes veines. J'essaie de respirer de manière plus régulière pour calmer la douleur, mais un gémissement s'échappe de ma gorge lorsque je sens ses doigts frôler mon sexe. J'ouvre les yeux, et quand je vois Shouto, et sa main qui commence à me torturer délicieusement, je me détends un peu et me sens happé par les sensations que ses doigts me procurent. Il s'amuse à me torturer en accélérant, puis en ralentissant, sans jamais s'arrêter ; et cela me met dans un état dont je ne soupçonnais pas l'existence. Je vois un léger rictus se dessiner sur ses lèvres au fil de mes gémissements, je prends donc l'initiative de lui donner un grand coup de rein. Étonnamment, je n'ai plus si mal que ça, et la réaction de Shouto est juste divine. La tête en arrière, les yeux écarquillés, haletant, gémissant. Puis, il saisit d'un coup mes hanches et s'enfonce en moi, alors qu'une vague de plaisir m'envahit d'un coup, me pétrifie, et qu'un petit cri s'échappe à son tour. Je me sens trembler, tandis que ma lucidité me fait ses adieux, et Shouto recommence. Ma tête part en arrière à cause du plaisir soudain que je ressens dans mes entrailles, et je dois me mordre la main pour ne pas pousser un second cri.
« Pourquoi tu mords ta main ?
- Si quelqu'un m'entend, ça peut être gênant ! »
Il n'attend même pas que je ferme la bouche, qu'il me donne un coup de rein tout aussi puissant. Il me regarde, amusé ; je perds la tête et je m'empale sur lui, encore et encore. Nos voix se font plus fortes, nos lèvres ne font que se chercher, nos corps se heurtent.
J'entends quelqu'un haleter près de moi. Je tarde à reprendre conscience, alors que mes yeux s'ouvrent et se ferment. J'arrive à distinguer mon bureau dans la pénombre, alors que les draps frôlent ma peau nue. Je sens un sursaut dans mon lit, j'ouvre davantage les yeux et aperçois Shouto, paniqué, la main sur sa cicatrice. Il semble regarder partout, comme si un monstre allait bientôt venir mais sans savoir d'où, puis il pose les yeux sur moi.
« Tu as fait un cauchemar ?
- Oui... »
Je suis heureux qu'il ait compris mes murmures, et je tends les bras pour l'accueillir contre moi. Comme attendu, il se blottit contre mon torse, et je caresse son cuir chevelu pour qu'il se détende. Je me demande comment on va s'y prendre pour retrouver le type étrange, et comment on peut reprendre l'alter de Kacchan. Et s'il devait l'embrasser une seconde fois ?
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