33
Recroquevillé sur un canapé au cuir aussi froid qu'agréable, le jeune Martin ne faisait rien de particulier, à part observer.
Ce salon lui paraissait toujours autant froid et austère – comme lui était le monde dans lequel il se trouvait. Du moins, c'était ce que pensait Christian depuis que Daniel l'avait ramené dans la maison des Delavallée. Il était assis aux côtés de Christian, partageant le silence qu'avait sut imposer le jeune homme.
— David m'a appelé et expliqué l'histoire dans le parc, si tu le veux, nous pouvons en parler, déclara Daniel pour briser le silence.
Christian n'ouvrit toujours pas la bouche. Daniel continua malgré le malaise.
— Ça doit être le bordel dans ta tête en ce moment. Toutes ces questions doivent te bouffer. Mais sache juste une chose, ne prend pas la décision qui risque de détruire tes efforts...
Daniel fut interrompus. Christian s'était assit. Il n'avait pas ouvert la bouche. Dans les yeux, il regardait le fiancé de Mélissa.
— Toi, que crois-tu que je devrais faire ?
Christian Martin était exténué par toutes ses réflexions. Il savait la réponse juste, exacte, éthique. C'était celle dont Mattéo lui avait parlé, c'était celle dont David lui avait parlé, mais c'était aussi celle qui ne lui convenait pas, celle qui nuisait à son bonheur, à sa réalité, à sa vie si parfaitement correcte et bien construite. C'était une réponse à laquelle il n'aimait pas penser.
Le jeune Martin voulait une réponse qui s'accordait à ce mensonge qu'il faisait perdurer, une qui le conforterait dans son choix. Sauf que depuis qu'il ne faisait que se confronter à des avis, ces derniers lui renvoyaient une partie sombre, sale, et répugnante, de sa personne.
— Toi comme moi nous savons les raisons qui nous ont conduit à faire ce choix. Et tu dois te maintenir à ce que tu as choisi. Si c'est ainsi que tu es heureux.
Christian se jeta dans les bras de Daniel. Il s'accrocha à lui comme à une bouée de sauvetage. Delavallée le comprenait. Une personne le comprenait enfin. C'était de ça dont il avait besoin.
— Merci, répondit-il avec une voix peu affirmée.
Daniel caressa la tête de Christian, profitant de son parfum qui le tourmentait si ardemment dans ses souvenirs. Un sourire vicieux se dessina sur ses lèvres.
En ce moment, il savait qu'il avait réussit. Christian était un petit oiseau fragile qui cherchait un refuge. Il serait pour lui ce dernier. Christian serait à lui. Rien qu'à lui.
Il offrirait à ce jeune adolescent perturbé, l'oasis qu'il désirait tant. Pour lui, il serait son paradis, son secours.
— L'amour c'est accepter l'autre tel qu'il l'est, tu n'as pas besoin de me remercier de t'aimer.
Daniel mit fin à l'étreinte entre lui et le lycéen. Il plongea ses yeux dans ceux de Christian. Son regard déstabilisa le jeune Martin. Daniel, se rapprocha de Christian et sans lui laisser le temps de réagir il prit ses lèvres dans les siennes.
— Daniel, exprima une voix à peine audible.
Un bruit étouffé résonna. Un sac venait d'être lâché. Melissa se tenait devant la porte, le regard effaré. Tous les membres de son corps tremblaient. Puis d'un coup, elle quitta le salon, en courant. Daniel émit des paroles hachées, incompréhensible et avec hâte il poursuivit la jeune fille.
Christian se leva d'un geste hésitant. Son cœur était comme compressé, et il battait avec une lenteur malaisante. Il récupéra, au pied du canapé, son sac à dos et se dirigea vers la porte. De là, il apercevait encore les bribes de voix, des éclats d'invectives, une voix douce souhaitant rassurer. Puis ce fut le bruit d'une portière claqué avec hardiesse et d'une voiture démarrant en trombe suivit par une autre tout aussi tempétueuse.
Christian, d'un pas tremblant, le cœur n'étant guère quiet, quitta la maison des Delavallée.
Marchant comme étant hors de lui, le jeune Martin plaçait un pied devant l'autre – de manière mécanique. Un tourbillon de question l'assaillit. Qu'est-ce qui allait se passer à présent ? Mélissa allait-elle les dénoncer ? Daniel parviendra-t-il à la raisonner ?
Christian prit son téléphone dans son sa poche. Il fixa longuement l'écran. Son doigt hésita à swiper. Non, il ne devait guère se laisser aller à un tel désir, se convint-il. Il attendrai que Daniel l'appelle. Sauf que cette appréhension était une torture.
Il rangea le téléphone.
Christian expira fortement, puis serra les dents. Le regard levé vers le ciel, le cœur lourd et ne cessant de battre. Soudain son téléphone sonna dans sa poche. Avec une rapidité éblouissante, il le récupéra. Daniel, se cria-t-il mentalement. Non, ce n'était pas lui. Toutefois, le nom affiché sur son écran l'inquiéta encore plus. Pour quelle raison Cézanne l'appelait ? Christian respira lentement et saisit fortement son smartphone puis décrocha l'appel. Au premier mot, il ne put s'empêcher d'avoir plus de peur qu'il n'en ressentait déjà. La voix de Cézanne était voilée. Il y avait cette tristesse dans cette dernière qui agitait le cœur de l'adolescent. Tout comme réussissait à le faire ce temps de latence qu'imposait la jeune femme.
Alors lorsqu'elle se décida à parler ce fut avec un grand soulagement qu'il accueillit cela. Mais très vite les mots prononcés par Cézanne le pétrifièrent. Il était tétanisé. Ses membres n'arrivaient plus à se déployer. Son cœur se mit à battre, il ne semblait plus avoir de frein. Ses yeux fixaient l'horizon, ne clignant plus. Puis lorsque Cézanne lui dit : « Les médecins ne savent pas si Mélissa va vivre, encore mois si elle gardera le bébé. Christian j'ai pour elle, j'ai peur. », Christian lâcha son téléphone, son cœur s'arrêta une fraction de seconde, sa vue se brouilla, il vacilla et prit appuis sur le réverbère se trouvant près de lui. Mais cela ne suffit guère à le maintenir sur ses pieds. Il s'affala.
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