48 - Kaeshi Waza
La Mercedes descendit la rampe qui menait au quatrième sous-sol et Sanzu, accompagné de Kakucho, parut à la porte de l'ascenseur. Il se précipita vers la voiture, affolé.
– Mikey ! S'écria-t-il. Putain ! T'étais passé où ? Je t'ai cherché partout ! J'ai buté tous les types bizarres que j'ai pu trouver dans le quartier là-bas, mais aucun n'a su me dire où tu étais !
Nanaka et Mikey sortirent de la voiture.
– Tout va bien, Sanzu, dit le boss. On s'était juste planqué pour la nuit, on n'a rien.
Il lui rendit sa clé de voiture et tous les quatre montèrent dans l'ascenseur.
Kakucho se pencha vers Nanaka et il tendit la main. Elle le regarda une seconde sans comprendre, puis soupira et lui rendit son couteau.
– Où est-ce que vous étiez passés ? Demanda-t-il en le rangeant tandis que la cabine s'élevait dans les étages. Sanzu a raison, on a cherché partout.
– Chez moi, lui dit-elle. Plusieurs voitures nous ont pris en chasse en quittant Yokohama. C'est le seul endroit auquel j'ai pensé. Qu'est-ce qui s'est passé bordel ? C'était quoi ça ? C'est vraiment trop demandé de me prévenir un minimum dans ce genre de cas ?
Elle souffla, irritée. Ce fut Mikey qui répondit.
– On en parlera quand tout le monde sera là, dit-il avant d'ajouter. Sanzu... ?
– J'ai prévenu les gars Mikey, anticipa Sanzu. Je les rassemble quand tu veux.
– Parfait. Je veux tous les cadres dans mon bureau dans quinze minutes.
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et Mikey se dirigea vers ses appartements, Sanzu sur les talons. Quelques secondes plus tard, ce dernier fut de retour en haut des escaliers et il vint prendre Nanaka dans ses bras avant qu'elle ait pu faire un mouvement.
Il la serra presque férocement.
– Putain, tu n'as rien toi non plus... Murmura-t-il. Vous m'avez fait tellement peur tous les deux...
Dans le bureau de Mikey, tous avaient le visage sombre et fermé. Même les frères Haitani semblaient n'avoir pas le cœur à rire.
– Le restaurant a sauté ? S'étonna Rindō.
– Tout le quartier a failli partir en flammes, lui apprit Kakucho. Les pompiers viennent juste de réussir à maîtriser l'incendie.
– Les salopards, gronda Ran. Où est-ce qu'ils se croient ?
– Apparemment, dit Mikey, ce serait l'œuvre du mercenaire qu'ils avaient engagé.
– C'est le cas, dit Nanaka. J'ai vu l'un d'eux appuyer sur une télécommande avant de passer l'arme à gauche.
– L'un d'eux ? Releva Mikey.
– Ils étaient au moins deux en uniformes de commandos, lui dit-elle. Il y en a peut-être d'autres, je n'en sais rien. Heureusement pour moi l'un des deux a tué l'autre, sinon je ne m'en serais pas tirée.
Koko se tourna vers elle, l'air mauvais.
– Pourquoi est-ce qu'il aurait fait un truc pareil ? Aboya-t-il.
Business, business... Avait dit le soldat après avoir abattu son camarade.
La tête de ton boss vaut un paquet de pognon... Avait dit l'autre.
– Je pense, dit-elle le regard dans le vide, qu'il y a un gros contrat sur la tête de Mikey. Tellement gros que même des mercenaires étrangers n'hésitent pas à s'entretuer pour se garder toute la récompense.
Ses paroles firent naître un silence dans la pièce.
– Koko, reprit Mikey, fais des recherches là-dessus. Trouve si c'est vrai et qui est à l'origine de ce contrat. Si c'est un clan japonais, je veux savoir qui les finance.
– Bien boss.
– Tadano, poursuivit Mikey, combien penses-tu qu'ils aient pu embaucher de ces gars ? Une estimation sera suffisante.
– Difficile à dire, répondit Nanaka, mais vu leurs tarifs je dirais pas plus d'un ou deux supplémentaires.
– Ce qui est déjà pas mal, fit remarquer Rindō.
– Comment tu en es venue à bout toi mon petit chat ? Demanda Ran.
– J'ai eu de la chance, lui dit Nanaka. J'avais piqué un flingue sur un cadavre, mais au final je lui ai sorti un Kaeshi Waza sans même m'en apercevoir...
(NDA : Kaeshi Waza, mouvement de Kendo, l'art martial japonais qui se pratique avec des sabres de bambou)
Nanaka contempla pensivement la paume de sa main.
– Il faut croire, souffla-t-elle, qu'au pied du mur, ce sont les premiers trucs qu'on apprend quand on est gosse qui nous viennent instinctivement.
– Euh... Dit Rindō en regardant à la ronde. Un Kaeshi quoi ?
– Kaeshi Waza, lui dit Mikey. C'est un mouvement de contre-attaque propre au kendo.
– Oh ? Tu fais du kendo Angel ? S'exclama Sanzu. On pourra s'entraîner ensemble dans ce cas ! Je t'apprendrais des trucs !
Nanaka, qui regardait toujours pensivement ses doigts, leva un regard surpris. Elle esquissa un sourire maladroit.
– Oui... dit-elle. Avec plaisir.
– Cette idée n'a pas l'air de t'emballer tant que ça, remarqua Ran.
Il souriait, l'air ravi d'avoir mis les pieds dans le plat, et Nanaka lui adressa un regard noir.
– C'est pas ça, dit-elle, c'est juste que...
Elle n'alla pas plus loin, mais le regard blessé que Haru lui lança lui serra le cœur. Elle soupira et reprit.
– Ça n'est pas que je ne veux pas m'entraîner avec toi Haru, dit-elle, au contraire, j'en aurais très envie. Mais tu n'as aucune base sur le maniement du sabre et quand je te vois agiter le tien dans tous les sens, j'ai l'impression que tu essaies de monter des blancs en neige !
Les frères Haitani rigolaient encore à la fin de la réunion. Tous se dirigèrent vers la porte, lorsque Kakucho barra le passage à Nanaka.
– Quoi ? Lui dit-elle. Je t'ai rendu ton couteau.
– Tu as pris un flingue sur un cadavre, lui rappela-t-il.
Elle souffla.
– Je ne l'ai plus, dit-elle. Je l'ai jeté, le chargeur était vide.
– Ça, lui répondit-il, c'est à moi de vérifier. Mets les mains contre le mur et écarte les jambes.
– Tu es sérieux ?
Il était sérieux.
Quelques secondes plus tard, Nanaka attendit qu'il finisse de la fouiller sous le regard hilare des deux frères qui pleuraient de rire sans pouvoir s'arrêter à présent.
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