10
Le jeune Martin fut submergé par une pléthore de questions. Comment était-elle parvenue à le découvrir ? Allait-elle les dénoncer ? Que deviendrait sa vie ? Qu'en penseraient ses parents ?
Sa raison avait abdiquer face à cette situation. Il n'arrivait plus à bien penser. La sidération l'avait rendu raide, il ne pouvait plus bouger. Cézanne avait découvert son secret, s'en était finit de lui !
— Mais tu vas répondre Christian Martin, déclama d'une voix tonitruante la jeune fille.
— Je... je... hum... je peux t'expliquer... heu... c'est pas ce que tu crois...
— Ne me ment pas ! Les messages sont clairs, tu as fricoté avec cette fille !
Nul n'aurait pu comprendre mieux que le jeune Martin à quoi renvoyait le mot soulagement à cet instant. Ses muscles se décrispèrent. Le poids que portait son cœur disparut, tout comme l'agitation qui engourdissait son esprit. Cézanne avait cru qu'il avait couché avec une fille. Une fille ! Quel soulagement ! Elle était loin de s'imaginer qu'il aimait les garçons. Ne pas avoir enregistré le numéro de Mattéo venait de lui sauver la vie. Il loua en ce moment tous les saints et même les mânes de ses ancêtres, néanmoins du fait qu'il ne croyait guère à leur existence.
— Tu as raison, j'ai couché avec cette fille. Mais je peux tout t'expliquer, argua-t-il feignant de se justifier pour endormir d'avantage sa vigilance.
Le visage de Cézanne se décomposa encore plus. Ne retenant plus ses larmes, déblatérant des paroles incompréhensibles, et gesticulant comme une personne désœuvrée venant de confondre l'être aimé, elle finit par prendre la fuite, laissant Christian Martin avec son téléphone qu'elle avait catapulté contre lui.
Cézanne c'était éloignée, laissant ses larmes après elle. Christian Martin, ne supportant plus cette pression se laissa glisser contre le mur. Comme vidée de ses forces, ses jambes n'arrivaient plus à le porter. Assis sur le sol, il respirait avec force. Delavallée avait faillit lui faire rendre l'âme, il avait bien cru qu'aujourd'hui son homosexualité aurait été dévoilé. La curiosité malsaine de Cézanne aurait pu lui coûter son secret. L'entêtement de cette dernière à se mêler des histoires d'autrui devenait dérangeant surtout si ces histoires étaient de celles qui ne pouvaient guère être exposées à la lumière du jour. Il devait être plus prudent. Beaucoup plus prudent !
— Que fous-tu le cul sur le sol ?
Christian ignora la question de Devis, qui debout sur ses jambes regardait son camarade qui d'habitude imperturbable semblait se remettre de vives émotions. Malgré cela le jeune Mattéo ne put s'empêcher de le trouver beau. Ah, qu'il était beau ! Comment n'avait-il pas pu le remarquer par le passé ?
Depuis qu'ils avaient couché ensemble, il était impossible à Mattéo de chasser de son esprit l'image de Christian Martin. Lui et son sourire ; lui et son postérieur aux proportions belles ; lui et son attitude froide. Il ne savait pas ce qui lui arrivait, mais il ne parvenait plus à voir le jeune Martin comme son ennemi. Non, son cœur lui chantait, lui dictait autre chose. Christian Martin lui plaisait énormément. Il l'avait bien dit à ce dernier, mais la seule réponse qu'il eut reçu avait été son message qui avait été « laissé en vue. ». Puis ce matin alors qu'il essayait de le lui faire comprendre, ils furent interrompus par Cézanne.
— T'es sûr que tout va bien Chris...
— Fous-moi la paix Devis, je m'en branle de toi, alors va jouer à celui qui s'intéresse à ma vie ailleurs.
Mattéo parut vexé.
— Je...
— Tu peux me foutres la paix là, c'est bon il n'y a pas de caméra pour que tu joues les gentils. Tous les deux on se déteste, ça ne date pas d'hier, alors casse toi ! Ce n'est pas le moment de me chercher des embrouilles car je suis grave vénère, Cézanne était à deux doigts de découvrir mon secret, déclara-t-il visiblement irrité, passant sa main sur son visage.
— Je suis désolé, dit-il réellement peiné pour Martin.
Il marqua une pause, une légère appréhension l'avait gagné. C'était la même sensation que lorsqu'il devait affronter son père quand il avait de mauvaises notes. Mattéo Devis ne se connaissait pas cette faiblesse face à Martin. C'était nouveau pour lui.
— En fait je souhaitais qu'on parle du sujet de ce matin, tu sais, entama-t-il hésitant, celui...
— Fiche-moi la paix ! Qu'est-ce que tu ne piges pas avec ça ? déclama Christian le regard noir de colère. Je me branle de si je te plais ou pas, compris ? Va jouer le don juan ailleur, t'es pas le style de mec avec qui je pourrais sortir de toute façon. T'es qu'un gamin qui ne sait même pas ce qu'il est ! Alors continues de jouer le pseudo-hétéro et fourre toi tes putains de sentiments là où je pense !
Christian termina de parler puis se releva et se dirigea vers sa classe. Mattéo ne parvenait plus à bouger. Il avait le souffle coupé. C'était à peine s'il tenait l'effort de retenir ses larmes. Jamais auparavant des mots ne lui avaient autant fait mal.
La pause venait d'être sonnée, très vite Mattéo se retrouva dans un amas d'adolescent qui se rendrait compte de sa peine s'il ne faisait rien, alors tel Bolt il courut jusqu'à la salle d'aisance et s'enferma dans un box puis fondit en larme.
Christian Martin avait gagné la salle, du regard il cherchait Cézanne. Il n'y avait que son sac - il était à côté du sien.
Il avait pratiquement fouillé tout le lycée, et il finit par trouver l'adolescente dans les toilettes des filles, ses bottes roses l'avaient trahi. Christian s'était baissé pour regarder sous chaque porte des boxs. Le jeune homme n'avait pas mit longtemps à convaincre sa copine de le laisser la rejoindre. À présent, il la regardait essuyer ses larmes avec le mouchoir qu'il lui avait donné.
— Je suis désolé, dit timidement le jeune homme en posant une main sur son épaule.
— Tu n'as pas à t'excuser...
— Si,si, je...
— Non, tu n'as rien à te faire excuser. Je n'aurais jamais dû fouiller ton téléphone.
— Ça c'est vrai, déclara Martin en souriant, mais tu es si entêtée lorsque tu veux...
Christian fut coupé par Cézanne qui se mit à rire. Un petite rire, mais un rire sincère. Le jeune homme la prit dans ses bras et embrassa son front. Delavallée sourit et lui accorda un bisous sur la joue.
— C'est bon on oublie cette histoire ? dit-il en donnant une chiquenaude sur le front de sa camarade.
— Oui, avait répondu la jeune fille à demi-sourire.
Il était facile de fermer les yeux face à certains gestes, tellement nous souhaitons passer à autre chose. Et c'était ce que avait fait Christian Martin. Il n'avait pas prêté attention au petit sourire de Cézanne. Ce que disait sa bouche, son cœur ne le pensait pas. Pas qu'elle lui en voulait. Elle souhaitait savoir qui était cette fille qui avait reçu les faveurs de son Christian. Elle souhaitait la voir pour se comparer à elle. Par quel type de femme Christian Martin était attiré ? Tout en s'infligeant ces pensées meurtrières pour son amour-propre, Cézanne regagna la salle de classe en compagnie de Christian qui ne se doutait pas des nouveaux plans que fomentait Cézanne pour découvrir qui était cette fille avec qui il avait été intime.
Durant la pause, ils avaient finalement décidé de rejoindre le réfectoire pour se remettre de leurs émotions. Chose peu habituelle, Christian Martin avait faim, peut-être même plus que Cézanne car il s'était servi une double portion de frites, accompagné d'un burger et d'un soda. Alors que Cézanne c'était contenté d'une salade de fruit. L'un voulait se remettre de ses émotions et l'autre n'arrivait pas à oublier le passé.
— Tu ne m'as pas encore dit pourquoi tu ne seras pas là au cours suivant, émit Christian en buvant son soda.
En effet, Cézanne avait reçu un étrange coup de fil, et pendant la conversation elle avait confirmé un rendez-vous à l'heure des prochains cours.
— C'est mon cousin Daniel qui organise une fête ce soir et maman veut que l'on aille choisir ma robe pour cette soirée.
— Humm, Daniel ? s'interrogea le jeune homme.
Christian avait déjà suivi ce nom une fois, mais en quelle circonstance ? Cela lui était difficile de s'en souvenir. Puis un flash raviva ses souvenirs. Mais oui, c'était lors de cette soirée où il était allé chercher Cézanne à cette fête aux antipodes des fréquentations de la jeune fille.
— Ce n'était pas avec lui que t'étais allé à cette fête ?
— Si,si, répondit avec promptitude la jeune fille, en passant une mèche de ses cheveux derrière son oreille, ne soutenant pas le regard du jeune homme. Daniel à une attitude quelque peu déluré, il est vagabond et fripon. Aux marges des principes de notre famille.
— Tu ne m'avais jamais parler de lui, ajouta Christian, avec un intérêt quelconque pour cette conversation.
— Oh, on n'en avais jamais eu l'occasion. Qui plus est, il vit à Londinium et il est en vacances avec sa petite amie chez ma mère...
Cézanne marqua une pause, avala son fruit, puis repris.
— ... c'est le fils de l'unique frère à ma mère. De plus, je ne suis pas proche de lui comme tu le penses.
— D'accord.
Ce fut à ce moment que Christian tira dans son gobelet mais il constata amèrement qu'il n'avait plus de soda. Il s'excusa auprès de la jeune fille et lui proposa de lui rapporter une boisson, ce qu'elle ne refusa pas.
Christian Martin avait dans chaque main un soda. Il marchait avec plus de précaution qu'il n'en devait car les gobelets étaient remplis à ras bord. C'est alors que le regard effaré, ses pensées en disjonction, il ne pouvait décrocher ses yeux des boissons qui gisaient sur le sol. On l'avait volontairement bousculé. Il l'avait volontairement bousculé. Cet crapule de Mattéo Devis.
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