Koko dévala les marches menant au salon trois jours plus tard, faisant lever la tête à Takeomi et Mochi, installés sur un des canapés.

– Où est Mikey ? Cria-t-il en arrivant en bas. Est-ce que l'un de vous sait où est le boss ?

Takeomi se redressa, les coudes sur les genoux.

– Calme-toi, dit-il, Qu'est-ce qui se passe ?

Pour toute réponse, Koko attrapa la télécommande de l'écran plat qui trônait contre le mur et il l'alluma.

– Shiyoda est mort ! Dit-il. Ça s'est passé en direct !

– Il s'est fait descendre par un des nôtres ? Demanda Mochi en se redressant à son tour.

– Je ne crois pas, répondit Koko. Mais on ne voit pas grand-chose !

Sur l'image, la journaliste se trouvait devant la maison familiale des Shiyoda, le grand portail en bois derrière elle, et plusieurs autres journalistes, comme elle, expliquaient dans leur micro les circonstances de la mort du chef de famille.

– ... C'est de façon incompréhensible, dit-elle, que Shiyoda Hide s'est effondré un peu plus tôt, juste devant chez lui, entouré par ses gardes du corps et par la presse à scandale qui avait pris l'habitude de l'attendre à la sortie...

Tandis que la journaliste parlait, la chaîne diffusa une nouvelle fois les images filmées à ce moment-là. On y voyait Shiyoda sortir de chez lui pour rejoindre la voiture garée le long du trottoir en compagnie de ses gardes du corps et de la foule des journalistes à sensation cherchant à obtenir une photo ou un témoignage.

– Monsieur Shiyoda ! Criaient-ils. Monsieur Shiyoda ! Un mot pour le Yukkan s'il vous plaît !

– Monsieur Shiyoda est-ce que c'est vrai que vous avez des contacts dans le milieu de la prostitution ? En tant qu'héritier des Shiyoda qu'est-ce que vous répondez à vos accusateurs ?

Derrière l'épaule de l'un des gorilles, Shiyoda s'effondra brusquement, faisant lever des regards stupéfaits à ses hommes et les paparazzis se mettaient à crier de plus belle. L'image se figea et la chaîne revint au direct. Dans le coin de l'écran, on voyait toujours le corps de Shiyoda entouré de ses hommes.

– Il s'est passé quoi ? Dit Takeomi. On ne voit rien.

– Je ne sais pas, reconnut Mochi. Il a peut-être fait un malaise ?

– C'est ce que tout le monde a cru au début, lui apprit Koko. Mais des infos ont fuité de l'hôpital où il a été emmené, il s'est fait planté.

– Par qui ? Demanda Takeomi.

– Par Tadano, répondit une voix derrière.

Tous les trois se retournèrent et découvrirent Mikey.

– Comment ça par Tadano ? Dit Mochi. Elle n'était pas là, je l'aurais vue quand même...

Le ding ! de l'ascenseur du hall mit fin à l'échange et, une seconde plus tard, Kakucho parut en haut des marches en compagnie d'une femme en tailleur et portant des lunettes.

Koko vint à leur rencontre.

– Kaku c'est qui celle-là ? S'écria-t-il. On a déjà dit de ne pas amener d'étrangers ici !

Kakucho lui jeta un regard surpris, mais Nanaka répondit à sa place en retirant ses lunettes et sa perruque. Koko en demeura sans voix.

– Wow... Souffla Mochi.

– Bon travail, intervint Mikey lorsque tous les deux furent arrivés en bas des marches. Mais un seul coup est-ce que ça n'était pas un peu risqué ?

Nanaka lui retourna son regard.

– Aucun risque, dit-elle. Il était sous Propanolol, c'est un bêtabloquant pour les problèmes de cœur, il n'aurait jamais survécu à une intervention chirurgicale non planifiée. Dans le doute j'ai frappé les reins, les bêtabloquants s'éliminent mal et avec un rein en moins il n'aurait pas passé la nuit.

– Je vois, dit Mikey, c'est bien pensé.

Elle laissa tomber sa perruque sur la table basse et se retourna en direction des escaliers.

– Je vais prendre une douche, dit-elle.

Quand elle se fut éloignée, Mochi reprit en regardant Kakucho.

– Mais au fait, dit-il, ça n'était Haitani qui devait l'accompagner à la base ?

Mikey lui répondit.

– J'ai jugé que Kaku serait plus adapté sur cette mission, dit-il. Les Haitani ont tendance à attirer l'attention et c'était exclu cette fois.

– Elle t'avait dit ce qu'elle comptait faire ? Demanda Koko.

– Elle me l'avait dit à moi, lui apprit Kakucho, et je l'ai rapporté à Mikey. Elle avait besoin d'accessoires pour se déguiser.

– En tout cas c'était réussi, convint Mochi, pendant un instant je ne l'ai pas reconnue.

Takeomi continuait à contempler le haut des marches.

– Tu sais qu'on commence à parler de l'assassin du Bonten dans le milieu Mikey, dit-il. Depuis la mort de Nakatoshi, il se raconte que nous avons embauché un pro.

Mikey suivit la direction de son regard.

– Parfait, dit-il. C'était exactement le but recherché.

Une fois dans sa chambre, Nanaka délaissa la porte pour aller regarder la ville, en contrebas. La chambre était modeste, mais comme tout le reste de l'étage, elle disposait de sa propre baie vitrée qui donnait l'impression de tomber dans le vide.

Un sourire se dessina sur ses traits. C'était une bonne journée. Vraiment une très bonne journée. Une pourriture avait quitté ce monde et une autre suivrait bientôt le même chemin.

Elle fouilla dans son soutien-gorge et en tira la plaquette de médicaments qu'elle avait subtilisée à Shiyoda lors de l'attaque.

Nanaka la regarda sans se départir de son sourire.

– Oui... Dit-elle. Bientôt Sano aussi débarrassera le monde de sa présence.