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— Bon...
— Qu'est-ce que tu faisais avec Devis ? avait-elle dit sans lui laisser le temps de terminer.
— Bah alors Cézanne, entama d'une voix mi-amusé, mi-surprise le jeune homme, c'est quoi ces manières ?
— Vous n'êtes pas censés vous détester ?
Delavallée ne dermordait guère, elle souhaitait une explication.
— Plus à présent, répondit-il les mains derrière la tête, tout en bayant.
— Ah bon ? demanda plus que surprise Cézanne, en clignant des yeux.
— Ce sont des gamineries ces embrouilles, mais ça ne veux pas dire que l'on sera comme des bisounours à présent. Mais toi, dis-moi, pourquoi tu as pleuré ?demanda-t-il en la regardant du coin de l'œil.
— Pour rien ne t'inquiète pas, assura Cézanne en se forçant à sourire. Dépêche, nous devons rejoindre la classe, le cours va débuter.
— Si tu le dis, répondit-il avec condescendance.
Le sonnerie venait de retentir. Le premier cours de la journée allait débuter. Christian le maudissait déjà. Il détestait monsieur Hamilton et sa mathématique. Ce dernier n'avait de cesse de lui causer des soucis. Son cœur battait toujours lors d'une de ces séances de cours, il appréhendait être désigné par ce professeur pour résoudre une équation. Qui plus est, son cerveau était hermétique aux sciences comme la mathématique. La seule raison qui l'avait poussé à s'aventurer en série scientifique était qu'il trouvait les littéraires d'un niveau piètre en comparaison à lui qui brillait savamment dans les matières tels que la philosophie, l'histoire, et langue française.
En traversant la porte de la salle de classe, le professeur de mathématique était assis à sa table, tournant les pages de son manuel. Les deux adolescents gagnèrent leur place dans le silence qu'avait su imposer le vieux monsieur.
C'était un homme d'une quarantaine d'années, au crâne dégarni, courtaud, trapu, bedonnant, avec une allure épaisse. Il portait une chemise blanche enfilé dans un pantalon noir – de la même couleur que ses bretelles – qui dénotait avec une paire de Richelieu marronnasse usée par le temps.
Christian Martin, la tête contre la vitre, regardant vers l'extérieur, comptant intérieurement les minutes, fut appelé par son professeur. Le jeune homme respira à fond – de manière bruyante – et avança jusqu'à lui nonchalamment. Monsieur Hamilton médisait de lui en son cœur, seuls ses yeux reflétaient son désir de « lui en coller une. » sauf qu'il prit son mal en patience et avec un sourire aussi faux que celui d'un commerciale à un client, il lui tendit le marqueur qu'il tenait dans sa main.
— Résolvez-moi cette équation, dit Hamilton d'une voix lente, pointant du doigt l'exercice.
Après un silence, il ajouta :
— La solution exacte à cette exercice vaut un point, tandis qu'une solution erroné vous coutera deux points, nous avons déjà eu à traiter ce type d'exercice séance tenante, et lors de la correction de l'évaluation précédente, alors aucun échec ne sera toléré.
La classe entière avait polarisé son attention sur Christian Martin, attendant une réaction détonante tel qu'il en avait le secret, sauf qu'il ne fit rien. Il sourit au professeur en lui prenant le marqueur des mains. Sur le tableau blanc immaculé il se mit à recopier l'exercice.
De longue minutes de réflexion plus tard, sans avoir rien écrit sur le tableau – à part l'équation – il ajouta comme solution, en caractère grossier, les mots qui avaient estomaqué Hamilton et rendus hilares ses camarades : « je ne sais pas. L'école n'est pas un piège. Ne me remerciez pas. ».
— Dehors ! avait crié avec brusquerie Hamilton. Je vous colle un zéro au prochain devoirs espèce de petit impertinent !
L'adolescent laissa tomber le marqueur, et sortit le sourire aux lèvres. La classe l'acclamant comme on le faisaient autrefois avec les gladiateurs des jeux de cirque de la Rome antique.
Cézanne parut amusée par cette situation, elle ne s'attendait pas à autre chose venant de Christian. Il était ainsi, et elle trouvait que cela faisait son charme. Elle s'imaginait déjà raconter à leurs enfants le passé rocambolesque de leur père alors qu'ils étaient sur les bancs du lycée.
De manière inattendue, la jeune fille fût perturbée par les vibrations que causait le téléphone de Christian Martin. Ce dernier se trouvait dans son casier. Un flash fulgurant traversa l'esprit de la jeune fille : le message du café... l'attitude étrange de Christian... des réponses à ses questions...
Cézanne eut à ce moment le regard avide de réponses. Elle prit le smartphone et le mit discrètement dans sa poche, puis demanda la permission pour quitter la classe ce qui lui fût accordé. À peine était-elle hors de la salle qu'elle déverrouilla sans ménagement le téléphone. Avec une promptitude qui ne lui était pas connu, elle ouvrit l'application verte. Elle remarqua qu'un contact non enregistré avait écrit à Christian récemment. Elle ouvrit la discussion et remonta jusqu'au premier message qui datait de samedi passé :
15 janvier 2022
— J'ai encore envie de toi. J'ai grave kiffé le baiser.
Hier.
— J'ai vraiment kiffé, t'es partant pour un second tour, avait écrit le numéro inconnu.
— C'était un plan, le principe c'est de s'envoyer en l'air puis de s'oublier, si tu n'avais pas pigé, avait répondu Christian.
— Ne soit pas coincé, j'ai bien vu que t'as aimé autant que moi, pourquoi ne pas remettre ça ?
— Pourquoi t'insistes ? On ne devait plus se parler. On s'est envoyé en l'air, c'était bon. Maintenant lâche-moi la grappe.
Aujourd'hui
— Tu me plais beaucoup, avait écrit le numéro inconnu, sauf qu'il fût « laissé en vue.» par Christian Martin qui n'avait point répondu au message.
Cézanne, effaré, avait relu deux fois toute la conversation. Elle arrivait à se faire difficilement à l'idée que Christian Martin l'avait trompé. Même s'il semblait être hostile à ce numéro inconnu, il avait tout même entretenu une coucherie avec cette personne. Non, c'était plutôt cette personne qui avait osé connaître un moment d'intimité avec son Christian Martin.
Dubitative, Cézanne leva la tête et se mit à regarder de droite à gauche, cherchant du regard celui qui venait de l'appeler par son nom. C'est alors qu'une main se posa sur son épaule. Elle se retourna brusquement, laissant tomber le smartphone.
Christian Martin d'abord déconcerté par l'attitude hagard de son amie finit par froncer les sourcils lorsqu'il reconnu son téléphone qu'il avait aussitôt ramassé.
— Qu'est-ce que tu foutais avec mon téléphone ? lui demanda courroucé l'adolescent.
— Tu me trompes avait répondu la jeune fille avec une voix brisée, la lèvre retroussée et les yeux presque larmoyants.
— Je t'ai posé une question Cézanne !
— Ce n'ai pas le plus important, rétorqua la jeune fille en arrachant des mains de Christian le smartphone.
Après avoir manipulé quelques instants le téléphone, elle ajouta :
— C'est quoi ça ? déclara-t-elle en lui présentant sa discussion avec le numéro inconnu.
Christian Martin devint subitement pâle. Il n'arrivait plus à avaler la salive. Ses yeux écarquillés ne quittaient plus sa conversation avec Mattéo.
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