17

Christian connaissait le Marais – ça été le quartier de nombre de ses rendez-vous lorsqu'il explorait les eaux de la passion charnel. Et pour avoir été un grand dévergondé il savait que la route qu'empruntait Daniel était celle menant à l'un des multiples repaires gays du quartier.

Le cousin de Cézanne se gara près d'un bistrot, qui avait pour nom Escape. D'apparence c'était un restaurant trivial, ayant la réputation d'être animé surtout les week-end. Sauf que Christian savait que derrière les murs et les portes de l'Escape se trouvaient des lieux où pouvaient se rencontrer clandestinement des homosexuels qui ne s'assumaient pas.

Le jeune Martin regarda Daniel. Ce dernier s'éclaircit la voix, et de manière gaie, il déclara :

—  Nous sommes arrivés. Mais avant laisse ton téléphone dans la boite à gang. Et dépêche- toi s'il te plaît, ils nous attendent. 

Christian ne sut guère de quoi parlait Daniel, encore moins de qui étaient ces personnes à qui ce dernier faisait allusion, sauf qu'il suivit son instruction. Malgré cela il appréhendait la suite des événements. Que venait faire Daniel dans ce genre d'endroit, se pouvait-il qu'il soit gay ?

Les deux jeunes hommes avaient gagné l'intérieur du restaurant qui se confondait presque à l'extérieur tellement il y avait peu de lumière. 

L'Escape avait un décoration simple, des tables rondes autours desquelles se trouvaient des chaises jouxtant un comptoir derrière lequel on apercevait une barmaid qui préparait des cocktails. La lumière tamisée et les reflets de la boule disco donnait à cette endroit une atmosphère plus que particulière, quoique cela semblait peu intéressé le cousin de Cézanne qui s'était dirigé sans perdre de seconde vers la serveuse et échangea quelques minutes avec elle. La jeune dame lui remit un bracelet et Daniel fit signe à Christian de lui suivre. 

Les deux garçons, sous le regard désireux d'autres hommes, passèrent de l'autre côté du comptoir et traversèrent la porte s'y trouvant.

Ce fut la première fois que Christian Martin traversait « La Porte. ». Lorsqu'il était venu draguer à l'Escape, ses maigres moyens ne lui donnait droit qu'au restaurant factice qu'il venait de laisser, car « La Porte » n'était réservé qu'à des personnes possédant des moyens conséquents. 

Le jeune Martin ne pouvait réfréner son sourire, encore moins les étoiles qui faisaient briller ses yeux. Il était excité, content, fier et avait l'impression d'avoir gagné à la loterie. Il n'y avait pas beaucoup de gay de son âge qui avait la chance de pouvoir découvrir le repère sélectif, et élitiste, de l'Escape. 

Un long couloir, éclairé par des lampes à la lumière fébrile, se présenta à eux. Ils se mirent à l'arpenter et arrivèrent en quelques minutes devant une porte matelassée, où se trouvait un vigile tout vêtu de noir et avec la musculature d'un culturiste. 

Daniel présenta son bracelet, le gardien y jeta un rapide coup d'œil, puis il leur ouvrit la porte. Les deux jeunes hommes, en passèrent le seuil. 

La première des choses qui pouvait marquer l'esprit était les immenses lettres en néon bleu – qui se trouvait sur le mur face à la porte – et qui permettait de lire Escape Club. On ne pouvait non plus ignorer les long canapés noirs qui faisaient face à des tables dorées. Encore moins le bar qui était plus grand que celui du haut, derrière lequel travaillait un jeune barmaid – ne portant qu'un nœud papillon noir, un masque en latex de la même couleur – qui avait la particularité d'être pourvue de longues oreilles de lapin. 

L'Escape Club c'était aussi une salle, une salle noircit de tête. Des hommes majoritairement, mais également des femmes, mais aussi des travestis à l'allure belle et affirmé. Tous étaient servis par des hommes et des femmes portant le déguisement du barmaid excepté les femmes qui avaient en plus un bustier en cuir couvrant leur seins.

Très vite Christian et Daniel furent approchés par un serveur qui portait sur le plateau qu'il tenait  deux masques de lapin comme ceux de la plus part des clients.

Christian s'empressa d'enfiler le masque, Daniel refusa le sien. Puis le serveur les fouillèrent et les passèrent au détecteur de métaux après quoi il leur souhaita une belle soirée. 

Daniel était particulièrement à son aise, saluant des personnes – celles portant des masques, comme celles n'en portant pas – s'arrêtant quelques fois pour échanger de manière brève. Christian avec une grande timidité le suivait, souriant lorsqu'on le saluait. Il ne disait mots, mais observait tout de même. 

Le jeune homme avait reconnu, parmi les personnes sans masque, quelques personnalité de la vie politique, des personnalité publiques et même une personne qu'il n'aurait jamais cru voir en ce lieu. Malgré son masque, Christian reconnut monsieur Hamilton, le professeur de mathématique. Daniel l'avait d'ailleurs salué, et ce dernier avait offert un sourire bienveillant aux jeunes hommes. Il était loin de l'image du professeur ronchon à l'allure négligée.

Daniel s'arrêta finalement  devant l'un des long canapés noirs. Il y avaient des jeunes personnes comme eux. Une fille aux manières d'un homme, un jeune homme blond efféminé, et un gars brun avec un perfecto noir qui remuait son verre de whisky en lorgnant les deux jeunes hommes. 

—  Enfin, t'es là Dan, j'ai failli attendre, entama la fille avec un demi-sourire.

—  T'as ramené de la compagnie à ce que je vois, continua, le garçon blond, en regardant avec avidité Christian. 

—  Ouais, désolé du retard, j'ai dû attendre qu'il rentre des cours, déclara Daniel en s'asseyant. 

Cézanne était couché sur son lit, fixant son téléphone. Cela faisait des heures qu'elle était rentré de la session d'emplette.  Mélissa et sa mère s'étaient empressés de continuer leur conversation sur le mariage. Et Cézanne devait avouer que cela lui était d'un intérêt moindre. Elle, tout ce quelle souhaitait, c'était parler à son Christian Martin. Sauf qu'il ne répondait pas à son téléphone. Elle avait été chez-lui, mais il n'y était pas tout comme ses parents. 

Cézanne soupira à nouveau, son menton reposant sur sa paume de main, jouant de son autre main avec son téléphone.

Elle relança l'appel et une fois encore on la renvoya à la messagerie vocal de Christian. « Quand allait-il ouvrir ce satané message ? » se mit à penser la jeune fille. Puis avec rapidité, elle se redressa, composa un numéro et lança l'appel. Il se passa quelques secondes, le téléphone fût décroché. 

— Allô Cézanne, que veux-tu encore ?

—  T'es sûr que ton truc du message fonctionne bien Valérien ?

—  Il l'a ouvert et ça n'as pas marché ?

—  En fait, non. Il n'est pas connecté...

—  Bah pourquoi tu m'embêtes dans ce cas ? 

—  C'est juste... en fait je veux que ça marche. Tu es bien sûr qu'après je pourrais savoir où il est ? 

— Ouais je te l'ai déjà dit, lorsqu'il l'ouvrira le message il sera dirigé vers une page web. Puis il téléchargera sans le savoir le virus qui va tracker le système de son appareil et la clé installé chez-toi s'activera et tu pourras savoir où il se trouve à la minute même. Maintenant ça te va Cézanne, t'es rassurée ?

—  Oui, un peu...

—  Tu m'appelles si t'as besoin d'autre chose.

Sans lui laisser le temps de répondre Valérien lui raccrocha au nez. Cézanne débita des insanités à son égard, l'insultant par tout les noms. Puis la jeune fille se reprit et se laissa tomber sur le lit, le regard rivé sur le plafond rêvant des prochains jours où elle pourra enfin surveiller les moindres déplacements de son Christian.

— ... et donc x est égal à 2 ou – 2 c'est ça ? lui demanda Sofia une nouvelle fois pour se rassurer de sa réponse.

— Exact, se contenta de répondre Mattéo. C'est bon pour aujourd'hui, il se fait tard. Tu dois rentrer chez-toi maintenant. Je ne sais pas pourquoi t'es revenue ici, on aurait pu traiter l'exercice à l'école de bonne heure, dit-il en quittant la table de la salle à manger un verre d'eau vide à la main.

— En fait, je ne suis pas du matin, répondit Sofia en rougissant à la vue du torse bien sculpté de Mattéo qui n'avait pas porté de t-shirt.

— Ok.

Un long silence s'installa. Sofia avait terminé de ranger dans son sac ses cahier. Mattéo n'avait toujours pas regagné la salle à manger depuis qu'il s'était terré dans la cuisine – qui était séparée de la pièce dans laquelle elle se trouvait par une embrasure.  La jeune  fille le rejoignit. Il était devant l'évier, le verre d'eau prêt de lui. Le robinet crachant de l'eau.  D'un pas hésitant elle se rapprocha de Mattéo, après l'avoir appelé deux fois sans qu'il ne réagisse. D'une main réticente, elle toucha l'épaule du jeune homme, puis elle lui fit face en se plaçant à ses côtés. Ce fut à ce moment qu'il se raisaisit, en essuyant ses larmes. 

— Tout va bien Mattéo ? 

— Ouais, avait simplement rétorqué le jeune homme après avoir reniflé de nouveau. On se voit demain, tu connais la sortie, je ne te raccompagne pas.

Devis laissa Sofia dans la cuisine et gagna sa chambre dans laquelle il se jeta sur son lit ne retenant plus ses larmes. Il ne faisait que pleurer. Il ne faisait que penser à Christian Martin, à son sourire, aux moments à ses côtés. Il ne faisait que repenser au rejet de Christian. Il ne faisait que regretter son amour pour Martin. Il ne faisait que...

Devis avait mal, cela faisait très mal. Aimer sans être aimé en retour causait de la souffrance. Jamais il aurait cru pleurer pour un garçon, et le voilà qui était inconsolable devant le mésamour de Christian. 

L'amour savait construire comme détruire, et aujourd'hui Mattéo Devis connaissait l'une des deux faces de cette lame à double tranchant.

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