35
Christian lâcha Mattéo. Il avait le visage blême, le corps raide, et son cœur battait fort. Il était statufié d'épouvante.
Patrick Martin était toujours devant la porte, son regard plongé dans celui de son fils, ne sachant quoi dire.
Christian avait les yeux fuyards. Ses prunelles fixaient sans réel attention son lit. Il était enivré d'un cocktail d'émotions étrange. Peur, appréhension, honte, regret...
Mattéo était habité de gêne. Il ne savait que faire, encore moins que dire. Devait-il essayer de s'expliquer auprès de monsieur Martin ou alors devait-il continuer de garder silence ?
— Je suis désolé...
— Papa attends, cria Christian en interrompant son père.
Monsieur Martin rouvrit la porte et fixa son fils.
— Je crois que je vais vous laisser, vous avez besoin d'être seuls. À plus tard Chris.
Mattéo quitta la chambre, non sans saluer le père de Christian qui lui répondit, cordialement, d'une voix neutre.
— Papa... je...
Christian Martin n'avait pas put terminer sa phrase. Son cerveau bouillonnait, cherchant à expliquer les pas rapides que faisaient son père en sa direction. Il n'avait pus terminer de se questionner que les bras de monsieur Martin l'étreignirent.
— N'ai pas peur, n'ai pas peur mon fils... N'ai pas peur...
Les yeux de Christian étaient écarquillés, et sa bouche entrouverte. Les battements de son cœur étaient si forts et sensibles, qu'ils auraient pu être perceptibles par son père. Christian avait toujours redouté ce moment comme il l'avait toujours rêvé. Maints scénarios avaient traversé son esprit. Des insultes, des cris, des pleurs, mais en aucun cas une étreinte affectueuse. Jamais, il ne s'était imaginé cela. Il était ébahi, surpris, stupéfait.
Monsieur Martin pleurait, son front contre celui de son fils. Un sourire sur ses lèvres. Puis il baisa le front de son rejeton, ce à quoi ne s'attendait toujours pas Christian.
— Depuis que tu es petit, déclara-t-il en laissant s'échapper un petit sourire, j'ai toujours su au fond de moi que tu étais un fils pas comme Martine l'attendait. Mais tu étais notre garçon, mon Christian. Mon fils qui n'aimait pas le football, et était timide face à des garçons, dit-il en riant. Donc je l'ai toujours su fiston. Je l'ai toujours su, termina-t-il en baisant son front et en le prenant dans ses bras.
Christian fondit en larme. Une sensation étrange traversa son corps tout entier, lui causant des picotements. Il resserra son étreinte sur son père, noyant encore plus ses larmes dans la chemise en lin bleu que portait Patrick Martin. Enfin, il comprenait mieux – depuis son enfance – l'absence de jugement que son père avait pour les homosexuels. Il comprenait mieux pourquoi son père lui demandait s'il n'avait personne dans sa vie et non s'il n'avait pas de fille dans sa vie. Il comprenait mieux pourquoi lors d'une soirée son père avait dit à sa mère de laisser du temps à leur fils et de l'accepter tel qu'il est. Il comprenait que son père avait toujours su qu'il n'était pas ce garçon qui aimait les filles.
— Papa ! déclara Christian d'une voix vive, resserrant encore plus son étreinte.
Le silence succéda à la joie. Monsieur Martin mit fin à leur étreinte, un regard fier et satisfait pour son fils. Il le regardait avec la contemplation des Hommes ayant découvert les merveilles que portait ce monde.
Christian, lui, était content. Content de ne plus porter le poids du paraître. Enfin, il était vu tel qu'il était, sans crainte, ni peur, par l'un de ses parents. C'était une sensation délectable, appréciable.
Monsieur Martin invita son fils à rejoindre le lit et ils y prirent place. Il passa ses doigts sur les joues de Christian, essuya quelques de ses larmes. C'était un poids qui lui était enlevé des épaules. Une barrière qui avait été détruite. Depuis qu'il était petit, Patrick avait toujours su que son fils était différent de la majorité des garçons. Il avait toujours remarqué ses yeux pétillants lorsqu'il détaillait des joueurs de football, le rouge qui lui montait aux joues lorsque petit il l'accompagnait à la piscine municipale, son air gêné lorque Martine lui parlait des femmes. Toutes ces subtilités dans ses habitudes et manières, Patrick avait su les détecter avec les années. Toutes ces spécificités, qui faisait de son fils un garçon comme tout les autres. Un qui aimait, mais qui aimait les hommes, quoique il s'était trompé sur une chose. Son fils n'était pas gay, se fit-il la remarque. Il leur avait présenté Cézanne. Il semblait l'apprécier malgré quelques petites observations qu'il avait vite abandonné de creuser. Les adolescents et leurs hormones s'était-il dit.
— Donc tu es bisexuel, c'est ça ? lui demanda amusé son père, lui donnant l'accolade, le sourire immense, essayant de trouver un sujet pour adoucir encore plus l'atmosphère.
Christian eut une mine embarrassé face à la question. Il ne l'avait point caché, ce que son père remarqua.
— Ai-je dit quelque chose de mal...Je...
Patrick Martin semblait gêné, il croyait qu'il avait commit un impair. Sauf que ses mots n'étaient guère les raisons du changement d'humeur de son fils. Christian ne savait quoi répondre. Il hésitait entre mentir, obvier la question ou se résoudre à dire la vérité.
Pourquoi ressentait-il cette culpabilité pesante face à cette question ? Ses intestins se tordaient rien qu'à l'idée de devoir y répondre. Ses lèvres étaient lourdes et refusaient de se délier pour permettre a son mensonge de s'échapper. Il ne se voyait guère mentir à son père, un père qui avait accepté la personne qu'il était à bras ouvert. Sans jugement.
Au final, d'un air abattu, il se résigna. Mentir pour cacher d'autres mensonges, lui était devenus pesants. La force, il ne l'avait plus.
— Je ne suis pas bi... Je suis gay.
Monsieur Martin leva les sourcils. Il perdit son souffle.
— Mais... Mais Cézanne dans ce cas ?
Le cœur de Christian frappait contre sa poitrine, sa gorge était sèche. Et lorsqu'il répondit, c'était d'une voix étranglée qu'il le fit.
— Je ne l'aime pas... Je... me sers d'elle pour cacher le fait que je sois gay, déclara-t-il en baissant la tête.
Le poids de la culpabilité s'abattit sur lui de toute sa force. Il ne pouvait plus fuir sa vérité, car il ne pouvait plus mentir. Autant à son père qu'à lui. Cette vérité – que Mattéo lui avait tant chanté et qu'il avait refusé de reconnaître à maints reprises – ne pouvait plus être travestie ou renié pour servir son égoïsme.
Christian se mit à pleurer, dans le silence, la tête faisant face au parquet.
Son père le prit dans ses bras, et le serra contre lui. Il réprimait ce que son fils avait fait, mais il comprenait également sa douleur et ne pouvait être insensible. Il y avait un temps pour tout. Plus tard il essayerait de le raisonner, maintenant il se devait de le consoler.
Le temps traversait les âges... des siècles s'écoulaient... le monde vieillissait...
C'était faux. Quelques minutes à peine venaient de passer, dans un silence émoussé par les reniflements de Christian qui pleurait contre le torse de son père. Monsieur Martin était remplit de compassion, et ses oreilles ne prêtaient que leur attention à son fils et à ses pleurs étouffés. Ils n'avaient guère remarqué les pas feutrés venant du couloir.
— Je ne sais guère ce que tu as traversé, et je ne peux me permettre de te juger. Tout ce que je puis te dire est que Cézanne ne mérite pas que l'on serve d'elle comme toute personne d'ailleurs. Et tu dois te rappeler de ceci, dit-il en redressant son fils en le tenant par les épaules, on ne choisit pas sa sexualité mais l'on choisit d'être heureux. Et je te souhaite fiston d'être heureux, dit-il en regardant Christian dans les yeux.
Christian Martin enlaça son père et le serra si fort que s'il lui était possible, il le briserait. Patrick sourit face à cet adolescent qui avait encore tant à apprendre de la vie. Il espérait dorénavant être plus proche de lui et l'aider du mieux qu'il le pouvait en l'aiguillant dans ses choix. C'était ce qu'il souhaitait. C'était ce qu'il ferait.
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