59 - Torture et sentiments
Quand Koko ouvrit la porte, ce fut un Sanzu furieux qui vint vers eux au pas de charge. De toute évidence, un de leurs prisonniers avait déjà fait les frais de sa colère. Il gisait, mort d'une balle dans la tête, toujours attaché à la chaise sur laquelle les frères Haitani l'avaient laissé à peine trente minutes plus tôt. Les deux autres avaient le front bas. Ils s'étaient pris des coups.
– Si tu les tues sans rien avoir appris, lui fit remarquer Koko, le boss ne va pas être content.
– Lui, il m'a soûlé, lui dit Sanzu, et puis il m'en reste deux.
– C'est quoi le problème Haru ? Lui demanda Nanaka.
– Celui-là, dit-il en montrant l'étranger du menton, il n'arrête pas de jacter dans sa langue de babouin, je comprends rien !
Koko se tourna vers Nanaka.
– Tu t'es assurée qu'il parlait japonais avant de l'embarquer ? Dit-il.
– Non, répondit-elle. Je n'y ai pas pensé.
Et je n'ai pas vraiment eu le temps.
Elle essaya de se souvenir si elle l'avait entendu parler japonais, mais tout ce qui lui revint c'est un échange de voix lorsque l'autre et lui s'étaient retrouvé, mais pas la langue employée.
– C'est malin, lâcha Koko. S'il ne capte rien à ce qu'on lui demande, il ne nous servira pas à grand-chose. Et comme l'autre maniaque de la gâchette en a déjà buté un, ça veut dire qu'il ne nous en reste qu'un seul !
Nanaka alla s'accroupir devant l'homme attaché sur la chaise du milieu, celle qui était fixée au sol.
– Et si on lui pétait les doigts un par un jusqu'à ce qu'il parle japonais ? Suggéra-t-elle.
Elle voulait voir si ses paroles provoquaient une réaction sur son visage, mais elle ne remarqua rien.
Sanzu la rejoignit.
– Originale comme méthode d'apprentissage, dit-il, tu crois que ça fonctionne ?
Derrière eux, Koko retourna vers la porte.
– Faites comme vous voulez, dit-il, mais faites-les parler ! Je veux des résultats !
Puis il sortit, les laissant là. Nanaka soupira.
– J'ai merdé Haru, dit-elle, j'aurais dû vérifier qu'il parlait japonais avant de l'emmener.
Sanzu lui passa le bras autour des épaules.
– T'en fais pas Angel, dit-il, ça arrive à tout le monde de se tromper. On va trouver une solution.
L'homme releva la tête et dit quelques mots dans une langue qui paraissait être du russe avant de cracher du sang.
Le problème, se dit Nanaka, c'est qu'il sait parfaitement qu'il ne sortira pas d'ici vivant. Il a tout intérêt à ce qu'on le trouve inutile et qu'on se décide rapidement à le tuer. Pourtant, je suis sûre qu'il nous comprend. La mafia russe n'aurait jamais envoyé sur le terrain un homme qui ne parle pas la langue. Mais comment l'obliger à l'admettre ? Comment lui faire faire quelque chose qu'il n'a pas envie de faire ?
Elle se mordilla l'ongle, avant de relever brusquement les yeux.
Lui faire faire tout ce qu'on veut ?
Ces mots lui rappelèrent des souvenirs.
– Dis Haru, dit-elle, et si on le droguait ? Tu sais, jusqu'à ce qu'il soit complètement stone et après on le prive de sa dose. Ça serait un peu long, mais ça serait efficace.
Et ça le sera d'autant plus si on est face à un militaire qui n'a jamais touché à ces cochonneries.
– Hmm...Dit Sanzu, ça pourrait marcher. Mais je ne suis pas sûr qu'on ait plusieurs jours devant nous.
Soudain, son visage s'éclaira.
– Mais tu me donnes une idée ! Dit-il en se redressant. Attends-moi là, je reviens !
Il sortit en courant et Nanaka se retrouva seule avec les deux hommes. Elle se pencha vers l'étranger.
– Je serai toi, dit-elle, je parlerai. Les idées de Haru sont rarement agréables, crois-moi, je sais de quoi je parle.
Dix minutes plus tard, Sanzu fut de retour avec un flacon et une seringue.
– De la scopolamine ! Annonça-t-il, victorieux.
– C'est quoi ? Demanda Nanaka. Une sorte de sérum de vérité ?
– Mieux que ça ! Dit-il en préparant une injection. J'ai obtenu ça d'un pote colombien. Là-bas, ils l'utilisent pour rendre leurs victimes dociles et coopératives ! Ça marche du tonnerre !
(NDA : Vous imaginez mon historique internet ? ^^')
– Si ça marche si bien, pourquoi tu ne l'utilises pas à chaque fois ? Lui demanda Nanaka.
– Je n'en ai pas des litres non plus, lui rétorqua Haru. Et puis ça a tendance à les faire délirer. Mais dans notre cas, on s'en fout, du moment qu'il parle !
Nanaka regarda les prisonniers.
– Et si on l'essayait sur les deux ? Dit-elle en revenant vers lui.
– Non, j'ai d'autres projets pour l'autre...
– Des projets ? Dit-elle. Quels projets ?
Sanzu lui désigna son sabre, appuyé contre le mur derrière la porte.
– J'ai envie d'essayer certains des coups que tu m'a appris ! Je veux voir ce que ça donne en vrai !
Nanaka grimaça.
– Beurk... Dit-elle. Ça va faire plein de saletés.
– Ça ne t'intéresse pas de savoir ce que ça fait quand on coupe un type en deux ?
– Non et puis tu n'arriveras pas à le couper en deux d'un coup de sabre, dit-elle. Tu vas être obligé de t'y reprendre à plusieurs fois.
Haru releva la tête.
– On parie ?
– Je te rappelle que tu me dois déjà une journée entière, lui rappela Nanaka. Tu es sûr que tu veux parier ?
Lorsqu'ils sortirent de là trois heures plus tard, tous les deux étaient couverts de sang et ils avaient les informations qu'ils souhaitaient.
– Tu avais raison, dit Sanzu, on ne peut pas couper un type en deux d'un seul coup de sabre.
– Je te l'avais bien dit, lui répondit Nanaka en essuyant son visage avec sa manche d'un air écœuré.
Elle soupira en voyant qu'elle arrivait juste à étaler le sang.
– Quand je pense que je me suis foutue des frères Haitani il n'y a pas longtemps... Dit-elle.
– Angel, tu fais quoi maintenant ? Lui demanda Haru en s'immobilisant derrière elle.
Nanaka fit quelques pas puis le ton de sa voix, presque réservé, la fit se retourner.
– Je vais remonter prendre une douche, dit-elle. Pourquoi ?
Il la prit par la main et il la ramena à lui.
– Est-ce que tu veux bien... être Riko pour moi ce soir ? Dit-il.
Nanaka posa la main sur la sienne. Le regard de Haru avait quelque chose de fragile, de presque désespéré.
– Haru... Dit-elle.
– J'en ai parlé à Mikey, reprit-il, il dit que c'est toi qui décide. Il dit que ça le dérange pas, mais que c'est toi qui décide.
Il la prit dans ses bras.
– S'il te plaît...
Nanaka lui rendit son étreinte.
– D'accord Haru, dit-elle. Mais à une condition, d'abord on prend une douche.
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