7 - Supplice

Nanaka peinait à reprendre connaissance. Sa tête et son épaule lui faisaient mal et elle avait l'impression qu'on lui avait enfoncé des aiguilles sous les paupières, pourtant la lumière autour d'elle n'était pas forte, loin de là.

Elle finit par réussir à ouvrir les yeux, mais elle ne reconnut pas l'endroit où elle se trouvait. Une pièce aux murs gris qui sentait les produits chimiques, un évier crasseux contre le mur, une porte métallique en face d'elle et une ampoule nue au plafond. Rien d'autre.

La porte s'ouvrit dans un grincement avant que Nanaka ait pu reprendre totalement ses esprits et elle s'aperçut alors seulement qu'elle était assise sur une chaise, les mains liées aux accoudoirs par des colliers de serrage et les pieds immobilisés de la même façon.

– Tiens, dit l'homme qui venait d'entrer, mon petit chat est réveillé ?

Il avait des cheveux roses qui lui arrivaient aux épaules et deux longues cicatrices lui barraient les coins de la bouche. Nanaka le regarda approcher en s'efforçant de calmer sa respiration.

Elle se souvenait à présent, elle avait merdé et Naoto était mort.

Mais elle avait dans l'idée que le pire restait à venir.

L'homme se pencha. Il posa les mains sur ses avant-bras et approcha son visage du sien.

– J'ai une seule question pour toi, dit-il. Qui t'a donné le nom de Kokonoi ? Tu parles et tu meurs vite. Tu gardes le silence et ça va être douloureux.

Sans attendre qu'elle ait ouvert la bouche, il prit son épaule à pleine main et serra. La douleur qui irradia la fit crier et Nanaka se rendit compte qu'elle aussi avait été touchée par les tirs du faux policier.

– Commençons, dit-il.




La série de coups de poing la saisit au plexus et Nanaka toussa et cracha pour essayer de reprendre son souffle. Sans lui en laisser le temps, l'homme enchaîna avec des coups au visage et elle vit des étincelles voltiger devant ses yeux. Si le siège n'avait pas été fixé au sol, elle aurait sans doute valsée jusqu'au mur. Un voile noir lui obscurcit la vue, mais une poigne de fer lui souleva la tête par les cheveux et elle se retrouva à quelques centimètres du visage de son tortionnaire.

– Non, non, dit-il. Tu restes avec moi. Tu restes là tant que tu n'as pas parlé.

Nanaka hoqueta de douleur, le sang dégoulinant sur son menton depuis sa lèvre fendue. L'homme la lâcha. Il s'alluma une cigarette avant de s'éloigner vers l'évier. Lorsqu'il revint, Nanaka vit qu'il tenait une pince du genre de celle que l'on trouvait dans les boîtes à outils et elle frissonna.

– Passons aux choses sérieuses, dit-il.




Sa respiration se fit haletante et son corps tout entier tremblait. Le hurlement qui jaillit de sa poitrine lui déchira les oreilles et il lui semblait qu'elle pourrait crier jusqu'à devenir folle. Nanaka ne put retenir les larmes qui coulèrent sur ses joues ravagées par les coups.

– Ça tient qu'à toi mon petit chat, dit-il en tirant sur sa cigarette. Dis-moi ce que je veux savoir et on en finit. Je te promets que tu ne sentiras rien.

Nanaka ne répondit pas, elle ne leva même pas les yeux. Il la regarda durant une longue minute, puis ses tourments recommencèrent et la douleur parut dévaler chacun de ses nerfs comme une lame de feu. Nanaka cria de nouveau sans réussir à reprendre son souffle cette fois.

– Pitié... pitié... Bredouilla-t-elle saisie de tremblements irrépressibles.

– Je t'écoute ?

Elle leva les yeux vers lui et referma la bouche sans ajouter un mot. L'homme soupira.

– C'est toi qui vois, dit-il.




Il lui semblait qu'elle était enfermée ici depuis des jours. Pourtant ça ne pouvait faire plus de quelques heures. Elle savait qu'elle s'était souillée, son pantalon était humide et il montait de ses vêtements une odeur d'urine, mais elle n'arrivait pas à se souvenir quand. L'homme était adossé à la porte, face à elle, les bras croisés sur la poitrine. La porte s'ouvrit et l'homme se décala pour laisser entrer les nouveaux venus, les bras toujours croisés sur la poitrine et une expression contrariée sur le visage. L'un d'eux s'approcha et il se pencha un instant vers elle avant de reculer en grimaçant. Son visage ne lui était pas inconnu, mais Nanaka ne parvint pas à se rappeler son nom.

– C'est pas encore fini Sanzu ? Demanda-t-il en se tournant vers l'homme aux cheveux roses.

– Cette salope veut pas parler, répondit l'autre.

– Tu as perdu la main ou quoi ? Rigola l'autre.

– Ta gueule Haitani !

Nanaka connaissait ce nom-là.

Haitani... Ran Haitani...

C'était ça son nom. Nanaka l'avait déjà croisé quand elle était plus jeune. Elle avait grandi à Roppongi et lui et son frère étaient des petites célébrités là-bas depuis qu'ils avaient treize ou quatorze ans.

Un homme avec des longs cheveux blancs se porta en avant.

– Comment ça elle veut pas parler ? Dit-il en se plantant devant elle. Je croyais que c'était ta spécialité Sanzu ? Tu te fous de moi ? Tu crois que j'ai que ça à faire ? Je veux savoir comment cette pute a eu mon nom et je veux le savoir maintenant !

Hajime Kokonoi... Comprit-elle.

– Fais-le, toi, rétorqua Sanzu, puisque t'es si doué !

Kokonoi releva la tête vers lui.

– Si tu n'avais pas buté son pote on aurait peut-être eu l'info ! Dit-il. Si ça se trouve elle ne sait rien !

Sanzu ne répondit pas et il s'alluma une nouvelle cigarette. Finalement il se tourna vers un coin de la pièce plongée dans l'ombre.

– On fait quoi boss ? Dit-il.

Boss...

Nanaka releva péniblement la tête et elle la tourna vers l'angle où se trouvait l'homme. Elle n'arrivait pas à distinguer son visage, tout ce qu'elle voyait c'était des cheveux blancs et l'angle de sa mâchoire.

Il parut réfléchir puis il déclara :

– Tue-la.

Sanzu tira une arme de sa ceinture tandis que les autres se tournaient vers la porte.

– On devrait fouiller son appart' Mikey, dit Kokonoi. Elle garde peut-être des documents chez elle...

Nanaka n'entendit pas la suite. Sanzu colla le canon de son révolver sur son front.

– Désolé mon petit chat, dit-il.

Et il fit feu.

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