Épilogue

23 MARS

L'hiver touchait à sa fin. Retirant ce beau manteau blanc et froid, oubliant le paysage livide de ces derniers mois pour faire place à un paysage fleuri, plus gai et chaud. Voir même rassurant pour certains.

Paul et William étaient devenus de vrais héros, ils avaient sauvés quatre enfants sur sept, c'était un exploit, ils étaient passés dans le journal et même à la télé. Le patron de Paul lui avait rendu son insigne, s'excusant pour le comportement qu'il avait eu et le fait de ne pas l'avoir cru. Cependant, Paul le refusa. Il ne voulait plus être policier, pas après tout ce qu'il avait vu et enduré.

Les jours après la découverte des enfants avaient été difficiles, Paul avait été forcé de rester hospitalisé plusieurs semaines, il avait un doigt manquant, un doigt que personne n'avait jamais retrouvé dans les grottes et il en avait perdu un autre à cause d'engelures trop sévères, forcé de se faire amputer. Pour lui, la police, c'était terminé. Il voulait se consacrer à une vie meilleure, une vie plus calme et rassurante. Quelque chose de moins dangereux. Il avait besoin de repos, moralement et physiquement.

— Bonne nuit Nate, souffla Paul en lui déposant un baiser sur le front.

Il n'avait pas eu à se battre pour avoir la garde du petit garçon, dans le testament d'Isabella il était écrit que si les parents de Nate venaient à avoir un accident, Paul devenait le tuteur légal de l'enfant. Il fut soulagé, Nate était tout ce qu'il lui restait, il l'avait toujours considéré comme son propre fils, il l'avait vu grandir et avait aidé Bella à l'élever.

— Non, attends, le retint Nate de sa petite voix fluette.

Paul se retourna vers lui alors qu'il s'apprêtait à fermer la porte.

— Tu as oublié de me chanter la chanson que maman me chantait avant de dormir.

Paul s'assit alors sur le bord du lit du petit garçon et commença à chantonner la berceuse qu'Isabella chantait. Cette berceuse qu'il entendait chaque soir depuis qu'il avait retrouvé les enfants, comme si un fantôme se baladait dans les couloirs de la maison et la chantait toute la nuit, sans s'arrêter. Mais il le fit, pour Nate, cela le rassurait, peut-être qu'entendre ce chant lui faisait penser à sa mère, elle devait lui manquer.

Après lui avoir chanté la chanson, Paul remarqua que le petit garçon avait les paupières closes, il se leva doucement et à pas de loup il sortit de la chambre, il referma lentement la porte derrière lui pour ne faire aucun bruit.

Lorsque Paul fut parti, Nate rouvrit les yeux, seule sa veilleuse éclairait vaguement sa chambre, il remonta sa couverture jusque sous son nez et scruta l'obscurité, surtout devant lui, son placard, il peinait à y voir quelque chose avec la pénombre mais il put entendre ce grincement inquiétant, celui que faisait sa porte de placard. Comme chaque soir depuis des mois.

— Il n'y a rien d'autre dans le noir que ce qu'il y a quand c'est éclairé, se répéta le petit garçon.

C'était ce qu'il se répétait sans arrêt, Paul lui avait appris cela, pour l'empêcher d'avoir peur. En effet, Nate avait développé une phobie du noir, d'après lui, chaque fois qu'il faisait noir, il revenait. Il put entendre des bruits de pas faisant craquer le plancher de sa chambre. Effrayé Nate se tourna face au mur, serrant sa couette dans ses mains. Sa veilleuse commença à grésiller faisant vaciller la lumière jusqu'à s'éteindre complètement, le plongeant alors dans le noir complet.

— Il n'y a rien d'autre dans le noir que ce qu'il y a quand c'est éclairé. Il n'y a rien d'autre dans le noir que ce qu'il y a quand c'est éclairé.

Il ferma les yeux, aussi fort qu'il le put, les membres tremblants, le cœur battant, il frémit.

Puis il le sentit, ce souffle glacial dans sa nuque.
Il l'entendit, cette respiration rauque au creux de son oreille.


« Il est impossible de se réveiller lorsqu'il entre dans votre tête. »


Et si, Boogeyman venait pour vous, ce soir ?










Dormez-bien.

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