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Le téléphone de Christian se mit à sonner. Cézanne tourna le visage vers ce denier. Un sourire carnassier se dessina sur ses lèvres. Elle le récupéra, s'excusa auprès de Mélissa, et se dirigea dans un coin du jardin. C'était un appel manqué de madame Martin. Cézanne espérait que cette dernière ne souhaitait pas que son fils rentre alors que la fête n'était qu'à ses prémices. La jeune fille, le sourire aux lèvres, pensa qu'avoir accès au téléphone de Christian lui avait été bien plus facile qu'elle ne le prévoyait. Elle allait enfin découvrir qui était cette fille qui avait osé toucher à son Christian Martin. Elle allait enfin pouvoir la voir. Elle allait enfin savoir si cette fille était plus désirable. Elle allait enfin...
Cézanne swipa sur l'écran, et ce qu'elle attendit ne se produisit guère. Le téléphone ne fut pas déverrouillé. Pour cela il lui fallait un mot de passe. Christian Martin avait ajouté un mot de passe à son téléphone ? Pourquoi, se demanda-t-elle ? Cézanne n'arrivait pas à quitter le smartphone des yeux. Elle se mit à penser au fait que Christian Martin cachait vraiment quelque chose. Peut-être voyait-il toujours cette fille et que ce n'était pas qu'une simple coucherie comme elle le croyait.
Une nouvelle fois, le système de déverrouillage venait de refuser le mot de passe qu'elle avait entré. Cela faisait déjà deux minutes qu'elle s'acharnait sur ce smartphone au grès de ses combinaisons hasardeuses, mais elle n'arrivait toujours pas à le déverrouiller. Cela avait le don de l'excéder. À nouveau, elle essaya, ayant en tête de nouvelles combinaisons.
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La gêne était devenu insupportable, Christian Martin avait l'impression d'étouffer. Il se demandait bien ce qu'il faisait à cette fête. Rien ne le retenait. Qui plus est, il n'avait guère envie de diner en compagnie d'inconnu. Il devait rentrer. Il allait rentré. Il prétexterait un malaise et s'en irait.
En sortant des toilettes, il se heurta à une personne en uniforme. Un des employés du service traiteur.
— Désolé, je... s'excusa-t-il mécaniquement sans pour autant terminer sa phrase.
Il n'arrivait point à croire ce qu'il voyait. Ça ne pouvait pas être lui, essayait-il de se convaincre. Ce garçon cintré dans un uniforme noir – avec des gants blancs et des cheveux blonds gominés – ne pouvait pas être Mattéo. Pourtant il lui ressemblait. Non, il ne lui ressemblait pas, c'était lui. C'était Mattéo Devis en uniforme de serveur.
— Que fous-tu ici ? lui demanda Christian en reprenant de sa contenance
— Ça n'se voit pas ? Je bosse Einstein, répondit-il avec un petit sourire. Et toi ?
— Je suis chez ma copine je te signale Platon, rétorqua avec une pointe de sarcasme Martin.
Mattéo ne put refréner son rire, et Christian l'accompagna de bon cœur. Tous deux riaient. Sauf que cela prit fin lorsque Mattéo fut appelé de loin par un homme habillé comme lui. Ce dernier fit un clin d'œil à Christian et disparut à l'angle d'un couloir. Le jeune Martin souriait seul en ne pouvant s'empêcher de penser que Mattéo était plus que séduisant dans cet uniforme.
Christian regagna sa place, il y trouva Cézanne qui semblait contrariée, sauf que cela lui importait peu. Ses pensées étaient toujours portés sur la rencontre qu'il venait de faire. Peut-être cette soirée n'était-elle pas plus mal, il aurait le plaisir d'admirer Mattéo dans son costume qui ma foi lui donnait fier allure.
Les places furent, quelques minutes après qu'il ait gagné son siège, vite occupées. La seule personne qui manquait était l'oncle de Cézanne. Madame Delavallée, expliqua qu'il avait eu un contretemps de dernière minute.
Celui en face de Christian Martin, le fameux Daniel avait été le dernier à s'attabler, et l'absence de son père ne semblait pas le déranger. Daniel avait les cheveux aussi noir que ses yeux, ce qui contrastait avec sa peau blanche comme de l'aspirine. Des tatouages étaient gravés le long de ses bras. Son attitude qui plus était désinvolte. Il n'avait pas prit la peine de porter ne serait-ce qu'une chemise. Daniel s'était contenté d'un haut au col rond découvrant l'entièreté de ses bras et d'une culotte de plage.
— Vu que tout le monde est prêt, nous pouvons dîner, déclara la mère de Cézanne en sonnant une cloche, un regard peu chaleureux pour Christian Martin.
Ce denier soutenu le regard de la mère de Cézanne, chose qu'elle trouva audacieux mais se réserva de signifier. Daniel sourit discrètement, un regard furtif en direction du jeune adolescent.
Le dîner fut servi. Une entrée aux portions insignifiantes, géométriquement découpées, mais Christian n'allait pas se plaindre même s'il se demandait pourquoi l'esthétisme l'avait emporté sur l'utilité d'un repas : satisfaire l'appétit. Sa mère aurait sûrement trouvé cela ridicule, elle qui avait à cœur de bien nourrir sa maisonnée avec des portions généreuses.
Christian n'avait pas aperçue Mattéo parmi les serveurs qui leur avaient apportés leurs plats et il ne pouvait s'empêcher d'être chagriné. Mélissa fit une remarque amusante sur le dîner. Cézanne en fit autant. Madame Delavallée raconta une anecdote drôle. Daniel, qui, durant le dîner, était peu loquace, participa tout de même à la discussion qui avait lieu, mangeant en petite bouchée son plat, le regard discret lorgnant le jeune Martin qui faisait bonne figure en souriant de temps à autre.
Le dîner fut avalé et débarrassé, après quoi, dans le salon, ils s'étaient tous retrouvés.
À peine furent-ils assis que des serveurs se rapprochèrent d'eux pour leur proposer des assortiments de gâteaux aux portions lilliputiennes.
Christian Martin balayait du regard, discrètement, ce salon aux meubles luxueux aseptisés. Aucune convivialité. On aurait dit qu'ils avaient été déportés d'un catalogue et posés en ce lieu. Cela avait un aspect de présentoir, peu chaleureux. Plutôt neutre, et froid, presque austère.
— Que choisira monsieur ? l'interpella un serveur.
Christian eut un frisson qui le parcouru de l'échine jusqu'aux talons. Ce n'était pas dû à la voix roque du serveur, ni même au serveur en question – qui était Mattéo Devis – mais plutôt à la caresse discrète que ce dernier lui avait donné. Il était audacieux avait trouvé Christian Martin. S'aventurer à de tel coquinerie alors qu'ils n'étaient point seuls.
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