57 - Enlèvement
Un dernier coup de feu rompit le silence de la nuit et Nanaka ferma les yeux en attendant l'impact. Il ne vint pas. Lorsqu'elle rouvrit les paupières, elle aperçut Mochi, debout au-dessus d'elle, un révolver à la main.
Elle poussa un soupir de soulagement et se laissa tomber face contre terre.
C'est la dernière fois que je lui joue un sale tour, se dit-elle.
Durant un instant, Mochi demeura là, l'arme au poing, l'air de se demander s'il devait lui loger une balle dans le crâne puis finalement il la rangea et lui tendit la main.
– Tu m'en dois une, dit-il simplement.
– Je ne l'oublierai pas, lui répondit-elle.
Il sortit son téléphone de sa poche et s'éloigna pour contacter Ran tandis que Nanaka s'approchait de l'homme sur lequel il venait de tirer. C'était l'homme à la casquette, vit-elle, mais il ne leur serait plus d'aucune utilité. Il était mort.
S'il ne l'avait pas tué, c'est moi qui y passais, je ne vais pas me plaindre.
Elle se dirigea vers le second des deux types et le trouva, adossé à un pan de mur, les mains crispées sur sa jambe. Elle avait visé sa cuisse.
Nanaka s'accroupit devant lui pour récupérer l'arme qu'il avait fait tomber. C'était un étranger lui aussi, vit-elle, mais impossible de dire s'il était russe avant qu'il ait ouvert la bouche.
– Tu ne vas pas mourir, lui dit-elle. Tu vas venir avec nous. J'ai un ami qui veut te voir.
Quelques minutes plus tard, les frères Haitani arrivèrent au volant de la voiture et Mochi balança dans le coffre le corps à présent inconscient de l'homme qu'elle avait blessé.
– Le coffre est plein, dit-il en prenant place à l'arrière, ils vont être serrés.
– Si tu savais ce que je m'en fous, lui rétorqua Ran.
Deux autres hommes étaient ligotés et bâillonnés à l'arrière, Mochi avait dû forcer pour fermer la porte. Ran redémarra et la lumière des gyrophares de police balaya les bâtiments alentour.
– Traînons pas, dit Rindō.
Trois rues plus loin, Nanaka se laissa aller contre le dossier avec un soupir soulagé. Elle l'avait échappé belle, elle devait le reconnaître. Être un criminel ça ne s'improvisait pas.
– Comment ça s'est passé de votre côté ? Leur demanda Ran.
– C'était limite, reconnut-elle. Ils étaient deux finalement. Je crois qu'ils nous attendaient.
Ran lui lança un regard sérieux dans le rétroviseur.
– Vraiment ? Dit-il.
Mochi lui demanda :
– Vous n'avez rien remarqué de suspect de votre côté ?
– Si justement, lui dit Rindō l'air grave à son tour. Nous aussi ils donnaient l'impression de nous attendre.
– Le patron a parlé, dit Ran.
– Il va falloir lui rendre une petite visite, dit son frère. Apparemment il n'a pas bien compris à qui il avait affaire.
– Ça m'étonnerait qu'il reste là à vous attendre, dit Nanaka. À mon avis, il a déjà foutu le camp.
– Parce que tu t'imagines que c'est suffisant pour nous échapper ? Lui demanda Rindō.
– Il n'est pas le premier à croire qu'il suffit de se cacher quelque temps pour s'en tirer, dit son frère.
– On bosse pour le Bonten tu te rappelles ? Ajouta Rindō. On a des yeux et des oreilles partout.
– Cela dit, reprit Ran, le fait qu'il nous ait vendus prouve qu'il y a quelqu'un qui lui fait plus peur que nous et ça, c'est pas bon signe. Il va falloir faire parler nos invités sans traîner.
Parvenus dans le parking de la tour, Ran, Rindō et Mochi sortirent leurs prisonniers du coffre et ils les jetèrent sur le sol sans ménagement.
– Il sort d'où celui-là ? Dit Rindō en soulevant le visage de l'homme sur lequel Nanaka avait tiré.
– C'est lui qui a essayé de nous tendre un piège, lui dit Mochi. Celui qu'on avait pris en filature est mort.
– Ça tombe bien, dit Ran. De toute façon, il n'y avait pas la place pour quatre bonhommes dans le coffre.
Il remit sur ses pieds un des deux types que son frère et lui avaient capturés et tous se dirigèrent vers la partie du sous-sol appartenant à l'organisation.
– Alors comme ça vous aussi ils ont résisté ? Dit Mochi comme ils longeaient le couloir de béton.
– Et pas qu'un peu, lui apprit Rindō. Ça a été un carnage. On avait à peine mis un pied dans le bar que ça s'est mis à défourailler dans tous les sens. On se serait cru dans un western. Les flics vont devoir faire des heures sup' pour comprendre ce qui s'est passé.
– Ces bâtards s'y croient un peu trop à mon goût, dit son frère. On est encore sur le territoire du Bonten que je sache. J'ai hâte de leur apprendre de quel bois on se chauffe.
Rindō demanda à la ronde :
– Quelqu'un a prévenu Sanzu qu'on avait sa marchandise ?
– Pas besoin de me prévenir ! Lui répondit une voix en venant vers eux. Je vous attends depuis des heures ! J'arrivais pas à faire autre chose tellement j'étais excité !
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