Can I be your sister?
Temporalité : Pré-go
Relation : Victor Blade | Kyousuke (Kyouka) Tsurugi & Vladimir Blade | Yuuichi Tsurugi
Mots : 1965
Noms : VO
Note : Peut être considéré comme un préquel de mon OS précédent, mais les deux se lisent aussi bien indépendamment l'un de l'autre
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13h tapantes. L'heure du début des visites à l'hôpital. Kyouka passa les portes de l'établissement pile à ce moment-là, abandonnant le cerisier sous lequel elle attendait juste avant. Quelques pétales s'étaient malgré tout logés dans les plis de sa veste, qu'elle était trop distraite pour retirer. Avril débutait tout juste, et avec lui venait la rentrée qui approchait à grand pas. Mais, pour l'instant, l'adolescente avait d'autres tracas en tête que son entrée au collège.
Elle traversa les couloirs de l'hôpital, qu'elle connaissait par cœur à force. Même après une année entière passée au centre d'entraînement God Eden (bien qu'officiellement, elle avait simplement intégré un internat prestigieux), les lieux lui semblaient, hélas, toujours aussi familiers. Même parmi le personnel, certains lui lançaient un "bonjour Tsurugi !" à son passage. Généralement, elle les ignorait. Elle ne se préoccupait que d'une personne, toujours la même.
Arrivée devant une certaine porte, Kyouka frappa, et reçut immédiatement l'autorisation d'entrer. Elle fut accueillie par un doux sourire et une voix chaleureuse :
- Ah, Kyousuke, tu es venu !
Kyouka se retint de tressaillir à l'entente de ce nom. A la place se dessina sur son visage une grimace imperceptible, qui ne dura qu'un millième de seconde avant que l'adolescente ne retrouve son masque impassible.
- Salut grand frère, lança-t-elle d'une voix aussi neutre que possible.
Heureusement, Yuuichi ne sembla pas remarquer quoi que ce soit. Kyouka prit place sur la chaise posée à côté du lit de son frère, inoccupée, ce qui était assez rare pour le souligner. D'habitude, un autre résident de l'hôpital ne manquait jamais une occasion de s'incruster dans la chambre de Yuuichi, et Kyouka devait à chaque fois le virer pour être seule avec son frère. Ca l'arrangeait de ne pas avoir à s'en préoccuper aujourd'hui, au vu de ce qu'elle avait à dire.
- Comment tu te sens ? Tu m'as l'air tendu, aujourd'hui.
Ah, si, finalement, Yuuichi avait bel et bien senti que quelque chose clochait. Kyouka devait pourtant savoir qu'il ne fallait jamais sous-estimer la perspicacité de son frère aîné à son égard, ou plutôt son 'instinct fraternel' comme il le qualifiait parfois. La jeune fille se mordit la lèvre, incertaine, avant de finalement lâcher :
- Si, ça va. Et toi, comment ça se passe ?
Elle venait plus ou moins tous les jours depuis son retour à Inazuma, alors elle avait posé la question pour la forme plus qu'autre chose. Toutefois, intérieurement, elle se maudissait de sa propre lâcheté. Yuuichi, même s'il sentait bien que Kyouka lui cachait quelque chose, répondit malgré tout à sa question, bien que la jeune sœur n'écouta sa réponse que d'une oreille.
Il fallait dire que c'était la première fois qu'elle se retrouvait confrontée à cette situation. En même temps, elle n'avait pas pris conscience de son identité au meilleur moment. A God Eden, où seuls l'entraînement et les résultats au football comptaient, les gens à qui elle se serait imaginée se confier se comptait sur les doigts... Eh bien, d'un seul doigt, en fait. Et encore, elle doutait qu'il l'aurait prise au sérieux.
Autrement dit, elle se trouvait face à une épreuve nouvelle pour elle. Et, si elle savait que Yuuichi se montrait toujours compréhensif et bienveillant à son égard, parler ne semblait pas moins insurmontable pour elle qui avait la fâcheuse tendance d'enterrer ses tracas au fond de son esprit. Heureusement, lorsqu'elle rechignait à parler, son grand frère l'y incitait d'autant plus.
- Kyousuke, je vois bien que quelque chose te tracasse. Tu veux m'en parler ?
Kyouka détestait voir cette lueur d'inquiétude dans le regard de Yuuichi. Elle en avait marre de toujours lui causer du tracas. Après tout, il s'était retrouvé dans cette chambre d'hôpital par sa faute, bien qu'il continuait de dire le contraire. Et voilà qu'encore une fois, elle ternissait son sourire radieux...
Elle souffla un bon coup. Non, justement. C'était justement parce qu'elle ne voulait pas voir son frère s'inquiéter de nouveau à son sujet qu'elle avait décidé de lui révéler le secret qu'elle n'aurait de toute façon pas pu lui cacher bien longtemps. De plus, Yuuichi ne serait-il pas ravi de voir la confiance qu'elle lui accordait ? S'il y avait bien une personne qui méritait la vérité, c'était lui.
- En fait... j'avais quelque chose à te dire.
Kyouka était incapable de regarder son frère dans les yeux. Elle fixait à la place le carrelage uniformément blanc et terne, ce carrelage que Yuuichi devait subir tous les jours. Par sa faute. L'adolescente se donna une claque mentale. Elle penserait à ça plus tard, lorsqu'elle serait en mesure d'agir pour sauver l'être le plus cher à ses yeux.
- Je t'écoute, Yuuichi l'invita simplement à continuer.
Kyouka inspira un bon coup.
- Je... En fait...
Bon sang, pourquoi était-ce si difficile ? Elle n'avait pas besoin de se lancer dans un grand discours pompeux bourré d'explications. En une phrase, elle pouvait se débarrasser de ce poids qui l'incombait. Si seulement elle en avait le courage...
Soudain, elle sentit une main se poser sur son épaule. La jeune fille releva enfin la tête, et son regard ambré plongea dans celui ô combien similaire et en même temps infiniment plus tendre de son frère.
- Tu n'es pas obligé de m'en parler, si c'est trop difficile. Mais je suis là pour t'écouter, si besoin.
Evidemment, Yuuichi trouvait toujours les mots justes, ceux qui parvenaient à l'atteindre en plein cœur plus efficacement qui n'importe quel long discours larmoyant. Peut-être qu'au fond, en effet, elle n'était pas obligée de lui en parler. C'était son identité, le choix de la dévoiler lui revenait à elle et à elle seule. Peut-être qu'au fond, elle ne devait rien à son frère.
Sauf que, malgré ça, elle voulait quand même qu'il sache. Parce qu'au delà de la culpabilité, au delà des sacrifices qu'elle s'apprêtait à faire et qu'il n'approuverait certainement pas, il restait avant tout son frère. Celui avec qui elle avait passé des heures à jouer au football avant l'accident tragique, celui qui avait toujours été là pour sécher ses larmes, pour l'aider à se relever quand elle tombait.
Kyouka aimait profondément son frère, tout simplement. Il était sa famille, bien plus que ne le seraient jamais leurs parents si souvent absents.
- Je peux être ta sœur ?
Elle avait parlé sans réfléchir, et le regretta aussitôt lorsqu'elle vit l'incompréhension se dessiner dans les yeux du plus âgé. Evidemment, sans contexte, sa phrase n'avait absolument aucun sens. Tu parles d'une manière d'avouer les choses... Elle s'était ramassée en beauté, oui.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? s'enquit Yuuichi, toujours perplexe par cette question soudaine.
- Je... rien, oublie. C'était débile... marmonna Kyouka.
Devait-elle fuir ? Devait-elle rester et affronter les conséquences de sa propre stupidité ? Ne parvenant pas à se décider, l'adolescente resta plantée là, sur sa chaise, aussi immobile qu'une statue. Quant à Yuuichi, même s'il ne comprenait toujours pas le sens des paroles de Kyouka, il refusait de l'abandonner seule à ses troubles.
- Kyousuke, si ça te tracasse, c'est que ce n'est pas débile. Je ne te jugerai pas, je te le promets. Alors, tu veux bien m'expliquer ?
Cette fois, Kyouka n'essaya pas de cacher le malaise profond que son nom de naissance lui inspirait. Cela n'échappa d'ailleurs pas à Yuuichi, qui s'inquiéta d'avoir dit quelque chose de travers, sans pour autant percevoir la source du problème. Non, elle allait devoir le lui dire de vive voix.
- Je... je suis...
Yuuichi tendit le bras, laissant sa paume grande ouverte bien en évidence. Après un instant d'hésitation, Kyouka la saisit de ses deux mains.
- Je suis... une fille.
Elle l'avait à peine murmuré. Pourtant, même sans oser croiser le regard de son frère, quelque chose lui disait qu'il l'avait parfaitement entendue. Cela se confirma lorsque, après quelques secondes d'un silence agonisant, Yuuichi déclara :
- Je vois... ça fait longtemps que tu le sais ?
- Quelques mois, je dirais. Peut-être plus.
En vérité, Kyouka ne savait pas vraiment quand elle s'en était rendu compte. Ca s'était fait petit à petit, à travers des indices disséminés çà et là dans son quotidien. Son corps avait commencé à changer avec la puberté, et ça l'avait dégoûtée au plus haut point. Puis, son propre prénom avait commencé à la répugner. Il y avait, à vrai dire, peu de choses qui ne la rebutaient pas chez elle, à ce jour. Peu de choses, sauf ses yeux et la couleur de ses cheveux. Sans doute parce que le garçon en face d'elle possédait les mêmes.
- D'accord, acquiesça simplement Yuuichi. Alors, tu veux que je t'appelles comment ?
- Kyouka.
- Kyouka... C'est joli, j'aime bien. Un beau prénom pour ma belle petite sœur.
l'intéressée releva la tête d'un seule coup, ahurie par ce qu'elle venait d'entendre. Non, elle devait rêver... Ca ne pouvait pas être si simple... si ?
- Tu... tu vas vraiment pas poser plus de questions que ça ?
La surprise se dessina de nouveau sur le visage de l'aîné.
- Que veux-tu que je te demande ?
- Je sais pas... Tu pourrais te dire que c'est une phase, que je me fais des idées, ou-
Elle fut coupée dans sa réflexion par la main de Yuuichi qui se resserra dans les siennes.
- Kyousu- Kyouka. J'ai aucune raison de douter de ce que tu me dis. Je te fais confiance. Si tu me dis que tu es une fille, je te crois, c'est tout. Je vais peut-être me tromper un peu au début, mais c'est juste le temps que je m'y fasse. Alors... Oui, tu peux être ma petite sœur, déclara-t-il finalement avec un sourire radieux.
Kyouka chercha désespérément quelque chose à répondre. Cependant, aucun mot n'existait pour exprimer la profondeur de la gratitude qu'elle ressentait à cet instant. Alors, parce qu'une action vaut mille mots, elle se précipita dans les bras de son frère, qui la serra contre lui.
- Merci... merci Yuuichi... elle répéta à plusieurs reprises.
- Merci à toi de me l'avoir dit, Kyouka, lui répondit simplement son frère.
Et dans le cœur de Kyouka naquit un désir encore plus intense de sauver Yuuichi de sa condition, si c'était encore possible. Tendresse, amour fraternel, soutien, il lui avait tout donné. Il était temps qu'elle lui rende la pareille, quitte à commettre les pires atrocités, des coups-bas que son frère lui-même ne pardonnerait jamais. Elle plongerait Raimon en enfer, si cela permettait à Yuuichi ne goûter à nouveau au paradis.
Toutefois, le moment de réfléchir à tout ça n'était pas encore venu. Bientôt, elle se répétait, bientôt, mais pas encore tout de suite.
Pour le moment, elle pouvait se contenter d'être simplement la petite sœur de Yuuichi.
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Et après elle est partie démonter la gueule de l'équipe réserve et elle a rencontré son futur chéri à qui elle a aussi essayé de péter la gueule. C'est beau l'amour.
Suite à cet OS, je suis limite tenté de faire toute une série sur Kyouka qui fait son coming out à diverses personnes, quitte à en faire un book à part entière. Si ça vous intéresse, dites-le moi, ça me motivera. Vous pouvez même me proposer des persos en particulier, les plus évidents étant évidemment Tenma et Hakuryuu, mais si d'autres vous intriguent, j'y réfléchirai également.
Sur ce, bonne soirée, demain je fais une raclette avec mes sœurs donc si je disparais des radars c'est normal.
We do not deserve this man.
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