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— Qu'est-ce que t'me veux ?

— On doit parler avait juste répondue la personne en attrapant Christian par le bras.

Daniel entraîna la jeune homme jusqu'à la première pièce qu'il trouva – le salon.

— Mais tu te crois où ? lui demanda Christian d'un ton acerbe.

— Pourquoi tu m'as laissé en vue ?

— Je n'ai aucune explication à te donner...

— Et moi je te dis que si. Je suis gentil avec toi mais tu veux me traiter comme un chiffon, je ne trouve pas ça cool.

— Écoute Daniel, si tu es sage tu ferais mieux de quitter cette maison avant que je...

— C'est le mec du tandem c'est ca ?

— Mais de quoi parles-tu ? demanda Christian en froissant les sourcils.

— Ne me mens pas, je vous ai vu toi et ce mec sur le tandem. C'était le mec que tu bécotais dans le garage, mais également devant ta maison. C'est ton mec, c'est ça ? C'est à cause de lui que tu ne me réponds plus ?

Christian se mit à rire. Il riait fortement. Ses épaules bougeant à un rythme effréné. Il riait comme pris par une crise de démence.

— Ne vient pas me dire que tu as fait tout ce chemin pour me faire une crise de jalousie qui n'a pas lieu d'être ? lui demanda Christian plus que goguenard.

— C'est ça moque toi...

— Écoute, je suis en couple avec une personne adorable qui m'aime sincèrement, alors ca ne sert à rien de faire tout...

— J'espère que ce mec adorable sait que tu sors avec une fille et qu'il t'acceptera ainsi...

— Et toi, tu m'accepterais comme je suis ? demanda-t-il avec condescendance.

— Moque-toi, mais peu de gays acceptent ça...

— Écoute Daniel, tu vas te marier dans quelques jours, tu vas avoir un enfant...

— Et ?

— Nous n'avons aucun avenir ensemble, et même si c'était le cas, j'ai déjà bien à faire avec Cézanne et mon mec..

— Tu vas t'en mordre les doigts, tu vas regretter...

— Daniel, tu me saoules. Je suis fatigué de t'écouter. Je ne vais pas nier que j'ai apprécié les moments passés avec toi, mais je ne t'aime pas, encore moins je ne t'apprécie d'une façon particulière, tu m'attires juste physiquement, voilà.

— Ne vient pas pleurnicher chez-moi lorsqu'il te balancera.

— Ouais, c'est ça, tu connais la porte. Je ne te raccompagne pas, précisa-t-il en le toisant.

Christian Martin avait trouvé l'attitude de Daniel pitoyable. C'était dure de le penser mais le poids de la vérité était écrasant. S'il avait su que ce denier était aussi dérangé, il n'aurait jamais apprécié ses cadeaux. D'ailleurs s'était-il dit, il allait s'en débarrasser. Qu'est-ce qu'il pouvait savoir de ce dont Mattéo était capable ou non ? Devis était comme lui, il en était sûr. Lui également ne souhaiterait pas que sa famille apprenne qu'il est gay ou du moins bisexuel. Il avait sûrement la même vision s'agissant de leur relation.

Un coup de sonnerie agaça encore plus Christian. Le jeune adolescent, maugréant des paroles incompréhensibles, se rendit jusqu'à la porte jurant d'invectiver de la manière la plus virulente dont il lui était possible cet importun de Daniel Delavallée.

— Je croyais que j'ai été clair, dit-il en ouvrant la porte, n'aillant guère pris la peine de lever les yeux vers la personne.

— Clair à quel sujet ? lui demanda Mattéo quelque peu amusé par la mine de Martin.

— Ah, c'est toi Mattéo, se rendit compte Christian avec soulagement.

— Je peux ? questionna Devis en voulant franchir la porte.

— Oui, oui, vas-y, répondit-il en lui cédant le passage.

— Alors qui t'a embêté ?

— Personne d'important.

Le jeune Devis regarda le vestibule comme s'il le découvrait pour la première fois. Peut-être était-ce le cas, car la seule fois où il put le pénétrer c'était de nuit et son esprit n'avait eut d'intérêt que pour les hanches de Christian lorsque celui-ci le conduisait jusqu'à sa chambre.

— C'est par ici le salon, lui signifia Christian Martin en le gagnant.

Mattéo suivit la voix de son camarade et prit place prêt de lui sur le canapé.

— Je croyais que l'on devait se voir cet après-midi, entama Christian en se laissant un peu plus enfoncé dans le canapé.

— En rentrant du centre-ville, je suis tombé sur la voiture de ta mère, alors je me suis dis que tu devais être seul. Donc je suis là pour te tenir compagnie

— Rien que ça, demanda Christian rieur, le regard emplis de sous-entendus.

— Rien que ça, rétorqua Mattéo en l'embrassant.

— J'aurais bien aimé laisser perdurer ce moment, avoua Christian avec un petit sourire, mais ma mère m'a chargé de préparer un gâteau pour mon père. Il rentre dans la soirée...

— Dis-moi où est la cuisine, affirma Mattéo tout sourire.

Des éclats de rire fusaient depuis la cuisine des Martin. Christian et Mattéo s'affairaient à préparer un gâteau au chocolat.

Christian, avec ses bras, entourait Devis. Il lui donnait des consignes pour réaliser le gâteau. Le jeune Martin était, en quelque sorte, le maître et Devis l'élève – et cela plaisait à Christian.

—... ensuite tu ajoutes du lait, dit Christian en accompagnant Mattéo dans ses gestes... Allez, vas-y, verse-le doucement... Voilà...

— Ça va ? demanda Mattéo en regardant son amant tout en souriant.

— Oui, lui répondit Christian tendrement.

Mattéo ressenti son ventre être saisit par des torsions qui lui étaient inhabituelles. Christian souhaitait que ce moment s'éternise. Les deux adolescents étaient connectés –  par un fil invisible qui liait leurs cœurs, car ces derniers battaient au même rythme. Intensément.

— ...et après qu'est-ce qu'on fait ? demanda Mattéo difficilement, ne pouvant décrocher son regard de celui de Christian.

— ...On...On...

Christian avait de la difficulté à parler et même à respirer. Mattéo semblait le dépouiller de ses moyens, le mettre à nue – aussi fragile qu'un enfant venant de naître. Mattéo Devis le rendait plus que vulnérable. Cela lui faisait peur, mais pas plus que cela ne  lui plaisait.

Ce fût le rire de Mattéo qui le fit regagner ses esprits.

— ... nous pouvons rajouter un peu de farine car je trouve la pâte liquide.

— D'accord.

Le jeune Devis ne quittant toujours guère des yeux Christian ajouta, malgré lui, plus de farine qu'il n'en fallait dans le bol.

— Mon dieu, Mattéo. Tu veux faire rater la recette ou quoi ? demanda un Christian hilare.

— Oh la vache, s'exclama Mattéo dans un sursaut... J'ai pas fait attention, continua-t-il amusé.

Christian se mit à rire, demandant à Mattéo ce qu'ils feraient de toute cette farine.

— Bah, je vais la remettre dans le sachet, regarde ...

— Mais c'est pas possible, le dissuada-t-il, en riant, tout en voulant l'empêcher de continuer ce qu'il avait entamé.

— Bah si attends je te montre, rétorqua Mattéo en se saisissant à nouveau du sachet, sans pour autant cesser de s'esclaffer.

— Bah non, répliqua souriant Christian ... Regarde tu en mets partout lui signifia-t-il.

— Mais attend, c'est possible... Je vais réussir...

— Non...

— Si...

— Non...

Toujours autant gai l'un comme l'autre, ils se mirent à disputer le sac de farine. Mattéo voulant le récupérer et Christian l'éloignant de lui. La jeune Devis, ne cessant d'être surexcité prit un peu de farine et la jeta au visage de Christian qui s'en étonna sans pour autant cesser de rire. À son tour, il catapulta  de la farine à Mattéo. Les deux camarades se mirent à se jouer avec la poudre blanche. Puis, à un moment, Mattéo attrapa Christian, l'empêchant de bouger. Ses bras faisant le tour de sa taille.

— Piégé, tu ne peux plus bouger.

— Pas tellement, répondit Christian.

Il se pencha jusqu'à Mattéo et prit ses lèvres dans les siennes. Devis ne se priva pas pour rendre plus langoureux ce moment d'amour, s'oubliant dans des gestes concupiscents. Mais il fut arrêté par son amant, qui même s'il désirait aller plus loin, souhaitait terminer le gâteau.

— Allez, maintenant vas prendre une douche, moi je vais continuer avec le gâteau.

Christian embrassa Devis et ce dernier lui sourit.

— D'accord mon chéri, je t'aime.

— Moi aussi, lui répondit Christian en l'embrassant. Maintenant, à la douche, ajouta-t-il en riant.

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