23
À nouveau, Cézanne frappait contre la vitre de la portière. Elle en était sûre, c'était la voiture de Daniel. Lorsqu'enfin la portière s'ouvrit, elle fut surprise de voir Christian Martin sortir du véhicule.
— Mais qu'est-ce que vous faisiez ensemble ? demanda-t-elle étonnée.
— En fait... Je...
— Christian m'a aidé à choisir mon costume cette après-midi. Daemon était occupé, il me fallait bien une personne avec du goût si je souhaite être présentable ce dimanche, répondit Daniel en souriant.
— Ah, d'accord, rétorqua Cézanne dont la réponse lui convenait comme l'intéressait peu.
— Et Toi, que fais-tu ici ? lui demanda Daniel.
La jeune Cézanne oublia vite son air ébaubi et se mit à sourire. Elle saisit le bras de Christian et y passa le sien, regardant amoureusement le jeune homme.
— Je suis venue voir si mon chéri se porte bien, dit-elle en embrassant sur la joue le jeune Martin.
— C'est mignon ça, rétorqua Daniel avec une pointe de sarcasme.
Le cousin de Cézanne referma la portière de Christian et s'en alla non sans leur souhaiter une bonne soirée.
Cézanne était ravi de l'amitié qui se tissait entre Daniel et son Christian. Elle se disait qu'ainsi il serait plus difficile pour ce dernier de se détacher d'elle. Quoique cette relation soudaine n'était pas dans les habitudes de Daniel encore moins dans celles de Christian. Toutefois, elle n'alla pas chercher plus loin. Ils n'avaient juste que deux ans d'écart, alors c'était normal.
Les deux adolescents décidèrent de gagner l'intérieur. Madame Martin eut un grand sourire lorsqu'elle vit Cézanne aux bras de son fils. Cette dernière se mit à sourire de toute ses dents. Comme à son habitude lorsqu'elle voyait Cézanne Martine Martin s'empêtrait dans des civilités d'une lourdeur accablante.
— ... Christian, tu aurais dû me dire que tu rentrais avec Cézanne, j'allais lui préparer une tarte.
Bah je n'en savais rien. Elle s'est pointé comme d'habitude sans prévenir.
— Ce n'est pas grave Martine, Christian et moi serions tenté par votre si bonne tarte, n'est-ce pas mon amour ? demanda Cézanne en lui souriant.
— Ouais, avait répondu sans trop d'entrain le jeune homme, je vais monter prendre ma douche. Excusez-moi.
Christian laissa sa mère et Cézanne et grimpa les escaliers aux quatre à quatre, pensant à son amie. Il trouvait que la jeune fille était beaucoup trop collante. Peut-être était-ce le prix qu'il devait payer pour entretenir ce mensonge, s'était-il dit.
L'eau était craché par le pommeau. Christian repensait à toute cette journée. L'audace de Daniel qui lui avait rappelé Devis, ses insultes envers Sofia - qu'il regrettait - et surtout le couple qu'elle formait avec Mattéo - le garçon, il devait se l'avouer, qu'il aimait... peut-être. Ses sentiments envers ce dernier ne lui étaient pas clairs. Il était vrai qu'il avait explosé de jalousie, cela était indéniable. Mais cette dernière suffisait-elle à être la preuve qu'il était amoureux de Devis ? Tout ce dont il en était sûr, était qu'il n'aimait pas le fait qu'il soit en couple, cela lui restait au travers de la gorge. Ce fut la mâchoire serrée qu'il termina sa douche et gagna sa chambre.
— Qu'est-ce que tu fous là, demanda-t-il à Cézanne alors qu'il refermait la porte de sa chambre après lui.
— J'ai bien le droit d'être dans la chambre de mon copain, lui répondit la jeune fille en souriant, ne quittant pas des yeux le corps de Christian qu'elle regardait avec avidité.
— Là, n'est pas la question, je voudrais m'habiller et je pense que tu devrais sortir, rétorqua le jeune homme en se dirigeant vers son armoire blanche.
— Demain, nous serons mariés. Alors nous devrions déjà nous habituer à nous voir nus.
Lorsqu'elle termina sa phrase, un frisson traversa Christian de l'échine jusqu'aux orteils.
Un moment de silence s'imposa. Christian donna son dos à Cézanne et se mit à s'habiller. La jeune fille le lorgnait. Puis elle relança la discussion.
— Depuis je t'ai envoyé un message et tu ne l'as pas ouvert.
— Je n'en ai pas eu le temps voilà.
— Ces derniers temps tu m'as l'air très éparpillé Christian.
Le jeune Martin leva les yeux aux ciel en soupirant.
— C'est le Bac qui approche.
— Mais le Bac ne t'empêche pas d'insulter mon amie. Tu as été très désagréable avec Sofia. Si tu avais été une femme j'aurais crû que tu étais jalouse de sa relation avec Mattéo ou que tu aimais secrètement ce dernier.
Christian termina d'enfiler son t-shirt et resta figé quelques instants. Lui, secrètement amoureux de Mattéo...
— Vraiment ? feignait-il d'être indifférent.
— Oui, tu as eu le comportement d'une femme amoureuse qui se voyait arraché l'homme qu'elle aimait, avoua Cézanne en riant. Mais figure toi que si ça avait été le cas, tu aurais été bien ridicule, déclara-t-elle amusée en se levant su lit.
Cézanne rejoignit Christian et reposa sa tête sur son dos, puis elle continua.
— ... car figure-toi que Mattéo a mit fin à leur relation...
— Ah bon ? Ne put s'empêcher de demander Christian.
Son cœur fut traversé par une décharge de joie inhabituelle que lui-même n'arrivait guère à expliquer. Il eut un sourire béat, les yeux brillants, et la mine enjouée. Toutefois, il se raisaisit assez vite et ajouta.
— Et tu sais pourquoi ils ont cassé ?
Comme une commères dans un confessionnal, Cézanne ne retint point sa langue. Elle lui raconta ce que lui avait confié Sofia sans tenir compte qu'elle avait promis de ne point le répéter à quiconque. D'ailleurs, est-ce que son Christian Martin était quiconque ?
— ... en gros, c'est elle qui a essayé de forcer avec lui alors que le mec était déjà selon ce qu'il lui a dit amoureux d'une autre qui lui a brisé le cœur.
À nouveau le cœur de Christian fit un bon dans sa poitrine. Il accueillit cette nouvelle avec beaucoup de joie. Mattéo était amoureux d'une personne qui lui avait brisé le cœur.
— Tu es sûr que tout va bien Chris ?
— Oui, oui, répondit avec promptitude le jeune homme.
— Christian, Cézanne, descendez les enfants. Le dîner est prêt.
Ce fut ainsi que les deux adolescents mirent fin à leur discussion. Christian ne pouvant s'empêcher d'être heureux et Cézanne se questionnant sur cette joie même si elle feignait ne pas l'avoir remarqué.
— Le repas est succulent Martine, déclara Cézanne en se réservant un troisième plat de lasagne. J'aimerais savoir cuisiner comme vous, pour que Christian ne sois pas dépaysé lorsqu'on se mariera.
— Oh ! Ma petite Cézanne, tu feras une très bonne épouse, je t'apprendrai tout ce qu'il faut savoir, n'est-ce pas Christian ?
Ce à quoi répondît timidement le jeune homme en hochant la tête.
— Patrick n'est pas des nôtres ce soir ? demanda Cézanne.
À cet instant Christian se rendit compte que son père n'avait pas fait signe de vie depuis qu'il était rentré.
— Non, malheureusement. Il est en voyage. Il travaille sur un nouveau projet que l'on a confié à son entreprise. C'est ça d'être la femme d'un ingénieur, dit-elle en souriant.
— Ah je ne savais pas qu'il était ingénieur...
Cézanne et madame Martin se lancèrent dans un babillage sur ce que c'était d'être la femme d'un homme qui s'absente régulièrement pour son métier. Elles se mirent à conjecturer sur le futur de Christian, son métier, la possibilité qu'il s'absente pour ce dernier, les années de Cézanne à s'occuper des enfants, du soutient que Martine lui apporterait durant ces moments. Des pronostics infertiles sur l'avenir en somme, car Christian se disait que s'il devait s'absenter de son foyer ce ne serait pas pour le plaisir de travailler, mais plutôt pour celui d'aimer dans leurs cocons l'homme qui partagera sa vie. Ainsi tout le monde serait heureux. Sa mère sera fière d'un fils qui aura épousé une femme, et lui il pourra compter sur la compagnie d'un homme qu'il aimera sincèrement.
— ... N'est-ce pas Christian ?
— Oui, oui, répondit-il en offrant un sourire à sa camarade même s'il ne savait guère ce qu'elle lui demandait.
— Vous êtes tellement beaux les enfants, attendez je vous prends en photos.
Cézanne lui remit prestement son téléphone alors que madame Martin s'apprêtait à utiliser le sien. La mère de Christian n'y vit aucun inconvénient, au contraire elle était séduite par la fougue avec laquelle les deux adolescents s'aimaient.
Sans que Christian ne s'y attende, Cézanne lui vola un baiser. Ce qui émoustilla madame Martin. Malgré que ce denier eut été chaste, aux yeux de Christian, il en avait éprouvé tout de même de l'inconfort qu'il masqua avec un sourire jaune.
— Vous êtes trop mignons les enfants. Mes petits-enfants, je les imaginent déjà tous beaux. Mais d'abord il faut le Bac, alors pas de bêtise avant l'heure, s'amusa à dire Martine.
Ce qui causa l'hilarité de Cézanne qui riait de toutes ses dents, alors que son copain se forçait tant bien que mal à le faire.
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