19
— Tu es sûr que tout va bien ?
Christian leva les yeux vers Daniel. Il appréhendait la réaction de ce denier face à la question qu'il désirait lui poser.
— Est-ce que tu l'aimes Mélissa ? demanda-t-il en enchaînant un petit pas de danse.
— Non, avait répondu froidement Daniel.
Christian leva la tête, les yeux écarquillés. Puis, il la baissa l'air accablé.
— Et pourquoi tu veux donc l'épouser ?
— Pour les mêmes raisons qui te poussent à utiliser Cézanne.
Christian eut mal. Cette réponse était criante de vérité et surtout elle décuplait la culpabilité qu'il ressentait. L'expression de son visage changea. Il paraissait abattu. Il n'arrivait plus à danser.
— Ne tire pas cette tête, David et Daemon savent plomber l'ambiance, mais ils sont cools tu verras. Ils n'ont pas de parent à affronter, c'est pour cela qu'ils parlent ainsi. Ils ne nous comprennent pas.
Daniel attira prêt de lui Christian. On venait de lancer un slow. Il lui sourit et lui demanda d'oublier cette histoire. Christian ne pouvait renier ce sentiment qui rendait son corps lourd. On aurait dit qu'il portait une ceinture de plomb. Il parvenait à peine à enchaîner les pas de danses. Pourquoi cette histoire le tourmentait tant ? Il ne faisait de mal à personne. Cézanne semblait se plaire de la situation. « Tu lui caches le plus important, elle est ta couverture. » , lui rappela sa conscience. C'était un énième coup de massue. Il ne parvenait plus à se défaire de cette culpabilité. Son expression ne pouvait le cacher.
— Tout va bien Christian ? Tu m'as l'air troublé.
— J'ai juste envie de rentrer.
Daniel lui sourit et le prit dans ses bras. Christian ne put se retenir de penser que lui et ce jeune homme étaient sur une pente dangereuse où ils risquaient de perdre leurs probités. Si ce n'était déjà le cas.
♧
Christian, à bord de la voiture de Daniel, repensait à toute cette soirée à l'Escape club, elle n'avait rien d'enchanteresse. Il eut d'abord le malaise provoqué par David et Daemon, puis ce fut celui occasionné par sa conscience. Pourtant il en était sûr, il ne faisait de mal à personne. il essayait de se convaincre que Cézanne l'aimait. Qu'il donnait à la jeune fille ce qu'elle désirait. Il voulait croire vrai ses arguments, quand bien même ils étaient déplorables. Mais l'égoïsme était ainsi. Il aspirait en nous toute logique ,combattant sans cesse la conscience. Peut-être était-ce un caprice de notre cerveau, qui cherchait à apaiser cette tension dans notre esprit ?
De son côté Daniel ne pouvait s'empêcher d'être content même s'il ne le montrait pas. En peu de temps il avait aimé le caractère de Christian, sa façon de dire ce qu'il pensait et le fait de ne pas être intimidé par madame Delavallée alors qu'elle faisait peur à plus d'un. Par ailleurs, le physique du jeune Martin n'était pas pour lui déplaire. De manière soudaine, il s'était rendu compte que Christian occupait une petite place dans ses pensées, et cela n'était pas habituelle avec lui.
— T'as apprécié la soirée, demanda Daniel ?
Christian sans lui faire face émit un frêle : « oui. ». Cela amusa Daniel qui ne put s'empêcher de penser qu'il ne laissait pas, lui aussi, indifférent le jeune Martin.
Le cousin de Cézanne gara devant la maison des Martin. La lumière était allumé, et des silhouettes se dessinaient sur les fenêtres voilés par des rideaux. Il était 23 heures révolus. Christian ne s'imaginait pas la colère dans laquelle madame Martin était plongée, encore moins l'angoisse qui l'habitait.
Le fils de Patrick Martin récupéra dans la boîte à gang son téléphone. L'objet s'alluma instantanément, mais il l'éteignit tout aussi vite manquant les nombreuses notifications d'appels en absence et messages. Autant ceux de Cézanne que de ses parents.
— Merci pour la soirée, débita rapidement Christian en évitant le regard de Daniel tout en se pressant d'ouvrir la portière.
Le neveu de madame Delavallée ne put s'empêcher à nouveau de sourire. Découvrir cette autre facette de la personnalité de Christian l'amusait comme lui plaisait. Il se sentait privilégié d'admirer un Christian loin de celui froid et placide.
— Attend, dit-il, en le retenant par le bras.
Christian, surpris, se figea. Ce n'était pas la demande de Daniel qui lui causait cela, mais plutôt la chaleur qui se dégageait de sa main. Il trouvait cela électrisant... agréable.
Daniel, se racla la gorge, puis continua :
— Je voulais que tu saches que malgré les emmerdeurs de David et Daemon, j'ai trouvé la soirée belle à tes côtés.
Christian leva la tête et plongea ses yeux dans ceux de Daniel, ce qui déstabilisa quelque peu le jeune homme. Toutefois, il continua de parler.
— En fait je souhaitais que tu saches que j'apprécie beaucoup ta compagnie Christian. En plus tu es comme moi, la famille est importante pour nous, c'est la raison pour laquelle nous avons fait le choix qui est le nôtre. Et on se comprends mieux que quiconque. Et je voudrais apprendre à mieux te connaitre. Je ne veux pas une réponse maintenant, ni même demain, prends ton temps. Sache juste que je souhaitais partager avec toi plus qu'une simple amitié.
Christian ne sut guère quoi répondre à cela. Il avait les yeux remplis d'incrédulité. Cela Daniel le remarqua et s'en amusa intérieurement.
— Bon, il se fait tard et tu as classe demain. Je ne vais pas plus te retenir. Prends soin de toi, déclara-t-il en déposant sur la joue de Christian un chaste baiser.
Badaboum. Le cœur de Christian fit un bon dans sa poitrine. Le jeune Martin était figé comme une personne ayant rencontré les iris de la méduse. Il ne savait que dire, ni que faire. Daniel ne put s'empêcher de trouver cela amusant et mignon. Christian referma la porte du véhicule. C'était de manière mécanique qu'il montait les marches de son perron alors que la voiture de Daniel s'éloignait. Ses jambes étaient presque comme du coton, c'était un exploit pour lui que de se tenir debout à ce moment.
Toute tremblante, sa main réussit à passer la clé dans la serrure. Christian ne se gênait pas du bruit que cela faisait. Encore moins, il n'avait remarqué la lumière et les silhouettes. Alors ce fut une grande surprise quand à peine il avait ouvert la porte sa mère lui dit courroucé, la voix criarde :
— Tu as intérêt à avoir une bonne explication Christian Martin, où crois-moi tu auras de sacré ennuies !
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