40 - Phase finale

La voiture descendit dans les parkings souterrains du Shinjuku Mitsui Building et Nanaka se redressa en arrangeant sa tenue.

– Viens, lui dit l'homme en sortant de la voiture lorsqu'ils furent garés.

Il la prit par le coude et la conduisit en direction des cabines d'ascenseurs. Deux hommes montaient la garde devant.

Ils se trouvaient dans un parking privé dont l'accès était contrôlé par une barrière. Ça, plus les hommes de main devant le seul moyen d'accéder aux étages, cela prouvait bien qu'ils s'attendaient à recevoir de la visite.

Le yakuza l'attira dans la cabine quand les portes s'ouvrirent et Nanaka le rejoignit avec un sourire.

– T'es mignonne toi, dit-il en lui rendant son sourire au travers de ses verres teintés.

Il tira une carte magnétique de sa poche et il la glissa dans un lecteur. Les portes se refermèrent devant eux et la cabine se mit en mouvement. La main du yakuza n'avait pas quitté son bras et Nanaka sentait ses doigts s'enfoncer dans sa chair. Il rapprocha son corps du sien et sa chaleur, associée à son souffle rauque qui lui brûlait le cou, lui apprit qu'il n'en avait pas eu assez, tout à l'heure, dans la voiture.

– Si t'as le temps, dit-il, on passera un moment ensemble toi et moi après. De toute façon, j'ai bien l'intention d'aller voir ton patron. J'ai envie qu'on prenne un peu de bon temps tous les deux. Tu verras, je m'occupe bien de mes putes.

– D'accord, dit-elle sans se départir de son sourire radieux.

Ils arrivèrent au vingtième et le yakuza l'entraîna dans le couloir sous le regard des hommes de main disséminés à l'étage. La porte devant laquelle il s'arrêta faisait penser à une entrée de bar, il y avait même un hublot fumé à hauteur des yeux. Il fit un signe à l'homme qui gardait les lieux et ce dernier leur ouvrit avant de s'écarter pour les laisser passer.

L'ambiance à l'intérieur était feutrée, tout en nuances pourpres parcourues par les mouchetures lumineuses d'une boule à facettes. Sept hommes étaient installés dans les fauteuils et la moitié d'entre eux fumaient.

– Voilà Angel monsieur Ishii, dit le Yakuza en s'arrêtant devant un homme gras, dont la panse retombait sur la ceinture de son pantalon.

– C'est bien Kabuto, tu peux nous laisser maintenant.

Nanaka pouvait presque sentir le regard des cadres du clan Ishii sur son dos. Le yakuza ressortit et Nanaka déboucla la ceinture de son manteau pour le laisser tomber par terre sans quitter le gros porc des yeux.

Gros porc numéro trois, annonça-t-elle pour elle-même.

Elle jeta un œil à la ronde et vit qu'ils étaient tous là.

Les cadres du clan Ishii...

Koko lui avait préparé un dossier quelques jours plus tôt pour qu'elle puisse les identifier sans risque d'erreur. Les plus proches collaborateurs de Tetsunori Ishii. Dans le lot, il y avait son gendre – l'homme qui avait épousé sa fille – et un de ses cousins. C'était souvent des affaires familiales, les groupes yakuza. Celui-ci avait été soumis par l'Inagawa Kai presque vingt ans plus tôt, juste avant que Tetsunori prenne les rênes du clan, et, depuis, le clan Ishii constituait l'un des piliers du deuxième plus grand groupe mafieux du pays.

Et il va disparaître aujourd'hui ! Songea Nanaka sans parvenir à réprimer l'immense sourire qui se posa sur ses lèvres.

Le volume de la musique augmenta et elle se laissa onduler au rythme des basses, au beau milieu de ces hommes au regard torve.

Que la fête commence !




Quatre d'entre eux portaient des armes à feu, avait-elle découvert quelques minutes plus tard, et un avait un couteau attaché à la cheville.

À califourchon sur les cuisses du gendre de Ishii, Nanaka laissa ses doigts courir sur son torse en se léchant les lèvres. La réaction de l'homme ne se fit pas attendre et elle sentit son entrejambe durcir tandis qu'il posait ses mains sur ses hanches pour l'amener au-dessus de lui, le souffle court. Alentours, les hommes buvaient en échangeant des sourires et des boutades. Ils auraient leur tour et ils l'attendaient avec impatience. Sous ses doigts, Nanaka sentit le métal froid de l'arme dans son holster. Elle feignit de la caresser d'un air excité.

– T'aimes ça pas vrai ? Lui demanda-t-il. Ça t'excite ?

Elle lui répondit d'un sourire, les yeux brillants.

Derrière lui, au travers de la baie vitrée, elle aperçut l'ombre du filin qui traversa la nuit avant de revenir sur ses pas dans un mouvement de balancier et Nanaka commença à compter.

Un... deux... trois...

Elle devait savoir exactement combien de temps il mettrait avant de repasser devant la fenêtre.

– Oui, dit-elle enfin en ramenant les yeux sur l'homme.

Elle se pencha pour souffler dans son cou et les doigts du yakuza se crispèrent sur ses hanches, les amenant plus près de lui encore. Il laissa échapper un grognement alors qu'elle se redressait en prenant soin de frôler son visage avec ses seins, avant de se tourner vers son voisin.

L'homme, un quinquagénaire ventru, la regarda approcher en se pourléchant les lèvres. Il déposa son verre sur la tablette à côté et tendit les mains pour l'attirer à lui. Nanaka s'exécuta et ses yeux plongèrent dans ceux du malfrat qui s'installa confortablement dans son fauteuil pour profiter du moment.

Trente-trois, dit enfin Nanaka pour elle-même en voyant repasser le câble.

Il était l'heure.

Elle tendit la main et, avant que le yakuza ait compris ce qui se passait, elle sortit son arme et lui tira dans la poitrine. Le gendre du boss assis à proximité, fut le premier à réagir. Il se redressa et voulut saisir son arme. Il fut trop lent.

Sano vous aurait déjà tous buté, eut-elle le temps de penser.

Elle lui tira une balle en pleine tête et, tout autour, les autres comprirent enfin. Nanaka se réfugia derrière le fauteuil voisin en continuant à compter à voix basse tout en éliminant les gradés du clan Ishii un par un. L'homme à la porte entra pour savoir ce qui se passait et elle lui logea une balle entre les deux yeux. Finalement, il ne resta plus que Ishii lui-même.

Vingt-sept... Dit-elle.

Nanaka s'approcha de lui, elle le regarda, puis fit feu.

Dans le couloir, le tapage lui apprit qu'il ne lui restait pas beaucoup de temps. Sans perdre une minute elle tira sur la baie vitrée, la plombant de balles pour fragiliser le verre de sécurité, et, au moment où la porte s'ouvrit sur les hommes du clan, armes aux poings, elle bondit par la fenêtre.

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