Temporalité : GO

Relations : Aitor Cazador | Masaki Kariya/Gabriel Garcia | Ranmaru Kirino
Gabriel Garcia | Ranmaru Kirino & Riccardo Di Rigo | Takuto Shindou

Mots : 2457

Noms : VO

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Ranmaru remarque immédiatement que quelque chose cloche chez Masaki. 

D'ordinaire, le défenseur aux cheveux bleus ne manque pas une occasion de lancer un commentaire moqueur à l'attention d'un de ses coéquipiers, et ce dès le matin. Pourtant, aujourd'hui, lorsqu'il débarque dans les vestiaires, il se contente de se changer en silence. Pas une remarque sur les longs cheveux roses de Ran, pas une moquerie envers Gouichi lorsqu'il fait accidentellement tomber son paquet de Haribo par terre. 

Et c'est comme ça toute la journée. Pendant l'entraînement, durant la pause midi, Masaki reste si silencieux que ça en devient déroutant. Ranmaru n'en rate pas une miette, et ne peut s'empêcher d'être inquiet, bien que n'ayant pas de raison de l'être. Après tout, ne devrait-il pas se réjouir de pouvoir passer une journée sans subir de remarques sur son apparence androgyne ? Simplement ignorer le silence de Masaki aurait été une réaction plus logique. Malheureusement, la vie de Ran semblait tout sauf logique, ces derniers temps.

- Ran ? Qu'est-ce qui ne va pas ? 

Le défenseur aux cheveux roses cesse de caresser la chatte noire et blanche sur ses genoux et se tourne vers Takuto. Son meilleur ami a arrêté de jouer au piano, et le regarde désormais d'un air à la fois inquiet et entendu. Ce regard, il signifie que mentir ou lui cacher ce qui le trouble n'est pas une option. De toute façon, il n'a jamais envisagé une seule seconde de mentir à celui qui le connait presque mieux que lui-même. 

- Tu trouves pas que Masaki était bizarre, aujourd'hui ? 

- Masaki ? C'est vrai qu'on ne l'a pas beaucoup entendu, concède Takuto en passant leur journée en revue. Ca t'inquiète ? 

Ranmaru invite gentiment Lute à quitter ses genoux, ce que la chatte fait non sans protester. De nouveau libre de ses mouvements, il se lève pour partir s'allonger sur le lit de son ami, lâchant un soupir. Takuto comprend le message, et le rejoint. Quand ils s'installent comme ça, que ça soit ici ou chez Ranmaru, c'est que l'un d'entre eux en a gros sur le cœur. Comme ça, ils ne sont pas obligés de maintenir le contact visuel, mais, en cas de besoin, peuvent facilement trouver le contact physique.

- Je sais que c'est bizarre, finit par déclarer Ran, regard rivé en direction du plafond. Il passe son temps à me charrier, et j'arrive jamais à le faire arrêter. Et là, j'ai même pas besoin de lui dire de se taire pour qu'il le fasse, et au lieu d'être content je me fais du souci pour lui. 

Takuto acquiesce sans rien dire. Il comprend ce que ressent son meilleur ami. Il le comprend toujours. Après tout, ils se connaissent depuis qu'ils sont enfants. Ils ont grandi ensemble, développé leur propre langage qu'eux seuls peuvent comprendre. Ils entendent souvent les autres plaisanter sur le fait qu'ils ressemblent déjà à un vieux couple marié. Ca les énerve qu'on dise ça. 

C'est vrai, Takuto est celui qui connaît le mieux Ranmaru, et celui en qui il a le plus confiance. Non, dire ça est un euphémisme. Ranmaru pourrait confier sa vie à Takuto, et il ne craindrait pas une seule seconde de la voir dépérir par sa faute. Oui, ils n'auraient probablement qu'un pas à faire pour que leur relation évolue vers l'amour. Ca serait si simple.

Sauf que, s'il y a bien une chose dont Ran s'est rendu compte récemment, c'est que l'amour n'est jamais simple. Au contraire. L'amour frappe au moment où on l'attend le moins, au moment où on n'y est pas préparé. Il chamboule le quotidien, fait voler en éclat ce qu'on a construit, tout ça dans l'espoir de plaire à celui que notre cœur a décidé de rendre spécial.

Comparé à Takuto, Ranmaru n'a pas de raison d'aimer Masaki. Ils se connaissent depuis moins d'un an, et le plus jeune passe son temps à se jouer de lui et à ne rien prendre au sérieux. Mais, paradoxalement, il est aussi celui qui a appris au défenseur aux cheveux roses à voir au delà des apparences. Car, depuis leur match contre Gassan, Ranmaru sait que derrière cette façade de petit diable se cache un coéquipier en qui il peut avoir confiance et qui aimerait pouvoir faire confiance en retour. 

Non, l'amour n'aime vraiment pas que les choses soient simple. Et, au fond, peut-être que c'est mieux ainsi. Car, avec Masaki, Ranmaru sort de sa zone de confort, et apprend par la même occasion à devenir une meilleure personne. 

- Takuto ? 

- Oui ?

- Je suis amoureux de Masaki. 

Du coin de l'œil, Ran peut voir Takuto sourire. Evidemment, le brun savait sûrement déjà pour ses sentiments envers le plus jeune. Il n'ont jamais rien pu se cacher. Le pianiste se tourne vers lui, et lui demande : 

- Tu comptes lui dire ?

- Je sais pas. Tu crois que je devrais ? 

- Je ne le crois pas, j'en suis sûr. 

Ranmaru sourit à son tour. Non, vraiment, aussi forte soit son amitié envers Takuto, jamais il ne pourrait la voir se transformer en quoi que ce soit d'autre. Après tout, c'est ce qui fait sa force, cette complicité sans ambiguïté présente entre eux depuis leur plus tendre enfance. C'est pour ça également que Takuto l'encourage à se confesser. Quelle que soit l'épreuve qu'il aura à traverser, son ami sera là pour l'encourager à aller de l'avant. Et, le jour où le brun trouvera lui aussi quelqu'un qui fera battre son cœur, Ranmaru a bien l'intention d'être là pour le pousser dans les bras de son âme sœur également. 

En attendant, il doit encore retrouver la sienne.

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- Pourquoi tu voulais qu'on se voit ? 

Trois jours se sont écoulés depuis sa conversation avec Takuto. Trois jours, le temps que Ranmaru rassemble son courage et s'assure de ce qu'il dira. La nuit est sur le point de tomber en cette soirée de début d'automne. Et pourtant, les deux adolescents se trouvent dans un petit parc pour enfants, assis sur les balançoires, ignorant la noirceur qui envahit peu à peu les alentours. 

- T'as pas l'air dans ton assiette en ce moment. Je me demandais si ça allait. 

Ranmaru se demande s'il recevra une réponse du genre "Bah alors, Ran-senpai, on se fait du souci pour moi ? Moi qui croyait que tu n'avais d'yeux que pour Takuto...". Il n'en est rien. Plus de doute possible, Masaki n'est pas dans son état normal. Il se contente de garder le silence, se balançant mollement en fixant les cailloux à ses pieds. Ran comprend bien que le plus jeune ne répondra pas, alors il poursuit : 

- On peut parler d'autre chose si tu veux. Je veux juste t'aider à aller mieux. 

- Pour combien de temps ?

Ranmaru se tourne vers Masaki, surpris. Il ne comprend pas où son acolyte défenseur veut en venir. Celui-ci l'aide à y voir plus clair :

- Pendant combien de temps tu vas te soucier de moi avant d'en avoir marre ? Quand est-ce que je dois m'attendre à ce que t'en ai plus rien à foutre ? 

- Masaki, qu'est-ce que-

Le plus jeune ne le laisse pas finir.

- Ca fait 8 ans maintenant. C'était à cette période de l'année. Ma mère m'a dit qu'on allait faire les magasins pour m'acheter de nouveaux vêtements. Puis, elle m'a laissé à la porte de l'orphelinat, et elle est jamais revenue. 

Masaki lève enfin la tête vers Ranmaru. Ses yeux d'ordinaire farceurs sont embués par les larmes. 

- Et toi, dans combien de temps tu vas me laisser, hein ? Dans combien de temps tu vas en avoir marre de moi et de mes blagues à la con !? 

- Masaki-

- Je voulais que tu me regardes, que tu fasses attention à moi ! C'est pour ça que je t'embête tout le temps ! Mais toi tu t'en fiches, y'en a que pour Takuto !

- Je-

- Ouais, je sais, tu lui fais confiance, mais moi aussi j'aimerais bien faire confiance ! Tu crois que j'ai pas envie d'avoir de vrais amis moi aussi ? Pour toi c'est facile, mais c'est pas le cas de tout le monde !

- Masaki, écoute-moi putain ! finit par crier Ranmaru. 

Le plus petit se tait enfin, surpris d'entendre son aîné jurer. Le garçon aux cheveux roses soupire, et prend le temps de remettre de l'ordre dans ses pensées. Il n'avait clairement pas prévu que les choses se passeraient comme ça. Masaki a un don pour mettre le désordre dans sa vie, pour bouleverser l'équilibre qu'il essaye de construire et le remplacer par le chaos le plus total. Mais, au fond, le chaos, ça a du bon, des fois. L'ordre, aussi confortable soit-il, assure que rien ne change jamais, en mal comme en bien. Parfois, si on veut aller de l'avant, il faut se faire violence et sortir de sa zone de confort. Pour Ranmaru, il n'y a que Masaki qui puisse lui apporter un tel changement sans qu'il ne cherche à le repousser.

- Tu veux savoir comment faire confiance ? Désolé, mais y'a pas de solution miracle. J'aurais beau te répéter mille fois que je tiens à toi, t'attendre à l'arrêt de bus tous les matins, m'entraîner avec toi chaque jour, t'auras jamais de preuve concrète que je m'en irai pas le lendemain. 

- Alors comment... hésite Masaki d'une voix bien plus faible.

- Tu dois juste faire confiance, déclare alors Ranmaru.

- Hein ? Mais je viens de-

Cette fois, c'est le plus âgé qui coupe Masaki.

- Je viendrai te dire bonjour tous les matins. Je te filerai mon déo quand t'oublieras le tien. Je t'aiderai pour tes devoirs de maths. Je te filerai un bout de ma barre de céréales parce que c'est ton parfum préféré. Je te ferai un câlin quand ça ira pas. Je répondrai à tes appels à 2h du mat parce que tu te sens seul. Je rigolerai avec toi tous les jours. Et toi, tu peux me croire quand je te dis ça. Parce que je t'assure que c'est la vérité, et que j'ai pas l'intention de revenir sur mes mots. 

Masaki lâche un rire sarcastique. Il a le sentiment que celui qui se tient à côté de lui n'a rien compris, et, en même temps, qu'il a tout compris. La confiance ne s'obtient pas par magie. Ce n'est pas pour rien que Takuto et Ranmaru sont meilleurs amis après toutes les années qu'ils ont passé ensemble. La confiance s'obtient, se construit avec le temps. Elle passe par des promesses toutes simples qui sont tenues, par des petits gestes du quotidien pour rappeler à l'autre qu'on est là, et qu'on n'a pas l'intention de bouger. 

Jusqu'ici, Ranmaru a été là pour Masaki, malgré son comportement moqueur voire affable. Serait-ce trop optimiste d'espérer qu'il reste à ses côtés encore un peu ? S'il y croit, est-ce le destin le lui fera regretter, ou au contraire le récompensera de s'être enfin ouvert à quelqu'un ? 

- Pourquoi tu ferais ça pour moi ? finit par demander le garçon aux yeux dorés. T'es amoureux de moi ou quoi ?

Ranmaru sourit.

- Oui.

Masaki sursaute et le dévisage avec de grands yeux.

- Hein !? T-tu te fous de moi !? C'est censé être une blague !!? Faut vraiment que tu revois ton sens de l'humour !!!

- Ce n'est pas une blague, répond simplement le plus grand. Je suis amoureux de toi, Masaki Kariya. Je peux te le dire dans trois autres langues, si tu veux. Enfin, plutôt deux. Mon italien est encore très bancal. 

Masaki rougit d'autant plus. Ranmaru trouve son expression adorable. Il le trouve adorable, tout simplement. Qu'importe combien le plus jeune peut être agaçant parfois, il ne l'échangerait pour rien au monde. Il est tombé amoureux de lui, de son côté espiègle comme de son côté peu sûr de lui. 

- Je croyais que t'aimais Takuto, Masaki finit par murmurer.

- Takuto est mon meilleur ami. D'ailleurs, c'est lui qui m'a encouragé à venir te parler. 

A ça, Masaki ne peut que sourire. Visiblement, il a fait fausse route. Il lui faudra peut-être revoir son jugement de son ancien capitaine. Il verra ça une autre fois. Pour l'instant, il ne peut que se concentrer sur Ranmaru, qui s'est enfin levé de sa balançoire pour venir se poster devant lui. Malgré l'obscurité, il le voit très clairement. Il ne voit d'ailleurs que lui, lui et ses couettes roses dont il s'est souvent moqué, lui et son sourire si envoutant, lui et ses yeux plus profonds que l'océan. 

Lui, à qui Masaki décide de faire confiance. Au diable sa mère, au diable ses doutes, lui aussi, il est temps qu'il quitte sa zone de confort pour enfin être sincère avec celui qu'il aime. Ranmaru lui tend la main pour l'aider à se lever. Il la saisit sans hésiter. 

- Masaki, tu veux sortir avec moi ? 

Le concerné a envie de rire face à tant de confiance. Clairement, il ne pourrait jamais demander une chose pareille sans prétendre à une blague derrière. Heureusement, il n'a pas besoin de faire la demande. Il a juste besoin de répondre. 

- Oui. Je veux être ton petit ami, Ran. 

Peut-être que sa confiance le comblera de bonheur. Peut-être qu'elle causera sa perte. Ranmaru l'a dit lui-même, il n'y a aucun moyen d'en être certain. Il y aura toujours cette part de doute qui subsistera, cachée dans un coin, prête à l'assaillir à la moindre occasion. Tant pis. Parce que quand Masaki plonge ses yeux dans le regard turquoise qui lui fait face, il se moque bien de tout ça. Il se moque bien du reste du monde, tant que Ran continue de lui offrir ce regard. 

Ranmaru s'approche de lui, et l'embrasse. C'est un baiser court et maladroit, parce qu'aucun des deux n'a d'expérience dans le domaine. Le garçon aux cheveux roses, perfectionniste, ne peut s'empêcher de sentir une pointe de frustration. Ca aussi, c'est quelque chose qui le sort de sa zone de confort. Mais, en même temps, il sait qu'ils apprendront avec le temps, à force d'oser et de communiquer. Alors ce n'est pas si grave, si leur premier baiser est un peu raté. 

- Tu veux manger à l'orphelinat ce soir ? lui propose alors Masaki. Promis, c'est Osamu qui cuisine. 

- C'est tentant, mais mes parents n'accepteront jamais que je les prévienne aussi tard, s'excuse Ranmaru. 

Le plus jeune affiche un air déçu. Alors son amoureux l'embrasse de nouveau, et lui promet qu'il passera un autre jour. Quand Masaki regarde Ranmaru dans les yeux, il sait qu'il peut y croire. C'est pourquoi il acquiesce, et les deux se disent au revoir avant de partir dans deux directions différentes. Ils savent qu'ils se retrouveront demain, et que rien n'aura changé. 

En chemin, Ranmaru sort son téléphone et clique sur le bouton d'appel. Il n'a pas à attendre longtemps avant que son correspondant ne décroche.

- Ran ? Alors, ça s'est passé comment ? 

Ranmaru ne peut que sourire en entendant la voix impatiente de son meilleur ami. 

- Takuto, faut que je te dise un truc.

- Je t'écoute ?

- Je sors avec Masaki. 

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Bonsoir mes chers fans du Ranmasa, j'espère que cet OS vous a plu. Je pense que, parmi tous ceux que j'ai écrit, il fait partie de mes préférés. En même temps, leur relation est tellement intéressante, donc il y avait de quoi écrire. 

Certains auront peut-être été étonné de voir Takuto aussi encourageant. Faut dire que, aussi drôle que ça soit, j'en ai un peu marre de toujours le voir être le rival ou la victime dans chaque Ranmasa. Perso, au contraire, je pense qu'il serait le premier à les ship et à encourager Ran à sortir avec Masaki. En vrai, de manière général, je vois tellement Takuto être le plus gros shippeur  de l'équipe. Y'a qu'à voir comment il regarde le Kyouten des fois. 

Pour ce qui est de la suite, j'ai une autre idée d'OS, le truc c'est que si je l'écrit elle va être TRES longue. Donc à voir si j'abandonne en court de route ou non. Only time will tell.

Sur ce, je m'en vais rattraper mon déficit de sommeil plus long que mon temps de jeu sur Mario kart. C'est mon corps n'acceptera jamais le sommeil comme option :')