La pause venait d'être sonnée, Christian Martin somnolait. Il s'était couché tard pour se réveiller tôt. Il ressemblait à un zombie. Seul les lunettes de soleil qu'il portait essayait de lui donner une apparence convenable – qu'émoussaient ses bâillements. 

Cézanne et Sofia s'étaient rendus au réfectoire. Il en avait profité pour se reposer. D'autant plus que les deux jeune filles ne faisaient que piailler. De ce qu'il avait pu suivre, Sofia s'était mise en couple et Cézanne pensait déjà ou plutôt recommandait déjà des sortis à quatre. Christian ne s'imaginait pas, même dans ses pires cauchemars, supporter ce genre de farces. Les sorties de couple ? Et puis quoi encore. D'autant plus, qu'il n'avait pas la tête à cela. Ses idées étaient brouillées. Mattéo Devis ne le laissait pas indifférent et selon ce dernier il en était amoureux. Même si pour Christian, il ne savait si c'était de l'amour ou de la simple attirance. Est-ce que penser constamment à lui pouvait-il démontrer de l'amour ?  

Devis hantait ses souvenirs, persécutait ses rêves. Christian en venait même à sourir lorsqu'il se remémorait leurs moments. Mais pouvais-t-on parler d'amour ?  Non, ça il ne pensait pas. L'amour pour lui on ne le cherchait pas, car il se ressentait, s'appréciait, sans même que l'on en vienne à interroger sa présence. Mais qu'est-ce donc ce qu'il ressentait ?

Exaspéré, Christian soupira. Ce fut à ce moment que Cézanne et Sofia regagnèrent la salle de classe. Et quelques minutes après, Mattéo, lui aussi, fit son entrée et s'assit à sa place. 

— Alors Chris, toujours pas remis de ta virée nocturne ? lui demanda avec une pointe de moquerie Cézanne. 

— Ça ne se voit pas ? rétorqua sarcastique le jeune homme. 

— Non, pas du tout. Tu pètes la forme !

Sofia s'en amusa, amenant Cézanne à rire et Christian à sourire. 

— T'as été encore chanceux. Ma belle-mère m'a appelé ce matin pour me demander si tu étais avec moi hier soir. 

Christian se redressa. Il ne pouvait cacher son appréhension. En son intérieur, il récitait les mantras pour que Cézanne ait bien réfléchis une bonne dizaine de fois avant d'ouvrir sa bouche. Parce qu'en rentrant il ne pourrait échapper à la remontrance de sa mère. Qui plus est, après lui avoir menti en disant qu'il était sorti avec Cézanne.

— Et que lui as-tu donc dit ? s'empressa de lui demander le jeune homme.

— Bah, ce que Daniel m'a dir de dire. En rentrant hier soir il m'a expliqué que vous aviez passé la soirée ensemble, car il voulait se rassurer de tes intentions  à mon égard. Par la suite, il m'a dit de dire à ta mère, si elle appelait, que j'étais avec toi.

— Ton cousin est très protecteur Cézanne, émit une Sofia émoustillée. 

— Moi-même j'en étais surprise, avoua Cézanne ne cachant pas sa joie. Bientôt Christian et lui iront jouer au golf. 

Christian put à nouveau se reposer en toute quiétude. Une nouvelle fois, Daniel venait de lui sauver la vie. Il penserait à le remercier, se fit-il la remarque en ne pouvant refréner le sourire niais qu'il avait. 

— Ce n'est pas tout, mais j'ai également une bonne nouvelle à vous annoncer, entama Sofia avec un sourire aussi grand que le monde. J'ai rencontré quelqu'un de formidable et nous avons décidé de nous donner une chance. 

— Ça je le sais. C'est son identité qu'il me tarde de connaître, avoua avec une curiosité ardente Cézanne.    

Christian était indifférent à ce qu'il prenait pour un babillage d'adolescente en cours de récréation. Mais lorsqu'il suivit Sofia épeler les lettres composant le nom de Mattéo, suivit de la phrase : « c'est mon doudou. » il ne put s'empêcher de se dresser tel un cobra. 

Effaré, déconcerté, il regardait Sofia qui n'arrêtait plus de sourire. Ce qui était le contraire de Cézanne qui était remplis d'appréhension. Elle se disait que Christian devait avoir cette relation en horreur car il détestait Devis. Elle était loin de s'imaginer que les raisons qui poussaient le jeune Martin à avoir cette relation en répulsion étaient tout autre. 

— J'ai bien entendu ? Toi et Mattéo Devis... Vous... Vous sortez ensemble ? demanda Christian en fixant Sofia dans les yeux. 

— Oui, répondit innocemment la jeune fille qui parut étonné par la question alors qu'elle venait de le dire. 

— Écoute Sofia, tu devrais aller t'asseoir, on va en reparler plus tard, émit Cézanne.

— Mais c'est une fille facile ton amie, déclara Christian à l'endroit de Cézanne. Comment peut-elle se mettre en couple avec un gars qu'elle ne connait ni d'Adam, ni d'Eve. À peine elle arrive dans un lycée, elle écarte ses cuisses au premier venu ! termina le jeune Martin dans un cri.

Sofia avait giflé Christian. La salle s'était tut. Cézanne ne savait ni quoi dire, ni quoi faire. Tous les regards étaient braqués sur eux. Certains s'interrogeaient, d'autres faisaient des messes basses. Mattéo regarda la scène, se questionnant sur les raisons de cette brusquerie . 

— Tu es un vrai salaud Christian. Un véritable salaud ! déclara Sofia en quittant la salle, les larmes aux bords des yeux. 

Mattéo s'empressa de la poursuivre. La salle toute entière regarda vers Cézanne et son copain. Des chuchotements voguaient. Christian avait mal. Immodérément mal. Il ne pouvait pas tolérer que Mattéo sorte avec une autre personne, qui plus est Sofia. Il ne le voulait pas. Ça ne devait pas arriver.

Le professeur entra et les élèves arrêtèrent de jacasser. Tout le monde s'assit. Le cours débuta. 

« Tout va mieux ? » lui avait écrit Cézanne sur un bout de papier. 

« Depuis quand elle sort avec Devis ? » avait juste demandé le jeune homme. 

Christian ne pouvait croire en cette histoire. Cela faisait quelques jours que Mattéo lui chantait son amour, et à présent il était en couple avec Sofia. « Ce n'était pas croyable », pensa Christian. Inimaginable. 

« De ce que je sais, c'est récent. Car depuis hier soir elle me dit qu'elle est en couple. Et qu'elle avait reçu son premier baiser. Je te jure que je ne savais pas qu'elle parlait de Devis. Sinon je lui aurais déconseillé cette relation. ».

Quand Christian Martin lu le mot : « baiser. », il crut qu'il avait été frappé par une crise cardiaque à l'instant. Une piqure sournoise martyrisait son cœur. Il n'avait jamais connu cela. Mattéo Devis avait embrassé Sofia et il ne pouvait s'empêcher d'avoir mal.